Chapitre 3 : la détermination des grandeurs macro économiques par l’offre globale Cette approche est apparue au 18ème siècle du fait de la volonté des premiers économistes classiques qui ont cru entre les aspects de la demande et les aspects de l’offre sur le plan macroéconomique. En revanche Quesnay : « avant de consommer il faut avoir produit. » ce qui semble mettre en premier plan le phénomène de production mais dans ses écrits, les choses sont ambiguës : on ne produira que si on espère une consommation équivalente. Face à la confusion, Turgot puis Smith vont imposer le principe d’une offre générale qui est le déterminant de la demande globale et d’une offre annuelle qui est le déterminant de la croissance de cette offre globale. On constate que d’une part les agents économiques emploient les revenus de la production par des opérations de consommation mais que d’autre part l’épargne va constituer à cette occasion une autre forme de consommation, qui est celle des travailleurs qui seront directement ou indirectement employés par ses épargnants. La totalité du produit crée va être consommée par ceux qui reçoivent le produit, soit indirectement par ceux qui vont être rémunérés grâce à l’emploi de l’épargne qui est donc censée être investie. Objection faite à cette approche, c’est le risque d’absence de correspondance entre la production réalisée et la demande des consommateurs car on peut concevoir que certain biens ne seront pas demandés ne correspondant pas aux désirs des consommateurs. C’est une objection de nature microéconomique mais qui nous indique que cette approche par l’offre globale n’a pu être envisagée que dans un cadre économique où les producteurs sont contraints de produire en fonction des goûts des consommateurs exprimés par les marchés. Les producteurs adaptent en permanence leur production au désir des consommateurs. Ce modèle suppose un cadre de libre concurrence où les producteurs adaptent en permanence leur production aux désirs des consommateurs. Sur un plan microéconomique, c’est la demande des consommateurs qui est déterminante. Mais sur un plan macroéconomique, puisque tout produit est adapté au goûts des consommateurs il va pouvoir être vendu à condition que les revenus tirés de la production soit intégralement dépensés or Turgot garantit cette correspondance du fait que même l’épargne est intégralement dépensée. 1 L’hypothèse de libre concurrence est admise par Keynes dans la théorie générale ce qui explique que lui non plus ne se pose pas la question des produits aux goûts des consommateurs mais juste l’adéquation de l’offre globale et de la demande globale. C’est Turgot qui a véritablement intégré l’hypothèse de libre concurrence à l’analyse macroéconomique. I. La formation du produit national et sa croissance dans les modèles classiques A. La macro dynamique classique de l’épargne Smith parle de la formation du produit national et de l’origine de sa croissance. Cette simplicité n’est pas toujours évidente en lisant A. Smith, mais en ce qui concerne l’époque moderne il n’y a aucun doute sur le mécanisme fondamental de l’économie, en effet la seule production est celle qui a lieu grâce au capital accumulé, la terre ne produit rien sans être cultivée. Et le travail est généralement inefficace lorsqu’il est pas mobilisé et assisté par le capital. Le produit annuel de la terre et du travail pour Smith est le résultat de la mise en œuvre du capital disponible et le premier emploi de ce produit c’est selon A. Smith c’est le remplacement du capital usé qui prend la forme de rémunération des salariés productifs. Il y a deux sortes de travailleurs dans la société : - les productifs - les improductifs On voit que c’est une sorte d’adaptation du modèle de Quesnay qui distinguait l’activité productive qu’était l’agriculture et les activités improductives qui étaient tout le reste. Ce qui est productif pour Smith c’est tout ce qui est associé au capital car le capital ne peut être employé que productivement que parce qu’il est censé rapporté un profit, la formation du produit national : produit annuel de la terre et du travail. Ce produit national qui émane de l’agriculture et de l’industrie est affecté au paiement des travailleurs productifs, au profit et à la rente foncière. Le profit est le véritable motif du capital et la rente foncière résulte de l’obligation d’utiliser les terres pour toute activité importante. 2 Il y a deux catégories de revenus, dont l’emploi n’est pas à priori prédéterminé, les propriétaires fonciers sont réputés être des consommateurs, mais ce sont surtout des consommateurs de services de travailleurs improductifs, ils emploient toute sorte de salariés. En ce qui concerne les propriétaires de profits, ils sont plus engagés dans la vie économique, et ils vont former une épargne sur une partie de ces profits en consommation improductive. Cette épargne sera réinvestie et servira dès la période où elle se forme à payer des salariés productifs. Il y a identification entre capital et rémunération des salariés productifs. T Produit annuel de la terre et du travail Rente Salaires des travailleurs T+1 improductifs Profit Épargne Remplac Salaires ement du capital Yt-1 producti fs Donc le nombre va augmenter pour s’ajuster à la demande de travail. On a aussi : A productivité par travailleur ; W taux de salaire soit : Yt+1= [Yt(cp) A]/W Donc [(Yt+1 - Yt )/Yt] = [(cp . A)/W] - 1 ; Peut s’écrire : ((cr + cs) /W) A - 1 Comme par définition : (Yt . cr . A)/W = Yt , (cr . A) /W= 1 et ý = (cs/W) A Avec cp = cr = 0,7 ; A = 1,43 ; W = 1, Yt+1 = Yt ; ý = 0 ; Avec cs = 0,02, on a ý = cs. A = 2,86 % 3 L’accumulation du capital par l’épargne va provoquer une réponse démographique de la part des travailleurs dont le nombre va augmenter pour s’ajuster à la demande de travail qui émane du capital. La croissance a lieu à condition que le taux d’épargne soit positif et que le taux de cette épargne va déterminer le rythme de la croissance. En ce qui concerne le coefficient de productivité « a » et le taux du salaire, la réponse d’A. Smith est la théorie de l’extension de la division du marché du travail lié à la taille du marché. La production tend à augmenter et la productivité par travailleurs va augmenter aussi. Il y a la contrainte que l’épargne soit positive pour que les quantités produites augmentent et que la productivité s’améliore. La productivité elle-même ne peut augmenter que s’il y a formation d’une épargne positive et elle devrait intervenir pour accélérer la croissance économique. La croissance de la productivité va être compensée par la hausse des rémunérations des travailleurs car la demande de travail augmente, donc le taux de salaire compensera l’effet des gains de productivité, ce qui laisse la croissance suivre le rythme du taux d’épargne. L’épargne reste le moteur de la croissance et son régulateur. Il y a une simplification excessive, il y a une confusion entre l’accumulation du capital et l’accumulation du capital circulant et une confusion entre le capital circulant et la rémunération des travailleurs productifs. Les néoclassiques n’admettront pas cette conclusion : le capital représentatif de la vie est le capital fixe, il intervient dans la production en complémentarité avec le travail, on n’a plus un seul facteur de production, mais 2 : - travail - capital B. La conception néoclassique de la croissance à long terme Par rapport au modèle proposé par Smith, l’approche néoclassique modifie sensiblement les hypothèses utilisées tout en restant dans un cadre d’offre globale et de capacité d’offre dont l’évolution va établir la croissance. La différence principale est qu’au lieu de ramener cette capacité d’offre à un facteur dominant, le capital et son accumulation par l’épargne, l’approche néoclassique prend acte des changements devenus évidents dans la société et du fait que la force de travail obéit à une logique démographique, qui n’a pas de rapport stricte avec la logique de l’accumulation du capital. Conformément à la loi de Malthus, l’école classique considérait que le nombre de travailleurs était strictement déterminé par le capital disponible pour employer ce nombre de travailleurs. Donc 4 l’évolution de cette force de travail était censée suivre exactement l’évolution du capital servant à le rémunérer, ce lien est rompu sur le plan de logique économique mais l’autre nouveauté est que le capital qui va être pris en compte n’est plus le capital circulant et le capital vraiment représentatif c’est le capital fixe qui apparaît comme un facteur spécifique de production. La révolution industrielle et l’usage des machines dans la production ont été un changement, le capital est avant tout une machine et les travailleurs travaillent en association avec cette machine. L’approche néoclassique en fait étudie la coordination entre agents économiques dans le cadre de la libre concurrence et cela constituera la théorie de l’équilibre générale qui montre comment la fixation des prix et leurs modifications va assurer cette coordination entre agents économiques. L’aspect macroéconomique est donc plutôt implicite dans la première approche mais il va être de plus en plus mis en avant pour appréhender les phénomènes économiques et on va chercher la fonction qui représente le mieux l’esprit de cette approche néoclassique : La fonction Cobb Douglas : 1. Caractères généraux de la fonction Deux grandes fonctions d'offre : - avec une stricte complémentarité des facteurs : reviendrait à introduire à tout moment un facteur limitant (si c’est le capital, on revient au cadre classique) - avec une substitution possible entre facteurs : version néoclassique : la plus habituelle celle proposé en 1928, par Cobb et Douglas... stricte complémentarité : une certaine substituabilité : un minimum de chaque facteur ; mais avec substitution à taux croissant aucun accroissement de production exprimant la productivité décroissante si l’un des facteurs est augmenté du facteur augmenté. La formule la plus simple Y = A N α K1-α Dynamique macro-économique : fonction à accumulation selon le temps .... Y(t) = A(t) N(t) α K(t)1-α .... Chaque variable, et le coefficient A, sont conçus comme un flux annuel. 