Chapitre 3 : la détermination des grandeurs macro économiques par

publicité
Chapitre 3 : la détermination des grandeurs macro économiques
par l’offre globale
Cette approche est apparue au 18ème siècle du fait de la volonté des premiers
économistes classiques qui ont cru entre les aspects de la demande et les aspects de
l’offre sur le plan macroéconomique.
En revanche Quesnay : « avant de consommer il faut avoir produit. » ce qui semble mettre
en premier plan le phénomène de production mais dans ses écrits, les choses sont
ambiguës : on ne produira que si on espère une consommation équivalente.
Face à la confusion, Turgot puis Smith vont imposer le principe d’une offre générale qui
est le déterminant de la demande globale et d’une offre annuelle qui est le déterminant de
la croissance de cette offre globale.
On constate que d’une part les agents économiques emploient les revenus de la
production par des opérations de consommation mais que d’autre part l’épargne va
constituer à cette occasion une autre forme de consommation, qui est celle des travailleurs
qui seront directement ou indirectement employés par ses épargnants. La totalité du
produit crée va être consommée par ceux qui reçoivent le produit, soit indirectement par
ceux qui vont être rémunérés grâce à l’emploi de l’épargne qui est donc censée être
investie. Objection faite à cette approche, c’est le risque d’absence de correspondance
entre la production réalisée et la demande des consommateurs car on peut concevoir que
certain biens ne seront pas demandés ne correspondant pas aux désirs des
consommateurs.
C’est une objection de nature microéconomique mais qui nous indique que cette
approche par l’offre globale n’a pu être envisagée que dans un cadre économique où les
producteurs sont contraints de produire en fonction des goûts des consommateurs
exprimés par les marchés. Les producteurs adaptent en permanence leur production au
désir des consommateurs. Ce modèle suppose un cadre de libre concurrence où les
producteurs adaptent en permanence leur production aux désirs des consommateurs. Sur
un plan microéconomique, c’est la demande des consommateurs qui est déterminante. Mais
sur un plan macroéconomique, puisque tout produit est adapté au goûts des
consommateurs il va pouvoir être vendu à condition que les revenus tirés de la production
soit intégralement dépensés or Turgot garantit cette correspondance du fait que même
l’épargne est intégralement dépensée.
1
L’hypothèse de libre concurrence est admise par Keynes dans la théorie générale ce qui
explique que lui non plus ne se pose pas la question des produits aux goûts des
consommateurs mais juste l’adéquation de l’offre globale et de la demande globale. C’est
Turgot qui a véritablement intégré l’hypothèse de libre concurrence à l’analyse
macroéconomique.
I. La formation du produit national et sa croissance dans les modèles
classiques
A. La macro dynamique classique de l’épargne
Smith parle de la formation du produit national et de l’origine de sa croissance. Cette
simplicité n’est pas toujours évidente en lisant A. Smith, mais en ce qui concerne l’époque
moderne il n’y a aucun doute sur le mécanisme fondamental de l’économie, en effet la seule
production est celle qui a lieu grâce au capital accumulé, la terre ne produit rien sans être
cultivée. Et le travail est généralement inefficace lorsqu’il est pas mobilisé et assisté par le
capital.
Le produit annuel de la terre et du travail pour Smith est le résultat de la mise en œuvre
du capital disponible et le premier emploi de ce produit c’est selon A. Smith c’est le
remplacement du capital usé qui prend la forme de rémunération des salariés productifs.
Il y a deux sortes de travailleurs dans la société :
-
les productifs
-
les improductifs
On voit que c’est une sorte d’adaptation du modèle de Quesnay qui distinguait l’activité
productive qu’était l’agriculture et les activités improductives qui étaient tout le reste. Ce
qui est productif pour Smith c’est tout ce qui est associé au capital car le capital ne peut
être employé que productivement que parce qu’il est censé rapporté un profit, la formation
du produit national : produit annuel de la terre et du travail.
Ce produit national qui émane de l’agriculture et de l’industrie est affecté au paiement des
travailleurs productifs, au profit et à la rente foncière. Le profit est le véritable motif du
capital et la rente foncière résulte de l’obligation d’utiliser les terres pour toute activité
importante.
2
Il y a deux catégories de revenus, dont l’emploi n’est pas à priori prédéterminé, les
propriétaires fonciers sont réputés être des consommateurs, mais ce sont surtout des
consommateurs de services de travailleurs improductifs, ils emploient toute sorte de
salariés. En ce qui concerne les propriétaires de profits, ils sont plus engagés dans la vie
économique, et ils vont former une épargne sur une partie de ces profits en consommation
improductive.
Cette épargne sera réinvestie et servira dès la période où elle se forme à payer des
salariés productifs. Il y a identification entre capital et rémunération des salariés
productifs.
T
Produit
annuel
de la
terre et
du
travail
Rente
Salaires des
travailleurs
T+1
improductifs
Profit
Épargne
Remplac
Salaires
ement du
capital
Yt-1
producti
fs
Donc le nombre va augmenter pour s’ajuster à la demande de travail.
On a aussi : A productivité par travailleur ; W taux de salaire soit :
Yt+1= [Yt(cp) A]/W
Donc [(Yt+1 - Yt )/Yt] = [(cp . A)/W] - 1 ;
Peut s’écrire : ((cr + cs) /W) A - 1
Comme par définition : (Yt . cr . A)/W = Yt , (cr . A) /W= 1 et ý = (cs/W) A
Avec cp = cr = 0,7 ; A = 1,43 ; W = 1, Yt+1 = Yt ; ý = 0 ;
Avec cs = 0,02, on a ý = cs. A = 2,86 %
3
L’accumulation du capital par l’épargne va provoquer une réponse démographique de la
part des travailleurs dont le nombre va augmenter pour s’ajuster à la demande de travail qui
émane du capital. La croissance a lieu à condition que le taux d’épargne soit positif et que
le taux de cette épargne va déterminer le rythme de la croissance.
En ce qui concerne le coefficient de productivité « a » et le taux du salaire, la réponse d’A.
Smith est la théorie de l’extension de la division du marché du travail lié à la taille du
marché. La production tend à augmenter et la productivité par travailleurs va augmenter
aussi. Il y a la contrainte que l’épargne soit positive pour que les quantités produites
augmentent et que la productivité s’améliore. La productivité elle-même ne peut augmenter
que s’il y a formation d’une épargne positive et elle devrait intervenir pour accélérer la
croissance économique. La croissance de la productivité va être compensée par la hausse
des rémunérations des travailleurs car la demande de travail augmente, donc le taux de
salaire compensera l’effet des gains de productivité, ce qui laisse la croissance suivre le
rythme du taux d’épargne. L’épargne reste le moteur de la croissance et son régulateur.
Il y a une simplification excessive, il y a une confusion entre l’accumulation du capital et
l’accumulation du capital circulant et une confusion entre le capital circulant et la
rémunération des travailleurs productifs. Les néoclassiques n’admettront pas cette
conclusion : le capital représentatif de la vie est le capital fixe, il intervient dans la
production en complémentarité avec le travail, on n’a plus un seul facteur de production,
mais 2 :
-
travail
-
capital
B. La conception néoclassique de la croissance à long terme
Par rapport au modèle proposé par Smith, l’approche néoclassique modifie sensiblement
les hypothèses utilisées tout en restant dans un cadre d’offre globale et de capacité
d’offre dont l’évolution va établir la croissance. La différence principale est qu’au lieu de
ramener cette capacité d’offre à un facteur dominant, le capital et son accumulation par
l’épargne, l’approche néoclassique prend acte des changements devenus évidents dans la
société et du fait que la force de travail obéit à une logique démographique, qui n’a pas de
rapport stricte avec la logique de l’accumulation du capital. Conformément à la loi de
Malthus, l’école classique considérait que le nombre de travailleurs était strictement
déterminé par le capital disponible pour employer ce nombre de travailleurs. Donc
4
l’évolution de cette force de travail était censée suivre exactement l’évolution du capital
servant à le rémunérer, ce lien est rompu sur le plan de logique économique mais l’autre
nouveauté est que le capital qui va être pris en compte n’est plus le capital circulant et le
capital vraiment représentatif c’est le capital fixe qui apparaît comme un facteur spécifique
de production. La révolution industrielle et l’usage des machines dans la production ont
été un changement, le capital est avant tout une machine et les travailleurs travaillent en
association avec cette machine.
L’approche néoclassique en fait étudie la coordination entre agents économiques dans le
cadre de la libre concurrence et cela constituera la théorie de l’équilibre générale qui
montre comment la fixation des prix et leurs modifications va assurer cette coordination
entre agents économiques. L’aspect macroéconomique est donc plutôt implicite dans la
première approche mais il va être de plus en plus mis en avant pour appréhender les
phénomènes économiques et on va chercher la fonction qui représente le mieux l’esprit de
cette approche néoclassique : La fonction Cobb Douglas :
1. Caractères généraux de la fonction
Deux grandes fonctions d'offre :
- avec une stricte complémentarité des facteurs : reviendrait à introduire à tout moment un
facteur limitant (si c’est le capital, on revient au cadre classique)
- avec une substitution possible entre facteurs : version néoclassique : la plus habituelle
celle proposé en 1928, par Cobb et Douglas... stricte complémentarité : une certaine
substituabilité : un minimum de chaque facteur ; mais avec substitution à taux croissant
aucun accroissement de production exprimant la productivité décroissante si l’un des
facteurs est augmenté du facteur augmenté. La formule la plus simple Y = A N α K1-α
Dynamique macro-économique : fonction à accumulation selon le temps ....
Y(t) = A(t) N(t) α K(t)1-α .... Chaque variable, et le coefficient A, sont conçus comme un
flux annuel.
5
N
Y0
K
Caractéristiques :
- substitution possible entre facteurs : pour Y donné, ainsi que A et α, deux inconnues N
et K ; infinité de combinaisons donnant Y ; mais avec productivité décroissante pour le
facteur dont la quantité augmente par substitution : si un facteur reste fixé, le rendement
de l'autre est décroissant en ce sens que des augmentations proportionnellement
constantes d'un facteur entraînent des rendements proportionnellement décroissants du
produit. Ainsi A = 2, α = 1/2 et K = 100 soit
N = 100, 120, 144, 173 soit N : + 20%, 20%, 20%
Y = 200, 220, 240, 260 Y : + 10%, 9%, 8%
-Lorsqu’on veut augmenter le produit en augmentant un facteur de production, il y aura
une augmentation effective de ce produit mais à un rythme décroissant, ce qui indiquera
une baisse progressive de la productivité du facteur accumulé dans la mesure où l’autre
facteur reste constant. Si les deux facteurs évoluent de la même manière la fonction de
Cobb Douglas indique que le produit augmentera globalement au même rythme que
l’augmentation de chacun de ses facteurs, ce qui témoignent de leur maintien de leur
productivité lorsque cette augmentation est simultanée ce qui indique que cette fonction
n’intègre pas de rendement d’échelle croissant. Il s’agit d’une fonction homogène et du
premier degré.
