Ce 16 juin 1637, Pierre Corneille est en colère

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RICHELIEU ET L’ACADEMIE FRANCAISE
Ce 16 juin 1637, Pierre Corneille est en colère. Il vient de découvrir le texte de Chapelain " Sentiments de l'Académie sur la
tragi comédie du Cid. La querelle du Cid commence. Elle oppose les partisans d'un théâtre aux règles strictes, aux défenseurs
d'une création moins rigide. De cette petite guerre de salon, seul Richelieu sort vainqueur. Il voulait que l'on parle de
l'Académie française, créée deux ans plus tôt: c'est réussi.
Les lettres au service de la monarchie
L’Académie française n'est pas la première du genre en France. En 1570, le roi Charles IX avait déjà fondé une Académie de
poésie et , de musique, dont le rôle se limitait à l'organisation des fêtes de la cour. Quinze ans plus tard, en 1585, cette première
académie disparaît. L'idée pourtant va resurgir cinquante ans plus tard et va prendre forme avec 1e Cardinal de Richelieu
.Celui-ci souhaite une académie qui serve la monarchie plus qu'elle ne la flatte. Une assemblée capable selon lui de " travailler
avec tout le soin possible à donner des règles certaines à notre langue, à la rendre pure, éloquente et capable de traiter des arts
et des sciences". Pour autant le Premier ministre ne souhaite pas créer un ministère des Belles Lettres mais plutôt s'attirer la
clientèle des milieux littéraires influents. Le cardinal, secondé par le Père Joseph, joue alors le rôle de sergent recruteur.
L'écrivain Valentin Conrart, futur premier secrétaire de l'Académie, réunit régulièrement chez lui depuis 1629 une pléiade
d'auteurs et d'hommes de lettres tels Gombauid, Godeau, Malleville ou l'abbé Cerisy. Les discussions portent sur la grammaire,
la critique d'un livre, mais aussi la politique et le quotidien. Richelieu apprend l'existence de cette Compagnie Conrart en
1634. Aussitôt il propose de donner à cette assemblée un statut officiel et lui confie la mission de mettre de l'ordre dans les
lettres françaises. La proposition n'entraîne pas l'enthousiasme de Conrart et de ses amis qui devinent aisément les objectifs du
Premier ministre. Ils acceptent néanmoins ce nouveau rôle.
La naissance de l'Académie
L'Académie française est née. Ses statuts sont confirmés par lettres patentes royales le 10 février 1635. Conrart est le premier
Secrétaire perpétuel d'une assemblée de quarante académiciens dont la première obligation est la résidence parisienne.
Richelieu est tout naturellement " chef et protecteur " de la nouvelle institution.
l'Académie française végète dans une indifférence à peu près totale, au centre d'une nébuleuse d'autres assemblées analogues.
Celle par exemple de Théophraste Renaudot, directeur de la Gazette ", premier journal français, qui réunit tous les lundis de
beaux esprits s'empoignant dans des joutes théologiques, philosophiques ou politiques. Il est donc impératif que l'Académie
française impose son autorité. L'occasion lui en est justement offerte par la présentation du " Cid " de Corneille
La querelle du "Cid"
À la demande de Richelieu, qui apprécie l'ordre en toute matière, l'Académie se penche sur les règles auxquelles doit obéir l'art
dramatique. Elles sont, il est vrai, bien écornées par des auteurs qui n'ont par pour priorité les soucis de vraisemblance et
parfois même de décence. Les académiciens, s'inspirant d'Aristote, souhaitent réactualiser la culture classique et introduire la
règle des trois unités. Nous sommes en 1636 et Corneille fait jouer sa pièce, Le Cid, dont le succès suscite envie et jalousie. Ses
détracteurs lui reprochent d'ignorer la règle des trois unités et surtout de glorifier l'idéal d'honneur des Espagnols, précisément
en guerre contre la France depuis un an. C'est alors que Richelieu demande à l'Académie française de se prononcer sur la pièce.
L'avis qu'ils émettent, tout en nuance, relance plutôt la polémique qu'il ne l'épuise. Finalement, en octobre 1637, Richelieu
exige des adversaires de Corneille qu'ils cessent leur guerre de position. L'injure faite à Corneille l'atteint d'autant plus qu'il
l'avait placé sous sa protection quelques années plus tôt...
Texte tiré d’une fiche des Editions Atlas (vente promotionnelle dans l’un des derniers N° de Télé 7 jours et consacrée aux Rois
de France)
Texte récupéré sur Internet
Histoire de France
(tome 1 : -200 à 987)
I - Avant et sous l'Empire romain
homogénéité et peuplement de la France
La France a toujours été peuplée depuis que l'homme a colonisé l'Europe. Le climat est clément. Les frontières naturelles (Rhin,
Pyrénées,Alpes) sont loin d'être infranchissables, et les invasions n'ont jamais été arrêtées par la géographie. Les côtes sont
nombreuses et favorisent l'échange avec l'extérieur. Il n'y a pas de grands obstacles au coeur du pays (le Massif Central peut se
contourner ou se traverser). Les fleuves,en général navigables, permettent des communications rapides. Tout ceci a permis une
homogénéisation rapide de la population. Parallèlement, la diversité des climats et des envahisseurs a permis la création d'une
multitude de microrégions.
( -200 à +250) Celtes, conquête romaine et paix :
Les Celtes, qui peuplaient la Gaule avant les Romains, étaient un peuple indo-européen qui colonisa aussi la Bretagne
(actuelleGrande-Bretagne), une partie de l'Espagne, l'Autriche, la Yougoslavie. Non unifié, les Celtes se battaient entre eux, et
faisaient des raids (dont un sur Rome, conduit par Brennus, raté grâce aux oies du Capitole, et où Brennus dit 'Malheur aux
vaincus' aux Romains qui contestaient
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l'énormité du tribut qu'ils durent payer). La Gaule devait compter environ 5 ou 6 millions d'habitants. La civilisation était
rurale; les villes étaient réduites aux centres de trafic important sur les fleuves (Lyon).
La Gaule était connue pour sa richesse (terres riches, or, ...) et déjà parcourue par les marchands. Mais les Gaulois étaient
divisés et se battaient entre eux.
La Gaule a été conquise par les Romains entre -200 et -52 av. J.-C.. Le Sud fut conquis d'abord, et le reste par César, qui a
écrasé Vercingétorix à Alésia, en partie grâce à ses alliés gaulois et germains.
L'Empire
L'Empire Romain encerclait toute la Méditerranée. Au départ République oligarchique, l'Empire devint une monarchie sous
Auguste (neveu de César), qui prit le titre d'Imperator; à son apogée (sous Trajan, vers +117), il allait de la côte marocaine au
Koweït, de la Tunisie à l'Angleterre.
Ses limites furent : le Sahara et l'Atlantique (infranchissables); la frontière avec l'Empire Parthe (Irak-Iran), remplacé ensuite
par l'Empire perse Sassanide; le Danube et les forêts de Germanie (où les Romains subirent quelques cuisantes défaites, bien
qu'ils se soient enfoncés jusque Cologne). Les Provinces les plus riches étaient la Gaule, l'Egypte (récupérée par Auguste sur
Cléopâtre), la Grèce (centre culturel), l'Afrique (Carthage), l'Asie (actuelle Turquie).
