Le risk-sharing en CEMAC
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Ainsi, si on se réfère à des auteurs comme Ondo Ossa (2000), Avom (2008) ou
encore Bagnai (2010), on constate que les critères dits traditionnels, développés par Mundell
(1961), McKinnon (1963) et Kenen (1969) ne sont pas respectés. Leurs résultats sont
confirmés par l’United Nations Economic Commission for Africa (UNECA, 2008) ; en effet
la mobilité du travail intra-régionale, les échanges entre les pays de la zone et la
diversification des produits sont restés faibles.
Les critères modernes n’échappent pas à la règle. Ainsi, le rapport 2007 sur la
Convergence Économique en Afrique Centrale de la Commission Économique pour l’Afrique
/ Bureau Sous Régional pour l’Afrique Centrale (CEA - BSR / AC), observe un manque de
convergence des PIB par tête nationaux, compte tenu du quadruplement de l’écart type de ces
PIB entre 1960 et 2006. Les marchés financier et bancaire des économies de la région ne sont
pas en reste. En effet, l’environnement est caractérisé non seulement par le problème de la
disponibilité des crédits, mais aussi par celui de leurs allocations bien que les banques soient
surliquides (Fouda Owoundi, 2009). De plus, selon Carmignani (2010), la forte dépendance
des économies de la CEMAC à l’égard de leurs exportations en produits primaires
, dans un
contexte de volatilité élevé des prix internationaux, implique qu’elles aient une propension
élevée à subir des chocs externes ; comme c’est souvent le cas en Afrique (Buigut et Valev,
2005 ; Houssa, 2008).
Toutefois, l’exact respect des critères traditionnels de la théorie des ZMO exogènes ne
constitue pas une condition nécessaire et suffisante à l’existence d’une zone monétaire. Car,
une union monétaire peut au vue des modifications structurelles qu’a entrainées sa monnaie
unique s’harmoniser au fil du temps et se rapprocher d’un fonctionnement optimal. Ainsi, le
fait que la ZMO puisse s’implanter de manière endogène, grâce à un approfondissement de
l’intégration financière, fait de la théorie du risk-sharing l’un des maillons essentiels de cette
pensée.
Dans cet article, il s’agit donc de montrer que le lissage du revenu et donc de la
consommation est un bénéfice notable de l’intégration par l’entremise du risk-sharing. Il est
donc question dès lors de savoir si la perte de l’indépendance de la politique monétaire peut
être, au moins partiellement, compensée par une possibilité accrue de lisser les revenus au
sein des états membres de la CEMAC.
Selon Macroéconomie et développement de Novembre 2010, la part des exportations de pétrole brut dans les exportations
totales des pays de la CEMAC en 2006 est estimée à 82%.