Le fonctionnement de la montre à quartz I / Du Quartz au signal électrique 1. Un minéral : le quartz a) Composition Le quartz ou silice cristallisée compose environ 16,2% de l'écorce terrestre : elle représente 75% des roches sédimentaires et est aussi présente dans les roches magmatiques. Sa formule chimique est SiO2 (dioxyde de silice). A l'état naturel, il se présente généralement sous forme d'héxagone terminé par deux pyramides complexes. Si le est pur, il est pratiquement incolore. Si, dans sa composition, il y a la présence d'autres cations que Si4+, le quartz peut être alors rose, pourpre, violet, jaune, ou encore brun. Doc.1 : photographie d'un cristal de quartz. b) Pourquoi utiliser le quartz ? Le quartz peut être de nature différente suivant la pression et la température du milieu extérieur. Ainsi, par exemple, le quartz-α, qui est une variété stable du quartz à basse pression et à basse température, se transforme, à partir de 573°, en quartz-β. En horlogerie, le quartz-α est utilisé. Le quartz-α ainsi que les autres variétés du quartz présentent de nombreuses qualités comme l'inaltérabilité, la solidité, un coefficient élastique important, des frottements internes extrêmement faibles, le fait qu'il soit piézo-électrique... Tout ceci facilite la propagation ou la créations des vibrations suivant résultat recherché. Plus le quartz est de petite taille, plus sa fréquence de résonnement est précise et ne varie pas au cours du temps. Ce cristal est aussi utilisé pour des raisons économiques : son abondance dans l'écorce terrestre le rend peu cher. 2. La Piézo-électricité a) Définition La piézo-électricité est un phénomène propre à certains types de cristaux. Il apparaît à surface de ces corps, quand on les soumet à des pressions ou à des charges électrique (effet "direct"). Inversement, l'application d'une tension électrique sur ces mêmes surfac donne lieu à une modification des dimensions des cristaux (effet "inverse"). Il y a là un moyen de transformer un signal électrique en déformation mécanique et réciproquemen Ce phénomène, combiné aux propriétés de résonance mécanique des cristaux, permet d'obtenir des vibrations électriques ou mécaniques, à l'origine de nombreuses applications pratiques. b) Phénomène Les variations des grandeurs électriques et mécaniques sont exactement proportionnell et les constantes qui relient ces grandeurs l'un à l'autre sont identiques, qu'il s'agisse de l'effet direct ou de l'effet inverse. Un système d'équations linéaires décrit donc ces deux effets (les oscillations engendrent un courant alternatif de même fréquence que les vibrations). Certains cristaux ne peuvent présenter d’effet piézo-électrique : ce sont ceux qui, au niveau de l’arrangement atomique élémentaire, possèdent un centre de symétrie. La figure 1 représente schématiquement un tel arrangement de particules chargées non déformé, puis déformé par compression ou cisaillement. Le centre de gravité des particules + et des particules - reste identique. Il ne peut donc en aucun cas y avoir apparition d’une polarité résultante à la surface du domaine. Figure1 : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/sanscentre.gif En revanche, la piézo-électricité apparaît dans les cristaux qui ne possèdent pas de centre de symétrie. La figure 2 en donne une image qui, d’ailleurs, correspond grossièrement à l’arrangement cristallin dans le quartz. Une compression ou un cisaillement dissocie les centres de gravité des particules + et des particules -. Il y a apparition d’un dipôle élémentaire, ce qui se traduit au niveau macroscopique par la polarisation des surfaces du cristal. Figure2 : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/aveccentre.gif 3. L'utilisation de la piézo-électricité par le quartz a) Nécessité d'un usinage : la transformation en résonnateur Pour optimiser ses propriétés piézo-électriques, le quartz à l'état brut doit être usiné de manière précise. http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/quartz1.gif Figure 1 : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/quartz2.gif L’utilisation du quartz impose que le cristal soit découpé en lames d’où seront tirés des parallélépipèdes, des cylindres et des lentilles dont les dimensions définiront les propriétés vibratoires. De toute façon, ces lames doivent être très précisément orientées par rapport aux axes cristallographiques du cristal. On appelle axe Z, ou axe optique, l’axe de symétrie d’ordre 3, parallèle à la longueur du quartz. Aucune propriété piézo-électrique ne lui est associée. L’axe X (électrique) et l’ax Y (mécanique) sont dans un plan perpendiculaire à Z. Il existe 3 axes X et 3 