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Histoire de Belgique.
Introduction
a.) « histoire des territoires qui constituent aujourd’hui la Belgique ».
b.) Jules César est le premier à avoir laissé des écrits sur les territoires qui forment aujourd’hui la Belgique. Et vers la fin du 18ième début
19ième on récupère le terme Belgique. Ce n’est que sous la période française que l’on envisage les territoires comme un tout.
La Belgique est un microcosme de l’histoire de l’Occident.
c.) Le mot belge est un mot à éclipses. l’administration romaine va séparer la Gaule en 4 provinces dont la Gallia Belgica. Après les
invasions germaniques le nom de Belgique va tomber dans l’oubli. Mais vers les 9 – 10ième siècle le terme de Belgique revient chez les
écrivains, les intellectuels et les clercs (héritiers intellectuels de Rome), pour désigner la région entre l’Escaut et le Rhin. Aux 15ième 16ième
siècles les ducs de Bourgogne et plus tard Charles Quint doivent trouver un nom pour leurs territoires et l’un de ceux ci va être désigné
comme Belgique, mais seul les intellectuels sont au courant de ceci, les humanistes inventent aussi les termes Belgium et Belga. Au 17ième
18ième siècles le terme Belgique redevient un mot officiel utilisé dans des actes et dans la correspondance diplomatique, on parle alors de
« Nos provinces Belgiques », et le terme reste donc un adjectif. Lors de l’annexion à la France l’on va désigner les habitants comme les
Belges, mais ce n’est seulement qu’en 1830 que le nom officiel de Belgique devient un substantif.
Iere Partie: Des origines romaines au rassemblement territorial.
1ere section: les fondements géopolitiques
Chapitre 1: La Belgique romaine
a.) Vers 57 avant JC, Jules César intervient chez nous à la demande de tribus de la région de Reims qui l’appellent au secours pour faire face
aux incursions germaniques. Il en profite pour conquérir le Nord de la Gaule. Ce ne fut pas un génocide mais une vraie conquête suivie d’une
organisation du territoire conquis.
Rome devient un empire avec un souverain absolu et la Gaule est organisée en 4 provinces (voir doc. I): Narbonnaise, Aquitaine, Lyonnaise
et Belgique. La capitale de cette province va devenir Reims.
Vers le Bas-Empire (fin 3ième milieu 5ième siècles), la Gaule Belgique va former 4 provinces: Belgique I (superior), Belgique II (inferior),
Germanie I (superior) et Germanie II (inferior). La Belgique I a comme capitale Trèves, la Belgique II Reims, la Germanie I Mayence et la
Germanie II Cologne. La province de Belgique était ainsi divisée en 17 civitates, mais seulement 5 concernent la Belgique d’aujourd’hui. Il y
a les MORINS, qui sont du côté de l’Yser, les MENAPIENS qui concernent surtout la Flandre occidentale et orientale actuelle, les
NERVIENS qui concernent le Hainaut, le Brabant et la province d’Anvers, les TONGRES qui concernent l’est du Brabant, le Limbourg, la
province de Liège, la province de Namur et une grande partie de la province du Luxembourg et les TREVIRES qui concernent seulement le
Sud Luxembourg.
Les Chefs lieux étaient, pour les Morins: Thérouanne, pour les Ménapiens: Cassel, une localité du Nord de la France, pour les Nerviens:
Bavay, pour les Trévires: Trèves, pour les Tongres: Tongres, la plus ancienne ville de Belgique. Les territoires belges d’aujourd’hui ne sont
pas le centre de gravité de la province romaine.
Durant le Bas-Empire l’insécurité du réseau routier fait que certaines provinces changent de chefs-lieux, pour avoir accès aux voies
navigables. Bavay devient Cambrai et Cassel devient Tournai.
b.) Les Romains ont introduit des villes et des routes dans nos régions, car avant cela il n’y avait que des peuplades nomades et des sentiers.
Il n’y a que 2 localités qui méritent le nom de ville, Tongres et Tournai. Les autres localités, comme Arlon, sur une butte; Namur, au
confluent de la Meuse et de la Sambre et Gand, au confluent de l’Escaut et de la Lisse, sont des vici. Le long des chaussées il y avait des vici
environ tous les 25 kilomètres.
Mais la Belgique reste avant tout une région agricole.
c.) Transition des IIIè et IVè siècles.
Après 2 siècles et demi de paix, il y a des mouvements de fortifications, des postes militaires vont être installés et plusieurs sites ruraux vont
être désertés.
Il y a des incursions germaniques qui vont devoir être tolérées par le pouvoir romain. Les romains vont essayer de garder leur empire. Ils
vont pour cela faire appel à des lètes qui sont des germains fait prisonniers et qui avaient le droit de garder leurs coutumes et leurs chefs tout
en travaillant pour les Romains. Ils vont avoir des tâches militaires (garnisons) et économiques (exploitation du sol).
