iii. Propriétés énergétiques : La technique TPD (Temperature Programmed Desorption) mesure la vitesse de désorption
d’espèces gazeuses préalablement adsorbées en fonction d’une augmentation de la température de surface. A
l’aide d’un spectromètre de masse, on peut avoir accès aux types d’espèces qui désorbent en fonction de la
température. Ces mesures donnent alors des indications sur l’énergie de liaison des adsorbats ainsi que sur les
barrières d’activation à la désorption des différentes espèces présentes sur la surface. Cette technique est souvent
utilisée pour la caractérisation de l’agencement ou de l’état d’agrégation des atomes ou des molécules adsorbés
sur la surface (structure en couches, îlots, agrégats de différentes tailles).
iv. Réactivité : Les techniques de jets moléculaires sont probablement celles qui caractérisent le mieux les collisions
élastiques, inélastiques et réactives entre les molécules d’un gaz et une surface. Elle utilise des faisceaux
moléculaires proches d’une distribution monocinétique en translation. Dans certains cas, il est possible de
sélectionner les états vibrationnels et rotationnels des molécules du jet. L’interaction de ce jet avec une surface
peut alors donner des informations diverses sur les phénomènes collisionnels. Pour cela, un procédé de détection
(REMPI : Resonance-Enhanced Multiphoton Ionization) couplé à une mesure du temps de vol (TOF : Time Of
Flight) permettent d’estimer la distribution d’états rovibrationnels des molécules réfléchies ainsi que leurs énergies
cinétiques de translation. Par exemple, le couplage de cette technique avec une spectroscopie Auger permet de
détecter la fraction d’espèces gazeuses qui s’est adsorbée sur la surface donnant accès à la probabilité
d’adsorption en fonction de l’état énergétique des molécules incidentes (translation, vibration, rotation) ainsi que de
l’angle d’incidence [Rendulic 1994, Rettner 1996, Maroni 2005].
Ce dernier exemple nous montre la précision des informations qui peuvent être apportés par ces techniques expérimentales. On
peut en effet, étudier la réactivité en fonction de paramètres comme : l’état rotationnel ou vibrationnel des molécules incidentes,
leur énergie cinétique de collision, Ces informations sont aujourd’hui directement comparables à des études théoriques des
réactions gaz/surface et permettent de mieux comprendre les relations structure/activité des catalyseurs [Goodman 1996].
Dans un futur proche, de nouveaux objectifs de recherche en science expérimentale des surfaces sont envisageables grâce au
développement important des nanosciences. En effet, les nanoparticules peuvent jouer le rôle de catalyseur. Les réactions
chimiques sur ces nano-catalyseurs vont fortement dépendre de sa taille, de sa composition et de sa structure de surface. On
entrerait ainsi dans l’ère du contrôle et de la sélectivité des réactions chimiques à l’échelle atomique [Somorjai 2007].
2.2 Approches théoriques
Les outils théoriques, issus des méthodes de la physique de l’état solide, de la physique moléculaire et de la chimie
quantique, nous permettent d’appréhender les observables en proposant des interprétations sur les mécanismes gaz/surface à
un niveau moléculaire. Si les modèles cinétiques étudient de manière globale la réactivité gaz/surface en déterminant les
constantes de vitesse de chaque processus, la dynamique réactionnelle s’intéresse à l’ensemble des processus collisionnels
qu’ils soient réactifs ou non, dans leur aspect mécanistique. Les études de dynamique s’appuient sur une simulation des
différents événements réactionnels au travers de modèles, pour déterminer les différents échanges d’énergie qui accompagne
chaque réaction (voir Figure 1). En complément des informations sur les probabilités de réaction et sur la distribution d’états des
molécules réfléchies, la dynamique moléculaire est en mesure de fournir l’évolution de l’état dynamique du système dans
l’espace des phases au cours du temps qui constitue une trajectoire. Ces différentes données sur la dynamique des réactions
permettent alors d’accroître notre compréhension des mécanismes réactionnels.
Figure 1 : Description schématique d’un processus
collisionnel entre une molécule et une surface. Etr, v
et j définissent respectivement l’énergie de
translation, le nombre quantique de vibration et le
nombre quantique de rotation de la molécule. Lors
d’un processus inélastique, la molécule réfléchit
vers la phase gaz pourra être dans des niveaux
vibrationnels (v v’), rotationnels (j j’) et
translationnels (Etr Etr’) excités ou désexcités.