Cancéropôle GSO : rencontres & échanges autour de la Recherche Translationnelle dans le Cancer du Sein 3&4 Juillet 2009 - Montauban SYNTHESE En annexes se trouvent les liens suivants : Communications scientifiques présentées Programme Liste des Participants I. Introduction Ces rencontres sont une initiative conjointe de 3 Axes du Cancéropôle GSO : - L’Axe 1, « Signalisation cellulaire et cibles thérapeutiques », représenté par son coordonnateur Serge Roche et Gilles Freiss, coordonnateur du Réseau ResisTH et référent du thème fédérateur « Cancers hormonaux-dépendants ». Le réseau ResisTH (Resistance aux thérapies anti-hormonales) a souhaité se réunir à l’occasion de la fin de son financement et ces rencontres lui ont permis de rencontrer la communauté GSO intéressée par sa thématique, - L’Axe 2, « Instabilité génétique, cycle cellulaire et épigénétique », représenté par Charles Theillet, - L’Axe 3, « Facteurs prédictifs de la réponse thérapeutique », représenté par Marc Debled. Des rencontres similaires avaient été organisées en octobre 2007 à Labourgade (voir le programme) et les retours positifs des participants ont motivé cette seconde réunion. L’objectif des rencontres translationnelles dans le cancer du sein est de faciliter dans un premier temps le dialogue entre chercheurs biologistes et cliniciens, à l’exemple des collaborations étroites initiées par le réseau ResisTH. Ceci afin de faciliter dans un second temps leur réunion sur des projets partagés. L’organisation des ces journées a été possible grâce au soutien financier du réseau ResisTH, de Lilly France et d’Astrazeneca. II. Session « Tyrosine kinase et cancer du sein » Modérateur : Gilles Freiss Peter Coopman (CRBM, Montpellier – Chef de l’équipe « Morphogenèse et signalisation cellulaires ») a présenté le rôle suppresseur de tumeur de la tyrosine kinase Syk dans le cancer du sein. Il est observé une perte d’expression de Syk pendant la progression tumorale faisant de cette tyrosine kinase un facteur de mauvais pronostique. Syk inhibe la croissance tumorale et la capacité métastatique in vivo et sa réexpression provoque une division cellulaire défectueuse. L’équipe s’intéresse à l’activité de Syk au niveau subcellulaire (impact sur la mitose, l’adhésion intercellulaire et la polarisation épithéliale) et recherche ses substrats (50 nouveaux substrats identifiés par la technique SILAC dont CDK1). Les travaux tentent d’élucider les mécanismes moléculaires responsables de la perte d’expression de Syk (régulation épigénétique ?, régulation négative de l’expression de Syk par Snail). Les travaux en perspective de l’équipe comportent l’invalidation conditionnelle de Syk dans la glande mammaire chez la souris. Des études cliniques devraient également permettre d’étudier l’expression différentielle de Syk comme marqueur de sous-types de cancer du sein et de voir son implication dans les mécanismes de résistance. Serge Roche (CRBM, Montpellier – Chef de l’équipe « Tyrosine Kinase et Cancer ») a présenté l’implication des tyrosines kinases de la famille Src (SFK) dans le cancer du sein. Les SFK sont dérégulées dans 50% des cancers du sein et elles sont impliquées dans la croissance tumorale, l’angiogenèse et la progression métastatique. La tyrosine kinase Src a une activité oncogénique dans les cellules de cancer du sein. 2 substrats de Src sont étudiés : - La protéine Abl : un signal oncogénique Src/Abl est observé dans les cellules de cancer du sein « triple négatif » (ou « basal like »), faisant de leurs inhibiteurs de potentiels agents thérapeutiques. Le signal oncogénique de Src est en cours d’identification par phosphoprotéomique quantitative (méthode SILAC). - La protéine Tom1L1 : Tom1L1 est surexprimée dans le cancer du sein HER2+ et cette surexpression est corrélée à une mauvaise survie. La signalisation Tom1L1 favorise l’activité CGSO – Recherche translationnelle dans le cancer du sein – Montauban – 3&4 juillet 2009 invasive HER2 et les travaux démontrent que les