Les fédérés étaient des peuplades germaniques qui devaient garder les frontières tout en conservant une autonomie totale. Ce sont eux qui
plus tard ont probablement été les Francs.
Chapitre 2: La Belgique franque
Il y a donc comme nous l’avons vu une présence franque antérieure au 5ième siècle, mais c’est seulement en 476 après JC que prend
officiellement fin l’Empire romain. Déjà en 406 après JC il y a une pénétration massive des peuplades germaniques. Les fédérés et les lètes
ont participés à la chute de l’Empire. Les Francs restèrent dans nos contrées alors que d’autres peuplades sont allées plus au Sud.
Clovis soumettra toute la Gaule, mais il n’y a pas d’unité (plusieurs royaumes mérovingiens). a.) L’organisation du territoire Franc s’est fait
en pagi (voir doc. II). La plupart formeront plus tard des principautés qui sont les ancêtres de nos provinces. A la tête des pagi, il y a un
comes (un comte, ami du roi). Avec les Carolingiens les pagi vont se développer et évoluer.
b.) évangélisation et géographie ecclésiastique.
Au 4ième siècle, présence attestée d’un évêque à Tongres. Des missionnaires vont évangéliser les campagnes avec l’aide du pouvoir (ex : Saint
Amand). L’Eglise va récupérer les cadres romains (là où il y avait des civitates, il y aura des évêques)
Dans nos régions on compte 2 évêques, à Tournai et à Tongres (puis Maastricht -6ième siècle- et Liège -8ième siècle-). Il y aura aussi des
archevêques à Reims, Trèves, Cologne et Mayence. Cette organisation restera inchangée jusqu’au 16ième siècle.
c.) Partages successoraux.
Les territoires belges sont divisés entre 2 royaumes francs: l’AUSTRASIE du côté du Rhin (Nerviens) et la NEUSTRIE du côté de la Seine
(Ménapiens).
Vers l’an 800 Charlemagne va réussir à centraliser la Gaule.
A la mort de Charles le Pieux, en 843, ses fils vont se disputer son empire, ce qui va amener au traité de Verdun qui va diviser l’empire du
Nord au Sud en 3 morceaux (voir doc. III et IV) : A l’Ouest la Francia Occidentalis (Charles le Chauve), à l’Est la Francia Orientalis (Louis
le Germanique), au milieu la Francia Media (Lothaire, l’aîné). L’Escaut et le Rhin serviront de frontières à ces 3 royaumes.
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En 855, Lothaire meurt et ses 3 fils vont se partager son royaume d’Ouest en Est (Bourgogne, Italie et Lotharingie -Lothaire II-). En 870
Lothaire II meurt et ses 2 oncles vont se partager son héritage au traité de Meersen. La Meuse qui va servir de frontière. En 880 lors du traité
de Ribemont, le fils de Louis le Germanique (Charles le Gros) va récupérer la Lotharingie du fils de Charles le Chauve.
En 887, dernière tentative d’unification du royaume franc par Charles le Gros qui se soldera par un échec.
2ième section: L’ère du morcellement des principautés
Chapitre 4: La dislocation des IXe Xe siècles.
a.) Destinée de la Lotharingie.
La partie gauche de l’Escaut, la Flandre, relève du roi de Paris, un Carolingien en lutte avec les Capétiens qui veulent monter sur le trône (la
Francie occidentale).
La Lotharingie, qui appartient à la Germanie, dépend d’un descendant bâtard de Louis le Germanique: Arnoul de Carinthie. Celui-ci va
donner l’indépendance à la Lotharingie à son fils Zwentibold, mais cette expérience ne va durer que de 895 à 900 (résistance des grands). En
925 la Lotharingie et la Germanie vont être absorbées par Henri Ier l’oiseleur, duc de Saxe.
b.) Il va y avoir plusieurs invasions normandes durant la deuxième moitié du IXe siècle, sur les côtes et à l’intérieur des terres via les fleuves.
Les Normands ne sont pas des conquérants. Ces invasions ont été fortement exagérées, les traces écrites viennent de clercs et ce sont les
églises qui furent surtout touchées.
Vers 880, Arnoul de Carinthie inflige une lourde défaite aux Normands qui les dissuadera de revenir.
Les populations vont chercher des protecteurs car selon elles les rois ne savent pas défendre leurs territoires. Ces protecteurs sont des
personnages locaux qui ont une battisse fortifiée où les populations peuvent se réfugier. Ils vont devenir des chefs de territoires qui
appartiennent au roi.
c.) Des pagi aux principautés et aux seigneuries : formation du Comté de Flandre et du duché de Lotharingie.
