Allocution de Pierre BAYLE, préfet de l’Aisne, à l’occasion du lancement du Cercle des Mécènes du Conservatoire d’Art Sacré de la cathédrale de Laon le lundi 15 octobre 2012 Monsieur le Sénateur-Maire, Monsieur le président de la Chambre des métiers et de l’artisanat, Monsieur le président du Conservatoire [Patrick de Buttet], Monsieur le curé [Alain Bosquet], Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprise, Mesdames, Messieurs, Je suis heureux de participer avec vous au lancement du cercle des mécènes du Conservatoire d’Art Sacré de la cathédrale de Laon, un projet d’intérêt général dont je ne peux que saluer l’ensemble des porteurs et des initiateurs. Ensemble, vous avez compris que la première richesse de l’Aisne, c’est son Histoire : l’Histoire des batailles qui s’y déroulèrent, des dynasties qui s’y établirent, des grands hommes qui y vécurent mais aussi des mouvements religieux, artistiques et architecturaux qui y ont émergé. Berceau du gothique, notre territoire est profondément marqué par l’art et l’architecture sacrés, dont la cathédrale de Laon est l’une des plus belles illustrations. Cependant l’Histoire d’un lieu ne peut être comprise indépendamment des usages qui en sont faits ou des vies qui s’y déroulent. En protégeant, restaurant et exposant des objets du culte ou des vêtements sacerdotaux, le Conservatoire d’Art Sacré donnera une épaisseur humaine à notre cathédrale, trop souvent abordée sur le seul plan architectural. 1 L’ouverture de cet espace muséal dévoilera au public une nouvelle dimension de la cathédrale de Laon et servira un objectif que nous partageons tous, le renforcement de l’attractivité de notre département. Pour que ce projet aboutisse, nous aurons besoin de fédérer toutes les bonnes volontés du département, des acteurs publics comme des particuliers et des chefs d’entreprises, dont je souhaite qu’ils soient nombreux à rejoindre le Cercle des Mécènes. A cette fin, et en tant que représentant de l’Etat, il m’appartient de rappeler que l’encouragement du mécénat fait partie des dispositifs clés de la politique culturelle du Gouvernement. Dès les années 1960, le ministre de la Culture André Malraux affirme souhaiter « provoquer en France un véritable mécénat culturel à l’instar de ce qui existe à l’étranger, notamment aux Etats-Unis ». Actuellement, le mécénat culturel est essentiellement régi par la loi dite « Aillagon » du 1er août 2003 qui fait de notre pays un exemple en matière de soutien au mécénat. En 2010, pas moins de 27% des entreprises françaises de plus de 20 salariés étaient mécènes, soit directement, soit par le biais de structures tierces, fonds ou fondations. De même, en 2008-2009, les entreprises françaises auraient donné jusqu’à 975 millions d’euros pour la culture, par le biais du parrainage et du mécénat. En Allemagne et au Royaume-Uni, les chiffres sont nettement inférieurs : les entreprises britanniques ont soutenu la culture à hauteur de 170 millions d’euros pendant la même période alors que l’économie allemande a dépensé environ 350 millions d’euros pour le sponsoring culturel. Cette réussite s’explique par des incitations fiscales très avantageuses, qui n’ont jamais été remises en question. Ainsi, une société assujettie à l’impôt peut bénéficier d'une déduction fiscale égale à 60 % du montant du don, dans la limite d'un plafond de 0,5% de son chiffre d'affaires annuel. Ce dispositif n’ignore pas le mécénat en nature ou en compétence, puisque cette contribution est alors valorisée au prix de revient, ou à la valeur nette comptable pour les éléments inscrits à l'actif de l'entreprise. Enfin, rappelons que les particuliers bénéficient d’une réduction d’impôt sur le revenu égale à 66 % des sommes versées au titre du mécénat, retenues dans la 2 limite annuelle de 20 % du revenu imposable. En 2007, le code général des impôts a par ailleurs été modifié pour permettre aux contribuables assujettis à l’ISF d’imputer sur leur cotisation d’impôt pas moins de 75% des dons effectués au profit des fondations d’utilité publique, dans la limite annuelle de 50 000 euros. On le voit, si la politique culturelle de notre pays est héritière d’une longue tradition étatique, elle est loin de décourager les initiatives privées. Le soutien au mécénat constitue un axe fort de la politique du Gouvernement : il traduit le refus de sacrifier le développement des Arts et des Lettres à un redressement des comptes publics nécessaire, mais dont il serait regrettable qu’il mette en péril une politique contribuant très largement au rayonnement de la France. J’invite donc les entreprises axonaises à rejoindre votre Cercle et à apporter leur pierre à ce beau projet qu’est le Conservatoire d’Art Sacré de la cathédrale de Laon. Je vous remercie. 3