CYCLE : NOUVEAUX PENSEURS DE L'ISLAM.
Par Mustapha Cherif*
L’Islam, l’Occident et les défis communs !
Pourquoi L’islam est-il ciblé par la propagande du « choc des civilisation»? Comment
expliquer à l’opinion mondiale que l’islam est ouvert, tolérant et peut même être un allié
décisif pour faire face aux défis communs de notre époque ? Quels sont les défis qui se
posent aujourd’hui à toute l’humanité ? En sept points ou axes de mon intervention,
c’est à ces questions et à bien d’autres que je vais de tenter de répondre, en tant que
penseur qui se veut d’Orient et d’Occident : « Mon cœur est devenu apte à recevoir tous
les êtres », disait Ibn
Arabi, je m’inscrit, humblement, en disciple, dans la tradition des penseurs qui,
d’Averroès à Ibn Kaldhun, ont prôné un islam d’universalité et accueillant l’autre. Cet
islam paisible n’est pas élitiste, et ne relève pas seulement d’une époque révolue. Même
si, aujourd’hui, son expression semble moins visible et moins élaborée, il est aussi celui
de toujours et celui des masses, du peuple, des gens simples. Dans cette optique, de
vouloir traduire, à la fois, la ligne dominante et les aspirations des gens de tous les jours,
j’aborde les questions théologiques et géopolitiques. Pour comprendre la situation
politique d’aujourd’hui, pour sortir des amalgames et des simplifications, « L’Islam,
tolérant ou intolérant ? » mon dernier livre récemment édité chez Odile Jacob, à Paris,
par exemple, est une réflexion au cœur de l’actualité, sur les problèmes qui engagent
l’avenir commun des peuples des deux rives de la Méditerranée.
1-Le dialogue et les études sur l’islam.
Aujourd’hui, le dialogue entre les peuples ; devrait, d’abord, avoir pour but, de rappeler
des vérités occultées : que notre socle commun est plus important que nos différences,
qu’il faut assumer comme richesse et non comme supériorité. Nul n’a le monopole de la
vérité, même si chacun, naturellement, croit détenir la dimension parfaite. L’islam est
méconnu, il a été depuis toujours injustement caricaturé, perçu comme un hérétique.
Malgré nos valeurs communes et notre socle commun, trop d’amnésies, de partis pris, en
Occident, barrent la route du vivre ensemble, et des tentations du repli ou de la
dissolution, en rive Sud, déforment notre image. L’Occident a été judéo-islamo-chrétien
et gréco-arabe. Certains veulent faire croire qu’il a été seulement judéo-chrétien et
gréco-romain. Mon analyse part d’un constat: nous sommes, dans l’amnésie,
l’intolérance, la stigmatisation et la violence, que certains affichent sans honte.
L’absence de dialogue, l’ignorance et les injustices sont, selon mes hypothèses, parmi les
causes des dérives. Les idées sur l'Islam, qui circulent, pèchent souvent par excès
d’apologie chez les musulmans, et de dénigrement systématique par les non musulmans.
Parfois des écrits d'érudition ne sont pas lisibles pour le public non spécialisé. Ce n'est
pas le cas, j’espère, de mes approches et de mes livres qui se veulent autocritiques et
critiques constructives, méthode pédagogique, qui a pour souci l'autre différent : je me
mets à sa place, le lecteur a l'impression que je lui parle personnellement. Je réfute, à la
fois, les mouvements du repli et du passéisme et celui de la dissolution et de la
dépersonnalisation, tous deux voués à l’échec. C’est l’universel qui est mon horizon, sans
perdre mes racines.
2-Les défis communs.
C’est l’humanité tout entière, qui est confronté à des dérives inquiétantes. Croyants ou
incroyants, nous sommes, des êtres humains pris dans le même mouvement du Monde et
face aux mêmes multiples défis. Nous allier face aux défis communs est une nécessité.
J’espère, que tous, finiront par le comprendre, avant qu’il ne soit trop tard, ce sera la
paix pour tous, ou l’insécurité pour tous, car tout est imbriqué. Le devenir est commun.