En Flandre, Baudouin Bras de Fer qui a défendu les populations contre les Normands, va à partir du pagus Flandrensis rassembler différents
pagi pour former le comté de Flandre. Baudouin est un fonctionnaire de Charles le Chauve et va épouser la fille de celui ci, Judith (du sang
de Charlemagne coule dans les veines des comtes de Flandre). Le deuxième comte de Flandres, Baudouin II va avoir en main un comté très
bien organisé avec des institutions, entre autre pour la justice, et des châteaux => clé du pouvoir princier.
Les comtes de Flandre sont les vassaux du roi de France.
Otton Ier, empereur fondateur du saint empire germanique va donner la Lotharingie en tant que duché à son frère Brunon, l’archevêque de
Cologne en 953. En 959 La Lotharingie va être scindée en basse Lotharingie (Lothier) et en haute Lotharingie (Lorraine). Le Lothier est la
région entre l’Escaut et le Rhin. Il y aura d’autres découpements, ce qui va créer un morcellement. Vers 1100, le Lothier est un ensemble de
principautés.
Chapitre 6: Les principautés médiévales: rapports de forces (XIe XIVe siècles)
(voir doc. V)
a.) Comté de Flandre: détient une petite partie à l’Est de l’Escaut (Alost et Grammont), en fait toute la région entre l’Escaut et la Dendre.
Elle devient aussi vassale du saint Empire.
Le Comté d’Artois faisait partie du comté de Flandre mais va s’en détacher. Il ne fait pas partie de ce qui forme la Belgique actuellement.
La Tournaisie, Tournai plus les environs, n’est ni épiscopale, ni flamande, ni hennuyère mais dépend directement du roi de France et
possède grâce à ça une assez large autonomie.
Le Comté de Hainaut est un territoire qui s’étend sur la Belgique et la France et vient du pagus Hainoensis et de la ville de Mons. Il s’est
étendu vers le Nord, presque jusqu’à Bruxelles et vers l’Est dans l’entre Sambre et Meuse (ville de Chimay).
Le Duché de Brabant contient les villes de Bruxelles, de Louvain, d’Anvers, de Tirlemont, de Nivelles et de Bois-le Duc. C’est un duché
car un des comtes de Louvain est devenu duc de Lothier vers 1100. Le comté de Louvain est devenu le duché de Brabant. Le duché de
Brabant a perdu la région entre l’Escaut et la Dendre (Flandre), mais a repris les régions des abbayes de Nivelles et Gembloux.
La région de Malines est indépendante, mais appartient aux comtes de Flandre.
Le comté de Namur a perdu beaucoup de ses territoires au profit du Brabant, du Hainaut, de Liège, mais garde tout de même sa position
intéressante au confluent de la Sambre et de la Meuse.
Le Limbourg (comté) se situe entre Liège et Verviers. Devient un duché pour la même raison que le duché de Brabant. Le duché de Brabant
va annexer le duché de Limbourg et avoir une bonne vue sur l’est.
La Principauté Episcopale de Liège a comme épine dorsale la Meuse et a comme particularité que l’évêque est aussi le Prince, ceci pour
mieux pouvoir contrôler les princes laïcs.
Le comté de Looz correspond plus ou moins à notre actuelle province du Limbourg. Il va être annexée par la principauté de Liège.
Les principautés abbatiales de Stavelot et Malmédy.
La province actuelle du Luxembourg est un agglomérat de petits territoires qui au 14ième siècle vont former un duché, car la famille de
Luxembourg régnait sur le Saint Empire et va se faire un cadeau.
Le critère linguistique ne joue en rien dans la territorialité, à peu près toutes les principautés sont bilingues, voir trilingues.
b.) Le Comté de Flandre possède des structures dès le début du 10ième siècle. A ce moment là, le comté d’Artois en fait toujours partie.
D’ailleurs les comtes vont surtout s’occuper de ces terres riches avec une grande densité de population et de nombreuses abbayes (Saint
Bertin, Saint Vaast, Saint Amand, …), qui sont des centres économiques et intellectuels. A cette période là, la partie de langue romane a plus
de poids que la parti de langue thioise. Mais durant les dernières années du 12ième siècle, le comte de Flandre donne au roi de France tout le
comté d’Artois. Et vers 1312 (10 ans après la victoire des éperons d’or) le comte doit encore donner la région de Lille au roi de France,
région qu’il récupérera néanmoins plus tard. Pendant un temps la région fut totalement flamande et le centre de gravité du comté s’est
déplacé vers le Nord. Les villes importantes deviennent Gand, Bruges et Ypres.
