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RICHELIEU ET L’ACADEMIE FRANCAISE
Ce 16 juin 1637, Pierre Corneille est en colère. Il vient de découvrir le texte de Chapelain " Sentiments de l'Académie sur la
tragi comédie du Cid. La querelle du Cid commence. Elle oppose les partisans d'un théâtre aux règles strictes, aux défenseurs
d'une création moins rigide. De cette petite guerre de salon, seul Richelieu sort vainqueur. Il voulait que l'on parle de
l'Académie française, créée deux ans plus tôt: c'est réussi.
Les lettres au service de la monarchie
L’Académie française n'est pas la première du genre en France. En 1570, le roi Charles IX avait déjà fondé une Académie de
poésie et , de musique, dont le rôle se limitait à l'organisation des fêtes de la cour. Quinze ans plus tard, en 1585, cette première
académie disparaît. L'idée pourtant va resurgir cinquante ans plus tard et va prendre forme avec 1e Cardinal de Richelieu
.Celui-ci souhaite une académie qui serve la monarchie plus qu'elle ne la flatte. Une assemblée capable selon lui de " travailler
avec tout le soin possible à donner des règles certaines à notre langue, à la rendre pure, éloquente et capable de traiter des arts
et des sciences". Pour autant le Premier ministre ne souhaite pas créer un ministère des Belles Lettres mais plutôt s'attirer la
clientèle des milieux littéraires influents. Le cardinal, secondé par le Père Joseph, joue alors le le de sergent recruteur.
L'écrivain Valentin Conrart, futur premier secrétaire de l'Académie, réunit régulièrement chez lui depuis 1629 une pléiade
d'auteurs et d'hommes de lettres tels Gombauid, Godeau, Malleville ou l'abbé Cerisy. Les discussions portent sur la grammaire,
la critique d'un livre, mais aussi la politique et le quotidien. Richelieu apprend l'existence de cette Compagnie Conrart en
1634. Aussitôt il propose de donner à cette assemblée un statut officiel et lui confie la mission de mettre de l'ordre dans les
lettres françaises. La proposition n'entraîne pas l'enthousiasme de Conrart et de ses amis qui devinent aisément les objectifs du
Premier ministre. Ils acceptent néanmoins ce nouveau rôle.
La naissance de l'Académie
L'Académie française est née. Ses statuts sont confirmés par lettres patentes royales le 10 février 1635. Conrart est le premier
Secrétaire perpétuel d'une assemblée de quarante académiciens dont la première obligation est la résidence parisienne.
Richelieu est tout naturellement " chef et protecteur " de la nouvelle institution.
l'Académie française végète dans une indifférence à peu près totale, au centre d'une nébuleuse d'autres assemblées analogues.
Celle par exemple de Théophraste Renaudot, directeur de la Gazette ", premier journal français, qui réunit tous les lundis de
beaux esprits s'empoignant dans des joutes théologiques, philosophiques ou politiques. Il est donc impératif que l'Académie
française impose son autorité. L'occasion lui en est justement offerte par la présentation du " Cid " de Corneille
La querelle du "Cid"
À la demande de Richelieu, qui apprécie l'ordre en toute matière, l'Académie se penche sur les règles auxquelles doit obéir l'art
dramatique. Elles sont, il est vrai, bien écornées par des auteurs qui n'ont par pour priorité les soucis de vraisemblance et
parfois même de décence. Les académiciens, s'inspirant d'Aristote, souhaitent réactualiser la culture classique et introduire la
règle des trois unités. Nous sommes en 1636 et Corneille fait jouer sa pièce, Le Cid, dont le succès suscite envie et jalousie. Ses
détracteurs lui reprochent d'ignorer la règle des trois unités et surtout de glorifier l'idéal d'honneur des Espagnols, précisément
en guerre contre la France depuis un an. C'est alors que Richelieu demande à l'Académie française de se prononcer sur la pièce.
L'avis qu'ils émettent, tout en nuance, relance plutôt la pomique qu'il ne l'épuise. Finalement, en octobre 1637, Richelieu
exige des adversaires de Corneille qu'ils cessent leur guerre de position. L'injure faite à Corneille l'atteint d'autant plus qu'il
l'avait placé sous sa protection quelques années plus tôt...