Y=A (λ N) α (λ K)1-α = A λα N
λ1-α K1-α = λ {A Nα K1-α}
6
2. le taux de croissance et le coefficient de productivité globale
La fonction Y ici apparaît comme une fonction composée car elle est elle-même fonction
de plusieurs variable qui sont des fonctions d’une même variable ici le temps. Pour dériver
cette fonction y, en la transformant en une fonction additive de chacune des dérivées
partielles qui la composent, qui sont elles même multipliées par la dérivée de chaque
variable par rapport au temps.
Yt= A(t) N(t) α K(t) α-1
dY/dt= [(dY/dA) (dA/dt)] + [( dY/dN)(dN/dt)] + [( dY/dK)(dK/dt)]
dY/dA= N α K 1- α
dY/dN= α N α-1 K 1- α
dY/dA= (1-α )N α K 1- α
 (1/Y)(dY/dA)=(1/A)
 (1/Y)(dY/dN)= α (1/N)
 (1/Y)(dY/dK)= (1- α )(1/K)
(1/Y)(dY/dT)= (1/A)(dA/dT)+ α(1/N)(dN/dT)+ (1- α)(1/K)(dK/dT)
Soit Y° = A° + α N° + (1-α) K° avec ° : symbole du taux de croissance
Corollaire : il est possible d’isoler le rôle du coefficient de productivité globale
A° = Y° - αN° - (1-α) K°
3. La croissance régulée par l’offre globale
On va affirmer que le produit national, et son rythme de croissance vont être déterminé
par la capacité d’offre de l’économie et son évolution, fondée sur le rythme de croissance
de chacun des facteurs de production, mais aussi par le rythme de croissance du
coefficient de productivité globale. Ce dernier élément est un peu inquiétant en terme
d’équilibre du produit national parce que on doit envisager une rémunération de chacun
des facteurs en fonction de sa productivité puisque nous sommes dans un monde
néoclassique. On s’interroge si ce mode de rémunération va réaliser l’épuisement du
produit. La fonction de Cobb douglas donne une réponse simple à cette question à
savoir qu’on va pouvoir vérifier qu’il y a épuisement du produit en affectant aux facteurs de
production disponible une rémunération équivalente à leur productivité marginale.
7
N (δY/δN) + K (δY/δK)= A N α − 1 K1- α
N α A N α − 1 K1- α + K (1-α) A N
K–α
En pratiquant la rémunération des facteurs à leur productivité marginale, le produit va être
répartie entre les facteurs de production ce qui implique que A (productivité globale) n’est
pas rémunérée. Si la totalité du produit est repartie il n’est pas évident qu’elle va être
dépensée, et on pense à l’approche keynésienne qui souligne le rôle de l’épargne comme
non dépense dans le circuit économique. Mais ici, on admet que toute l’épargne va être
dépensée sous forme d’accumulation supplémentaire du capital, au lieu de servir à payer
les travailleurs productifs, l’épargne va servir à acheter du capital fixe, ce sera un élément
interne de croissance économique.
Dans l’approche initiale de Cobb Douglas, nous avons le coefficient de productivité
globale qui a une origine extérieure au fonctionnement de l’économie et il y a ensuite
l’évolution de la force de travail et on considère que c’est un élément extérieur à la sphère
économique. En ce qui concerne l’accumulation du capital, l’épargne assure l’accumulation
du capital et l’intégralité de l’épargne est transformée en capital fixe, c’est le seul élément
qui soit endogène à l’économie car comme chez Keynes, il y a un taux d’épargne qui
constitue un prélèvement sur le revenu, et elle est intégralement employée sous forme de
capital.
dK= I= sY
g=K/Y
(1- α )(1/K) (dK/dt)= (1- α)(s/g)
La croissance économique se ferait avec des rendements de moins en moins élevés de
capital, et progressivement la croissance économique devrait se ralentir pour arriver à l’état
stationnaire. Dans la doctrine néoclassique, on soutenait que le moteur de la croissance
c’est l’épargne, et que favoriser l’épargne c’est favoriser la croissance économique. Même
si on admet le mode de croissance comme le formalise les néoclassiques, il est évident que
ce modèle ne peut pas rendre conscience , car cette croissance ne donne pas de signes
particulier d’affaiblissement au fur et à mesure de l’accumulation du capital, mais
l’accumulation du capital n’est pas en soi l’élément déterminant de la croissance et on parle
de l’évolution de la productivité globale de l’économie comme une sorte de force autonome
malgré certaines limites quand même car il semble bien qu’une partie importante de cette
productivité globale évolue à travers le renouvellement du capital et dans cet optique ce
qui compte c’est moins l’accumulation du capital que le remplacement du capital par du
matériel progressant et plus productif. Il y a un malaise dans l’interprétation de la
croissance des néoclassiques.
8
4. La dynamique du coefficient de productivité globale : le progrès
technique.
En 1957, SOLOW lance le débat à travers « le changement technique et la fonction de
production agrégée ». L’idée de SOLOW est de partir de la formule de croissance pour
en tirer la contribution du coefficient A. le résultat de ce calcul a surpris SOLOW car il
arrive au constat que sur la période 1909 1949, aux EU, l’évolution du produit
brut/heures travaillées est attribuable à 87,5% au changement technique en général,
l’accumulation du capital qui semblait être le seul élément interne intéressant n’aurait
contribué qu’à 12,5%. La croissance du coefficient A qui est le principal élément de la
croissance à long terme.
DENISSON trouve des résultats différents de ceux de SOLOW :
- 34% :
- 23% : variation de l’éducation
- 15% :
- 20% :
- 9% :
Les gains de productivité liés à la formation des travailleurs et à l’accumulation de
connaissance qui sont les éléments dominants de la croissance économique à long terme.
Les résultats de Denisson et de Solow
Brutalement au milieux des 80’s une partie des théoriciens de la croissance ce sont mis à
affirmer que la croissance était due avant tout à l’extension des connaissances que ce soit
par la recherche ou par l’éducation, on a reproché à Solow et Denisson de sous estimer le
rôle du facteur, qu’ils avaient dégagé.
Si on attache de l’importance aux notions de recherche et d’éducation, comme la base de
l’approche par l’offre, on sort du cadre classique et néoclassique, dans les modèles
classiques et néoclassiques c’est les facteurs de production qui se partage le produit.
Pourtant la recherche et l’éducation qui sont les véritables bases de cette productivité ne
reçoivent pas de rémunération directe de la croissance économiques, mais elles doivent
cependant être financée, le financement vient à travers le budget de l’Etat et des
collectivités publics, la bonne utilisation par l’Etat de son budget à travers l’extension des
connaissances, constituent la véritable base de la croissance économique. L’approche
classique et néo classique se fait en dehors d’une manifestation visible des collectivités,
c’est le principe du libéralisme, la libre concurrence qui ne semble pas susceptible de
9
générer une croissance à long terme, cela repose avant tout sur une extension de
connaissance financée par l’Etat. L’approche par l’offre est plus complexe avec un
troisième intervenant, la puissance publique.
II. L’équilibre général néoclassique
L’objectif est de démontrer que le jeu de la libre concurrence va assurer simultanément
l’équilibre de l’offre et de la demande sur chaque marché, de tel sorte que tous les marchés
se trouveront équilibrés en même temps, grâce à un élément central qui est les
modifications adaptives du vecteur prix, contenant un prix proposé sur chaque marché,
l’équilibre est atteint quand la série des prix proposés assure l’équilibre sur chacun de ces
marchés. Ceci est sous entendu dans l’approche classique, qui fait confiance à la libre
concurrence pour obtenir ce résultat, qui peut être atteint d’une manière analytique, en
soulignant un phénomène qui est l’interdépendance entre tous les marchés dont
l’équilibrage est complexe. L’offre et la demande sur un marché ne dépendent pas
seulement du prix sur ce marché, mais de l’ensemble des prix proposés simultanément sur
tous les autres marchés. Le phénomène d’interdépendance est très complexe qui trouve
son enracinant dans le fait que chaque consommateur est amené à réaliser un choix qu’il
l’amène à se porter offreurs et demandeurs à partir du prix proposé sur ces marchés.
Quand l’un de ces prix est modifié, c’est toute son attitude d’offreurs et de demandeurs
qui est modifié.
Ce qui explique la démarche de Walras, qui consiste à aborder un cadre de marché où les
consommateurs reçoivent pour une période donnée une dotation en biens consommables.
En même temps, les marchés proposent pour chacun de ces biens un prix, ce qui permet à
chaque consommateur à partir de sa dotation et des prix proposés de décider s’il va
consommer la totalité d’une catégorie de biens reçus ou s’il va offrir sur le marché certain
bien pour en acquérir d’autres. Il suffira de remplacer …
En quantité limitée, il y a donc des choix à faire, et le vecteur prix va être le reflet de ce
phénomène de l’imitation et du phénomène associé de choix que vont faire les agents
économiques.
A. L’équilibre général de l’échange
10
Il n’y a qu’un agent à prendre en considération qui est le consommateur, qui reçoit une
certaine quantité de biens pour une période donnée et il lui appartient de décider de
l’usage de ces biens soit pour les consommer directement, soit pour les échanger contre
d’autres biens qui seront eux consommer. On fait l’hypothèse qu’il existe des marchés
relativement concentrés sur lesquels on peut offrir et demander des biens, l’information
qu’il en découle est les prix proposés à un moment donné. Les consommateurs
connaissent la quantité des biens qu’ils ont reçu en dotation et grâce aux prix ils savent
qu’elle est le pouvoir d’achat qui résulte de cette dotation, ce qui va leur permettre de
décider de leur position d’offreurs ou de demandeurs sur les différents marchés. Ces
consommateurs ont une fonction d’utilité additive où la satisfaction tirée de la
consommation d’un bien et d’un autre bien s’additionne pour donner la satisfaction totale
tirée de cette consommation. Ces consommateurs libres de décider de leur attitude
d’offreurs et de demandeurs, opteront pour celle qui leur assure le maximum d’utilité et de
satisfaction en terme de consommation.
On est dans un cadre simplifié, où Walras a pu montré que l’attitude des consommateurs
pouvait être résumée par une règle simple : ils vont décider de la consommation des
différents biens de telle manière que les rapport d’utilités marginale se trouveront alignés
sur les prix relatifs qui résultent du vecteur prix proposé.
