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NOTRE PERE
Introduction
Notre image de Dieu colore nos attitudes envers la vie, les personnes et les événements. Dieu,
incarné en Jésus Christ, marche avec nous tout au long de notre histoire. La Parole se fait
chair pour nous révéler le visage de Dieu Père et Mère. Sa relation très intime avec Dieu
comme "Abba", pendant sa vie terrestre, est devenue source de joie, sécurité et force, même
dans les moments les plus obscurs de sa Passion. Sa confiance dans l'amour du Père lui
donnait la force pour embrasser Sa Volonté: "Père, pas ce que je veux, mais ce que tu veux !".
(Cf. Mc 14,36 ; Mt 26,40).
Marie de la Passion a expérimenté comment Dieu l'a guidée à travers les personnes et les
événements. Elle a puisé sa force de la Parole de Dieu et de la Présence Eucharistique.
L'amour l'a rendue capable d'accepter la volonté du Père et de surmonter les difficultés, pour
vivre déjà ici-bas, dans le royaume de l'amour, de la vérité et de la justice.
En cette première décennie du troisième millénaire, nous sommes appelées à revoir notre
mission, dans un monde détruit par les divisions et la violence. En tant que Franciscaines,
nous sommes obligées :
- de devenir des instruments de paix et de réconciliation,
- d'accepter les différences comme une richesse,
- de surmonter les barrières de la peur et du préjudice,
pour aider à créer une famille globale, tous puissent vivre comme frères et sœurs, fils et
filles d'un même Père. La méditation de quelques textes de Marie de la Passion nous aidera à
approfondit cette prière par excellence, si importante pour créer en nous un cœur filial et
fraternel.
NOTRE PERE
Dieu est mon Père. Il est toujours avec moi et tout ce qu'il possède est à moi. Si je le veux je
serai toujours avec lui et tout ce que je possède sera à lui.
Dans un mode qu'il m'est impossible d'expliquer je vois en moi la liberté de l'amour qui n'est
autre que Dieu lui-même. Je vois la perfection, le beau, l'amour me rendant participante de
Dieu dans la mesure où je suis amour. Sur la terre, au ciel ! Je vois, très bien, comment je suis
en mon Père par le Verbe, sa connaissance, et par le Saint-Esprit, leur manifestation. Je vois
en moi cette Trinité vivante qui m'a produite et me conserve. Je la vois avec moi plus
sensiblement, encore, par l'Eucharistie. Le Verbe Incarné, la connaissance de l'être de l'amour,
montrée à la terre, incarnée pour elle. Tout cela a des splendeurs d'une simplicité et d'une
beauté qui séduisent et ravissent mon âme, mais expliquer cette paternité de Dieu engendrant
en moi lui-même l'amour, d'autant plus que je le veux davantage, ce n'est pas possible pour
moi.
La vérité est que nous sommes appelés à l'amour, qu'il est toujours avec nous et que tout ce
qu'il est à nous. Tout est là.
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Je vois Dieu en moi d'une façon irrésistible. Que je voudrais faire cette présence toujours plus
grande ; cela dépend de moi.
Je tâcherai, aussi, que mes filles aient large part à cet héritage paternel et pour cela je serai
mère dont mon re céleste est le Père céleste. Je ferai tout pour que même les plus
misérables comprennent et rendent l'amour de leur Père divin et je me souviendrai que
l'amour ne se fait comprendre que par l'amour. Mon âme, si tu sais comprendre, quel sera ton
abandon. Alors tu sauras dire comme François : Mon Père et mon tout.
NS 289, Il me parle… N°11, 29 janvier 1888
Sommes-nous de ces âmes arrêtées par l'amour de nous-mêmes et des choses de la terre ? S'il
en est ainsi, voyons en ce moment le regard de Jésus arrêté sur nous. Il nous appelle à le
suivre pour reproduire la perfection du Père céleste : "Soyez parfaits comme votre Père
céleste est parfait". Il veut notre perfection. Levons-nous enfin, suivons Jésus comme
Matthieu ; partageons la vie pauvre et mortifiée de Notre Seigneur.
