Sur la frontière d’Espagne, les troupes franquistes ont
remplacé les républicains ; la tension est d’autant plus sensible que les
troupes républicaines se sont réfugiées en France où elles ont été
désarmées.
Gardes républicains et gardes franquistes se regardent à travers
les barbelés sur le pont du Ségre (La frontière), sans aucune trace de
sympathie.
Après un parcours par Argelès, Port-Vendres, bien que
permissionnaire jusqu’au 25 août, devant les informations alarmantes
de la presse et de la radio, nous avons décidé de repasser par Lautrec
avant de poursuivre nos vacances qui devaient nous mener en
Bretagne.
D’une part, c’est sur notre route et cela nous évitera deux jours
à l’hôtel, d’autre part, j’ai besoin de connaître les dernières
répercussions des évènements internationaux sur les actions internes
de la gendarmerie.
Nous sommes arrivés chez nous à Lautrec le quatorze au soir !
Mardi 15 août
J’ai parlé avec les gendarmes de l’évolution de la situation
internationale et j’ai pris connaissance des diverses notes venues de la
section durant mon absence.
Dans la nuit 15 au 16 août le téléphone réveille la brigade à
deux heures du matin. Un avis urgent nous est transmis : toutes les
permissions sont annulées. Il faut sans délais rappeler les
permissionnaires.
J’ai pris le message et accusé réception.
Tous les gendarmes sont venus au bureau et nous commentons
la situation, lorsque vers trois heures un nouveau message nous est
transmis : il faut dès maintenant amorcer la phase IV du plan de
mobilisation. C’est la réquisition des chevaux !
Nous devons convoquer sans délais les paysans propriétaires
de chevaux figurant sur notre fichier : c’est la réquisition qui
commence. Nous avons déjà vécu une période semblable l’année
précédente, ce n’est pas bon signe.
Dés cinq heures je préviens par téléphone Monsieur Delga, le
maire de Lautrec et l’informe de la situation. Il va venir aussitôt que
possible : son domicile est à quatre kilomètres de Lautrec, au château
de Vincennes, prés de Brousse.