L'assimilation de la Gaule se fera très facilement; il ne nous reste presque rien de la langue celte (non écrite, ce qui a du jouer
beaucoup). L'urbanisation, l'engagement de Gaulois dans l'armée, l'utilisation de l'élite locale dans l'administration (reconnus
alors comme citoyens romains), les voies romaines, et donc le commerce, et la prospérité qui en découlèrent, facilitèrent la
domination romaine. On parlera très vite de Gallo-Romains.
(250 à 375) Première invasions, repoussées
En Gaule, la pax romana dura jusque +250 environ. Puis les légions s'entre-déchirèrent pour imposer chacune leur empereur.
Profitant de la faiblesse romaine, des invasions des pillards germains (Goths, Alamans, et Francs, les pires de tous) ravagèrent
le pays. Bien que l’empire soit attaqué sur plusieurs fronts (Rhin, Danube par les Germains, Turquie par les Perses, au Sud par
les Maures sahariens), la situation se stabilise,
notamment par une réorganisation de l'armée. Les Francs, notamment, furent aussi 'utilisés' pour peupler pacifiquement le nord,
et comme soldats (leur renommée n'était plus à faire).
L'Empire se scinde (plus ou moins officiellement) en deux; la Gaule devient la pièce essentielle de la défense de l'Empire
d'Occident. Des barbares sont engagés massivement dans les légions. Le IVème siècle est paisible. Les grandes villas se
développent.
En 313, le christianisme, encore minoritaire, devient religion officielle (empereur Constantin).
(375 à 476) Invasions et chute de l'Empire d'Occident
Huns & Goths
375 marque le début de la fin de l'Empire en Occident. Les Ostrogoths (originaires de Suède mais établis sur la Mer Noire) sont
repoussés par les Huns, qui viennent de l'Est; de proche en proche, les Wisigoths, leurs cousins, sont rejetés sur l'Empire (376).;
ils iront piller Rome (410).
L'Empire, trop grand, est définitivement divisé en deux en 395 : l'Empire d'Occident subira toutes les invasions, l'Empire
d'Orient, de culture grecque, survivra jusqu'en 1453.
Deuxième vague
La deuxième vague d'invasions est constituée des Suèves, Alains, Vandales en 406, qui traversent le Rhin. C'est une véritable
migration, avec femmes et enfants, qui fuient les Huns. Faute de soldats (les Ostrogoths envahissent l'Italie, l'Orient affronte les
Wisigoths), les Romains doivent laisser la défense aux troupes barbares, qui laissent faire.
Les Burgondes et les Alamans suivent. Ces peuples se repoussent mutuellement; les premiers sont repoussés jusqu'en Tunisie et
Sardaigne (Vandales), ou en Espagne (Suèves, Alains), ou en Espagne-Aquitaine (Wisigoths). Les Burgondes donnent leur nom
à la Bourgogne, les Francs s'établissent définitivement en Belgique. Beaucoup de ces peuples sont théoriquement soumis à la
suzeraineté de Rome, qui cherche la paix (et la protection contre d'autres invasions) en autorisant (et organisant même)
l'établissement de peuples 'fédérés'. Ceux-ci obéissaient plus à leur roi qu'à Rome.
De tous les royaumes barbares constitués à cette époque, certains seront très éphémères (Burgondes), d'autres dureront plus
longtemps (Wisigoths), mais un seul durera jusqu'à aujourd'hui (Francs).
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A Ravenne, les Empereurs d'Occident se succèdent, renversés les uns et les autres par l'armée, comme il semble que ce soit
redevenu la tradition.
Attila
Les Huns arrivent en 451. Ils font l'unanimité contre eux, et sont battus aux Champs Catalauniques par une alliance entre
Wisigoths, Francs (roi : Mérovée, allié traditionnel de Rome) et Romains (dirigés par Aetius, le 'dernier des Romains'). C'est le
seul succès de la politique romaine d'établissement des peuples barbares en Gaule, mais les derniers restes d'autorité romaine
disparaissent; les notables locaux préfèrent la domination de barbares puissants à une Rome lointaine.
Les Huns se replieront sur l'Italie (pillage de Rome), et leur empire, qui va de la Caspienne aux Alpes, disparaîtra à la mort de
leur roi Attila (453).
Fin de l'Occident
La dernière vague (Hérules, roi : Odoacre) prend l'Italie et dépose le dernier Empereur, Augustulus, en 476. Devenus trop
puissants, ils font peur à l'Empire d'Orient qui envoie contre eux les Ostrogoths, dont l'empire (Italie et Yougoslavie, en 493)
deviendra la première puissance régionale jusque Clovis.
Les Saxons (Germains venus d'Allemagne du Nord), les Angles, les Jutes envahissent les Bretons sur leur île. Une partie de ces
derniers se réfugient en Armorique (devenue Bretagne; la Bretagne devient Grande-Bretagne). Les Vandales, de Tunisie,
prennent la Corse, la Sardaigne,et lancent des raids jusque sur Rome.
II- (476-751) LES MEROVINGIENS
(476-481) La Gaule partagée
L'Empire d'Occident disparu, seuls restent en Gaule :
- les Francs en Belgique (roi : Childéric)
- les Wisigoths au Sud (Sud de la Loire, côte méditerranéenne et Espagne)
- les Burgondes (de Dijon à Avignon)
- le royaume gallo-romain de Syagrius qui sépare les Francs des autres.
En 481, Clovis succède à son père et est élu roi des Francs Saliens (Tournai). Il n'est pour l'instant qu'un petit roi ambitieux.
(481-511) Clovis
Premières conquêtes
Les Francs sont les plus nombreux des Barbares. En 485, tous alliés, ils descendent écraser Syagrius (bataille de Soissons).
Selon les moeurs de l'époque, les villes furent pillées, et Syagrius égorgé. Clovis élimina également d'autres rois francs,
Ragnacaire et Chararic, peu sûrs, bien qu'ils soient parents, et leurs familles, concurrents potentiels. Ce nettoyage a été facilité
par les alliances matrimoniales avec les Ostrogoths et les Burgondes.
Alliance avec les Gallo-Romains et l'Eglise
L'épisode du vase de Soissons se situe à cette époque. Déjà à cette époque Clovis cherche à se concilier l'Eglise, seule source
de pouvoir stable et répandue sur la Gaule, et respectée des Gallo-Romains, majoritaires. l'Eglise est elle-même en proie aux
dissensions internes (scissions entre Catholiques et Ariens). C'est l'époque où les envahisseurs germains commencent à se
mélanger aux Gallo-Romains. Bien que les peuples aient des religions, coutumes et lois différentes, la fusion n'est pas
systématiquement découragée, notamment au niveau des mariages nobles, les aristocrates locaux cherchant à se rapprocher des
barbares dominants. l'Eglise comprend que le seul moyen de préserver les biens des Gallo-Romains et de retrouver la stabilité
politique est une alliance avec les Francs (Burgondes et Wisigoths étaient trop tolérants à l'égard de l'arianisme). Assez vite, les
Francs imposeront une partie de leurs lois, se fondant pour le reste dans la majorité gallo-romaine; on nommera très vite 'Franc'
tout homme libre du royaume mérovingien, quelque soit son origine.