5 N Y0 K Caractéristiques : - substitution possible entre facteurs : pour Y donné, ainsi que A et α, deux inconnues N et K ; infinité de combinaisons donnant Y ; mais avec productivité décroissante pour le facteur dont la quantité augmente par substitution : si un facteur reste fixé, le rendement de l'autre est décroissant en ce sens que des augmentations proportionnellement constantes d'un facteur entraînent des rendements proportionnellement décroissants du produit. Ainsi A = 2, α = 1/2 et K = 100 soit N = 100, 120, 144, 173 soit N : + 20%, 20%, 20% Y = 200, 220, 240, 260 Y : + 10%, 9%, 8% -Lorsqu’on veut augmenter le produit en augmentant un facteur de production, il y aura une augmentation effective de ce produit mais à un rythme décroissant, ce qui indiquera une baisse progressive de la productivité du facteur accumulé dans la mesure où l’autre facteur reste constant. Si les deux facteurs évoluent de la même manière la fonction de Cobb Douglas indique que le produit augmentera globalement au même rythme que l’augmentation de chacun de ses facteurs, ce qui témoignent de leur maintien de leur productivité lorsque cette augmentation est simultanée ce qui indique que cette fonction n’intègre pas de rendement d’échelle croissant. Il s’agit d’une fonction homogène et du premier degré. Y=A (λ N) α (λ K)1-α = A λα N λ1-α K1-α = λ {A Nα K1-α} 6 2. le taux de croissance et le coefficient de productivité globale La fonction Y ici apparaît comme une fonction composée car elle est elle-même fonction de plusieurs variable qui sont des fonctions d’une même variable ici le temps. Pour dériver cette fonction y, en la transformant en une fonction additive de chacune des dérivées partielles qui la composent, qui sont elles même multipliées par la dérivée de chaque variable par rapport au temps. Yt= A(t) N(t) α K(t) α-1 dY/dt= [(dY/dA) (dA/dt)] + [( dY/dN)(dN/dt)] + [( dY/dK)(dK/dt)] dY/dA= N α K 1- α dY/dN= α N α-1 K 1- α dY/dA= (1-α )N α K 1- α (1/Y)(dY/dA)=(1/A) (1/Y)(dY/dN)= α (1/N) (1/Y)(dY/dK)= (1- α )(1/K) (1/Y)(dY/dT)= (1/A)(dA/dT)+ α(1/N)(dN/dT)+ (1- α)(1/K)(dK/dT) Soit Y° = A° + α N° + (1-α) K° avec ° : symbole du taux de croissance Corollaire : il est possible d’isoler le rôle du coefficient de productivité globale A° = Y° - αN° - (1-α) K° 3. La croissance régulée par l’offre globale On va affirmer que le produit national, et son rythme de croissance vont être déterminé par la capacité d’offre de l’économie et son évolution, fondée sur le rythme de croissance de chacun des facteurs de production, mais aussi par le rythme de croissance du coefficient de productivité globale. Ce dernier élément est un peu inquiétant en terme d’équilibre du produit national parce que on doit envisager une rémunération de chacun des facteurs en fonction de sa productivité puisque nous sommes dans un monde néoclassique. On s’interroge si ce mode de rémunération va réaliser l’épuisement du produit. La fonction de Cobb douglas donne une réponse simple à cette question à savoir qu’on va pouvoir vérifier qu’il y a épuisement du produit en affectant aux facteurs de production disponible une rémunération équivalente à leur productivité marginale. 7 N (δY/δN) + K (δY/δK)= A N α − 1 K1- α N α A N α − 1 K1- α + K (1-α) A N K–α En pratiquant la rémunération des facteurs à leur productivité marginale, le produit va être répartie entre les facteurs de production ce qui implique que A (productivité globale) n’est pas rémunérée. Si la totalité du produit est repartie il n’est pas évident qu’elle va être dépensée, et on pense à l’approche keynésienne qui souligne le rôle de l’épargne comme non dépense dans le circuit économique. Mais ici, on admet que toute l’épargne va être dépensée sous forme d’accumulation supplémentaire du capital, au lieu de servir à payer les travailleurs productifs, l’épargne va servir à acheter du capital fixe, ce sera un élément interne de croissance économique. Dans l’approche initiale de Cobb Douglas, nous avons le coefficient de productivité globale qui a une origine extérieure au fonctionnement de l’économie et il y a ensuite l’évolution de la force de travail et on considère que c’est un élément extérieur à la sphère économique. En ce qui concerne l’accumulation du capital, l’épargne assure l’accumulation du capital et l’intégralité de l’épargne est transformée en capital fixe, c’est le seul élément qui soit endogène à l’économie car comme chez Keynes, il y a un taux d’épargne qui constitue un prélèvement sur le revenu, et elle est intégralement employée sous forme de capital. dK= I= sY g=K/Y (1- α )(1/K) (dK/dt)= (1- α)(s/g) La croissance économique se ferait avec des rendements de moins en moins élevés de capital, et progressivement la croissance économique devrait se ralentir pour arriver à l’état stationnaire. Dans la doctrine néoclassique, on soutenait que le moteur de la croissance c’est l’épargne, et que favoriser l’épargne c’est favoriser la croissance économique. Même si on admet le mode de croissance comme le formalise les néoclassiques, il est évident que ce modèle ne peut pas rendre conscience , car cette croissance ne donne pas de signes particulier d’affaiblissement au fur et à mesure de l’accumulation du capital, mais l’accumulation du capital n’est pas en soi l’élément déterminant de la croissance et on parle de l’évolution de la productivité globale de l’économie comme une sorte de force autonome malgré certaines limites quand même car il semble bien qu’une partie importante de cette productivité globale évolue à travers le renouvellement du capital et dans cet optique ce qui compte c’est moins l’accumulation du capital que le remplacement du capital par du matériel progressant et plus productif. Il y a un malaise dans l’interprétation de la croissance des néoclassiques. 8 4. La dynamique du coefficient de productivité globale : le progrès technique. En 1957, SOLOW lance le débat à travers « le changement technique et la fonction de production agrégée ». L’idée de SOLOW est de partir de la formule de croissance pour en tirer la contribution du coefficient A. le résultat de ce calcul a surpris SOLOW car il arrive au constat que sur la période 1909 1949, aux EU, l’évolution du produit brut/heures travaillées est attribuable à 87,5% au changement technique en général, l’accumulation du capital qui semblait être le seul élément interne intéressant n’aurait contribué qu’à 12,5%. La croissance du coefficient A qui est le principal élément de la croissance à long terme. DENISSON trouve des résultats différents de ceux de SOLOW : - 34% : - 23% : variation de l’éducation - 15% : - 20% : - 9% : Les gains de productivité liés à la formation des travailleurs et à l’accumulation de connaissance qui sont les éléments dominants de la croissance économique à long terme. Les résultats de Denisson et de Solow Brutalement au milieux des 80’s une partie des théoriciens de la croissance ce sont mis à affirmer que la croissance était due avant tout à l’extension des connaissances que ce soit par la recherche ou par l’éducation, on a reproché à Solow et Denisson de sous estimer le rôle du facteur, qu’ils avaient dégagé. Si on attache de l’importance aux notions de recherche et d’éducation, comme la base de l’approche par l’offre, on sort du cadre classique et néoclassique, dans les modèles classiques et néoclassiques c’est les facteurs de production qui se partage le produit. Pourtant la recherche et l’éducation qui sont les véritables bases de cette productivité ne reçoivent pas de rémunération directe de la croissance économiques, mais elles doivent cependant être financée, le financement vient à travers le budget de l’Etat et des collectivités publics, la bonne utilisation par l’Etat de son budget à travers l’extension des connaissances, constituent la véritable base de la croissance économique. L’approche classique et néo classique se fait en dehors d’une manifestation visible des collectivités, c’est le principe du libéralisme, la libre concurrence qui ne semble pas susceptible de 9 générer une croissance à long terme, cela repose avant tout sur une extension de connaissance financée par l’Etat. L’approche par l’offre est plus complexe avec un troisième intervenant, la puissance publique. II. L’équilibre général néoclassique L’objectif est de démontrer que le jeu de la libre concurrence va assurer simultanément l’équilibre de l’offre et de la demande sur chaque marché, de tel sorte que tous les marchés se trouveront équilibrés en même temps, grâce à un élément central qui est les modifications adaptives du vecteur prix, contenant un prix proposé sur chaque marché, l’équilibre est atteint quand la série des prix proposés assure l’équilibre sur chacun de ces marchés. Ceci est sous entendu dans l’approche classique, qui fait confiance à la libre concurrence pour obtenir ce résultat, qui peut être atteint d’une manière analytique, en soulignant un phénomène qui est l’interdépendance entre tous les marchés dont l’équilibrage est complexe. L’offre et la demande sur un marché ne dépendent pas seulement du prix sur ce marché, mais de l’ensemble des prix proposés simultanément sur tous les autres marchés. Le phénomène d’interdépendance est très complexe qui trouve son enracinant dans le fait que chaque consommateur est amené à réaliser un choix qu’il l’amène à se porter offreurs et demandeurs à partir du prix proposé sur ces marchés. Quand l’un de ces prix est modifié, c’est toute son attitude d’offreurs et de demandeurs qui est modifié. Ce qui explique la démarche de Walras, qui consiste à aborder un cadre de marché où les consommateurs reçoivent pour une période donnée une dotation en biens consommables. En même temps, les marchés proposent pour chacun de ces biens un prix, ce qui permet à chaque consommateur à partir de sa dotation et des prix proposés de décider s’il va consommer la totalité d’une catégorie de biens reçus ou s’il va offrir sur le marché certain bien pour en acquérir d’autres. Il suffira de remplacer … En quantité limitée, il y a donc des choix à faire, et le vecteur prix va être le reflet de ce phénomène de l’imitation et du phénomène associé de choix que vont faire les agents économiques. A. L’équilibre général de l’échange 10 Il n’y a qu’un agent à prendre en considération qui est le consommateur, qui reçoit une certaine quantité de biens pour une période donnée et il lui appartient de décider de l’usage de ces biens soit pour les consommer directement, soit pour les échanger contre d’autres biens qui seront eux consommer. On fait l’hypothèse qu’il existe des marchés relativement concentrés sur lesquels on peut offrir et demander des biens, l’information qu’il en découle est les prix proposés à un moment donné. Les consommateurs connaissent la quantité des biens qu’ils ont reçu en dotation et grâce aux prix ils savent qu’elle est le pouvoir d’achat qui résulte de cette dotation, ce qui va leur permettre de décider de leur position d’offreurs ou de demandeurs sur les différents marchés. Ces consommateurs ont une fonction d’utilité additive où la satisfaction tirée de la consommation d’un bien et d’un autre bien s’additionne pour donner la satisfaction totale tirée de cette consommation. Ces consommateurs libres de décider de leur attitude d’offreurs et de demandeurs, opteront pour celle qui leur assure le maximum d’utilité et de satisfaction en terme de consommation. On est dans un cadre simplifié, où Walras a pu montré que l’attitude des consommateurs pouvait être résumée par une règle simple : ils vont décider de la consommation des différents biens de telle manière que les rapport d’utilités marginale se trouveront alignés sur les prix relatifs qui résultent du vecteur prix proposé. 1. L’équilibre du consommateur - échangiste : o Pour une période une certaine quantité de biens disponibles (quantité positive ou nulle) : Qa, Qb, Qc, ... o Chaque consommateur a une fonction d’utilité simple additive des quantités consommées : U = U(qa) + U(qb) + U(qc) + ... o Un vecteur prix de marché annoncé : pa, pb, pc o Décision du consommateur : max U, rareté : la contrainte budgétaire. qa pa + qb pb + qc pc + .... = Qa pa +Qb pb + Qc pc + ... donc [(Qa-qa) pa + (Qb-qb) pb + (Qc-qc) pc + ...] = 0 Ce qui revient à maximiser V = U - λ [(Qa-qa) pa + (Qb-qb) pb + (Qc-qc) pc + ...]=0. o La maximisation exige comme condition de premier ordre l’annulation des dérivées partielles par rapport aux variables : qa, qb, qc... et δ V/ δ qa = dU (qa) / dqa + λ pa = 0 11 dU (qb) / dqb + λ pb = 0 dU (qc) / dqc + λ pc = 0 dU(qa)/dqa= u(qa) Sa décision de se porter offreur ou demandeur de ce bien résulte de l’ensemble des prix parce que c’est l’ensemble des prix qui figurent dans son équation budgétaire. Le vecteur prix détermine les quantités. 