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PETROLO Marlène 30 novembre 2004
CONCEPTS FONDAMENTAUX DE L’ANALYSE ÉCONOMIQUE - CONFÉRENCE DE MÉTHODE DE SOPHIE HARNAY
SÉANCE 8 : L’IMPERFECTION DES MARCHÉS - FICHE TECHNIQUE N°32
LES DIFFÉRENTS TYPES DE MONOPOLES
La théorie de la concurrence pure et parfaite, qui souligne l’existence d’un marché
parfait repose sur cinq hypothèses :
- L’atomicité (il existe un très grand nombre d’offreurs et de demandeurs sur le
marché et aucun n’a un poids suffisant pour influencer, à lui seul, le marché).
- La libre entrée (à tout moment, un agent peut entrer sur le marché).
- L’homogénéité (sur un même marché, les produits sont identiques).
- La mobilité des produits et des facteurs de production.
- La transparence (information parfaite de tous les agents).
Or, dans la réalité, il existe bien des cas où ces hypothèses ne sont pas réalisées et, par
conséquent, le marché se retrouve en situation de concurrence imparfaite. Le cas le plus
extrême de concurrence imparfaite demeure le monopole.
Le monopole est une structure de marché caractérisée par la présence d’un seul
vendeur qui dispose d’un contrôle total sur un secteur ; il est l’unique producteur du
secteur et aucun autre secteur ne fournit un substitut proche.
Les raisons de l’existence de monopoles sont multiples et elles aboutissent à
l’existence de différents monopoles ayant tous des conséquences significatives sur le marché.
I. Plusieurs raisons peuvent conduire à l’existence de
monopoles...
Lorsqu’un marché est monopolistique, cela signifie que certaines hypothèses de la
concurrence pure et parfaite ne sont pas respectées. Ceci est du principalement aux coûts du
marché ou à l’existence de barrières à l’entrée de ce même marché.
A. Certaines hypothèses de la concurrence pure et parfaite sont
abandonnées
Par sa définition déjà, le monopole implique la négation de certaines hypothèses de la
concurrence pure et parfaite. En effet, sur un marché en situation de monopole, l’hypothèse
d’atomicité est évidemment abandonnée puisqu’un seul producteur est présent sur le marché.
De plus, d’autres types de monopoles perdurent seulement parce que d’autres offreurs sont
empêchés d’entrer sur le marché. Dans ce cas, l’hypothèse de libre entrée est également
laissée de côté. Les trois autres hypothèses de la concurrence pure et parfaite sont, elles,
compatibles avec le monopole.
B. Les coûts du marché sont souvent à l’origine des situations
de monopole
Les technologies et la structure de coûts d’un secteur peuvent nous aider à déterminer
combien d’entreprises peut supporter un marché ainsi que la taille de celles-ci. On peut ainsi
se baser sur la possibilité ou non de réaliser des économies d’échelle sur un marché donné,
c’est-à-dire si l’augmentation de l’échelle de production permet de réduire le coût par unité
produite. En effet, dans le cas les entreprises peuvent réaliser des économies d’échelle,
celles-ci ont tout intérêt à accroître leur production. Or, ceci n’est pas à la portée de toutes les
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entreprises ce qui offre un avantage considérable en terme de coût aux grandes entreprises, les
petites ne pouvant pas accroître leur production et, par conséquent, diminuer leurs coûts.
Donc, dans une telle situation, quelques entreprises ou parfois une seule, vont augmenter leur
production jusqu’à produire une part significative de la production totale du marché qui
devient alors imparfaitement concurrentiel. Il se peut alors qu’une seule entreprise domine le
marché, poussant les autres vers la sortie, ce qui aboutit à un monopole. Les coûts du marché,
parfois insupportables pour certaines entreprises, sont donc souvent à l’origine des situations
de monopole.
C. Mais d’une manière générale, ce sont les barrières à l’entrée
qui font naître les monopoles
Un raisonnement logique consiste à dire que si un monopole persiste, c’est parce que
les autres entreprises n’ont pas les moyens de pénétrer sur le marché et de concurrencer
l’entreprise qui se trouve en situation de monopole.
Ces obstacles qui empêchent les entreprises d’entrer sur le marché sont couramment
appelés barrières à l’entrée et sont également un facteur de concentration sur un marché.
Plus les barrières à l’entrée d’un marché sont élevées, moins les entreprises seront
nombreuses sur le marché et moins l’incitation à la concurrence sera forte. Il existe plusieurs
types de barrières à l’entrée d’un marché.
Tout d’abord, il se peut qu’une entreprise détienne un monopole sur un facteur de
production ce qui lui donne un pouvoir énorme par rapport aux entreprises concurrentes elle
peut donc fixer les prix. Son pouvoir est d’autant plus élevé si le bien est de première
nécessité. Ce type de barrière à l’entrée est devenu rare aujourd’hui car il y a peu de firmes
qui possèdent une ressource sans équivalent proche.