Notre dénominateur commun est la raison. Il est requis, de chacun de nous, en être
raisonnable, de dialoguer, pour apprendre à vivre ensemble, au sein de notre espace
commun, la Méditerranée. La présence de l’autre est déjà là, la diversité du monde et de
la société sont une réalité, apprendre à harmoniser l’unité et la pluralité, à leur donner
un sens et une direction d’avenir, est une des tâches, des politiques et des intellectuels.
Rien, y compris pour un musulman, ne devrait empêcher de vivre dans une société
séculière, moderne et plurielle. L’aptitude à respecter la différence et à assumer le
multiculturel est une qualité que tous les individus et toutes les sociétés ont pour devoir
de préserver. Reste à comprendre que : la logique de l’existence, dicte le fait que les
objectifs se réalisent dans le cadre du dialogue et de l’échange et non à sens unique.
Je situe les responsabilités de la mondialisation de l’intolérance des deux côtés : Les
mouvements qui usurpent le nom de l’islam et exploitent le religieux dans le champ
politique sont dopés par la situation d’absence de dialogue et d’injustices. Le terrorisme
des faibles, les actions des désespérés en terre occupée, poussés au suicide par la
répression sanglante et par l’absence de perspectives, les prises d’otages, mais aussi les
pratiques crispées et rétrogrades de la religion, et des pratiques archaïques du politique
dans certains pays arabes - tout cela nuit aux Musulmans. L’image des musulmans est
déformée par les fracas de la politique. Dans le domaine mondial, le terrorisme des
puissants qui occupent et répriment brutalement des peuples musulmans, le racisme, la
xénophobie, l’égoïsme, l’arrogance, les amalgames, la politique des deux poids et deux
mesures, et les contradictions de la mondialisation et du désordre mondial, sécrétés par
des puissances occidentales, agressent gravement, et déforment la figure de la
modernité. Les injustices d’un côté, les réactions irrationnelles, de l’autre, ont mis en
scène une tragédie planétaire de l’intolérance et de la peur.
La paix est menacée, par les racistes, les puissants qui visent l’hégémonie du monde. La
paix est menacée donc par les injustices et par le recul du Droit, et menacée ensuite par
les réactions de l’extrémisme politico-religieux des faibles. Si l’on se tait, les extrémistes,
de tous bords, seront plus influents que les êtres de paix. C’est aux pyromanes que
certains médias occidentaux et arabes, offrent le plus leurs tribunes. D’où l’importance
de redoubler d’efforts dans le domaine de l’information et de l’éducation.
En plus des problèmes politiques de démocratisation des relations internationales, de
décolonisation au Moyen Orient, de démocratisation des pays arabes et les écarts
économiques et sociaux entre les deux rives de la Méditerranée, et dans les banlieux
d’Europe, problèmes de justices et d’égalité des chances, des questions urgentes,
auxquelles les forces de progrès, doivent contribuer à régler, en respect de la
souveraineté des uns et des autres, devrait retenir l’attention commune, pour tous les
humains attachés aux valeurs de l’esprit, à la morale, aux valeurs humaines
fondamentales, le fait majeur que : l’humanité est exposée à la déshumanisation. Vico,
Saint François d’Assise, Leonardo de Vinci, Gramsci et tant d’autres hommes de pensée
ou de foi et d’art civilisationnel, de ce beau pays qu’est l’Italie, s’ils reviennent
aujourd’hui seront choqués de constater dans quel état se trouve l’humanité. Les
valeurs monothéistes, abrahamiques, bien comprises, d’un côté, et les valeurs grecs d’un
autre côté, influent de moins en moins le cours de la vie. La morale et la logique sont
comme sortie de la vie. La sécularité, la non confusion entre le religieux et le politique
est un principe universel à préserver. Mais la perte des valeurs morales, la
marchandisation du monde posent des problèmes de fond. Le risque de déshumanisation
est un des défis majeurs de notre époque. Mon travail consiste à tenir une double
critique et déconstructions, celle des dérives de ma tradition et celles des dérives de la
modernité. Il s’agit d’essayer de sortie des faux dilemmes et de desserrer l’étau dans
lequel on veut nous enfermer. Permettez donc, de vous parler, maintenant, de cet islam
qui étonne ou préoccupe, d’autant que j’admets que cette question appartient à tous, pas
seulement aux musulmans.
3-L’Islam, tolérant ou intolérant ?