Texte tiré d’une fiche des Editions Atlas (vente promotionnelle dans l’un des derniers N° de Télé 7 jours et consacrée aux Rois
de France)
Texte récupéré sur Internet
Histoire de France
(tome 1 : -200 à 987)
I - Avant et sous l'Empire romain
homogénéité et peuplement de la France
La France a toujours été peuplée depuis que l'homme a colonisé l'Europe. Le climat est clément. Les frontières naturelles (Rhin,
Pyrénées,Alpes) sont loin d'être infranchissables, et les invasions n'ont jamais été arrêtées par la géographie. Les côtes sont
nombreuses et favorisent l'échange avec l'extérieur. Il n'y a pas de grands obstacles au coeur du pays (le Massif Central peut se
contourner ou se traverser). Les fleuves,en général navigables, permettent des communications rapides. Tout ceci a permis une
homogénéisation rapide de la population. Parallèlement, la diversité des climats et des envahisseurs a permis la création d'une
multitude de microrégions.
( -200 à +250) Celtes, conquête romaine et paix :
Les Celtes, qui peuplaient la Gaule avant les Romains, étaient un peuple indo-européen qui colonisa aussi la Bretagne
(actuelleGrande-Bretagne), une partie de l'Espagne, l'Autriche, la Yougoslavie. Non unifié, les Celtes se battaient entre eux, et
faisaient des raids (dont un sur Rome, conduit par Brennus, raté grâce aux oies du Capitole, et où Brennus dit 'Malheur aux
vaincus' aux Romains qui contestaient
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l'énormité du tribut qu'ils durent payer). La Gaule devait compter environ 5 ou 6 millions d'habitants. La civilisation était
rurale; les villes étaient réduites aux centres de trafic important sur les fleuves (Lyon).
La Gaule était connue pour sa richesse (terres riches, or, ...) et déjà parcourue par les marchands. Mais les Gaulois étaient
divisés et se battaient entre eux.
La Gaule a été conquise par les Romains entre -200 et -52 av. J.-C.. Le Sud fut conquis d'abord, et le reste par César, qui a
écrasé Vercingétorix à Alésia, en partie grâce à ses alliés gaulois et germains.
L'Empire
L'Empire Romain encerclait toute la Méditerranée. Au départ République oligarchique, l'Empire devint une monarchie sous
Auguste (neveu de César), qui prit le titre d'Imperator; à son apogée (sous Trajan, vers +117), il allait de la côte marocaine au
Koweït, de la Tunisie à l'Angleterre.
Ses limites furent : le Sahara et l'Atlantique (infranchissables); la frontière avec l'Empire Parthe (Irak-Iran), remplacé ensuite
par l'Empire perse Sassanide; le Danube et les forêts de Germanie (où les Romains subirent quelques cuisantes défaites, bien
qu'ils se soient enfoncés jusque Cologne). Les Provinces les plus riches étaient la Gaule, l'Egypte (récupérée par Auguste sur
Cléopâtre), la Grèce (centre culturel), l'Afrique (Carthage), l'Asie (actuelle Turquie).
L'assimilation de la Gaule se fera très facilement; il ne nous reste presque rien de la langue celte (non écrite, ce qui a du jouer
beaucoup). L'urbanisation, l'engagement de Gaulois dans l'armée, l'utilisation de l'élite locale dans l'administration (reconnus
alors comme citoyens romains), les voies romaines, et donc le commerce, et la prospérité qui en découlèrent, facilitèrent la
domination romaine. On parlera très vite de Gallo-Romains.
(250 à 375) Première invasions, repoussées
En Gaule, la pax romana dura jusque +250 environ. Puis les légions s'entre-déchirèrent pour imposer chacune leur empereur.
Profitant de la faiblesse romaine, des invasions des pillards germains (Goths, Alamans, et Francs, les pires de tous) ravagèrent
le pays. Bien que l’empire soit attaqué sur plusieurs fronts (Rhin, Danube par les Germains, Turquie par les Perses, au Sud par
les Maures sahariens), la situation se stabilise,
notamment par une réorganisation de l'armée. Les Francs, notamment, furent aussi 'utilisés' pour peupler pacifiquement le nord,
et comme soldats (leur renommée n'était plus à faire).