2. La formation de l’équilibre général d’échange pur Les rapports de prix proposés qui commandent les décisions d’offre ou de demande de biens. Il ne s’agit pas là de la loi de l’offre et de la demande, mais ce phénomène va donner lieu à un processus d’ajustement mais sur la base d’un vecteur prix, il va y avoir des formulations d’offre et de demande, sur chacun des marchés pris séparément il n’y a pas de coïncidence entre les offres et les demandes aux prix proposés. Ceci doit enclencher un système d’ajustement qui pose un certain nombre de problème à la fois conceptuel et pratique. Il y a une loi qui régule les opérations d’offre et de demande : Oi pi = Σ Di pi, c’est la loi de Walras, son application est immédiate. Si sur un marché « l », O>D, il y aura sur le marché « m », O<D. Il y a des déséquilibres sur tous les marchés, c’est pourquoi intervient le processus d’ajustement. Même s’il y a des déséquilibres il y a une certaine coïncidence quantitative entre une partie des offres et la totalité des demandes et inversement et on peut imaginer que des transactions soient réalisées tant qu’il y a compensation et il y aurait un reliquat d’offre et de demande selon les circonstances. Mais cela perturbe le déroulement théorique des marchés, dont le principe de concurrence, car les offreurs et les demandeurs cherchent à réaliser leur transaction de la manière la plus avantageuse possible. Si les offreurs voient une demande qui est très forte, il ne vendront pas au prix proposé car ils savent que des demandeurs acceptent de payer plus chers, inversement les demandeurs refuseront le prix proposé s’il y a un excès de vente par rapport à la demande, car ils sont conscient que certain vendeurs sont prêts à vendre moins chers. Le modèle walrasien propose alors la formule des transactions suspendues, en admettant qu’aucune transaction ne sera effectuée tant que l’équilibre ne sera pas atteint sur l’ensemble des marchés qui sont pris en compte dans l’équilibre général. 12 Vu que sur chaque marché il y a un déséquilibre il est nécessaire de modifier les conditions proposées dans l’espoir de s’approcher de l’équilibre, d’où la célèbre loi de l’offre et de la demande, on admet que chacun des prix vont varier en fonction de l’écart entre la demande et l’offre. La loi de l’offre et de la demande est reprise dans le modèle de l’équilibre général. On peut envisager ce qu’il va se passer sur chacun des marchés : - marché du bien « a » : à partir du déséquilibre, le prix va baisser jusqu’à atteindre le prix d’équilibre. Le système est tel que personne ne connaît le prix d’équilibre. Qa - marché du bien « b » : le prix va monter jusqu’à atteindre le prix d’équilibre. Qb - on constate que le marché du bien « a » n’est plus équilibré, l’offre et la demande ont varié à cause de la variation du prix sur le marché « b ». les offreurs et les demandeurs sur le marché du bien « a » avaient une fonction d’offre et de demande déterminer par les prix existants précédemment. Pa Qa - le marché du bien « c », pour l’équilibrer il faudra modifier le prix et le résultat sera que le marché du bien se trouvera maintenant déséquilibrer, car les conditions de l’offre et de la demande sont modifiées. 13 3. Portée et limites du mécanisme de l’équilibre général Peut on dire qu’à la suite de ces ajustements on est plus prêt de l’équilibre de chaque marché qu’avec le premier vecteur prix ? Mais c’est insoluble, c’est le problème de la convergence, on a démontré que les hypothèses dans l’équilibre général, il existait bien un vecteur prix qui assure l’équilibre simultané de tous les marchés. Mais on ne peut pas démontrer que selon des hypothèses raisonnables le système économique convergera vers l’équilibre. Cette question de convergence est importante, c’est un cas particulier du problème de la stabilité des équilibres. Le modèle élémentaire de Walras fait apparaître la notion d’équilibre stable et instable avec le risque d’un système économique instable. Il découle d’une réflexion sur le comportement des consommateurs. Le comportement d’offre de ces agents présentaient, jusqu’à un certains prix, un comportement normal consistant à accroître l’offre au fur et à mesure que le prix augmente. Donc au-delà d’un certain prix, l’offre d’un bien en quantité limitée, va se restreindre. Au fur et à mesure de la hausse de pb, le rapport : U (qb)/ U (qa)= (pb)/ (pa) est d’abord maintenu par le double processus de la hausse de u (qb), du fait de la diminution de la consommation de « b », et par la baisse de u (qa) au fur et à mesure de l’accroissement de consommation de « a » par le même agent. Mais avec l’effondrement de u (qa) lorsque pb augmente “trop”, la résorption du déséquilibre U (qb)/ U (qa) > (pb)/ (pa) exige une baisse de u (qb), c'est-à-dire une reprise, en hausse de la consommation, de (b), donc une réduction de son offre. U (qb) pb avec l’augmentation de qb et la baisse de u (qb), on retrouve U (qb)/ U (qa)= (pb)/ (pa). 14 P C A B Q La courbe d’offre de Walras Or cette forme d'offre crée naturellement des situations d'équilibres multiples et d'équilibres instables sur les marchés, au point A, tout écart à l'équilibre O = D éloigne de celui-ci pour rejoindre un prix plus élevé ou plus faible. La condition de stabilité s'établit directement : il faut que dO / dp > dD / dp or ici en valeur négative, l’offre diminuant plus que la demande, avec dp positif, l’inégalité est inversée. P Ob Ob qb 15 Bien qu’il s’agisse là de situations exceptionnelles, le problème de la stabilité est posé au niveau d’un ensemble de marchés inter reliés. Si le vecteur prix d’équilibre correspond à un équilibre instable, il n’y a aucune chance d’arriver à ce vecteur prix d’équilibre. Il s’agit d’un équilibre des consommateurs à partir d’une dotation en biens périodique, or ce n’est pas un exemple réaliste, c’est pourquoi il faut passer à un système où il y a une production. B. Equilibre général avec production L’intérêt de commencer l’analyse par l’équilibre de l’échange est qu’on a une situation relativement simple, car il y a une certaine incertitude d’atteindre l’équilibre général avec le vecteur prix. Dans le cadre de la production il est logique de rester dans un cadre périodique, l’ équilibre général avec production reconnaît l’existence au départ d’une certaine quantité disponible sur la période et on admet que les facteurs de production sont détenus par les agents consommateurs qui ont la liberté d’utiliser par eux même les facteurs de production ou de les offrir sur les marchés, cette offre concernant les agents producteurs spécialisés qui pour leur part demande ces facteurs de production afin de pouvoir offrir des biens et des services consommables. Quand les consommateurs achètent les produits ils achètent à travers ces produits les services producteurs et c’est pourquoi JB Say affirmait qu’en économie les services s’échangent contre des services à travers les produits fabriqués. Cette simplification n’est pas intéressante dans le cas présent, il y a une part des agents consommateurs qui détiennent une certaine quantité des facteurs de production et nous aurons des agents producteurs qui vont offrir des biens et des services consommables et qui se porteront demandeur des facteurs de productions nécessaires à la fabrication des produits. Si on veut qu’il y ait un afflux de la demande il faut supposer que les consommateurs comme les producteurs font des propositions des produits fabriqués. Cette simplification n’est pas intéressante dans le cas présent, il y a une part des agents consommateurs qui détiennent une certaine quantité des facteurs de production et nous aurons des agents producteurs qui vont offrir des biens et des services consommables et qui se porteront demandeur des facteurs de productions nécessaires à la fabrication des produits. Si on veut qu’il y ait un afflux de la demande il faut supposer que les consommateurs comme les producteurs font des propositions d’offre et de demande sur les marchés pour l’ensemble de la période avenir. Ces offres et ces demandes demeurent virtuelles tant que l’équilibre général n’est pas atteint, tant que les offres et les demandes ne se trouvent pas équivalente sur tous les marchés à la fois. Il est étrange qu’ils vendent des produits qui n’existent pas encore mais 16 le plus intéressant est que les consommateurs dans la mesure où ils font des opérations virtuelles basent leur demande sur des recettes virtuelles, qui résulte de leur décision d’offrir des facteurs de production au prix proposé par les marchés, sans qu’au départ ils aient la certitude que ses offres rencontreront des demandes équivalentes. Il y a des projets qui sont ainsi présentés sur les marchés en particulier les demandes que font les consommateurs sur ces marchés sont fondées sur des revenus qu’ils anticipent, des revenus en projet et non pas sur des revenus effectifs. D’où l’opposition quasi doctrinale entre l’approche néoclassique et l’approche de Keynes, les consommateurs sont soumis à une contrainte budgétaire pour les néoclassiques, alors que chez Keynes ils sont soumis à une contrainte de revenus effectifs. Ce qui va se traduire par une divergence importante dans les situations de déséquilibre, tel que les néoclassiques d’une part et Keynes d’autre part les envisagent. 1. Le comportement du consommateur adapté à la production Un consommateur type a une fonction d’utilité totale, dans laquelle figurera tous les produits consommables (A, B, C…) on va faire figurer les services facteurs de production dont on va admettre que les consommateurs ont le choix de les utiliser pour eux-mêmes ou de les offrir sur le marché. On retrouve le même principe que dans l’équilibre de l’échange car les consommateurs ont une dotation en biens de consommation. Ce qui va le décider à réaliser ces offres et ces demandes c’est le souci de maximiser sa fonction d’utilité sous contrainte budgétaire et nous avons également que cette maximisation sera réalisée lorsque le rapport des utilités marginales de ces biens consommables ou des ces services facteurs consommés seront deux à deux dans le même rapport que les prix proposés par le vecteur prix, sur l’ensemble des marchés. Max U (qa,qb,qc…,q1,q2…) sous contrainte budgétaire Demande offre qapa+qbpb+qcpc+…= o1p1+o2p2+…+(π) qa(pa,pb,pc,…,p1,p2…) qb(pa,pb,pc,…p1,p2…) qc(pa,pb,pc,…,p1,p2…) o1 (pa, pb, pc,…, p1, p2…) o2 (pa, pb, pc,…, p1, p2…) Offre : (1) (2) 17 Dotation : Q1-q1 Q2-q2 Les néoclassiques admettent que les consommateurs ont le choix entre le travail offert à l’extérieur et le temps de travail conservé pour eux même. 2. Le comportement du système productif Walras : on considère que les agents productifs sont soumis à une concurrence forte ce qui fait qu’en permanence il se trouve dans une situation d’équilibre tel qu’ils ne font ni profit ni perte. Il faut rappeler que les agents productifs ne possèdent aucun actif au départ et tous sont entre les mains des consommateurs et ils vont donc louer ces actifs pour en obtenir des services productifs de même qu’elles vont louer la force de travail des agents consommateurs pour obtenir ces éléments. On suppose l’existence de