Le risk-sharing en CEMAC
Le risk-sharing en CEMAC
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Résumé
Si la non corrélation des structures de production au sein de la Communauté
Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), pour de nombreux auteurs est
l’une des sources principales de sa non optimalité, au vue de la théorie endogène des zones
monétaires optimales, elle est plutôt favorable à son optimalité via le risk-sharing. Dans cette
logique, cet article vise à montrer qu’à défaut de l’arme de change, les chocs asymétriques qui
affectent cette sous-région sont compensés par des mécanismes issus de l’hétérogénéité de ses
différents états membres, lesquels permettent d’assurer le lissage de leurs revenus et donc de
leurs consommations. Ainsi, les résultats indiquent les conséquences négatives de ces derniers
dans l’union monétaire d’Afrique centrale sont principalement amortis par l’épargne nette à
travers les marchés sous régionaux de crédits.
Classification JEL: E6, F1, F3.
Mots-clés : Zone Monétaire Optimale, Chocs asymétriques, Intégration financière,
risk-sharing.
Abstract
If non correlation of the structures of production within the Economic and Monetary
Community of Central Africa (EMCCA), for many authors is one of the principal sources of
its non-optimality, with the sight of the endogenous theory of the optimal monetary areas, it
favours rather its optimality via the risk-sharing. In this logic, this article aims at showing that
in the absence of the weapon of exchange, the asymmetrical shocks which affect this under-
area are compensated by mechanisms resulting from the heterogeneity of its various Member
States, which make it possible to ensure the smoothing of their incomes and thus of their
consumption. Thus, the results indicate the negative consequences of the latter within the
monetary union of central Africa can mainly be deadened by the development of net saving
through the under regional credit markets.
Classification JEL: E6, F1, F3.
Keywords: Optimal Currency area, Asymmetry Shocks, financial Integration, Risk-
sharing.
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Introduction
La théorie endogène des zones monétaires optimales (ZMO) endogènes initiée par le
Rapport Emerson (1990)
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et les travaux relatifs à la relation intégration commerciale
synchronisation des cycles
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en leurs seins, considère le risk-sharing ou partage de risque
comme une institution formelle ou informelle permettant la mutualisation des risques liés aux
chocs asymétriques au sein d’une union monétaire ; contribuant ainsi au lissage de son revenu
et de sa consommation. L’argument du risk-sharing repose sur le fait qu’une telle union
bénéficie de la diversité structurelle de ses régions et de ses pays membres ; étant donné les
transferts existant en son sein. Ainsi, face à une brusque variation non anticipée du revenu ou
de la production domestique, la région ou le pays touché bénéficie de l’assurance que
constituent les autres qui ne sont pas affectés et ceci via le rôle stabilisateur que vont jouer les
transferts de ses revenus issus de la possession des actifs financiers sur ces autres régions ou
pays.
L’hétérogénéité d’une zone monétaire n’est donc plus une source de préoccupation
pour leur constitution et leur viabilité. L’idée sous-jacente étant que les pays n’ayant pas des
structures homogènes, membres d’une union monétaire bien que soumis à une politique
monétaire unique ne s’adaptant pas aux spécificités des conjonctures nationales, peuvent
bénéficier de leur diversité dans la mesure un lissage de leur revenu et de leur
consommation peut s’opérer même partiellement. Son importance dépendant des
caractéristiques intrinsèques des pays formant cette union. Car, le partage du risque serait nul
dans un cas extrême, si les taux de croissance nationaux sont parfaitement corrélés (Méon et
Weill, 2003).
En raisons de la mise en place de la zone Franc d’Afrique (ZFA) centrale en 1939 sur
la base d’arrangements linguistique et politique, et de son antériorité par rapport aux théories
de l’intégration monétaire (Mundell, 1961) et de l’intégration financière (Ingram, 1962), le
caractère endogène s’est imposé évidemment à elle. Mais, après un peu plus de soixante-dix
ans d’existence, marquées d’efforts réalisés par ses États membres afin d’approfondir son
niveau d’intégration
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, son optimalité au sens statique du terme n’est toujours pas d’actualité.
1
Le Rapport Emerson (1990) préconisait l’optimale future de l’une union monétaire constituée par les pays européens.
2
Eichengreen (1992), Krugman (1993), Frankel et Rose (1997, 1998).
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Ces efforts débouchèrent en 1994 sur la création d’une union économique et monétaire (la CEMAC), marquant la phase
finale d’une intégration à la Balassa.
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Ainsi, si on se réfère à des auteurs comme Ondo Ossa (2000), Avom (2008) ou
encore Bagnai (2010), on constate que les critères dits traditionnels, développés par Mundell
(1961), McKinnon (1963) et Kenen (1969) ne sont pas respectés. Leurs résultats sont
confirmés par l’United Nations Economic Commission for Africa (UNECA, 2008) ; en effet
la mobilité du travail intra-régionale, les échanges entre les pays de la zone et la
diversification des produits sont restés faibles.