L'Empire se scinde (plus ou moins officiellement) en deux; la Gaule devient la pièce essentielle de la défense de l'Empire
d'Occident. Des barbares sont engagés massivement dans les légions. Le IVème siècle est paisible. Les grandes villas se
développent.
En 313, le christianisme, encore minoritaire, devient religion officielle (empereur Constantin).
(375 à 476) Invasions et chute de l'Empire d'Occident
Huns & Goths
375 marque le début de la fin de l'Empire en Occident. Les Ostrogoths (originaires de Suède mais établis sur la Mer Noire) sont
repoussés par les Huns, qui viennent de l'Est; de proche en proche, les Wisigoths, leurs cousins, sont rejetés sur l'Empire (376).;
ils iront piller Rome (410).
L'Empire, trop grand, est définitivement divisé en deux en 395 : l'Empire d'Occident subira toutes les invasions, l'Empire
d'Orient, de culture grecque, survivra jusqu'en 1453.
Deuxième vague
La deuxième vague d'invasions est constituée des Suèves, Alains, Vandales en 406, qui traversent le Rhin. C'est une véritable
migration, avec femmes et enfants, qui fuient les Huns. Faute de soldats (les Ostrogoths envahissent l'Italie, l'Orient affronte les
Wisigoths), les Romains doivent laisser la défense aux troupes barbares, qui laissent faire.
Les Burgondes et les Alamans suivent. Ces peuples se repoussent mutuellement; les premiers sont repoussés jusqu'en Tunisie et
Sardaigne (Vandales), ou en Espagne (Suèves, Alains), ou en Espagne-Aquitaine (Wisigoths). Les Burgondes donnent leur nom
à la Bourgogne, les Francs s'établissent définitivement en Belgique. Beaucoup de ces peuples sont théoriquement soumis à la
suzeraineté de Rome, qui cherche la paix (et la protection contre d'autres invasions) en autorisant (et organisant même)
l'établissement de peuples 'fédérés'. Ceux-ci obéissaient plus à leur roi qu'à Rome.
De tous les royaumes barbares constitués à cette époque, certains seront très éphémères (Burgondes), d'autres dureront plus
longtemps (Wisigoths), mais un seul durera jusqu'à aujourd'hui (Francs).
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A Ravenne, les Empereurs d'Occident se succèdent, renversés les uns et les autres par l'armée, comme il semble que ce soit
redevenu la tradition.
Attila
Les Huns arrivent en 451. Ils font l'unanimité contre eux, et sont battus aux Champs Catalauniques par une alliance entre
Wisigoths, Francs (roi : Mérovée, allié traditionnel de Rome) et Romains (dirigés par Aetius, le 'dernier des Romains'). C'est le
seul succès de la politique romaine d'établissement des peuples barbares en Gaule, mais les derniers restes d'autorité romaine
disparaissent; les notables locaux préfèrent la domination de barbares puissants à une Rome lointaine.
Les Huns se replieront sur l'Italie (pillage de Rome), et leur empire, qui va de la Caspienne aux Alpes, disparaîtra à la mort de
leur roi Attila (453).
Fin de l'Occident
La dernière vague (Hérules, roi : Odoacre) prend l'Italie et dépose le dernier Empereur, Augustulus, en 476. Devenus trop
puissants, ils font peur à l'Empire d'Orient qui envoie contre eux les Ostrogoths, dont l'empire (Italie et Yougoslavie, en 493)
deviendra la première puissance régionale jusque Clovis.
Les Saxons (Germains venus d'Allemagne du Nord), les Angles, les Jutes envahissent les Bretons sur leur île. Une partie de ces
derniers se réfugient en Armorique (devenue Bretagne; la Bretagne devient Grande-Bretagne). Les Vandales, de Tunisie,
prennent la Corse, la Sardaigne,et lancent des raids jusque sur Rome.
II- (476-751) LES MEROVINGIENS
(476-481) La Gaule partagée
L'Empire d'Occident disparu, seuls restent en Gaule :
- les Francs en Belgique (roi : Childéric)
- les Wisigoths au Sud (Sud de la Loire, côte méditerranéenne et Espagne)
- les Burgondes (de Dijon à Avignon)
- le royaume gallo-romain de Syagrius qui sépare les Francs des autres.