coûts constants de production, c'est-à-dire que l’accroissement de production pour un agent producteur se fera avec les mêmes quantités de travail de capital que les éléments antérieurs de production. Les coûts unitaires sont constants, les coûts marginaux sont égaux aux coûts moyens. Entre temps, Cournot a proposé en 1838 une autre interprétation de l’agent producteur dans laquelle l’équilibre s’exprimait non pas par l’absence de profit ou de perte, mais par une maximisation du profit sous contrainte des prix pratiqués sur les différents marchés et des conditions techniques de production. Il y a cependant une obligation : pour tous les producteurs le coût des unités supplémentaires produites est plus élevé, plus la production augmente plus le coût marginal est important. C’est étrange car il y a une baisse des coûts de production des biens ordinaires, or l’hypothèse est inverse. A court terme les producteurs sont face à des techniques existantes et dans ce cas les coûts marginaux immédiat sont croissants tout en admettant qu’à long terme les coûts unitaires vont diminuer et on aura ainsi une succession de période à l’intérieur de chacune de ces périodes où les coûts marginaux sont croissants, mais d’une période à l’autre les coûts moyens et les coûts marginaux se trouvent réduits. Il y a un producteur type dont le comportement est finalisé par la maximisation du profit, il dispose comme les consommateurs d’une information sur les marchés, qui est représenté uniquement par le vecteur prix. Le consommateur est doté d’une fonction d’utilité et le producteur d’une fonction de production qui définie les conditions techniques dans laquelle il va produire le bien. 18 Yb= fb(d1,d2) (production offerte) = demande (1) demande (2) δyb/δd1= f’b1 (d1,d2) yb= fb(d1,d2,K) π= ybpb- C C= d1p1+d2p2+K Π= pb fb (d1,d2) – p1d1 – p2d2 – K. à maximiser. Il y a deux variables sur lesquelles le producteur à une possibilité de décision et une productions, de les réduire tous les deux, de les augmenter tous les deux… Ce faisant il va agir de manière automatique sur la production réalisée s’il augmente sa demande des deux facteurs de production, cela signifie qu’il va accroître son offre de bien et inversement il diminuera son offre. S’il augmente un des deux facteurs, ses gains seront de moins en moins élevés mais contrairement à la fonction de Cobb Douglas si le producteur augmente simultanément sa demande des deux facteurs l’accroissement de production par facteurs sera plus faible que par facteurs déjà réalisés. Il y a un accroissement de ces coûts de productions à la marge alors même que le vecteur prix reste identique, la fonction est maintenant non homogène bien qu’elle soit de degré 1. Le producteur n’à pas le pouvoir de fixer les prix en concurrence indéfini, c’est un preneur de prix tout comme le consommateur et c’est pourquoi il ne peut que faire des offres et des demandes sur la base des vecteurs prix qui lui est annoncé. Pour lui il joue sur deux variables en réalité, les conditions de maximisation se résume à une annulation des dérivées partielles premières donc il doit arriver à établir une situation où les dérivées par rapport à chacun des facteurs séparément sont nulles. Π= pbfb(d1,d2) – p1d1- p2d2 –k δπ/δd1= pbf’b1-p1=0 pbf’b1=p1 δπ/δd2=pbf’b2- p2=0 pbf’b2=p2 f’b1/f’b2=p1/p2 De même que le consommateur déterminer sa position d’offreur de service et de demandeur de bien à partir du vecteur prix, de la même manière le producteur détermine 19 son offre de bien et sa demande simultanée de facteur sur la base du vecteur prix énoncé, la différence est que chaque producteur retient en ce qui concerne les biens le prix des biens dont il réalise la production alors que le consommateur prend en compte l’ensemble des prix de ces biens pour décider de la demande de l’un d’entre eux ou de son offre de service facteurs de production. Au niveau du producteur il y a des conditions de second ordre pour qu’il s’agisse d’une maximisation, le profit va décroître au fur et à mesure de l’augmentation de d1 et d2, pris séparément, il faut que le profit décroisse lorsqu’il y a une augmentation simultanée de d1 et d2. il faut que les coûts marginaux soient croissants globalement avec la production et avec l’augmentation de chacun des facteurs. Yb=f (pb, p1, p2…) D1= g (pb, p1, p2…) D2= h (pb, p1, p2…) Il n’y a pas réellement de profit et les prix vont s’aligner, on a d’un côté le consommateur type qui détermine sa demande sur la base du vecteur prix et qui simultanément détermine son offre de service facteur de production sur la base de ce même vecteur prix. Ce comportement étant contrôlé par le principe de maximisation de l’utilité sous contrainte budgétaire. Le vecteur prix étant énoncé le consommateur exprime une demande de bien consommable et une offre de service facteurs de production. D’un autre côté sur la base de ce même vecteur prix, les entrepreneurs expriment leur offre de bien et simultanément leur demande qui leur permettront de réaliser la production des biens. En principe ce comportement est contrôlé, régulé par la recherche du maximum de profit sous contrainte de la technique de production, de la fonction de production. La situation de marché est similaire à celle du mécanisme général d’échange, il y a des offres pour ces même biens et services et on retrouve la même situation en ce qui concerne les marchés de services de production, il y a les offres des consommateurs et les demandes des producteurs qui vont développer dans la suite leur production. Il n’y a pas de raison pour que les offres et les demandes soient équilibrées, le vecteur prix est énoncé sinon au hasard sur la base d’information ancienne, les conditions de la production et de la consommation sont probablement différentes et il va y avoir un déséquilibre entre l’offre et la demande sur chaque marché au prix énoncé. Par rapport à la situation du mécanisme de l’échange il y a une différence sensible c’est qu’on a deux types de marchés qui sont inter reliés, le marché des services facteurs de production et le marché des biens et services produits. Si on regroupe chaque catégorie de marché, on doit s’attendre à ce que le déséquilibre existant sur une catégorie de marché 20 ait pour contrepartie un déséquilibre de sens contraire sur l’autre catégorie de marché. Dans l’hypothèse simplificatrice où il n’y a pas de profit, et que s’est repartie entre les facteurs de production, il existe une liaison très stricte entre les marchés qui exprime les lois de Walras se traduisant par cette inversion de solde positif ou négatif entre les marchés. Marché des biens et services Demande des consommateurs + 0 Offre des producteurs marché des services facteurs (P) - offre des consommateurs 0 + demande des producteurs C'est l'effet de la contrainte budgétaire : Σ DP = Σ OP. On retrouve dans le cadre de la production la même règle que dans le cadre de l’échange pur, il y a toujours au moins deux marchés qui connaissent des déséquilibres de sens contraires mais ce qui était anodin dans le cadre de l’échange peut être plus important dans le cadre de la production, car ces déséquilibre donne au mécanisme de production une capacité d’autorégulation qui amènera les producteurs à adapter en permanence l’offre à la demande aussi bien sur le marché des biens et services que sur le marché des services facteurs de production. Cette réaction des producteurs est complétée par celle des consommateurs dont la réaction va dans le même sens. Ce double mouvement des prix les amène à accroître leur production à travers une demande supplémentaire de services facteurs de production. Ces deux réactions vont dans le sens d’une correction du déséquilibre, il y a plus de produits pour répondre à la demande, plus de services facteurs demandés. La réaction des consommateurs, la hausse du prix des produits réduit leur demande de bien et la baisse des rémunérations de services facteurs réduit leur offre de ses services et ces deux mouvements de réaction semble aller dans le sens d’un retour à l’équilibre sur les deux marchés simultanément. On a un mouvement de réaction des agents économique qui se fait sur deux marchés à la fois et qui dans les deux cas semble aller dans le sens d’un retour à l’équilibre. Si on prend le déséquilibre inverse on voit un excès d’offre sur le marché des biens et des services parce que le prix des biens est trop élevé et que le prix des services facteurs est trop faible pour assurer l’équilibre. 21 Au niveau du système productif la variation du vecteur prix sur la base des déséquilibres enregistrés doit permettre un retour rapide à l’équilibre, de dégager rapidement le vecteur prix d’équilibre. Il s’agit cependant d’une impression convergence vers l’équilibre. Ces réactions prenant naissance sur deux marchés à la fois assure un mouvement puissant de rééquilibrage qui donne confiance aux économistes libéraux quant à la capacité d’autorégulation ou de se maintenir à l’équilibre pour le système économique fonctionnant exclusivement à travers les marchés. Il faut remarquer qu’en fait le seul instrument de coordination retenu c’est le vecteur prix qui diffuse une information à la fois aux producteurs et consommateurs et qui modifie cette information pour révéler aux agents économiques le sens des déséquilibres constatés et pour les inciter à modifier leur attitude de façon à aller vers l’équilibre général des marchés. Les premiers keynésiens ont été formés à la théorie néoclassique et connaissent ces mécanismes de rééquilibrage. Les théoriciens ont perdu ce contact. Il faut prouver que le rôle du vecteur dans le rééquilibrage de l’économie ne sera pas suffisant. Il ne jouera pas ou jouera d’une manière tel que les déséquilibres seront aggravés au lieu d’être corrigé par le mouvement des vecteurs prix. C. L’argumentation de la théorie générale contre l’équilibrage néoclassique Comme les investisseurs sont des gens caractériels ils leur arrivent de se sentir déprimés à l’égard du futur et de réduire le montant de leur investissement ce qui par le jeux du circuit aboutit à réduire le montant de la demande globale et du produit national, cette réponse suffit aux keynésiens postérieurs, mais pas aux premiers keynésiens qui sont conscient que le mécanisme néoclassique pourrait permettre par le jeux de l’offre et de la demande sur les différents marchés, s’il y a une baisse de l’investissement cela se traduit par une diminution de la demande de bien produit dans l’économie ; et cela va se traduire par une baisse du prix des biens et aussi par une baisse du prix des services facteurs de production lorsque les producteurs décideront d’employer moins de ces services facteurs de production. Mais il faut réintroduire le jeu des marchés financiers et que cela va entraîner dans un premier temps une demande excédentaire de titres de la part des 22 épargnants auxquels on proposera moins de titres de financement car il y aura moins de financements à financer. Cela devrait être une baisse du taux d’intérêt à long terme, qui peut se poursuivre jusqu’au moment où les investisseurs constatent que du fait de la baisse du taux d’intérêt ils peuvent reprendre leur programme d’investissement même si leurs perspectives de profits sont réduits. Si le rééquilibrage a lieu, le niveau de l’investissement retrouve ce qu’il était antérieurement et tous les marchés se