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Attention : nombreux paragraphes extraits directement des sources suivantes :
C. André et F. Lelord, L’estime de soi, s’aimer pour mieux vivre avec les autres. Odile
Jacob Poches.2001.
Daniel Calin, Les réactions psychologiques à l’échec scolaire.
http://daniel.calin.free.fr/textes/echec.html
I. Définition et rappels théoriques
A) Définition thériques :
L'estime de soi, selon Paradis et Vitaro (1992), est un regard global sur soi qui
correspond à un jugement de sa valeur en tant que personne. Pour porter ce
jugement, l'enfant doit d'abord acquérir une image de soi, c'est à dire avoir une
connaissance de ses caractéristiques personnelles. Par ailleurs, Lawrence
(1988) définit l'estime de soi comme étant l'évaluation individuelle de la
divergence entre l'image de soi et le soi idéal. À la suite de l'analyse des
concepts présents dans cette dernière définition, on constate que l'enfant doit
être capable d'établir une comparaison entre ce qu'il est et ce qu'il souhaiterait
être. Dans la mesure l'individu accorde de l'importance à cette divergence, il
est possible d'affirmer que le développement de l'estime de soi devient un
processus affectif jouant un rôle fondamental dans le développement
psychologique de l'enfant.
(Cf. document 0)
L’équation de James : l’estime de soi est le rapport entre nos prétentions et nos
succès. On peut donc l’améliorer de deux manières : en diminuant nos
prétentions, en augmentant nos succès, soit en réalisant un équilibre entre les
deux.
Le miroir social de Cooley (1902) et Mead (1934) : l’estime de soi est la
perception de soi construite par l’intériorisation de l’opinion d’autrui sur soi.
Le lieu de contrôle de Rotter (1966) : l’estime de soi se décline en fonction de la
croyance de l’individu à être acteur des évènements de sa vie, ou victime.
La hiérarchisation des besoins de Maslow (1970) : l’estime de soi correspond à
une double nécessité pour l’individu, se sentir compétent et être reconnu par
autrui.
Le sentiment d’auto-efficacité de Bandura (1986) : l’estime de soi renvoie aux
croyances de l’individu en ses capacités.
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Coopersmith (1967) qu’il n’y a pas de corrélation significative entre l’estime de
soi et le niveau social, éducationnel, ou professionnel des parents, mais qu’il y
en a une entre l’estime de soi et la qualité de la relation qu’à l’enfant avec ses
parents.
Harter en 1978 : Les renforcements positifs sont importants parce qu’ils
encouragent certains comportements et montrent l’enfant l’adéquation de ses
performances. Ils apportent stimulation et affection, et favorisent le processus
d’indépendance et la recherche de la maîtrise. La source de cette approbation
se modifie avec l’âge de l’enfant : jusqu’à 3 ans parents, après pairs.
B) Composantes :
Les composantes de l’estime de soi :
Le sentiment de confiance ;
La connaissance de soi ;
Le sentiment d’appartenance à un groupe ;
Le sentiment de compétence.
Le sentiment de confiance est préalable à l’estime de soi. Il faut d’abord le ressentir
et le vivre pour être disponible pour réaliser des apprentissages qui vont nourrir
l’estime de soi. Les trois autres composantes peuvent être stimulée à chaque stade
du développement mais ne peuvent exister sans la première qui est donc
primordiale.
C) Comment se développe l’estime de soi ?
L’estime de soi se développe très tôt et évolue tout au long de la vie.
Toutes les personnes significatives dans la vie de l’enfant sont des agents importants
concernant l’édification de l’estime de soi : les parents exercent une influence
déterminante, ainsi que les enseignants, et les pairs. C’est en majeure partie par
l’intermédiaire du regard des personnes de son environnement que l’enfant
développe ses perceptions et ses croyances envers lui. Pour l’enfant, les adultes
sont comme un miroir il se perçoit. A travers l’image que lui reflète son univers,
l’enfant apprend qui il est. Donc, si les adultes transmettent à l’enfant une image
positive de lui-même, il développera sainement son estime de soi et sa confiance en
soi.
D) Comprendre les mécanismes de l’estime de soi chez l’enfant :
Les chercheurs font correspondre les débuts de l’estime de soi, à ceux de la
conscience de soi. Il semble que ce soit vers l’âge de huit ans que les enfants
accèdent à une représentation psychologique globale d’eux mêmes qui puisse être
mesurée et évaluée scientifiquement. Ils sont alors capables de dire qui ils sont au
travers de leurs différentes caractéristiques : physique, caractère etc... et de décrire
leurs états émotionnels. Ils perçoivent leurs invariants et savent qu’ils restent
identiques, mêmes s’ils traversent des états émotionnels différents.