L’Islam est il tolérant ou intolérant ? Si pour moi, comme pour l’immense majorité des
musulmans, la réponse va de soi, nombre d’étrangers se posent la question et répondent
même par la négative. Le fait que je pose la question, est un acte de tolérance, je me mets
à la place de l’autre. Les musulmans apparaissent comme ceux qui résistent à la
modernité, à la mondialisation, à l’idée dominante du progrès. Ils sont perçus comme
des dissidents désastreux, que menacent de nouvelles monstruosités historiques :
l’islamisme, le fanatisme, l’extrémisme. Les critiques, de l’extérieur, les préjugés
tenaces, les accusent de maux multiples comme : d’avoir des principes qui
contreviennent à l’égalité et à liberté, de ne pas distinguer la religion et la politique, une
religiosité qui prône l’intolérance, le sacrificiel et la violence…L’image de l’islam est
brouillée, déformée, caricaturée; ces supputations et suppositions ; cela, bien d’autres
paradoxes et les défis de l’heure, plus qu’une crise, nous obligent à opérer un travail
de réflexion sur l’essentiel. Il ne s’agit pas simplement de chercher à innocenter l’islam,
par rapport aux déviations et crimes commis par certains « des siens ». Même si certains
alimentent la confusion et prétendent que la distinction est difficile à opérer dans les
faits, les savants objectifs, de Jacques Berque à Jacques Derrida, tout comme les êtres
de bon sens qui vivent au coté de musulmans ou les rencontrent, savent que :
l’islamisme n’est pas l’islam. L’Islam, depuis toujours, a démontré sa capacité à résister
aux tentatives de l’instrumentaliser du dedans, ou aux pressions du dehors. L’islamisme
est voué à l’échec, quelques soient les ravages qu’il opère. Il s’agit, en tant que
chercheur, de tenter de participer aux questionnements sur notre monde qui se dérobe,
et de montrer que l’expérience, la singularité et la dissidence de l’islam, par le dialogue
et la pensée, et même par l’altercation, peuvent contribuer, de manière décisive, à
desserrer l’étau, avant qu’il ne soit trop tard. Mais, dit-on, l’Islam, ce méconnu, en tant
que religion, culture, civilisation, s’inscrit-il dans un mouvement d’ouverture ou de
fermeture face à l’autre différent, face à l’évolution du monde ? Il est de notre tache de
tenter d’y répondre. Les dérives de soi et de l’autre, le passif et les quiproquos entre les
deux mondes, l’Orient et l’Occident, l’immense confusion, l’usurpation criminelle du
nom de l’islam par les extrémiste politico-religieux et la référence abusive à la troisième
religion monothéiste par ceux qui exploitent la situation pour stigmatiser et pratiquer la
politique des deux poids et deux mesures, tout cela nous oblige à penser, attentivement,
par une pensée méditante et non point calculante, afin de ne pas se laisser emporter par
les affres de l’apologie, ou au contraire ceux du dénigrement, que certains au Nord
comme au Sud, pratiquent un peu trop facilement.
« Tolérant ou intolérant ? » je disais, cela renvoie au rapport à l’autre différent. Ce
thème du rapport à l'autre s’énonce tout au long du Coran de plusieurs manières. En
premier lieu, la différence est une épreuve naturelle, un don et un mystère: «Si Dieu
l’avait voulu, dit le Coran, Il aurait fait de vous une seule communauté. Mais Il voulait
vous éprouver en Ses dons. Faites assaut de bonnes actions vers Dieu. En Lui pour vous
tous est le retour. Il vous informera de ce qu’il en est de vos divergences.» La majorité des
6200 versets a trait à la question de la différence, de la pluralité, de l’ouverture, à la
relation avec la nature, le monde, le cosmos et l’humanité en tant qu’ils sont considérés
comme des signes multiples de la création du Vrai. «Méditez, observez Nos signes (…)
Nous avons créé tout cela en vérité», précise le Coran. La structure mentale du
musulman devrait donc être formée, éclairée et orientée en profondeur par la pédagogie
du Coran. Dix dimensions fondamentales de l’ouverture, bien plus qu’une simple
tolérance, sont explicites à ce sujet.
