Pascale Sicotte, primatologue et anthropologue
Magazine Les Explorateurs - Édition du printemps 2002
L'amie des singes
Pascale chez les primates
Vivre avec les singes
Pascale Sicotte a choisi d'exercer un métier peu commun: elle est primatologue. Un
grand mot pour signifier qu'elle parcourt la planète, jusqu'en Afrique, pour partager le
quotidien de différentes espèces de singes et pour mieux comprendre comment ils
vivent.
Il y a maintenant près de 15 ans que Pascale étudie les primates. En 1987, elle a
effectué son premier voyage au Rwanda, un pays d'Afrique de l'est, pour compléter sa
maîtrise en primatologie au Centre de recherche Karisoke. Elle étudiait alors les
comportements des femelles chez des groupes de gorilles. Pascale a également été
directrice de ce centre de recherche durant quelques années. Suis-la au pays
magnifique du gorille des montagnes et écoute-la te parler de cet animal fantastique,
qui, tu le verras, présente des ressemblances étonnantes avec les humains…
À la découverte du gorille des montagnes (peut-être une carte géographique
serait-elle appropriée pour situer les pays dont il est question)
Le gorille des montagnes peut mesurer jusqu'à 1,80 mètre debout et un mâle peut
peser jusqu'à 200 kilos, c'est-à-dire 100 fois plus qu'à sa naissance! C'est le plus
lourd de tous les primates. La femelle gorille donne naissance à six ou sept bébés
au cours de sa vie. Le gorille peut vivre entre 20 et 30 ans.
Le gorille des montagnes vit dans la chaîne de volcans Virungas, qui est située dans
des parcs nationaux au Zaïre, au Rwanda et en Ouganda, trois pays africains. C'est
une espèce rare, découverte seulement au début du XXe siècle. Il est surnommé le
doux géant, en raison de son tempérament tolérant et sensible.
Les gorilles vivent en groupe avec, à la tête de chacun, un mâle dominant appelé
«dos argenté». Il porte ce nom à cause des poils sur son dos, qui sont de couleur
grise et qui apparaissent vers l'âge de 11 ans. Le dos argenté veille sur le groupe,
rythme ses déplacements, choisit et protège les femelles.
Le gorille est végétarien et n'est le prédateur d'aucun animal. Il se nourrit de feuilles,
de fleurs, d'écorces, de racines, de fruits et de jeunes pousses de bambous, qui sont
plus faciles à digérer.
Le gorille des montagnes est, depuis longtemps, menacé d'extinction. Les raisons
principales qui mettent sa survie en danger sont le braconnage et la forestation
des zones où il habite.
Le gorille a un rythme de vie qui suit le soleil. C'est pour cette raison qu'il dort
environ 12 heures par jour. Quand il ne mange pas, il se repose, afin de faciliter sa
digestion ou encore, il joue avec ses semblables. Il passe également beaucoup de
temps à fourrager, c'est-à-dire à chercher sa nourriture.
Tu as sûrement déjà observé des gorilles au zoo. Alors, sais-tu pourquoi ils se frappent
parfois la poitrine en criant? Parce qu'ils veulent devenir des chanteurs d'opéra? Non! Il
s'agit plutôt d'un cri d'avertissement, pour impressionner les autres mâles à qui ils
veulent démontrer leur force et leur supériorité. Ils souhaitent aussi faire peur et faire fuir
ceux qui s'immiscent sur leur territoire.
Une relation privilégiée avec les animaux
Au cours des années Pascale a travaillé avec les gorilles, comment s'y est-elle prise
pour les apprivoiser, les approcher et se faire accepter d'eux? «L'important, explique-t-
elle, est de ne jamais brusquer les singes. Ainsi, il faut toujours les avertir de notre
présence, en faisant du bruit, et ne pas les prendre par surprise. Il faut aussi veiller à ne
jamais leur prendre leur nourriture. Sinon, ils peuvent devenir agressifs et mordre, même
s'ils ont l'habitude de la présence humaine.»
La communauté de gorilles auprès de laquelle Pascale a travaillé, au Rwanda, comptait
plus de 30 animaux. Comment alors faisait-elle pour les différencier les uns des autres?
Ne se ressemblaient-ils pas tous? «Oui, à première vue. Mais les gorilles sont une
espèce de singes qui n'ont pas de poils dans le visage. Ils ont donc des traits distinctifs
qu'il est facile de repérer. De plus, histoire de s'assurer que nous reconnaissons bien les
gorilles avec lesquels nous travaillons, nous prenons leurs empreintes nasales. Ce sont
comme les empreintes digitales des singes. Pas deux gorilles n'ont les mêmes.»
Avec leurs grands yeux doux et leur tempérament pacifique, les gorilles sont des
animaux attirants pour les petits et les grands. Justement, à force de les côtoyer
quotidiennement, Pascale en avait-elle un préféré? Elle assure que non. «Il y a
évidemment certains animaux qui sont plus attachants, plus faciles d'approche. Mais un
bon chercheur ne doit pas privilégier un animal plus qu'un autre. C'est une question de
respect pour le travail que nous faisons.»
Des projets pleins la tête
Aujourd'hui, Pascale enseigne l'anthropologie et la primatologie à l'Université de
Calgary. Elle travaille aussi dans un autre pays d'Afrique, le Ghana, auprès d'une
communauté de colobes noirs et blancs. Selon les années, elle y retourne durant
quelques semaines ou quelques mois, en compagnie de ses étudiants.
Toujours aussi passionnée par son métier, Pascale est plus que jamais convaincue de
la nécessité de protéger les espèces en travaillant à conserver le milieu dans lequel
elles vivent. Autour de toi, tu peux toi aussi amener les gens à se préoccuper du bien-
être des animaux et de leur protection. Souviens-toi que les animaux sont des êtres
vivants et pas des jouets. Et n'hésite pas à le rappeler à ceux qui t'entourent!
Le colobe noir et blanc: un drôle de petit singe!
Le colobe est un singe moins connu que le gorille. C'est cette espèce que Pascale
étudie depuis quelques années. Il s'agit d'un primate arboricole, qui vit dans la forêt
tropicale sèche et se nourrit de feuilles d'arbres, d'insectes et de fruits.
Comme le colobe vit dans les arbres, il peut être parfois difficile de l'apercevoir. La tâche
des chercheurs est facilitée quand les arbres perdent leurs feuilles, durant quelques
mois chaque année.
Le savais-tu?
Au Ghana, les singes sont sacrés. Ils sont considérés comme les enfants du dieu qui
protège le village. À cause de cette croyance, ils ont leur propre cimetière et… des droits
bien à eux! Ainsi, lorsqu'ils arrivent dans un village, les gens les laissent se promener où
bon leur semblent. Les autos et les vélos s'arrêtent même pour leur céder le passage!
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