protéines du trafic vésiculaire sont des régulateurs importants de la tumorigenèse. Les fonctions de Tom1L1 sont en cours de validation dans des modèles murins. Bruno Robert (IRCM, Montpellier – Equipe A. Pèlegrin « Immunociblage et radiobiologie en oncologie ») a présenté la dynamique positive et le dialogue entre biologistes et cliniciens ayant permis de passer de la preuve de concept à l’essai clinique dans le cadre du développement d’une association thérapeutiques d’anticorps anti-HER. Les effets thérapeutiques lors du ciblage EGFR/HER2 pour le traitement du cancer du pancréas sont en cours d’étude clinique. L’étude « THERAPY » a démarré et a pour objet l’étude d’une combinaison d’anticorps anti-HER1 et anti-HER2 dans le traitement des adénocarcinomes pancréatiques métastatiques. Une première étape consiste à tester la dose recommandée de l’association, au CRLC de Montpellier. Une seconde étape, nationale, évaluera le taux de réponses objectives. Un second essai de phase I-II, « GATE », évaluera l’association gemcitabine, trastuzumab et erlotinib en 1 ère ligne de traitement de patients atteints d’un adénocarcinome du pancréas métastatique. Les mécanismes d’action sont en cours d’étude, notamment le rôle de l’ADCC et un rôle direct sur la signalisation des récepteurs. L’association anti-EGFR/anti-HER2 va aussi être testée dans d’autres pathologies et en utilisant d’autres inhibiteurs HER. III. Session « Tyrosine kinase et cancer du sein – HER2 » Modérateur : Philippe Fort Stéphan Vagner (CPTP, Toulouse – Chef de l’équipe « Altérations de l'expression post-transcriptionnelle des gènes dans les cancers ») a présenté l’implication du complexe d’initiation de la traduction eIF4F dans la réponse au trastuzumab (Herceptin®, anticoprs anti-HER2/neu). Les travaux ont montré que le trastuzumab inhibe la phosphorylation de 4EBP dans certaines lignées cellulaires de cancer du sein surexprimant HER2. Le trastuzumab inhibe l’initiation de la translation de la plupart des ARNm et les cellules BT-474 surexprimant 4E et leur xénogreffes sont résistantes au trastuzumab. La question qui se pose maintenant est de savoir si le niveau d’eIF4E détermine la sensibilité des tumeurs au trastuzumab. Yann Bergé (Institut Claudius Regaud, Toulouse) a présenté les mécanismes de résistance au trastuzumab par des données bibliographiques ainsi que les résultats d’une étude rétrospective sur 63 patientes consécutives traitées à l’Institut Claudius Regaud par une chimiothérapie néoadjuvante associée au trastuzumab entre décembre 2003 et juillet 2008. Cette étude montre qu’eIF4E et HER2 sont des facteurs prédictifs de réponse au trastuzumab en schéma néoadjuvant mais ces conclusions sont à valider de façon prospective dans une étude clinique. Ali Badache (Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille, Chef de l’équipe « Migration des cellules tumorales ») a présenté ses travaux sur la signalisation Erb2 et la migration des cellules tumorales. L’équipe a identifié précédemment certaines tyrosines de ErbB2 indispensables à la migration cellulaire. Par une recherche systématique des protéines interagissant avec ces phosphotyrosines, une protéine nouvelle baptisée Memo (pour Mediator of ErbB2-driven motility) a été mise en évidence. Memo, suite à son recrutement au récepteur, contribue à la migration cellulaire induite par ErbB2. Les résultats de l’équipe indiquent que Memo contrôle la réorganisation du réseau de microtubules qui accompagne l’activation de ErbB2. Les travaux actuels portent sur les mécanismes moléculaires par lesquels Memo connecte les récepteurs membranaires au cytosquelette et active la motilité cellulaire. L’équipe cherche également à déterminer la contribution des voies de signalisation médiées par l’activation des récepteurs à tyrosine kinase au processus de migration cellulaire. L’identification des gènes, impliqués dans la motilité cellulaire par une approche originale de transcriptomiques couplé à l’expression de formes mutées