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peux pas. Soyez donc franches et dites: je voudrais bien, mais je ne peux pas parce
que je ne veux pas", disait-elle. Et elle insistait: "avoir une volonté qui se fait forte au
point de ne jamais reculer, est une chose si avantageuse pour le bien de votre âme".
Cette force de volonté s'exprime concrètement sous divers aspects:
. La régularité, l'ordre, l'exactitude, qui garantit à la fois l'équilibre physique et
l'efficacité dans le travail: savoir organiser ses journées, faire les choses à l'heure dite,
utiliser son temps sans paresse et sans empressement excessif requiert la fermeté
envers soi-même et exerce la volonté.
. Le sens du devoir, librement accepté et vécu dans les détails de la vie quotidienne,
parce qu'il représente "le bon plaisir de Dieu"; devoir accompli sans faiblesse, en se
gardant libre des influences qui pourraient en détourner. Marie de la Passion ne peut
concevoir une vie religieuse sans "l'amour de tous les devoirs, même du plus petit".
. La persévérance dans l'effort, malgré les sensations de fatigue, de lassitude morale,
de découragement, qui peuvent venir du tempérament, des circonstances ou d'une
épreuve permise par Dieu. Marie de la Passion met en garde contre une certaine
complaisance romantique en ce genre de souffrance qui aliène la liberté et empêche la
volonté de réagir, tandis qu'une attitude d'humilité, de patience courageuse, soutenue
par la prière, permet de surmonter ces difficultés.
Parfois il pourra y avoir chez les personnalité fortes des crises plus graves. La
Fondatrice ne les redoute pas: c'est dans la lutte que se forment les caractères, que
grandissent les âmes et Marie de la Passion aime ces natures énergiques, qui, bien
dirigées, peuvent être capables de "grandes choses".
La croissance dans la liberté permet d'éduquer à la responsabilité
personnelle et communautaire.
l. La responsabilité personnelle sera favorisée par le développement, non
seulement des dispositions vertueuses, mais de toutes les capacités humaines.
Marie de la Passion veut pour les missionnaires un minimum d'instruction;
contrairement à certaines conceptions de l'époque, qui considéraient qu'il fallait laisser
dans l'humilité de l'ignorance les moins instruites, elle désire que tous les talents
soient cultivés, qu'une instruction plus complète ou une formation technique soit
donnée à toutes celles qui en sont capables, qu'un grand soin soit apporté à
l'enseignement de la doctrine chrétienne.
Cette formation humaine, commencée au probandat, se complète au noviciat et
souvent, après la profession, dans les "maisons d'études"; elle doit se prolonger
ensuite par la lecture de livres sérieux, que l'on doit trouver dans les bibliothèques des
maisons (CT/2, 323, 505) et d'autres formes de ressourcement. Elle vise, non
seulement à procurer à la future missionnaire les compétences nécessaires, mais aussi
à "cultiver les intelligences", les rendant capables d'initiative et de responsabilité.
Dans le même but, Marie de la Passion invite à donner des responsabilités aux
plus timides, afin de les forcer à vaincre cette timidité naturelle, qui les empêcherait