Histoire de Belgique

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Histoire de Belgique.
Introduction
a.) « histoire des territoires qui constituent aujourd’hui la Belgique ».
b.) Jules César est le premier à avoir laissé des écrits sur les territoires qui forment aujourd’hui la Belgique. Et vers la fin du 18ième – début
19ième on récupère le terme Belgique. Ce n’est que sous la période française que l’on envisage les territoires comme un tout.
La Belgique est un microcosme de l’histoire de l’Occident.
c.) Le mot belge est un mot à éclipses. l’administration romaine va séparer la Gaule en 4 provinces dont la Gallia Belgica. Après les
invasions germaniques le nom de Belgique va tomber dans l’oubli. Mais vers les 9 – 10ième siècle le terme de Belgique revient chez les
écrivains, les intellectuels et les clercs (héritiers intellectuels de Rome), pour désigner la région entre l’Escaut et le Rhin. Aux 15 ième – 16ième
siècles les ducs de Bourgogne et plus tard Charles Quint doivent trouver un nom pour leurs territoires et l’un de ceux ci va être désigné
comme Belgique, mais seul les intellectuels sont au courant de ceci, les humanistes inventent aussi les termes Belgium et Belga. Au 17 ième –
18ième siècles le terme Belgique redevient un mot officiel utilisé dans des actes et dans la correspondance diplomatique, on parle alors de
« Nos provinces Belgiques », et le terme reste donc un adjectif. Lors de l’annexion à la France l’on va désigner les habitants comme les
Belges, mais ce n’est seulement qu’en 1830 que le nom officiel de Belgique devient un substantif.
Iere Partie: Des origines romaines au rassemblement territorial.
1ere section: les fondements géopolitiques
Chapitre 1: La Belgique romaine
a.) Vers 57 avant JC, Jules César intervient chez nous à la demande de tribus de la région de Reims qui l’appellent au secours pour faire face
aux incursions germaniques. Il en profite pour conquérir le Nord de la Gaule. Ce ne fut pas un génocide mais une vraie conquête suivie d’une
organisation du territoire conquis.
Rome devient un empire avec un souverain absolu et la Gaule est organisée en 4 provinces (voir doc. I): Narbonnaise, Aquitaine, Lyonnaise
et Belgique. La capitale de cette province va devenir Reims.
Vers le Bas-Empire (fin 3ième – milieu 5ième siècles), la Gaule Belgique va former 4 provinces: Belgique I (superior), Belgique II (inferior),
Germanie I (superior) et Germanie II (inferior). La Belgique I a comme capitale Trèves, la Belgique II Reims, la Germanie I Mayence et la
Germanie II Cologne. La province de Belgique était ainsi divisée en 17 civitates, mais seulement 5 concernent la Belgique d’aujourd’hui. Il y
a les MORINS, qui sont du côté de l’Yser, les MENAPIENS qui concernent surtout la Flandre occidentale et orientale actuelle, les
NERVIENS qui concernent le Hainaut, le Brabant et la province d’Anvers, les TONGRES qui concernent l’est du Brabant, le Limbourg, la
province de Liège, la province de Namur et une grande partie de la province du Luxembourg et les TREVIRES qui concernent seulement le
Sud Luxembourg.
Les Chefs lieux étaient, pour les Morins: Thérouanne, pour les Ménapiens: Cassel, une localité du Nord de la France, pour les Nerviens:
Bavay, pour les Trévires: Trèves, pour les Tongres: Tongres, la plus ancienne ville de Belgique. Les territoires belges d’aujourd’hui ne sont
pas le centre de gravité de la province romaine.
Durant le Bas-Empire l’insécurité du réseau routier fait que certaines provinces changent de chefs-lieux, pour avoir accès aux voies
navigables. Bavay devient Cambrai et Cassel devient Tournai.
b.) Les Romains ont introduit des villes et des routes dans nos régions, car avant cela il n’y avait que des peuplades nomades et des sentiers.
Il n’y a que 2 localités qui méritent le nom de ville, Tongres et Tournai. Les autres localités, comme Arlon, sur une butte; Namur, au
confluent de la Meuse et de la Sambre et Gand, au confluent de l’Escaut et de la Lisse, sont des vici. Le long des chaussées il y avait des vici
environ tous les 25 kilomètres.
Mais la Belgique reste avant tout une région agricole.
c.) Transition des IIIè et IVè siècles.
Après 2 siècles et demi de paix, il y a des mouvements de fortifications, des postes militaires vont être installés et plusieurs sites ruraux vont
être désertés.
Il y a des incursions germaniques qui vont devoir être tolérées par le pouvoir romain. Les romains vont essayer de garder leur empire. Ils
vont pour cela faire appel à des lètes qui sont des germains fait prisonniers et qui avaient le droit de garder leurs coutumes et leurs chefs tout
en travaillant pour les Romains. Ils vont avoir des tâches militaires (garnisons) et économiques (exploitation du sol).
Les fédérés étaient des peuplades germaniques qui devaient garder les frontières tout en conservant une autonomie totale. Ce sont eux qui
plus tard ont probablement été les Francs.
Chapitre 2: La Belgique franque
Il y a donc comme nous l’avons vu une présence franque antérieure au 5 ième siècle, mais c’est seulement en 476 après JC que prend
officiellement fin l’Empire romain. Déjà en 406 après JC il y a une pénétration massive des peuplades germaniques. Les fédérés et les lètes
ont participés à la chute de l’Empire. Les Francs restèrent dans nos contrées alors que d’autres peuplades sont allées plus au Sud.
Clovis soumettra toute la Gaule, mais il n’y a pas d’unité (plusieurs royaumes mérovingiens). a.) L’organisation du territoire Franc s’est fait
en pagi (voir doc. II). La plupart formeront plus tard des principautés qui sont les ancêtres de nos provinces. A la tête des pagi, il y a un
comes (un comte, ami du roi). Avec les Carolingiens les pagi vont se développer et évoluer.
b.) évangélisation et géographie ecclésiastique.
Au 4ième siècle, présence attestée d’un évêque à Tongres. Des missionnaires vont évangéliser les campagnes avec l’aide du pouvoir (ex : Saint
Amand). L’Eglise va récupérer les cadres romains (là où il y avait des civitates, il y aura des évêques)
Dans nos régions on compte 2 évêques, à Tournai et à Tongres (puis Maastricht -6ième siècle- et Liège -8ième siècle-). Il y aura aussi des
archevêques à Reims, Trèves, Cologne et Mayence. Cette organisation restera inchangée jusqu’au 16ième siècle.
c.) Partages successoraux.
Les territoires belges sont divisés entre 2 royaumes francs: l’AUSTRASIE du côté du Rhin (Nerviens) et la NEUSTRIE du côté de la Seine
(Ménapiens).
Vers l’an 800 Charlemagne va réussir à centraliser la Gaule.
A la mort de Charles le Pieux, en 843, ses fils vont se disputer son empire, ce qui va amener au traité de Verdun qui va diviser l’empire du
Nord au Sud en 3 morceaux (voir doc. III et IV) : A l’Ouest la Francia Occidentalis (Charles le Chauve), à l’Est la Francia Orientalis (Louis
le Germanique), au milieu la Francia Media (Lothaire, l’aîné). L’Escaut et le Rhin serviront de frontières à ces 3 royaumes.
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En 855, Lothaire meurt et ses 3 fils vont se partager son royaume d’Ouest en Est (Bourgogne, Italie et Lotharingie -Lothaire II-). En 870
Lothaire II meurt et ses 2 oncles vont se partager son héritage au traité de Meersen. La Meuse qui va servir de frontière. En 880 lors du traité
de Ribemont, le fils de Louis le Germanique (Charles le Gros) va récupérer la Lotharingie du fils de Charles le Chauve.
En 887, dernière tentative d’unification du royaume franc par Charles le Gros qui se soldera par un échec.
2ième section: L’ère du morcellement des principautés
Chapitre 4: La dislocation des IXe – Xe siècles.
a.) Destinée de la Lotharingie.
La partie gauche de l’Escaut, la Flandre, relève du roi de Paris, un Carolingien en lutte avec les Capétiens qui veulent monter sur le trône (la
Francie occidentale).
La Lotharingie, qui appartient à la Germanie, dépend d’un descendant bâtard de Louis le Germanique: Arnoul de Carinthie. Celui-ci va
donner l’indépendance à la Lotharingie à son fils Zwentibold, mais cette expérience ne va durer que de 895 à 900 (résistance des grands). En
925 la Lotharingie et la Germanie vont être absorbées par Henri Ier l’oiseleur, duc de Saxe.
b.) Il va y avoir plusieurs invasions normandes durant la deuxième moitié du IXe siècle, sur les côtes et à l’intérieur des terres via les fleuves.
Les Normands ne sont pas des conquérants. Ces invasions ont été fortement exagérées, les traces écrites viennent de clercs et ce sont les
églises qui furent surtout touchées.
Vers 880, Arnoul de Carinthie inflige une lourde défaite aux Normands qui les dissuadera de revenir.
Les populations vont chercher des protecteurs car selon elles les rois ne savent pas défendre leurs territoires. Ces protecteurs sont des
personnages locaux qui ont une battisse fortifiée où les populations peuvent se réfugier. Ils vont devenir des chefs de territoires qui
appartiennent au roi.
c.) Des pagi aux principautés et aux seigneuries : formation du Comté de Flandre et du duché de Lotharingie.
En Flandre, Baudouin Bras de Fer qui a défendu les populations contre les Normands, va à partir du pagus Flandrensis rassembler différents
pagi pour former le comté de Flandre. Baudouin est un fonctionnaire de Charles le Chauve et va épouser la fille de celui ci, Judith (du sang
de Charlemagne coule dans les veines des comtes de Flandre). Le deuxième comte de Flandres, Baudouin II va avoir en main un comté très
bien organisé avec des institutions, entre autre pour la justice, et des châteaux => clé du pouvoir princier.
Les comtes de Flandre sont les vassaux du roi de France.
Otton Ier, empereur fondateur du saint empire germanique va donner la Lotharingie en tant que duché à son frère Brunon, l’archevêque de
Cologne en 953. En 959 La Lotharingie va être scindée en basse Lotharingie (Lothier) et en haute Lotharingie (Lorraine). Le Lothier est la
région entre l’Escaut et le Rhin. Il y aura d’autres découpements, ce qui va créer un morcellement. Vers 1100, le Lothier est un ensemble de
principautés.
