Raymond Boudon est né en 1934 à Paris. Normalien, agrégé de philosophie, il débute ses recherches en sociologie à l'université de Columbia auprès de Paul Lazarsfeld (défenseur d'une sociologie empirique). Professeur de sociologie à la Sorbonne, il est membre de l'Institut. Il dirige la collection « Sociologies » aux Presses Universitaires de France et participe au comité de rédaction de la Revue française de sociologie. Il est le chef de file français du courant de l'individualisme méthodologique (il utilise aujourd'hui le terme d'actionnisme) qui s'inspire des travaux des sociologues allemands Max Weber et Georg Simmel et qui vise à expliquer les phénomènes sociaux à partir du comportement des acteurs. Il s'oppose au holisme (du grec holos : le tout) qui, dans la lignée de Émile Durkheim, explique les faits sociaux par d'autres faits sociaux. Dans son ouvrage L'Inégalité des chances (1973), Raymond Boudon s'oppose à la vision de Pierre Bourdieu. Tout au long de sa scolarité, l'individu doit faire des choix en matière d'orientation. À chaque étape de son cursus (point de bifurcation), il met en oeuvre une stratégie. Il évalue les coûts de la poursuite de sa scolarité, les avantages qu'il pourrait en retirer et les risques qu'il encourt. L'origine sociale intervient alors dans cette stratégie : pour un enfant d'ouvriers les coûts sont relativement importants, les avantages incertains et les risques souvent surévalués. Il en résulte une autoexclusion des classes populaires qui seront cantonnées dans les filières de relégation. L'école ne cherche pas à favoriser les enfants des classes supérieures mais ce sont les choix de ces derniers qui conduisent à l'inégalité des chances (effets pervers). GILLES MARTIN, Bordas, 1999.