Fin du monde romain et tout début de la féodalité
Les villes, très grandes sous l'Empire, ont dû s'entourer de murailles et réduire leur taille pendant les invasions. Les réseaux
commerciaux sont cassés par l'insécurité, et les marchands orientaux ont disparu. L'autarcie redevient la règle. L'insécurité
amène les hommes libres à se regrouper sous la direction des aristocrates locaux, propriétaires des villas, grandes fermes
fortifiées. C'est le début de la transition vers la féodalité, qui nécessitera des siècles.
La situation est à peu près la même dans les autres anciennes conquêtes romaines. En Italie, Théodoric, roi ostrogoth, se
reconnaît vassal (théorique) de l'Empire d'Orient, tout proche, et respecte les coutumes des Romains.
Puissance des Francs
Les Francs, peuple guerrier, suivaient leur roi, d'origine divine, symbolisée par des cheveux longs. La popularité de ce roi était
liée au butin récupéré dans les conquêtes, butin qui était partagé entre les soldats. Tout homme libre devait le service militaire.
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Clovis était un barbare, travaillant pour son seul intérêt, mais il comprenait l'importance de retrouver une partie de la
civilisation et de l'organisation romaine.
Mariage, Alamans et baptême
Pour étendre son royaume, Clovis avait le choix entre attaquer les Burgondes ou les Wisigoths. L'alliance burgonde semblait la
plus facile; il obtint la main de Clotilde, nièce du roi Gondebaud (493). C'était sa deuxième femme; il avait déjà un fils,
Thierry. Clotilde, catholique, semble avoir essayé de convertir son mari, sans succès au début. Le premier fils de Clotilde fut
baptisé mais mourut. Le second, Clodomir, baptisé aussi, survécut.
En 496, les Alamans, peuple germanique établi en Alsace, attaquèrent les Francs Ripuaires, alliés fidèles des Saliens. La
bataille de Tolbiac que livra Clovis pour leur venir en aide tournait mal. Selon la tradition, Clovis aurait juré de se convertir si
Dieu lui venait en aide. Il gagna. Le baptême ne fut pas immédiat; une expédition contre les Wisigoths, avortée, eut lieu entre
temps.
Instruit par Saint Rémi, Clovis finit par se convertir à Reims, avec une partie de ses guerriers. Acte le plus important de son
règne, le baptême lui offrait l'alliance de l'Eglise, et à celle-ci l'alliance du plus puissant des souverains barbares contre
l'arianisme. L'acceptation de la domination de Clovis par les Gallo-Romains, chrétiens, était aussi grandement facilitée.
Alliances
L'Empire d'Orient s'oppose au royaume ostrogoth d'Italie, notamment en Illyrie (côte de l'actuelle Croatie). Les Wisigoths,
menacé par Clovis, sont soutenus par leurs cousins ostrogoths. Les deux royaumes goths sont ariens ou tolèrent les ariens. Tout
pousse donc à une alliance Empire-Francs-Eglise contre les Goths.
Le roi des Ostrogoths, Théodoric, qui s'est arrangé pour être lié par sa femme, ses nièces, ses enfants... à tous les rois de la
Gaule, ne tient pas à voir la puissance de Clovis augmenter, ce qui affaiblirait son propre pouvoir. Il essaie de jouer son
habituel rôle d'arbitre, en vain. Malgré d'amicales pressions, Clovis ne renonce pas à ses prétentions sur l'Aquitaine.
Conquête de l'Aquitaine
En 506, à Vouillé, Clovis écrase Alaric II, roi des Wisigoths. Le royaume wisigoth ne conserve plus que l'Espagne et la
Septimanie (côte des Pyrénées à Arles), sauvée par les Ostrogoths. Le royaume franc n'a toujours pas d'accès à la Méditerranée.
Les Burgondes gardent aussi leur indépendance, malgré les efforts agressifs de Clovis.
En 511, Clovis meure. Il laisse derrière lui quatre fils, et le plus puissant royaume chrétien d'Europe.
(511-561) Les enfants de Clovis
Les partages
Les Francs considéraient leur royaume comme une propriété personnelle du roi, que les enfants (mâles) devaient se partager
équitablement. Ce sera la malédiction des Francs jusqu'à Hugues Capet. Les quatre royaumes résultants ne sont pas d'un seul
tenant, et les capitales sont très rapprochées : le royaume franc est donc toujours uni en un sens. Les quatre fils (Thierry,
Clodomir, Clotaire, Childebert), et leurs descendants, tout en se battant entre eux, parviennent à agrandir encore le royaume.
En 524, Clodomir meurt lors d'une guerre contre les Burgondes. Son royaume, normalement possession de ses trois enfants, est
annexé par Clotaire et Childebert. Selon la légende, leur grand-mère Clotilde les aurait préférés morts plutôt que tonsurés et
ainsi dépouillés de leur Royauté. Deux sont massacrés, et un préféra devenir clerc (Saint Cloud). Thierry fut acheté avec
quelques morceaux du royaume.
En 532, à la faveur de la mort du roi ostrogoth Théodoric, les Burgondes sont annexés et leur royaume partagé entre les quatre
rois. Le royaume burgonde fut donc un des plus fugaces des royaumes barbares (moins d'un siècle d'existence).
En 534, Thierry, le plus capable des quatre fils, meurt. Son fils Théodebert ne garde son royaume que grâce aux querelles entre
Childebert et Clotaire. Il part en Italie aider l'Empereur d'Orient Justinien à reconquérir l'Italie sur les Ostrogoths (premier
mirage italien de l'Histoire de France). Il récupère la Provence et l'Italie du Nord.
En 547, Théodebert disparaît; son fils Théodebald disparaît à son tour en 555, victime de ses débauches, après s'être fait
reprendre l'Italie par l'Empire d'Orient. Son grand-oncle Clotaire récupère son héritage, profitant de la maladie de Childebert.
En 558, Clotaire s'empare du royaume de Childebert disparu, et réunifie donc enfin le royaume franc pour quelques années.
Clotaire, comme on a vu avec l'histoire de ses neveux, était retors, lubrique, cupide, cruel...bref, barbare. Comme le reste de sa
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famille, il semble n'être qu'une brute sanguinaire, mais capable de mener son royaume avec succès. Accessoirement, il fit brûler
son fils Chram, autoproclamé roi d'Aquitaine, et sa famille.
Unité et administration du royaume
Pendant le demi-siècle qui vient de s'écouler entre les morts de Clovis et Clotaire, le royaume franc s'est agrandi de la
Provence et de la Bourgogne, et a gardé, au-delà de l'anarchie, une certaine unité, surtout en matière de politique extérieure.
