chronologie la mediterranee de 1798 a 1918

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LA MEDITERRANEE DE 1797 A 1918.
1797 Fin de la république de Venise prise par les troupes républicaines françaises. Napoléon Bonaparte se pose
en libérateur et en réformateur (fin du Ghetto de Venise). Les années suivantes voient la création de
« républiques sœurs » de la République française (romaine, parthénopéenne et toscane). Ces victoires font
d’ailleurs de la France du Directoire1, une puissance voisine de l’Empire ottoman.
1798-1801 : expédition d’Egypte. Les troupes françaises débarquent en Egypte2, dirigées par le général
Bonaparte. Le but est de perturber le commerce des Britanniques, invincibles sur mer. Les Français ont en effet
réussi à vaincre leurs ennemis continentaux (paix de Campo-Formio en 1797) et les Britanniques, seuls
adversaires subsistants sont aux prises avec la révolte de Tippu Sahib (1750-1799) aux Indes. L’Egypte est une
province du vaste Empire ottoman conquise en 1517 et dirigée par un pacha nommé annuellement par le
sultan. Cette province est en fait affaiblie par les révoltes régulières des mamelouks3. Les buts de l’expédition,
préparée en grand secret, sont multiples : géopolitiques, politiques (« moderniser » l’Egypte en la réformant
conformément aux idéaux républicains, Bonaparte n’hésitant pas à jouer la carte « anticatholique » ce qui est
assez habituel à l’époque) mais aussi scientifiques. De fait l’expédition en plus des difficultés (ravitaillement,
épidémie de peste) doit affronter quatre ennemis : les mamelouks (écrasés à la bataille des Pyramides en juillet
1798), l’hostilité de la population (révolte du Caire en octobre 1798, assassinat en 1800 du général Kléber qui
avait remplacé Bonaparte), les Turcs qui viennent au secours de la province d’Egypte 4 ( battus par Bonaparte
en Syrie puis lors de leur tentative de débarquement en Egypte à la seconde bataille d’Aboukir en 1799, puis
par Kléber lors de la bataille d’Héliopolis en mars 1800) et bien sûr les Anglais qui en détruisant la flotte
française en rade d’Aboukir dès le début de la campagne ( août 1798) emprisonnent l’armée française dans sa
conquête et interdisent son ravitaillement ou son évacuation. En fait, Bonaparte préoccupé par la situation en
France parvient à quitter l’Egypte en août 1799 (soit au bout d’un an de campagne) en laissant la situation
dans les mains de son aide de camp Kléber. L’aventure égyptienne de l’armée française dure encore deux
années : le général Kléber parvient à consolider la situation militaire et développe une tentative de colonisation
du pays mais assassiné, il est remplacé par le général Menou qui finit par négocier le départ et l’évacuation de
l’armée française avec les Anglais qui rapatrient vers la France ce qui reste du corps expéditionnaire français.
Parmi les nombreuses conséquences de l’expédition, on peut citer la Nahda (Renaissance) vaste mouvement
intellectuel qui parcourt l’ensemble du monde ottoman : elle débute par une prise du conscience du retard
1
Rappel : la période républicaine de la Révolution française débute en septembre 1792 et s’achève en mai 1804 avec la Constitution de
l’an XIII qui crée l’Empire. Cette période républicaine voit se succéder trois régimes très différents : la Convention jusqu’en août 1795, puis
le Directoire renversé par le coup d’Etat de Napoléon Bonaparte, 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). A partir de cette date là le
régime du Consulat permet à Napoléon Bonaparte (officiellement Premier Consul) d’exercer un pouvoir personnel.