-L’autre est d’abord mon semblable
La première dimension est liée au point essentiel visé par la révélation: «Votre Dieu est
Unique. Il n’est de Dieu que Lui, le Tout Miséricorde, le Miséricordieux.» Il est rappelé,
avec force et clarté, que les êtres humains sont de la même espèce, ont la même origine et
le même devenir: le retour au Dieu Unique, Créateur de la vie. Le Coran s’adresse à
toute l’humanité sans exclusive. L’autre est mon semblable: l’autre est d’abord le même.
L’égalité foncière des êtres est première. Pour un musulman, il est logique d’être
imprégné de l’idée que Dieu a créé les êtres humains semblables dans leur humanité, à
partir d’une racine unique et pour une destinée commune. De ce fait, il est impérieux
d’accueillir et de respecter sans condition les autres êtres humains. Des centaines de fois,
le Coran s’adresse aux hommes en les interpellant de la formule: «O fils d’Adam.»
Souvent, la pluralité dans l’unité est précisée: «Humains, Nous vous créâmes d’un mâle
et d’une femelle, pour vous répartir ensuite en nations et en tribus.» Ainsi, pour les
musulmans, Dieu créa les êtres humains à partir d’un archétype unique (min jins
wahid). Tous les hommes en forment la descendance et sont égaux par leur humanité,
même si le Coran distingue les croyants (en général) et ceux qui ne croient pas. Mais le
fait de faire mention de ces derniers, qu’Il appelle infidèles, dénégateurs, oublieux,
ingrats, montre que leur existence n’est pas niée. Ils peuvent, par l’exercice de la raison,
accéder à des formes objectives de maîtrise du réel. Les règles du jeu sur terre (mais il
ne s’agit pas d’un jeu) restent valables pour tous, croyants et incroyants. Sur ce point, il
est significatif que le mouvement soit celui de la tolérance foncière, de l’ouverture. La
différence réside dans le fait que le Message se décline en promesses en direction des
croyants et en menaces à l’adresse des incroyants. Dieu seul connaît le secret des cœurs:
nul être humain n’a le droit de se faire le juge d’un autre. Dans ce sens, la Révélation
s’adresse à toute l’humanité sans exception, c’est le caractère universel du Message.
La vie est mystère
La deuxième dimension qui fonde le sens de l’ouverture, de la tolérance et de la prise de
conscience du caractère essentiel de la relation à l’autre différent, c’est le fait que la vie
est mystère. Dieu est Présence et Absence. Dieu dépasse infiniment tout ce que je peux
imaginer. Il est le tout Autre par excellence. Etre fidèle à l’Invisible, au Très Haut et au
Très proche redimensionne l’être humain et lui permet d’assumer la distance et la
proximité qui le lie au Créateur. Croire au mystère, c’est se soumettre dans la confiance,
sens de la foi en Islam. Cette confiance est définie comme libération par rapport aux
limites de la vie terrestre. Avoir la foi, c’est avoir confiance face au mystère. Ce que je
crois, ce en quoi j’ai confiance est par définition l’Ouvert. Car la vélation elle-même
est l’ouverture de l’Ouvert sur le monde, horizon de l’humain. La guidance, el huda,
vers l’Ouvert est centrale et la première sourate du Coran, en fait mention, elle s’appelle
bien l’Ouverture, El-Fatiha. Croire au mystère à l’au-delà, à l’invisible, est donc le
propre du croyant, sa définition. Le Coran dit clairement : «Les croyants sont ceux qui
croient au MystèreCela implique un sens profond de l’humilité, de l’ouverture vers ce
qui n’est pas donné d’avance. Même si chacun estime ensuite en détenir une version
parfaite, en connaître la droite orientation, nul n’a le monopole de la vérité. Comment
appréhender le mystère, le ghayb, c'est-à-dire le retrait de la vérité, capable de
s’entrouvrir, dont l’idée même échappe en grande partie à la majorité des hommes?
«Ceux qui savent sont-ils semblables à ceux qui ne savent pas?», nous dit le Coran. Les
chemins privilégiés, pour accéder au vrai, au beau et au juste, sont la foi et-ou la raison.
Dans les deux cas, cela dépend de la capacité à reconnaître l’autre et à dialoguer avec
lui, du moins, à donner l’exemple de la rectitude qui doit être le fait des êtres soucieux
de vérité, aptes à recevoir l’autre au-delà des dénominations, des lieux, des subjectivités.