1. L’équilibre du consommateur - échangiste :
o Pour une période une certaine quantité de biens disponibles (quantité positive ou nulle)
: Qa, Qb, Qc, ...
o Chaque consommateur a une fonction d’utilité simple additive des quantités
consommées : U = U(qa) + U(qb) + U(qc) + ...
o Un vecteur prix de marché annoncé : pa, pb, pc
o Décision du consommateur : max U, rareté : la contrainte budgétaire.
qa pa + qb pb + qc pc + .... = Qa pa +Qb pb + Qc pc + ...
donc [(Qa-qa) pa + (Qb-qb) pb + (Qc-qc) pc + ...] = 0
Ce qui revient à maximiser V = U - λ [(Qa-qa) pa + (Qb-qb) pb + (Qc-qc) pc + ...]=0.
o La maximisation exige comme condition de premier ordre l’annulation des dérivées
partielles par rapport aux variables : qa, qb, qc... et
δ V/ δ qa = dU (qa) / dqa + λ pa = 0
11
dU (qb) / dqb + λ pb = 0
dU (qc) / dqc + λ pc = 0
dU(qa)/dqa= u(qa)
Sa décision de se porter offreur ou demandeur de ce bien résulte de l’ensemble des prix
parce que c’est l’ensemble des prix qui figurent dans son équation budgétaire. Le vecteur
prix détermine les quantités.
2. La formation de l’équilibre général d’échange pur
Les rapports de prix proposés qui commandent les décisions d’offre ou de demande de
biens. Il ne s’agit pas là de la loi de l’offre et de la demande, mais ce phénomène va donner
lieu à un processus d’ajustement mais sur la base d’un vecteur prix, il va y avoir des
formulations d’offre et de demande, sur chacun des marchés pris séparément il n’y a pas de
coïncidence entre les offres et les demandes aux prix proposés. Ceci doit enclencher un
système d’ajustement qui pose un certain nombre de problème à la fois conceptuel et
pratique.
Il y a une loi qui régule les opérations d’offre et de demande :
Oi pi = Σ Di pi, c’est la
loi de Walras, son application est immédiate. Si sur un marché « l », O>D, il y aura sur le
marché « m », O<D.
Il y a des déséquilibres sur tous les marchés, c’est pourquoi intervient le processus
d’ajustement. Même s’il y a des déséquilibres il y a une certaine coïncidence quantitative
entre une partie des offres et la totalité des demandes et inversement et on peut imaginer
que des transactions soient réalisées tant qu’il y a compensation et il y aurait un reliquat
d’offre et de demande selon les circonstances. Mais cela perturbe le déroulement
théorique des marchés, dont le principe de concurrence, car les offreurs et les demandeurs
cherchent à réaliser leur transaction de la manière la plus avantageuse possible. Si les
offreurs voient une demande qui est très forte, il ne vendront pas au prix proposé car ils
savent que des demandeurs acceptent de payer plus chers, inversement les demandeurs
refuseront le prix proposé s’il y a un excès de vente par rapport à la demande, car ils sont
conscient que certain vendeurs sont prêts à vendre moins chers. Le modèle walrasien
propose alors la formule des transactions suspendues, en admettant qu’aucune
transaction ne sera effectuée tant que l’équilibre ne sera pas atteint sur l’ensemble des
marchés qui sont pris en compte dans l’équilibre général.
12
Vu que sur chaque marché il y a un déséquilibre il est nécessaire de modifier les conditions
proposées dans l’espoir de s’approcher de l’équilibre, d’où la célèbre loi de l’offre et de la
demande, on admet que chacun des prix vont varier en fonction de l’écart entre la demande
et l’offre. La loi de l’offre et de la demande est reprise dans le modèle de l’équilibre
général.
On peut envisager ce qu’il va se passer sur chacun des marchés :
-
marché du bien « a » : à partir du déséquilibre, le prix va baisser jusqu’à atteindre le
prix d’équilibre. Le système est tel que personne ne connaît le prix d’équilibre.
Qa
-
marché du bien « b » : le prix va monter jusqu’à atteindre le prix d’équilibre.
Qb
-
on constate que le marché du bien « a » n’est plus équilibré, l’offre et la demande
ont varié à cause de la variation du prix sur le marché « b ». les offreurs et les
demandeurs sur le marché du bien « a » avaient une fonction d’offre et de demande
déterminer par les prix existants précédemment.
Pa
Qa
-
le marché du bien « c », pour l’équilibrer il faudra modifier le prix et le résultat sera
que le marché du bien se trouvera maintenant déséquilibrer, car les conditions de
l’offre et de la demande sont modifiées.
13
3.
Portée et limites du mécanisme de l’équilibre général
Peut on dire qu’à la suite de ces ajustements on est plus prêt de l’équilibre de chaque
marché qu’avec le premier vecteur prix ? Mais c’est insoluble, c’est le problème de la
convergence, on a démontré que les hypothèses dans l’équilibre général, il existait bien un
vecteur prix qui assure l’équilibre simultané de tous les marchés. Mais on ne peut pas
démontrer que selon des hypothèses raisonnables le système économique convergera vers
l’équilibre.
Cette question de convergence est importante, c’est un cas particulier du problème de la
stabilité des équilibres. Le modèle élémentaire de Walras fait apparaître la notion
d’équilibre stable et instable avec le risque d’un système économique instable. Il découle
d’une réflexion sur le comportement des consommateurs. Le comportement d’offre de ces
agents présentaient, jusqu’à un certains prix, un comportement normal consistant à
accroître l’offre au fur et à mesure que le prix augmente. Donc au-delà d’un certain prix,
l’offre d’un bien en quantité limitée, va se restreindre.
Au fur et à mesure de la hausse de pb, le rapport :
U (qb)/ U (qa)= (pb)/ (pa) est d’abord maintenu par le double processus de la hausse de
u (qb), du fait de la diminution de la consommation de « b », et par la baisse de u (qa) au fur
et à mesure de l’accroissement de consommation de « a » par le même agent.
Mais avec l’effondrement de u (qa) lorsque pb augmente “trop”, la résorption du
déséquilibre U (qb)/ U (qa) > (pb)/ (pa) exige une baisse de u (qb), c'est-à-dire une
reprise, en hausse de la consommation, de (b), donc une réduction de son offre. U (qb) pb
avec l’augmentation de qb et la baisse de u (qb), on retrouve U (qb)/ U (qa)= (pb)/ (pa).
14
P
C
A
B
Q
La courbe d’offre de Walras
Or cette forme d'offre crée naturellement des situations d'équilibres multiples et
d'équilibres instables sur les marchés, au point A, tout écart à l'équilibre O = D éloigne
de celui-ci pour rejoindre un prix plus élevé ou plus faible.
La condition de stabilité s'établit directement : il faut que dO / dp > dD / dp or ici en
valeur négative, l’offre diminuant plus que la demande, avec dp positif, l’inégalité est
inversée.
P
Ob
Ob
qb
15
Bien qu’il s’agisse là de situations exceptionnelles, le problème de la stabilité est posé au
niveau d’un ensemble de marchés inter reliés. Si le vecteur prix d’équilibre correspond à un
équilibre instable, il n’y a aucune chance d’arriver à ce vecteur prix d’équilibre.
Il s’agit d’un équilibre des consommateurs à partir d’une dotation en biens périodique, or
ce n’est pas un exemple réaliste, c’est pourquoi il faut passer à un système où il y a une
production.
B. Equilibre général avec production
L’intérêt de commencer l’analyse par l’équilibre de l’échange est qu’on a une situation
relativement simple, car il y a une certaine incertitude d’atteindre l’équilibre général avec le
vecteur prix. Dans le cadre de la production il est logique de rester dans un cadre
périodique, l’ équilibre général avec production reconnaît l’existence au départ d’une
certaine quantité disponible sur la période et on admet que les facteurs de production
sont détenus par les agents consommateurs qui ont la liberté d’utiliser par eux même les
facteurs de production ou de les offrir sur les marchés, cette offre concernant les agents
producteurs spécialisés qui pour leur part demande ces facteurs de production afin de
pouvoir offrir des biens et des services consommables. Quand les consommateurs
achètent les produits ils achètent à travers ces produits les services producteurs et c’est
pourquoi JB Say affirmait qu’en économie les services s’échangent contre des services à
travers les produits fabriqués. Cette simplification n’est pas intéressante dans le cas
présent, il y a une part des agents consommateurs qui détiennent une certaine quantité
des facteurs de production et nous aurons des agents producteurs qui vont offrir des
biens et des services consommables et qui se porteront demandeur des facteurs de
productions nécessaires à la fabrication des produits. Si on veut qu’il y ait un afflux de la
demande il faut supposer que les consommateurs comme les producteurs font des
propositions des produits fabriqués. Cette simplification n’est pas intéressante dans le
cas présent, il y a une part des agents consommateurs qui détiennent une certaine
quantité des facteurs de production et nous aurons des agents producteurs qui vont offrir
des biens et des services consommables et qui se porteront demandeur des facteurs de
productions nécessaires à la fabrication des produits. Si on veut qu’il y ait un afflux de la
demande il faut supposer que les consommateurs comme les producteurs font des
propositions d’offre et de demande sur les marchés pour l’ensemble de la période avenir.
Ces offres et ces demandes demeurent virtuelles tant que l’équilibre général n’est pas
atteint, tant que les offres et les demandes ne se trouvent pas équivalente sur tous les
marchés à la fois. Il est étrange qu’ils vendent des produits qui n’existent pas encore mais
16
le plus intéressant est que les consommateurs dans la mesure où ils font des opérations
virtuelles basent leur demande sur des recettes virtuelles, qui résulte de leur décision
d’offrir des facteurs de production au prix proposé par les marchés, sans qu’au départ ils
aient la certitude que ses offres rencontreront des demandes équivalentes. Il y a des
projets qui sont ainsi présentés sur les marchés en particulier les demandes que font les
consommateurs sur ces marchés sont fondées sur des revenus qu’ils anticipent, des
revenus en projet et non pas sur des revenus effectifs. D’où l’opposition quasi doctrinale
entre l’approche néoclassique et l’approche de Keynes, les consommateurs sont soumis à
une contrainte budgétaire pour les néoclassiques, alors que chez Keynes ils sont soumis à
une contrainte de revenus effectifs. Ce qui va se traduire par une divergence importante
dans les situations de déséquilibre, tel que les néoclassiques d’une part et Keynes d’autre
part les envisagent.
1. Le comportement du consommateur adapté à la production
Un consommateur type a une fonction d’utilité totale, dans laquelle figurera tous les
produits consommables (A, B, C…) on va faire figurer les services facteurs de production
dont on va admettre que les consommateurs ont le choix de les utiliser pour eux-mêmes ou
de les offrir sur le marché. On retrouve le même principe que dans l’équilibre de l’échange
car les consommateurs ont une dotation en biens de consommation. Ce qui va le décider à
réaliser ces offres et ces demandes c’est le souci de maximiser sa fonction d’utilité sous
contrainte budgétaire et nous avons également que cette maximisation sera réalisée
lorsque le rapport des utilités marginales de ces biens consommables ou des ces services
facteurs consommés seront deux à deux dans le même rapport que les prix proposés par le
vecteur prix, sur l’ensemble des marchés.