2
Les Français sont influents commercialement en Méditerranée au XVII-XVIII siècle même si ce commerce a décliné au cours du XVIII
siècle alors que cette mer est plutôt délaissée par les Anglais qui développent le commerce atlantique. Ils bénéficient de capitulations
accordées par l’Empire ottoman : ce sont diverses conventions qui réglementent les échanges et le statut des commerçants étrangers et
spécialement non musulmans dans l’Empire. Les commerçants et étrangers sont placés sous l’autorité d’un consul de leur nation qui les
contrôle étroitement (leur implantation est très réglementée). Ils échappent ainsi à la juridiction de l’Empire ottoman et vivent à l’écart. Les
capitulations datent du XVI siècle (accord entre François Ier et le sultan) et ont ensuite été étendues à d’autres Etats mais la France garde
une préséance du fait de son ancienneté : le sultan considère qu’elle peut faire bénéficier de ses capitulations des étrangers appartenant à
des Etats qui n’ont pas de capitulations. C’est ainsi que les Français se retrouvent protecteurs des catholiques de rites latin (qui dépendent
de Rome). Cette protection est officialisée après la conférence de Berlin en 1878. Le sultan a également renoncé à une partie de sa
souveraineté sur certains ports ou villes (« les Echelles du Levant ») où ils sont implantés : Alexandrie, Constantinople, Smyrne…Les
capitulations sont donc vues par les nationalistes turcs comme un abandon des prérogatives de l’Etat face aux étrangers.
3
Soldats de métiers recrutés originellement parmi des esclaves formant une troupe d’élite comparables aux prétoriens à Rome qui se
révoltait régulièrement et dont le chef qui avait reçu du sultan le titre de Bey était un chef politique puissant avec lequel le pacha devait
compter. Les Français prétendent d’ailleurs « rétablir l’ordre » en Egypte en lien avec le sultan, ce qui est l’un des prétextes de l’expédition.
Certains mamelouks se sont d’ailleurs ralliés aux Français et il y a eu des mamelouks dans l’armée impériale française.
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En fait les seules victoires militaires des Turcs sont des défenses victorieuses de villes et forteresses (Saint-Jean d’Acre, Damas) qui limitent
d’ailleurs la progression de l’armée française et l’obligent à rester en Egypte.
1
technique des Orientaux, et une découverte (voyages, traductions,) des avancées occidentales. L’instruction
(langues, écoles) et la diffusion des connaissances (l’Egypte a son premier journal en 1828) sont
fondamentales. Cela passe par un retour à l’islam et aux textes qui doivent être réinterprétés à la lumière de la
raison. Le progrès technique est vu comme conforme à la pensée religieuse : il n’y a pas d’antagonisme entre
eux. Parmi les noms célèbres il faut retenir celui de l’Egyptien Rifa’a Al-Tahtawi (1801-1873) qui oeuvra avec
le pouvoir égyptien (fondateur d’une école de langue, directeur de journal, réformateur de l’école militaire),
Sur le plan religieux le théologien le plus important est le persan Jamal Al-Dyin Al-Afghani (1837-1898), qui
circule en Europe, et dans tout l’Empire ottoman. Ce théologien insiste sur la solidarité panislamique face aux
Occidentaux ainsi que sur les idées libérales (nécessité de constitution). Sur le plan politique la Renaissance
critique les régimes autocratiques immobiles causes du retard et un mouvement favorable aux réformes se
développe. Dans l’Empire, trois idées politiques quelquefois contradictoires liées à ce courant se propagent :le
désir d’une alliance islamique qui gommerait les différences entre Turcs et Arabes, la volonté de créer une
alliance arabe allant au-delà des clivages religieux : par exemple l’un des grands penseurs de la Renaissance
est Boutros al-Boustani maronite5 converti au protestantisme qui développe un nationalisme syrien ( il est
fondateur d’une école nationale en 1863), et enfin une redécouverte d’un nationalisme local qui se structure
politiquement à la faveur de la diffusion de la pensée libérale (droits des peuples…).
1803 : Les Britanniques quittent l’Egypte laissant sur place une situation confuse.
1804-1817 Révoltes des Serbes. Première révolte de la Serbie contre l’Empire ottoman (1804-1813). Les Russes
la soutiennent activement à partir du moment où la France se rapproche de la Sublime Porte. Le Sultan ferme
les Détroits aux navires russes ce qui déclenche une guerre russo-turque6 en 1806. Les Britanniques appuient
les Russes, prennent Alexandrie sans pourtant parvenir à reprendre le contrôle de l’Egypte mais échouent
devant Constantinople. La paix de Tilsit apaise la situation entre Français et Russes en 1807. Pour se libérer de
la guerre contre les Turcs (car elle craint que la France ne rompe la paix) la Russie signe le traité de Bucarest
avec l’Empire ottoman 7en obtenant la Bessarabie et une autonomie interne pour la Serbie en 1812. En fait les
Serbes déçus poursuivent leur révolte et sont vaincus en 1813. La dureté de la répression entraîne une seconde
révolte (1815-1817) par laquelle les Serbes proclament leur autonomie de fait , qui n’est reconnue par les
Ottomans qu’en 1829 au traité d’Andrinople, voir plus bas.