de HER2 a permis d’identifier de nouveaux régulateurs de la migration .Une meilleure connaissance des réseaux de signalisation impliqués dans le processus de migration cellulaire pourrait dévoiler de nouvelles cibles pour des thérapies anti-métastatiques plus spécifiques et plus efficaces. Gilles Thomas (Fondation Synergie Lyon Cancer) nous a présenté les travaux de séquençage complet des cancers du sein HER2+ menés par « l’International Cancer Genome Consortium » (ICGC), et plus spécifiquement par le « Breast Cancer Consortium » (BCC) de l’ICGC coordonné par Michael Stratton (Sanger Institute, UK). L’objet de l’ICGC est d’obtenir une description complète de tous les changements d’intérêt au niveau génomique, transcriptomique et épigénétique de 50 types ou soustypes de tumeurs. La contribution française au BCC est soutenue par l’INCa et coordonnée par Gilles Thomas. Le groupement collaboratif français a été initié en novembre 2008 et se compose de 4 CGSO – Recherche translationnelle dans le cancer du sein – Montauban – 3&4 juillet 2009 centres : i) le CRLC de Montpellier ii) le CRLC de Marseille, iii) l’Institut Curie et iiii) le CRLC de Lyon. 5 centres additionnels le complèteront à l’automne. L’approbation par un comité d’éthique en mai 2009 de l’utilisation des données et échantillons de l’étude SIGNAL2 va permettre le démarrage des travaux d’ici peu. IV. Session « Classification clinique ou moléculaire » Modérateur : Hervé Bonnefoi Charles Theillet (IRCM, Montpellier) participe au programme "Cartes d'Identité des Tumeurs (CIT)"®, initié et financé par la 'Ligue Nationale contre le Cancer'. Ce programme vise à caractériser de multiples types de tumeurs grâce à l'analyse pangénomique de l'expression des gènes couplée à celle des altérations chromosomique. Charles a présenté les premiers résultats de ses travaux dont l’objet est le profilage des cancers du sein. Une proposition de classification moléculaire a été présentée et propose l’existence de 6 sous-types moléculaires : Normal breast like, Basal like, Luminal A, Luminal B, Lunimal C et Apocrine. Ces différents sous-types moléculaires se distinguent par des signatures d'expression qui leur sont caractéristiques mais aussi par des profils d'anomalies génomiques spécifiques. Ces données suggèrent qu’ils définissent des entités biologiques distinctes. Ils se stratifient de manière assez stricte selon l'expression des récepteurs aux hormones stéroïdes AR (androgene receptor), ER et PR, avec un sous-type AR-/ER-/PR-, un sous-type AR+/ER-/PR- présentant 65% de tumeurs HER2+, 2 sous-types ER+/PR+ et 2 sous-types ER++/PR++. La cohérence observée dans la répartition des caractéristiques clinico-biologiques entre les sous-types moléculaires est un élément en faveur de la robustesse de la classification. Des différences ont été observées en termes de tropismes métastatiques, certains sous-types ne présentant que des métastases osseuses et pas de métastases au cerveau et réciproquement. De plus, différentes voies d'activation oncogéniques ont pu être associées préférentiellement à certains sous-types. Les principales sont WNT, RAS et MYC. Chacune dans un soustype particulier. Ces données encore en cours d'analyse ouvrent d'importantes perspectives en termes de définition des groupes de bon et mauvais pronostic et de prise en charge des malades du cancer du sein. Elles suggèrent entre autre que l'on puisse s'appuyer sur cette classification pour définir les malades à risque élevé, moyen et bas de récidive et ajuster les traitements en regard. Gaëtan Mc Grogan (Institut Bergonié, Bordeaux – Département Pathologie) a proposé sa vision de pathologiste sur la transposition de la classification moléculaire des cancers du sein à la pathologie clinique. Il a posé la question de la place du pathologiste dans le contexte du développement des signatures moléculaires. Gaëtan conclue que la classification moléculaire des cancers du sein a permis le démembrement du groupe des carcinomes canalaires