1
Maier, Christophe, Crusade propaganda and ideology. Model Sermons for the
preaching of the cross, Cambridge University Press 2004
Maier croisades
I.
1. Auteurs, contexte
Coisades prêchées contre musulmans, païen, cathares, orthodoxes en Grèce, et Hohenstaufen.
1. auprès population : enrôler volontaires et collecter des fonds
2. auprès croisés : soutenir le moral des troupes
3. auprès de ceux restés à la maison :soutenir moralement les croisés par prières et
pénitences
peu de sermons conservés : la plupart des collections classent les sermons par fêtes
liturgiques, alors que les croisades sont prêchées à toute date, s’adressent à des groupes
sociales spécifiques : ad status.
La première collection ad status qui contient 2 sermons pour croisés : Jacques de Vitry.
Les collections ad satus sont plus rares car moins directement utiles : la plupart des sermons
s’adressent à un public mixte.
La prédication séculière s’avérant insuffisante pour assurer le contrôle total de la papauté,
dominicains et franciscains développent une véritable machine de propagande (8).
Context :
réforme de l’Eglise : intensification de la formation des prédicateurs
instauration d’un système (totalitaire)de contrôle : délimitation de tout ce qui n’est pas
conforme
développement des ordres mendiants comme machine de propagande
Tous les 5 auteurs cités dans ce livre ont été formés à l’université de Paris.
Jacques de Vitry accompagne la 5e croisade, 14 manuscrits pour ses collections
Eudes de Châteauroux (9)
Guibert de Tournai, franciscain
Humbert de Roman, dominicain
Bertrand de la Tour, franciscain (12)
Biblio p16
2. Sermons et modèles de sermon
but est didactique, non témoignage historique.
Les auteurs semblent s’appuyer sur leur propre expérience de prédication de la croisade pour
composer ces modèles, mais la relation entre les deux est impossible à saisir.
Regard sur des sermons réellement prêchés et non inclus dans ce livre montre :
Frédécric Visconti, texte semble proche de ce qu’il a vraiment prêché, mais impossible
d’exclure des remaniements, de même pour sermons anonymes à Paris (p.20) prêchés entre
1210-1220.
5 sermons de Philippe le chancelier, prêché lors de la croisade en 1226 contre les algibeois, et
compilés dans différentes collections, montrent cependant que le même texte peut être classé
sous des rubriques différentes, tantôt mettant l’accent sur le contexte historique dans lequel il
a été prêché, tantôt comme modèle pour des prédications en des occasions parfois très
différentes. (23) Dans des copies ultérieures, peu de référence au context historique du sermon
tel qu’il fut prêché en 1226, « prendre la croix » devient alors une métaphore pour la
prénitence.
Les sermons d’Eudes semblent tous remonter à des sermons prêchés, reproduites plus ou
moins fidèlement, en supprimant probablement de façon délibérée toute allusion aux
circonstances historiques de leur prédication pour les rendre plus facilement adaptables. (26)
Un indice pour le fait qu’un sermon ait été prêché peut être la présence de passages en
2
discours directe. Cependant le discours directe peut aussi être un artifice rhétorique, comme
chez Humbert de Roman.
Arguments textuels contre le fait qu’au moins cette partie n’ait pas été prêché comme
telle (27):
=copy de sermon-modèle antérieur
liste de références bibliques
Mais quasiment impossible de distinguer dans le détail des passages prêchés des artifices
éditoriales. Leur valeur ne dépend pas de la fidélité à l’original prêché. Les modèles veulent
donner des idées, des thèmes, arguments et références autoritaires possibles pour convaincre.
Les modèles d’Humbert indiquent les occasions pour les prêcher : les 3 premiers contre les
hérétiques, le 4e contre les musulmans ; le 1er s’adresse aux croisés, les 3 autres pour le
recrutement.
Le 1er sermon de Jacques est destiné aux croisés en route vers la Terre Sainte, le 2e pour toute
occasion. Guibert ne donne pas d’occasion particulière. (28)
Même Eudes comme toute allusion à une occasion spécifique « modèle ouvert ».
Les sermons de Bertrand ne sont même pas spécifique pour les croisades mais peuvent servir
pour toute prédication en temps de guerre (29).
Les prédicateurs pouvaient ensuite se servir d’un modèle et y ajouter des détails particuliers
fournis par les bulles papales appelant à la croisade pour la justifier (30).