1803-1822 : révolte d’Ali8, pacha de Jenine (en Epire). Ce gouverneur de l’Epire se rapproche des Occidentaux
et s’appuie sur les Grecs pour proclamer son indépendance vis-à-vis de Constantinople. Il trahit ensuite
l’alliance grecque pour essayer de se rapprocher du sultan. En vain : il est assiégé et tué par les Ottomans.
1805. Méhémet-Ali s’empare du pouvoir en Egypte. Cet officier ottoman d’origine albanaise qui a lutté contre
les Français, obtient de la Sublime Porte9 sa reconnaissance en tant que pacha en s’appuyant sur la population
et les ulémas10 qui contestent le pouvoir des mameluks. Pour asseoir son autorité, il fait massacrer les
Il s’agit d’une des nombreuses Eglises chrétiennes d’Orient indépendantes. Depuis les Croisades, bien qu’étant restés indépendants, les
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maronites sont très proches de l’Eglise catholique.
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La huitième de leur histoire….
Rappel : les populations des Balkans (conquis par les Turcs au XVI siècle) sont en grande majorité des chrétiens orthodoxes comme le sont
les Russes qui de fait se considèrent comme leurs protecteurs et y voient un moyen d’étendre leur influence géopolitique notamment
contre l’Empire ottoman (musulman) et l’Empire autrichien voisin (catholique).
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Ne pas confondre avec Méhémet Ali Pacha !
Surnom donné au gouvernement de l’Empire ottoman.
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Ou « oulémas »,théologiens sunnites. Rappel : il y a deux principales branches de croyants en Islam, les « sunnites » très majoritaires
(auxquels appartiennent la majorité des Ottomans et Arabes) et les chiites (que l’on trouve principalement en Perse mais également sous
forme de minorités au Proche-Orient). La différence entre ces deux branches s’est faite au VII siècle entre ceux qui pensaient que le chef
des musulmans (le calife) devait être obligatoirement pris dans la famille du Prophète (les chiites : le mot a pour signification « partisans
d’Ali » qui était le cousin et gendre de Mahomet) et ceux qui pensaient que l’on pouvait faire d’autres choix (les sunnites : qui obéissent à
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mamelouks (1811) qui se sont révoltés contre lui en 1805. Il repousse l’attaque britannique de 1807 (voir plus
haut). Il se veut un modernisateur du pays (notamment sa flotte et son armée qu’il réorganise avec des
conseillers militaires français11). Il étend l’autorité de l’Egypte sur le Soudan voisin (1820-1822).
• Fin de la puissance navale française avec la défaite de Trafalgar contre les Anglais. Par contre jusqu’en 1815
forte influence continentale française : les souverains d’Espagne (Joseph frère de Napoléon Ier) et de Naples
(Murat, l’un de ses généraux) ainsi que le gouvernement des provinces illyriennes sont pro français.
1807*Le sultan très affaibli par les révoltes des provinces et qui a mécontenté les janissaires12 en créant un
nouveau corps de troupes à l’européenne est renversé par eux et assassiné l’année suivante. Les janissaires
continuent à menacer le pouvoir du sultan (ils sont à l’origine d’une autre révolte en 1808 qui bloque encore
une réforme militaire) jusqu’à leur massacre en 1826 sur ordre du Mahmoud II qui en trouva le prétexte lors
de l’annonce d’une réforme de l’armée que les janissaires refusaient.
1808 -1814 Guerre d’Espagne. Napoléon Ier multiplie les ingérences en Espagne qu’il entraîne dans la guerre
contre les Britanniques notamment sa tentative de blocus continental, dépose le roi, le jugeant incapable et le
remplace par son propre frère Joseph. Ce pouvoir (qui se veut constitutionnel, l’inquisition a été supprimée) se
heurte à une opposition irréductible de la population qui menée souvent par des religieux oppose à l’occupant
français une guérilla continuelle qui épuise les armées impériales. Le pays est libéré grâce au débarquement de
troupes britanniques au Portugal.
