Les mots qui se correspondent sémantiquement dans deux langues s’appellent hétéronymes
(exemples: renard – vulpe, loup – lup). Ces mots ont des Signifiants différents mais un même
Signifié. Cependant on peut facilement constater qu’il n’y a pas toujours d’hétéronymies parfaites et
même certains mots d’une langue n’ont pas d’équivalents dans une autre langue. Il en résulte une
traduction imparfaite. Cette imperfection est due au fait suivant: toute langue opère une analyse du
monde extérieur qui est différente de celle opérée par les autres langues. Chaque langue a sa
manière de découper la réalité extra – linguistique, commune à tous les peuples. Chaque langue
enregistre l’expérience extra – linguistique de la communauté respective, expérience liée à l’espace
géographique où elle vit, à ses traditions culturelles et à son organisation sociale et historique. Ou
bien, étant donné l’attention différente prêtée aux divers aspects de la réalité une communauté peut
enregistrer dans sa langue certains aspects du monde référentiel qu’une autre communauté
n’éprouve pas le besoin de nommer. En théorie de la traduction, ces faits sont illustrés par les
concepts d’extension sémantique, de lacune lexicale et de faux amis.
1. Différences d’extension d’une langue à l’autre
Les différences d’extension sémantique entre les mots de deux langues données constituent sans
doute la distinction lexicologique la plus élémentaire. Il n’y en a fait aucune raison pour que deux
équivalents aient la même extension, pour qu’ils recouvrent la même aire sémantique. L’extension
sémantique illustre le découpage différent de la réalité opérée par des langues différentes. Souvent
les signes jugés interchangeables (renard – vulpe) ont des Signifiés qui ne coïncident pas
entièrement car ils ont des extensions sémantiques différentes. On peut illustrer ce fait par les
exemples suivants: le mot français “ étranger” a deux équivalents roumains, “ strãin”, “strãinatate”,
“peindre” a pour équivalents en roumain “a picta”, “a zugrãvi”, “ travail” a “muncã”, “lucru”,
“lucrare”, “expression” a “exprimare”, “expresie”(comme résultat), “contemplation” a
“contemplare”, “contemplaţie” (état). Le mot “troupeau” peut signifier : “troupeau de moutons” =
“turmã de oi”; “troupeau de vaches” = “cireadã de vaci”; “troupeau d’oies” = “cârd de gâste”.
Dans ces exemples les mots français ont une extension plus grande et le roumain est plus
analytique de la même réalité. Autrement dit, il y a particularisation quand une langue emploie un
terme de moindre extension (ici, les équivalents roumains des mots français), et généralisation dans
le cas contraire (ici les mots français donnés comme exemple).
De même le français distingue entre: “escalier” et “échelle” (scara), “peau” et “cuir”
(piele), “chaire” et “viande’ (carne) “grade” et “degré” (grad), “pied” et “jambe” (picior). Dans ces
cas – ci les mots roumains ont une extension plus grande que leurs corréspondants français tandis
que ces dernièrs sont plus analytiques.
2. Les lacunes
Puisque la représentation linguistique n’est jamais totale, il serait surprenant qu’elle soit
rigoureusement la même dans deux langues différentes. Chaque langue a donc ses trous, qui ne sont
pas forcément les mêmes que ceux de la langue dans laquelle on traduit. Tout traducteur doit
s’attendre à ce qu’il y ait dans la langue d’arrivée. Ou bien la chose n’existe pas – ou n’est pas
reconnue dans l’une des civilisations, ou bien elle existe dans les deux, mais une langue éprouve le
besoin de nommer ce que l’autre passe sous silence.
On peut donc dire que les lacunes sont des mots absents dans la langue cible mais présents dans la
langue source. Elles ne peuvent être identifiés que dans l’acte de traduction. Les lacunes peuvent
être: totales ou partielles.
2.1 Les lacunes totales:
Les lacunes totales illustrent les réalités ou les expériences spécifiques à la langue source,
réalités et expériences absentes dans la langue cible. Prenons tout d’abord des mots qui désignent
des réalités spécifiques de la Roumanie: pridvor, galerie extérieure formant balcon ou terrasse ;
prispa, terrasse en terre battue des maisons paysannes ;sarma, boulette de viande hachée enveloppée