axes Y déduits les uns des autres par rotation de 120° autour de Z (fig. 1). C’est par rapport à ces axes que sont définies les « coupes » utilisées pour les applications principalement électroniques du quartz, qui sont baptisés (X, Y, AT, CT,... ). Schéma : exemple d'usinages. http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/quartz3.gif Une lame de quartz piézo-électrique, de coupe et de dimensions particulières, possède un certain nombre de fréquences de résonances mécaniques propres. L'ordre de grandeur de la fréquence de résonance propre est en effet en grande partie déterminé par la coupe. b) Fonctionnement Les trois types d'ondes stationnaires pouvant se propager à l'intérieur du cristal sont la flexion, le cisaillement de surface et l'élongation. L'onde résultante est une combinaison de ces trois types d'ondes. Quartz vibrant en flexion et en cisaillement : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/quartz4.gif http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/quartz5.gif On rencontre principalement trois formes de résonateur : Les barreaux vibrant en flexion plane ou en extension. Il vibre autour des nœuds sur lesquels il est fixé. La longueur du barreau est de l'ordre de la longueur d'onde Cette forme de résonateur tend à disparaître. Le diapason mince découpé en forme de U. Son épaisseur est faible (environ 0.1 mm) et il est métallisé sur une seule face. Le matériau le plus utilisé pour le recouvrir est l'or. Son intérêt provient de son mode de fabrication proche des méthodes utilisées pour les circuits intégrés : on découpe chimiquement plusieurs centaines de Quartz à partir d'une plaquette sur laquelle les diapasons ont été tracés. Les plaques vibrant en cisaillement d'épaisseur (elles sont généralement circulaire Schéma : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/quartz-scan.gif Schéma récapitulatif des différentes formes de résonnateurs http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/quartz6.gif Dans chaque cas, on positionne des électrodes, nécessaires à l'excitation du cristal piézo-électrique. c) Mode de vibration Une lame de quartz piézo-électrique, de coupe et de dimensions particulières, possède un certain nombre de fréquences de résonance mécanique propres. Cette lame peut êtr excitée par une tension alternative appliquée à des électrodes déposées sur elle, de manière qu’une de ces résonances soit privilégiée. On rappelle que les principaux mode de vibration utilisés sont la flexion, l’élongation, le cisaillement de surface et le cisaillement d’épaisseur. La flexion correspond à des fréquences de vibration basses (d 1 à 100 kHz en pratique) et est appliquée aux coupes X et NT. La fréquence obtenue es de la forme : F = K1W/l (W = largeur, l = longueur) (fig. 4a et c). L’élongation appliquée aux coupes X produit des fréquences dans la gamme des 50 à 200 kHz, suivant la loi : = K2/l (fig. 4b). Le cisaillement de surface correspond, pour les coupes CT et DT, à des fréquences de 200 à 800 kHz, suivant la loi : F = K3/W. Le cisaillement d’épaisseur permet l’obtention de fréquences élevées allant de 0,8 à 30 MHz (suivant le mode fondamental), et jusqu’à 150 MHz (en excitant le cristal suivant un harmonique mécanique). Il s’applique aux coupes AT et BT principalement (fig. 4d). 2 / Du signal électrique au signal mécanique 1. Le Diviseur de fréquence Le quartz produisant un signal d'une fréquence de 32768Hz (soit 2^15), il est nécessaire d'avoir ensuite un montage diviseur de fréquence, pour obtenir en sortie un signal de fréquence plus faible, pour la commande du moteur pas-à-pas. Pour cela, il faut utiliser différents circuits faisant parties des circuits élémentaires de l'électronique, et notamment des bascules D et des portes inverseuses (Il existe d'autre manières, mais celle-là a l'avantage d'être simple, et de ne nécessiter que deux portes par division). En fait, le but de ce circuit va être de faire des opérations "modulo" 2, pour diviser le signal par deux à chaque passage. Pour la commande du moteur pas-à-pas, on aura besoin d'un signal de 2Hz. On obtient donc un montage semblable à celui-ci : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/BasculeD.GIF On utilise ici uniquement une Bascule D, ce type de bascule fait partie des bascules élémentaires : à chaque front d'horloge (ici : un front montant sur C), la sortie Q "recopie D. En utilisant la sortie ^Q, on inverse le signal à chaque front actif. On aurait également pu utiliser une bascule JK, et mettre ses deux entrées (J et K) à 1, avec le signal à diviser en horloge : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/bascule-JK.gif A l'aide de 14 de ces bascules, mises les unes à la suite des autres, on fait passer le signal d'une fréquence de 32768Hz à 2Hz, ce qui permet ensuite au moteur pas-à-pas d'avoir une rotation de 0.5 tours par secondes (voir partie II-2). 