Il se peut aussi que les barrières soient légales c’est-à-dire imposées par les États qui
peuvent restreindre la concurrence dans un domaine par exemple en instaurant des tarifs
douaniers élevés, des quotas...
Il existe encore bien d’autres barrières à l’entrée qui empêchent de mettre fin à un
monopole comme lorsque les coûts pour entrer sur un marché sont élevés (l’investissement
initial pour entrer sur le marché peut représenter une somme trop importante pour certains
agents) ou lorsque la publicité ou les techniques de différenciation engagées par les
entreprises déjà sur le marché empêchent toute concurrence (réputation déjà très bien
établie...)
II. ...Ce qui explique qu’il existe différents types de
monopoles...
C’est parce qu’il y plusieurs causes pouvant être à l’origine d’une situation de
monopole, qu’il existe différents types de monopoles.
A. Le monopole naturel
Le monopole naturel est du au fait que les conditions techniques de production et la
taille du marché font qu’à long terme, des entreprises concurrentes ne sont jamais rentables
comme on l’a vu avec les coûts sur le marché notamment. Dans le cas du monopole naturel,
c’est donc le marché lui-même, par le biais du processus concurrentiel, qui, en éliminant les
entreprises les producteurs les moins performants et en concentrant progressivement les
entreprises, débouche sur un monopole qui paraît inéluctable.
Ce monopole est donc celui qui résulte de l’existence déconomies d’échelle et donc
de rendements croissants.
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La formation d’un monopole naturel
En situation concurrentielle
En situation concurrentielle, la taille optimale pour une entreprise est petite. En effet,
l’entreprise voit ses coûts minimisés lorsqu’elle produit une petite quantité de biens (50 dans
cet exemple). Toute entreprise qui essaye de porter sa production au-delà de 50 verra donc ses
coûts augmenter rapidement donc, elle ne le fera pas. En tenant compte de la demande (qui est
de 5000 pour un prix égal au coût minimum), on voit donc qu’il y a sur ce marché de la place
pour d’autres entreprises (100) étant donné que la première entreprise ne va pas s’agrandir et
ne suffira donc pas à satisfaire la demande.
Dans le cas d’un monopole naturel
Dans le cas d’un monopole naturel, l’entreprise présente des coûts toujours
décroissants, et donc des rendements croissants. Au fur et à mesure de la croissance de la
production du produit, l’entreprise peut donc pratiquer des prix de plus en plus bas tout en
continuant à faire des profits puisque les coûts de production diminuent lorsque la quantité
produite augmente. Elle peut donc, à elle seule, répondre à la demande et reste donc en
situation de monopole naturel ; toute irruption d’une entreprise de taille inférieure étant vouée
à l’échec : les petites entreprises sont moins performantes que les grandes (elle aurait donc des
coûts plus élevés).
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B. Le monopole d’innovation
Le monopole d’innovation concerne les entreprises qui, à la suite d’une innovation,
créent un nouveau produit et se trouvent momentanément seules à le distribuer sur le marché.
Ce monopole était très important pour l’économiste autrichien Joseph Schumpeter (1883-
1950) qui considérait que l’objectif de l’entrepreneur était justement d’innover pour se mettre
« hors-marché » et jouir d’un monopole (avec tous les avantages qui lui sont associés) afin de
maximiser ses profits. Tout comme le monopole naturel, ce monopole sulte du processus
concurrentiel. Par contre, il est toujours temporaire, parce qu’attirés par les profits, les
autres entreprises vont peu à peu tenter de maîtriser l’innovation et, à terme entrer sur le
marché.
C. Le monopole légal
Dans ce cas-là, le monopole ne résulte pas du processus concurrentiel : il subsiste
seulement parce qu’il existe des obstacles réglementaires ou législatifs à l’entrée de
concurrents. En effet, les autres entreprises peuvent très bien posséder les techniques
nécessaires à la production du bien, elles pourraient même être rentables sur le marché, mais
des restrictions légales ou juridiques les « bloquent » à la frontière du marché. Ainsi, l’État
peut parfois restreindre la concurrence dans un secteur, par exemple en instaurant des quotas
ou des tarifs douaniers élevés afin de protéger son marché intérieur de la concurrence
étrangère : il s’agit du protectionnisme. Il peut aussi instaurer des licences nécessaires à
l’exercice de telle ou telle production, ou encore accorder une franchise monopolistique à une
entreprise qui reçoit ainsi le droit exclusif de délivrer un service dans un domaine donné (par
exemple l’énergie). Les interventions des États sur le marché pour instaurer ou protéger un
monopole peuvent prendre des formes très variées.
D. Des formes « parallèles » de monopoles
Pas vraiment considérée comme un monopole, on peut penser que la concurrence
monopolistique se rapproche de ce système de marché imparfait par excellence. La
concurrence monopolistique survient lorsqu’un grand nombre de vendeurs fournissent des
biens différenciés. D’un côté, celle-ci ressemble à la concurrence pure et parfaite car elle
comporte de nombreux vendeurs dont aucun ne possède une large part de marché. D’un autre
côté, elle se rapproche du monopole puisque les produits vendus par les diverses entreprises
ne sont pas identiques ; ils ont des caractéristiques importantes qui varient (par exemple leur
localisation, leur puissance pour une voiture...), ce qui permet aux entreprises de fixer, dans
une certaine mesure, leurs prix puisqu’elles vendent des produits « uniques ».