Cette possibilité de l’ouverture est inscrite au cœur même du bien-fondé de la Création:
«Si Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, c’est en vue de votre connaissance
mutuelle. Le plus digne au regard de Dieu, c’est celui qui se prémunit davantage.». Face au
mystère de la trace de l’Infini qui est en chacun de nous, il s’agit de pratiquer
l’ouverture, l’interconnaissance par l’exercice du dénominateur commun, la raison; il
s’agit d’exercer sa pensée à réfléchir sur la meilleure façon d’apprendre à vivre
ensemble et d’assumer la distance qui sépare de la vérité. Présence/absence du Vrai ce
niveau détermine les enjeux des relations entre les êtres. La pratique de
l’interconnaissance comme objet de l’existence, la prise de conscience que l’exister se
présente à nous sous la forme du Mystère, de l’absence -présence et du rapport unité-
pluralité, voilà qui est conforté par de nombreuses orientations majeures qui résonnent
profondément dans la mémoire des musulmans. Ainsi: «Ne controversez avec les gens du
Livre que de la plus belle sorte.» Dans cette perspective, la relation avec l’étranger
devrait être marquée, comme le dit le Coran, par les signes de l’échange, de l’hospitalité
et de la paix: «Les adorateurs du Tout Miséricordieux sont ceux qui vont par la terre
modestement; et si des étrangers les interpellent, ils disent: Paix.»
La reconnaissance de la liberté comme fondement de l’existence
La troisième dimension majeure qui devrait orienter la structure mentale des
musulmans se résume en plusieurs versets décisif comme : «Pas de contrainte en
religion.» et «Que celui qui le veut croie, que celui qui le veut soit un incroyant Croire
relève du mystère de l’âme, de la liberté de conscience, de la responsabilité de chacun, de
l’intimité du cœur, de la prédisposition du caractère. Le Coran précise: «Il ne
t’appartient pas de juger de leurs intentions, comme il ne leur appartient pas de juger les
tiennes; (…) doux, humain, enclin à l’indulgence, adresse-toi à eux avec douceur.» Un
célèbre dire authentique du Prophète (hadith) exprime avec éclat et concision sa position
sur la question de la différence: «La différence/divergence est une miséricorde», dit-il, ce
qui signifie qu’elle est un axe clef du projet de Dieu pour l’humanité. Sa dénégation est
une faute, sa reconnaissance est un bienfait, tout en se gardant de toute fusion irréfléchie
et confusion. Selon l’Islam, l’accueil de l’autre, c’est la reconnaissance à la fois de sa
singularité tout être est unique et de sa différence radicale. Rien ne ressemble à Dieu,
mais en même temps sa trace est en nous. L’hospitalité, met l’accent sur la différence
comme richesse, sans oublier ce qui est semblable et qui dépasse la différence. Chaque
être humain porte en lui la possibilité de la raison et la faculté de la liberté. Privilège
qui fait que, selon le Coran, les anges se prosternent devant Adam. L’épreuve de la vie,
l’existence elle-même est portée par la liberté, le risque du vivre; en conséquence, le
Coran précise que la contrainte en religion est irrecevable. Refuser la reconnaissance,
c’est s’inscrire dans la dénégation, une forme, de kofr, dimpiété. La vraie liberté est de
source spirituelle, nous signifie le Coran. S’en remettre à, faire confiance, s’ouvrir au
mystère, témoigner, se mettre en état de paix - signification du mot musulman- ce n’est
pas se soumettre au sens d’abdiquer, traduction réductrice. Etre musulman : c’est
assumer la responsabilité de la liberté, la responsabilité de lieu-tenant de Dieu sur terre,
sans prétention démesurée ni démission. Adorer librement, croire, ou ne pas croire, tel
est le don et le risque octroyé à l’être humain. En somme, s’inscrire dans le témoignage :
que tout est relatif sauf l’Absolu, traduction de la schahada, dans la pratique de ce
privilège et risque qu’est la liberté, cela dans la mesure et la modération, voilà ce que
signifie être musulman. Expérience irremplaçable, mais non point exclusive, qui
permet non seulement de se garder de toutes les formes d’idolâtries, mais aussi, par
de s’ouvrir à l’Ouvert, d’être attentif à ce qui tient en propre, dans l’humilité et la
noblesse humaine. Cette possibilité prend sens, en particulier dans l’accueil de l’autre.
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