Les critères modernes n’échappent pas à la règle. Ainsi, le rapport 2007 sur la
Convergence Économique en Afrique Centrale de la Commission Économique pour l’Afrique
/ Bureau Sous Régional pour l’Afrique Centrale (CEA - BSR / AC), observe un manque de
convergence des PIB par tête nationaux, compte tenu du quadruplement de l’écart type de ces
PIB entre 1960 et 2006. Les marchés financier et bancaire des économies de la région ne sont
pas en reste. En effet, l’environnement est caractérisé non seulement par le problème de la
disponibilité des crédits, mais aussi par celui de leurs allocations bien que les banques soient
surliquides (Fouda Owoundi, 2009). De plus, selon Carmignani (2010), la forte dépendance
des économies de la CEMAC à l’égard de leurs exportations en produits primaires
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, dans un
contexte de volatilité élevé des prix internationaux, implique qu’elles aient une propension
élevée à subir des chocs externes ; comme c’est souvent le cas en Afrique (Buigut et Valev,
2005 ; Houssa, 2008).
Toutefois, l’exact respect des critères traditionnels de la théorie des ZMO exogènes ne
constitue pas une condition nécessaire et suffisante à l’existence d’une zone monétaire. Car,
une union monétaire peut au vue des modifications structurelles qu’a entrainées sa monnaie
unique s’harmoniser au fil du temps et se rapprocher d’un fonctionnement optimal. Ainsi, le
fait que la ZMO puisse s’implanter de manière endogène, grâce à un approfondissement de
l’intégration financière, fait de la théorie du risk-sharing l’un des maillons essentiels de cette
pensée.
Dans cet article, il s’agit donc de montrer que le lissage du revenu et donc de la
consommation est un bénéfice notable de l’intégration par l’entremise du risk-sharing. Il est
donc question dès lors de savoir si la perte de l’indépendance de la politique monétaire peut
être, au moins partiellement, compensée par une possibilité accrue de lisser les revenus au
sein des états membres de la CEMAC.
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Selon Macroéconomie et développement de Novembre 2010, la part des exportations de pétrole brut dans les exportations
totales des pays de la CEMAC en 2006 est estimée à 82%.
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Pour cela, nous allons tout d’abord présenter le risk-sharing en union monétaire
(section II), ensuite passer en revue l’influence qu’exerce la partage des risques sur les chocs
macroéconomiques au sein d’une union (Section I) ; ensuite, nous allons nous consacrer
exclusivement à la CEMAC (Section II).
Le risk-sharing en union monétaire
Les unions monétaires sont généralement la cible des chocs asymétriques. Ainsi
l’étude des «mécanismes permettant d'assurer le lissage de la consommation et du revenu,
sont essentiels pour la stabilité d'une union monétaire. Sans de tels mécanismes, les pays en
récession seront incités à quitter l'union.» (Sorensen et Yosha, 1998). Les mécanismes de
partage des risques occupent donc une place de choix dans la théorie endogène des ZMO.
Chocs asymétriques et partage des risques en union monétaire
La dissemblance des chocs constitue l’un des obstacles économiques majeurs à
l’optimalité et à la viabilité de toute union monétaire. Car, plus forts et hétérogènes ils sont, et
plus fortes sont les incitations à quitter l’union ou les réticences à former l’union (Tapsoba,
2011). La prépondérance des chocs asymétriques au sein des unions monétaires, accorde donc
une place de choix aux mécanismes permettant d’atténuer leurs effets, à l’instar des
mécanismes de partage des risques interrégionaux.
Les mécanismes de partage des risques permettent aux unions monétaires,
caractérisées par la perte de l’arme de change de faire face aux chocs asymétriques. Ils jouent
donc un rôle tampon en leur sein, et permet qu’elles aient un fonctionnement efficace.
Les mécanismes du risk-sharing
Bien que la théorie traditionnelle des unions monétaires soutienne que le coût du
sacrifice de l'arme de change par un pays membre dépend, en partie des nouveaux chocs
asymétriques qu’il est susceptible de subir suite à son extension, les contributions les plus
récentes au débat soulignent que les chocs asymétriques dus aux spécialisations ne constituent
pas un problème ; à condition qu’il existe des mécanismes permettant d’assurer les revenus
(Kalemli-Ozcan et al., 2005). Mais, dans la pratique et principalement dans les pays en
développement, les ménages n’assurent pas leurs revenus salariaux. Par conséquent,
l’assurance ne peut porter que sur leurs revenus financiers, qui constituent dans la plupart des
pays une part minoritaire des ressources. Le risk-sharing au sens strict via les marchés
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