Max U (qa,qb,qc…,q1,q2…) sous contrainte budgétaire
Demande
offre
qapa+qbpb+qcpc+…= o1p1+o2p2+…+(π)
qa(pa,pb,pc,…,p1,p2…)
qb(pa,pb,pc,…p1,p2…)
qc(pa,pb,pc,…,p1,p2…)
o1 (pa, pb, pc,…, p1, p2…)
o2 (pa, pb, pc,…, p1, p2…)
Offre :
(1)
(2)
17
Dotation :
Q1-q1
Q2-q2
Les néoclassiques admettent que les consommateurs ont le choix entre le travail offert à
l’extérieur et le temps de travail conservé pour eux même.
2. Le comportement du système productif
Walras : on considère que les agents productifs sont soumis à une concurrence forte ce
qui fait qu’en permanence il se trouve dans une situation d’équilibre tel qu’ils ne font ni
profit ni perte. Il faut rappeler que les agents productifs ne possèdent aucun actif au
départ et tous sont entre les mains des consommateurs et ils vont donc louer ces actifs
pour en obtenir des services productifs de même qu’elles vont louer la force de travail des
agents consommateurs pour obtenir ces éléments.
On suppose l’existence de coûts constants de production, c'est-à-dire que
l’accroissement de production pour un agent producteur se fera avec les mêmes quantités
de travail de capital que les éléments antérieurs de production. Les coûts unitaires sont
constants, les coûts marginaux sont égaux aux coûts moyens.
Entre temps, Cournot a proposé en 1838 une autre interprétation de l’agent producteur
dans laquelle l’équilibre s’exprimait non pas par l’absence de profit ou de perte, mais par
une maximisation du profit sous contrainte des prix pratiqués sur les différents marchés et
des conditions techniques de production. Il y a cependant une obligation : pour tous les
producteurs le coût des unités supplémentaires produites est plus élevé, plus la
production augmente plus le coût marginal est important. C’est étrange car il y a une
baisse des coûts de production des biens ordinaires, or l’hypothèse est inverse. A court
terme les producteurs sont face à des techniques existantes et dans ce cas les coûts
marginaux immédiat sont croissants tout en admettant qu’à long terme les coûts unitaires
vont diminuer et on aura ainsi une succession de période à l’intérieur de chacune de ces
périodes où les coûts marginaux sont croissants, mais d’une période à l’autre les coûts
moyens et les coûts marginaux se trouvent réduits.
Il y a un producteur type dont le comportement est finalisé par la maximisation du profit, il
dispose comme les consommateurs d’une information sur les marchés, qui est représenté
uniquement par le vecteur prix. Le consommateur est doté d’une fonction d’utilité et le
producteur d’une fonction de production qui définie les conditions techniques dans
laquelle il va produire le bien.
18
Yb= fb(d1,d2)
(production offerte) = demande (1) demande (2)
δyb/δd1= f’b1 (d1,d2)
yb= fb(d1,d2,K)
π= ybpb- C
C= d1p1+d2p2+K
Π= pb fb (d1,d2) – p1d1 – p2d2 – K. à maximiser.
Il y a deux variables sur lesquelles le producteur à une possibilité de décision et une
productions, de les réduire tous les deux, de les augmenter tous les deux…
Ce faisant il va agir de manière automatique sur la production réalisée s’il augmente sa
demande des deux facteurs de production, cela signifie qu’il va accroître son offre de bien
et inversement il diminuera son offre.
S’il augmente un des deux facteurs, ses gains seront de moins en moins élevés mais
contrairement à la fonction de Cobb Douglas si le producteur augmente simultanément sa
demande des deux facteurs l’accroissement de production par facteurs sera plus faible
que par facteurs déjà réalisés. Il y a un accroissement de ces coûts de productions à la
marge alors même que le vecteur prix reste identique, la fonction est maintenant non
homogène bien qu’elle soit de degré 1.
Le producteur n’à pas le pouvoir de fixer les prix en concurrence indéfini, c’est un preneur
de prix tout comme le consommateur et c’est pourquoi il ne peut que faire des offres et des
demandes sur la base des vecteurs prix qui lui est annoncé. Pour lui il joue sur deux
variables en réalité, les conditions de maximisation se résume à une annulation des dérivées
partielles premières donc il doit arriver à établir une situation où les dérivées par rapport à
chacun des facteurs séparément sont nulles.
Π= pbfb(d1,d2) – p1d1- p2d2 –k
δπ/δd1= pbf’b1-p1=0 pbf’b1=p1
δπ/δd2=pbf’b2- p2=0  pbf’b2=p2
f’b1/f’b2=p1/p2
De même que le consommateur déterminer sa position d’offreur de service et de
demandeur de bien à partir du vecteur prix, de la même manière le producteur détermine
19
son offre de bien et sa demande simultanée de facteur sur la base du vecteur prix énoncé,
la différence est que chaque producteur retient en ce qui concerne les biens le prix des
biens dont il réalise la production alors que le consommateur prend en compte l’ensemble
des prix de ces biens pour décider de la demande de l’un d’entre eux ou de son offre de
service facteurs de production.
Au niveau du producteur il y a des conditions de second ordre pour qu’il s’agisse d’une
maximisation, le profit va décroître au fur et à mesure de l’augmentation de d1 et d2, pris
séparément, il faut que le profit décroisse lorsqu’il y a une augmentation simultanée de d1
et d2. il faut que les coûts marginaux soient croissants globalement avec la production et
avec l’augmentation de chacun des facteurs.
Yb=f (pb, p1, p2…)
D1= g (pb, p1, p2…)
D2= h (pb, p1, p2…)
Il n’y a pas réellement de profit et les prix vont s’aligner, on a d’un côté le consommateur
type qui détermine sa demande sur la base du vecteur prix et qui simultanément détermine
son offre de service facteur de production sur la base de ce même vecteur prix. Ce
comportement étant contrôlé par le principe de maximisation de l’utilité sous contrainte
budgétaire. Le vecteur prix étant énoncé le consommateur exprime une demande de bien
consommable et une offre de service facteurs de production. D’un autre côté sur la base
de ce même vecteur prix, les entrepreneurs expriment leur offre de bien et simultanément
leur demande qui leur permettront de réaliser la production des biens. En principe ce
comportement est contrôlé, régulé par la recherche du maximum de profit sous contrainte
de la technique de production, de la fonction de production. La situation de marché est
similaire à celle du mécanisme général d’échange, il y a des offres pour ces même biens et
services et on retrouve la même situation en ce qui concerne les marchés de services de
production, il y a les offres des consommateurs et les demandes des producteurs qui vont
développer dans la suite leur production. Il n’y a pas de raison pour que les offres et les
demandes soient équilibrées, le vecteur prix est énoncé sinon au hasard sur la base
d’information ancienne, les conditions de la production et de la consommation sont
probablement différentes et il va y avoir un déséquilibre entre l’offre et la demande sur
chaque marché au prix énoncé.
Par rapport à la situation du mécanisme de l’échange il y a une différence sensible c’est
qu’on a deux types de marchés qui sont inter reliés, le marché des services facteurs de
production et le marché des biens et services produits. Si on regroupe chaque catégorie
de marché, on doit s’attendre à ce que le déséquilibre existant sur une catégorie de marché
20
ait pour contrepartie un déséquilibre de sens contraire sur l’autre catégorie de marché.
Dans l’hypothèse simplificatrice où il n’y a pas de profit, et que s’est repartie entre les
facteurs de production, il existe une liaison très stricte entre les marchés qui exprime les
lois de Walras se traduisant par cette inversion de solde positif ou négatif entre les
marchés.
Marché des biens et services
Demande des consommateurs
+
0
Offre des producteurs
marché des services facteurs
(P)
-
offre des consommateurs
0
+ demande des producteurs
C'est l'effet de la contrainte budgétaire : Σ DP = Σ OP.
On retrouve dans le cadre de la production la même règle que dans le cadre de l’échange
pur, il y a toujours au moins deux marchés qui connaissent des déséquilibres de sens
contraires mais ce qui était anodin dans le cadre de l’échange peut être plus important
dans le cadre de la production, car ces déséquilibre donne au mécanisme de production
une capacité d’autorégulation qui amènera les producteurs à adapter en permanence
l’offre à la demande aussi bien sur le marché des biens et services que sur le marché des
services facteurs de production. Cette réaction des producteurs est complétée par celle
des consommateurs dont la réaction va dans le même sens.
Ce double mouvement des prix les amène à accroître leur production à travers une
demande supplémentaire de services facteurs de production. Ces deux réactions vont
dans le sens d’une correction du déséquilibre, il y a plus de produits pour répondre à la
demande, plus de services facteurs demandés. La réaction des consommateurs, la hausse
du prix des produits réduit leur demande de bien et la baisse des rémunérations de
services facteurs réduit leur offre de ses services et ces deux mouvements de réaction
semble aller dans le sens d’un retour à l’équilibre sur les deux marchés simultanément. On a
un mouvement de réaction des agents économique qui se fait sur deux marchés à la fois et
qui dans les deux cas semble aller dans le sens d’un retour à l’équilibre.
Si on prend le déséquilibre inverse on voit un excès d’offre sur le marché des biens et des
services parce que le prix des biens est trop élevé et que le prix des services facteurs est
trop faible pour assurer l’équilibre.
21
Au niveau du système productif la variation du vecteur prix sur la base des déséquilibres
enregistrés doit permettre un retour rapide à l’équilibre, de dégager rapidement le vecteur
prix d’équilibre. Il s’agit cependant d’une impression  convergence vers l’équilibre.
Ces réactions prenant naissance sur deux marchés à la fois assure un mouvement puissant
de rééquilibrage qui donne confiance aux économistes libéraux quant à la capacité
d’autorégulation ou de se maintenir à l’équilibre pour le système économique fonctionnant
exclusivement à travers les marchés. Il faut remarquer qu’en fait le seul instrument de
coordination retenu c’est le vecteur prix qui diffuse une information à la fois aux
producteurs et consommateurs et qui modifie cette information pour révéler aux agents
économiques le sens des déséquilibres constatés et pour les inciter à modifier leur attitude
de façon à aller vers l’équilibre général des marchés.
Les premiers keynésiens ont été formés à la théorie néoclassique et connaissent ces
mécanismes de rééquilibrage. Les théoriciens ont perdu ce contact. Il faut prouver que le
rôle du vecteur dans le rééquilibrage de l’économie ne sera pas suffisant.
Il ne jouera pas ou jouera d’une manière tel que les déséquilibres seront aggravés au lieu
d’être corrigé par le mouvement des vecteurs prix.