Divin Maître, venez chercher votre brebis errante. C'est en vous suivant, vous la voie, la
vérité, la vie, qu'elle trouvera le vrai bonheur. Je veux vivre sous votre houlette et me laisser
guider par vous. (MD 574)
En toutes choses, l'Evangile, les apôtres, s'expriment, agissent, sans politique, sans tour,
selon la justice, la vérité et l'amour.
Il en est de même autour de saint François. Notre Séraphique Père nous dit les choses comme
Jésus nous les disait et il nous commande de les entendre sans glose ; les prudents du siècle
qui emploient mille moyens humains, souvent illégitimes pour arriver à leurs désirs et se
sauvegarder, sont généralement déçus. Ceux qui arrivent à faire de grandes choses ce sont les
doux, les humbles, ceux qui vont à Jésus lui dire qu'ils sont fatigués, qu'ils sont chargés, mais
qu'ils veulent par lui connaître le Père.
Nous savons le chemin qu'a choisi notre Jésus, c'est celui de la Passion, de l'abandon à son
Père tout-puissant. Celui qui prend ce chemin des simples et des humbles, porte en paix les
épreuves. Rempli de force et de consolation, il sentira la vérité de ces paroles : "Mon joug est
doux et mon fardeau léger".
(MD 175)
Au plus profond de nous-mêmes,
l'Esprit du Fils crie continuellement
Abba, Père !
Dieu qui agit sans cesse en nous
et nous transforme,
nous invite à entrer en communion avec lui,
Et en lui, avec nos frères.
Accueillante à sa présence,
notre vie devient prière
(Const. 8)
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QUE TON REGNE VIENNE
Oui, c'est un mystère divin, c'est l'Agneau de paix, qui vient effacer les péchés du monde.
Adorons-le dans le sein de Marie, disons-lui avec elle et comme elle : Venez Seigneur Jésus,
venez faire la paix entre le ciel et la terre. J'ose vous le demander, parce que ma vocation est
de continuer la mission de ma Mère Immaculée et de dire sans cesse avec vous : Notre Père
qui êtes aux cieux, que votre règne arrive. (MD 39)
Celui qui a le secret de l'anéantissement de Jésus-Enfant et de Jésus-Eucharistie a aussi le
secret du mépris des agitations stériles du monde ; il connaît par là même le secret de la paix.
Si nous savons étudier, approfondir les mystères que pénétra notre bienheureux, nous serons,
comme lui, plus du ciel que de la terre : "Là est le trésor, aussi est le cœur". Si nous
l'imitons, nous participerons au repos de Dieu, nous aurons le don divin de la paix. Il est si
précieux, qu'il fut le souhait préféré de Jésus pendant sa vie, à ceux à qui il voulait un bien
plus particulier. La mesure du mépris et de l'anéantissement de soi-même est la mesure de la
paix.
… vous qui savez que le royaume de Dieu est au-dedans de nous et que les choses extérieures
ne vont pas jusqu'à porter le trouble dans ce royaume, quand l'âme ne voit en toute chose que
la volonté du Père céleste, obtenez-nous votre humble abandon. (MD 332)
Tout en criant contre les Jésuites au Portugal, ce sont nos Pères et nous qui sommes les plus
massacrés. Ce sont de ces mystères incompréhensibles dont notre temps offre tant d'exemples.
Les Franciscains n'ont pas d'argent, ils n'ont pas l'appui du monde, voilà pourquoi taper sur
eux se fait avec tant de dégageance. Mais Notre Seigneur l'a dit : "A ce signe on reconnaîtra
que vous êtes mes disciples". C'est égal, on ne trompe pas le bon Dieu.