infiltrants en plusieurs groupes définis par i) une évolution clinique différente, ii) des modèles d’expression génique différents et iii) des cibles thérapeutiques différentes. L’approche simple des pathologistes permet de repréciser certains groupes moléculaires et de sélectionner des tumeurs à grande échelle pour leur étude moléculaire. Michel Longy (Institut Bergonié, VINCO, Bordeaux) a présenté la sensibilité des tumeurs BRCA. Les gènes BRCA1 et BRCA2 sont les principaux gènes de prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire. Ils sont responsables d’une majoration considérable du risque de survenue de ces cancers. Les pertes de fonction de BRCA1 ou BRCA2 engendrent des défauts de réparation des cassures doubles brins par recombinaison homologue. Un grand espoir repose actuellement sur le développement des inhibiteurs de PARP-1. PARP-1 est la Poly (ADP-ribose) Polymérase 1, une enzyme impliquée dans la réparation des altérations de l’ADN, notamment celles induites par la chimiothérapie. Les inhibiteurs de PARP-1 inhibent la réparation de l’ADN, et favorisent donc la mort cellulaire. Leur action est synergique avec les chimiothérapies qui altèrent l’ADN, notamment les sels de platine. Plusieurs molécules inhibant l’activité PARP sont actuellement en cours de développement clinique notamment dans les cancers du sein et de l’ovaire chez les patientes porteuses de mutations BRCA. V. Session « Hormonothérapie » Modérateur : Florence Dalenc Marc Debled (Institut Bergonié, Bordeaux – Département d’Oncologie Médicale) a présenté l’étude HORGEN, dont l’objectif principal est le profilage d’expression génique de réponse à un inhibiteur de l’aromatase ou au Fulvestrant (2 bras d’étude). Cette étude est co-financée par l’INCa (150k€) et Astrazeneca (150k€). L’étude vise à analyser le transcriptome des biopsies tumorales pour définir les signatures moléculaires prédictives de la réponse à chacun des traitements endocriniens. Le transcriptome tumoral est comparé avant et après traitement pour identifier les gènes mis en jeu dans la réponse à chacun des traitements (profilage d’expression à Montpellier à l’IRCM (C. Theillet) et l’IGMM (J. Tazi)). Les inclusions sont font actuellement sur 3 centres, l’institut Bergonié, l’Institut CGSO – Recherche translationnelle dans le cancer du sein – Montauban – 3&4 juillet 2009 Claudius Regaud et le Centre Léon Bérard de Lyon. 128 patientes doivent être recrutées sur 2 ans, 64 par bras. Au 30 juin 2009, 41 inclusions ont eu lieu : il y a eu 3 sorties prématurées d’étude (rechute locale avant 6 mois de traitement) et 1 SAE (Serious Adverse Event), considéré comme non lié à l’essai et résolu sans séquelle. Une étude au même design se déroule actuellement en Ile-de-France, CARMINA02. Mélanie White-Koning (Institut Claudius Regaud, Toulouse - EA3035 « Groupe de pharmacologie Clinique et expérimentale des médicaments anticancéreux ») a présenté les facteurs génotypiques et exogènes influençant l’hormonothérapie des cancers du sein. Les polymorphismes observés notamment au niveau des cytochromes induisent des différences de métabolisation ayant des impacts en clinique. Au niveau exogène, la qualité de la fonction hépatique ainsi que les interactions médicamenteuses peuvent influencer l’efficacité des hormonothérapies. Le protocole PHACS pour « Pharmacologie de l’Hormonothérapie Adjuvante dans le Cancer du Sein » a été sélectionné au PHRC 2009. Il a pour objectif principal d’évaluer les corrélations entre les paramètres pharmacocinétiques et pharmacogénétiques des traitements hormonaux des cancers du sein. Il rassemble pour une première fois tous les éléments de génétiques, PK, traitements associés et observance dans une seule étude. Cet essai multicentrique implique les 5 villes du GSO (CLCCs de Toulouse, promoteur, Bordeaux et Montpellier, CHU de Limoges et de Nîmes) et vise à recruter 2000 patientes en 2 ans. Marc Poirot (CPTP, Toulouse – Chef de l’équipe « Métabolisme, oncogenèse et