Chapitre 6: Les principautés médiévales: rapports de forces (XIe – XIVe siècles)
(voir doc. V)
a.) Comté de Flandre: détient une petite partie à l’Est de l’Escaut (Alost et Grammont), en fait toute la région entre l’Escaut et la Dendre.
Elle devient aussi vassale du saint Empire.
Le Comté d’Artois faisait partie du comté de Flandre mais va s’en détacher. Il ne fait pas partie de ce qui forme la Belgique actuellement.
La Tournaisie, Tournai plus les environs, n’est ni épiscopale, ni flamande, ni hennuyère mais dépend directement du roi de France et
possède grâce à ça une assez large autonomie.
Le Comté de Hainaut est un territoire qui s’étend sur la Belgique et la France et vient du pagus Hainoensis et de la ville de Mons. Il s’est
étendu vers le Nord, presque jusqu’à Bruxelles et vers l’Est dans l’entre Sambre et Meuse (ville de Chimay).
Le Duché de Brabant contient les villes de Bruxelles, de Louvain, d’Anvers, de Tirlemont, de Nivelles et de Bois-le Duc. C’est un duché
car un des comtes de Louvain est devenu duc de Lothier vers 1100. Le comté de Louvain est devenu le duché de Brabant. Le duché de
Brabant a perdu la région entre l’Escaut et la Dendre (Flandre), mais a repris les régions des abbayes de Nivelles et Gembloux.
La région de Malines est indépendante, mais appartient aux comtes de Flandre.
Le comté de Namur a perdu beaucoup de ses territoires au profit du Brabant, du Hainaut, de Liège, mais garde tout de même sa position
intéressante au confluent de la Sambre et de la Meuse.
Le Limbourg (comté) se situe entre Liège et Verviers. Devient un duché pour la même raison que le duché de Brabant. Le duché de Brabant
va annexer le duché de Limbourg et avoir une bonne vue sur l’est.
La Principauté Episcopale de Liège a comme épine dorsale la Meuse et a comme particularité que l’évêque est aussi le Prince, ceci pour
mieux pouvoir contrôler les princes laïcs.
Le comté de Looz correspond plus ou moins à notre actuelle province du Limbourg. Il va être annexée par la principauté de Liège.
Les principautés abbatiales de Stavelot et Malmédy.
La province actuelle du Luxembourg est un agglomérat de petits territoires qui au 14ième siècle vont former un duché, car la famille de
Luxembourg régnait sur le Saint Empire et va se faire un cadeau.
 Le critère linguistique ne joue en rien dans la territorialité, à peu près toutes les principautés sont bilingues, voir trilingues.
b.) Le Comté de Flandre possède des structures dès le début du 10 ième siècle. A ce moment là, le comté d’Artois en fait toujours partie.
D’ailleurs les comtes vont surtout s’occuper de ces terres riches avec une grande densité de population et de nombreuses abbayes (Saint
Bertin, Saint Vaast, Saint Amand, …), qui sont des centres économiques et intellectuels. A cette période là, la partie de langue romane a plus
de poids que la parti de langue thioise. Mais durant les dernières années du 12ième siècle, le comte de Flandre donne au roi de France tout le
comté d’Artois. Et vers 1312 (10 ans après la victoire des éperons d’or) le comte doit encore donner la région de Lille au roi de France,
région qu’il récupérera néanmoins plus tard. Pendant un temps la région fut totalement flamande et le centre de gravité du comté s’est
déplacé vers le Nord. Les villes importantes deviennent Gand, Bruges et Ypres.
Les rapports du « prince » avec le roi ne sont pas toujours faciles. Le comté est un fief du roi de France et en théorie chaque comte doit
rendre hommage au roi. Le roi de France a donc le droit d’intervenir, ou bien par voie de justice ou bien par voie des armes. La cour de
justice du roi (plus tard le parlement de Paris), une sorte de cour d’appel, contrarie le comte qui veut une indépendance juridique. Il y a de
nombreuses guerres (ex : 1302).
Le « prince » doit aussi faire face à la noblesse, abondante et forte. Ces grandes familles ont de grands territoires et n’obéissent pas toujours
au comte. Certains ont même réussi à créer des comtés quasiment indépendants. Le comte va au 11 ième siècle ramener à son pouvoir des
seigneurs qui s’en était séparé et pour mieux contrôler tout le monde il concède des seigneuries à certains vassaux fidèles, ce qui lui permet
de constituer un réseau. Le comte va aussi au 11ième siècle prendre des mesures de paix, en collaboration avec l’église, c’est-à-dire qu’il va
édicter des règles et mettre en place des tribunaux pour faire respecter la paix publique et éviter les guerres entre seigneurs.
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Au 12ième siècle, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, va créer le bailli, fonctionnaire qui s’occupe de toutes les charges publiques:
l’administration, justice, police, impôts, … Cette fonction n’est pas héréditaire et ils ne vont pas agir comme les seigneurs.
Le « prince » doit aussi entretenir de bons rapports avec le clergé.
Clergé séculier : les évêques sont à Thérouane et Arras, ce qui fait que vers 1200, il n’y plus d’évêques sur le territoire.
Clergé régulier : grandes abbayes avec lesquelles le comte va entretenir de bonne relations. Le comte va être avoué de celles-ci (il peut
intervenir dans les revenus, la gestion et même la nomination d’abbés en contrepartie d’avantages et de protection pour l’abbaye).
Le « prince » et les villes. Gand et Bruges atteignent respectivement une population de 40 000 et 20 000 habitants. Les villes vont connaître
un apogée au 13ième siècle et vont alors demander une participation politique. Déjà au 12ième siècle les villes avaient fait triompher leur
candidat face au candidat du roi de France pour la place de Comte de Flandre. Il y a de véritables luttes armées durant lesquelles les villes
vont même faire appel au roi de France, certaines villes vont attenter un procès à Paris contre le comte, on a aussi voulu assassiner le comte.
Mais les villes ne sont pas unies et se rendent odieuses vis-à-vis des paysans. Les paysans soutiennent donc le comte face aux villes. Le 14 ième
siècle marque le déclin économique des villes.
c.) Ce qui se passe en Flandre aux alentours au début du 10ième siècle se passe seulement après 1150 en Lotharingie. Il y a différentes bases au
pouvoir du « prince »: le droit foncier et les droits banaux (pouvoir de commandement et justice).
Le duc de Lotharingie, n’a pas de tribunal et l’empereur est très loin et n’intervient pas fort souvent, la justice échoue donc chez les différents
« princes ».
Pour asseoir son pouvoir, le « prince » utilise les châteaux, qu’il construit ou bien qu’il prend. Les seigneurs doivent d’ailleurs reconnaître la
propriété de leurs châteaux au « prince » (ex :Luxembourg).
Il y a des interventions de l’empereur jusqu’au 12ième siècle en Lotharingie. Le duc de Lotharingie (Lothier) est choisi parmi les différentes
familles. Il n’a véritablement de pouvoir que sur ses propres terres, sa fonction va d’ailleurs disparaître.
L’empereur le remplacer par l’évêque de Liège (pas de successeur) mais à partir du 11 ième siècle il ne peu plus le nommer.
Lors de l’assemblée des « princes » de l’empire, la diète, il n’y a que le prince-évêque qui vienne de nos régions, et si par hasard il y en a un
autre ce qu’il a un intérêt à y aller.
Les « princes » ont différentes manières pour gérer la noblesse:
Les armes: les « princes » multiplient les châteaux pour contrôler les seigneurs.
Une politique matrimoniale: s’allient par le sang aux grandes familles nobles, ce qui en plus d’assurer la paix peut procurer de l’argent
grâce aux héritages.
Des procédures judiciaires: elles coûtent fort cher pour certains seigneurs qui n’ont pas tellement d’argent (surtout à Namur).
Introduction de nouvelles familles nobles : tâches anoblissantes.
Le « prince » va se revendiquer souverain, même si le seul véritable souverain est l’empereur. Il peut ainsi faire des lois, rendre la
justice, modifier des règles existantes.
Relations avec le clergé : évêque à Liège, les autres ne sont pas sur le territoire (Tournai, Cambrai, Cologne et Trèves). Beaucoup d’abbayes,
dont le « prince » est avoué. D’autres « princes » vont aussi créer des abbayes dont ils seront les fondateurs. Ce ne seront plus des abbayes
bénédictines, mais des Cisterciens comme à Villers ou des prémontrés comme à Tongerlo.
Les rapports que les « princes » ont avec les villes, sont beaucoup moins secoués qu’en Flandre, car il y a un essor plus tardif des villes.
Création de nouvelles villes : Ath au 12ième siècle pour surveiller la Flandre et les autres grandes villes dans le Nord du comté de Hainaut.
3ième section: Les facteurs d’un rassemblement
Chapitre 8: « Constitutions » et assemblées représentatives
a.) des constitutions au XIVè siècle ? Chez les Romains, la constitution = la loi, texte d’intérêt général. Maintenant, une constitution =
« grondwet », loi de base, texte qui pose les fondements d’un régime.
Il y avait des textes, mais pas des textes votés, Ils sont remis en question tout le temps. Textes de circonstances, compromis entre un
gouvernant et des gouvernés. On parle de chartes, qui sont des textes diplomatiques.
En Brabant, landcharter (charte pour tout le duché et plus seulement pour une catégorie de personnes) => la « Joyeuse Entrée de Brabant »
(1356), point d’aboutissement de plusieurs textes. Il y a eu quelques problèmes successoraux et suite à ces problèmes, des négociations entre
le gouvernant et ses sujets (villes, noblesse et clergé) ont eu lieu.
1248, à la fin de son règne, le duc Henri II, pour que son successeur Henri III puisse régner, délivre une charte qu’on appelle son
« testament » et qui donne des garanties financières: réduction des dépenses publiques et accord des nobles et du clergé pour lever l’impôt.
1261, à la fin de son règne, Henri III, pour que son successeur Jean Ier puisse régner, « testament » avec des dispositions financières: pas trop
d’impôts, et des dispositions en matière de justice: le duc doit donner une réparation financière en cas d’injustice.
1312, Jean II, pour Jean III, concède une charte importante: « la charte de Kortenberg ». Une institution est mise sur pied, la « Raad van
Kortenberg » : 4 nobles et 10 représentants des villes surveillent et sanctionnent les infractions contre les privilèges.
1314, Jean III est obligé de négocier 2 autres chartes: « la charte wallonne » et « la charte flamande », mesures de contrôle financier qui
permettent aux sujets de contrôler les finances de Jean III.