De son côté, l'Empire d'Orient n'a pas renoncé à sa suzeraineté sur tout l'ancien Empire Romain. Les Francs l'acceptait, tant
qu'elle restait théorique; la notion d'Empire subsistait, les rois francs étant les continuateurs des Césars. Cependant, alors que
Rome était un Etat, le royaume franc était considéré comme une simple propriété personnelle des rois. A l'origine élu par ses
soldats au sein de la famille royale, le roi, grâce au prestige de Childéric (père de Clovis) puis à l'Eglise, devint héréditaire. On
évolua rapidement vers l'absolutisme. Les revenus des rois provenaient de leurs domaines propres, d'une foule d'impôts
indirects, car le fisc romain avait sombré avec l'Empire.
La cour mérovingienne tenait plus des traditions franques que des nécessités administratives. Non payés, les fonctionnaires
étaient rémunérés en cadeaux et terres à administrer provenant du roi. Les voies romaines, faute d'Etat, se dégradaient.
L'armée était constitué de tous les hommes libres, liés au roi par un serment de fidélité, et tenus de s'équiper et nourrir à leurs
frais, d'où les pillages au moindre déplacement d'une armée.
Les Gallo-Romains, Burgondes, Francs, Wisigoths, mirent du temps à fusionner. L'ancienne noblesse locale n'était pas
reconnue par les Francs, mais elle garda sa puissance économique et foncière, d'où l'émergence d'une noblesse liée à la fortune,
et non au mérite. Elle peuplait lesévêchés de ses enfants.
La transition vers la féodalité se poursuivait, encore peu nette, mais inéluctable.
L'art et la culture disparaissaient, victime de la disparition de la plupart des échanges économiques.
L'Eglise prospérait. Alliée des dirigeants, elle se lançait dans l'évangélisation des païens de Grande-Bretagne ou de Germanie
ou de la future Russie.
Incapable de se transformer un Etat moins archaïque, à cause notamment des partages, donations et immunités, le royaume
franc était condamné à un dépérissement inéluctable.
Pendant ce temps...
L'Empire d'Orient, sous le houlette de Justinien, recouvre une grande partie de sa puissance. Il possédait encore la Grèce, les
Balkans, l'actuelle Turquie, le Moyen-Orient, l'Egypte. Malgré les pressions des Slaves et des Perses Sassanides, le royaume
ostrogoth est écrasé avec l'aide des Francs, ainsi que la Tunisie, une partie de l'Espagne, les îles méditerranéennes. Le Franc
Théodebald rate l'occasion d'envahir toute l'Italie, les deux autres adversaires étant épuisés.
Les Ostrogoths (en Italie), les Vandales (en Afrique), disparaissent de l'Histoire. De tous les royaumes barbares, seuls restent
les Suèves et les Wisigoths en Espagne, et les Francs. Mais d'autres peuples arrivent du fond de l'Est européen : les Lombards,
les Slaves (dont les Bulgares).
(561-613) Massacres familiaux
Les petits-enfants de Clotaire (Caribert, Gontran, Sigebert, Chilpéric), selon la tradition, se partagent en 561 le royaume de leur
père. On voit apparaître alors quatre blocs distincts au sein du royaume, encore peu nets :
- la Neustrie (de la Bretagne à Paris)
- l'Austrasie (de Paris à la Thuringe dans l'actuelle Allemagne)
- la Bourgogne (ancien royaume burgonde)
- l'Aquitaine (sud de la Loire et jusqu'à l'Auvergne), souvent partagée entre les différents rois des autres provinces (ce qui
cassait sonparticularisme).
Cette période, plus encore que la précédente, est marquée par le sadisme, la guerre et les massacres. Le peu de conscience
royale des rois précédents a disparu, mais leur cupidité et leur cruauté sont multipliés.
Après la mort de Caribert (567) sans postérité mâle (malgré sa bigamie), son royaume (Neustrie et Aquitaine) est partagé entre
les trois autres. On aboutit alors à un mélange inextricable des terres, enclavées les unes dans les autres. Paris, ville déjà
importante et capitale de fait du
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royaume, reste indivis. Chilpéric était un monstre sanguinaire, à moitié fou, mégalomane, qui se prenait pour un grand artiste.
Gros consommateur de femmes, il épousa finalement une de ses servantes, Frédégonde, femme d'une rare cruauté. Sigebert, roi
d'Austrasie, le moins immonde et lubrique des
trois fils, épousa Brunehaut, princesse wisigothe, seule digne de son rang. Gontran, roi de Bourgogne, chef théorique de la
dynastie et autre chaud lapin, faisait le tendre mais pouvait être cruel et emporté. Il sut toutefois naviguer entre ses frères et
leurs épouses en guerre constante.
Frédégonde et Brunehaut, âmes damnées des mérovingiens
Pour affermir la paix et les bonnes relations entre Francs et Burgondes, le roi wisigoth donna ses filles Brunehaut et Galswinthe
à Sigebert et Chilpéric. Ce dernier, lassé et repris en main par sa servante Frédégonde, élimina la jeune reine et épousa la
servante. Brunehaut poussa son mari Sigebert à la vengeance. Les intérêts territoriaux s'y mêlant, cela dégénéra en une guerre
sanglante, où les pillages à
répétition et les retournements d'alliance de Gontran ne manquèrent pas. Les deux rois étaient poussés par leurs femmes. Au
bord de la défaite totale, Chilpéric fit assassiner Sigebert. Brunehaut, femme à la carrure de chef d'Etat, fit couronner son fils
Childebert II en catastrophe, sauva l'Austrasie, et épousa un des fils rebelles de Chilpéric (!). Frédégonde s'arrangea pour
éliminer ce beau-fils (et les autres), pour favoriser ses propres enfants, dont tous moururent.
La paix précaire était dominée par Chilpéric. Childebert II était trop jeune, mais son oncle Gontran, apeuré par la puissance de
Chilpéric, adopta et protégea ce dernier. Cela renforça position de Brunehaut, et affaiblit celle des grands seigneurs qui profitait
de la minorité de leur roi pour d'enrichir.
Chilpéric fut assassiné. Frédégonde, à nouveau mère (du futur Clotaire II), se plaça sous la protection de Gontran. Grâce à la
paix nouvelle, Brunehaut élimina les grands seigneurs qui l'avait trahie, et garda le pouvoir en Austrasie.
Gontran mort (593), Childebert II hérita de la Bourgogne, et échoua dans la conquête de la Neustrie de Frédégonde. A sa mort
(596), ses fils Théodebert et Thierry se partagèrent Austrasie et Bourgogne, sous l'efficace régence de Brunehaut. Frédégonde
morte, son fils Clotaire II attaqua et fut écrasé.
Au bout de quelques années, les petits-enfants de Brunehaut se disputèrent. Les deux moururent rapidement (613). Il restait
quatre gamins de Thierry. Sigebert II se fit tout attribuer (début de droit d'aînesse imposée par la vieille reine !).
Pépin de Landen, un des grands seigneurs austrasiens constamment rabaissés par Brunehaut, prit la tête d'une révolte des
nobles, et la livra à Clotaire II. Brunehaut finit torturée attachée à un cheval fougueux. Ses arrière-petits-enfants massacrés,
Clotaire II réunifiait enfin le royaume
(613).