En 481, Clovis succède à son père et est élu roi des Francs Saliens (Tournai). Il n'est pour l'instant qu'un petit roi ambitieux.
(481-511) Clovis
Premières conquêtes
Les Francs sont les plus nombreux des Barbares. En 485, tous alliés, ils descendent écraser Syagrius (bataille de Soissons).
Selon les moeurs de l'époque, les villes furent pillées, et Syagrius égorgé. Clovis élimina également d'autres rois francs,
Ragnacaire et Chararic, peu sûrs, bien qu'ils soient parents, et leurs familles, concurrents potentiels. Ce nettoyage a été facilité
par les alliances matrimoniales avec les Ostrogoths et les Burgondes.
Alliance avec les Gallo-Romains et l'Eglise
L'épisode du vase de Soissons se situe à cette époque. Déjà à cette époque Clovis cherche à se concilier l'Eglise, seule source
de pouvoir stable et répandue sur la Gaule, et respectée des Gallo-Romains, majoritaires. l'Eglise est elle-même en proie aux
dissensions internes (scissions entre Catholiques et Ariens). C'est l'époque où les envahisseurs germains commencent à se
mélanger aux Gallo-Romains. Bien que les peuples aient des religions, coutumes et lois différentes, la fusion n'est pas
systématiquement découragée, notamment au niveau des mariages nobles, les aristocrates locaux cherchant à se rapprocher des
barbares dominants. l'Eglise comprend que le seul moyen de préserver les biens des Gallo-Romains et de retrouver la stabilité
politique est une alliance avec les Francs (Burgondes et Wisigoths étaient trop tolérants à l'égard de l'arianisme). Assez vite, les
Francs imposeront une partie de leurs lois, se fondant pour le reste dans la majorité gallo-romaine; on nommera très vite 'Franc'
tout homme libre du royaume mérovingien, quelque soit son origine.
Fin du monde romain et tout début de la féodalité
Les villes, très grandes sous l'Empire, ont dû s'entourer de murailles et réduire leur taille pendant les invasions. Les réseaux
commerciaux sont cassés par l'insécurité, et les marchands orientaux ont disparu. L'autarcie redevient la règle. L'insécurité
amène les hommes libres à se regrouper sous la direction des aristocrates locaux, propriétaires des villas, grandes fermes
fortifiées. C'est le début de la transition vers la féodalité, qui nécessitera des siècles.
La situation est à peu près la même dans les autres anciennes conquêtes romaines. En Italie, Théodoric, roi ostrogoth, se
reconnaît vassal (théorique) de l'Empire d'Orient, tout proche, et respecte les coutumes des Romains.
Puissance des Francs
Les Francs, peuple guerrier, suivaient leur roi, d'origine divine, symbolisée par des cheveux longs. La popularité de ce roi était
liée au butin récupéré dans les conquêtes, butin qui était partagé entre les soldats. Tout homme libre devait le service militaire.
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Clovis était un barbare, travaillant pour son seul intérêt, mais il comprenait l'importance de retrouver une partie de la
civilisation et de l'organisation romaine.
Mariage, Alamans et baptême
Pour étendre son royaume, Clovis avait le choix entre attaquer les Burgondes ou les Wisigoths. L'alliance burgonde semblait la
plus facile; il obtint la main de Clotilde, nièce du roi Gondebaud (493). C'était sa deuxième femme; il avait déjà un fils,
Thierry. Clotilde, catholique, semble avoir essayé de convertir son mari, sans succès au début. Le premier fils de Clotilde fut
baptisé mais mourut. Le second, Clodomir, baptisé aussi, survécut.
En 496, les Alamans, peuple germanique établi en Alsace, attaquèrent les Francs Ripuaires, alliés fidèles des Saliens. La
bataille de Tolbiac que livra Clovis pour leur venir en aide tournait mal. Selon la tradition, Clovis aurait juré de se convertir si
Dieu lui venait en aide. Il gagna. Le baptême ne fut pas immédiat; une expédition contre les Wisigoths, avortée, eut lieu entre
temps.