trouvent rééquilibrés, le choc initial a été amortie et s’évanouie par le retour à une situation d’équilibre. Le vecteur prix représente un obstacle à l’argumentation keynésienne selon laquelle la solution va consister dans une décision d’investissement public pour compenser l’investissement privé. Le rééquilibrage n’aura pas lieu car la baisse des taux d’intérêt ne se produira pas car l’attitude spéculative des détenteurs de titres à revenus fixes fasse à une baisse du taux d’intérêt reste convaincu que le taux d’intérêt existant intérieurement va se rétablir et qu’il faut donc profiter de la baisse actuelle du taux d’intérêt qui valorise les titres existants pour vendre massivement ses titres dans l’intention de les racheter lorsque les taux d’intérêt seront remontés et que les titres revendus pourront être racheté moins chers. Ce comportement est la formation d’une demande spéculative de monnaie, la conversion des titres en monnaie va figer sous forme monétaire la valeur temporairement plus élevée de ces titres et on pourra ultérieurement en racheter avec cette monnaie une plus grande quantité. Baisse de l’investissement baisse de l’émission de titres pour financer cet investissement demande excédentaire de titre baisse du taux d’intérêt. La seule pression en baisse du taux d’intérêt suffit pour ramener les détenteurs de titres anciens à les offrir massivement sur les marchés financiers et cette offre massive fait contrepartie aux demandes excédentaires de titres qui avaient tendance à se manifester, ce qui maintient l’ équilibre du marché des titres à revenu fixe, la demande excédentaire de titre disparaît et il se dégage une demande excédentaire de monnaie sous forme de demande de monnaie spéculative, le résultat est que le taux d’intérêt ne baisse pas réellement, les investisseurs n’ont donc aucune raison de relever leur demande d’ investissement et cette baisse de la demande de bien produit va maintenant s’imposer à l’ensemble de l’économie, il va y avoir une moindre demande de service de production donc il y aura moins d’emploi en particulier, les travailleurs et employés demanderont moins de biens consommables. Peu à peu les producteurs vont réduire leur production de biens de consommations et d’investissement et l’économie reviendra à l’équilibre sauf sur un marché, qui est le marché du travail où on enregistrera une offre excédentaire de travail et le 23 système général keynésien va donc présenter cette particularité de manifester un équilibre sur tous les marchés sauf un seul qui est celui du travail. Phases Travail Biens de Biens Titre à Monnaie consommation d’investissement revenu fixe spéculative 0 0 0 0 0 0 1 0 0 - + 0 2 0 0 0 0 0 2 0 0 - 0 + 3 - - - 0 + 4 - 0 0 0 0 Rééquilibrage néoclassique : on applique la loi de Walras. Rééquilibrage keynésien : on applique la loi de la fonction de consommation qui dit que la somme des demandes en valeurs des consommateurs est en fait déterminée par la somme des revenus perçus par les agents économiques. Avec D-Of > O | (+) D-Of < O | (-) D-Of = O | (O) Dans l’optique néoclassique s’il y a un excédent d’offre sur le marché du travail, cela veut dire que les agents consommateurs planifient simultanément une demande équivalente en valeur à leurs offres parce qu’ils ne sont pas contraints par la situation effective de l’emploi. Leur demande est plus forte que dans le cadre keynésiens et il doit apparaître un excédent de demande sur le marché des biens de consommation qui décide les producteurs à réajuster leur production à la hausse et donc à résorber le sous emploi virtuel enregistré par le marché du travail. Dans le cadre keynésien les consommateurs n’ont pas la faculté de faire des demandes virtuelles sur la base de l’offre de travail ils doivent attendre d’être employés pour pouvoir exprimer une demande qui sera financée par les revenus effectivement perçus. Si les producteurs ont réduis la production, les revenus des consommateurs se sont trouver également réduis et leur demande de bien de 24 consommation se trouve à son tour réduite, à un niveau qui est à peu près celui décidé par les producteurs pour les biens de consommation. C’est ce qui explique qu’il y ait possibilité que le marché des biens de consommation soit en équilibre alors que le marché du travail est en situation d’offre excédentaire. C’est la différence entre la contrainte budgétaire qui pèse sur les consommateurs néoclassiques et la contrainte des revenus keynésienne qui ne laisse aucune liberté aux consommateurs, car celui-ci doit limiter sa consommation sur la base du revenu effectivement perçu. Le système de déséquilibre keynésien limité désormais au marché du travail semble dans une optique néoclassique susceptible de générer des forces de réaction qui sur la base d’un examen superficiel pourrait conduire à un rééquilibrage assez lent mais progressif du système économique keynésien. Sur le marché du travail, il y a une offre excédentaire dont le prix affiché par ce marché doit diminuer le travail sera moins rémunéré or les entrepreneurs keynésiens sont également des agents maximisateurs : une baisse de la rémunération des services facteurs de production devrait les amener à accroître la production et donc l’emploi. Sur le plan du salaire les salariés ont une vision de l’avenir : le salaire en monnaie versé constitue un minimum absolu qui n’a aucune raison de diminuer dans l’avenir et ils refusent donc avec beaucoup d’énergie toute baisse de ce salaire nominale et s’ils acceptaient une baisse temporaire il y aurait pour eux une perte de revenus irréparable. Le seul marché en déséquilibre où des changements pourraient être générés par ce déséquilibre a un prix qui est strictement bloqué à la baisse et donc l’offre excédentaire sur ce marché n’entraînera pas de baisse du niveau du prix et donc il n’est pas question que ce mouvement provoque un retour à l’équilibre. il n’est pas souhaitable que le salaire nominale baisse, il faut trouver un autre recours : politique keynésienne traditionnelle ( gonflement de la demande globale, si l’accroissement de la demande globale provoque une hausse des prix, cela réduira le salaire réel des travailleurs, ce à quoi ils ne s’opposeront pas, mais pour les producteurs la hausse de leur produit et le maintient de leur salaire vont constituer une forte hausse de l’emploi et de la production et donc un retour à l’ équilibre). Ils ont mis l’accent au départ sur une théorie de la croissance fondée sur l’accumulation de capacité productive. Cette approche avait pour but de trancher et d’éclairer l’action de la politique économique. La capacité d’offre est censée se concrétiser par des demandes adressées aux producteurs par les agents consommateurs. L’équilibrage qui doit se faire entre l’offre et la demande, le vecteur prix doit pouvoir être modifié en permanence pour que l’équilibre soit maintenu. 25 Le libéralisme a été confronté à des crises dont la grande crise des années 30, d’où sera formulée la théorie générale de Keynes qui propose une critique du mécanisme d’ajustement et d’un remède pour sortir de cette crise. La position de Keynes et des premiers keynésiens à l’égard du modèle classique est nuancé, on admet que le modèle classique peut très bien fonctionner s’il y a un ajustement souple du vecteur prix mais que dans un certain nombre de cas il ne peut pas avoir lieu et il y a deux situations caractéristiques : quand les salaires devraient baisser en terme nominaux ce qui est impossible pratiquement et…. La théorie générale propose des remèdes qui n’ont pas vocation à être permanent pour sortir des conséquences déprimantes de ces blocages, elle propose une relance par la dépense publique d’investissement. Chez Keynes comme chez Hicks une fois le déblocage réalisée l’économie peut fonctionner sur une base libérale traditionnelle par le jeu du vecteur prix et de l’investissement privé si une nouvelle crise réapparaît. C’est une position nuancée et mal comprise par les disciples antérieurs à Keynes. Selon Churchill quand il y a deux économistes dans une pièce, il y a deux opinions différentes. Quand il y a Keynes parmi les 2 économistes il y a trois opinions différents. L’économie moderne est une économie dont les rigidités sont inévitables, le vecteur prix ne joue plus le rôle d’ajustement, on envisage comme permanent une politique keynésienne de stimulation de la demande globale, cela revient à admettre qu’il faut un déficit permanent des finances publiques. Quand il y a une croissance effective des revenus nationaux la dette publique globale reste un peu près au même pourcentage du produit national. Les choses se détériorent quand la croissance économique se ralentit alors que les déficits censés être stimulant s’accroissent et il y a des dépenses de plus en plus fortes pour assurer le paiement de la dette. Dans une telle situation on ne peut plus maintenir cette politique du déficit permanent car l’accumulation de la dette devient insupportable pour les finances publiques. L’approche keynésienne est en crise. La première grande crise de l’approche keynésienne se situe dans les années 70 quand la croissance économique est bloquée par les chocs internationaux et en même temps des tensions inflationnistes de plus en plus fortes, le modèle keynésien n’est plus applicable il faut donc trouver autre chose pour faire face aux crises qui perturbent cette économie moderne. D. L’avènement de la nouvelle doctrine classique et la libéralisation du vecteur prix 26 C’est un mouvement intellectuel minoritaire qui va prendre une importance politique avec la venue au pouvoir de Mme Thatcher et de Reagan, entourés de conseillers économiques qui prônent la nouvelle doctrine classique et le mouvement sera amplifié d’une manière extraordinaire avec la chute du mur de Berlin qui sera interprétée comme le succès de l’économie classique traditionnelle face à l’économie organisée sur une base socialiste au sens large. En 1989, on aura le retour à Adam Smith. Pour qu’une économie fonctionne, il faut le bon sens élémentaire d’Adam Smith fondé sur le jeu de la concurrence, de l’offre et de la demande, fondé sur le libre jeu du vecteur prix. On se rend compte que dans la plupart des pays développés le vecteur prix a été bloqué progressivement par le fait des maxima de prix établis au début de la seconde guerre mondiale et qui subsiste dans beaucoup de pays. Une multitude de monopole privé et public de l’imitation syndicale de l’entrée dans certaines fonctions. Il y a des blocages institutionnels jugés peu important dans le cas de la doctrine de la demande globale, mais maintenant inadmissibles dans le cas d’une approche de l’offre fondé sur la souplesse du vecteur prix. L’action la plus spectaculaire sera le démantèlement de monopole privé, syndicaux, professionnels qui entraîneront des crises socio politiques importantes mais qui seront menées jusqu’au bout. Il devient évident que le seul régime normal de gestion des prix c’est la libre détermination des prix dans le cadre d’une économie de marché, de concurrence… il faut remarquer que l’arrière plan de ces décisions est aussi important que l’aspect doctrinal, les pays développés sont soumis à la concurrence des nouveaux pays industrialisés où il y a une nouvelle réglementation des prix et où l’état ne souhaite pas intervenir dans ce domaine. Le sentiment d’adaptation et de