Cependant, l’observation des enfants montre que les choses se mettent en place
bien avant 8 ans, même si elles sont difficiles à évaluer scientifiquement.
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Encore mal étudiée par les chercheurs, l’estime de soi des enfants est une
réalité complexe :
pour pouvoir parler d’estime de soi, une certaine autonomie vis-à-vis des parents
est nécessaire : certains enfants n’ont une bonne estime d’eux-mêmes que sous
le regard bienveillant de leur mère.
les réussites enfantines pèsent sur l’estime de soi et on peut les hiérarchiser :
réussir une performance à la maison (un puzzle) sera valorisant mais moins
qu’en milieu extérieur (ex toboggan très haut) qui le sera moins qu’une victoire
dans un jeu compétitif.
Dès l’âge de 3 ou 4 ans l’enfant commence à se préoccuper de son acceptation
sociale. Le lien entre cette préoccupation et l’estime de soi est très étroit.
Les tentatives des enfants pour se valoriser aux yeux d’autrui commencent elles
aussi assez t. Entre 6 et 8 ans : comparaison des parents respectifs et plus
tard rêveries sur la filiation.
Les 5 domaines les plus importants dans la constitution de l’estime de soi des
enfants et des adolescents sont
o l’aspect physique (plaire aux autres)
o les compétences athlétiques (être bon en sport, courrir vite, sauter
haut, pouvoir gagner)
o la popularité auprès des pairs (est-ce qu’on m’aime bien dans la classe
et l’école, est-ce que j’ai beaucoup d’amis, est-ce que je suis invitée par
des pairs...)
o la conformité comportementale (est ce que je suis considérée comme
responsable, est ce que je respecte les règles etc...=
o la réussite scolaire (résultats scolaires)
Il existe donc pour l’enfant 4 sources principales de jugements significatifs, donc
quatre sources d’estime de soi : ses parents, ses enseignants, ses pairs (les
enfants de sa classe et plus largement de l’école), ses amis proches. Quand
elles fonctionnent toutes, ces quatre sources d’approvisionnement permettent
plénitude et solidité de l’estime de soi. Si l’une ou l’autre est défaillante, les autre
peuvent y suppléer : on supporte mieux une mésentente dans un domaine, si on
est apprécié dans les autres. Cependant quatre sources de jugement, cela fait
quatre sources de pression autour de quatre rôles sociaux que l’enfant doit bien
tenir s’il veut son compte d’estime de soi : être bon fils ou bonne fille, bon élève,
bon camarade, bon copain ou bonne copine. Autrement dit, il doit fournir quatre
fois plus d’efforts pour préserver une bonne image sociale !!!
L’importance relative de ces différentes sources de renforcement de l’estime de
soi varie selon l’âge.
o Chez les très jeunes enfants, l’avis qui a le plus de poids est celui des
parents. Puis au fur et à mesure du développement, c’est l’importance
des pairs qui s’affirme.
o Entre 3 et 6 ans le réseau relationnel se multiplie et se complexifie,
avec une tendance plus nette chez les garçons (bandes) que chez les
filles (dyades). C’est une période clé pour la construction de l’estime de
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soi, en particulier dans sa dimension sociale, l’enfant se montrant très
préoccupé de sa popularité. L’avis des parents reste important dans les
domaines de la conformité comportementale et de la réussite scolaire.
o Par contre, c’est l’avis des pairs qui est principal en ce qui concerne
l’aspect physique, les compétences athlétiques, et la popularité.
E) Importance de la place dans la fratrie :
La naissance d’un sœur ou d’un frère cadets représente toujours un coup porté à
l’estime de soi de l’aîné qui, souvent, s’inquiète et souffre d’avoir perdu son statut
d’objet d’amour unique. Selon le profil psychologique, cette souffrance prend
différents visages : opposition ouverte, conduites régressives, recherche d’attention,
etc.... Dans tous les cas, elle témoigne des doutes de l’enfant quant à l’amour que lui
portent ses parents. Que vienne au monde un troisième et c’est au tour du cadet de
changer de statut. L’aîné, lui, a déjà passé le cap, et son prestige d’aîné peut y
gagner.
D’après les recherches actuelles, pour répondre aux attentes des parents, l’aîné
investirait son estime de soi dans la réussite et la performance, tandis que la place
du bon élève étant déjà prise, le cadet privilégierait le relationnel. Les deux auraient
donc des estimes de soi de types différents.
Pour un aîné, l’estime de soi est d’abord très fortement « nourrie » par les parents
qui lui consacrent plus de temps etc... Puis cela doit être partagé, car même si
parfois l’amour parental peut être sans limites, le temps parental lui en a. D’où un
sentiment de menace, une conscience plus aiguë qu’il est possible de perdre ce
qu’on avait, et une estime de soi moins stable.