C. L’argumentation de la théorie générale contre l’équilibrage
néoclassique
Comme les investisseurs sont des gens caractériels ils leur arrivent de se sentir déprimés à
l’égard du futur et de réduire le montant de leur investissement ce qui par le jeux du circuit
aboutit à réduire le montant de la demande globale et du produit national, cette réponse
suffit aux keynésiens postérieurs, mais pas aux premiers keynésiens qui sont conscient que
le mécanisme néoclassique pourrait permettre par le jeux de l’offre et de la demande sur
les différents marchés, s’il y a une baisse de l’investissement cela se traduit par une
diminution de la demande de bien produit dans l’économie ; et cela va se traduire par une
baisse du prix des biens et aussi par une baisse du prix des services facteurs de
production lorsque les producteurs décideront d’employer moins de ces services facteurs
de production. Mais il faut réintroduire le jeu des marchés financiers et que cela va
entraîner dans un premier temps une demande excédentaire de titres de la part des
22
épargnants auxquels on proposera moins de titres de financement car il y aura moins de
financements à financer. Cela devrait être une baisse du taux d’intérêt à long terme, qui
peut se poursuivre jusqu’au moment où les investisseurs constatent que du fait de la baisse
du taux d’intérêt ils peuvent reprendre leur programme d’investissement même si leurs
perspectives de profits sont réduits. Si le rééquilibrage a lieu, le niveau de l’investissement
retrouve ce qu’il était antérieurement et tous les marchés se trouvent rééquilibrés, le choc
initial a été amortie et s’évanouie par le retour à une situation d’équilibre. Le vecteur prix
représente un obstacle à l’argumentation keynésienne selon laquelle la solution va
consister dans une décision d’investissement public pour compenser l’investissement privé.
Le rééquilibrage n’aura pas lieu car la baisse des taux d’intérêt ne se produira pas car
l’attitude spéculative des détenteurs de titres à revenus fixes fasse à une baisse du taux
d’intérêt reste convaincu que le taux d’intérêt existant intérieurement va se rétablir et qu’il
faut donc profiter de la baisse actuelle du taux d’intérêt qui valorise les titres existants
pour vendre massivement ses titres dans l’intention de les racheter lorsque les taux
d’intérêt seront remontés et que les titres revendus pourront être racheté moins chers.
Ce comportement est la formation d’une demande spéculative de monnaie, la conversion
des titres en monnaie va figer sous forme monétaire la valeur temporairement plus élevée
de ces titres et on pourra ultérieurement en racheter avec cette monnaie une plus grande
quantité.
Baisse de l’investissement  baisse de l’émission de titres pour financer cet
investissement  demande excédentaire de titre  baisse du taux d’intérêt.
La seule pression en baisse du taux d’intérêt suffit pour ramener les détenteurs de titres
anciens à les offrir massivement sur les marchés financiers et cette offre massive fait
contrepartie aux demandes excédentaires de titres qui avaient tendance à se manifester,
ce qui maintient l’ équilibre du marché des titres à revenu fixe, la demande excédentaire de
titre disparaît et il se dégage une demande excédentaire de monnaie sous forme de
demande de monnaie spéculative, le résultat est que le taux d’intérêt ne baisse pas
réellement, les investisseurs n’ont donc aucune raison de relever leur demande
d’ investissement et cette baisse de la demande de bien produit va maintenant s’imposer à
l’ensemble de l’économie, il va y avoir une moindre demande de service de production donc
il y aura moins d’emploi en particulier, les travailleurs et employés demanderont moins de
biens consommables. Peu à peu les producteurs vont réduire leur production de biens de
consommations et d’investissement et l’économie reviendra à l’équilibre sauf sur un marché,
qui est le marché du travail où on enregistrera une offre excédentaire de travail et le
23
système général keynésien va donc présenter cette particularité de manifester un équilibre
sur tous les marchés sauf un seul qui est celui du travail.
Phases Travail Biens de
Biens
Titre à
Monnaie
consommation
d’investissement
revenu fixe
spéculative
0
0
0
0
0
0
1
0
0
-
+
0
2
0
0
0
0
0
2
0
0
-
0
+
3
-
-
-
0
+
4
-
0
0
0
0
Rééquilibrage néoclassique : on applique la loi de Walras.
Rééquilibrage keynésien : on applique la loi de la fonction de consommation qui dit que la
somme des demandes en valeurs des consommateurs est en fait déterminée par la somme
des revenus perçus par les agents économiques.
Avec D-Of > O | (+)
D-Of < O | (-)
D-Of = O | (O)
Dans l’optique néoclassique s’il y a un excédent d’offre sur le marché du travail, cela veut
dire que les agents consommateurs planifient simultanément une demande équivalente en
valeur à leurs offres parce qu’ils ne sont pas contraints par la situation effective de
l’emploi. Leur demande est plus forte que dans le cadre keynésiens et il doit apparaître un
excédent de demande sur le marché des biens de consommation qui décide les
producteurs à réajuster leur production à la hausse et donc à résorber le sous emploi
virtuel enregistré par le marché du travail. Dans le cadre keynésien les consommateurs
n’ont pas la faculté de faire des demandes virtuelles sur la base de l’offre de travail ils
doivent attendre d’être employés pour pouvoir exprimer une demande qui sera financée
par les revenus effectivement perçus. Si les producteurs ont réduis la production, les
revenus des consommateurs se sont trouver également réduis et leur demande de bien de
24
consommation se trouve à son tour réduite, à un niveau qui est à peu près celui décidé par
les producteurs pour les biens de consommation. C’est ce qui explique qu’il y ait
possibilité que le marché des biens de consommation soit en équilibre alors que le marché
du travail est en situation d’offre excédentaire. C’est la différence entre la contrainte
budgétaire qui pèse sur les consommateurs néoclassiques et la contrainte des revenus
keynésienne qui ne laisse aucune liberté aux consommateurs, car celui-ci doit limiter sa
consommation sur la base du revenu effectivement perçu.
Le système de déséquilibre keynésien limité désormais au marché du travail semble dans
une optique néoclassique susceptible de générer des forces de réaction qui sur la base
d’un examen superficiel pourrait conduire à un rééquilibrage assez lent mais progressif du
système économique keynésien. Sur le marché du travail, il y a une offre excédentaire dont
le prix affiché par ce marché doit diminuer le travail sera moins rémunéré or les
entrepreneurs keynésiens sont également des agents maximisateurs : une baisse de la
rémunération des services facteurs de production devrait les amener à accroître la
production et donc l’emploi.
Sur le plan du salaire les salariés ont une vision de l’avenir : le salaire en monnaie versé
constitue un minimum absolu qui n’a aucune raison de diminuer dans l’avenir et ils refusent
donc avec beaucoup d’énergie toute baisse de ce salaire nominale et s’ils acceptaient une
baisse temporaire il y aurait pour eux une perte de revenus irréparable.
Le seul marché en déséquilibre où des changements pourraient être générés par ce
déséquilibre a un prix qui est strictement bloqué à la baisse et donc l’offre excédentaire sur
ce marché n’entraînera pas de baisse du niveau du prix et donc il n’est pas question que ce
mouvement provoque un retour à l’équilibre. il n’est pas souhaitable que le salaire nominale
baisse, il faut trouver un autre recours : politique keynésienne traditionnelle ( gonflement
de la demande globale, si l’accroissement de la demande globale provoque une hausse des
prix, cela réduira le salaire réel des travailleurs, ce à quoi ils ne s’opposeront pas, mais pour
les producteurs la hausse de leur produit et le maintient de leur salaire vont constituer une
forte hausse de l’emploi et de la production et donc un retour à l’ équilibre).
Ils ont mis l’accent au départ sur une théorie de la croissance fondée sur l’accumulation de
capacité productive. Cette approche avait pour but de trancher et d’éclairer l’action de la
politique économique.
La capacité d’offre est censée se concrétiser par des demandes adressées aux
producteurs par les agents consommateurs. L’équilibrage qui doit se faire entre l’offre et
la demande, le vecteur prix doit pouvoir être modifié en permanence pour que l’équilibre
soit maintenu.
25
Le libéralisme a été confronté à des crises dont la grande crise des années 30, d’où sera
formulée la théorie générale de Keynes qui propose une critique du mécanisme
d’ajustement et d’un remède pour sortir de cette crise. La position de Keynes et des
premiers keynésiens à l’égard du modèle classique est nuancé, on admet que le modèle
classique peut très bien fonctionner s’il y a un ajustement souple du vecteur prix mais que
dans un certain nombre de cas il ne peut pas avoir lieu et il y a deux situations
caractéristiques : quand les salaires devraient baisser en terme nominaux ce qui est
impossible pratiquement et….
La théorie générale propose des remèdes qui n’ont pas vocation à être permanent pour
sortir des conséquences déprimantes de ces blocages, elle propose une relance par la
dépense publique d’investissement. Chez Keynes comme chez Hicks une fois le
déblocage réalisée l’économie peut fonctionner sur une base libérale traditionnelle par le
jeu du vecteur prix et de l’investissement privé si une nouvelle crise réapparaît. C’est une
position nuancée et mal comprise par les disciples antérieurs à Keynes. Selon Churchill
quand il y a deux économistes dans une pièce, il y a deux opinions différentes. Quand il y
a Keynes parmi les 2 économistes il y a trois opinions différents.
L’économie moderne est une économie dont les rigidités sont inévitables, le vecteur prix ne
joue plus le rôle d’ajustement, on envisage comme permanent une politique keynésienne de
stimulation de la demande globale, cela revient à admettre qu’il faut un déficit permanent
des finances publiques. Quand il y a une croissance effective des revenus nationaux la
dette publique globale reste un peu près au même pourcentage du produit national. Les
choses se détériorent quand la croissance économique se ralentit alors que les déficits
censés être stimulant s’accroissent et il y a des dépenses de plus en plus fortes pour
assurer le paiement de la dette. Dans une telle situation on ne peut plus maintenir cette
politique du déficit permanent car l’accumulation de la dette devient insupportable pour
les finances publiques. L’approche keynésienne est en crise.
La première grande crise de l’approche keynésienne se situe dans les années 70 quand la
croissance économique est bloquée par les chocs internationaux et en même temps des
tensions inflationnistes de plus en plus fortes, le modèle keynésien n’est plus applicable il
faut donc trouver autre chose pour faire face aux crises qui perturbent cette économie
moderne.
D. L’avènement de la nouvelle doctrine classique et la libéralisation
du vecteur prix
26
C’est un mouvement intellectuel minoritaire qui va prendre une importance politique avec
la venue au pouvoir de Mme Thatcher et de Reagan, entourés de conseillers
économiques qui prônent la nouvelle doctrine classique et le mouvement sera amplifié d’une
manière extraordinaire avec la chute du mur de Berlin qui sera interprétée comme le succès
de l’économie classique traditionnelle face à l’économie organisée sur une base socialiste
au sens large.