1812-1818 Méhémet-Ali arrive à vaincre, à la demande du sultan (qui promet une partie de la Syrie en
échange), les wahhâbites13 et à récupérer les Lieux Saints qui sont occupés par les wahhâbites depuis 1801.
Durement réprimé, ce mouvement se retranche vers le cœur de l’Arabie où il parvient à créer autour de la ville
de Riyad un nouvel Etat wahhâbite qui dure jusqu’en 1880, toujours dirigé par la famille des Sa’ud, avant
d’être détruit par une offensive ottomane.
1815 Congrès de Vienne : fin de l’influence française et politique d’équilibre des puissances européennes
(Royaume-Uni, Prusse, Russie, Autriche)14 y compris en Méditerranée : c’est la Sainte-Alliance ou Quadruple
Alliance15. Le congrès de Vienne met fin officiellement à la guerre de course. Celle-ci quoique réduite par des
traités avec les principales puissances était très active en Méditerranée notamment du fait des Tunisiens 16 (sous
le règne d’Hammouda Pacha 1782-1814). En fait dès 1818, la France de la Restauration17 retrouve une
la tradition : la sunna). Chiites et sunnites malgré une foi commune sont différents sur bien des points : il y a chez les chiites un clergé très
structuré (les ayatollahs) et tradition mystique plus forte. Ces deux branches sont également très divisées entre elles.
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Le colonel de Sèves, surnommé Soliman Pacha, notamment.
Troupes professionnelles composées de jeunes esclaves d’origine chrétienne que l’on a convertis à l’islam. Ils jouent un rôle comparable
à celui des mamelouks en Egypte.
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Les wahhâbites : musulmans sunnites défendant l’idée d’un islam recentré sur ses bases originelles et selon eux purifiées. Ce courant
date du XVIII siècle et leur nom vient de leur inspirateur le cheikh Mohammed El-Wahhâb. Ce mouvement de retour vers un islam des
origines vu comme pur est assez fréquent dans l’islam : par exemple le salafisme (de l’arabe « salaaf » : « prédécesseur » « ancêtre ») qui
désigne un mouvement (dont les contours ont changé au cours de l’histoire) de retour à la foi de premiers musulmans.
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Seul le Royaume-Uni est une monarchie parlementaire à l’époque.
Qui dure jusqu’à la mort du tsar Alexandre Ier en 1825.
La Tunisie est un Etat théoriquement vassal de l’Empire ottoman depuis le XVI siècle, en fait il est semi indépendant et dirigé par un
représentant de l’autorité ottomane le bey..
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Rappel : après la défaite de Napoléon Ier ce sont les frères de Louis XVI qui règnent sur un royaume de France redevenu une monarchie
constitutionnelle, successivement sous les noms de Louis XVIII (mort en 1824 sans héritier) et Charles X renversé pour avoir voulu rétablir
la monarchie absolue lors des « Trois glorieuses » de juillet 1830. Un de leur cousin, Louis-Philippe d’Orléans (dont le père Philippe
d’Orléans, dit « Philippe-Egalité » avait d’ailleurs voté la mort de Louis XVI) est alors porté au pouvoir et règne sous le nom de LouisPhilippe Ier
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certaine place parmi les puissances européennes au traité d’Aix-la-Chapelle18: un des axes de la diplomatie
britannique est ainsi d’empêcher qu’une des puissances continentales ne devienne trop puissante par rapport
aux autres : il faut donc veiller à ce qu’elles s’équilibrent l’une l’autre. Le retour de la France permet de
rééquilibrer l’ensemble.
