vers le spectateur, tandis qu'un autre, au premier plan à gauche, est représenté strictement de
profil.
Seule dans cette composition, qui pourrait se suffire à elle-même, l'attitude de l'Enfant,
imperceptiblement tourné vers la gauche et l'index de la main gauche pointé dans la même
direction, suggère l'existence d'un pendant. Le puissant contrepoint rouge et bleu des anges,
luisant comme des statues de bois peint, fait ressortir la blancheur du groupe central tout en
contribuant au caractère visionnaire de la représentation.
On a souligné maintes fois l'espèce d'érotisme glacé dégagé par le volet droit de cet étrange
tableau. Le fait que le peintre ait représenté la Vierge sous les traits d'une maîtresse royale a
pu choquer. Les mobiles qui ont conduit à ce choix nous échappent encore aujourd'hui. Il
fallait qu'ils fussent bien puissants et qu'ils aient eu l'approbation du roi, pour qu'un homme
avisé et prudent comme l'était le trésorier de France ait osé braver l'opinion dans un lieu sacré
et public en se faisant représenter en prière devant l'effigie de la belle Agnès transformée en
Vierge Marie. Car c'est bien Agnès Sorel qu'il faut reconnaître, à n'en pas douter, dans le
tableau d'Anvers, cette Agnès dont bien des témoignages du temps ont célébré la beauté et,
mieux que la beauté, le charme et l'influence bénéfique qu'elle exerça sur Charles VII. Son
grand front dégagé, son nez droit et pointu, sa bouche petite, sa fossette au menton, se
retrouvent identiques dans son tombeau de Loches et plus encore dans les portraits dessinés
de la "dame de Beauté" qui circulèrent à partir du règne de François Ier.
Jean Clouet - François Ier
Ce portrait reprend la mise en page de celui de Charles VII et s’inscrit de fait dans la tradition
portraitiste française, mai la précision minutieuse et un peu précieuse des détails l’apparente
également au Maniérisme.
Il est représenté avec le collier de l’ordre de Saint Michel dont il est le Grand maître.