différenciation cellulaire») a présenté le métabolisme des stérols dans les cellules tumorales mammaires comme un nouvel acteur dans le contrôle de la sensibilité et de la résistance au tamoxifène. Les ligands des « AntiEstrogen Binding Site » (AEBS) modulent le métabolisme du cholestérol. Les ligands d’AEBS induisent la différenciation de cellules tumorales mammaires et induisent l’apoptose et l’autophagie dans les lignées cellulaires MCF-7. Cet effet cytotoxique s’explique par une induction de perturbation de l’activité mitochondriale, une stimulation de la production de ROS et une induction des caractéristiques de macro-autophagie. Les ligands d’AEBS induisent l’apoptose et l’autophagie dans les MCF-7, l’inhibition de l’autophagie sensibilise les cellules aux ligands d’AEBS et la vitamine E bloque les effets antiprolifératifs et cytotoxiques des ligands d’AEBS. VI. Session « Récepteurs des œstrogènes – interaction transcriptionnelle » Modérateur : Vincent Cavaillès Kerstin Bystricky (Université de Toulouse, LBME/CNRS - équipe »Chromatine et expression génique ») a présenté des éléments de régulation épigénétique des gènes cibles du récepteur aux oestrogènes (ERalpha) en étudiant 3 aspects : la localisation cellulaire, le comportement au cours du cycle cellulaire et la régulation transcriptionnelle. En particulier, i) ces récepteurs liés à l’œstradiol ou aux SERD s’accumulent dans de nombreux foci intranucléaires qui colocalisent avec le protéasome. ii) L’hydroxy-tamoxifène (OH-TAM) et le Fulvestrant synchronisent les MCF-7 en G1, répriment l’expression des gènes cibles du RE et ont un effet anti-prolifératif prononcé en phase S. iii) L’effet stimulant de l’azacytidine ou de l’histone désacétylase Trichostatin A, seuls ou en combinaison, qui permet de transcrire des gènes cibles du récepteur mis en silence dans les cellules ER négatives, est transitoire (3 à 4 jours). Florence Dalenc (Institut Claudius Regaud, Toulouse – Département d’Oncologie Médicale) a présenté les inhibiteur des Histones déacétylases (HDACi) comme un traitement potentiel du cancer du sein. Les HDACi favorisent la différenciation cellulaire (cellules leucémiques et cancer du sein) et l’un deux, le SAHA® (Vorinostat) a aujourd’hui une AMM dans les lymphomes T cutanés réfractaires. D’autres HDACi sont en cours de développement clinique dans d’autres indications (mélanomes, sarcomes, lymphomes T, leucémies…). Dans les cancers du sein, les perspectives thérapeutiques reposent sur i) une association avec des cytotoxiques (existence d’une synergie d’action entre les HDACi et certains cytotoxiques) ii) une association avec une hormonothérapie pour les tumeurs RE+ et pourquoi pas pour les tumeurs RE– (étude clinique de preuve de concept en cours initiée par le réseau ResisTH), iii) une association avec des thérapies anti-HER pour les tumeurs HER2+++ ou basales (les associations SAHA/trastuzumab et SAHA/docétaxel ont un effet synergique in vitro). Jean-Marc Vanacker (Lyon) : le principal modèle d'étude de l’équipe est le récepteur ERRα dit « orphelin », proche en séquence des récepteurs des œstrogènes, mais non modulé par ces hormones et possédant de nombreux niveaux d'interférence dans les signaux stéroïdiens. Une forte expression de CGSO – Recherche translationnelle dans le cancer du sein – Montauban – 3&4 juillet 2009 ERRα est corrélée à un mauvais pronostic et une forte agressivité des cancers du sein, des ovaires, de la prostate et du colon. La modulation de ERRα bloque la prolifération cellulaire (réduction de la tumorigénicité chez la souris nude, induction de p21 indépendamment de p53). L’équipe étudie actuellement le rôle de ERRα sur l’activité invasive cellulaire. Il montre que l’inhibition de l’expression de ERRalpha affecte la migration cellulaire directionnelle sans affecter leur activité motile. En accord avec ces observations, ERRalpha modifie l’activité des RhoGTPases qui sont des régulateurs essentiels de la migration dirigée. La modulation de ERRα