Il est bien temps d'abolir une circulaire illégale qui, de plus, impose quasiment de force — ce qui constitue une
violence morale déjà interdite par l'islam — le culte musulman au futur époux de la Tunisienne ayant (ou non)
une autre confession, par ce folklorique certificat de conversion délivré par le mufti. Comme si un tel
document pouvait attester de la foi !
Au reste, si l'État ne se décidait pas à mettre fin à une telle aberration juridique par l'abrogation de cette
circulaire illégale, il engagerait un jour sa responsabilité devant les instances internationales pour non-respect
de ses obligations induites par les conventions internationales régulièrement ratifiées.
L'exigence de certificat de conversion est illégitime aussi, étant réservée au supposé non-musulman. L'islam
serait-il devenu une nationalité? Tout Tunisien est-il forcément musulman? Hérite-t-on de la foi de ses parents
en islam sans autre preuve d'islamité véritablement constatée?
De fait, la pratique actuelle est une pure hypocrisie qu'il faut bannir au plus vite, car elle réduit l'islam à une
simple ostentation, vidant la conversion de tout sens quand elle est d'abord un élan de l'âme pour une foi se
voulant scientifique, étant déjà rationaliste.
On nage bien en plein délire
Par ailleurs, le fait de supposer d'office musulman tout Tunisien — ce qui est déjà faux et contraire à la
constitution du pays — garantit-il forcément le respect des valeurs de l'islam? Ne trouve-t-on pas nombre de
non-musulmans bien plus pieux que des Tunisiens prétendus musulmans en traduisant plus nettement les
valeurs cardinales de l'islam? Pourquoi alors ne pas exiger un certificat de piété musulmane de l'époux
tunisien?
De plus, la profession de foi qu'on demande au supposé converti suffit-elle à prouver son respect de la foi
quand on sait que les Tunisiens, musulmans d'office, ne sont même pas pratiquants dans leur majorité? Ainsi,
on nage bien en plein délire !
Ce délire est aggravé par le fait que l'islam n'a jamais encouragé l'ostentation, se voulant affaire d'intime
conviction, bien loin du moindre affichage qui relève souvent de la tromperie. De quoi donc atteste le mufti
avec son certificat sinon d'une prétendue conversion que même un escroc pourrait arriver à obtenir?
Puis, de quel droit le mufti délivre-t-il ce certificat, devenu une quasi-obligation, et qui prétend attester d'une
foi relevant de la souveraine appréciation de Dieu? Or, le Coran a interdit, et ce même au prophète, de se
substituer au Seigneur pour juger de ce qui relève de l'intimité du cœur que ne connaît que lui, seul juge de la
foi des gens.