En 1989, on aura le retour à Adam Smith. Pour qu’une économie fonctionne, il faut le
bon sens élémentaire d’Adam Smith fondé sur le jeu de la concurrence, de l’offre et de la
demande, fondé sur le libre jeu du vecteur prix. On se rend compte que dans la plupart des
pays développés le vecteur prix a été bloqué progressivement par le fait des maxima de
prix établis au début de la seconde guerre mondiale et qui subsiste dans beaucoup de
pays. Une multitude de monopole privé et public de l’imitation syndicale de l’entrée dans
certaines fonctions. Il y a des blocages institutionnels jugés peu important dans le cas de la
doctrine de la demande globale, mais maintenant inadmissibles dans le cas d’une approche
de l’offre fondé sur la souplesse du vecteur prix. L’action la plus spectaculaire sera le
démantèlement de monopole privé, syndicaux, professionnels qui entraîneront des crises
socio politiques importantes mais qui seront menées jusqu’au bout. Il devient évident que le
seul régime normal de gestion des prix c’est la libre détermination des prix dans le cadre
d’une économie de marché, de concurrence… il faut remarquer que l’arrière plan de ces
décisions est aussi important que l’aspect doctrinal, les pays développés sont soumis à la
concurrence des nouveaux pays industrialisés où il y a une nouvelle réglementation des
prix et où l’état ne souhaite pas intervenir dans ce domaine.
Le sentiment d’adaptation et de réorientation et seule la liberté de gestion des
entreprises aux niveaux des prix peut assurer cette adaptation. Cette souplesse du
vecteur prix est prolongée par le vecteur monétaire.
Les néo keynésiens admettent que l’on est revenu à un système de vecteur prix
relativement souple, la question du vecteur prix se réglera extrêmement vite. Mais en ce qui
concerne les autres aspects de la nouvelle école classique on sent contredire la logique
libérale traditionnelle en affirmant que la première démarche politique consiste à baisser le
taux de la fiscalité pour permettre aux agents économiques potentiellement investisseurs
d’orienter plus librement leur investissement sur la base de ressources plus abondantes.
Cette abaissement de la fiscalité n’étant pas compensé par une baisse de la dépense
publique qui continue a s’accroître ce qui génère un déficit important mais dont la nouvelle
doctrine de l’offre pense qu’il est transitoire parce que l’accroissement des capacités de
productions qu’il va en résulter va provoquer un accroissement important du produit
national donc les recettes fiscales induites, donc un comblement progressif du déficit
public. L’effort demandé consiste à accepter un accroissement immédiat et important du
27
déficit public mais comme il résulte d’une baisse de l’impôt sur les épargnants et les
investisseurs elle devrait générée un accroissement du produit national qui découle de
l’extension de la capacité d’offre liée à l’investissement. Il s’agit d’une politique qui
ressemble à une politique keynésienne, l’important est l’importance du déficit comme
stimulant l’activité car la baisse de la fiscalité n’entraîne aucun accroissement de l’épargne
et de l’investissement et c’est donc avant tout l’accroissement de la consommation privé qui
semble tirer la croissance économique dans un cadre de demande globale.
Les autorités républicaine se rallient à un modèle de demande globale qui se distingue du
modèle keynésien traditionnel aux EU du fait qu’il est associé à une libération du vecteur
prix donnant une grande liberté de réaction aux entreprises, le succès relatif de ce modèle
est interprété comme un succès d’une stimulation de l’économie par la demande globale
associée à une grande liberté de réponse pour les entreprises qui peuvent à volonté
réorienter leur production en fonction des orientations de la demande globale et de ses
composantes. On retrouve l’inconvénient majeur de cette politique qui est l’accumulation
de dettes publiques se manifestant dans un cadre libéralisé par une forte hausse des taux
d’intérêt qui menace à terme l’investissement notamment dans le secteur immobilier.
Cela aboutit à une réaction de la part du parti puis du gouvernement démocrate
consistant à mettre en place une politique plus classique qui rompt avec la tradition
keynésienne du parti démocrate américain sur plusieurs points.
E. La politique d’excédent budgétaire et la prise en compte des
marchés financiers.
Cette politique a pris le nom de Rubinomics pendant un certain temps, elle est devenue la
politique officielle d’un grand nombre d’états développés, comme le Canada, l’Espagne, la
Finlande, l’Irlande…
Rubin consiste à prendre en compte le comportement des marchés financiers qui ont pour
fonction d’anticiper sur l’évolution des taux d’intérêt et qui face à des déficits très
importants des finances publics anticipait le maintien de taux d’intérêt très élevé mais
pourrait également anticiper avec des phénomènes de crises sur les valeurs publics. Sa
politique consiste à relever la fiscalité sur les revenus les plus élevés et à limiter
l’accroissement des dépenses publiques ce qui a été interprétée comme une politique
28
menant à la récession économique en interprétant la demande globale. Le résultat a été
une croissance économique forte d’une dizaine d’années avec une forte réduction de sous
emploi et des taux d’intérêt de plus en plus réduits avec une perspective d’excédent
budgétaire de plus en plus important dont l’anticipation de la disparition de la dette
publique au bout d’une quinzaine d’années. L’efficacité de cette politique de l’offre
aboutit à une politique de même genre dans d’autres pays avec un succès comparable.
Avec les perspectives d’équilibre, la confiance se rétablie sur les marchés financiers, on
anticipe une baisse durable des taux d’intérêt et donc sur cette base l’investissement
productif peut être très développé, aucune crise financière n’étant en perspective dans
l’horizon économique.
C’est un modèle de sécurité le monde actuel est caractérisé par l’incertitude des
événements avenir, la démarche logique des responsables économiques consistent à créer
des situations aussi sûres que possibles où l’équilibre budgétaire est un peu près établi, où
il peut y avoir un léger excédent ce qui permettra d’intervenir lorsqu’il sera nécessaire
quand les budgets publics auront retrouvé leur marge d’intervention et dans l’immédiat ce
retrait de la demande publique sur les marchés financiers permet d’établir des taux
d’intérêt faible à long terme qui favorise l’investissement des entreprises dans les moyens
de productions et des ménages dans l’immobilier.
On a une confusion entre les optiques de l’offre et de la demande, et l’intervention d’un
troisième élément : les marchés financiers en tant qu’organisme de régulation jouant sur
l’ensemble de l’économie. L’intégration des marchés financiers au modèle économique se
révèle particulièrement difficile parce qu’on ne voit pas de fonction simple même abstraite
reliant soit les modèles de l’offre soit de la demande au marché financier en tant que tel.
Ce modèle ayant dominé toute l’antiquité reprise en parti par les mercantilistes ne s’est
pas réellement intégré à la macroéconomie moderne élaborée au 18ème siècle sous forme
d’une théorie de l’offre, puis celle élaborée dans le cadre keynésien de la demande globale.
Keynes a le plus traité le rôle mais plutôt sur un plan négatif, la présence des marchés
financiers est selon lui une cause de paralysie de l’économie car il bloque des variables
essentielles au retour à l’équilibre.
La macroéconomie est en difficulté sur le plan de la conceptualisation, mais il y a un
domaine dans la théorie de l’offre qui a connu une percée fulgurante.
III. Une nouvelle approche par l’offre : la croissance endogène
29
Chez les néoclassiques comme chez les classiques la seule variable endogène de la
croissance est l’accumulation du capital grâce à l’épargne, mais comme le capital n’est
qu’un élément des facteurs de production à coté du travail, l’accumulation du capital ne
peut pas à elle seule soutenir une croissance à long terme car sa productivité doit
décroître au fur et à mesure que le capital s’accumule. En théorie il faudrait que la force de
travail croisse à un rythme similaire pour que la croissance soit soutenue, mais il n’y a
aucune raison pour que le travail augmente à ce rythme dès lors qu’on abandonne la
conception classique selon laquelle le capital en s’accumulant générait un accroissement
de la force de travail, un mécanisme qui peut prendre le nom de la loi de Malthus.
Comme le capital à lui seul ne peut pas générer la croissance et que cette croissance
continue, il faut croire qu’il y a un facteur complémentaire qui permet de maintenir, de faire
progresser la productivité du capital, en absence d’accroissement de la force de travail.
Selon Solow et Donisson, la croissance à long terme est avant tout le résultat du
coefficient A de la fonction de Cobb Douglas qui augmente progressivement et d’une
manière extérieure en tant qu’élément exogène à l’intérieur de la fonction de Cobb
Douglas. Pour des raisons vagues c’est vers le milieu des années 80 que la macroéconomie
reprend cette question est s’efforce d’expliciter le jeu du coefficient A, de façon à rendre
compte de la croissance à long terme qui avait repris après une phase d’arrêt à la fin des
années 70. l’explication de Solow et Donisson consistait à voir le coefficient A comme
exogène, l’économie bénéficiait d’une accumulation de connaissance de la recherche
appliquée et grâce à ses apports réguliers elle pouvait augmenter en permanence la
croissance des facteurs dont le capital.
On découvre un mécanisme endogène dans chaque économie qui provoquerait un
processus sur lequel on pourrait agir pour accélérer la croissance économique. Cet effort
d’endogénéisation peut paraître un progrès théorique, mais en pratique l’aspect exogène
paraît plus réaliste et cela amène à raisonner comme si la fonction de Cobb Douglas
bénéficiait d’apports extérieurs périodique qui renforcent le niveau du coefficient A.
Cette approche de la croissance endogène transforme radicalement les conceptions
doctrinales liées au côté de l’offre. en effet dans la plupart des pays, les éléments pris en
compte dans le coefficient A relève d’un financement essentiellement public qu’il s’agisse
de l’éducation, de la recherche, de la santé…
La croissance économique à long terme exige qu’il y ait une part suffisante de la dépense
publique orientée vers l’enseignement, la recherche et la santé générale de la population.
Ces éléments n’ont rien de révolutionnaire dans le sens où toutes les civilisations ont eu le
sentiment qu’elles avaient changé la société humaine grâce à l’obtention de connaissances.
30
A. Conceptualisation historique
Il y a eu un changement fondamental au passage de la cueillette et de la chasse à
l’agriculture. La plupart des sociétés ont considéré que ce changement avait un caractère
exogène soit des sur hommes soit des dieux ont fourni à l’humanité les techniques
nécessaires pour passer à l’agriculture et à l’élevage. Il y a un type de philosophie qui a pris
parti pour un facteur endogène c’est l’épicurisme qui a déclaré que les découvertes
techniques découlent des expériences.
On constate que la question de la croissance endogène fondée sur la connaissance a été
traitée d’une manière approfondie et par deux auteurs surtout Josiah Tucker et
Condorcet.
Tucker un pasteur protestant pense qu’il y a une providence divine qui régie le
fonctionnement de l’économie comme l’ensemble du monde. Il pose la question suivante :
est ce qu’un état développé peut supporter la concurrence d’un état plus pauvre ayant la
même dotation en facteur naturel en particulier au niveau du prix où l’état pourra vendre
ses produits agricoles et industriels ? il pense aux relations commerciales entre la France et
l’Angleterre.