1821-1829 Guerre d’indépendance grecque19 avec engagement progressif des puissances anglaise française et
russe (après la Conférence de Londres en 1827 qui échoue à imposer une solution pacifique) et retrait des
Egyptiens. Les Grecs sont d’abord isolés dans leur révolte même si leur cause reçoit un écho très favorable dans
les opinions européennes
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: le sultan doit avoir recours à Méhémet-Ali qui envoie des troupes dirigées par
son fils adoptif Ibrahim pacha en Grèce continentale et en Crète21 (1823-1825). Les Européens (France,
Russie,, Royaume-Uni) qui répugnent à l’intervention armée préfèrent une médiation politique et signent alors
que la guerre d’indépendance fait rage, le Traité de Londres en 1827 qui consacre l’autonomie de la Grèce
(mais pas son indépendance). Une flotte comportant des navires de ces trois nations est envoyée pour garantir
l’exécution du traité et se heurte au refus de l’Empire ottoman. La flotte turco-égyptienne (toujours dirigée par
Ibrahim pacha) est détruite à la bataille de Navarin22 le 20 octobre 1827 par une flotte franco- russobritannique (victoire qui s’explique par la différence de puissance entre les flottes occidentales et orientales).
C’est la fin de la puissance navale ottomane. Une expédition française est décidée contre l’avis britannique de
Morée (région de Grèce) en 1828-1830 et précipite le retrait égyptien. Les Russes affrontent les Turcs dans le
Caucase et les Balkans (1828-1829) : les troupes russes menacent le cœur de l’Empire ottoman. Les
belligérants de la guerre russo-turque23 signent le traité d’Andrinople (1829) qui modifie les frontières au
profit de la Russie : les Russes obtiennent dans le Caucase : une grande partie de l’Arménie, les rives orientales
de la Mer Noire c’est-à-dire la Géorgie et sur les rives occidentales de la Mer noire, un territoire jusqu’au
Danube.). L’Empire ottoman accepte les conditions du trait de Londres de 1827. En fait le protocole de Londres
en 1830 consacre l’indépendance de la Grèce et non son autonomie mais le pays créé sombre dans la guerre
civile. La France, la Russie, le Royaume-Uni et l’Empire ottoman signent le traité de Constantinople en 1832
qui met fin à la guerre en dédommageant l’Empire ottoman pour la perte de territoire et en imposant la
création d’une monarchie offerte à un prince allemand, Léopold de saxe-Cobourg Gotha, qui la refuse étant
donné l’instabilité du pays et lui préfère la Belgique, devenue indépendante en 1830, puis à un autre le jeune
duc de Bavière Othon qui l’accepte. Mais ce prince qui est à la tête d’une monarchie de droit divin est mal
accepté. Une insurrection en 1843 l’oblige à mettre en place une monarchie parlementaire. Il est finalement
renversé à l’instigation des Britanniques en 1862, car trop favorable aux Russes, et remplacé par un prince
d’une famille allemande régnant sur le Danemark, Guillaume qui règne sous le nom de Georges Ier (et dont la
famille reste sur le trône jusqu’en 1973) ;
1822-1832 « Ignominieuse décennie » en Espagne : le roi Ferdinand VII en s’appuyant sur le soutien militaire
de la Sainte-Alliance24 impose un retour à l’absolutisme dont l’élite politique (qui avait gardé certaines idées de
l’adversaire français notamment l’idée des droits du peuple et le refus d’un monarque absolu) ne voulait plus
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C’est à cette occasion que les grandes puissances s’entendent sur l’abolition de la traite, suivant l’exemple du Royaume-Uni qui a aboli la
traite en 1807.
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Les nationalistes grecs défendent « la grande idée » de celle de réunir tous les Grecs, dans un même Etat. Cette grande idée est le thème
de prédilection du nationalisme grec du XIXème siècle et du début du XX.
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On parle de philhellénisme de l’opinion : les massacres de Chio en 1822, la mort du poète Byron à Missolonghi en 1824 et la prise de
cette même ville en 1826 lors de son quatrième siège choquent les opinions et les auteurs (Victor Hugo, Chateaubriand,…)
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La Crète reste sous domination égyptienne jusqu’en 1841.
Cette bataille navale est liée à une provocation plus qu’à une stratégie délibérée des Européens qui cherchaient à éviter le conflit direct
avec les Ottomans.
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Les Britanniques ont appuyé cette solution car ils craignaient de voir les Russes prendre Constantinople.