Les rapports du « prince » avec le roi ne sont pas toujours faciles. Le comté est un fief du roi de France et en théorie chaque comte doit
rendre hommage au roi. Le roi de France a donc le droit d’intervenir, ou bien par voie de justice ou bien par voie des armes. La cour de
justice du roi (plus tard le parlement de Paris), une sorte de cour d’appel, contrarie le comte qui veut une indépendance juridique. Il y a de
nombreuses guerres (ex : 1302).
Le « prince » doit aussi faire face à la noblesse, abondante et forte. Ces grandes familles ont de grands territoires et n’obéissent pas toujours
au comte. Certains ont même réussi à créer des comtés quasiment indépendants. Le comte va au 11ième siècle ramener à son pouvoir des
seigneurs qui s’en était séparé et pour mieux contrôler tout le monde il concède des seigneuries à certains vassaux fidèles, ce qui lui permet
de constituer un réseau. Le comte va aussi au 11ième siècle prendre des mesures de paix, en collaboration avec l’église, c’est-à-dire qu’il va
édicter des règles et mettre en place des tribunaux pour faire respecter la paix publique et éviter les guerres entre seigneurs.
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Au 12ième siècle, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, va créer le bailli, fonctionnaire qui s’occupe de toutes les charges publiques:
l’administration, justice, police, impôts, … Cette fonction n’est pas héréditaire et ils ne vont pas agir comme les seigneurs.
Le « prince » doit aussi entretenir de bons rapports avec le clergé.
Clergé séculier : les évêques sont à Thérouane et Arras, ce qui fait que vers 1200, il n’y plus d’évêques sur le territoire.
Clergé régulier : grandes abbayes avec lesquelles le comte va entretenir de bonne relations. Le comte va être avoué de celles-ci (il peut
intervenir dans les revenus, la gestion et même la nomination d’abbés en contrepartie d’avantages et de protection pour l’abbaye).
Le « prince » et les villes. Gand et Bruges atteignent respectivement une population de 40 000 et 20 000 habitants. Les villes vont connaître
un apogée au 13ième siècle et vont alors demander une participation politique. Déjà au 12ième siècle les villes avaient fait triompher leur
candidat face au candidat du roi de France pour la place de Comte de Flandre. Il y a de véritables luttes armées durant lesquelles les villes
vont même faire appel au roi de France, certaines villes vont attenter un procès à Paris contre le comte, on a aussi voulu assassiner le comte.
Mais les villes ne sont pas unies et se rendent odieuses vis-à-vis des paysans. Les paysans soutiennent donc le comte face aux villes. Le 14ième
siècle marque le déclin économique des villes.
c.) Ce qui se passe en Flandre aux alentours au début du 10ième siècle se passe seulement après 1150 en Lotharingie. Il y a différentes bases au
pouvoir du « prince »: le droit foncier et les droits banaux (pouvoir de commandement et justice).
Le duc de Lotharingie, n’a pas de tribunal et l’empereur est très loin et n’intervient pas fort souvent, la justice échoue donc chez les différents
« princes ».
Pour asseoir son pouvoir, le « prince » utilise les châteaux, qu’il construit ou bien qu’il prend. Les seigneurs doivent d’ailleurs reconnaître la
propriété de leurs châteaux au « prince » (ex :Luxembourg).
Il y a des interventions de l’empereur jusqu’au 12ième siècle en Lotharingie. Le duc de Lotharingie (Lothier) est choisi parmi les différentes
familles. Il n’a véritablement de pouvoir que sur ses propres terres, sa fonction va d’ailleurs disparaître.
L’empereur le remplacer par l’évêque de Liège (pas de successeur) mais à partir du 11ième siècle il ne peu plus le nommer.
Lors de l’assemblée des « princes » de l’empire, la diète, il n’y a que le princevêque qui vienne de nos régions, et si par hasard il y en a un
autre ce qu’il a un intérêt à y aller.
Les « princes » ont différentes manières pour gérer la noblesse:
Les armes: les « princes » multiplient les châteaux pour contrôler les seigneurs.
Une politique matrimoniale: s’allient par le sang aux grandes familles nobles, ce qui en plus d’assurer la paix peut procurer de l’argent
grâce aux héritages.
Des procédures judiciaires: elles coûtent fort cher pour certains seigneurs qui n’ont pas tellement d’argent (surtout à Namur).
Introduction de nouvelles familles nobles : tâches anoblissantes.
Le « prince » va se revendiquer souverain, même si le seul véritable souverain est l’empereur. Il peut ainsi faire des lois, rendre la
justice, modifier des règles existantes.