réorientation et seule la liberté de gestion des entreprises aux niveaux des prix peut assurer cette adaptation. Cette souplesse du vecteur prix est prolongée par le vecteur monétaire. Les néo keynésiens admettent que l’on est revenu à un système de vecteur prix relativement souple, la question du vecteur prix se réglera extrêmement vite. Mais en ce qui concerne les autres aspects de la nouvelle école classique on sent contredire la logique libérale traditionnelle en affirmant que la première démarche politique consiste à baisser le taux de la fiscalité pour permettre aux agents économiques potentiellement investisseurs d’orienter plus librement leur investissement sur la base de ressources plus abondantes. Cette abaissement de la fiscalité n’étant pas compensé par une baisse de la dépense publique qui continue a s’accroître ce qui génère un déficit important mais dont la nouvelle doctrine de l’offre pense qu’il est transitoire parce que l’accroissement des capacités de productions qu’il va en résulter va provoquer un accroissement important du produit national donc les recettes fiscales induites, donc un comblement progressif du déficit public. L’effort demandé consiste à accepter un accroissement immédiat et important du 27 déficit public mais comme il résulte d’une baisse de l’impôt sur les épargnants et les investisseurs elle devrait générée un accroissement du produit national qui découle de l’extension de la capacité d’offre liée à l’investissement. Il s’agit d’une politique qui ressemble à une politique keynésienne, l’important est l’importance du déficit comme stimulant l’activité car la baisse de la fiscalité n’entraîne aucun accroissement de l’épargne et de l’investissement et c’est donc avant tout l’accroissement de la consommation privé qui semble tirer la croissance économique dans un cadre de demande globale. Les autorités républicaine se rallient à un modèle de demande globale qui se distingue du modèle keynésien traditionnel aux EU du fait qu’il est associé à une libération du vecteur prix donnant une grande liberté de réaction aux entreprises, le succès relatif de ce modèle est interprété comme un succès d’une stimulation de l’économie par la demande globale associée à une grande liberté de réponse pour les entreprises qui peuvent à volonté réorienter leur production en fonction des orientations de la demande globale et de ses composantes. On retrouve l’inconvénient majeur de cette politique qui est l’accumulation de dettes publiques se manifestant dans un cadre libéralisé par une forte hausse des taux d’intérêt qui menace à terme l’investissement notamment dans le secteur immobilier. Cela aboutit à une réaction de la part du parti puis du gouvernement démocrate consistant à mettre en place une politique plus classique qui rompt avec la tradition keynésienne du parti démocrate américain sur plusieurs points. E. La politique d’excédent budgétaire et la prise en compte des marchés financiers. Cette politique a pris le nom de Rubinomics pendant un certain temps, elle est devenue la politique officielle d’un grand nombre d’états développés, comme le Canada, l’Espagne, la Finlande, l’Irlande… Rubin consiste à prendre en compte le comportement des marchés financiers qui ont pour fonction d’anticiper sur l’évolution des taux d’intérêt et qui face à des déficits très importants des finances publics anticipait le maintien de taux d’intérêt très élevé mais pourrait également anticiper avec des phénomènes de crises sur les valeurs publics. Sa politique consiste à relever la fiscalité sur les revenus les plus élevés et à limiter l’accroissement des dépenses publiques ce qui a été interprétée comme une politique 28 menant à la récession économique en interprétant la demande globale. Le résultat a été une croissance économique forte d’une dizaine d’années avec une forte réduction de sous emploi et des taux d’intérêt de plus en plus réduits avec une perspective d’excédent budgétaire de plus en plus important dont l’anticipation de la disparition de la dette publique au bout d’une quinzaine d’années. L’efficacité de cette politique de l’offre aboutit à une politique de même genre dans d’autres pays avec un succès comparable. Avec les perspectives d’équilibre, la confiance se rétablie sur les marchés financiers, on anticipe une baisse durable des taux d’intérêt et donc sur cette base l’investissement productif peut être très développé, aucune crise financière n’étant en perspective dans l’horizon économique. C’est un modèle de sécurité le monde actuel est caractérisé par l’incertitude des événements avenir, la démarche logique des responsables économiques consistent à créer des situations aussi sûres que possibles où l’équilibre budgétaire est un peu près établi, où il peut y avoir un léger excédent ce qui permettra d’intervenir lorsqu’il sera nécessaire quand les budgets publics auront retrouvé leur marge d’intervention et dans l’immédiat ce retrait de la demande publique sur les marchés financiers permet d’établir des taux d’intérêt faible à long terme qui favorise l’investissement des entreprises dans les moyens de productions et des ménages dans l’immobilier. On a une confusion entre les optiques de l’offre et de la demande, et l’intervention d’un troisième élément : les marchés financiers en tant qu’organisme de régulation jouant sur l’ensemble de l’économie. L’intégration des marchés financiers au modèle économique se révèle particulièrement difficile parce qu’on ne voit pas de fonction simple même abstraite reliant soit les modèles de l’offre soit de la demande au marché financier en tant que tel. Ce modèle ayant dominé toute l’antiquité reprise en parti par les mercantilistes ne s’est pas réellement intégré à la macroéconomie moderne élaborée au 18ème siècle sous forme d’une théorie de l’offre, puis celle élaborée dans le cadre keynésien de la demande globale. Keynes a le plus traité le rôle mais plutôt sur un plan négatif, la présence des marchés financiers est selon lui une cause de paralysie de l’économie car il bloque des variables essentielles au retour à l’équilibre. La macroéconomie est en difficulté sur le plan de la conceptualisation, mais il y a un domaine dans la théorie de l’offre qui a connu une percée fulgurante. III. Une nouvelle approche par l’offre : la croissance endogène 29 Chez les néoclassiques comme chez les classiques la seule variable endogène de la croissance est l’accumulation du capital grâce à l’épargne, mais comme le capital n’est qu’un élément des facteurs de production à coté du travail, l’accumulation du capital ne peut pas à elle seule soutenir une croissance à long terme car sa productivité doit décroître au fur et à mesure que le capital s’accumule. En théorie il faudrait que la force de travail croisse à un rythme similaire pour que la croissance soit soutenue, mais il n’y a aucune raison pour que le travail augmente à ce rythme dès lors qu’on abandonne la conception classique selon laquelle le capital en s’accumulant générait un accroissement de la force de travail, un mécanisme qui peut prendre le nom de la loi de Malthus. Comme le capital à lui seul ne peut pas générer la croissance et que cette croissance continue, il faut croire qu’il y a un facteur complémentaire qui permet de maintenir, de faire progresser la productivité du capital, en absence d’accroissement de la force de travail. Selon Solow et Donisson, la croissance à long terme est avant tout le résultat du coefficient A de la fonction de Cobb Douglas qui augmente progressivement et d’une manière extérieure en tant qu’élément exogène à l’intérieur de la fonction de Cobb Douglas. Pour des raisons vagues c’est vers le milieu des années 80 que la macroéconomie reprend cette question est s’efforce d’expliciter le jeu du coefficient A, de façon à rendre compte de la croissance à long terme qui avait repris après une phase d’arrêt à la fin des années 70. l’explication de Solow et Donisson consistait à voir le coefficient A comme exogène, l’économie bénéficiait d’une accumulation de connaissance de la recherche appliquée et grâce à ses apports réguliers elle pouvait augmenter en permanence la croissance des facteurs dont le capital. On découvre un mécanisme endogène dans chaque économie qui provoquerait un processus sur lequel on pourrait agir pour accélérer la croissance économique. Cet effort d’endogénéisation peut paraître un progrès théorique, mais en pratique l’aspect exogène paraît plus réaliste et cela amène à raisonner comme si la fonction de Cobb Douglas bénéficiait d’apports extérieurs périodique qui renforcent le niveau du coefficient A. Cette approche de la croissance endogène transforme radicalement les conceptions doctrinales liées au côté de l’offre. en effet dans la plupart des pays, les éléments pris en compte dans le coefficient A relève d’un financement essentiellement public qu’il s’agisse de l’éducation, de la recherche, de la santé… La croissance économique à long terme exige qu’il y ait une part suffisante de la dépense publique orientée vers l’enseignement, la recherche et la santé générale de la population. Ces éléments n’ont rien de révolutionnaire dans le sens où toutes les civilisations ont eu le sentiment qu’elles avaient changé la société humaine grâce à l’obtention de connaissances. 30 A. Conceptualisation historique Il y a eu un changement fondamental au passage de la cueillette et de la chasse à l’agriculture. La plupart des sociétés ont considéré que ce changement avait un caractère exogène soit des sur hommes soit des dieux ont fourni à l’humanité les techniques nécessaires pour passer à l’agriculture et à l’élevage. Il y a un type de philosophie qui a pris parti pour un facteur endogène c’est l’épicurisme qui a déclaré que les découvertes techniques découlent des expériences. On constate que la question de la croissance endogène fondée sur la connaissance a été traitée d’une manière approfondie et par deux auteurs surtout Josiah Tucker et Condorcet. Tucker un pasteur protestant pense qu’il y a une providence divine qui régie le fonctionnement de l’économie comme l’ensemble du monde. Il pose la question suivante : est ce qu’un état développé peut supporter la concurrence d’un état plus pauvre ayant la même dotation en facteur naturel en particulier au niveau du prix où l’état pourra vendre ses produits agricoles et industriels ? il pense aux relations commerciales entre la France et l’Angleterre. Tout le monde est convaincu en Angleterre que la mise en relation commerciale entre les deux états se fera au détriment du pays le plus développé qui cessera de vendre ses produits industriels et qui sera victime de la concurrence des produits agricoles du pays moins développé. L’existence de droit de douane très stricte accompagné de subventions à l’exportation de produits agricoles anglais. En réalité c’est le pays développé qui a les meilleurs atouts dans la concurrence entre les deux nations. C’est lui qui va continuer à se développer le plus vite. C’est un état riche grâce à son activité, donc il a une longue expérience agricole et industrielle, il dispose d’agents économiques expérimentés et il dispose d’équipement en infrastructures industriel de transport, il a une très bonne productivité dans les différents secteurs à la suite de sa longue expérience dans les différents domaines de production. Mais cet état acquis une capacité à