Le XIX est un siècle marqué par une grande instabilité intérieure : les monarques envisagent un maintien de l’absolutisme et se heurtent
à de multiples reprises à des révolutions libérales ou même républicaines, des coups d’Etat militaires ainsi que des guerres civiles (les
« guerres carlistes » qui ont pour objet de remettre sur le trône un prétendant écarté par l’abrogation de la loi salique Charles V), le pays
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1830-1857 Conquête de l’Algérie par les Français. Voulue par le pouvoir de Charles X pour détourner
l’attention des Français des problèmes de politique intérieure, pour régler le problème de la piraterie25 dont
Alger est le refuge et pour régler un très ancien et obscur contentieux financier (les Français avaient été
fournis en blé, jamais payé depuis, lors de la campagne d’Egypte26). Le territoire où s’exerce la Régence d’Alger
(c’est son nom officiel) est en fait une province de l’Empire ottoman depuis le XVIème gouvernée par un Dey
(depuis le XVII). Ce pouvoir est d’ailleurs très affaibli par des divisions internes. La conquête militaire se
déroule de 1830 à 1857. Au départ, le pouvoir français s’exerce sur quelques ports dont Alger qui sont
facilement conquis. L’intérieur que les Ottomans n’ont jamais dominé est sous la coupe de deux chefs
différents : le bey Ahmed (Constantinois) et Abd-El-Kader (l’Oranais). Les Français traitent avec Abd-El-kader
et parviennent à conquérir le Constantinois (1837). En fait, Abd-El-Kader relance la guerre (en utilisant la
dimension religieuse et en proclamant le djihad contre les Français)en 1839. La guerre de conquête menée par
le général Bugeaud est très brutale. La smala27 d’Abd-El-Kader est prise en 1843. Ce dernier fuit auprès du
sultan du Maroc28 qu’il entraîne dans la guerre mais qui est rapidement vaincu (1844). Les Britanniques
empêchent d’ailleurs les Français de conquérir son territoire. Une convention en 1845 fixe les frontières entre
Maroc et Algérie mais de façon très vague. Finalement, Abd-El-Kader finit par se rendre en 1847. Il faut
encore dix ans de guerre pour dominer l’Aurès (1849), les oasis du sud (1854) et la Kabylie (1857).
1830-1839 Début des réformes de l’empire ottoman ; se poursuivent entre 1839 et 1876 : période des
Tanzimât (« réorganisation ») culminent en 1876 avec une constitution qui limite les pouvoirs autocratiques
du sultan. Le texte fondateur est un texte du sultan Abdülmecit Ier lui-même en 1839 qui est une sorte de
cadre général de réformes : ce texte est resté dans l’histoire sous le nom de Hatti Cherif de Gulhané (« le noble
rescrit de la Maison des Roses »). Un autre texte important est le Hatti Humayun (« le rescrit impérial ») qui
garantit l’égalité des tous les sujets de l’Empire indépendamment de leur religion et leur ouvre les emplois
publics… De nombreux diplomates sont ainsi recrutés parmi Arméniens et Grecs.
1832-1837 : conquête de Méhémet Ali en Syrie et dans le sud de l’Anatolie contre les Turcs.
1835 : première liaison régulière Marseille-Alger et en 1838 Londres-Gibraltar.
1837-1855 règne du souverain tunisien Ahmed Bey, qui utilise l’appui des Français pour moderniser son pays
à l’image de l’Egypte voisine : abolition de l’esclavage, émancipation des Juifs, accueil de missionnaires (écoles,
etc..). Comme les Egyptiens, pour financer ce développement il a recours à l’emprunt auprès des Européens. Ses
deux successeurs Mohamed Bey (1855-1859) et Sadok Bey (1859-1883) poursuivent dans las cette direction
non sans heurt : par exemple, Mohamed Bey débuta par une volonté de rapprochement de la Sublime Porte (à
faveur de la guerre de Crimée au cours de la quelle le Sultan allié des Français et des Anglais affronte les
Russes), il fut à la suite du traité de Paris et des pressions occidentales obligé d’accepter la liberté du commerce,
l’égalité de tous ses sujets devant l’impôts : ces deux mesures mettent en difficulté l’alliance ottomane et la
solidarité panislamique : en effet, la liberté du commerce facilitent la pénétration des Européens en Egypte et
rééquilibrent la situation en faveur des non-musulmans. Lors de son règne un peu inspirés par les réformes se
est également sujet à des révoltes régionales et semble au bord de l’éclatement. .En fait, à part dans la première partie du siècle il n’y a
guère d’interventions étrangères, les grandes puissances se désintéressant de la péninsule ibérique, dont toutes les colonies américaines
acquièrent leur indépendance.