Tout le monde est convaincu en Angleterre que la mise en relation commerciale entre les
deux états se fera au détriment du pays le plus développé qui cessera de vendre ses
produits industriels et qui sera victime de la concurrence des produits agricoles du pays
moins développé. L’existence de droit de douane très stricte accompagné de subventions
à l’exportation de produits agricoles anglais. En réalité c’est le pays développé qui a les
meilleurs atouts dans la concurrence entre les deux nations. C’est lui qui va continuer à se
développer le plus vite. C’est un état riche grâce à son activité, donc il a une longue
expérience agricole et industrielle, il dispose d’agents économiques expérimentés et il
dispose d’équipement en infrastructures industriel de transport, il a une très bonne
productivité dans les différents secteurs à la suite de sa longue expérience dans les
différents domaines de production. Mais cet état acquis une capacité à inventer de
nouveaux procédés, de nouveaux produits, et cette capacité ne fera que de se renforcer
dans l’avenir ce qui lui donne une avance considérable sur le pays le plus pauvre à cet
égard. Ceci se complète par la capacité financière et intellectuelle pour investir, domaine
important dont le revenu n’apparaît qu’à long terme. Le pays pauvre a lui besoin de
revenus immédiat à ces investissements. Les salaires de la recherche sont plus élevés dans
le pays riche ce qui incite à la venue dans ce pays des personnes les plus capables en
31
provenance du pays pauvre ce qui donne un avantage considérable en terme de potentiel
humain. Dans le pays riche il y a une demande élevée et relativement stable pour les
produits essentiels, ce qui a permis au producteur d’établir des unités de production bien
organisée et caractérisée par une division efficace du travail. Le pays riche grâce à
l’étendue du marché est en situation de concurrence entre ses propres producteurs qui se
disputent un marché étendu qui vaut la peine d’être exploité, alors que dans le pays pauvre
il y a des monopoles de productions qui sont contraire à une bonne organisation de celleci à cause du manque de débouchés. Le pays riche à une production riche et croissante et
les prix sont nettement plus faibles pour cette production que le pays pauvre où les
salaires sont plus bas et où la productivité est beaucoup plus faible que dans le pays riche.
Ce raisonnement est tenu avant la révolution industrielle. La révolution industrielle
caractérisée dans le machinisme semblera réduire le rôle de la connaissance de la capacité
humaine en générale dans la production et elle tend à donner au capital le rôle dominant
dans la productivité et dans la croissance économique.
Le rôle de Condorcet met l’accent sur les notions d’innovation qui lui paraît caractériser
l’évolution moderne de la production et qui est le résultat de l’application aux activités
productives de la recherche scientifique fondamentale et cette tendance à l’innovation
peut être accélérée par le développement de l’éducation publique et le développement des
dépenses publiques dans le domaine de la recherche. Il souhaite un engagement plus
marqué de l’état dans la recherche afin d’accélérer la diffusion de cette recherche et donc
de la croissance économique car il est hostile à tous les monopoles notamment de la
propriété intellectuelle qui avait la forme mercantiliste du brevet d’invention.
Selon JB Say, 3 agents interviennent dans la production : savant, entrepreneur et
ouvrier.
-
le savant propose des techniques
-
l’entrepreneur adapte les techniques
-
l’ouvrier utilise les techniques.
Le savant bien qu’essentiel est le moins bien payé car les idées qu’il produit peuvent être
aisément reproduites grâce à l’imprimerie notamment.
Chez les auteurs du 18ème siècle, il y a une conviction généralisée du rôle de production
dans la science et les découvertes techniques, ces idées banales et répandues vont
s’effacer dans l’analyse économique pour être redécouvertes comme une nouvelle
approche au milieu des années 80.
32
Walras distingue deux types de progrès dans l’économie de production, il y a le progrès
économique qui résulte de l’accumulation du capital, c’est l’élément endogène à la
croissance économique, cela se fait en remplaçant progressivement des doses de travail
par des doses de capital de façon à étendre en permanence la production. L’autre
progrès amené par la science réduit en permanence les coefficients de travail et de capital
nécessaire pour réaliser l’unité de production. Cet élément n’est pas traité par l’analyse
économique, c’est un élément exogène qui vient modifier régulièrement les coefficients
techniques, mais la science économique n’a rien à dire d’important à ce sujet.
Chez Walras le progrès technique existe mais en même temps il n’est pas intégré à
l’analyse économique et disparaît du raisonnement économique, ce qui remet au premier
plan est l’effort d’endogénéisation.
B. L’endogénéisation du progrès technique par le capital humain :
Robert Lucas
Le travail ne peut pas être mesuré par une simple quantité d’individu ou une simple
quantité d’heure travaillée, ce travail doit être envisagé sous l’angle d’un véritable capital
humain, on peut investir dans le capital matériel, mais aussi dans le capital humain et il y a
une possibilité d’accumulation du capital humain alors que le nombre d’individu reste
identique. Ce capital humain est censé croître de deux manières simultanées : dues à
l’éducation et par le jeu des interactions entre les individus qui participent à ce capital
humain, apprenant les uns des autres sans suivre une formation particulière mais en étant
en contact professionnel mais en étant avec des individus mieux formés par exemple. Il y a
une tendance à l’expansion pour la productivité globale de l’économie au fur et à mesure
de l’accumulation de capital humain. Cette expansion du capital humain constitue une
question posée à chaque individu à chaque famille.
Y= A (H) * F (K, H) avec H : capital humain et K : capital matériel.
Plus il y a de capital humain accumulé, plus il y a des facteurs de production non
productifs.
L’investissement progressif dans l’économie aboutit à une moindre productivité du capital.
Robert Lucas pense que les pays riches ont une capacité à investir dans le capital humain
doivent avoir une croissance plus rapide que les pays pauvres.
33
C. L’endogénéisation par les dépenses de recherche et de
développement : Paul Romer.
1986 : rendements croissants et croissance à long terme.
Il propose par une affirmation décisive que si le produit par tête américain est à peu près 7
fois celui réalisé en 1900, cela est dû au fait que nous avons une meilleure manière de
réaliser cette production. Avec la même quantité d’énergie, de matière première, nous
produisons 7 fois plus qu’en 1900. C’est dans le domaine de la connaissance que l’on doit
chercher l’origine de cette croissance de la capacité à produire.
Il formalise la tendance à une croissance plus rapide des pays développé que les pays
moins développés en justifiant cette différence de rythme de croissance essentiellement
par une différence d’investissement dans la recherche et le développement. Pour
formaliser cette conception il faut élaborer un modèle analytique qui permet d’expliquer
comment des agents qui cherchent leur profit vont spontanément diriger leur
investissement vers l’accumulation de connaissance parce que c’est la voie la plus efficace
pour obtenir un niveau de profit plus élevé dans l’avenir. il s’agirait donc d’un modèle plutôt
libéral.
3 composantes du secteur productif :
- secteur d’élaboration des biens de consommation
- secteur d’élaboration des biens intermédiaires
- secteur de la recherche
Les éléments de la production sont séparés et ont des rapports contractuels, chaque
secteur cédant aux autres secteurs.
Le secteur de la recherche est l’élément original de ce modèle, le rôle est d’imaginer de
nouveaux biens intermédiaires qui vont produire le bien final et le seul intrant véritable est
le capital humain dans ce secteur, il est produit par les dépenses faites en capital humain,
mais ce qui est le plus important c’est que selon Paul Romer, il y a un processus
d’accroissement de la productivité du secteur de la recherche, plus on consacre de
ressources à la recherche plus il devient productif. Chaque membre de ce secteur a un
accès libre à l’ensemble des découvertes réalisées dans le secteur ce qui lui permet
d’élaborer lui-même de nouvelles connaissances en partant des travaux déjà réalisé par les
collègues.
Les découvertes produites par le secteur de la recherche sont protégées par des brevets,
pour la production de biens intermédiaires il faut acheter des projets qui vont permettre le
34
développement plus ou moins important du secteur des biens intermédiaires. Ce secteur
est censé être essentiellement capitalistique. La combinaison des biens intermédiaires va
permettre le développement des capacités de productions des biens à caractère final et la
croissance globale de l’économie.
Y= A (R) F (K, L, R)
Malgré le caractère complexe, le résultat selon lui est relativement simple, la productivité
globale va suivre le rythme des dépenses en recherche et développement. Ce modèle est
présenté sous la forme d’un modèle orienté par la recherche du profit, mais il existe une
politique spécifique de la croissance qui est à la disposition des autorités pour accélérer la
croissance économique et cette politique prend un caractère relativement original avec un
élément basique, le développement des infrastructures de communication, mais avec une
politique de stimulation spécifiquement orientée vers les éléments qui ont un rapport
croissant avec l’économie. L’état doit subventionner massivement les dépenses privées de
recherche et développement, car elles ont un intérêt social favorable en accélérant la
productivité globale de l’économie. L’état doit financer l’éducation et la recherche
gouvernementale, l’état peut taxer les facteurs à rendements non croissants (capital, travail
non qualifié dont la productivité demeure faible).
Lever la barrière entre les financements publics de la recherche fondamentale et les
financements privés de la recherche, Paul Romer pense que l’état peut financer
indifféremment la recherche fondamentale et appliquée et subventionner la recherche
appliquée du secteur privé qui bénéficie à l’ensemble de la productivité.
L’état a une lourde charge par rapport aux modèles traditionnels, l’état devait assurer la
sécurité, les infrastructures, l’enseignement…il a des responsabilités plus lourdes, il faut
distinguer les recherches importantes et orienter les dépenses vers les meilleurs domaines
de la recherche et il lui faut également orienter les dépenses d’éducation vers les filières
productives. Il y a un aspect qualitatif difficile à mettre en œuvre pour une croissance à
long terme.
L’autorité publique favorise la recherche et le développement soit par un financement
direct, soit par un mécanisme de fiscalité qui oriente les entreprises vers la recherche et le
développement. Le principal aspect de cette politique est que l’état sort de ses
responsabilités traditionnelles en finançant la recherche appliquée dont on pensait jusque
là plutôt du ressort des entreprises. C’est là l’aspect le plus intéressant des analyses
complexe sur les modèles de croissance endogène.
35
D. La dualité des modèles de croissance fondée sur l’offre : modèle
endogène et modèle exogène
Il y a un rapprochement avec la conception de la demande globale, on peut concevoir la
demande globale comme une simple adition de différente forme de composante :
l’investissement des ménages et des entreprises, l’incidence du commerce extérieur et la
dépense publique. On préfère des modèles où il y a un jeu d’interrelation entre ses
composantes et l’interrelation la plus simple et l’interrelation entre les ménages, les revenus
de la production dont bénéficient ces ménages et l’influence de l’investissement qui à
travers le jeu du multiplicateur est censé fixer le montant de ce revenu de la production.