Modèles
développés : Jacques
simples : Gilbert, Eudes
abrégés : Roman, Humbert
Jacques de Vitry :
prothème
partie centrale développe un passage de la Bible
fin avec de multiples exempla et sous-thèmes, arguments et histoires diverses
Eudes et Gilbert :
Chaque sermon développe un passage biblique avec arguments, il suffit de l’adapter au
public : traduction en vernaculaire, choix du vocabulaire et arguments spécifique selon qu’il
prèche aux croisés, pour le recrutement et pour ceux qui sont à la maison.
Humbert et Roman :
Simple liste de thèmes à développer, parfois même sans texte biblique, éventuellement sous
forme d’un texte à trous à remplir avec p.ex. les ennemis spécifiques.
3. Les sermons et leur structure
Structure et logique importantes pour la mémorisation. Sermons divisés en parties, fil
conducteur un thème, souvent une métaphore ou une distinction.(34)
Un seul thème développé à travers le sermon : tous les modèles de Jaques et Bertrand,
un de Eudes et un de Humbert.
1er semon de Jacques : Es 62,1 ; annonce l’enfer à ceux qui ne prennent pas la croix (35s), à
la fin donne exempla et liste de références bibliques.
2e sermon de Jacques : Jérémie et Esaïe (37). Peut-être utilisé pour prêcher aux futurs
propagandistes, plutôt qu’aux laïcs.
3
Eudes, 1er modèle : mieux structuré que ceux de Jacques, pour être prêché le jour de la
conversion de Paul et pour recruter des croisés. Structuré autour du thème de conversion. (38)
Mt 19, 28.
Bertrand : tous les modèles autour du thème : « guidance de Dieu pendant la guerre ». (39) 1er
modèle : Dt. 20,1 ; 2e : 2 Chron 20,15 ; 3e : Jos 8,18.
Humbert (40): sermon pour croisade contre hérésie qui en livre le thème, cela sans recours à
la Bible, en développant 4 thèmes : hérésie = pire des péché ; pourquoi l’hérésie est si nocive ;
comment l’Eglise doit traiter l’hérésie ; justification de la peine capitale pour hérésie.
Structuration par comparaison :
2e modèle d’Eudes : compare la croisade à la situation des Machabées (15,16). Compare
l’épée à la croix des croisés. 3e modèle : Gn 49, 21 : comparaison allégorique du croisé à
Naphtali ; 4e modèle : Eccl. 38,5, exégèse métaphorique : la croix est le bois qui rend douce
l’amertume de la vie en général et celle du croisé en particulier. Tous probablement dérivés de
sermons préchés en 1240.
Gilbert : Ap 7,2, en inversant la métaphore : c’est le mal qui marque les pécheurs de son
sceau. Pour sermons pénitentiels, appelant à prendre la croix pour expier.
Dans tous les sermons, utilisation fréquente d’autres métaphores, p.ex. comparaisons avec
animaux, scènes de vie quotidienne, professionnelle et publique, féodale et courtoise, chez
Eudes souvent associées à une citation biblique.
Sructuration par distinction scolastiques :
Gilbert , 1er : autour du concept « saint » (46): a) l’office du saint, b) vie de vertu et c)
saint=signe de Dieu. 2e : autour de la croix comme signe a) de direction b) de distinction c)
d’union d) de recompense. 3e : Ap 7,2, croix comme signe de a) clémence b) victoire c) justice
d) gloire.
Eudes, le 5e modèle : aussi Ap 7,2-3, mais plus relié au texte biblique que les autres.
Humbert, 1er modèle : autour de « pélérinage » comme idéal de toute vie chrétienne (48) puis
comme visite au saint sépulcre. Croisade = pélérinage par excellence (ib). 2e : signe de la
croix (49)
Bertrand utilise des distinctions systématiquement pour structurer différentes parties de ses
sermons. L’ensemble mot-clé de la distinction + verset biblique + exemplum = facile à
retenir, mais en latin (jeux de mots…) et distinctions scolastiques par idéal pour population ;
probablement destinés à l’entrainement des prédicateurs.
Distinctions souvent associées à des images concrètes pour les rendre moins abstraites. (51)
Les rend de ce fait accessibles aux laïcs.