inventer de nouveaux procédés, de nouveaux produits, et cette capacité ne fera que de se renforcer dans l’avenir ce qui lui donne une avance considérable sur le pays le plus pauvre à cet égard. Ceci se complète par la capacité financière et intellectuelle pour investir, domaine important dont le revenu n’apparaît qu’à long terme. Le pays pauvre a lui besoin de revenus immédiat à ces investissements. Les salaires de la recherche sont plus élevés dans le pays riche ce qui incite à la venue dans ce pays des personnes les plus capables en 31 provenance du pays pauvre ce qui donne un avantage considérable en terme de potentiel humain. Dans le pays riche il y a une demande élevée et relativement stable pour les produits essentiels, ce qui a permis au producteur d’établir des unités de production bien organisée et caractérisée par une division efficace du travail. Le pays riche grâce à l’étendue du marché est en situation de concurrence entre ses propres producteurs qui se disputent un marché étendu qui vaut la peine d’être exploité, alors que dans le pays pauvre il y a des monopoles de productions qui sont contraire à une bonne organisation de celleci à cause du manque de débouchés. Le pays riche à une production riche et croissante et les prix sont nettement plus faibles pour cette production que le pays pauvre où les salaires sont plus bas et où la productivité est beaucoup plus faible que dans le pays riche. Ce raisonnement est tenu avant la révolution industrielle. La révolution industrielle caractérisée dans le machinisme semblera réduire le rôle de la connaissance de la capacité humaine en générale dans la production et elle tend à donner au capital le rôle dominant dans la productivité et dans la croissance économique. Le rôle de Condorcet met l’accent sur les notions d’innovation qui lui paraît caractériser l’évolution moderne de la production et qui est le résultat de l’application aux activités productives de la recherche scientifique fondamentale et cette tendance à l’innovation peut être accélérée par le développement de l’éducation publique et le développement des dépenses publiques dans le domaine de la recherche. Il souhaite un engagement plus marqué de l’état dans la recherche afin d’accélérer la diffusion de cette recherche et donc de la croissance économique car il est hostile à tous les monopoles notamment de la propriété intellectuelle qui avait la forme mercantiliste du brevet d’invention. Selon JB Say, 3 agents interviennent dans la production : savant, entrepreneur et ouvrier. - le savant propose des techniques - l’entrepreneur adapte les techniques - l’ouvrier utilise les techniques. Le savant bien qu’essentiel est le moins bien payé car les idées qu’il produit peuvent être aisément reproduites grâce à l’imprimerie notamment. Chez les auteurs du 18ème siècle, il y a une conviction généralisée du rôle de production dans la science et les découvertes techniques, ces idées banales et répandues vont s’effacer dans l’analyse économique pour être redécouvertes comme une nouvelle approche au milieu des années 80. 32 Walras distingue deux types de progrès dans l’économie de production, il y a le progrès économique qui résulte de l’accumulation du capital, c’est l’élément endogène à la croissance économique, cela se fait en remplaçant progressivement des doses de travail par des doses de capital de façon à étendre en permanence la production. L’autre progrès amené par la science réduit en permanence les coefficients de travail et de capital nécessaire pour réaliser l’unité de production. Cet élément n’est pas traité par l’analyse économique, c’est un élément exogène qui vient modifier régulièrement les coefficients techniques, mais la science économique n’a rien à dire d’important à ce sujet. Chez Walras le progrès technique existe mais en même temps il n’est pas intégré à l’analyse économique et disparaît du raisonnement économique, ce qui remet au premier plan est l’effort d’endogénéisation. B. L’endogénéisation du progrès technique par le capital humain : Robert Lucas Le travail ne peut pas être mesuré par une simple quantité d’individu ou une simple quantité d’heure travaillée, ce travail doit être envisagé sous l’angle d’un véritable capital humain, on peut investir dans le capital matériel, mais aussi dans le capital humain et il y a une possibilité d’accumulation du capital humain alors que le nombre d’individu reste identique. Ce capital humain est censé croître de deux manières simultanées : dues à l’éducation et par le jeu des interactions entre les individus qui participent à ce capital humain, apprenant les uns des autres sans suivre une formation particulière mais en étant en contact professionnel mais en étant avec des individus mieux formés par exemple. Il y a une tendance à l’expansion pour la productivité globale de l’économie au fur et à mesure de l’accumulation de capital humain. Cette expansion du capital humain constitue une question posée à chaque individu à chaque famille. Y= A (H) * F (K, H) avec H : capital humain et K : capital matériel. Plus il y a de capital humain accumulé, plus il y a des facteurs de production non productifs. L’investissement progressif dans l’économie aboutit à une moindre productivité du capital. Robert Lucas pense que les pays riches ont une capacité à investir dans le capital humain doivent avoir une croissance plus rapide que les pays pauvres. 33 C. L’endogénéisation par les dépenses de recherche et de développement : Paul Romer. 1986 : rendements croissants et croissance à long terme. Il propose par une affirmation décisive que si le produit par tête américain est à peu près 7 fois celui réalisé en 1900, cela est dû au fait que nous avons une meilleure manière de réaliser cette production. Avec la même quantité d’énergie, de matière première, nous produisons 7 fois plus qu’en 1900. C’est dans le domaine de la connaissance que l’on doit chercher l’origine de cette croissance de la capacité à produire. Il formalise la tendance à une croissance plus rapide des pays développé que les pays moins développés en justifiant cette différence de rythme de croissance essentiellement par une différence d’investissement dans la recherche et le développement. Pour formaliser cette conception il faut élaborer un modèle analytique qui permet d’expliquer comment des agents qui cherchent leur profit vont spontanément diriger leur investissement vers l’accumulation de connaissance parce que c’est la voie la plus efficace pour obtenir un niveau de profit plus élevé dans l’avenir. il s’agirait donc d’un modèle plutôt libéral. 3 composantes du secteur productif : - secteur d’élaboration des biens de consommation - secteur d’élaboration des biens intermédiaires - secteur de la recherche Les éléments de la production sont séparés et ont des rapports contractuels, chaque secteur cédant aux autres secteurs. Le secteur de la recherche est l’élément original de ce modèle, le rôle est d’imaginer de nouveaux biens intermédiaires qui vont produire le bien final et le seul intrant véritable est le capital humain dans ce secteur, il est produit par les dépenses faites en capital humain, mais ce qui est le plus important c’est que selon Paul Romer, il y a un processus d’accroissement de la productivité du secteur de la recherche, plus on consacre de ressources à la recherche plus il devient productif. Chaque membre de ce secteur a un accès libre à l’ensemble des découvertes réalisées dans le secteur ce qui lui permet d’élaborer lui-même de nouvelles connaissances en partant des travaux déjà réalisé par les collègues. Les découvertes produites par le secteur de la recherche sont protégées par des brevets, pour la production de biens intermédiaires il faut acheter des projets qui vont permettre le 34 développement plus ou moins important du secteur des biens intermédiaires. Ce secteur est censé être essentiellement capitalistique. La combinaison des biens intermédiaires va permettre le développement des capacités de productions des biens à caractère final et la croissance globale de l’économie. Y= A (R) F (K, L, R) Malgré le caractère complexe, le résultat selon lui est relativement simple, la productivité globale va suivre le rythme des dépenses en recherche et développement. Ce modèle est présenté sous la forme d’un modèle orienté par la recherche du profit, mais il existe une politique spécifique de la croissance qui est à la disposition des autorités pour accélérer la croissance économique et cette politique prend un caractère relativement original avec un élément basique, le développement des infrastructures de communication, mais avec une politique de stimulation spécifiquement orientée vers les éléments qui ont un rapport croissant avec l’économie. L’état doit subventionner massivement les dépenses privées de recherche et développement, car elles ont un intérêt social favorable en accélérant la productivité globale de l’économie. L’état doit financer l’éducation et la recherche gouvernementale, l’état peut taxer les facteurs à rendements non croissants (capital, travail non qualifié dont la productivité demeure faible). Lever la barrière entre les financements publics de la recherche fondamentale et les financements privés de la recherche, Paul Romer pense que l’état peut financer indifféremment la recherche fondamentale et appliquée et subventionner la recherche appliquée du secteur privé qui bénéficie à l’ensemble de la productivité. L’état a une lourde charge par rapport aux modèles traditionnels, l’état devait assurer la sécurité, les infrastructures, l’enseignement…il a des responsabilités plus lourdes, il faut distinguer les recherches importantes et orienter les dépenses vers les meilleurs domaines de la recherche et il lui faut également orienter les dépenses d’éducation vers les filières productives. Il y a un aspect qualitatif difficile à mettre en œuvre pour une croissance à long terme. L’autorité publique favorise la recherche et le développement soit par un financement direct, soit par un mécanisme de fiscalité qui oriente les entreprises vers la recherche et le développement. Le principal aspect de cette politique est que l’état sort de ses responsabilités traditionnelles en finançant la recherche appliquée dont on pensait jusque là plutôt du ressort des entreprises. C’est là l’aspect le plus intéressant des analyses complexe sur les modèles de croissance endogène. 35 D. La dualité des modèles de croissance fondée sur l’offre : modèle endogène et modèle exogène Il y a un rapprochement avec la conception de la demande globale, on peut concevoir la demande globale comme une simple adition de différente forme de composante : l’investissement des ménages et des entreprises, l’incidence du commerce extérieur et la dépense publique. On préfère des modèles où il y a un jeu d’interrelation entre ses composantes et l’interrelation la plus simple et l’interrelation entre les ménages, les revenus de la production dont bénéficient ces ménages et l’influence de l’investissement qui à travers le jeu du multiplicateur est censé fixer le montant de ce revenu de la production. On constate que lorsqu’on fait de la macroéconomie appliquée les phénomènes multiplicateurs d’interrelation ne jouent pas de rôle important et on préfère opérer des additions des composantes de la demande. Chaque composante ayant des causes particulière et l’interrelation entre les diverses causes apparaissant comme très réduite. Il en va de même que les modèles de croissance endogène intéressant intellectuellement ne sont pas plus explicatifs que les modèles à croissance exogène où l’on considère que l’amélioration du coefficient global de productivité résulte de tendances liées à des causes identifiables mais qui ne sont pas directement la résultante d’actions économiques des entreprises ou d’un secteur particulier qui serait le secteur de recherche et développement. Simplement la résultante de tous ces modèles est que l’évolution à long terme de l’économie dépend avant tout de l’évolution du coefficient global de productivité. (Solow et Denisson). Le rythme et l’explication de cette productivité qui compte pour la macroéconomie. IV.La productivité acteur majeur de la macroéconomie A. La productivité base de la croissance économique à long terme On parvient à produire plus de biens et de services avec une même quantité de facteurs de production. La croissance du produit dans certains pays peut tenir à l’augmentation du nombre de travailleurs, à l’utilisation d’une plus grande quantité de ressources naturelles, à l’accumulation du capital, mais globalement pour les pays développés ce qui est dominant est la capacité à produire de plus en plus avec le même nombre de travailleurs. La 36 croissance de niveau de vie n’est possible qu’à cette condition nécessaire même si elle n’est pas suffisante. D’un autre côté l’influence de cette productivité se manifeste au niveau des décisions politiques conjoncturelles. B. La productivité comme élément de décisions dans la politique économiques. Il s’agit du mode de décisions des autorités monétaires qui depuis plusieurs années signalent dans leur rapport, la décision portant sur les taux d’intérêt fait une large place à l’évolution constatée de la productivité au cours des périodes récentes dans l’économie américaine. Ce n’est pas une révélation puisque Philips considérait que l’impact du niveau des salaires sur l’évolution des prix dépendait des gains de productivité de 2%/an sur la période étudiée. Le fait nouveau depuis une dizaine d’année c’est que cette notion de productivité et les statistiques sont devenues majeures dans la décision pour la politique monétaire. Si les autorités monétaires constatent qu’il y a eu une croissance constante de la demande globale s’accompagnant d’une hausse sensible des salaires, elle estimera que le risque d’inflation est faible si les gains de productivité sont de même ordre que la hausse des salaires. La croissance est censée se poursuivre sans risque inflationniste d’où le maintient des taux existants. Si la croissance de la productivité se réduit alors que la demande globale augmente et que les salaires augmentent à un rythme relativement rapide, il y a une menace de hausse des prix pour l’ensemble du produit national et l’autorité monétaire décidera normalement de relever ses taux d’intérêt pour faire échec aux tensions inflationnistes qu’elle prévoit même si elles ne sont pas constatée immédiatement, l’évolution de la productivité est devenue un élément de la décision en terme de politique monétaire évidemment en rapprochement avec les autres éléments qui sont avant tout l’évolution de la demande globale à travers ses composantes, l’évolution constatée du taux de chômage du rythme effectif de l’évolution des prix et de la masse monétaire. Au niveau des variations conjoncturelles, l’évolution de la productivité est parfois inattendue ou chaotique parce qu’elle dépend de l’évolution de certain secteur de production, et dans le cas des EU récemment la baisse de la demande de logement qui se traduit par de la surproduction dans ce secteur à provoqué à deux reprises de brusques baisses du rythme de la productivité. Mais cela ne signifie pas que la productivité est durablement freinée et qu’il y aura forcément des tensions inflationnistes plus importantes. 37 Mais les EU craignent une reprise de l’inflation et cela les incite à ne pas baisser les taux d’intérêt malgré le ralentissement économique. C. Le différentiel de productivité entre l’Europe et les EU. On note la différence de rythme de croissance de la productivité qui est le phénomène le plus frappant et le plus discuté et la différence de niveau de productivité qui présente l’intérêt d’approfondir la notion de productivité. Depuis l’après guerre et les années 60, la productivité semblait évoluer au même rythme. Tantôt l’Europe progressait plus vite et tantôt les EU, mais il n’y avait pas de différentiel durable entre les 2. Mais après 1995 les gains de productivité s’accélérer aux EU passante de 1,5% de croissance annuelle à 2,5%, puis à 3,5%, cette croissance s’accélérant depuis 2000. Le taux de croissance de la productivité en Europe semblerait avoir décliné sur la même période revenant de 2,3% de croissance annuelle à 1,7% après 1995. Il y a une divergence profonde avec les organismes internationaux. La position de la commission européenne est qu’il y a une baisse de la productivité européenne qu’elle estime générale et qui se traduit par un décalage de plus en plus grand avec les EU et il y a un certain retard dans l’introduction des nouvelles technologie à cause d’une souplesse des mécanismes de productions en Europe par rapport aux EU. La commission européenne demande un grand plan visant à l’amélioration de la productivité avec l’usage des nouvelles technologies et une plus grande flexibilité dans les mécanismes de production. Thèse contestée mais qui a trouvé un appui au FMI et à l’OCDE. Cette baisse de productivité ne serait pas un phénomène général en Europe mais qui tenait de l’évolution de trois pays en particulier : Italie, Espagne et les Pays Bas où il y aurait eu une forte création d’emploi entraînant l’utilisation dans la production de personnes moins efficaces. Le différentiel de productivité se réduit au commerce de gros, le commerce de détail et les services financiers. Il y a une grande incertitude avec la comparaison des rythmes de croissance, en revanche il y a une différence dans les niveaux de productivité entre les EU et l’Europe. Il y a trois types de productivité pris en compte : - productivité par travailleurs (quantité de biens et services produits par personnes effectivement employées). - Productivité par heures travaillée : plus uniforme - Productivité par personnes en âge de travailler. 38 Or l'évaluation de la productivité dans les services financiers est particulièrement difficile (et très différente selon les pays). En revanche la très forte hausse de la productivité américaine dans le commerce traduit l'effondrement du commerce de proximité et le développement récent des hypermarchés dans ce pays. Quoiqu'il en soit le débat sur la productivité illustre la grande difficulté à appréhender les éléments du « côté de l'offre », face à la simplicité apparente du « côté de la demande ». Conclusion : dualisme et permutations dans les approches doctrinales de la macroéconomie : demande globale – offre globale Maintien du dualisme : Les variables sont très différentes : − Les dépenses sont saisissables en données monétaires : faciles à additionner. On peut donc formuler des modèles d'addition ou d'inter réaction relativement simples. D'où un privilège analytique pour les approches par la demande. − Les conditions de l'offre ont un caractère très technique qui suppose un examen détaillé, sectoriel, par facteur, finalement assez mal appréhendées par une approche globale. D'où des modèles très complexes et « arbitraires » (croissance endogène) ; mais aussi des incertitudes sur les chiffres. Le temps de référence semble différent : - Les variables de la demande jouent dans le court terme, elles expliquent à court terme le niveau du PIB monétaire. - Les variables du côté de l'offre supposent une période longue de mise en place des composantes du produit potentiel, leur modification est progressive. Or la vie sociale s'est organisée dans le court ou très court terme : d'où la tendance à privilégier les variables du côté de la demande quitte à faire apparaître en complément une variable de tension du côté de l'offre : tension inflationniste liée à l'insuffisance de l'offre : taux d'utilisation des capacités productives, courbe AS. De plus le cour terme économique a une fort influence sur le long terme : importance de l'investissement selon l'accélération ou l'opinion des entrepreneurs. Rapprochements et permutations dans les conceptions doctrinales : Au lendemain de la Théorie Générale : Opposition initiale : interventionnisme / libéralisme − Mais depuis la conversion un peut honteuse du Reaganisme (supply side) au côté de la demande (du libéralisme épargnant au libéralisme dépensier), l'association libéralisme – Demande globale est devenue courante : en effet il apparaît que la politique de demande est d'autant plus efficace que les agents producteurs sont prêts à répondre à toute évolution de la demande (raison de l'efficacité de la politique monétaire et budgétaire 39 américaine ; à l'inverse échec de la relance Mauroy). De ce fait la réforme Tatcher – Reagan, est autant une condition préalable à l'efficacité d'une politique de demande qu'à une politique « d'offre » ; d'ailleurs ces expériences ont été accompagnées d'une baisse et non d'une hausse du taux d'épargne. − Le libre échange extérieur faisant appel à des producteurs à bas coûts allège considérablement la pression inflationniste et permet la continuation de la politique expansive de la demande globale. − Inversement les approches les plus ambitieuses du « côté de l'offre » concluent unanimement que l'état doit mener dans ce domaine une politique active : infrastructure, éducation, santé, recherche..., mais en orientant sa dépense de la manière la plus « productive » possible, vers les « secteurs à productivité croissante » (politique Clinton, mais aussi Blair). Une tâche publique beaucoup plus difficile que dans le cadre keynésien de dépense accrue. - Par rapport à la Théorie Générale, la mutation la plus spectaculaire porte sur la façon d'appréhender le comportement du consommateur : un changement de statut « macroéconomique » des ménages aussi bien dans l'optique de la demande, comme dans celle de l'offre. Optique de la demande : ménages passifs, consommation induite par le revenu et l'emploi, (même si un noyau autonome) ; optique de l'offre : ménages épargnants, base du dynamisme économique (Turgot, Smith, etc.) - Inversion complète : . Côté de la demande : les ménages consommateurs sont devenus les acteurs centraux et « autonomes » de la conjoncture. . Côté de l'offre avec le déplacement de l'accent vers l'investissement à haute productivité : les ménages épargnants ne sont plus que des agents passifs, le rôle dynamique étant dévolu aux entreprises. Thème du consommateur agent décisif de la conjoncture : exemple du Japon, contre exemple de l'Allemagne. Pour ces deux pays, très fortes exportations ; mais − Au Japon, les ménages décident d'accroître massivement leurs consommations, jugeant que l'environnement économique est devenu favorable. − En Allemagne, attentisme inquiétant des ménages, freinant la reprise. Dans le premier cas, les ménages semblent raisonner dans un cadre d'équation budgétaire, dans le second, on espère que la « contrainte » de revenu les amènera à élever leur consommation. 40