Faisons notre mois de Marie avec grande ferveur pour obtenir que le règne de Dieu arrive. Ce
sera celui de la vérité et de la charité. (JO 529, avril 1900)
Ne sommes-nous pas les tabernacles de la Très Sainte Trinité quand nous sommes en état de
grâce ? Nous n'avons qu'une chose à faire : nous unir à la volonté de Dieu qui habite en nous,
faire notre volonté une avec la sienne. Mais l'esprit de mensonge cherche sans cesse à nous
tromper. Sachant bien que le royaume de Dieu est au-dedans de nous, il s'emploie
perpétuellement à nous le faire chercher dans les choses humaines et extérieures, dans les
ves de notre imagination, nos désirs, notre perpétuel besoin de mouvement et d'instabilité,
dans notre soif insatiable de bonheur et d'amour. Nous cherchons toujours extérieurement et
dans les choses humaines ce vrai bonheur, cette union à Dieu qui est au-dedans de nous et que
personne ne pourrait nous enlever si nous comprenions son être, sa connaissance et son goût
qui répondent aux trois Personnes de la Sainte Trinité qui sont un seul et même Dieu. Pour ma
part, plus j'avance dans la vie et plus j'ai soif d'entrer dans ce royaume intérieur qu'on emporte
partout et qui est indépendant de tout ce qui passe. (JO 315, 31 juillet 1897)
Mais confiance ! Quelque chose me dit au cœur que Dieu marche vers une effusion de son
règne.
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Prenons, comme oraison jaculatoire, cette chère parole du Pater : Que votre règne arrive. Et
surtout, que notre fidélité appelle, comme Marie, ce règne sur la terre.
(JO 659, 29 janvier 1902)
j'ai é frappée d'une parole de saint Paul qui donne tellement raison à sa manière de
comprendre les choses de Dieu : "Nul impur, nul avare, ce qui est une idolâtrie, ne sera
héritier du royaume de Jésus-Christ et de Dieu". Toute attache, en effet, est un vol à ce Dieu
seul que nous devons adorer et aimer uniquement.
D'un coup nous comprenons pourquoi saint François a été si cher à Dieu, si avant dans le
recouvrement de l'état primitif précédant le péché originel. C'est que sa devise était : "Mon
Dieu et mon tout", et qu'aucune idolâtrie de lui-même, des créatures et de quoi que ce soit de
créé ne dérobait même une parcelle de son cœur.
Vraiment en me lisant vous pourriez me dire… ce qu'on disait de Notre Seigneur : " Cette
parole est dure à entendre". Alors je vous répondrai avec la parole de la deuxième méditation,
celle qu'adressait à son fils la mère de Milethon : "Ma fille, souffre encore un peu, le Christ
est à la porte, il va t'aider de son secours". (JO 590, 10 mars 1901)
Le règne de Dieu je l'obtiendrai par Marie !... Ce règne que je désirais tant… j'aurais voulu
l'arracher du cœur de Dieu et des hommes et je me sentais si seule, si pauvre. Que faire ?
criait mon âme. Et j'ai pensé, tout d'un coup, que Marie n'avait rien fait par elle-même :
"Prends l'enfant et sa Mère" dit l'Ange… ce mot : prends, dit si bien que Marie était sans
volon et se laissait faire. Prenez donc, mon Père, et menez-moi où vous voudrez pour sauver
le règne de Dieu. Je ne demanderai pas même où je vais. (NS 9, 28 août 1882)
QUE TA VOLONTE SOIT FAITE
Pour moi… je me plais à répéter les deux dernières paroles de Notre Seigneur sur la croix :
"Mon Père céleste, je remets cette âme chérie entre vos mains". Celle-là est pour lui.
L'autre qui est pour moi, c'est : "Tout est consommé !"
Oui, tout est consommé de ce côté pour votre pauvre Mère. J'aurais tant aimé le voir prêtre,
recevoir par lui le Corps très saint de Notre Seigneur. Tels n'étaient pas les desseins de Dieu.
Je les adore, me reconnaissant très indigne. Peut-être aussi ne pouvais-je pas offrir un plus
grand sacrifice pour l'Eglise, les âmes, l'Ordre et l'Institut.