4. Portraits de croisade
Pratiquement tout le monde en Europe a eu l’occasion d’entendre des sermons de croisade,
d’où une importance considérable pour la vision du monde. Importance du rôle fédérateur de
la papauté et de l’impact de propagande des ordres mendiants. (51) Emergence d’un
vocabulaire spécifique, uniformisation conceptuelle :
« pélérinage », le moins fréquent ;
« signe de la croix », croisé=crucesignatus, ceux qui acceptent ou assument la croix ;
expression la plus fréquente ; croix symbolise puissance et gloire divine, et la protection
spéciale de Dieu durant la guerre ; signifie ensuite la rédemption matérialisée par
l’indulgence; Les sermons insistent peu sur l’aspect militaire et se concentrent sur la
valeur morale de l’engagement croisé (55). Les aspects guerriers sont comparés le plus
souvent à l’AT, moins au NT ou encore des figures de saints. AT : Jacques de Vitry
donne toute une liste de combattants ayant mis leur confiance en Dieu, surtout récits de
4
la conquête de la Terre sainte et des Maccabées. Ces comparaisons justifient la guerre
comme voulue par Dieu et donne courage aux combattants se voyant soutenu par lui.
« service du Christ ». : soldats, vassals, amis ou associés du Christ (54) ; idée du
service ou suivance intègre les différentes dimensions idéologiques, dévotionnels et
pénitentiels (56) sous deux concepts majeurs : l’obligation et l’amour, le tout teinté
d’idéologie féodale : forme la plus élaborée chez Humbert, 2e modèle. Corps et âme =
fiefs tenus de Dieu ; indulgence = cadeau pour service rendu. Terre sainte = terre
héréditaire du Christ. Modèle féodal = principal concept des croisades. 2e modèle =
amour. L’amour pour Dieu est même comparé au rut (58). Images de la passion du Christ
servent comme preuve de l’amour de Dieu. Croisé lavé de ses péchés dans le sang du
Christ (59). La célébration régulière de la messe comme sacrifice aide à faire entrer cette
conception dans la vision du monde. « Suivre Christ » devient synonyme de « le suivre
dans la bataille » ; souffrances endurés comme conformation au Christ = imitatio(60).
Mourir en croisade = imiter la passion du Christ et le suivre directement au ciel =
martyre. Ce complexe conceptuel associe tous les aspects de dévotion, pénitence et
combat, idée développée de façon la plus complète par le franciscain Gilbert. Même si
les sermons parlent peu de la mort possible du croisé, elle est sous-entendue ;
l’indulgence en rapport avec la croisade est comprise comme « passeport pour le ciel »
(62). Là où les prédicateurs parlent plus volontiers directement de la mort, c’est pour
encourager les mourants de « prendre la croix » = payer une grosse somme d’argent en
guise de vœu pour financer la croisade, ce qui leur assure pleine indulgence. (63)
La mise en avant des dimensions pénitentielles et dévotionnelles de la croisade, tout en restant
discret sur l’aspect militaire, dépeint le croisé comme sanctifié, moralement supérieur. La
prédication des croisades divise la société en deux camps, ceux qui soutiennent les croisades,
soit comme croisés, soit en priant et payant, et ceux qui ne le font pas, et cela surtout depuis la
bulle d’Innocent III. Non-participation = péché contre Dieu (65).
3 groupes sont stigmatisés :
fainéants
ceux qui aiment la vie dans le luxe
ceux qui ne voient pas l’intérêt des croisades et y font obstacle : spécialement les
femmes.
En fait, les femmes, les pauvres et les malades, qui essayent de payer pour participer eux
aussi, mais ne peuvent payer que peu, sont méprisés par les « vrais croisés », tendance contre
laquelle les prédicateurs s’élèvent (66).
Ez. 9 : marqués par le signe de la vie contre signe de la mort (66).
Idées centrales de tous les modèles de sermons :
La guerre est juste et voulue par Dieu
Croisade = forme particulière de dévotion
Prendre la croix = conversion vers une vie sanctifiée
Jaccques, Eudes et Gilbert privilégient l’aspect dévotionnel et pénitentiel, Humbert et
Bertrand davantage la croisade comme guerre. La croisade est alors un aspect important de la
spiritualité du XIIIe siècle en relation avec la réforme grégorienne et le développement des
ordres mendiants (68).
II.
5. Notes d’édition
Non édition critique ou autorisée, mais reproduction d’un témoin historique = « transcription
critique ».
1 / 4 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !