31 - Voici donc que l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et les deux ne
feront qu'une seule chair [citation de Genèse 2,24]. en l'entourant d'attention comme le Christ fait pour
son Eglise .
32 - ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu'il s'applique au Christ et à l'Église.
33 - Bref, en ce qui vous concerne, que chacun aime sa femme comme soi-même, et que la femme
révère son mari.
Ce texte ne peut être compris correctement que comme le couronnement des thèmes et vérités qui
ponctuent la Parole de Dieu révélée dans l'Ecriture Sainte, tels le flux et le reflux de larges vagues. Ce
sont des thèmes centraux et des vérités essentielles.
Le sacrement esy signe. Signe visible (le corps est visible) mais aussi signe visible d'une réalité
invisible. Le sacrement est un signe efficace : par le sacrement de mariage, les époux manifestent
pleinement l'amour que Dieu porte à son Eglise.
Dans le début de ce texte (Ep 5 v 21) qui insiste sur la crainte de Dieu (non pas dans le sens où on
l'entend mais dans le sens d'une piété, d'une vénération respectueuse) il y a une correspondance
entre la piété envers Dieu et la « piété » envers l'autre, le respect de l'autre dans son identité et son
humanité.
Le respect du corps de l'autre, l'attention respectueuse entre dans cette dimension de crainte .
Il ne s'agit nullement d'une soumission qui ferait de l'un ou de l'autre l'esclave du conjoint. Ce qui
compte dans ce texte c'est la notion de réciprocité (v 29). « La communauté ou unité que les époux
doivent constituer se réalise dans la donation réciproque et mutuelle de leur vie».
Le bain d'eau qu'une parole accompagne (ch 5 v 26) est expression de l'amour nuptial en ce sens que
le Christ prépare l'Epouse (l'Eglise) pour l'Epoux. On y retrouve donc une double allusion au baptême
et à la réconciliation, mais aussi au lavement des pieds que nous évoquions tout à l'heure.
Après ce bain d'eau, St Paul présente l'Epouse et l'Eglise comme toute belle, sans tâche dans la
métaphore d'une noce. C'est cette Epouse que l'Epoux (le Christ) va nourrir (cf verset 29) et cette
nourriture sera pour la tradition une allusion claire à l'Eucharistie. Dans son amour « conjugal » pour
l'Eglise, le Christ va prendre soin de celle-ci par l'intermédiaire de l'Eucharistie. Signe visible et
invisible de Son Amour. Présence sublime d'un Christ qui continue de recevoir et de donner, d'être
présent dans nos cÏurs, de diviniser ce que nous avions humanisé par notre démarche volontaire
d'attention et de réconciliation.
Et le mystère de ce que l'Eglise a institué comme sacrement va être en parfaite correspondance avec
le sacrement dérivé mais au combien évocateur du mariage.
Le sommet de cette correspondance sera l'évocation de la Genèse. Relisons cet extrait du Chapitre 2,
24. « Ils quitteront père et mère (les eaux du passé seront abandonnées / transformée pour le vin
nouveau) et ils feront une seule chair ». Le vin nouveau, la chair (Le sens hébreu du terme est
beaucoup plus vaste que ne veut le dire le français et exprime une communion de cœur et d'esprit) «
Faire une seule chair », c'est laisser Dieu diviniser ce que nous essayons d'humaniser. Dans l'union
des corps et des âmes des époux, le Christ peut ainsi être présent, de même que dans l'Eucharistie Il
s'incarne en nous. Il est au cœur de notre union, comme Il habite en nous, par le mystère de
l'Eucharistie.
Lorsque les époux s'inscrivent dans cette logique de la rencontre « humanisée » (par leur fécondité,
par la présence d'un au-delà qui leur échappe et les pousse en avant) ils se font disponible à un au-
delà de leur amour fusionnel. Alors Dieu peut venir habiter leur chair, s'incarner en eux.
Le lien entre Mariage et Eucharistie va jusque là. Le « je te reçois » s'exprime pleinement dans le
sens eucharistique où le corps de l'homme se fait le temple du Christ (cf Heb 3 ou 1 Cor 3) . Il
s'exprime aussi dans le sens conjugal lorsque l'époux et l'épouse se reçoivent mutuellement avec une
même crainte, une même attention respectueuse. La primauté du « je te reçois » sur le « je me donne
à toi » est d'ailleurs intéressante à noter. Le don s'inscrit ainsi dans la logique d'une seule chair si
l'autre (avec ou sans A) est craint, vénéré, accueilli avec une piété, une « crainte » équivalente à celle
de l'acte eucharistique.
Si l'union conjugale s'inscrit dans cette logique eucharistique (jusque dans la louange) elle devient
alors véritablement une liturgie (notons d'ailleurs que le sacrement de mariage n'est valide que