pourrait ainsi être bénéfique dans la prise en charge des cancers agressifs. VII. Session « Diffusion métastatique » Modérateur : Nicole Tubiana-Mathieu Pierre Savagner (IRCM, Montpellier – Equipe C. Theillet « Identité et plasticité tumorale ») : Les carcinomes mammaires humains peuvent être classés en fonction de leur profil d’expression génique en plusieurs familles distinctes, caractérisées par l’expression de phénotypes cellulaires spécifiques évoquant des étapes de différenciation cellulaire et des voies de signalisation préférentielles. On retrouve notamment les voies Wnt, Notch, SHH, Myc. L’équipe a caractérisé en aval de la plupart de ces voies d'activation le rôle de Slug, un facteur de transcription impliqué dans le contrôle du phénotype cellulaire, surexprimé dans certaines tumeurs mammaires. Il est suggéré que Slug agit au niveau de la maintenance et de l'activation de cellules de type progénitrices/souches, pendant le développement et les modulations cycliques de la glande mammaire, mais aussi au cours de la progression tumorale et métastatique. Les travaux de Richard Iggo (Institut Bergonié, VINCO, Bordeaux) se basent sur les résultats de l’étude EORTC 10994 et l’observation que des tumeurs mutées pour p53 sont résistantes aux anthracyclines mais sensibles aux taxanes. Ces recherches pointent l’importance des modèles de régression choisis pour une significativité des résultats. Le stroma (tissu nourricier et de soutien des cellules tumorales) protègerait ainsi les cellules tumorales du FEC (5FU, Epirubicin, Cyclophosphamide), avec un effet peut-être dû à l’activation des voies Wnt et TGFβ. Les médicaments ciblés anti-stroma pourraient ainsi contrer la résistance au FEC mais l’effet doit être validé dans un modèle animal. VIII. Session « Chimiosensibilité » Modérateur : Marc Debled Philippe Fernandez (CHU Bordeaux) a présenté l’intérêt de la TEP au 18 Fluoroestradiol pour prédire la réponse à l’hormonothérapie du cancer du sein localement avancé métastatique. On sait depuis 1988 que la fixation du FES chez des patientes ayant un cancer du sein ER+ est corrélée à l’expression des récepteurs in vitro. La TEP-FES permet d’évaluer l’hétérogénéité fonctionnelle des ER, de prédire la réponse au tamoxifène et peut prédire la réponse à l’hormonothérapie. Une proposition de protocole a été présentée, soutenue par le service de médecine nucléaire du CHU de Bordeaux et le groupe d’imagerie du CGSO. Après discussion avec les cliniciens présents, le protocole initialement présenté a été amendé. Il vise désormais à réaliser une « TEP-FES observationnelle pour évaluer sa valeur prédictive dans la réponse à l’hormonothérapie de 2ème ligne vs chimiothérapie ». Le groupe souhaiterait compléter puis présenter ce protocole à un PHRC. Il lance ainsi un appel à collaboration aux services cliniques intéressés par le projet et qui pourraient le porter. Henri Roché (Institut Claudius Regaud, Toulouse – Département d’Oncologie Médicale) a présenté des éléments sur la chimiosensibilté des cancers du sein. L’anticipation de l’efficacité d’une chimiothérapie dépend du type tumoral (déterminé par classification moléculaire et type histologique) et de facteurs prédictifs, qui peuvent être i) traditionnels ou de Niveau 1 (uPA/PAI1), ii) des signatures génomiques ou de Niveau 2 (facteurs de prolifération, RE-) ou iii) des cibles spécifiques ou de Niveau 2 (topoII, p53…). L’utilisation des facteurs prédictifs de niveau 3 est recommandée. La conclusion qui est faite est que les chimiothérapies ne sont toujours pas utilisées au mieux et la question se pose de leur utilisation uniquement pour leur effet propre et la manière de les combiner avec des thérapeutiques ciblées. Gwendal Lazennec (Inserm U844 – Chef de l’équipe « Chimiokines, cellules souches mésenchymateuses et cancer ») a présenté les mécanismes de contrôle de l'expression de la chimiokine CXCL8 dans les cancers du sein ER-positifs et négatifs. IL-8 est une chemokine dont la sécrétion est