A la mort de Jean III en 1355, il n’y a que 3 filles: l’aînée Jeanne a épousé le duc de Luxembourg, la deuxième, Margueritte, a épousé le
comte de Flandre et la troisième le comte de Gelder. En principe l’aînée est héritière, mais son mari est un homme dépensier et les gens des
villes veulent éviter un dérapage et ne veulent pas que certaines parties du duché soient données aux autres filles. Le 3 janvier 1356 Jeanne et
son mari Wenceslas font leur Joyeuse Entrée et accordent une charte d’une dizaine d’articles. Entre autre, l’intégrité du territoire (Brabant +
Limbourg, depuis Jean Ier) ; les fonctions officielles ne peuvent être exercées que par des natifs ; garanties monétaires (on ne peut pas battre
monnaie comme ça) ; privilèges conservés dans un coffre pour lequel il faut 3 clés (duc et duchesse, Bruxelles, Louvain) et droit de
résistance (si le duc ne respecte pas les règles, les sujets peuvent se révolter).
Dès le moi d’août la « Joyeuse entrée » est abolie car Margueritte et Louis de Maele ont envahi le Brabant. Ils vont repartir en obtenant des
concessions (tout nouveau duc devra jurer une nouvelle charte => dure jusqu’au 18ième siècle)
 pas de vraie constitution, mais des textes qui définissent un stade d’équilibre entre le prince et ses sujets.
Dans les autres principautés :
A Liège, 1316, «Paix de Fexhe ». Le prince-évêque est trop autoritaire. Il va y avoir des promesses de privilèges, un certain droit de
résistance et pour modifier une règle coutumière, accord entre le prince-évêque et les états du pays de Liège.
Plus tard, la paix des 22 crée une commission chargée de surveiller et juger les officiers du prince-évêque (pas lui en personne, seul
l’empereur peut le juger). Dans ces 22, il y a 14 représentants des villes, 4 nobles et 4 ecclésiastiques, qui sont 4 chanoines de la cathédrale
de Liège, ce sont aussi eux les électeurs du prince-évêque.
Dans le comté de Flandre, la force fut souvent utilisée => pas beaucoup de textes, mais des garanties différentes pour chaque ville (keures,
chartes locales).
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En 1379, texte d’ensemble: « La Paix des 25 », à la suite d’un conflit entre Louis de Maele et la ville de Gand. Différents articles : garantie
que les privilèges des villes vont rester, que des sanctions seront possibles contre les officiers, des mesures d’amnistie et une commission de
25, rien qu’avec des représentants des villes (8 pour Bruges, 8 pour Ypres et 9 pour Gand). Elle ne fut jamais appliquée un autre conflit
éclate et le comte, avec l’aide du roi de France, écrasera les villes.
Dans le comté de Hainaut, il n’y a pas de textes mais des serments inauguraux que le nouveau comte doit prononcer un peu partout. Il y a un
serment qu’il doit prononcer à Mons devant les représentants de ses sujets, pour tout le comté. Lors des prestations de serment le comte fait
référence à certains textes, dont une charte féodale et une charte pénale concédées en 1200 par Baudouin VI. Il s’agit d’un code de droit
pénal et d’un code de droit féodal.
 si emploie le mot « constitution », c’est dans le sens d’un texte pour tout le monde, mais qui dépend un peu des circonstances.
b.) Naissance et essor des assemblées d’Etat (XIIIe-XVe siècles).
Il y a des assemblées avec une délégation populaire, la « vox populi », qui ne concerne que les nobles, ecclésiastiques, bourgeois (villes) et
pas le peuple au sens moderne du terme.
En Flandre dès le 12ième siècle les villes prennent part à une vie politique active (en 1127, le candidat des villes devient comte de Flandre). Au
13ième siècle il y a une organisation en Scabini flandria, les échevins des grandes villes (Gand, Bruges, Ypres et Lille) se réunissent
périodiquement et traitent d’affaires qui les concernent et qui concernent le comte (conclure un traité, frapper monnaie). Au 14ième siècle,
création d’une véritable assemblée, les « membres de Flandre » (« leden van Vlaanderen »), composée par les 3 grandes villes: Gand, Bruges
et Ypres. On ne se sait pas si c’est le comte qui a voulu diminuer la puissance des villes ou bien si se sont les villes qui ont voulu donner plus
de poids à l’assemblée mais il va y avoir plus tard comme membre de l’assemblée les francs de Bruges, c’est-à-dire les alentours de Bruges,
une région avec une grande densité de population et plusieurs villes et villages. Plus tard, création des « staten van Vlaanderen », membres
plus d’autres représentants: d’autres villes, la noblesse et le clergé.
En Brabant, c’est au 14ième siècle que l’on voit apparaître les états du Brabant qui vont reprendre le rôle du conseil de Kortenberg. Les états
vont être composés des représentants de la noblesse, de clercs et des villes (Louvain, Bruxelles et Anvers).
En Hainaut, c’est au 14ième siècle que l’on voit apparaître les états du Hainaut, avec la noblesse, le clergé et les villes. Mais les villes n’ont
pas de poids, car à part Valenciennes elles ne sont pas importantes.
A Namur, les états de Namur comprennent la noblesse, le clergé et la ville de Namur qui est importante stratégiquement.
Le Luxembourg qui est un pays rural aura ses états au 15ième siècle. La noblesse féodale y est la plus importante.
Au Limbourg qui dépend du duc de Brabant, il n’y a pas de villes. Représentants des communautés paysannes.
A Liège au 13ième siècle les villes sont capables de se liguer et d’avoir des exigences communes et cela vaut aussi pour le clergé de plusieurs
collégiales avec des chanoines qui se liguent pour faire pression sur le prince-évêque. Au 14ième siècle il va y avoir les états de Liège qui avec
le prince-évêque vont former le sens du pays, l’intelligence du pays. Il y a un système de cosouveraineté entre le chapitre de Saint Lambert et
l’évêque.
c.) Il y a un système représentatif, mais ce n’est pas comme aujourd’hui quand les citoyens élisent les représentants de toute la nation. Avant
c’étaient les délégués d’un groupe (noblesse, clergé ou ville); il ne s’agit pas d’une démocratie. Le prince avait souvent tout intérêt à ce qu’il
y ait une entente, il était d’ailleurs favorable aux assemblées.
Chapitre 7: Les principautés « belges » sur la scène internationale (XIVe – début XVe s.)
(voir doc. VI)
a.) Il y a durant le courant du XIVième siècle l’arrivée de grandes familles étrangères.
La famille des Wittelsbach, ducs de Bavière, va arriver en Hainaut et en Hollande – Zélande. La famille des Luxembourg, rois de Bohème
(dont la capitale est Prague).
La famille des Valois, les ducs de Bourgogne (branche cadette de la famille royale française).
Vers 1430 en Hainaut, les Wittelsbach vont arriver car la comtesse de Margueritte de Hainaut a épousé l’empereur Louis IV et les
descendants vont gouverner le Hainaut.
Wenceslas de Luxembourg a épousé Jeanne l’héritière de Brabant. A la mort de Wenceslas, il n’y a pas de descendants et Jeanne continue à
gouverner seule, mais c’est la famille de Luxembourg qui reprend le Luxembourg.
En 1369, l’héritière du comte de Flandre, Margueritte de Maele, épouse un duc de Bourgogne, Philippe le Hardy, le frère du roi Charles V.
Quand Louis de Maele meurt en 1384, Margueritte et son époux deviennent comte de Flandre. C’est le début de l’époque bourguignonne.
b.) Une union personnelle, c’est une union de territoires par une personne et pas une annexion (ex. : le duché de Brabant et le duché de
Limbourg, la Flandre et le Hainaut -fin 12ième - fin 13ième, rompue suite à une embrouille dans la famille-, le comté de Flandre et le comté de
Namur -fin 13ième -).
c.) Lors d’unions personnelles, les princes vont centraliser. Ex. : Lorsque Wenceslas est duc de Luxembourg et duc de Brabant, il va mettre
sur pied une chancellerie commune pour le Luxembourg et le Brabant – Limbourg. Il y aura des Brabançons et des Luxembourgeois dans la
chancellerie il n’y aura qu’un seul sceau. Ex. : en Hainaut avec la Hollande – Zélande, un seul conseil avec des gens du Nord et des gens du
Sud qui interviennent pour toutes les affaires même les affaires spécifiques du Nord ou du Sud. C’est un conseil qui n’a pas de siège fixe, il
suit le comte. Au point de vue des finances Ex. : Hainaut et Flandre au milieu du 13ième siècle : lorsqu’il y a du profit, les comtes de Flandre
doivent amener cet argent à Mons. En dehors des unions personnelles, il y a au 14 ième siècle une tentative d’union monétaire entre le duché de
Brabant et le comté de Hainaut, mais ce fut un échec.
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IIième partie: Les Pays-Bas aux Temps Modernes:
Bourgogne, Espagne, Autriche.
1ere section: Entre centralisation et particularisme: un équilibre malaisé.
Chapitre 1: Le rassemblement territorial au XVe siècle.
a.) Les ducs de Bourgogne (1384-1482) et les fruits d’une politique : héritage-achat-contrainte-tutelle.
Vont entrer en conflit avec la branche royale, alors que tout allait bien (intervention de l’armée française en 1382 à la demande de Philippe le
Hardy).
Il y a d’autres liens entre princes et roi ou empereur (Louis IV empereur et comte de Hainaut ; l’empereur Charles IV est le frère de
Wenceslas). Malgré tous ces liens dynastiques, les interventions impériales vont être anodines. Le dernier qui essaie de faire quelque chose
est Charles IV, car il a de la famille un peu partout, mais ses interventions sont incohérentes car il n’a pas les moyens d’agir (Ex. : lors de
l’annexion du comté de Looz).
En 1384 Philippe le Hardy et Margueritte de Maele possèdent la Flandre et l’Artois. Ils ont plusieurs enfants et certaines de leurs filles font
des mariages avec l’Autriche et la Savoie. Leur fils aîné est Jean sans Peur, le second Antoine et une de leurs filles Margueritte. Ils meurent
l’un après l’autre en 1404 et 1405 et Jean hérite de la Bourgogne, de la Flandre et de l’Artois (il meurt assassiné par le roi de France en
1419).
En Brabant, l’héritière de Jeanne devait être Margueritte de Maele et son fils aîné Jean. Mais les Brabançons ne veulent pas du même prince
qu’en Flandre donc c’est Antoine qui devient duc de Brabant et de Limbourg.
Margueritte junior va épouser Guillaume IV de Hainaut, dont un des frères est à Liège.