2. Le moteur pas-à-pas La partie piézo-électrique et la partie électronique produisent un signal carré, régulier et précis, et il reste à le transformer en un mouvement (c'est en quelque sorte une conversion d'énergie). Pour cela, il faut un moteur qui puisse être suffisamment précis pour la précision du quartz ne soit pas perdue lors le la transformation en mouvement. Il existe deux types de moteurs capables de créer un mouvement : les moteurs électriques dits "classique", et les moteurs pas-à-pas. Les premiers ne conviennent pas, car leur vitesse de rotation dépend uniquement de l'intensité et de la tension du courant qui leur sont fournies, il serait donc impossible de trouver des réglages stables et de valeurs correctes. De plus, ce type de moteur peut avoir une forte consommation, ce qui ne rentre pas non plus dans les spécificités d'une montre. Les seconds conviennent parfaitement, car ils ont une grande précision, et consommen très peu. Dans une montre, on utilise le moteur pas-à-pas pour sa précision non pas en vitesse, mais en pas (ce qui rejoint bien sûr la vitesse...). Le pas correspond à l'angle minimal que l'on peut faire accomplir par un moteur. Il existe deux types de moteurs pas-à-pas : les moteurs classiques, utilisés dans nombr d'appareils (lecteurs de CD, photocopieuse, scanner, imprimante...) c) Le moteur pas-à-pas classique Schéma simplifié d'un moteur pas-à-pas : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/moteur-schema2.gif Il est constitué de deux bobines, en réalité quatre, car chacune de ces paires doit pouvo créer un champ magnétique dans les deux sens. Ce moteur, est un des plus simples des moteurs pas-à-pas, car il ne comporte justemen que deux bobines, ce qui ne lui permet d'avoir un pas que de 90°, ce qui ne conviendrai pas pour une utilisation précise, comme dans la plupart des applications (pilotages d'appareils, réglages...), mais qui suffit dans l'emploi d'une montre, car il est ensuite démultiplié. La commande d'un moteur pas-à-pas se fait donc en alimentant les bobines de différentes manières afin d'avoir les positions suivantes (pour la simplification du schém les bobines sont regroupées deux par deux, et sont symbolisées par différentes couleur : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/pas-2.gif _________________________________________ A l'aide d'un circuit électronique, il donc faut transformer le signal d'horloge en une séquence de signaux envoyés aux bornes des bobines. On fonctionne ici en "tout ou rien" en entrées sur les bobines, mais pour un fonctionnement optimal (qui réduit les vibrations, et améliore la fluidité du mouvement, c qui n'est pas recherché ici), il faudrait produire un signal sinusoïdal sur chacune des entrées, ce qui demanderait l'emploi d'un circuit intégré spécifique. Ce circuit est composé de deux bascules D, qui ont en commun leur entrée d'horloge, te que le montre le schéma suivant : http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/commande-moteur.GIF http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/images/tpe1/cmd-moteur-chrono.gif A l'aide de ce montage, à chaque front montant de l'horloge, on aura successivement l'alimentation des bornes a-c, c-b, b-d, puis d-a (voir chronogramme), et ainsi de suite, c qui permet d'accomplir un tour pour quatre fronts actifs de l'horloge, soit une vitesse de rotation de 0,5tours/secondes, car la fréquence de l'horloge est de 2Hz (voir partie II-1). On obtient donc une rotation de 180° par secondes, qui est ensuite utilisée par les engrenages pour produire le mouvement des aiguilles. b. Le moteur pas-à-pas utilisé dans les montres Généralité Le moteur, vu sa dimension, est appelé micro-moteur. C'est l'élément transformant l'énergie électrique en énergie mécanique. Le plus répandu à l'heure actuelle est le Lav du nom de son inventeur Marius Lavet. Les éléments Le micro-moteur Lavet est composé des éléments suivants : * la bobine avec le noyau * le stator (statique) * le rotor (rotation) La bobine est réalisée avec un fil de cuivre isolé, d'un diamètre de 20 µm (un cheveu a µm), d'une longueur de 50 m, enroulé 10 000 fois autour d'un noyau. Noyau qui, comme le stator, est en fer magnétique doux. Le stator de forme très complexe, offre un logeme au rotor. Le rotor, en samarium cobalt, est un cylindre creux ou non suivant le montage. est magnétisé de façon permanente. Le rotor a deux positions d'équilibre stable par tou