fait beau aujourd’hui. Je demande si Marie est arrivée. J’ordonne que les
soldats passent la rivière, etc).
Pierre Le Goffic (1993:17) attire pourtant l’attention sur la possibilité
assez fréquente de confusion entre les modalités de phrase et les actes de
discours tels que: l’ordre, la demande, la promesse, la menace,
l’accomplissement performatif, etc. Il faut préciser que la langue n’est pas
uniquement un moyen de transmettre des informations, mais aussi un moyen
d’agir sur autrui. Voilà pourquoi tout acte d’énonciation doit avoir une force
intrinsèque
qui agit sur l’interlocuteur. Au moment où le locuteur énonce
une phrase, dans une situation de communication donnée, il accomplit un
acte de langage, qui instaure une certaine relation avec son interlocuteur. La
philosophie analytique anglaise (Austin, Searle) distingue deux types d’actes
de langage:
a) les actes institutionnels, conditionnés et sanctionnés par une
institution sociale: Je déclare la séance ouverte. Je jure de dire toute la
vérité, rien que la vérité.
Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
b) les actes de langage ordinaires, qui s’accomplissent
indépendamment d’un cadre organisé, dans les interactions quotidiennes:
Je te préviens que si tu me mens, je le saurai. (Colette)
Je te promets de venir demain. Je te félicite pour ton succès.
Cependant, même s’il n’est pas effectué dans le cadre d’une
institution, l’acte de langage ordinaire n’est pas indépendant de toute
détermination sociale. Par exemple, le locuteur peut donner un ordre à son
interlocuteur si, dans des circonstances déterminées, la hiérarchie sociale le
lui permet. Un acte de langage repose toujours sur une convention sociale
implicite qui associe, dans une communauté donnée, telle expression
linguistique à la réalisation de tel acte de langage particulier. Ainsi, la
grammaire française associe directement une phrase déclarative à un acte
assertif, une phrase interrogative à un acte de questionnement, une phrase
impérative à un acte d’injonction, etc.
Les actes de langage peuvent être :
- perlocutionnaires – par ces actes le locuteur veut obtenir une certaine réaction de la part de son interlocuteur: par
exemple, lorsqu’on donne un ordre, l’interlocuteur peut s’y soumettre, le contester, l’ignorer, etc.
3 La force illocutionnaire qui correspond à un acte illocutionnaire/illocutoire agit sur le locuteur, le poussant à
exécuter une certaine action. Le même acte locutionnaire peut avoir une force illocutionnaire différente. Un énoncé tel
que Je viendrai demain peut s’interpréter, en fonction du contexte, comme: a) promesse; b) menace; c) avertissement.