Le fils de Jean sans Peur, Philippe le Bon, qui règne entre 1419 et 1467, mettra tout en oeuvre pour tout posséder. Il va d’abord acquérir le
comté de Namur en 1421 en viager, en payant les dettes du comte (celui-ci restera comte de Namur jusqu'à sa mort en 1429, mais comme il
n’a pas d’héritiers, Philippe le Bon lui succède)
Guillaume IV n’a qu’une fille, Jacqueline de Bavière qui s’est marié 4 fois et a même eu 2 maris à la fois, mais qui n’a jamais eu de
descendance. Dès 1427 les états de Hainaut reconnaissent Philippe le Bon comme gouverneur, ce que Jacqueline va être forcée de
reconnaître aussi. En 1433, il la force à abdiquer et devient comte de Hainaut et comte de Hollande – Zélande.
Antoine a eu 2 fils, Jean IV et Philippe qui ont régné successivement et qui n’ont pas eu de descendant. En 1430 Philippe le Bon devient duc
de Brabant – Limbourg avec l’accord des états.
Le Luxembourg est gouverné par la duchesse Elisabeth (tante de Philippe le Bon car elle a épousé Antoine). Elle a des dettes et Philippe le
Bon les payent et acquiert les droits du duché. Certains princes allemands résistent et Philippe le Bon doit prendre la forteresse de
Luxembourg en 1443 pour devenir duc de Luxembourg.
Ne manque que Tournai, enclave française où le chef du conseil ducal est l’évêque de Tournai, et la principauté de Liège (le fils d’une des
sœurs de Philippe le Bon est tout de même sur le trône). Il a en outre un fils bâtard évêque d’Utrecht et un oncle évêque de Cambrai.
Le fils de Philippe le Bon, Charles le Hardy va régner de 1467 à 1477 et il va entrer en conflit ouvert avec le roi de France. Il va conquérir la
Gueldre, l’Alsace (pour avoir un œil sur l’Allemagne, il visait le titre d’empereur), la Lorraine (pour raccrocher les Pays-Bas et la
Bourgogne). Mais il va périr lors du siège de Nancy en ne laissant qu’une seule fille, Marie de Bourgogne.
Celle-ci va tout perdre sauf les acquisitions de Philippe le Bon. Il n’y aura pas de dislocation de nos régions mais beaucoup de problèmes
(hommes pas contents, roi de France menaçant, …).
b.) Comment peut-on appeler ces territoires, les Pays-Bas bourguignons, les états bourguignons, l’état bourguignon? Il est trop tôt pour parler
d’un état, mais l’union personnelle n’était pas que limitée à la personne, il y eut des essais de structures communes. C’est une sorte d’état
fédéral avant la lettre. Mais pas de sentiment unitaire dans les Pays-Bas. Dans les actes des ducs de Bourgogne, ils se nomment « duc de
Bourgogne, duc de Lothier, duc de Brabant, duc de Limbourg, duc de Luxembourg, puis comtes de Flandre, de … et seigneurs de et de. C’est
une énumération de titres, il n’y a pas de nom commun.
c.) Les ducs de Bourgogne ont-ils voulu faire un état? Au 19ième on a dit que oui et que Philippe le Bon était le fondateur de la Belgique.
Il faut apprécier l’œuvre des ducs à la lumière de leurs politiques étrangères. Paul Bonnenfant pense que comme les ducs bourguignons
étaient issus de la famille royale française, leur but ultime était d’occuper une place de choix en France. Ce fut le cas de Jean sans Peur. Et
Philippe le Bon aurait voulu faire de même, c’est pour cela qu’il lui fallait des territoires suffisants. Par contre d’autres historiens ont pensé
que les ducs de Bourgogne avait un regard vers l’empire, et par exemple Charles le Hardy voulait devenir empereur (une fonction élective),
ce qu’il a failli réussir.
 Le rassemblement des Pays-Bas ne peut vraiment être compris que si on le replace sur la scène européenne.
Chapitre 2: La centralisation bourguignonne.
a.) Maintien des institutions provinciales.
Les Bourguignons ont bénéficiés d’un atout structurel pour leur centralisation : toutes les principautés avaient +/- le même type
d’institutions.
- Le conseil des princes (qui avec l’hôtel composait la cour du prince) avait une fonction gouvernementale et administrative et une fonction
de cour de justice. Les principautés vont garder leur conseil, mais il va être restreint du point de vue gouvernemental. Les affaires judiciaires
seront traitées par le duc.
- Les offices (fonctionnaires): - officiers dits de justice, en fait des officiers de police qui s’occupent de l’ordre public, de la perception des
taxes, des amendes, de réunir le contingent militaire et de l’administration. Le plus important est le souverain bailli (Flandre) ou grand bailli
(Hainaut).
- officiers de recette, receveurs (rentmeester), responsables de la gestion du domaine. Le plus important est le receveur
général.
- Les assemblées d’état n’avaient pas de structures identiques, mais un même type de composant, c’est-à-dire clergé, noblesse féodale et
villes.
b.) Mise en place d’institutions centrales et développement des fonctionnaires.
- Le chancelier est le chef de l’administration, bras droit du prince (homme très important dans un royaume peu unifié). Il est souvent plus au
courant des affaires politiques que le duc. - Un conseil ambulatoire (car il n’a pas de siège fixe) ou aulique (car conseil de la cour) ou du
gouvernement (car il entoure le prince). Il domine les autres conseils et s’occupe de justice.
- Entre 1430 et 1440, création d’une institution judiciaire spécifique et indépendante, le Grand Conseil de Justice. Il n’y a pas d’acte de
naissance, c’est dans la pratique que certaines personnes du conseil qui s’occupaient surtout de justice se sont petit à petit détachés. Ce
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tribunal va juger les affaires concernant le duc et les grands personnages + les affaires que le duc a accepté. Il va aussi devenir une sorte de
cour d’appel.
- La gestion financière va se faire par un receveur général de toutes les finances, qui peut avoir juridiction partout. Pour le contrôle financier,
il y a 3 chambres des comptes. La première créée par Philippe le Hardy à Lille pour la Flandre et l’Artois, la deuxième créée par Antoine à
Bruxelles pour le Brabant et le Limbourg et la troisième créée par Philippe le Bon à La Haye pour la Hollande et la Zélande. Namur et le
Hainaut vont être rattaché à Lille et Luxembourg à Bruxelles.
- Formation des états généraux vers 1460 qui vont représenter les différents états avec des délégations par ordres. Ces états généraux vont
traiter des affaires communes comme la fiscalité (levée des impôts) et la monnaie (uniformisation du système monétaire). Mais les états
généraux ne délibèrent pas politiquement, ils n’ont pas de pouvoir d’initiative, il faut que le duc les convoque.
c.) Renforcement de la centralisation et réactions.
Charles le Hardy est un centraliste convaincu. Il va transformer le grand conseil de justice en parlement de Malines en 1473. il utilise le nom
de « parlement » pour faire enrager le roi de France. Malines car n’est pas en Brabant ni en Flandre, et c’est une seigneurie particulière, une
ville calme et fidèle. Ce « parlement » est aussi une cour de cassation qui peut prodiguer des évocations (enlever des affaires aux tribunaux
inférieurs). Cela ne plait pas beaucoup, mais marque la souveraineté.
Les chambres des comptes vont être rassemblées toutes à Malines qui va devenir une sorte de capitale.
A la mort de Charles le Hardy, des mouvements de protestation vont obliger Marie de Bourgogne à renoncer aux réformes de son père. Elle
va accorder à l’ensemble des Pays-Bas le Grand Privilège (1477) : le pouvoir fait marche arrière, le parlement est supprimé et la chambre des
comptes est scindée à nouveau en 3.
On a pu parler d’une « explosion de particularismes », ce qui n’est pas vrai car les Pays-Bas sont restés unis => c’est seulement une
contestation de l’autoritarisme.
Chapitre 3: Les premiers Habsbourg: les Pays-Bas dans l’Europe (1482-1555)
a.) Qualification de la période.
Période autrichienne ? Marie de Bourgogne épouse un prince autrichien: Maximilien de Habsbourg, archiduc d’Autriche. Mais ce sont aussi
les Habsbourg qui occupent le trône de l’empire. Nous n’avons rien à voir avec l’Autriche.
Période habsbourgeoise ? Alors c’est une longue période.
La période bourguignonne continue jusqu’à la mort de Charles Quint.
C’est à Maximilien d’Autriche que l’on doit le sauvetage des Pays-Bas. Quand Marie meurt d’une chute de cheval elle n’a qu’un fils:
Philippe le Beau (le père de Charles Quint), qui n’a que 4 ans. Maximilien d’Autriche va devenir régent.
Philippe le Beau atteint sa majorité en 1494 et aura au début une politique bourguignonne.
(le duché de Bourgogne est à l’époque possession du roi de France et le terme bourgogne qui était une réalité géographique est devenu une
réalité dynastique pour redevenir un terme géographique désignant nos régions. D’ailleurs le terme « Belgique » fut concurrencé par le
terme « Bourgogne ». Il y a aussi l’expression « Pays-Bas » qui prend enfin son sens car Maximilien d’Autriche parle de « ses pays d’en
bas ». On parle aussi de Flandre car elle a un rayonnement économique dans toute l’Europe.)
Entre 1482 et 1494 Maximilien d’Autriche va être régent. Il est transplanté dans une culture politique qui n’est pas la sienne. On le traite
d’Allemand. Il n’a pas beaucoup de finesse et va reprendre le modèle de son beau-père, ce qui va provoquer l’hostilité des villes qui ont peur
de l’autoritarisme et de perdre de l’autonomie et du pouvoir politique. La contestation va vite se faire révolte. Les révoltés veulent Philippe et
non Maximilien. Ils veulent que Philippe ait une éducation bourguignonne sous le contrôle des états à Gand et pas une éducation allemande
sous le contrôle de son père.
Il y aura une véritable guerre civile aux Pays-Bas. Il arrive quand même à extraire son fils des Gantois mais en 1488 il va se faire enfermer
dans une épicerie de Bruges pendant plusieurs mois alors que plusieurs de ses conseillers vont être condamnés et exécutés. A sa libération, il
va faire quelques démonstrations de forces. C’est un affrontement entre le pouvoir centralisateur d’un souverain étranger et les villes qui
veulent de l’autonomie. Mais
Maximilien va pouvoir tout pacifier et avoir la paix avec le roi de France.