Pour un cadet, l’affection reçue est partagée dès la naissance. La menace d’une
perte possible est moins présente. D’autre part, il se tourne plus spontanément vers
l’autre nourriture relationnelle de l’estime de soi, l’approbation et l’estime des pairs.
L’aîné, lui s’appuie sur celles des parents. Le cadet a donc un sentiment de menace
moindre, une meilleure diversification des sources de valorisation ce qui va entraîner
une estime de soi plus stable.
Miller et Naruyama en 1976, Falbo et Polit en 1986.
F) Le choc de la scolarisation :
Entre la vie à la maison et à l’école, le changement peut être très brutal pour l’enfant
et avoir des répercussions sur son estime de soi.
Cf. Document 1 : Impact de la scolarisation sur l’estime de soi
D’après de nombreux spécialistes, plus l’estime de soi d’un enfant est élevée,
meilleurs seront ses résultats scolaires. D’autres observations plus intéressantes ont
été faites : le niveau d’estime de soi prédit assez bien la valeur des stratégies qui
seront mises en place par l’enfant lorsqu’il rencontrera des difficultés scolaires : une
estime de soi élevée est associée à des comportements plus adaptés, comme la
recherche de soutien social, une relative confiance dans l’avenir, des capacités de
remise en question, une confrontation active à la réalité etc...
Une basse estime de soi est en revanche plus facilement corrélée à des attitudes
peu productives et qui risquent d’aggraver la situation : fatalisme, évitement du
problème, anticipations négatives....
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Influence du milieu scolaire :
Globalement, les systèmes scolaires compétitifs améliorent l’estime de soi des
sujets chez lesquels elle est haute, et altère celle des autres.
Les systèmes non compétitifs valorisent relativement moins l’estime de soi des
bons élèves, mais améliorent celle des mauvais qui se sentent moins menacés.
C’est une qualité d’éducation globale, améliorant l’estime de soi qui est le
meilleur prédicteur de réussite scolaire. Pour réussir ses études sur le long
terme, il n’y a pas que les compétences intellectuelles et la quantité de travail qui
comptent, mais aussi la stabilité émotionnelle, la résistance aux échecs, etc ...
toutes choses liées à l’estime de soi.
Les réactions psychologiques à l’échec scolaire : (Daniel Calin) :
Tout échec, chez qui que ce soit, et de quelque type qu’il soit, constitue, presque par
définition, une « atteinte de l’image de soi ». Mais l’échec scolaire tend à aggraver
ces réactions habituelles, pour quatre raisons au moins :
Il s’agit d’enfants : l’enfant relativement à l’adulte a un Moi mal assuré, qui ne
peut « tenir » que s’il s’appuie, de façon suivie et concrète, sur « l’estime des
autres » (ses parents, ses enseignants, ses camarades...). Autrement dit,
l’enfant est bien plus narcissiquement dépendant que l’adulte. L’échec scolaire
entame généralement gravement l’estime des autres, et tend à priver
l’enfant de cet étayage narcissique psychologiquement vital pour lui.
L’échec est précoce. Malgré les dénégation usuelles des enseignants des
classes maternelles, les enfants ressentent plus ou moins confusément les
différences, si bien que l’échec scolaire est de fait vécu dès les classes
maternelles et quoi qu’il en soit, au plus tard dès le CP, donc à un âge très
« tendre », à un âge l’enfant est encore très dépendant narcissiquement des
gratifications des adultes. La précocité de l’atteinte narcissique radicalise sa
force, ainsi que la gravité de ses retentissements sur les possibilités de
développement de l’enfant qui la subit.
L’échec scolaire touche le plus souvent des enfants déjà « fragiles » sur le
plan narcissique, et presque toujours des enfants psychologiquement « fragiles »
d’une façon ou d’une autre. Ce sont les plus « fragiles » qui échouent, et cet
échec les touche plus qu’il n’aurait touché les autres, moins fragiles, et moins
avides d’étayage narcissique.
L’école est au cœur de la valorisation des enfants : Dans nos sociétés
développées, la scolarité est devenue, dans presque tous les milieux, la tâche
essentielle des enfants : on leur demande d’abord de « bien travailler à l’école ».
Le plus souvent, même, on ne lui demande que cela. Le travail scolaire est ainsi
devenu sa plus importante source de reconnaissance, sinon la seule. L’échec
scolaire touche ainsi la source essentielle de gratifications narcissiques des
enfants. Il est par peu « compensable » et cela de moins en moins. Priver une
enfant de réussite à l’école, c’est donc bien le priver de la reconnaissance des
autres.
G) Les conséquences possibles d’une faible estime de soi :
a) Document 2 : « Conséquences possibles d’une faible estime de soi »
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