Un royaume en presque déclin
Un siècle après la mort de Clovis, le royaume franc restait intact, mais affaibli par les guerres et des princes trop jeunes. Bien
que l'autorité franque resta ferme, elle s'exerçait surtout au nord de la Loire, et les peuples périphériques (Alamans, Bretons,
Aquitains, Provençaux, sans peuplement franc) étaient autonomes et l'aura du roi était de plus en plus faible. Le petit peuple,
victime des exactions des diverses armées, souvent réduit à la misère, était une fois de plus poussé à se mettre sous la protection
des nobles locaux.
La Septimanie, l'Italie, malgré quelques expéditions, ne purent être conquises, faute d'alliance entre Francs.
A l'extérieur
Les Avars, cousins des Huns, venant de Crimée, furent écrasés par Sigebert (562). En Espagne, la civilisation wisigothe était
resté plus policée que la franque. Les Lombards, à l'origine repoussés par les Avars, reprennent en 568 l'Italie du Nord à l'
Empire d'Orient. Celui-ci appela à l'aide Childebert II,
qui pilla et se fit payer mais les Lombards payèrent plus.
(613-737) Les Rois Fainéants
Clotaire II
Un peu moins cruel que ses parents, Clotaire II, nouveau maître du Regnum Francorum, n'avait plus la puissance de Clotaire ou
Clovis. Les régions avaient acquis leur propre personnalité. L'Austrasie réclamait par exemple un roi propre (ce sera le fils de
Clotaire II, Dagobert).
Les grands seigneurs austrasiens firent payer chèrement leur aide. Un roi pouvait être fait et défait par l'aristocratie, comme ce
sera de plus en plus le cas par la suite. On assiste notamment à un début d'hérédité dans l'attribution des terres données par le
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roi, et à la nomination des comtes (agents du roi) au sein de la noblesse locale. Clotaire II, pragmatique et habile négociateur,
réussit à freiner le mouvement, sans l'arrêter.
Le pas trop mauvais roi Dagobert
Son fils Dagobert Ier (celui de la chanson) lui succède (629) dans tout le royaume. De la même trempe que son père, il ne laissa
à son demi-frère Caribert ce qu'on appellera plus tard un 'apanage', petite portion du royaume, revenue à la couronne après la
mort de Caribert et son fils.
Dagobert était l'élève politique du puissant Pépin de Landen, mais moins soumis à la noblesse, et l'écarta, surtout lorsqu'il plaça
son fils Sigebert III sur le trône d'Austrasie. L'Eglise fut remise au pas (nomination des évêques par le roi, récupération de
terres usurpées...).La monarchie redevint riche, donc puissante. Plus diplomate que soldat, il écrasa les Wendes, envahisseurs
slaves, et se fit payer pour une
intervention en Espagne; les Gascons (Basques) furent matés.
Le redressement du royaume sous Dagobert fut bref. Après sa mort (639), les maires du palais d'Austrasie (Pépin de Landen) et
de Neustrie (Aega) mirent sous tutelle les deux jeunes rois (respectivement Sigebert III et Clovis II). A la mort de pépin (640),
son fils Grimoald ne put lui succéder immédiatement, mais il resta puissant. Les querelles entre nobles (et reines régentes)
faisaient rage pour les postes de maires du palais des quatre provinces.
Les maires du palais
Les Pépinnides (descendants de Pépin de Landen) étaient devenus la plus puissante famille du royaume, par leurs terres (surtout
en Austrasie), leurs évêchés, leurs alliances, et profitaient de la diminution du pouvoir royal, qui s'affaiblissait, contraint de
payer ses fonctionnaires en terres, alors que les conquêtes étaient nulles. Comme maires du palais, ils avaient accaparé toutes
les fonctions royales
(nominations, politique extérieure), le roi réel devenant peu à peu une simple potiche nécessaire à cause de sa semi-divinité et
de ses cheveux longs.
Revenu au pouvoir, Grimoald tenta de faire adopter son fils par Sigebert III, pour récupérer la couronne. A la mort de Sigebert,
Grimoald et son fils furent renversés par les nobles rivaux, et éliminés.
Clovis II réunifia donc théoriquement les royaumes pendant quelques mois. Par la suite, entre les descendants (Dagobert II,
Clotaire III, Thierry III, Childebert II), trop jeunes pour régner, ce sera un jeu de partage des couronnes de Neustrie et
d'Austrasie, avec les maires du palais se cooptant ou s'affrontant dans les quatre provinces.
Le 'règne' de Pépin de Herstal
Pépin de Herstal, fils de Grimoald, refit surface et prit la mairie d'Austrasie; et réussit difficilement à s'imposer dans tout le
royaume, gardant Thierry III, dépouillé de tout pouvoir (687).
Clovis III, puis Childebert III, puis Dagobert III remplacent Thierry III. Jeunes, leur souveraineté restait théorique; ils restaient
à la merci du maire. Chaque province avait un maire du palais, parents de Pépin, qui prit le titre de 'duc d'Austrasie' et de
'prince des Francs'. L'ordre fut restauré (mise au pas des Gascons, Bretons, et des peuples satellites : Frisons, Alamans,
Bavarois).
Charles Martel
A la mort de Pépin en 714, l'anarchie se réinstalle; les frontières du nord, de l'est, le Midi sont à nouveau menacés par les
Frisons, les Saxons ou les Arabes. Un de ses bâtards (nommé plus tard Charles Martel), emprisonné par sa belle-mère la reine,
s'évade et reprend peu à peu de la puissance. Il prit l'Austrasie, puis la Neustrie. Les jeunes rois, simples symboles, étaient
exhumés des couvents au fur et à mesure des besoins.
L'Aquitaine restait indépendante de fait. Les frontières allemandes sont réassurées.
Pendant ce temps...
L'Eglise poursuit l'évangélisation de l'Europe, facilitée par un grand nombre de monastères et les premières règles monastiques,
et par la puissance mérovingienne, qui se sert d'elle pour assurer les provinces soumises aux frontières. Le pape prend de
l'importance comme figure
morale. Les Arabes, à partir de 630, répandent leur nouvelle religion et refoulent l'Empire d'Orient dans l'actuelle Turquie, puis
poussent jusqu'à l'Inde.
L'Espagne tombe presque entière (hormis le royaume des Asturies, au nord). La côte sud de la Gaule passe sous autorité arabe.
732
Sous la pression arabe, l'Aquitaine doit appeler Charles Martel à l'aide. La bataille de Poitiers en 732 établit son influence dans
la chrétienté.
Les années suivantes, il affronte d'autres attaques des Arabes, alliés à des Francs ennemis de Charles. Le sud de la Gaule
(Septimanie,Provence, Aquitaine), retombe sous son influence.
Par la suite, Charles poursuit la politique d'évangélisation de la Germanie, mais n'aide pas le pape contre les Lombards en
Italie.
Le roi Thierry IV mort, il ne le remplace pas (737).
