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Jean-Michel Basquiat : Premier peintre noir reconnu par l’avant-garde
(MFI / 02.11.10) Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris expose jusqu’au 30
janvier 2011quelque 150 tableaux de Jean-Michel Basquiat. Une exposition à ne
pas manquer. La plupart sont invisibles, jalousement gardés par des
collectionneurs européens ou américains.
« Il faut toujours garder en tête que c’est un artiste très jeune, très juvénile, raconte
Marie-Sophie Carron, commissaire de l’exposition Basquiat qui présente au Musée
d’Art moderne de la Ville de Paris jusqu’au 30 janvier 2011 quelque 150 tableaux de
l’artiste. Brillant, bourré de talent, dandy, iconoclaste, Jean-Michel Basquiat avait tout
pour devenir une star. Il aurait eu cinquante ans cette année s’il n’était mort en 1988
d’une overdose à l’âge de vingt-sept ans.
En dépit de sa mort prématurée, il est un des artistes les plus chers du monde. Sa mort
brutale alors même que tout semblait se transformer en or sous ses pas, renforce sa
légende de clochard céleste foudroyé dans la force de l’âge.
Basquiat parle des choses qui le hantent
Il était né à New York, dans le quartier de Brooklyn, d’une mère portoricaine et d’un
père haïtien. « Il commence dans le milieu des graffitis, poursuit Marie-Sophie Carron.
Il comprend très vite que pour réussir, il faut être dans les meilleurs expositions, avoir
les meilleurs marchands. Et en très peu de temps il remplit ce contrat. »
Basquiat parle des choses qui le hantent : l’argent, la mort, la maladie. Ses peintures
montrent des crânes et des squelettes. Elles ont la violence et la force des arts primitifs,
tout en étant nourries de culture populaire américaine - cette culture qui a bercé
l’enfance du peintre, comme il le rappelle dans cette interview accordée au début des
années 1980 :
« J’ai grandi dans un désert culturel. Chez moi, il n’y avait que la télévision. J’ai dû
partir. Toute ma vie, à l’époque, c’était maison-école, école-maison. Je n’avais pas
d’amis, rien que la maison et la classe. Et dès que je sortais, c’était pour picoler,
balancer des bouteilles, ce genre de truc... » La peinture de Basquiat est son journal
intime. Liberté, racisme, mort et publicité se côtoient sur ces toiles violentes et
lyriques.
Des toiles violentes et lyriques.
Il se lie d’amitié avec Andy Warhol qui devient son mentor, explique encore Marie-
Sophie Carron : « Warhol, c’est un artiste qui a très vite compris que pour se
différencier, pour être au premier plan, il fallait utiliser les média. Les médias, c’est
être photogénique. Basquiat est magnifique, beau. Donc, en 1985, il a vingt-cinq ans à
l’époque, devant ses œuvres, il fait la couverture du New York Times Magazine pour
illustrer un article sur New Art, New Money - donc le nouvel art, le nouvel argent. »
Le nouvel argent, car, à vingt-cinq ans, Jean-Michel Basquiat est une star, le premier
peintre noir reconnu par l’avant-garde.