On constate que lorsqu’on fait de la macroéconomie appliquée les phénomènes
multiplicateurs d’interrelation ne jouent pas de rôle important et on préfère opérer des
additions des composantes de la demande. Chaque composante ayant des causes
particulière et l’interrelation entre les diverses causes apparaissant comme très réduite. Il
en va de même que les modèles de croissance endogène intéressant intellectuellement ne
sont pas plus explicatifs que les modèles à croissance exogène où l’on considère que
l’amélioration du coefficient global de productivité résulte de tendances liées à des causes
identifiables mais qui ne sont pas directement la résultante d’actions économiques des
entreprises ou d’un secteur particulier qui serait le secteur de recherche et
développement. Simplement la résultante de tous ces modèles est que l’évolution à long
terme de l’économie dépend avant tout de l’évolution du coefficient global de productivité.
(Solow et Denisson). Le rythme et l’explication de cette productivité qui compte pour la
macroéconomie.
IV.La productivité acteur majeur de la macroéconomie
A. La productivité base de la croissance économique à long terme
On parvient à produire plus de biens et de services avec une même quantité de facteurs
de production.
La croissance du produit dans certains pays peut tenir à l’augmentation du nombre de
travailleurs, à l’utilisation d’une plus grande quantité de ressources naturelles, à
l’accumulation du capital, mais globalement pour les pays développés ce qui est dominant
est la capacité à produire de plus en plus avec le même nombre de travailleurs. La
36
croissance de niveau de vie n’est possible qu’à cette condition nécessaire même si elle
n’est pas suffisante. D’un autre côté l’influence de cette productivité se manifeste au
niveau des décisions politiques conjoncturelles.
B. La productivité comme élément de décisions dans la politique
économiques.
Il s’agit du mode de décisions des autorités monétaires qui depuis plusieurs années
signalent dans leur rapport, la décision portant sur les taux d’intérêt fait une large place à
l’évolution constatée de la productivité au cours des périodes récentes dans l’économie
américaine. Ce n’est pas une révélation puisque Philips considérait que l’impact du niveau
des salaires sur l’évolution des prix dépendait des gains de productivité de 2%/an sur la
période étudiée.
Le fait nouveau depuis une dizaine d’année c’est que cette notion de productivité et les
statistiques sont devenues majeures dans la décision pour la politique monétaire. Si les
autorités monétaires constatent qu’il y a eu une croissance constante de la demande
globale s’accompagnant d’une hausse sensible des salaires, elle estimera que le risque
d’inflation est faible si les gains de productivité sont de même ordre que la hausse des
salaires. La croissance est censée se poursuivre sans risque inflationniste d’où le maintient
des taux existants.
Si la croissance de la productivité se réduit alors que la demande globale augmente et que
les salaires augmentent à un rythme relativement rapide, il y a une menace de hausse des
prix pour l’ensemble du produit national et l’autorité monétaire décidera normalement de
relever ses taux d’intérêt pour faire échec aux tensions inflationnistes qu’elle prévoit même
si elles ne sont pas constatée immédiatement, l’évolution de la productivité est devenue un
élément de la décision en terme de politique monétaire évidemment en rapprochement avec
les autres éléments qui sont avant tout l’évolution de la demande globale à travers ses
composantes, l’évolution constatée du taux de chômage du rythme effectif de l’évolution
des prix et de la masse monétaire.
Au niveau des variations conjoncturelles, l’évolution de la productivité est parfois
inattendue ou chaotique parce qu’elle dépend de l’évolution de certain secteur de
production, et dans le cas des EU récemment la baisse de la demande de logement qui se
traduit par de la surproduction dans ce secteur à provoqué à deux reprises de brusques
baisses du rythme de la productivité. Mais cela ne signifie pas que la productivité est
durablement freinée et qu’il y aura forcément des tensions inflationnistes plus importantes.
37
Mais les EU craignent une reprise de l’inflation et cela les incite à ne pas baisser les taux
d’intérêt malgré le ralentissement économique.
C. Le différentiel de productivité entre l’Europe et les EU.
On note la différence de rythme de croissance de la productivité qui est le phénomène le
plus frappant et le plus discuté et la différence de niveau de productivité qui présente
l’intérêt d’approfondir la notion de productivité.
Depuis l’après guerre et les années 60, la productivité semblait évoluer au même rythme.
Tantôt l’Europe progressait plus vite et tantôt les EU, mais il n’y avait pas de
différentiel durable entre les 2. Mais après 1995 les gains de productivité s’accélérer aux
EU passante de 1,5% de croissance annuelle à 2,5%, puis à 3,5%, cette croissance
s’accélérant depuis 2000. Le taux de croissance de la productivité en Europe semblerait
avoir décliné sur la même période revenant de 2,3% de croissance annuelle à 1,7% après
1995.
Il y a une divergence profonde avec les organismes internationaux. La position de la
commission européenne est qu’il y a une baisse de la productivité européenne qu’elle
estime générale et qui se traduit par un décalage de plus en plus grand avec les EU et il y
a un certain retard dans l’introduction des nouvelles technologie à cause d’une souplesse
des mécanismes de productions en Europe par rapport aux EU. La commission
européenne demande un grand plan visant à l’amélioration de la productivité avec l’usage
des nouvelles technologies et une plus grande flexibilité dans les mécanismes de
production.
Thèse contestée mais qui a trouvé un appui au FMI et à l’OCDE. Cette baisse de
productivité ne serait pas un phénomène général en Europe mais qui tenait de l’évolution
de trois pays en particulier : Italie, Espagne et les Pays Bas où il y aurait eu une forte
création d’emploi entraînant l’utilisation dans la production de personnes moins efficaces.
Le différentiel de productivité se réduit au commerce de gros, le commerce de détail et les
services financiers.
Il y a une grande incertitude avec la comparaison des rythmes de croissance, en revanche il
y a une différence dans les niveaux de productivité entre les EU et l’Europe. Il y a trois
types de productivité pris en compte :
-
productivité par travailleurs (quantité de biens et services produits par personnes
effectivement employées).
-
Productivité par heures travaillée : plus uniforme
-
Productivité par personnes en âge de travailler.
38
Or l'évaluation de la productivité dans les services financiers est particulièrement difficile
(et très différente selon les pays). En revanche la très forte hausse de la productivité
américaine dans le commerce traduit l'effondrement du commerce de proximité et le
développement récent des hypermarchés dans ce pays.
Quoiqu'il en soit le débat sur la productivité illustre la grande difficulté à appréhender les
éléments du « côté de l'offre », face à la simplicité apparente du « côté de la demande ».
Conclusion : dualisme et permutations dans les approches doctrinales de la
macroéconomie : demande globale – offre globale
Maintien du dualisme : Les variables sont très différentes :
− Les dépenses sont saisissables en données monétaires : faciles à additionner. On peut
donc formuler des modèles d'addition ou d'inter réaction relativement simples. D'où un
privilège analytique pour les approches par la demande.
− Les conditions de l'offre ont un caractère très technique qui suppose un examen détaillé,
sectoriel, par facteur, finalement assez mal appréhendées par une approche globale. D'où
des modèles très complexes et « arbitraires » (croissance endogène) ; mais aussi des
incertitudes sur les chiffres.
Le temps de référence semble différent :
- Les variables de la demande jouent dans le court terme, elles expliquent à court terme le
niveau du PIB monétaire.
- Les variables du côté de l'offre supposent une période longue de mise en place des
composantes du produit potentiel, leur modification est progressive.
Or la vie sociale s'est organisée dans le court ou très court terme : d'où la tendance à
privilégier les variables du côté de la demande quitte à faire apparaître en complément une
variable de tension du côté de l'offre : tension inflationniste liée à l'insuffisance de l'offre :
taux d'utilisation des capacités productives, courbe AS.
De plus le cour terme économique a une fort influence sur le long terme : importance de
l'investissement selon l'accélération ou l'opinion des entrepreneurs.
Rapprochements et permutations dans les conceptions doctrinales :
Au lendemain de la Théorie Générale : Opposition initiale : interventionnisme /
libéralisme
− Mais depuis la conversion un peut honteuse du Reaganisme (supply side) au côté de la
demande (du libéralisme épargnant au libéralisme dépensier), l'association libéralisme –
Demande globale est devenue courante : en effet il apparaît que la politique de demande
est d'autant plus efficace que les agents producteurs sont prêts à répondre à toute
évolution de la demande (raison de l'efficacité de la politique monétaire et budgétaire
39
américaine ; à l'inverse échec de la relance Mauroy). De ce fait la réforme Tatcher –
Reagan, est autant une condition préalable à l'efficacité d'une politique de demande qu'à
une politique « d'offre » ; d'ailleurs ces expériences ont été accompagnées d'une baisse et
non d'une hausse du taux d'épargne.
− Le libre échange extérieur faisant appel à des producteurs à bas coûts allège
considérablement la pression inflationniste et permet la continuation de la politique
expansive de la demande globale.
− Inversement les approches les plus ambitieuses du « côté de l'offre » concluent
unanimement que l'état doit mener dans ce domaine une politique active : infrastructure,
éducation, santé, recherche..., mais en orientant sa dépense de la manière la plus «
productive » possible, vers les « secteurs à productivité croissante » (politique Clinton,
mais aussi Blair). Une tâche publique beaucoup plus difficile que dans le cadre keynésien
de dépense accrue.
- Par rapport à la Théorie Générale, la mutation la plus spectaculaire porte sur la façon
d'appréhender le comportement du consommateur : un changement de statut «
macroéconomique » des ménages aussi bien dans l'optique de la demande, comme dans
celle de l'offre. Optique de la demande : ménages passifs, consommation induite par le
revenu et l'emploi, (même si un noyau autonome) ; optique de l'offre : ménages épargnants,
base du dynamisme économique (Turgot, Smith, etc.)
- Inversion complète :
. Côté de la demande : les ménages consommateurs sont devenus les acteurs centraux et
« autonomes » de la conjoncture.
. Côté de l'offre avec le déplacement de l'accent vers l'investissement à haute productivité
: les ménages épargnants ne sont plus que des agents passifs, le rôle dynamique étant
dévolu aux entreprises.
Thème du consommateur agent décisif de la conjoncture : exemple du Japon, contre
exemple de l'Allemagne.
Pour ces deux pays, très fortes exportations ; mais
− Au Japon, les ménages décident d'accroître massivement leurs consommations, jugeant
que l'environnement économique est devenu favorable.
− En Allemagne, attentisme inquiétant des ménages, freinant la reprise.
Dans le premier cas, les ménages semblent raisonner dans un cadre d'équation budgétaire,
dans le second, on espère que la « contrainte » de revenu les amènera à élever leur
consommation.
40
Téléchargement