En effet, l’entreprise qui est en situation de monopole est le seul offreur sur le marché
et se trouve par conséquent confrontée à l’ensemble de la demande exprimée sur le marché. Il
n’y a donc aucune différence entre la demande à la firme et la demande de marché.
Ceci a forcément une conséquence sur la détermination des prix. Ainsi, en situation de
monopole, les prix ne sont plus fixés selon la loi de l’offre et de la demande mais par
l’entreprise qui est en situation de monopole. En effet, celle-ci se retrouve en situation de
price-maker, c’est-à-dire que c’est elle qui est à l’origine du prix de son produit sur le
marché, le prix ne lui est donc pas imposé comme c’est le cas en concurrence pure et parfaite.
De plus, le principal objectif de l’entreprise est le même que celui de toutes les
entreprises, à savoir la maximisation de son profit. Le profit augmente tant que la recette
augmente plus vite que le coût total, c’est-à-dire quand la recette marginale (Rm) est
supérieure au coût marginal (Cm). Le profit sera donc maximum quand : Rm = Cm.
Or, cet objectif de maximisation du profit, associé à une certaine liberté de fixation des
prix qui s’apparente à un contrôle très poussé de la firme sur le marché, peut conduire à des
dérives. En effet, dans la limite des contraintes imposées par l’élasticité de la demande,
l’entreprise en situation de monopole peut agir sur le prix (son action reste limitée car une
forte variation de prix peut tout de même entraîner un recul important de la demande). Ainsi,
rien ne l’oblige à pratiquer le même prix pour toutes les unités vendues (la demande est
décroissante et les consommateurs sont disposés à payer plus cher les premières unités et de
moins en moins cher les suivantes) ou pour tous les clients (certains clients sont disposés à
payer plus que d’autres pour le même produit) : on parle alors de monopole discriminant. Ce
monopole peut même être parfaitement discriminant s’il parvient à faire payer chaque unité
exactement au prix correspondant sur la courbe de demande.
B. La question de la réglementation des monopoles
C’est notamment pour éviter ce genre de dérives que l’État tente parfois de
réglementer les monopoles voire d’améliorer la concurrence sur le marché. En effet, les États
peuvent prévenir l’existence de monopoles, par exemple avec les lois antitrust qui confèrent
au gouvernement la possibilité d’intervenir dans les affaires privées notamment en empêchant
des fusions qu’il juge trop dangereuses pour la concurrence. Un tel contrôle est par exemple
visible au sein de l’Union européenne où les autorités de la concurrence surveillent de très
près les actions pouvant conduire à des monopoles. Mais le gouvernement peut aussi
réglementer le comportement des monopoles existant. C’est cette solution qui est
généralement utilisée dans le cas de monopoles naturels : les entreprises voient alors leurs
prix contrôlés par le gouvernement. Une autre solution consiste pour le gouvernement à gérer
directement le monopole, en transformant le monopole en entreprise publique. Mais quelle
que soit la solution choisie, elle reste imparfaite et peut entraîner des effets indésirables ou
pervers. C’est pourquoi, certains économistes préconisent de ne rien faire pour essayer de
corriger les inefficiences liées aux monopoles.
Les raisons de l’existence d’un monopole sur un marché sont donc diverses et
aboutissent à différents types de monopoles qui sont toutefois tout aussi compliqués à gérer
pour les autorités. La question la réglementation des monopoles reste entière.
Bibliographie :
● Economie ; Samuelson, Nordhaus ; 16ème édition ; Economica ; 2000.
● Economie politique, 2. Microéconomie ; Jacques Généreux ; 3ème édition ; Hachette ; 2000.
● Dictionnaire d’économie et de sciences sociales ; Sous la direction de C.-D. Echaudemaison ; 5ème édition ; Nathan ;
2001.
● Principes d’économie moderne ; Joseph E. Stiglitz ; De Boeck ; 2000.
● Principes de l’économie ; Grégory Mankiw ; Economica ; 1998.
● Introduction à l’économie, microéconomie, macroéconomie ; Thierry De Montbrial, Emmanuelle Fauchart ; 2ème
édition ; Dunod ; 2001.