Mais Maximilien n’est pas seul, il a le soutien de Malines, d’Anvers et du Hainaut. Il va être élu roi des Romains c’est-à-dire qu’il sera le
futur empereur.
b.) En 1493 Frédéric III meurt et Maximilien devient empereur qui n’a plus le temps ni l’envie de s’occuper des Pays-Bas. Son fils Philippe
le Beau n’a que 16 ans et va pouvoir gouverner dès 1494. Maximilien va garder un pouvoir d’influence.
Période de paix, aucun événement militaire sur les territoires des Pays-Bas. Entre 1494 et 1500 Philippe va gouverner de façon
bourguignonne. Il a une politique nationale. De 1500 à sa mort en 1506 ce sera la période habsbourgeoise et une politique plus européenne. Il
se marrie avec Jeanne, la fille des rois catholiques Isabelle et Ferdinand, qui est au 5 ième ou 6ième rang dans l’ordre de succession. C’est quand
même une alliance préparée par Maximilien qui voulait prendre la France en tenaille. Maximilien voulait reprendre la Bourgogne au roi de
France, mais son fils ne voulait pas.
En 1494 débutent les guerres d’Italie. Charles VIII part pour l’Italie et Maximilien veut en profiter. Pas son fils. En 1498, le traité de Paris
entre Philippe le Beau et Louis XII renforcent d’ailleurs la paix (c’est dans ce traité que Philippe le Beau renonce au duché de Bourgogne).
Les rapports entre le fils et le père sont tendus, ce dernier écrit même aux états généraux pour qu’ils raisonnent son fils, mais ceux-ci sont
conscient de l’importance de la paix et le remballe.
Le duché de Gueldre est aussi un objet de friction, mais Philippe ne veut pas faire la guerre contre la Gueldre ; il conclut une trêve et autorise
même les troupes françaises à traverser la ses territoires pour aider la Gueldre.
Il y a des contentieux économiques avec l’Angleterre et en 1496 Philippe le Beau conclut avec Henri VII un traité d’entrecours pour régler
les échanges économiques entre l’Angleterre et les Pays-Bas. C’est un traité libéral (alors que c’est une époque de politique protectionniste)
qui donne une quasi totale liberté de commerce. ce traité sera appelé le « Grand entrecours ».
Entre 1496 et 1500 il y a plusieurs décès à la cour espagnole et Jeanne va se retrouver héritière. Philippe s’intéresse donc aux couronnes
espagnoles et va moins s’occuper des Pays-Bas. En 1501 Jeanne et Philippe le Beau vont s’embarquer pour l’Espagne pour se faire
reconnaître comme héritiers. Ce voyage va durer 2 ans car Philippe le Beau va en profiter pour faire le tour de l’Europe occidentale. En
France il va négocier avec Louis XII, il va aller à Innsbruck pour voir son père et il va rencontrer différents princes allemands. Son père
voulait qu’il soit élu roi des Romains, comme il le fut lui-même quand son père était empereur. Philippe le Beau ne se trouve pas en position
de force, mais il va quand même faire des accords triangulaires entre lui, le roi de France et son père.
Isabelle meurt en 1504 et Jeanne et Philippe se retrouvent reine et roi de Castille. Avant de rejoindre l’Espagne, Philippe va mener une
campagne militaire contre la Gueldre qui va devoir céder une partie de ses territoires et conclure une trêve. Il va aussi s’allier à la France
pour ne pas avoir de problèmes quand il est en Espagne et finalement en 1506 il s’embarque pour l’Espagne. Il s’embarque si tard pour toutes
ces raisons mais aussi parce que ça coûtait cher et que Jeanne était enceinte. Il va y avoir une tempête en mer et ils vont devoir s’arrêter en
Angleterre où Henri VII va leur imposer un nouveau traité d’entrecours qui sera surnommé le « mauvais entrecours » car seul les Anglais
sont favorisés. Quand il va arriver en Espagne, il va vivre des situations difficiles car il est un intrus aux yeux de Ferdinand. Pour les
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Castillans par contre, c’est l’homme providentiel pour faire barrage contre l’Aragon. Finalement il y aura un accord entre Philippe et
Ferdinand, juste avant la mort du premier en septembre 1506. Son fils Charles Quint n’a alors que 6 ans et Maximilien va désigner
Margueritte d’Autriche comme régente pour les Pays-Bas. C’est la sœur de Philippe, elle est fort populaire. Le règne de Philippe est un
moment capital pour les Pays-Bas, il a su orienter une politique qui visait à défendre les intérêts des Pays-Bas.
c.) Charles Quint a mené à bien ce que la mort avait entravé chez son père. Il devient roi de Castille, puis d’Aragon. En 1519 il est élu à la
tête de l’Empire. Il a aussi des possessions en Italie et en Amérique. Il va soumettre la Gueldre et Utrecht. Il va prendre Tournai en 1521, qui
était un territoire royal. Sur le plan du droit, Charles Quint n’est pas souverain, c’est le roi de France et l’empereur (Philippe le Beau avait
encore prêté hommage à Louis XII), mais il veut briser le lien féodal. En 1526 François Ier est l’hôte (ou le prisonnier) de Charles Quint qui
va lui imposer le traité de Madrid, qui rompt le lien féodal et confirme la possession de Tournai. En 1529 le traité de Cambrai va faire en
sorte que Tournai cesse d’être une ville royale. La situation de l’autre côté de l’Escaut est plus difficile, car Charles Quint est son propre
vassal. Il va alors garder les Pays-Bas au sein de l’Empire, mais sans que ce ne soit une contrainte pour eux. En 1548 la Transaction, avec la
diète, d’Augsbourg va faire des Pays-Bas le cercle de Bourgogne (un cercle=des principautés regroupées administrativement). Ce cercle de
Bourgogne va comprendre les Pays-Bas, la Flandre, l’Artois, Tournai et la Franche Comté de Bourgogne. Ceci consacre la disparition
définitive du traité de Verdun (Liège et Stavelot – Malmédy vont avec d’autres principautés faire partie du cercle de Westphalie). Le cercle
de Bourgogne n’est pas soumis aux lois et tribunaux de l’Empire mais a une obligation fiscale -les impôts impériaux- même si la plupart des
impôts allaient aux princes territoriaux. Les Pays-Bas jouissent d’une autonomie totale de fait mais pas de droit. Il y a des problèmes de
règles de succession, car elles ne sont pas les mêmes pour toutes les principautés. Si il n’y a pas de succession directe, les Pays-Bas risquent
la dislocation. Charles Quint décide donc d’unifier les règles de succession avec La Pragmatique Sanction en 1549 (il voulait faire des PaysBas un royaume). C’est une règle successorale par progéniture (l’aîné), masculinité et représentation (le fils aîné de l’aîné passe avant son
oncle).
Sur le plan intérieur Charles quint va formaliser plusieurs institutions. Il va réinstaurer le Grand Conseil de Malines comme cour suprême des
Pays-Bas, avec moyen d’appel; sauf pour le Brabant (à cause de la Joyeuse entrée) et le Hainaut. En 1531 il va créer 3 conseils de
gouvernement: le conseil d’état, le conseil privé et le conseil des finances. Il ne les crée pas vraiment car ils existaient déjà mais moins
formellement (Certains conseillers s’occupaient plus spécifiquement de questions diplomatiques et d’autres de questions financières,...) En
théorie il n’y avait qu’un conseil, mais en pratique, il y avait plusieurs « commissions ». A partir de ce moment le conseil d’état va s’occuper
des grandes affaires diplomatiques (les grands nobles vont s’en occuper). Le conseil privé va s’occuper des affaires intérieures, des lois et un
peu de justice, surtout pour les affaires du prince (les gens de robes vont s’en occuper -petite noblesse et bourgeoisie-). Et le conseil des
finances va s’occuper de finances. Plus tard ils seront appelés conseils collatéraux. Ils vont former un ensemble sans s’entremêler. Il y a des
passerelles et parfois des conflits de compétence (on va retrouver des nobles au conseil privé et des juristes au conseil d’état).
Charles Quint va mettre une nouvelle personne à la tête de l’état: le gouverneur ou la gouvernante, sorte de vice-roi qui le remplace lorsqu’il
est à l’étranger. La première gouvernante est Margueritte d’Autriche, qui était alors régente. Marie de Hongrie, la sœur de Charles Quint, la
remplacera. Ce sont toujours des personnes de très haut rang.
Un peu après l’apparition du gouverneur, la chancellerie va disparaître (1530).
2ième section: Autoritarisme et rupture.
Chapitre 4: Réformes et « révolution » au XVIe siècle.
a.) Les réformes religieuses.
le processus de pénétration du protestantisme va passer du Sud au Nord. Au Nord l’implantation va être réussie. Des gens (surtout classe
moyenne) vont donc émigrer du Sud vers le Nord (effets économiques). Le courant dominant du protestantisme est le calvinisme (France) et
le Sud des Pays-Bas va être le premier touché. Les grands points d’appui du début seront Tournai, Valenciennes (la capitale économique du
Hainaut), Gand et Anvers. Le protestantisme va toucher davantage les villes que les campagnes. Les provinces flamandes seront davantage
touchées.
Dès les années 1520 il y a des luthériens dans nos régions entre autre à Anvers car il y a beaucoup de marchands de différentes nationalités,
beaucoup d’intellectuels et d’imprimeurs. Toutes ces personnes sont réceptives à la doctrine de Luther.
En 1523 on exécute par le feu 2 moines de l’ordre de Saint Augustin (comme Luther) qui étaient soupçonné d’hérésie, ce sont les premières
victimes de la lutte contre le protestantisme. Le luthérianisme ne sera jamais de masse dans nos régions. Les anabaptistes sont poursuivis en
terre protestante et catholique car c’est un courant protestant très social qui ne veut pas de distinction de classe, pas de prêtres ou d’écrits et
veut une communication directe avec Dieu. C’est un courant du protestantisme qui va surtout toucher les couches populaires des villes et des
campagnes dès les années 1530. Ils vont se développer surtout à la campagne(entre autre dans la région de l’Escaut) car la répression est
moins sévère. Le calvinisme va toucher les villes vers 1540 et les campagnes vers 1550. Calvin veut associer église et état. Il va confier aux
pasteurs le soin de diriger le peuple. Les autorités vont réagir à cela et dès 1520-1521 il va y avoir des édits pour réprimer l’hérésie, des
poursuites et des censures et l’interdiction de débattre des affaires de foi en publique. Les tribunaux d’inquisition (qui remontent au 13ième
siècle pour lutter contre d’autres hérésies) vont avoir beaucoup de travail. Certains tribunaux d’inquisition relèvent du pape, d’autres des
évêques et même de l’empereur vers 1540. Les inquisiteurs ne peuvent prononcer la peine capitale et doivent remettre les affaires aux mains
d’un tribunal civil. Les anabaptistes seront les plus pourchassé. On va parfois confisquer les biens des hérétiques ce qui va profiter au
pouvoir.