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Bilan des Mérovingiens
Malgré leurs querelles, les Mérovingiens ont réussi à unifier - à peu près - le plus grand royaume d'Occident. Ils ont protégé
l'Occident de nouvelles invasions de l'est, et soumis une partie de la Germanie. Ils exploitèrent ce qui restait de l'Empire
Romain, et réussirent la fusion Francs-Gallo-Romains. Leur incapacité à distinguer propriété personnelle et Etat, et une certaine
dégénérescence de la famille, les a conduit à l'échec et à leur remplacement par la noblesse.
III (751-987) LES CAROLINGIENS
(737-768) Pépin le Bref
A la mort de Charles Martel (741), Pépin le Bref et son frère Carloman lui succèdent. Obligés de faire la guerre pour établir
leur autorité, ils doivent remettre un carolingien, Childéric III, sur le trône. Pépin reste le seul, Carloman étant entré au couvent.
En 751, il dépose le roi qu'ils avaient placé sur le trône et se fit sacrer roi par le pape, qu'il délivre de la menace des Lombards,
maîtres de l'Italie. Pépin crée alors autour de Rome les Etats de l'Eglise avec des territoires qui appartenaient à l'Empire
d'Orient en Italie, et que Byzance ne peut plus défendre. L'Aquitaine et la Septimanie sont définitivement remises au pas et la
fin du règne est calme.
Mari de Berthe aux Grands Pieds, il est le premier roi de France à être sacré, d'où une légitimité bien plus importante que pour
les rois précédents - même pour un usurpateur.
(763-814) Charlemagne
Charlemagne (Carolus Magnus, Charles le Grand) et son frère Carloman se partagent le royaume, mais Carloman disparaît en
771.
Charlemagne transforme le déjà puissant royaume franc en véritable empire :
- Conquête de l'Italie, mise au pas définitive des Lombards au nord, après un nouvel appel à l'aide du pape; augmentation des
Etats de l'Eglise; création dans le Sud du Duché de Bénévent, tributaire des Francs.
- Conquête d'une petite partie de l'Espagne sur les Arabes (avec l'épisode de Roland de Roncevaux : Roland n'était pas le neveu
de Charlemagne et a été attaqué par les Basques...); ce fut un semi-échec.
- En Germanie, les Saxons sont conquis; Charlemagne voudra les christianiser de force, n'hésitant pas au besoin à déporter et
massacrer, les Saxons se montrant indociles; conquête de la Frise (côte des Pays-Bas).
- Conquête de la Bavière, et de l'Autriche (OstMark : Marche de l'Est), jusque dans la future Hongrie; les Avars, Moraves,
Slovaques, et autres Slaves de l'actuelle Allemagne payent tribut. De plus, ces territoires servent de glacis protecteur contre les
autres peuples plus à l'est.
Pour calmer les peuples soumis, il leur donne comme rois ses propres fils (en Aquitaine, Lombardie...). Le titre impérial donne
par la suite uneraison théorique à sa suzeraineté sur ces rois.
L'armée partait tous les printemps au combat. Chaque homme libre était mobilisable - ou devait payer pour l'équipement de son
seigneur.
C'est donc un royaume bien plus grand que l'Europe des 6 qui est constitué, et qui s'enfonce bien plus loin vers l'est que
l'Empire Romain, éliminant toute menace d'une nouvelle invasion de l'est. Il rassemble plus de peuples qu'aucun royaume
européen, et est indirectement le fondateur de l'Europe, politiquement et religieusement. Sa stabilité et sa puissance poussent le
pape (reconnaissant) à lui décerner le titre
d'Empereur d'Occident, le faisant égal de l'Empereur d'Orient, à Noël en 800. Des contacts sont noués avec Byzance et,
jusqu'au calife de Bagdad.
Chef du dernier grand empire stable avant l'anarchie du IXème siècle, protecteur des arts, Charlemagne marquera l'imagerie
populaire (image paternelle de l' "empereur à la barbe fleurie"). La renaissance carolingienne, brève mais réelle, est surtout
visible au niveau agricole, grâce à la
paix. Le commerce reste réduit. Les comtes, nobles locaux, représentants de l'Empereur dans les provinces, sont surveillés par
d'autres fonctionnaires (missi dominici). Les
butins des conquêtes et les terres annexées permettent une bonne maîtrise de la noblesse. La capitale, Aix-la-Chapelle, devient
un grand centre architectural, religieux et politique.
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Charlemagne domine l'Eglise. Il en profite pour la moraliser, et la rendre plus indépendante des nobles (impôts propres), mais
en exige un zèle scrupuleux dans la défense de la religion. L'Eglise est mise à contribution dans la mise en place d'un système
éducatif gratuit pour tous.
On ne compte plus ses concubines et femmes successives (mal distinguées, car parfois épousées à la mode germanique, le
mariage chrétien étant alors peu pratiqué), ni ses bâtards.
Pendant ce temps...
Les Bulgares font souffrir l'Empire d'Orient, qui perd l'Italie contre les Lombards et ses possessions de l'Ouest face aux Arabes.
Venise profite de la déroute de l'Empire d'Orient pour prendre son indépendance. C'est le début d'un empire maritime qui
colonisera une partie de la côte croate et de la Grèce, et restera indépendant jusqu'aux guerres révolutionnaires.
La Méditerranée est aux mains des Arabes, divisés entre de nombreux royaumes; ceux-ci tentent de prendre pied en Italie
(Sicile, Sardaigne, Corse occupées, attaques sur les côtes), au dépens de l'Empire d'Orient.
Sombres perspectives
A la fin d'un très long règne, Charlemagne laisse le pouvoir à son seul fils légitime survivant, Louis Ier le Pieux. L'unité est
donc conservée (un partage avait été prévu du vivant des autres fils).
Cependant les nuages s'amoncellent : les Vikings (des Danois) commencent à ravager les côtes de toute l'Europe; les conquêtes
ont ralenti les dernières années, et donc appauvri l'Empereur. Et surtout, Louis Ier sera un piètre empereur.
(814-877) Louis Ier le Pieux & Charles II le Chauve
Reprise des guerres familiales
Du vivant de Louis Ier, l'Empire garde son unité, mais ses trois fils (Pépin, Louis, Lothaire) exigent une partie du pouvoir plus
conséquente que
les royaumes vassaux qui leur sont alloués (respectivement Aquitaine, Bavière, Italie), contestent l'idée d'une nouvelle coutume
successorale
qui garderait l'Empire uni, se révoltent contre leur père, et se disputent d'ailleurs entre eux.
En 817, un partage a lieu, Lothaire gardant l'essentiel de l'Empire et le titre impérial.
Le traité de Verdun
En 841, bien que Pépin soit mort, il reste un fils Pépin II (roi d'Aquitaine); la situation est encore compliquée par un quatrième
fils, né de Judith, jeune épouse de Louis le Pieux; elle pousse celui-ci à accorder un royaume à ce jeune Charles II. Lothaire
étant mal toléré par ses deux autres frères, ceux-ci nouent une alliance (serment de Strasbourg, où furent écrits les premières
traces de français et d'allemand ancien : roman et tudesque).
En 843 (traité de Verdun), le royaume est partagé :
- l'Ouest (Francie) est pour Charles II le Chauve, cela correspond au deux tiers ouest de l'actuelle France, sans la Provence ni
Lyon ni Verdun;ce sera le noyau de la France, augmenté en 848 de l'Aquitaine, à la mort du neveu Pépin II.