Relations avec le clergé : évêque à Liège, les autres ne sont pas sur le territoire (Tournai, Cambrai, Cologne et Trèves). Beaucoup d’abbayes,
dont le « prince » est avoué. D’autres « princes » vont aussi créer des abbayes dont ils seront les fondateurs. Ce ne seront plus des abbayes
bénédictines, mais des Cisterciens comme à Villers ou des prémontrés comme à Tongerlo.
Les rapports que les « princes » ont avec les villes, sont beaucoup moins secoués qu’en Flandre, car il y a un essor plus tardif des villes.
Création de nouvelles villes : Ath au 12ième siècle pour surveiller la Flandre et les autres grandes villes dans le Nord du comté de Hainaut.
3ième section: Les facteurs d’un rassemblement
Chapitre 8: « Constitutions » et assemblées représentatives
a.) des constitutions au XIVè siècle ? Chez les Romains, la constitution = la loi, texte d’intérêt général. Maintenant, une constitution =
« grondwet », loi de base, texte qui pose les fondements d’un régime.
Il y avait des textes, mais pas des textes votés, Ils sont remis en question tout le temps. Textes de circonstances, compromis entre un
gouvernant et des gouvernés. On parle de chartes, qui sont des textes diplomatiques.
En Brabant, landcharter (charte pour tout le duché et plus seulement pour une catégorie de personnes) => la « Joyeuse Entrée de Brabant »
(1356), point d’aboutissement de plusieurs textes. Il y a eu quelques problèmes successoraux et suite à ces problèmes, des négociations entre
le gouvernant et ses sujets (villes, noblesse et clergé) ont eu lieu.
1248, à la fin de son règne, le duc Henri II, pour que son successeur Henri III puisse régner, délivre une charte qu’on appelle son
« testament » et qui donne des garanties financières: réduction des dépenses publiques et accord des nobles et du clergé pour lever l’impôt.
1261, à la fin de son règne, Henri III, pour que son successeur Jean Ier puisse régner, « testament » avec des dispositions financières: pas trop
d’impôts, et des dispositions en matière de justice: le duc doit donner une réparation financière en cas d’injustice.
1312, Jean II, pour Jean III, concède une charte importante: « la charte de Kortenberg ». Une institution est mise sur pied, la « Raad van
Kortenberg » : 4 nobles et 10 représentants des villes surveillent et sanctionnent les infractions contre les privilèges.
1314, Jean III est obligé de négocier 2 autres chartes: « la charte wallonne » et « la charte flamande », mesures de contrôle financier qui
permettent aux sujets de contrôler les finances de Jean III.
A la mort de Jean III en 1355, il n’y a que 3 filles: l’aînée Jeanne a épousé le duc de Luxembourg, la deuxième, Margueritte, a épousé le
comte de Flandre et la troisième le comte de Gelder. En principe l’aînée est héritière, mais son mari est un homme dépensier et les gens des
villes veulent éviter un dérapage et ne veulent pas que certaines parties du duché soient données aux autres filles. Le 3 janvier 1356 Jeanne et
son mari Wenceslas font leur Joyeuse Entrée et accordent une charte d’une dizaine d’articles. Entre autre, l’intégrité du territoire (Brabant +
Limbourg, depuis Jean Ier) ; les fonctions officielles ne peuvent être exercées que par des natifs ; garanties monétaires (on ne peut pas battre
monnaie comme ça) ; privilèges conservés dans un coffre pour lequel il faut 3 clés (duc et duchesse, Bruxelles, Louvain) et droit de
résistance (si le duc ne respecte pas les règles, les sujets peuvent se révolter).
Dès le moi d’août la « Joyeuse entrée » est abolie car Margueritte et Louis de Maele ont envahi le Brabant. Ils vont repartir en obtenant des
concessions (tout nouveau duc devra jurer une nouvelle charte => dure jusqu’au 18ième siècle)
pas de vraie constitution, mais des textes qui définissent un stade d’équilibre entre le prince et ses sujets.
Dans les autres principautés :
A Liège, 1316, «Paix de Fexhe ». Le prince-évêque est trop autoritaire. Il va y avoir des promesses de privilèges, un certain droit de
résistance et pour modifier une règle coutumière, accord entre le prince-évêque et les états du pays de Liège.
Plus tard, la paix des 22 crée une commission chargée de surveiller et juger les officiers du prince-évêque (pas lui en personne, seul
l’empereur peut le juger). Dans ces 22, il y a 14 représentants des villes, 4 nobles et 4 ecclésiastiques, qui sont 4 chanoines de la cathédrale
de Liège, ce sont aussi eux les électeurs du prince-évêque.
Dans le comté de Flandre, la force fut souvent utilisée => pas beaucoup de textes, mais des garanties différentes pour chaque ville (keures,
chartes locales).