Instruit par Saint Rémi, Clovis finit par se convertir à Reims, avec une partie de ses guerriers. Acte le plus important de son
règne, le baptême lui offrait l'alliance de l'Eglise, et à celle-ci l'alliance du plus puissant des souverains barbares contre
l'arianisme. L'acceptation de la domination de Clovis par les Gallo-Romains, chrétiens, était aussi grandement facilitée.
Alliances
L'Empire d'Orient s'oppose au royaume ostrogoth d'Italie, notamment en Illyrie (côte de l'actuelle Croatie). Les Wisigoths,
menacé par Clovis, sont soutenus par leurs cousins ostrogoths. Les deux royaumes goths sont ariens ou tolèrent les ariens. Tout
pousse donc à une alliance Empire-Francs-Eglise contre les Goths.
Le roi des Ostrogoths, Théodoric, qui s'est arrangé pour être lié par sa femme, ses nièces, ses enfants... à tous les rois de la
Gaule, ne tient pas à voir la puissance de Clovis augmenter, ce qui affaiblirait son propre pouvoir. Il essaie de jouer son
habituel rôle d'arbitre, en vain. Malgré d'amicales pressions, Clovis ne renonce pas à ses prétentions sur l'Aquitaine.
Conquête de l'Aquitaine
En 506, à Vouillé, Clovis écrase Alaric II, roi des Wisigoths. Le royaume wisigoth ne conserve plus que l'Espagne et la
Septimanie (côte des Pyrénées à Arles), sauvée par les Ostrogoths. Le royaume franc n'a toujours pas d'accès à la Méditerranée.
Les Burgondes gardent aussi leur indépendance, malgré les efforts agressifs de Clovis.
En 511, Clovis meure. Il laisse derrière lui quatre fils, et le plus puissant royaume chrétien d'Europe.
(511-561) Les enfants de Clovis
Les partages
Les Francs considéraient leur royaume comme une propriété personnelle du roi, que les enfants (mâles) devaient se partager
équitablement. Ce sera la malédiction des Francs jusqu'à Hugues Capet. Les quatre royaumes résultants ne sont pas d'un seul
tenant, et les capitales sont très rapprochées : le royaume franc est donc toujours uni en un sens. Les quatre fils (Thierry,
Clodomir, Clotaire, Childebert), et leurs descendants, tout en se battant entre eux, parviennent à agrandir encore le royaume.
En 524, Clodomir meurt lors d'une guerre contre les Burgondes. Son royaume, normalement possession de ses trois enfants, est
annexé par Clotaire et Childebert. Selon la légende, leur grand-mère Clotilde les aurait préférés morts plutôt que tonsurés et
ainsi dépouillés de leur Royauté. Deux sont massacrés, et un préféra devenir clerc (Saint Cloud). Thierry fut acheté avec
quelques morceaux du royaume.
En 532, à la faveur de la mort du roi ostrogoth Théodoric, les Burgondes sont annexés et leur royaume partagé entre les quatre
rois. Le royaume burgonde fut donc un des plus fugaces des royaumes barbares (moins d'un siècle d'existence).
En 534, Thierry, le plus capable des quatre fils, meurt. Son fils Théodebert ne garde son royaume que grâce aux querelles entre
Childebert et Clotaire. Il part en Italie aider l'Empereur d'Orient Justinien à reconquérir l'Italie sur les Ostrogoths (premier
mirage italien de l'Histoire de France). Il récupère la Provence et l'Italie du Nord.
En 547, Théodebert disparaît; son fils Théodebald disparaît à son tour en 555, victime de ses débauches, après s'être fait
reprendre l'Italie par l'Empire d'Orient. Son grand-oncle Clotaire récupère son héritage, profitant de la maladie de Childebert.
En 558, Clotaire s'empare du royaume de Childebert disparu, et réunifie donc enfin le royaume franc pour quelques années.
Clotaire, comme on a vu avec l'histoire de ses neveux, était retors, lubrique, cupide, cruel...bref, barbare. Comme le reste de sa
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famille, il semble n'être qu'une brute sanguinaire, mais capable de mener son royaume avec succès. Accessoirement, il fit brûler
son fils Chram, autoproclamé roi d'Aquitaine, et sa famille.