Par ailleurs, on peut noter que ce qui se produit du côté des offreurs existe également
du côté des demandeurs puisque, sur un marché, il est possible de trouver un « monopole du
côté des demandeurs » : il s’agit du monopsone, situation du marché sur lequel il n’y a qu’un
seul acheteur.
III. ... Qui posent tous les mêmes problèmes...
Quel que soit le type de monopole existant, un marché en situation monopolistique
pose des problèmes que les gouvernements tentent parfois de résoudre.
A. La perturbation du fonctionnement du marché
L’existence d’un monopole entraîne une perturbation dans le fonctionnement du
marché.
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En effet, l’entreprise qui est en situation de monopole est le seul offreur sur le marché
et se trouve par conséquent confrontée à l’ensemble de la demande exprimée sur le marché. Il
n’y a donc aucune différence entre la demande à la firme et la demande de marché.
Ceci a forcément une conséquence sur la détermination des prix. Ainsi, en situation de
monopole, les prix ne sont plus fixés selon la loi de l’offre et de la demande mais par
l’entreprise qui est en situation de monopole. En effet, celle-ci se retrouve en situation de
price-maker, c’est-à-dire que c’est elle qui est à l’origine du prix de son produit sur le
marché, le prix ne lui est donc pas imposé comme c’est le cas en concurrence pure et parfaite.
De plus, le principal objectif de l’entreprise est le même que celui de toutes les
entreprises, à savoir la maximisation de son profit. Le profit augmente tant que la recette
augmente plus vite que le coût total, c’est-à-dire quand la recette marginale (Rm) est
supérieure au coût marginal (Cm). Le profit sera donc maximum quand : Rm = Cm.
Or, cet objectif de maximisation du profit, associé à une certaine liberté de fixation des
prix qui s’apparente à un contrôle très poussé de la firme sur le marché, peut conduire à des
dérives. En effet, dans la limite des contraintes imposées par l’élasticité de la demande,
l’entreprise en situation de monopole peut agir sur le prix (son action reste limitée car une
forte variation de prix peut tout de même entraîner un recul important de la demande). Ainsi,
rien ne l’oblige à pratiquer le même prix pour toutes les unités vendues (la demande est
décroissante et les consommateurs sont disposés à payer plus cher les premières unités et de
moins en moins cher les suivantes) ou pour tous les clients (certains clients sont disposés à
payer plus que d’autres pour le même produit) : on parle alors de monopole discriminant. Ce
monopole peut même être parfaitement discriminant s’il parvient à faire payer chaque unité
exactement au prix correspondant sur la courbe de demande.
B. La question de la réglementation des monopoles
C’est notamment pour éviter ce genre de dérives que l’État tente parfois de
réglementer les monopoles voire d’améliorer la concurrence sur le marché. En effet, les États
peuvent prévenir l’existence de monopoles, par exemple avec les lois antitrust qui confèrent
au gouvernement la possibilité d’intervenir dans les affaires privées notamment en empêchant
des fusions qu’il juge trop dangereuses pour la concurrence. Un tel contrôle est par exemple
visible au sein de l’Union européenne les autorités de la concurrence surveillent de très
près les actions pouvant conduire à des monopoles. Mais le gouvernement peut aussi
réglementer le comportement des monopoles existant. C’est cette solution qui est
généralement utilisée dans le cas de monopoles naturels : les entreprises voient alors leurs
prix contrôlés par le gouvernement. Une autre solution consiste pour le gouvernement à gérer
directement le monopole, en transformant le monopole en entreprise publique. Mais quelle
que soit la solution choisie, elle reste imparfaite et peut entraîner des effets indésirables ou
pervers. C’est pourquoi, certains économistes préconisent de ne rien faire pour essayer de
corriger les inefficiences liées aux monopoles.
Les raisons de l’existence d’un monopole sur un marché sont donc diverses et
aboutissent à différents types de monopoles qui sont toutefois tout aussi compliqués à gérer
pour les autorités. La question la réglementation des monopoles reste entière.
Bibliographie :
Economie ; Samuelson, Nordhaus ; 16ème édition ; Economica ; 2000.
Economie politique, 2. Microéconomie ; Jacques Généreux ; 3ème édition ; Hachette ; 2000.
Dictionnaire d’économie et de sciences sociales ; Sous la direction de C.-D. Echaudemaison ; 5ème édition ; Nathan ;
2001.
Principes d’économie moderne ; Joseph E. Stiglitz ; De Boeck ; 2000.
● Principes de l’économie ; Grégory Mankiw ; Economica ; 1998.
Introduction à l’économie, microéconomie, macroéconomie ; Thierry De Montbrial, Emmanuelle Fauchart ; 2ème
édition ; Dunod ; 2001.
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