- l'Est (de la Saxe à la Bavière) à Louis le Germanique, constituera le noyau du futur Saint Empire Romain Germanique et de
l'Allemagne.
- au Centre, la Lotharingie, des Pays-Bas jusqu'à l'Italie compris, riche mais indéfendable, va à Lothaire, qui garde la couronne
et une théorique suzeraineté (le nom de Lotharingie donnera la Lorraine - Lothringen en allemand)
Lothaire mort, ses fils Louis II (roi d'Italie, empereur) et Lothaire II (roi de Lorraine), Charles (roi de Provence) se partagent
son royaume. Morts sans héritier, leurs royaumes sont répartis entre Charles et Louis; les frontières ayant été fixées par des
nobles cherchant à regrouper leurs domaines, elles divisent encore plus les deux royaumes.
En 875, l'empereur Louis II mort, Charles II prend l'Empire et réunifie théoriquement l'Empire, bien que Louis garde la
Germanie. En 876, il récupère l'Italie, et Louis le Germanique disparaît; son royaume est partagé entre ses trois fils.
Les Vikings, les Arabes profitent de l'anarchie pour ravager les côtes.
(877-987) La France indépendante et carolingienne ; les Robertiens
Nouveaux partages
En 877, à la mort de Charles II, Louis II le Bègue (roi associé d'Aquitaine déjà) est roi de la Francia Occidentalis.. L'Italie et la
couronne impériale passent à leurs cousins germaniques. L'Empire ne reviendra plus dans la branche française des
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Carolingiens, et la France est détachée du reste de l'Empire. Il ne reste plus grand chose de l'oeuvre de Charlemagne, 60 ans
après sa mort.
Judith, sa fille, est mariée successivement à deux rois anglais puis au comte de Flandres, qui fondera ainsi une dynastie
carolingienne indépendante. Deux autres fils de Charles II finissent religieux (heureusement pour l'unité du pays...)
Sur les IXème et Xème siècles, seules les régions éloignées des côtes et des fleuves seront épargnées par les Vikings, les
Sarrasins ou les Hongrois.. Les rois sont presque impuissants à les neutraliser, d'où la montée en puissance des nobles locaux,
seuls capables de protéger les populations, et l'extension du féodalisme. La division du pouvoir entre différents rois, la valse
des couronnes dans toute la famille, n'arrange rien. Les comtes parviennent à rendre leur domaine héréditaire, comme en
Flandres.
Comme sous les petits-enfants de Clovis, les guerres familiales et l'arrêt des conquêtes appauvrissent et affaiblissent le roi, et
rendent plus libres les seigneurs. Les particularismes régionaux (breton, aquitain, burgonde, vascon...) qui viennent de
l'Antiquité et des invasions, n'ont pas non plus disparu. Enfin, la mise en place de grands commandements militaires destinés à
la défense ('marches' impériales de Charlemagne, Neustrie confiée à Robert le Fort pour la défense contre les Normands) donne
aux seigneurs concernés une grande autonomie. Après la mort de Charles II, ils lèveront seuls les armées et parfois ne prêteront
même plus allégeance au roi. La féodalité achève de se mettre en place. Le roi
de France n'est plus qu'un petit roitelet.
Un grand seigneur, Robert le Fort, comte de Paris et duc de France, tué dans les combats contre les Vikings, marquera assez les
esprits pour que ses enfants puissent un jour prétendre à la couronne - ce sera le début des Robertiens, ancêtres des
Carolingiens.
En 879, les fils de Louis II, Louis III et Carloman se partagent la France. Leur (très) jeune frère Charles III le Simple est écarté
du trône.
Parenthèses dans la dynastie
En 884, le royaume se retrouve sans prétendant valable et légitime. La couronne passe alors à l'Empereur et roi de Germanie,
fils de Louis le Germanique, Charles III le Gros. Incompétent, il est déposé (888), et Eudes, fils de Robert le Fort, est élu roi de
France.
Charles III le Simple tente de revenir au pouvoir. Après une guerre contre Eudes, un accord lui accorde la couronne à la mort
d'Eudes, en 898. Charles III est connu surtout pour avoir cédé aux Vikings ce qui deviendra la Normandie, en échange d'un
hommage (formel) et de la conversion au christianisme, protégeant ainsi la Seine des autres Vikings. Charles III finit, trahi, sa
vie en prison, alors que Robert, autre fils de Robert le Fort, se fait élire roi (923).
A sa mort est élu Raoul, duc de Bourgogne, allié par les femmes aux Carolingiens.
Les derniers Carolingiens
A la mort de Raoul, on retrouve un fils de Charles III le Simple, exilé en Angleterre, Louis IV d'Outre-mer. C'est la période
d'affrontements plus ou moins larvés entre Hugues le Grand, fils du roi Robert, duc de France, plus puissant seigneur du nord
de la France (le sud est indépendant de fait), qui trouve sa situation plus confortable que celle de roi, et Louis IV, qui a besoin
du soutien de
Hugues contre l'influence de Otton, futur empereur germanique.
Lothaire succède à Louis IV (954), mais sa jeunesse impose une régence. De même, celui qui sera appelé Hugues Capet, fils de
Hugues le Grand, subit une régence. Les grands de France s'enrichissent alors au profit des deux domaines et en réduisent
fortement la puissance.
Hugues Capet, devenu roi, n'aura plus l'influence de son père.
Lothaire meurt en 986, et son fils Louis V disparaît accidentellement. Hugues Capet est élu roi de France. Descendant de rois,
mais peu puissant, il arrangeait les autres ducs et comtes.
Pendant ce temps...
Le titre impérial a disparu avec le roi de Germanie et de Lotharingie, Arnould, petit-fils de Louis le Germanique, en 899. Italie,
Germanie, France, sont trois royaumes distincts.
En Germanie, la dynastie saxonne des Otton se met en place : Otton Ier réunifie l'Empire, France exceptée (951); il est nommé
empereur en 962. La couronne impériale restera en Allemagne, et le Saint Empire Romain Germanique subsistera jusqu'à
Napoléon. Les premiers empereurs saxons tenteront d'imposer leur hégémonie sur l'Europe, en vertu du titre impérial, et il
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faudra longtemps pour qu'ils admettent que le roi de France est "empereur en son royaume". Ce rêve d'un Empire universel (qui
regrouperait toute le chrétienté) est abandonné vers 1000, à cause de l'indocilité des ducs électeurs allemands.
Les Magyars (Hongrois) arrivent de l'Est vers 895, et ravagent Italie, Balkans, France avant d'être battus par Otton Ier, et forcés
à se fixer en Pannonie, qui deviendra la Hongrie.
Les Vikings s'implantent en Grande-Bretagne et fondent des royaumes qui seront lentement assimilés. Ils lancent des raids
jusqu'à Byzance, ou commercent dans toute l'Europe. Ils étendent leur influence dans ce qui sera la Russie (voie commerciale
jusque Byzance).