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Les Britanniques ont ainsi bombardé le port d’Alger en 1816 par représailles contre la piraterie, sans résultats.
Les Français entretenaient de bons rapports avec la Régence d’Alger sous la Révolution et l’Empire.
C’est-à-dire la famille et les proches et leurs équipages qui constituent le noyau du clan dans une société nomade.
Le Maroc est dirigé par un sultan indépendant, appartenant à la dynastie des Alaouites depuis le XVIIème siècle. Ce pays s’est ouvert au
commerce occidental au XVIII siècle et s’est rapproché des Britanniques. L’offensive française en Algérie, l’inquiète d’autant que ce pays a
des vues sur l’ouest algérien.
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produisaient dans l’Empire ottoman à cette époque,. Sadok Bey accorda la première constitution parlementaire
en pays musulman en 1861 mais ses énormes besoins financiers entraînaient une telle pression fiscale
considérable qu’une révolte, très durement réprimée d’ailleurs, secoua le pays en 1864.
1839 : prise d’Aden par les Anglais.
• Bataille de Nizib les troupes égyptiennes écrasent une offensive turque.
1840 Insurrection anti égyptienne au Liban. Le Liban est une province de l’Empire ottoman dirigée jusqu’en
1841 par une dynastie druze29 (les Chéhab) et peuplée d’une grande partie de chrétiens. Pour séduire les
chrétiens maronites qui forment une importante partie de la population, Bachir II Chéhab feint de se convertir
au christianisme. Il refuse pourtant en 1797 l’offre d’alliance de Bonaparte. Il se rallie aux Egyptiens et se
déclare indépendant du sultan lors de l’offensive de 1832. En fait les Britanniques excitent une révolte
populaire contre lui en utilisant les rancoeurs que la domination égyptienne, très dure, a suscitées. Il s’agit
pour eux de briser la puissance égyptienne. Bachir II et son successeur immédiat sont renversés en 1840 et
1841. Le Liban repasse bientôt sous administration ottomane directe.
•Convention de Londres : pour pacifier le Proche Orient : la Quadruple Alliance soutient l’Empire ottoman
contre l’Egypte et reconnaît (en titre de compensation) Méhémet Ali comme souverain d’Egypte. Par contre la
Syrie n’est conservée par Méhémet-Ali qu’à titre viager et ses autres conquêtes (Crète, Arabie) doivent être
abandonnées. Aucun navire de guerre ne peut franchir les Détroits en temps de guerre. La France refuse de
rejoindre la convention et soutient Méhémet-Ali.
1841 Traité de Londres signé cette fois par les cinq : reprend le traité de l’année précédente et par contre rend
la Syrie conquise par l’Egypte à la Turquie. Il y a divergence entre Méhémet-Ali qui estime prioritaire
l’indépendance de fait de l’Egypte (et qui donc a gain de cause) et son fils Ibrahim (qui a mené ses armées au
combat contre les Turcs et qui voulait prendre Istanbul et transformer le sultanat en un empire arabe).
1848 : départementalisation de l’Algérie.
• Ibrahim fait déposer son père Méhémet-Ali mais ne ne reste au pouvoir que quelques mois car meurt en fin
d’année. Son neveu (et donc petit-fils de Méhémet-Ali) Abbas Ier lui succède. Sous son règne très court (18491854) (et qui se termine par son assassinat) commence l’endettement massif auprès des Européens pour
développer l’Egypte (chemin de fer). Autorisation donnée à F. de Lesseps de commencer les travaux du canal.
1850 Affaire de Don Pacifico, commerçant juif et consul du Portugal à Athènes, sa maison est pillée par des
orthodoxes. Ne pouvant obtenir de dédommagement, il se tourne vers les Britanniques (il est né à Gibraltar)
qui font un blocus du Pirée et oblige la Grèce à le dédommager. Ce fait illustre l’apogée de la Pax britannica.
