Académie d’Oléans-Tours 5/5 N.Barraud – P.Pichard
Travail à faire: le change et les politiques de change
1- En vous appuyant sur l’annexe 1, vous présenterez les facteurs explicatifs de la faiblesse du cours du
dollar.
2- Vous réfléchirez sur les conséquences d'une monnaie forte comme l'euro à partir de l'annexe 2.
Annexe 1
Pour expliquer le plongeon du billet vert, les
économistes mettent en avant les immenses
déséquilibres de l'économie américaine, qu'il s'agisse
du creusement historique du déficit budgétaire ou de
l'accroissement vertigineux du solde négatif de la
balance commerciale. Le déficit budgétaire
américain pour l'année fiscale 2004 s'est établi à
412,55 milliards de dollars, un nouveau record après
celui qu'avaient constitué les 377,14 milliards de
dollars de 2003. La balance commerciale n'a pas
connu une évolution plus favorable sous le mandat
de Mr .BUSH. Les Etats-Unis devraient enregistrer
en 2004 un déficit supérieur à 500 milliards après un
trou, là encore record, de 496,5 milliards de dollars
en 2003.
Au-delà du déséquilibre de ses comptes
intérieurs et extérieurs, ce sont aussi les failles
apparues dans l'économie américaine sous le mandat
de Mr. BUSH, qui, selon les spécialistes,
expliqueraient le recul du billet vert. L'éclatement de
la bulle spéculative boursière, les déboires de la
nouvelle économie, la faillite frauduleuse du géant
ENRON,les démissions en chaîne des dirigeants des
organisations de tutelle et de contrôle, ont du même
coup rendu le dollar moins attractif auprès des
investisseurs internationaux. A cela s'ajouteraient
l'impact, sur le marché des changes, du rejet de la
politique étrangère de Washington et la sanction de
la situation chaotique en Irak (...).
De fait, le plongeon du billet vert au lendemain
de la réélection de Mr. BUSH apparaît d'origine
avant tout politique. Les opérateurs du marché des
changes sont persuadés que la Maison Blanche, au
cours des prochaines années, s'emploiera à faire
fortement baisser le dollar afin de favoriser les
intérêts de l'économie américaine (freiner la
délocalisation et la désindustrialisation, stimuler les
exportations et rééquilibrer la balance commerciale).
Le Monde « Dossiers et documents » n°337 - 12/2004.
Annexe 2
La Banque centrale européenne a porté son principal
taux directeur de 2% à 3,5 % sur un an, malgré l'euro fort.
La politique de la BCE pénalise-t-elle la France ?
Marc TOUATI de la banque NATEXIS répond :
Marc TOUATI : depuis deux ans, la France réalise une
croissance inférieure à celle de la zone euro : cela
n'arrange pas les choses. La BCE n'aide pas les
gouvernements à faire des réformes en menant une
politique trop restrictive. Pour autant, elle n'est pas
responsable de tous nos maux en matière de fiscalité, de
droit du travail, de réglementation ou de politique
budgétaire.
Comment les décisions de la BCE se traduisent-elles sur
l'activité ?
M.T. : D'abord la hausse des taux directeurs renchérit le
coût du crédit, surtout à la consommation. Or les ménages
prennent de plus en plus de risques pour faire face à la
faiblesse de leur pouvoir d'achat. Le taux d'épargne est au
plus bas depuis 1994 et les Français sont endettés à
hauteur de 67% de leurs revenus, un record historique.
Ainsi la hausse des taux à court terme à 3,50 %, et qui
risque de se poursuivre, peut leur être dommageable. Le
second vecteur, c'est le niveau de l'euro(...). Mais en
nourrissant les anticipations de la hausse des taux
d'intérêt, la BCE donne aussi son blanc-seing au marché
pour valider l'appréciation de l'euro face au billet vert.
Quelles en sont les conséquences ?
M.T. : la valeur d'équilibre de l'euro est d'environ 1,15
dollar. Au-delà de ce seuil- que nous avons largement
franchi-, l'euro fort pénalise les exportations françaises, ce
qui joue négativement sur l'investissement et l'emploi.
D'autre part, l'euro fort réduit aussi le prix des
importations en France, ce dont on se réjouit parfois. Mais
cela introduit une distorsion de concurrence pour les
entreprises produisant sur le territoire national. Enfin,
l'euro fort réduit l'appétit des investisseurs étrangers pour
l'Hexagone et à l'inverse encourage les entreprises
françaises à investir dans la zone dollar. L'euro fort
devrait amputer la croissance française de 0,3 point en
2007- nous réduisons d'ores et déjà notre prévision de 2,1
% à 1,8 %-. S'il se maintenait durablement au-dessus de
1,32 dollar, nous devrions abaisser encore de 0,3 point
notre prévision.
Le Monde 12/12/2006.