Unité et administration du royaume
Pendant le demi-siècle qui vient de s'écouler entre les morts de Clovis et Clotaire, le royaume franc s'est agrandi de la
Provence et de la Bourgogne, et a gardé, au-delà de l'anarchie, une certaine unité, surtout en matière de politique extérieure.
De son côté, l'Empire d'Orient n'a pas renoncé à sa suzeraineté sur tout l'ancien Empire Romain. Les Francs l'acceptait, tant
qu'elle restait théorique; la notion d'Empire subsistait, les rois francs étant les continuateurs des Césars. Cependant, alors que
Rome était un Etat, le royaume franc était considéré comme une simple propriété personnelle des rois. A l'origine élu par ses
soldats au sein de la famille royale, le roi, grâce au prestige de Childéric (père de Clovis) puis à l'Eglise, devint héréditaire. On
évolua rapidement vers l'absolutisme. Les revenus des rois provenaient de leurs domaines propres, d'une foule d'impôts
indirects, car le fisc romain avait sombré avec l'Empire.
La cour mérovingienne tenait plus des traditions franques que des nécessités administratives. Non payés, les fonctionnaires
étaient rémunérés en cadeaux et terres à administrer provenant du roi. Les voies romaines, faute d'Etat, se dégradaient.
L'armée était constitué de tous les hommes libres, liés au roi par un serment de fidélité, et tenus de s'équiper et nourrir à leurs
frais, d'où les pillages au moindre déplacement d'une armée.
Les Gallo-Romains, Burgondes, Francs, Wisigoths, mirent du temps à fusionner. L'ancienne noblesse locale n'était pas
reconnue par les Francs, mais elle garda sa puissance économique et foncière, d'où l'émergence d'une noblesse liée à la fortune,
et non au mérite. Elle peuplait lesévêchés de ses enfants.
La transition vers la féodalité se poursuivait, encore peu nette, mais inéluctable.
L'art et la culture disparaissaient, victime de la disparition de la plupart des échanges économiques.
L'Eglise prospérait. Alliée des dirigeants, elle se lançait dans l'évangélisation des païens de Grande-Bretagne ou de Germanie
ou de la future Russie.
Incapable de se transformer un Etat moins archaïque, à cause notamment des partages, donations et immunités, le royaume
franc était condamné à un dépérissement inéluctable.
Pendant ce temps...
L'Empire d'Orient, sous le houlette de Justinien, recouvre une grande partie de sa puissance. Il possédait encore la Grèce, les
Balkans, l'actuelle Turquie, le Moyen-Orient, l'Egypte. Malgré les pressions des Slaves et des Perses Sassanides, le royaume
ostrogoth est écrasé avec l'aide des Francs, ainsi que la Tunisie, une partie de l'Espagne, les îles méditerranéennes. Le Franc
Théodebald rate l'occasion d'envahir toute l'Italie, les deux autres adversaires étant épuisés.
Les Ostrogoths (en Italie), les Vandales (en Afrique), disparaissent de l'Histoire. De tous les royaumes barbares, seuls restent
les Suèves et les Wisigoths en Espagne, et les Francs. Mais d'autres peuples arrivent du fond de l'Est européen : les Lombards,
les Slaves (dont les Bulgares).
(561-613) Massacres familiaux
Les petits-enfants de Clotaire (Caribert, Gontran, Sigebert, Chilpéric), selon la tradition, se partagent en 561 le royaume de leur
père. On voit apparaître alors quatre blocs distincts au sein du royaume, encore peu nets :
- la Neustrie (de la Bretagne à Paris)
- l'Austrasie (de Paris à la Thuringe dans l'actuelle Allemagne)
- la Bourgogne (ancien royaume burgonde)
- l'Aquitaine (sud de la Loire et jusqu'à l'Auvergne), souvent partagée entre les différents rois des autres provinces (ce qui
cassait sonparticularisme).
Cette période, plus encore que la précédente, est marquée par le sadisme, la guerre et les massacres. Le peu de conscience
royale des rois précédents a disparu, mais leur cupidité et leur cruauté sont multipliés.
Après la mort de Caribert (567) sans postérité mâle (malgré sa bigamie), son royaume (Neustrie et Aquitaine) est partagé entre
les trois autres. On aboutit alors à un mélange inextricable des terres, enclavées les unes dans les autres. Paris, ville déjà
importante et capitale de fait du
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