La réforme catholique aura un effet de régénération pour l’église catholique (les critiques du protestantisme ne sont pas mauvaises). Les
évêchés vont être redécoupées dans nos régions, l’enseignement va être réformé. Les évêchés étaient calqués sur les provinces romaines et on
va faire coïncider les limites diocésaines avec les limites politiques. On va ainsi créer 3 sièges d’archevêque: un à Utrecht, un à Cambrai et
un tout nouveau à Malines. Le Sud Luxembourg va faire partie de Trèves et Liège de Cologne, Reims n’aura plus aucune compétence chez
nous. L’archevêque de Malines va s’occuper des territoires thiois de nos régions, l’archevêque de Cambrai des territoires romans. Au Nord 4
nouveaux évêchés sont créés: Ypres, Bruges, Gand et Anvers qui son tous sous l’autorité de Malines. Au Sud Tournai va perdre un peu de
compétences et Namur va être créé, de plus certains territoires vont faire partie de Liège.
=>Il n’y a pas de correspondance parfaite mais cette réforme est rationnelle. Elle fit toutefois des mécontents car elle cache des intentions
politiques de Philippe II. Cette réforme lui permet de mieux contrôler les rouages politiques et les assemblées d’état car les revenus des
abbayes vont être affectés à l’entretien des évêchés et pour faciliter les choses, ce seront les évêques qui vont être placé à la tête des abbayes.
Donc les évêques vont siéger aux états généraux, et comme ils sont nommés par Philippe II, celui-ci aura un meilleur contrôle sur les états.
Au niveau de l’enseignement, Philippe II va créer des écoles dominicales pour les enfants des familles pauvres qui ne vont pas à l’école et les
adultes qui n’ont pas pu y aller. Ces écoles donneront des rudiments d’instruction notamment religieuse. Il va créer des séminaires en 1565
pour former les prêtres qui s’occuperont de ces écoles. Après la création de l’Université de Louvain en 1425, Philippe II va créer en 1562 une
université à Douai pour attirer les gens du Sud.
Dans nos régions le catholicisme l’a emporté et les protestants qui vivent encore chez nous vont habiter près des frontières.
b.) La révolution des Pays-Bas. De la défense des libertés à la guerre nationale.
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Cette « révolution » commence en 1566 et prend fin dans le Sud entre 1579 et 1585. Pour les régions du Nord elle ne s’achève qu’en 1609
avec la trêve de 12 ans ou en 1648, avec le traité de Westphalie.
Vers 1559 Philippe II quitte définitivement nos régions et place comme gouvernante sa demi-soeur Margueritte de Parme. Elle a peu de
marge de décision. Elle sera secondée par Granvelle, membre du conseil d’état premier archevêque de Malines. Il va se rendre impopulaire et
Philippe II va le rappeler en 1564. Le monarque va aussi s’aliéner la sympathie des grands nobles qui siègent au conseil d’état mais qui se
sentent mis à l’écart. C’est ainsi que Guillaume d’Orange et les comtes d’Egmont et de Horne vont se présenter en tant que défenseurs des
grands seigneurs et non pas des libertés. Après la disgrâce de Granvelle le conseil d’état va contrôler le conseil privé et le conseil des
finances.
En 1566 les protestants et les catholiques vont discuter ensemble et vont être d’accord pour dire que le monarque ne respecte pas les
constitutions. On va demander une certaine liberté de culte et en été 1566 la législation religieuse est modérée à condition que la foi
catholique reste la foi officielle. Tout va être balayé avec l’iconoclasme. Ce mouvement part de l’Ouest de la Flandre où des prédicateurs
intégristes vont stimuler l’ardeur des gens contre le pouvoir de l’Eglise. Ils vont attaquer les églises et détruire des statues à Gand, Tournai,
Malines, Anvers et ensuite plus vers le Nord. Ce ne sont pas tous des protestants: les luthériens désapprouvent l’iconoclasme et certains
calvinistes aussi.
Il y a à l’époque 20 000 protestants dont 13 000 calvinistes, 4000 luthériens et 2000 anabaptistes sur 90 000 habitants à Anvers, 2000
protestants à Mons pour 15 000 habitants. En 1567 Philippe II va réagir en envoyant le duc d’Albe et 10 000 soldats dans nos régions pour
rétablir l’ordre. Le duc d’Albe va assujettir les 3 conseils collatéraux et va créer le conseil de troubles qui ne compte que des conseillers
espagnols et qui fonctionne sans règles. Il va poursuivre les hérétiques car ils sont rebelles, « Tout rebelle au roi est rebelle à Dieu et tout
rebelle à Dieu est rebelle au roi ». Il va y avoir plus de 10 000 condamnations dont 1100 à mort, ainsi que des bannissements et 9000
jugements par contumace (beaucoup de personnes ont fui vers d’autres états, comme en Allemagne, un peu en Angleterre car la répression
est moins forte au Nord). Les comtes d’Egmont et de Horne sont exécutés en 1568.
Le duc d’Albe introduit aussi des impôts (sur le capital, sur les transactions) sans l’accord des états généraux. Il va réussir (par la force) à
pacifier les Pays-Bas, et devient gouverneur général de fait.
Mais en 1572 les troubles vont reprendre dans le Nord. Les protestants ont pris le pouvoir et persécutent les catholiques. Guillaume d’Orange
soutient les protestants et envoie des troupes dans le Sud où des villes comme Malines, Louvain et Mons jouent le jeu de l’insurrection. En
août 1572 le massacre de la Saint Barthélemy va faire perdre à Guillaume d’Orange la plupart de ses alliés et les Espagnols reprennent la
main. En 1573 Philippe II rappelle le duc d’Albe pour « raisons de santé » et plusieurs gouverneurs généraux vont se succéder. Il y aura
beaucoup d’affrontement et une vacance du pouvoir. Les institutions vont devoir combler le vide. Le conseil d’état qui détient l’autorité
politique et les états généraux qui jouent un rôle de représentation vont lever une armée pour se défendre contre le Nord et contre les troupes
espagnoles non payé.
La « pacification de Gand » est signée en novembre 1576. Il s’agit d’un texte de réconciliation mais qui va faire long feu car au même
moment se déroule le sac d’Anvers par les troupes espagnoles, qui va faire 7000 victimes et qui va laisser des traces. La « pacification de
Gand » va donner une amnistie au roi, va donner une liberté de circulation et de commerce aux Pays-Bas et une liberté de culte pour le Nord
et il n’y aura plus de poursuites dans le Sud. Ce sont des mesures qui amènent la paix, mais en 1576 une guerre civile va éclater entre le Sud
catholique et le Nord protestant et qui va durer jusqu’en 1579. A partir de 1577 il va y avoir la mise sur pied de gouvernements
révolutionnaires calvinistes de type républicain dans des villes comme Gand, Courtrai, Ypres, Malines et Anvers. Ces gouvernements vont
avoir une politique de répression vis-à-vis des catholiques. En 1578 il va y avoir un nouveau gouverneur général, Don Juan d’Autriche un
bâtard de Charles Quint qui va battre l’armée des états généraux et tenir les provinces de Namur et de Luxembourg. Mais don Juan
d’Autriche va mourir d’une épidémie. En 1579 il va y avoir dans nos régions une lassitude générale, on se disait qu’il fallait ou bien passer
sous la coupe des calvinistes de Guillaume d’Orange ou bien sous la coupe de l’Espagne avec qui des négociations étaient possibles. Ces
négociations vont se faire avec le nouveau gouverneur, Alexandre Farnèse, neveu de Philippe II; ces négociations vont aboutir à une rupture
avec le Nord.
c.) Le 6 janvier 1579 va se former l’union d’Arras, qui comprend l’Artois, la Flandre de langue française et le Hainaut qui veulent
l’application de la « pacification de Gand » et donc une réconciliation avec le roi si les privilèges restent.
Le 23 janvier 1579 se forme l’union d’Utrecht qui comprend la Hollande – Zélande, Utrecht et des villes du Sud tel que Anvers, Bruxelles,
Malines, Gand, Bruges, Ypres, Tournai. Ce pouvoir calviniste refuse de la soumission au roi d’Espagne. Il veut une liberté de conscience
mais pas une liberté de culte. En mai 1579 Farnèse va signer la paix avec l’union d’Arras, va signer la « pacification de Gand » et ratifier les
mesures des états généraux. Le culte calviniste est interdit et la reconquête est entreprise avec l’aide du Sud et un appui des campagnes
flamandes. Les villes sont reprises les unes après les autres jusqu’à la prise d’Anvers en 1585. Ca aurait pu continuer mais Philippe II veut
conquérir l’Angleterre alors que le Nord s’affaiblissait (assassinat de Guillaume d’Orange en 1584).
En 1598 lors d’un traité entre Philippe II et la France, les provinces unies vont être reconnues. Le gouvernement des Pays-Bas va à Isabelle
(fille de Philippe II) et à l’archiduc Albert.
Chapitre 5: Transition et stagnation au XVIIe siècle.
a.) une rupture consommée et des amputations territoriales : contrastes entre Pays-bas du Sud et Provinces-Unies.
Le 17ième siècle fut pour nos régions un « siècle de malheur » alors que pour les provinces unies on parle de siècle d’or.
Les Pays-Bas espagnols sont amputés des Provinces unies et entre 1575 et 1625, 150 000 personnes émigrent du Sud au Nord pour des
raisons politiques et religieuses. Entre 1585 et 1715, le territoire des Pays-Bas est restreint de plus de 50%: le comté d’Artois est perdu, ainsi
que la Flandre de langue française, le Hainaut français, la moitié Sud du tournaisis et un morceau du Luxembourg. Tout ça au profit de la
France et des guerres de Louis XIV. Le Nord de la province de Brabant est perdu, ainsi qu’une partie du Limbourg et la Flandre zélandaise
ce qui fait que l’embouchure de l’Escaut devient hollandaise. La fermeture de l’Escaut nuira au commerce d’Anvers (perception de taxes par
les Hollandais) et va provoquer son déclin.
En 1648, les traités de Westphalie sont signés pour marquer la fin de la guerre de 30 ans perdue par l’Espagne et l’empereur face à la France
et aux provinces unies. Le roi d’Espagne doit reconnaître l’indépendance des provinces unies.
b.) Isabelle est la fille de Philippe II et la sœur de Philippe III. Son mari Albert est le fils d’un empereur. Philippe III reste le souverain des
Pays-Bas mais Albert et Isabelle ont un pouvoir d’initiative. Néanmoins, s’ils n’ont pas de descendants les Pays-Bas retournent à la couronne
espagnole.