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En 1379, texte d’ensemble: « La Paix des 25 », à la suite d’un conflit entre Louis de Maele et la ville de Gand. Différents articles : garantie
que les privilèges des villes vont rester, que des sanctions seront possibles contre les officiers, des mesures d’amnistie et une commission de
25, rien qu’avec des représentants des villes (8 pour Bruges, 8 pour Ypres et 9 pour Gand). Elle ne fut jamais appliquée un autre conflit
éclate et le comte, avec l’aide du roi de France, écrasera les villes.
Dans le comté de Hainaut, il n’y a pas de textes mais des serments inauguraux que le nouveau comte doit prononcer un peu partout. Il y a un
serment qu’il doit prononcer à Mons devant les représentants de ses sujets, pour tout le comté. Lors des prestations de serment le comte fait
référence à certains textes, dont une charte féodale et une charte pénale concédées en 1200 par Baudouin VI. Il s’agit d’un code de droit
pénal et d’un code de droit féodal.
si emploie le mot « constitution », c’est dans le sens d’un texte pour tout le monde, mais qui dépend un peu des circonstances.
b.) Naissance et essor des assemblées d’Etat (XIIIe-XVe siècles).
Il y a des assemblées avec une délégation populaire, la « vox populi », qui ne concerne que les nobles, ecclésiastiques, bourgeois (villes) et
pas le peuple au sens moderne du terme.
En Flandre dès le 12ième siècle les villes prennent part à une vie politique active (en 1127, le candidat des villes devient comte de Flandre). Au
13ième siècle il y a une organisation en Scabini flandria, les échevins des grandes villes (Gand, Bruges, Ypres et Lille) se réunissent
périodiquement et traitent d’affaires qui les concernent et qui concernent le comte (conclure un traité, frapper monnaie). Au 14me siècle,
création d’une véritable assemblée, les « membres de Flandre » (« leden van Vlaanderen »), composée par les 3 grandes villes: Gand, Bruges
et Ypres. On ne se sait pas si c’est le comte qui a voulu diminuer la puissance des villes ou bien si se sont les villes qui ont voulu donner plus
de poids à l’assemblée mais il va y avoir plus tard comme membre de l’assemblée les francs de Bruges, c’est-à-dire les alentours de Bruges,
une région avec une grande densité de population et plusieurs villes et villages. Plus tard, création des « staten van Vlaanderen », membres
plus d’autres représentants: d’autres villes, la noblesse et le clergé.
En Brabant, c’est au 14ième siècle que l’on voit apparaître les états du Brabant qui vont reprendre le rôle du conseil de Kortenberg. Les états
vont être composés des représentants de la noblesse, de clercs et des villes (Louvain, Bruxelles et Anvers).
En Hainaut, c’est au 14ième siècle que l’on voit apparaître les états du Hainaut, avec la noblesse, le clergé et les villes. Mais les villes n’ont
pas de poids, car à part Valenciennes elles ne sont pas importantes.
A Namur, les états de Namur comprennent la noblesse, le clergé et la ville de Namur qui est importante stratégiquement.
Le Luxembourg qui est un pays rural aura ses états au 15ième siècle. La noblesse féodale y est la plus importante.
Au Limbourg qui dépend du duc de Brabant, il n’y a pas de villes. Représentants des communautés paysannes.
A Liège au 13ième siècle les villes sont capables de se liguer et d’avoir des exigences communes et cela vaut aussi pour le clergé de plusieurs
collégiales avec des chanoines qui se liguent pour faire pression sur le prince-évêque. Au 14ième siècle il va y avoir les états de Liège qui avec
le prince-évêque vont former le sens du pays, l’intelligence du pays. Il y a un système de cosouveraineté entre le chapitre de Saint Lambert et
l’évêque.
c.) Il y a un système représentatif, mais ce n’est pas comme aujourd’hui quand les citoyens élisent les représentants de toute la nation. Avant
c’étaient les délégués d’un groupe (noblesse, clergé ou ville); il ne s’agit pas d’une démocratie. Le prince avait souvent tout intérêt à ce qu’il
y ait une entente, il était d’ailleurs favorable aux assemblées.
Chapitre 7: Les principautés « belges » sur la scène internationale (XIVe début XVe s.)
(voir doc. VI)
a.) Il y a durant le courant du XIVième siècle l’arrivée de grandes familles étrangères.
La famille des Wittelsbach, ducs de Bavière, va arriver en Hainaut et en Hollande Zélande. La famille des Luxembourg, rois de Bohème
(dont la capitale est Prague).
La famille des Valois, les ducs de Bourgogne (branche cadette de la famille royale française).
Vers 1430 en Hainaut, les Wittelsbach vont arriver car la comtesse de Margueritte de Hainaut a épousé l’empereur Louis IV et les
descendants vont gouverner le Hainaut.
Wenceslas de Luxembourg a épousé Jeanne l’héritière de Brabant. A la mort de Wenceslas, il n’y a pas de descendants et Jeanne continue à
gouverner seule, mais c’est la famille de Luxembourg qui reprend le Luxembourg.
En 1369, l’héritière du comte de Flandre, Margueritte de Maele, épouse un duc de Bourgogne, Philippe le Hardy, le frère du roi Charles V.
Quand Louis de Maele meurt en 1384, Margueritte et son époux deviennent comte de Flandre. C’est le début de l’époque bourguignonne.
b.) Une union personnelle, c’est une union de territoires par une personne et pas une annexion (ex. : le duché de Brabant et le duché de
Limbourg, la Flandre et le Hainaut -fin 12ième - fin 13ième, rompue suite à une embrouille dans la famille-, le comté de Flandre et le comté de
Namur -fin 13ième -).
c.) Lors d’unions personnelles, les princes vont centraliser. Ex. : Lorsque Wenceslas est duc de Luxembourg et duc de Brabant, il va mettre
sur pied une chancellerie commune pour le Luxembourg et le Brabant Limbourg. Il y aura des Brabançons et des Luxembourgeois dans la
chancellerie il n’y aura qu’un seul sceau. Ex. : en Hainaut avec la Hollande Zélande, un seul conseil avec des gens du Nord et des gens du
Sud qui interviennent pour toutes les affaires même les affaires spécifiques du Nord ou du Sud. C’est un conseil qui n’a pas de siège fixe, il
suit le comte. Au point de vue des finances Ex. : Hainaut et Flandre au milieu du 13ième siècle : lorsqu’il y a du profit, les comtes de Flandre
doivent amener cet argent à Mons. En dehors des unions personnelles, il y a au 14ième siècle une tentative d’union monétaire entre le duché de
Brabant et le comté de Hainaut, mais ce fut un échec.
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IIième partie: Les Pays-Bas aux Temps Modernes:
Bourgogne, Espagne, Autriche.
1ere section: Entre centralisation et particularisme: un équilibre malaisé.
Chapitre 1: Le rassemblement territorial au XVe siècle.
a.) Les ducs de Bourgogne (1384-1482) et les fruits d’une politique : héritage-achat-contrainte-tutelle.
Vont entrer en conflit avec la branche royale, alors que tout allait bien (intervention de l’armée française en 1382 à la demande de Philippe le
Hardy).
Il y a d’autres liens entre princes et roi ou empereur (Louis IV empereur et comte de Hainaut ; l’empereur Charles IV est le frère de
Wenceslas). Malgré tous ces liens dynastiques, les interventions impériales vont être anodines. Le dernier qui essaie de faire quelque chose
est Charles IV, car il a de la famille un peu partout, mais ses interventions sont incohérentes car il n’a pas les moyens d’agir (Ex. : lors de
l’annexion du comté de Looz).
En 1384 Philippe le Hardy et Margueritte de Maele possèdent la Flandre et l’Artois. Ils ont plusieurs enfants et certaines de leurs filles font
des mariages avec l’Autriche et la Savoie. Leur fils aîné est Jean sans Peur, le second Antoine et une de leurs filles Margueritte. Ils meurent
l’un après l’autre en 1404 et 1405 et Jean hérite de la Bourgogne, de la Flandre et de l’Artois (il meurt assassiné par le roi de France en
1419).
En Brabant, l’héritière de Jeanne devait être Margueritte de Maele et son fils aîné Jean. Mais les Brabançons ne veulent pas du même prince
qu’en Flandre donc c’est Antoine qui devient duc de Brabant et de Limbourg.
Margueritte junior va épouser Guillaume IV de Hainaut, dont un des frères est à Liège.
Le fils de Jean sans Peur, Philippe le Bon, qui règne entre 1419 et 1467, mettra tout en oeuvre pour tout posséder. Il va d’abord acquérir le
comté de Namur en 1421 en viager, en payant les dettes du comte (celui-ci restera comte de Namur jusqu'à sa mort en 1429, mais comme il
n’a pas d’héritiers, Philippe le Bon lui succède)
Guillaume IV n’a qu’une fille, Jacqueline de Bavière qui s’est marié 4 fois et a même eu 2 maris à la fois, mais qui n’a jamais eu de
descendance. Dès 1427 les états de Hainaut reconnaissent Philippe le Bon comme gouverneur, ce que Jacqueline va être forcée de
reconnaître aussi. En 1433, il la force à abdiquer et devient comte de Hainaut et comte de Hollande Zélande.
Antoine a eu 2 fils, Jean IV et Philippe qui ont régné successivement et qui n’ont pas eu de descendant. En 1430 Philippe le Bon devient duc
de Brabant Limbourg avec l’accord des états.
Le Luxembourg est gouverné par la duchesse Elisabeth (tante de Philippe le Bon car elle a épousé Antoine). Elle a des dettes et Philippe le
Bon les payent et acquiert les droits du duché. Certains princes allemands résistent et Philippe le Bon doit prendre la forteresse de
Luxembourg en 1443 pour devenir duc de Luxembourg.
Ne manque que Tournai, enclave française où le chef du conseil ducal est l’évêque de Tournai, et la principauté de Liège (le fils d’une des
sœurs de Philippe le Bon est tout de même sur le trône). Il a en outre un fils bâtard évêque d’Utrecht et un oncle évêque de Cambrai.
Le fils de Philippe le Bon, Charles le Hardy va régner de 1467 à 1477 et il va entrer en conflit ouvert avec le roi de France. Il va conquérir la
Gueldre, l’Alsace (pour avoir un œil sur l’Allemagne, il visait le titre d’empereur), la Lorraine (pour raccrocher les Pays-Bas et la
Bourgogne). Mais il va périr lors du siège de Nancy en ne laissant qu’une seule fille, Marie de Bourgogne.
Celle-ci va tout perdre sauf les acquisitions de Philippe le Bon. Il n’y aura pas de dislocation de nos régions mais beaucoup de problèmes
(hommes pas contents, roi de France menaçant, …).
b.) Comment peut-on appeler ces territoires, les Pays-Bas bourguignons, les états bourguignons, l’état bourguignon? Il est trop tôt pour parler
d’un état, mais l’union personnelle n’était pas que limitée à la personne, il y eut des essais de structures communes. C’est une sorte d’état
fédéral avant la lettre. Mais pas de sentiment unitaire dans les Pays-Bas. Dans les actes des ducs de Bourgogne, ils se nomment « duc de
Bourgogne, duc de Lothier, duc de Brabant, duc de Limbourg, duc de Luxembourg, puis comtes de Flandre, de … et seigneurs de et de. C’est
une énumération de titres, il n’y a pas de nom commun.
c.) Les ducs de Bourgogne ont-ils voulu faire un état? Au 19ième on a dit que oui et que Philippe le Bon était le fondateur de la Belgique.
Il faut apprécier l’œuvre des ducs à la lumière de leurs politiques étrangères. Paul Bonnenfant pense que comme les ducs bourguignons
étaient issus de la famille royale française, leur but ultime était d’occuper une place de choix en France. Ce fut le cas de Jean sans Peur. Et
Philippe le Bon aurait voulu faire de même, c’est pour cela qu’il lui fallait des territoires suffisants. Par contre d’autres historiens ont pensé
que les ducs de Bourgogne avait un regard vers l’empire, et par exemple Charles le Hardy voulait devenir empereur (une fonction élective),
ce qu’il a failli réussir.
Le rassemblement des Pays-Bas ne peut vraiment être compris que si on le replace sur la scène européenne.
Chapitre 2: La centralisation bourguignonne.
a.) Maintien des institutions provinciales.
Les Bourguignons ont bénéficiés d’un atout structurel pour leur centralisation : toutes les principautés avaient +/- le même type
d’institutions.
- Le conseil des princes (qui avec l’hôtel composait la cour du prince) avait une fonction gouvernementale et administrative et une fonction
de cour de justice. Les principautés vont garder leur conseil, mais il va être restreint du point de vue gouvernemental. Les affaires judiciaires
seront traitées par le duc.
- Les offices (fonctionnaires): - officiers dits de justice, en fait des officiers de police qui s’occupent de l’ordre public, de la perception des
taxes, des amendes, de réunir le contingent militaire et de l’administration. Le plus important est le souverain bailli (Flandre) ou grand bailli
(Hainaut). - officiers de recette, receveurs (rentmeester), responsables de la gestion du domaine. Le plus important est le receveur
général.
- Les assemblées d’état n’avaient pas de structures identiques, mais un même type de composant, c’est-à-dire clergé, noblesse féodale et
villes.
b.) Mise en place d’institutions centrales et développement des fonctionnaires.
- Le chancelier est le chef de l’administration, bras droit du prince (homme très important dans un royaume peu unifié). Il est souvent plus au
courant des affaires politiques que le duc. - Un conseil ambulatoire (car il n’a pas de siège fixe) ou aulique (car conseil de la cour) ou du
gouvernement (car il entoure le prince). Il domine les autres conseils et s’occupe de justice.
- Entre 1430 et 1440, création d’une institution judiciaire spécifique et indépendante, le Grand Conseil de Justice. Il n’y a pas d’acte de
naissance, c’est dans la pratique que certaines personnes du conseil qui s’occupaient surtout de justice se sont petit à petit détachés. Ce
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