L'évangélisation du nord et de l'est de l'Europe se poursuit lentement par les religieux francs (Germanie, Angleterre, Slaves du
Nord) et byzantins (Bulgares, Principauté de Kiev) ; déjà se profile la scission entre catholiques et orthodoxes.
En Méditerranée, la situation reste la même : les Arabes dominent.
En résumé, le monde chrétien, déjà tiraillé entre un Empire d'Orient en repli, et un ensemble d'Occident divisé mais en
expansion (Slaves repoussés à l'est par les Francs Orientaux, puissance carolingienne, christianisation, début de la reconquête
en Espagne), est en tenaille entre les Arabes au Sud, les Slaves (et les Hongrois) à l'Est, les Vikings au Nord.
Ce texte a été écrit par Christophe COURTOIS.
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Je hais la guerre mais j'aime ceux qui l'ont faite.Dorgelès
Ce sera la DER DES DERS...14-18
Jamais une guerre n'avait conduit des millions d'hommes à s'entre-tuer des années durant pour quelques kilomètres carrés de
terrains, à vivre sur une terre pourrie de leurs propres cadavres sous un canardage incessant , enfouis dans des tranchées n'étant
la plus part du temps que des trous boueux sans réel abris, ces soldats allaient connaître la sordide réalité de la guerre moderne,
l'artillerie, les gaz, les lance-flammes, les bombardements aériens.
Je ne propose pas d'exposer les stratégies de ce cataclysme mais en hommage à ces hommes, survivant en première ligne, de
rassembler des témoignages pour ne pas oublier comment les dirigeants, les stratèges poussèrent de simples citoyens dans une
effroyable boucherie en leur ouvrant les portes de l'enfer...
la ligne de feu, c'est le bord d'un espace désert où seule la mort habite.
Paul Cazin
La guerre a aussi son histoire qui n'est pas la grande histoire mais celle des combattants, elle possède sa propre chronologie ses
drames. D'abord il y eu les illusions du départ et très vite la sordide réalité des tranchées, les offensives vaines, les camarades
accrochés aux barbelés, d'autres se noyant dans la boue nourrie du sang des morts, les gaz, les pilonnages, les poux, les rats, le
froid, la maladie..
L'enfer pour les français fut Verdun, pour les allemands et les anglais la Somme et les Flandres, pour les italiens l'Isonzo, pour
les Russes la grande retraite de 1915.
La vie dans les tranchées avait ses propres règles, ses coutumes, ses rythmes. Il est peu de combattants qui n'en vécurent les
épisodes. La durée du séjour y était variable : le temps qu'une section meure et que vienne la relève. Il fut retrouvé dans les
poches des morts des papiers, des notes, d'autres ont écrit après la guerre partant du journal ou était consigné chaque jour leur
sort misérable. Une petite partie de ses témoignages est rassemblée ici. Il marque d'une façon significative la vie des tranchées :
L'arrivée, les pilonnages, l'attaque, les blessés, les morts, la fraternisation, et le retour. La ligne de feu, c'est le bord d'un espace
désert où seule la mort habite.
Par degrés nous pénétrons dans ces zones inimaginables à force de tristesse et de hideur que l'on à récemment qualifiées de
lunaires. Mais dans la lune, au moins il ne pleut pas. Tandis qu'ici tout cela est plein d'eau. A l'infini ce sont des séries de
cuvettes trop remplies que l'averse inexorable fait déborder les unes sur les autres. (Pierre Loti)
LA CREATION DU CAMP AUSCHWIT
En 1939, la campagne de septembre terminée, la ville d'Oswiecim -à environ 60 Km de Cracovie-, ainsi que des villages
qui se trouvaient à proximité fure incorporés au IIIeme Reich et les nazis lui donnèrent le nom d'Auschwitz.
A la fin de 1939, dans les bureaux de l'Oberkommando SS et de la Police de Wroclaw naquit l'idée de créer un camp de
concentration. Le choix du lieu fut fixé sur le terrain de l'ancienne caserne polonaise à Oswiecim qui se trouvait hors de
l'enceinte de la Ville. Ce qui permettait d'envisager un agrandissement futur et un isolement efficace. Autre argument dans le
choix : Oswiecim était un noeud important de chemin de fer. L'ordre de fonder le camp fut donné en Avril 1940 et Rudolf
HÖSS fut nommé commandant en chef. L'aménagement du camp a été effectué en grande partie par des déportés, en majorité
allemands, venus de Sachsenhausen.
Le 14 Juin 1940 la Gestapo y dirigea le 1er groupe de prisonniers : 728 Polonais transférés de la prison de Tarnow. Le camp
est destiné originellement à l’internement des Polonais de Silésie et du Gouvernement général, notamment dans le cadre de la
liquidation des élites polonaises menée jusqu’au printemps 1942.
Jusqu'au début de 1942, les détenus polonais représentaient le contingent le plus important. A partir de l’été 1941 arrivent les
prisonniers de guerre soviétiques. Et à partir du début 1942, commencent les transferts massifs de Juifs, ainsi que de Tziganes.
A partir de 1942, les juifs constituèrent la masse principale des détenus d'Auschwitz. Ils sont déportés de toute l’Europe, de
Hongrie, de Pologne, de France, des Pays-Bas, de Grèce, de Slovaquie, de Belgique, du Reich, d’Italie, de Croatie, de
Norvège... A Auschwitz sont aussi envoyés des politiques, notamment des Tchèques, des Français.
Sur le total des immatriculés , on compte 269.000 hommes et 132.000 femmes. Cependant la majorité n’a pas été
immatriculée, car ils ont été exterminés dès leur arrivée.
Parallèlement au nombre croissant de prisonniers s'agrandissait aussi l'étendue du camp, qui, avec le temps, se transforma en un
véritable combinat de l'extermination.
" Une cité concentrationnaire d'une population de 150.000 habitants au moins, gardés par plus de 3.000 SS, une des
agglomérations les plus importantes de cet univers souterrain d'esclaves déportés qui connut dans les dernières années de
l'Allemagne nazie un développement si incroyable " Léon POLIAKOV, Bréviaire de la haine, Press Pocket.
Au début le camp comptait 20 bâtiments dont 14 pavillons et 6 bâtiments d'un étage. Dans les années 1941-42 les
prisonniers du camp furent obligés de travailler à son agrandissement : on ajouta un étage à tous les bâtiments et on construisit
8 nouveaux. En tout : 28 bâtiments d'un étage, la cuisine et les dépendances mises à part.
Le camp d'Oswiecim (KL Auschwitz I) devint le camp principal (Stammlager) pour tout un ensemble de nouveaux camps. En
1941 on commença la construction du 2eme camp; appelé plus tard KL Auschwitz II- Birkenau, situé à 3 km dans le village de
Brzezinka. En 1942 on construisit un camp à Monowice (KL Auschwitz III) sur les terrains des usines IG Farbenindustrie.
Outre cela, dans les années 1942-44 furent créés 40 autres camps, affiliés au camp d'Auschwitz et situés notamment auprés
des usines métallurgiques, des fabriques et des mines où l'on utilisait les prisonniers comme main d'oeuvre bon marché.
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