OUVERTURE Mesdames et Messieurs, A la suite de Monsieur SEGBENOU René, membre du comité scientifique et pédagogique de ce cours régional, je me réjouis à mon tour de la tenue au Bénin d’une rencontre des chercheurs, des décideurs politiques et des acteurs de développement des secteurs publics et privés, venus de plusieurs pays d’Afrique francophones en vue d’échanger sur un sujet aussi important qui ne manque pas de susciter des passions toutes les fois où on en parle : « L’évaluation et la régulation de génie génétique et des organismes génétiquement modifiés (OGM) ». Mesdames et Messieurs, il va sans dire que les thèmes qui seront étudiés et débattus au cours de ces deux semaines nous interpellent tous en ce sens que notre position stratégique dans nos pays respectifs nous confèrent des devoirs vis-à-vis de nos dirigeants pour les éclairer en vue de les amener à opérer un choix efficient dans tout ce que les partenaires au développement leur proposent surtout dans le domaine de l’agriculture. Nous savons tous que le débat qui a cours sur les OGM n’est pas un débat seulement africain. C’est un débat mondial qui suscite aujourd’hui à travers les continents plus d’interrogations qu’il y a quelques années derrière. Cette situation est rapport comme vous le savez avec le développement de la BIOLOGIE MOLECULAIRE qui est l’une des disciplines scientifiques les plus féconde de notre temps. Son champ d’action s’est étendu de façon prodigieuse et les chercheurs éprouvent du plaisir à s’y promener au gré de leur rêve et de leur curiosité. Les résultats auxquels ils sont parvenus sont malheureusement pour la plupart pris en charge et exploités par toutes sortes de structures dont les motivations profondes ne sont pas nécessairement en faveur de nos populations. On a découvert le moyen de modifier la structure de l’ADN, la molécule du code génétique pour obtenir des organismes transgéniques ; on a réussi à y déceler des anomalies génétiques. L’ADN est aussi devenu une arme d’espionnage qui sert à confondre les criminels ou à identifier les parents d’un enfant. Quelle merveille scientifique ! D’un autre côté et au nom du productivisme, l’industrie agroalimentaire a profondément bouleversé les techniques agricoles- [Ceci n’est pas sans menacer la santé du consommateur]. Grâces à la génétique, on a fabriqué des vaches à 14 tétines au lieu de 10. Véritables usines sur pattes elles produisent 50 litre de lait Par jour Lieu de 25 il y a trente ans. Des boeufs à l’arrière train hypertrophié qui pèsent 1,5 tonnes. Des poulets qui grandissent deux fois plus vite. Une course à la performance qui s’est souvent faite au détriment de la diversité biologique Une truie donne naissance à 27 porcelets par an contre 16 dans les années 70. La course à la productivité a ainsi cantonné l’éleveur dans un rôle d’ouvriers spécialisé lui ôtant toute marge de manœuvre. En amont se trouvent des banques de semences qui appartiennent à des groupes agroalimentaires, elles lui sélectionnent à partir de deux lignées spécialisées, des porcs ultra productifs et à fort rendement de viande. Pour exploiter ce fantastique potentiel génétique, l’éleveur achète, les yeux fermés aux fabricants, d’aliment composés « Supercarburant » à base d’une quarantaine de produits. En bout de chaîne, le consommateur se retrouve avec une viande issue d’une filière complexe dont chaque niveau engendre ses propres risques. La situation ainsi décrite est celle qui prévaut dans beaucoup de pays européen et nous n’en sommes pas à l’abri. Nous devons donc débattre de tous les maillons de la chaîne sans occulter les risques qu’ils engendrent inévitablement. La rupture de l’équilibre biologique ne peut pas être sans conséquence à court, moyen et long terme. Et ce n’est pas parce qu’on a fin qu’il faut accepter de manger n’importe quoi. Je ne saurais terminer mes propos sans remercier au nom de tous les membres du comité scientifique et pédagogique, tous les organismes qui ont soutenu financièrement la tenue de nos assises. Bon séjour au Bénin et bonne réunion à tous