Notre leçon 1 nous met en face du problème fondamental de l

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Notre leçon 1 nous met en face du problème fondamental de l’homme :
quelle éducation ? pour quel homme ?
Devenir un être humain :
De l’animalité à l’humanité ou de l’instinct(du sentiment d’existence) à la
conscience de soi
ETUDE DE TEXTE :
Comment faut-il éduquer un enfant pour qu'il devienne autonome [le problème] ? Kant montre ici la
difficulté de la tâche, dans la mesure il faut à la fois le détacher de ses penchants naturels, donc
l'habituer à obéir, et le rendre capable de juger et de décider par lui-même, faute de quoi l'éducation ne
serait qu'un conditionnement.
Un des plus grands problèmes de l'éducation est le suivant : comment unir la soumission sous
une contrainte légale avec la faculté de se servir de sa liberté ? Car la contrainte est nécessaire !
Mais comment puis-je cultiver la liberté sous la contrainte ? Je dois habituer mon élève à tolérer
une contrainte pesant sur sa liberté, et en même temps je dois le conduire lui-même à faire un bon
usage de sa liberté. Sans cela tout n'est que pur mécanisme et l'homme privé d'éducation ne sait pas
se servir de sa liberté. Il doit de bonne heure sentir l'inévitable résistance de la société, afin
d'apprendre qu'il est difficile de se suffire à soi-même, qu'il est difficile de se priver et d'acquérir,
pour être indépendant.
On doit ici observer les règles suivantes : 1) Il faut laisser l'enfant libre en toutes choses depuis
la première enfance (exception faite des choses en lesquelles il peut se nuire à lui-même, par
exemple lorsqu'il veut saisir un couteau tranchant), mais à la condition qu'il ne s'oppose pas à la
liberté d'autrui ; par exemple lorsqu'il crie, ou lorsqu'il est d'une gaieté par trop bruyante et ainsi
incommode les autres ; 2) On doit lui montrer qu'il ne saurait parvenir à ses fins si ce n'est en
laissant les autres atteindre les leurs, par exemple qu'on ne fera rien qui lui plaise s'il ne fait pas ce
que l'on veut, qu'il doit s'instruire, etc. ; 3) On doit lui prouver qu'on exerce sur lui une contrainte
qui le conduit à l'usage de sa propre liberté, qu'on le cultive afin qu'un jour il puisse être libre, c'est-
à-dire ne point dépendre des attentions d'autrui.
Emmanuel KANT, Réflexions sur l'éducation (1776-1787), trad. A. Philonenko, Vrin, coll. « Bibliothèque des textes
philosophiques », 2000
,
p.118-119.
LECTURE…
Deux questions ont été posées :
1 Dégagez l’idée essentielle ?
2 Etablir le lien de ce texte avec la leçon 1.
I Objectif : l’idée essentielle :
Question : pourquoi aborder la compréhension d’un texte par la question de l’idée essentielle ?
Réponse : Cf. méthodologie : je n’y reviens pas.
Question : comment ?
Réponse : en questionnant méthodiquement :
- ce qui est en question : le sujet abordé, la difficulté, le problème ;
- ce qui est dit à propos de ce qui est en question = l’idée essentielle ou encore générale ou
principale = la thèse, la prise de position du philosophe sur ce le problème.
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1 Ce qui est en question :
1ère étape : repérage ; les concepts principaux… préciser]
Kant facilite la tâche
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: le sujet abordé, le problème est clairement énoncé dès la première phrase :
« Un des plus grands problèmes de l'éducation est le suivant »
très généralement, un problème relatif à l’éducation. Mais on peut préciser :
Kant apporte tous ses soins à le faire lui-même explicitement : dans l’éducation,
« comment unir la soumission sous une contrainte légale avec la faculté de se
servir de sa liberté ? »
J’ai souligné dans mon texte : éducation, contrainte légale, liberté.
2ème étape : questionnement = réflexion de ce qui est en question
Je réfléchis ce qui est en question (il s’agit de montrer à son correcteur-lecteur que l’on a compris)
Je mets à distance [réfléchir] et je m’appuie sur deux types ressources :
1. ma culture : pb : « on ne sait pas toujours ce que l’on sait » disait Socrate…
s’exercer à ce type d’attention qui laisse remonter à la surface cela que l’on sait…
comment [fixer la feuille blanc conduit à la rêvasserie…] ? en questionnant
justement méthodiquement.
Et la leçon de philosophie qui a précédé fait partie de ma culture… [Faut apprendre
ses leçons !!!]
2. Le texte de Kant !!! = matière première de l’explication !!!
A Education :
a - Ma culture me rappelle :
- L’homme, être en devenir,
- homme produit l’éducation
- l’homme = « l’homme de l’homme » J.J. Rousseau…
- l’éducation c’est ce qui fait de l’homme un être de « culture » la culture bien
nommée : « l’ensemble des manières de vivre de croire et de pensée » le propre de
l’homme et qui est transmis par l’éducation.
- « bien nommée » :
plus je cultive mon champ, plus il est fécond…
plus je me cultive plus je deviens homme… devenir homme = un travail
- Long est le processus d’éducation, longue la dépendance du petit d’homme, long
l’apprentissage pour une autonomie souvent incertaine.
Mais je m’emporte : Education, culture, autonomie… nécessité de contrôler le flux de
mes associations…
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Mais peut-être aussi le découpage de l’extrait… !
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Comment ?
En revenant au texte !
b - Le texte confirme (ou infirme) (quand j’évoque en les associant éducation- culture-devenir suis-je dans
la matière du texte ?)
- deux occurrences qui encadrent le texte : « Comment puis-je cultiver la liberté sous la
contrainte ? »… « qu’on le cultive afin qu’un jour il puisse être libre »
- deux occurrences qui ne sont pas anodines. Nous y reviendrons puisqu’elle nous permette de
comprendre en gros au moins la problématique du texte :
- Comment faut-il éduquer un enfant pour qu'il devienne libre,
autonome ?
- Comment concilier ce qui semble s’exclure « contrainte » et « usage de sa
liberté » ?
On commence à deviner le sens et l’enjeu du problème posé…
B « Contrainte légale et liberté » :
« comment unir la soumission sous une contrainte légale avec la faculté de se
servir de sa liberté ? »
Il y a donc bien une difficulté inhérente à l’éducation, une véritable aporie
- comment concilier la contrainte légale et la liberté :
a Ma culture :
- nous avons éclairci les implications de la notion de contrainte en la distinguant de
l’obligation : contrainte
1. sujétion à une force « contraint et forcé » dit justement l’expression commune ;
2. je suis alors nié dans ma nature d’homme et réduit à l’état de chose, de moyen… -
Contradiction radicale entre Contrainte et Liberté.
Mais voilà, Kant n’oppose pas simplement la « contrainte » « à la faculté de se servir de sa
liberté » mais la ou une « contrainte légale » à « la faculté de se servir de sa liberté » !
Question : Qu’est-ce que cela signifie ?
Réponse : Nous réfléchissons la notion de légale, légalité :
1’. « légal » conforme au droit, précisément conforme à la loi ( rappel : droit :
ensemble des règles et des lois qui régissent les rapports des individus dans la
société…).
S’agit-il dans notre texte d’un renvoi au droit politique, aux dispositions définies par
la société, l’état ? Pas impossible ! mais relativement incertain : nous réfléchissons ici un
problème relatif à l’éducation :
- Question : l’état, la société définit-elle les règles d’éducations appliquées par
les parents ?
- Réponse : non
Cela ne signifie pas qu’elle s’en désintéresse ou n’intervient pas : par
exemple elle sanctionne les maltraitances, la torture infligées par des parents
indignes… Est-ce ce que Kant veut signifier dans le texte quand il parle de
contraintes « légales » ?
on peut le penser. C’est plausible : « Car la contrainte est nécessaire ! »
point d’exclamation, dit Kant, mais dans certaines limites : la loi interdit
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d’entendre par « contrainte nécessaire » les brimades sadiques, le mauvais
traitement.
Cela dit :
les règles d’éducation concernent moins la sphère publique (donc
l’état, la société) que la sphère privée (ou par définition le public n’est
pas accès, n’est pas admis – les lois de l’état ne définissent pas le
mode d’éducation à donner aux enfants.…) ?
Faut-il comprendre l’expression dans ce sens ??? Pas impossible,
mais il reste que nous n’avons pas encore sur cette question interroger
le texte…
a Le texte.
Revenons donc au texte : le texte est la matière première de tout le travail d’explication !!!
Lecture : suite du §1 : caractériser son contenu :
Nous avons déjà évoquer les deux phrases suivantes :
« Car la contrainte est nécessaire ! Mais comment puis-je cultiver la liberté sous la
contrainte ? »
Difficulté de la tâche éducative…
La suite du §1 souligne et précise la difficulté et la finalité de la tâche éducative :
des remarques précieuses : ce que l’éducation doit être, ce qu’elle ne doit pas
être :
- elle ne doit pas être « pur mécanisme » cad conditionnement réflexe,
négation de la liberté (voir exemple de dressage animal…)
- ce qu’elle doit être : éducation à l’usage de la liberté
- la société reste l’horizon indépassable de l’homme : c’est parce qu’il est un
« être avec… » qu’il faut apprendre qu’il « est difficile de se suffire à soi-
même, qu’il est difficile de se priver et d’acquérir, pour être indépendant ».
Une éducation humaine implique nécessairement l’apprentissage de
l’échange, de la réciprocité (cf. règle 1 et 2 § 2)
Nous y reviendrons…
Lisons la suite : le § 2 nous apporterait-il des lumières sur notre problème = la
notion de « contraintes légales » ?
« On doit ici observer les règles suivantes »
On y est : un problème a été défini :
§ 1 : la tâche éducative implique, pour promouvoir un être libre, un savant dosage entre :
- « contrainte légale » (obéissance) et
- liberté (apprendre à juger et à décider par soi-même)
Quelles sont ces règles ?
D’où viennent-elle ?
Quel est leur fondement ?
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Examen de la règle 1 :
« 1) Il faut laisser l'enfant libre en toutes choses depuis la première enfance
(exception faite des choses en lesquelles il peut se nuire à lui-même, par
exemple lorsqu'il veut saisir un couteau tranchant), mais à la condition qu'il
ne s'oppose pas à la liberté d'autrui ; par exemple lorsqu'il crie, ou lorsqu'il
est d'une gaieté par trop bruyante et ainsi incommode les autres »
Nous retrouvons nos deux termes :
La liberté : « Il faut laisser l'enfant libre en toutes choses depuis la première enfance »
Les limites (contraintes) : ce qui les fonde ?
- la protection de l’enfance incapable de se gouverner toute seule (le
couteau)
- son apprentissage de la liberté (CAR LA LIBERTE S’ACQUIERT
PAR L’APPRENTISSAGE - contraintes ! LA LIBERTE
S’APPREND !!! ==> implications : elle n’est pas innée, elle est
acquise ; l’homme ne naît pas libre, il peut le devenir à condition de
recevoir une éducation adéquate) :
o « à la condition qu'il ne s'oppose pas à la liberté d'autrui » +
exemples : « par exemple lorsqu'il crie, ou lorsqu'il est d'une
gaieté par trop bruyante et ainsi incommode les autres »
o Fondement de cette exigence, de cette contrainte ==> LA
RAISON : « animal social » l’homme comprend qu’il ne peut agir
que dans la mesure où son action, la maxime de son action n’entrave
pas celle d’autrui… (vers l’impératif catégorique !)
L’essentiel est compris : l’éducation qui n’est pas conditionnement (« pur
mécanisme ») mais éducation à juger et à décider par soi-même (« indépendance,
autonomie ») est l’éducation placé sous le gouvernement de la raison, celle qui implique
un constant appel à la raison naissante de l’enfant [Cf. règles 2 et 3 : « on doit lui
montrer… » « on doit lui prouver… »]
Une contrainte certes « légale » (sens clair maintenant) mais une contrainte, et une
contrainte « nécessaire »
pourquoi ? parce que pour devenir un être humain, libre et de raison, le petit
d’homme doit apprendre à se détacher de ses penchants naturels, de son petit ego,
pour apprendre et comprendre que la vie en société implique une limitation
inévitable de ses appétits, pour comprendre que sa liberté passe par la liberté
d’autrui, la liberté de ceux à qui il doit la vie et son éducation d’homme.
[voir les exemples d’apprentissage chez l’enfant :
-les premiers, (apprentissage à la propreté) essentiellement des conditionnements
réflexes mais qui demandent doigté et vigilance
-et ceux plus spécifiquement humains, langage par exemple,
bénéfiques pour le sujet (condition de son indépendance) comme pour le groupe]
L’idée essentielle : définition des règles d’éducation placée sous le signe de
la raison pour promouvoir un être capable de juger et de décider par lui-
même.
Il y a donc deux facteurs qui balisent le problème posé par l’éducation :
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