C’est une période florissante pour l’art avec des artistes comme Rubens, des écrivains, des juristes, … La réforme catholique va s’imposer, la
politique et l’économie s’embourbent.
L’objectif de l’acte de session à Isabelle et Albert est l’union des Pays-Bas. Mais en 1609, la trêve de 12 ans avec les provinces unies marque
l’impuissance politique et militaire des archiducs. En ce qui concerne la politique intérieure, les archiducs ont une certaine marche de
manœuvre. Mais pour les affaires étrangères et la défense ils n’en ont aucune, ce sont les conseillers qui leur transmettent les ordres de la
cour d’Espagne et les troupes royales espagnoles sont toujours là.
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Quand Albert meurt en 1621, Isabelle reste gouvernante mais n’a plus de semi-souveraineté. L’absolutisme de la couronne espagnole est à
son comble et va amener des grands affrontements. Il y a un conseil de Flandre et de Bourgogne à Madrid avec des conseillers espagnols qui
prennent toutes les grandes décisions. Le secrétaire d’état et de guerre est l’œil de Madrid à Bruxelles, c’est un fonctionnaire étranger qui fait
le lien entre Madrid et Bruxelles qui surveille le gouverneur général. Les conseils collatéraux sont doublés par les Juntas, commissions
spéciales composées de personnes dévouées à la monarchie. Ils prennent les décisions véritables. Les conseils restent les organes officiels
uniquement dans la forme. Le conseil d’état va se sentir mis à l’écart car la monarchie impériale essaye d’évincer les nobles et donne du
pouvoir au conseil privé. Les états généraux ne se réuniront plus après 1634 (dans les provinces unies, les états généraux sont le
gouvernement) car le pouvoir impérial soupçonne certains membres d’avoir des relations avec la France et/ou les provinces unies. Des
membres de la noblesse sont jugé par contumace après leur fuite vers le Nord ou le Sud.
Les états provinciaux vont se réunir un vote d’impôts de circonstance. Il n’y a pas de nouveautés institutionnelles mais un système centralisé.
Sous Philippe IV et Charles II, une nouvelle charge sera créée : celle d’intendant (vient de France). Ce ne sont pas des officiers (par exemple
les gouverneurs de province) mais des hommes de confiance qui ont une commission, c’est-à-dire une charge bien précise limitée dans
l’espace, le temps et la compétence. Ils surveillent et doublent l’administration en place, ce qui renforce la centralisation monarchique. Ils
vont s’occuper de tout, de politique, de finance, du militaire mais pas de justice car il y a une juridiction traditionnelle.
Le véritable déclin des Pays-Bas date du dernier quart du 17ième siècle (redressement sous l’influence de la révolution industrielle), donc le
siècle de malheur est plutôt à placer entre le dernier quart du 17ième siècle et la moitié du 18ième siècle. C’est une période où la conjoncture
européenne n’est pas bonne en général.
c.) Succès de la réforme catholique. Il y a un triomphe du catholicisme, sans exécution capitale, mais une pression sur les protestants. La
censure, l’humiliation, la honte publique vont se développer. On essaie de convertir les protestants. La période des archiducs sera féconde
pour les ordres (Ex. : les prêtres de l’oratoire -enseignement-).
3ième section: La « Belgique autrichienne ».
Chapitre 7: Le XVIIIe siècle et ses progrès.
a.) le régime angevin (1700-1713). Une parenthèse ?
Le dernier Habsbourg d’Espagne, Charles II, lègue en 1700 ses états au duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, époux de Marie-Thérèse, une
Habsbourg d’Espagne. Le duc d’Anjou est donc le petit-neveu de Charles II, mais il fait partie de la dynastie des Bourbons, ce qui va causer
des protestations un peu partout surtout chez les Habsbourg d’Autriche qui revendiquent le trône. Les Anglais et les Hollandais ne seront pas
content non plus, et cela va mener à la guerre de succession d’Espagne.
A la mort de Charles II, Louis XIV envoie des troupes dans les Pays-Bas. Les Anglais et les Hollandais vont faire alliance avec les
Habsbourg d’Autriche et leur prétendant, l’archiduc Charles, fils et frère d’un empereur. L’héritier légal des Pays-Bas est Philippe V et donc
la France et l’Espagne sont allié. Philippe V n’a d’autorité que sur Namur et Luxembourg. Charles d’Autriche contrôle quant à lui le duché
de Limbourg. Le reste des territoires sont contrôlés par les Anglais et les provinces unies grâce à des troupes anglo-bataves, alliée à Charles
de Habsbourg, qui exercent un protectorat.
L’ensemble Flandre, Brabant et Hainaut est géré par le conseil d’état; Namur et Luxembourg sont gérés par le conseil royal (va siéger à
Namur, capitale légale des Pays-Bas) de Philippe V (les conseils collatéraux fusionnés). En 1711, Philippe V va abandonner à MaximilienEmmanuel, duc de Bavière, la souveraineté des Pays-Bas.
b.) Les institutions sous les Habsbourgs d’Autriche.
Ere de croissance.
Sur le plan économique, protectionnisme commercial (vient de France), on taxe les produits finis importés.
Des routes sont construites et des troupes nationales vont être levées par tirage au sort (par conscription).
Entre 1713 et 1715, des traités qui vont mettre fin à la guerre de succession d’Espagne. Les Pays-Bas vont aller aux Habsbourg d’Autriche et
Philippe V va garder le trône. Les Pays-Bas vont à l’empereur Charles VI, mais ne sont pas cédés à l’empire ni à l’Autriche. MaximilienEmmanuel se fait rendre la Bavière et l’Europe est pacifiée.
Entre 1745 et 1748, nos territoires passent à la France durant la guerre de succession d’Autriche, qui concerne les droits de Marie-Thérèse.
Nos territoires ne sont plus que des champs de batailles. Les troupes françaises se retirent en 1748.
Cette même année est opéré un renversement des alliances : la Prusse est une puissance montante. Les Habsbourg sont alliés avec les
Bourbons et la Prusse avec l’Angleterre.
Les Pays-Bas restent une union personnelle, un territoire héréditaire, les cercles de Bourgogne. Ils sont exempts des lois et des tribunaux
d’empire, leurs nouveaux propriétaires doivent en conserver l’intégrité, les Habsbourg doivent respecter les traditions et il ne peut y avoir de
système politique autoritaire.
En 1715 le traité de la barrière avait établi une ligne de forteresses allant de la côte belge au Luxembourg, avec des garnisons hollandaises
formant une protection contre une invasion française. En 1745 la barrière fut complètement inutile et on n’en veut plus car elle est inutile,
elle coûte cher (Charles VI paye les garnisons) et cause des problèmes (plein de calvinistes). Les Hollandais ne veulent pas partir et Joseph II
fait démanteler les forteresses.
Généralement le 18ième siècle a bonne presse, on a dit de Marie-Thérèse qu’elle était une bonne souveraine. Mais les Pays-Bas n’était qu’un
instrument politique (Marie-Thérèse voulait d’ailleurs céder les Pays-Bas à la France ou au duc de Bavière, ils apparaissaient comme
monnaie d’échange. Sous Joseph II il fut question d’un échange entre les Pays-Bas et la Bavière). Les Habsbourg ont néanmoins bien
gouverné les Pays-Bas, ils ont mis une administration en place.
Bruxelles va devenir la capitale des Pays-Bas. Les gouverneurs vont y résider, la ville va être francisée. Sous Charles VI le gouverneur
général sera sa sœur Marie-Élisabeth qui s’est bien investie. Sous Marie-Thérèse se sera son beau-frère Charles de Lorraine, un Habsbourg
de culture française. Sous Joseph II c’est Marie-Christine et le duc Albert de Saxe. Le gouverneur est surveillé et son rôle est limité.
La charge de ministre plénipotentiaire est créée : c’est un représentant de la cour, un étranger. Le ministre d’état et de guerre existe toujours
mais est subordonné. Il y a une fusion des 3 conseils collatéraux en conseil d’état mais ça ne va pas durer longtemps car il y aura des
protestations. Le conseil des finances va prendre de l’importance dans la politique économique. En 1787 il va de nouveau ??? y avoir une
fusion des 3 conseils collatéraux en conseil de gouvernement général, c’est l’apogée de la centralisation, avec à sa tête le ministre
plénipotentiaire. Cette réforme est mal acceptée. Il va y avoir un chapeautage et un contrôle des finances publiques qui vont ainsi limiter les
autorités locales. Un bilan des caisses provinciales et communales va être fait. Le Grand Conseil de Malines va devenir une cour suprême.
Joseph II va vouloir abolir les cours existantes pour les remplacer par un seul ordre de tribunaux, avec des tribunaux de première instance,
des cours d’appel et une nouvelle cour suprême. Les conseils provinciaux voient s’accroître leur contrôle sur les tribunaux locaux. Charles
VI a créé le conseil suprême des Pays-Bas à Vienne sur le modèle espagnol, mais certains « Belges » en font quand même partie. Il va être
supprimé en 1757 après 40 ans d’existence par Marie-Thérèse, ses compétences vont être transférées à la chancellerie (de cour et d’état).
=>Grande centralisation, suppression d’un organe intermédiaire. Aux Pays-Bas on est contre la création d’intendants et on est plutôt
favorable aux commissions temporaires. En 1787 Joseph II va créer des charges d’intendants et une nouvelle grille des provinces. Ce seront
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des cercles qui ne correspondent pas aux principautés ; à la tête de ces cercles il y aura un intendant qui est chargé d’enquêtes économiques,
démographiques, politiques, … ces intendants survivront 2 mois.
c.) innovations matérielles et intellectuelles.
Une économie nationale va être conçue, de type capitaliste. Ce n’est plus une économie de substance, il y a une possibilité d’investissements.
La Révolution Industrielle touche les Pays-Bas après l’Angleterre mais l’agriculture reste quand même le centre de gravité du développement
du pays.
=>Les progrès économiques marquent d’abord le monde rural alors qu’au 16 ième siècle l’économie s’appuyait sur les villes. La Belgique
connaît une agriculture qui pour la première fois est commercialisable, il y a une production pour l’exportation avec une certaine diversité :
des céréales pour hommes et animaux, des pommes de terre (apparue au 17 ième siècle) qui sont plus faciles à produire et qui ont de grandes
qualités nutritives. La croissance des villes va se ralentir. L’industrie du lin va se développer avec la mécanisation. Des nouveaux foyers pour
l’industrie textile vont apparaître dans la région de Herve et la région de Verviers, grande zone européenne de production de textile drapier.