négativement liée au statut ER. Elle promeut l’invasion mais pas la prolifération. Les cytokines sont plus abondantes dans les tissus de cancers du sein et les cancers de haut grade expriment des taux élevés de cytokines. L’IL-8 CGSO – Recherche translationnelle dans le cancer du sein – Montauban – 3&4 juillet 2009 est surexprimée dans les cellules de cancers du sein ER- et la régulation de son gène implique une coopération entre les facteurs de transcriptions AP-1, NF-kB et C/EBP. Enfin, la régulation endogène du gène de l’IL-8 par des HDACi implique NF-kB. IX. Conclusion - Perspectives L’objectif de l’ouverture du réseau ResisTH et d’une rencontre de la communauté GSO « inter-axes » sur la thématique de la recherche translationnelle dans le cancer du sein a été satisfait. Un nouveau réseau se structure autour de cette pathologie et il existe désormais une bonne visibilité des acteurs impliqués dans cette thématique à l’échelle du GSO. Nous espérons à terme le développement de nouveaux projets de recherches associés à cette pathologie. Il parait ainsi important de construire un réseau sur la recherche translationnelle dans le cancer du sein. Ses objectifs, sa structure et sa conduite sont à définir et vos contributions sont espérées pour l’aide à sa construction. CGSO – Recherche translationnelle dans le cancer du sein – Montauban – 3&4 juillet 2009 Annexes Sont intervenus au cours de cette réunion : Session « Tyrosine kinase et cancer du sein » - P. COOPMAN – Tyrosine kinase syk et Cancer du sein - S. ROCHE – Tyrosines kinases de la famille Src et cancer du sein - B. ROBERT – Association d’anticorps thérapeutiques anti-HER : de la preuve de concept à l’essai clinique Session « Tyrosine kinases et cancer du sein – HER2 » - S. VAGNER – Complexe de traduction eIF4F et réponse à l’herceptine - Y. BERGE – Marqueurs biologiques et réponse au trastuzumab – A. BADACHE- Signalisation HER2 et migration des cellules tumorales – G. THOMAS – Vers le séquençage complet des cancers du sein HER2++ Session « Classification clinique ou moléculaire » - C. THEILLET – Profilage des cancers du sein - G. MC GROGAN – Transposition de la classification moléculaire en pathologie clinique– M. LONGYSensibilité des tumeurs BRCA Session « Hormonothérapie » - M. DEBLED – L’étude Horgen - M. WHITE-KONING – Facteurs génotypiques et exogènes influençant l'hormonothérapie des cancers du sein – M. POIROT- Le métabolisme des stérols dans les cellules tumorales mammaires : un nouvel acteur dans le contrôle de la sensibilité et de la résistance au Tamoxifène Session « Récepteurs des œstrogènes – interaction transcriptionnelle » - K. BYSTRICKY – Mécanismes de régulation épigénétique de gènes cibles du récepteur aux œstrogènes α - L. DALENC - HDACi : une nouvelle thérapie pour le traitement du cancer du sein ? - JM. VANACKER - ERRalpha, prolifération et migration cellulaires Session « Diffusion métastatique » - P. SAVAGNER - Développement mammaire, EMT et progression des carcinomes - R. IGGO – Mécanismes Résistance liée au stroma Session « Chimiosensibilité » - P. FERNANDEZ - TEP au fluoro-oestradiol dans le cancer du sein métastatique : proposition d'un PHRC - H. ROCHE – Le point de vue du clinicien α - G. LAZENNEC - Mécanismes de contrôle de l'expression de la chimiokine CXCL8 dans les cancers du sein ER+ et ERProgramme : Cliquez ici >> Liste des participants : Cliquez ici>> Contacts : Coordonnateur de l’Axe 1 « Signalisation Cellulaire et Cibles Thérapeutiques » : S. ROCHE. Coordonnateurs du thème fédérateur de l’Axe 1 « Cancers Hormonaux-dépendants » : G. FREISS / L. DALENC Coordonnateur de l’Axe 2 « Instabilité génétique, cycle cellulaire et épigénétique » : C. THEILLET Coordonnateur de l’Axe 3 « Facteurs prédictifs de la réponse thérapeutique » : J. ROBERT Assistante de coordination de l’Axe 1 et 2 : K. MARENDZIAK. Assistante de coordination de l’Axe 3 : Cécile FAURIE-BONNAFOUS CGSO – Recherche translationnelle dans le cancer du sein – Montauban – 3&4 juillet 2009