Priez pour lui et aussi pour moi qui tâche de m'unir à Marie au pied de la croix, en répétant
avec elle : "Tout est consommé !" (JO 500, 5 février 1900)
Plus que tout autre nous devons comprendre que "la moisson est grande et qu'il y a peu
d'ouvriers", nous devons prier le Maître de la moisson qu'il envoie des ouvriers, être prêtes à
aller comme des agneaux au milieu des loups.
Mais surtout nous devons nous laisser faire par le Maître de la moisson ; c'est dans cet
abandon à la sainte volonté de Dieu qu'est l'essence même de l'Evangile et par conséquent de
l'esprit franciscain. C'est que nous trouverons le secret de la vocation missionnaire, le
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courage des apôtres et la bénédiction toute-puissante qui fait accomplir pleinement les
desseins de Dieu. (MD 137)
Imitons mieux Marie : si notre volonté ne fait qu'une avec celle de Dieu, Jésus habitera notre
cœur qui sera un tabernacle digne de l'Epoux et la Sainte Trinité reposera dans ce sanctuaire
d'amour.
(MD 228, NS 101, Il me parle… N° 210)
Que l'hymne de la louange soit toujours dans votre bouche, louez-le dans toute l'étendue de
son pouvoir, laissez ce pouvoir s'exercer sur vous, sans que votre volonté lui fasse obstacle.
Que notre âme comprenne aujourd'hui le secret des saints : se servir de toutes créatures pour
s'unir au Créateur et s'abandonner en tout à sa divine volonté. (MD 288)
… vous qui savez que le royaume de Dieu est au-dedans de nous et que les choses extérieures
ne vont pas jusqu'à porter le trouble dans ce royaume, quand l'âme ne voit en toute chose que
la volonté du Père céleste, obtenez-nous votre humble abandon. (MD 332)
Nous aussi, en embrassant la vocation religieuse, nous avons dit de tout cœur : "Seigneur, que
voulez-vous que je fasse ?". Et Dieu a répondu à notre demande : "Eloigne-toi du mal, et fais
le bien". Avons-nous toujours été fidèles au conseil divin ? Regardons le passé. Hélas !
revenant sur notre promesse, n'avons-nous pas laissé ce qui était bien pour faire ce qui ne
l'était pas ? O ingratitude ! ô folie ! Désormais… nous voulons entrer résolument dans la voie
droite et vraie. Vivant de la volonté de Dieu, nous lui demanderons chaque jour, à chaque
instant : "Seigneur, que votre volonté se fasse ! Que notre amour aille jusqu'à sacrifier toute
imperfection pour se nourrir de votre bon plaisir".
Pour être bonne missionnaire, il faut être disciple du Cœur de Jésus, de l'Agneau divin
immolé, c'est alors qu'on peut amener les païens, les hérétiques à la foi, les pécheurs à la
pénitence, les ennemis à la paix et à la concorde. (MD374)
Secret de Nazareth, vous ravissez mon âme ; là, ô mon Jésus, vous êtes vraiment "un roi caché
; Dieu d'Israël, notre Sauveur" : vous êtes victimes pour nous. Votre vie tout entière disait à
votre Père : "Vous n'avez pas voulu d'hostie, ni d'oblation, mais vous m'avez formé un corps.
Vous n'avez pas demandé d'holocauste, ni d'expiation ; alors j'ai dit : Voici que je viens. En
tête du livre, il est écrit de moi que je dois faire, ô mon Dieu, votre volonté".
A toutes les âmes, votre Cœur divin faisait entendre cette parole : "Heureux l'homme qui
m'écoute et qui veille tous les jours à ma porte, et qui fait la garde au seuil de ma maison.
Alléluia." Notre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ. Faites que nous puissions dire en
vérité après cette méditation : "Notre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ. Alléluia".
(MD 717)
Je me suis arrêtée à "que votre volonté soit faite, et non la mienne".
Il me semble que j'entre toujours plus dans la Passion de Jésus. Ce que je lis, partout, de mon
séraphique Père et de son esprit m'aide beaucoup. Et maintenant, je baise, avec amour, la
croix qui vient percer le cœur…
Je veux toujours dire à chaque trait de la Passion : Merci de me l'envoyer sans me demander si
je le veux.
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