C’est une région à cheval sur 2 états car la Herve se trouve dans le duché de Limbourg donc aux Pays-Bas autrichiens et Verviers se trouve
dans la principauté de Liège. Ca permet aux productions d’échapper à des contraintes fiscales. Comme au 17ième siècle Verviers était un
village il n’y a pas de contraintes corporatives. Les produits vont être exportés jusqu’en extrême orient.
Pour la production houillère, invention de la machine à vapeur. La région de Charleroi n’était rien industriellement mais va devenir un pôle
industriel pour la métallurgie et la verrerie. A Liège, l’armurerie et la clouterie fournit beaucoup aux chantiers navals. Les Pays-Bas du Sud
sont une terre de sidérurgie, plutôt artisanale, avec des forges sur des petits ruisseaux. Les entreprises vont descendre vers les vallées. La
houille va devenir un combustible de la sidérurgie et sera même exportée.
L’Escaut étant hollandaise, Anvers va décliner au profit d’Ostende. On va créer une compagnie, association de privés qui bénéficient d’une
concession de l’état. La compagnie d’Ostende va faire du commerce avec les pays lointains. Elle va créer des comptoirs en Inde et en Chine.
Elle sera supprimée après 9 ans à cause de la succession de Marie Thérèse en Autriche. Charles VI va devoir négocier avec les Anglais et les
Hollandais et supprimer la Compagnie d’Ostende. Il va retirer son soutien et la laisser tomber.
Politique de protection douanière pour protéger les industries nationales, réduction des droits de transit pour ne pas effrayer les clients
potentiels =>politique mercantiliste.
Le réseau routier va être développé : les Pays-Bas vont passer de 60 kilomètres de chaussée (1713) à 2850 en 1794-1795. Nos grandes routes
nationales sont des héritages de l’époque autrichienne, c’est le pouvoir central qui a stimulé les routes ; ce sont les villes et les provinces et
des particuliers qui les ont construites. Des péages sont installés. Les Pays-Bas sont un marché national grâce aux routes qui nivellent le prix.
Chapitre 9: Les révolutions brabançonnes et liégeoises.
a.) Les réformes de Joseph II.
Joseph II va régner entre 1780 et 1790. Il est déjà associé au gouvernement par sa mère depuis plusieurs années et apparaît comme un
souverain réformateur. Son œuvre se situe dans la ligne de sa mère, main de fer dans un gant de velours. Lui n’avait qu’une main de fer.
Pour Marie-Thérèse, catholique, il y avait une église d’état. Pour Joseph II, la foi n’est pas primordiale, l’église doit être un élément de l’état
et doit relever de l’état.
Marie-Thérèse abolit la dépendance des églises vis-à-vis de l’étranger et fonde des collèges (thérésiens) publics, qui vont faire concurrence
aux collèges des congrégations religieuses.
La compagnie de Jésus est supprimée au début des années 1770, ce qui libère le champ pour les collèges thérésiens. Création d’une
commission nationale des études, sorte de ministère de l’enseignement.
Joseph II, jeune veuf sans descendance, est obsédé par la rationalisation. Il veut tout organiser selon un modèle étatique et veut s’occuper de
tout. Mais il va trop vite. Frédéric II disait de lui que c’était « quelqu’un qui veut faire le 2ième pas avant d’avoir fini le 1er ». Joseph II ne
voyait pas la réalité mais sa réalité.
Il va voyager incognito aux Pays-Bas (il est le premier à revenir depuis Philippe II). Sa visite fut très rapide, il voyait les belges comme des
« buveurs de bière qui ne sont pas ouverts aux nouvelles idées » et refusait les invitations qu’on lui faisait, ce qui changeait les belges de
Charles de Lorraine.
Il eut aussi des problèmes chez lui en s’attaquant aux privilèges entre autre de l’aristocratie foncière, aux corporations et au système fiscal.
Dans nos régions il on retient les réformes de 1787.
En 1781 est promulgué « l’édit de tolérance » qui donne une certaine liberté de culte aux protestants et aux juifs. Ils peuvent exercer leur
culte en privé et sans signes extérieurs. Le catholicisme reste la seule religion publique. La presse est libre sauf lorsqu’elle s’en prend à lui. Il
va supprimer des couvents, des ordres contemplatifs (en tout plus de 160 couvents surtout féminins vont être supprimés). Pour Joseph II, la
religion doit être utile : elle doit aider les malades, enseigner, … . Les biens de ces couvents vont être attribués à l’état et vont constituer « la
caisse de religion » qui va aider la religion utile. =>Il n’y a pas de véritable intention de détruire la religion.
L’état civil est laïcisé avec un Premier ministre d’état civil. L’assistance publique va se trouver aux mains des autorités civiles. En 1786 il
supprime les séminaires épiscopaux et les remplacent par le séminaire général à Louvain (et Luxembourg car longue distance et culture
différente) ou tous les prêtres vont être formés pour prêcher la bonne parole de l’église mais aussi de l’état. Il pense que les prêtres doivent
servir l’état comme l’église. A Louvain, l’université s’oppose à Joseph II et est transférée à Bruxelles. Il fait des prescriptions sur le
déroulement du culte (le nombre de cierges, les vêtements), à propos des confréries, … Frédéric II a dit de lui « qu’il passe son temps à faire
le sacristain ». Il va faire un édit sur les kermesses. Il ne peut plus y avoir qu’une seule kermesse par an et tous le même jour ce qui pose des
problèmes aux forains.
En 1787 il va supprimer les conseils collatéraux, tous les tribunaux (les conseils provinciaux) et va les remplacer par 63 tribunaux, 2 cours
d’appels et un conseil souverain à Bruxelles. Il n’aura pas le temps de les mettre en pratique. Il va aussi créer des intendants et va redécouper
les provinces en circonscriptions et cercles.
b.) C’est en 1789 qu’a lieu la révolution brabançonne. Déjà en 1787, une petite révolution éclate car des oppositions se manifestent lors des
atteintes aux traditions, de la suppression des corps et du non-respect des traditions. Joseph II est un souverain rationnel mais il est surtout
autoritaire, il a de bonnes idées mais est trop absolutiste. Il bouleverse trop et trop vite et s’aliène la sympathie à la fois des conservateurs et
des progressistes. Ces seuls partisans sont les fonctionnaires, les intellectuels. Il y a ainsi des contres révolutions mais elles sont réprimées
par les autorités seigneuriales.
La révolution est aussi un échec car la base du mécontentement n’est pas commun. Le 1er janvier 1787 les réformes passent, le 29 janvier les
états de Brabant protestent contre les édits, le 19 avril les états de Brabant refusent de voter l’impôt et le 20 avril le conseil de Brabant refuse
de fournir les magistrats pour les nouveaux tribunaux. Le 28 août les états de Brabant confirment leur refus de voter l’impôt. C’est donc une
opposition légale. Le 6 juin 1789 Joseph II va suspendre l’existence du conseil de Brabant et va placer le Brabant sous la juridiction directe
du grand conseil de Malines. Le 18 juin il va supprimer la députation (l’exécutif) des états de Brabant et l’impôt va devenir permanent, il va
aussi révoquer les privilèges et notamment la « Joyeuse entrée ». Mais le 24 octobre 1789 un « manifeste du peuple brabançon » va déclarer
Joseph II déchu, le 17 novembre les gouverneurs quittent Bruxelles et le 30 novembre il y a une déclaration d’indépendance (qui est un acte
d’union) pour le Brabant, le Hainaut, la Flandre, …, mais pas le Luxembourg. Le 11 janvier 1790 sort le traité de création d’un état
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nouveau : « les états Belgique uni » ou « Verenigde Nederlandse staten ». C’est "Belgique uni" en correspondance avec les Etats-Unis
d’Amérique (Belgique reste un adjectif). Cette république sera un fiasco car il n’y a pas de structures, pas d’organisation et pas d’originalité.
C’est en fait faire de la nouvelle soupe avec de vieilles casseroles. Il y a un vocabulaire très XVIIIe siècle : droits naturels, nation, … . Mais
pas de vraies structures : l’organe principal est le Congres, c’est-à-dire les états généraux rétablis avec leurs traditions (clergé, noblesse et
villes). Ce congrès doit prendre les décisions mais il y a trop de tensions internes. Une division en deux courants politiques (pas des partis)
s’opère : les statistes et les vonchistes. Les statistes sont conservateurs et ils sont partisans de la politique des états et les vonchistes sont ceux
qui veulent le progrès, proches de la France.
L’inspiration de base de la révolution n’est pas la Révolution française car il s’agit plutôt du retour à l’Ancien Régime. Une armée de
patriotes a repoussé les Autrichiens. Le thème central est la patrie, on a chassé un souverain étranger. Il y a un particularisme provincial, la
« Joyeuse entrée » va devenir un privilège national.
Cet état ne va même pas avoir une année d’existence. En novembre 1790 les troupes autrichiennes reviennent et le 10 décembre 1790 le
traité de La Haye rétablit la structure d’avant la révolution et les privilèges. Léopold II succède à son frère Joseph. Il va donner des garanties
avec beaucoup de réformes. En novembre 1792 les troupes françaises envahissent la Belgique en prétendant venir la libérer après la bataille
de Jemappes. Les troupes autrichiennes sont battues mais ne sont pas loin. En Hainaut les Français font voter les Belges après avoir enlevé
les gêneurs et il en ressort que les Hennuyers veulent devenir Français. Danton va envoyer des missionnaires pour prêter la bonne parole de
la révolution. En mars 1793 les Autrichiens reviennent après la bataille de Neerwinden et Léopold II ne pratique pas la répression. En été
1794 il y a une seconde conquête française après la bataille de Fleurus et en juin 1795 c’est au tour du Luxembourg. C’est la fin de l’Ancien
Régime en Belgique. Il y a un an d’occupation militaire et le 1er octobre 1795, un décret entérine l’annexion de la Belgique à la république
française. En 1797 François II reconnaît l’annexion des Pays-Bas.
c.) La révolution liégeoise est une révolution contre le prince-évêque. Les Liégeois accueillent vraiment les Français, car les princes-évêques
étaient autoritaires et répressifs. A partir du premier octobre 1795, Liège a une histoire commune avec le reste de la Belgique, tout comme
Stavelot et Malmédy.
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