1853-1855 : guerre de Crimée entre les Russes et les franco-britanniques appuyés par la Sardaigne et l’Empire
ottoman. Le point de départ en est la rivalité à Jérusalem (donc sur territoire ottoman) entre les moines
orthodoxes défendus par la Russie et les moines catholiques défendus par l’empereur Napoléon III 30 . Le sultan
donne alors raison aux catholiques. Par mesure de représailles, le tsar espère obtenir des Britanniques un
dépeçage de l’Empire ottoman qu’ils refusent. Le tsar compte alors imposer une sorte de protectorat
(officiellement il s’agit de protéger les Lieux Saints) à l’Empire ottoman qui refuse et lui déclare la guerre.
Celle-ci commence par la défaite complète de la flotte turque qui est écrasée par l’escadre russe de Mer noire.
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Il s’agit de croyants appartenant à une branche de l’islam minoritaire, que l’on trouve au proche Orient. Ils se distinguent fortement des
autres musulmans même s’ils descendent du chiisme. Ils croient en la métempsychose, rejette la Charia par exemple.
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Rappel : le roi Louis-Philippe Ier a été renversé en février 1848 par une révolution républicaine. La II république n’a en fait guère duré :
le président lui-même, Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, ayant fomenté un coup d’Etat le 2 décembre 1851, rétablit
l’empire l’année suivante. Il règne alors sous le nom de Napoléon III.
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Effrayés, la France et le Royaume-Uni envoient flottes et troupes pour soutenir l’Empire ottoman. La guerre est
longue est difficile et a pour théâtre principal la Crimée (au nord de la Mer noire) et la ville de Sébastopol
tenue par les Russes. Epuisés, menacés une extension du conflit31, les Russes sous les ordres du nouveau tsar,
Alexandre II, acceptent de traiter. Le traité de Paris (1856) termine cette guerre en entérinant le déclin de
l’influence russe en Méditerranée, avec la neutralité de la Mer noire, l’internationalisation de la circulation
fluviale sur le Danube. Le traité de Paris comprend des clauses importantes en matière de droit maritime : par
exemple reprend l’interdiction de la guerre de course et l’organisation de blocus. Les principautés danubiennes
devenues indépendantes s’unissent pour former la Roumanie. Il y a donc un retrait de l’influence russe dans les
Balkans où s’affirment des provinces autonomes et le traité réaffirme l’intégrité territoriale de l’Empire
ottoman qui a soutenu les vainqueurs. Parallèlement des troupes franco britanniques occupent le Pirée entre
1854 et 1857 pour empêcher un soutien de la Grèce à la Russie lors de la guerre de Crimée.
1854-1863 : règne de Mohamed Abu Saïd (fils de Mehémet-Ali) en Egypte jusqu’en 1864 en tant que pacha.
Joue la carte française contre l’influence britannique. A sa mort son neveu Ismaïl lui succède. Entre 1854 et
1875 l’Empire Ottoman a recours à 14 gros emprunts auprès des Européens.
1859-1860 Guerre d’Italie. Napoléon III appuie l’unité italienne contre l’Autriche et le pape mais sans aller
jusqu’à laisser les Italiens prendre Rome qu’il entend laisser au pape.
• L’Espagne riposte à l’attaque sur ses présides (places fortes) de Ceuta (qu’elle possède depuis 1580) et Melilla
(1496) en 1859-1860. Ces victoires qui lui permettent de s’emparer de Tétouan, qu’elle doit bientôt libérer
sous pression britannique, manifeste l’état de faiblesse du Maroc qui devient un centre d’intérêt pour les
Français et les Britanniques.
1860 : insurrection au Liban32 menée par les chrétiens maronites contre les druzes. En fait les tensions entre
druzes (qui cherchent à reprendre le contrôle politique du pays) et chrétiens ont considérablement augmenté.
Les Turcs ont d’ailleurs joué avec ces divisions pour asseoir leur propre autorité. Une série de massacres de
chrétiens par Druzes et musulmans (Abd-El-Kader qui se trouvait en exil à Damas protège des chrétiens, au
péril de sa propre vie d’ailleurs, ce qui lui vaut d’être décoré par la France) entraîne une réaction des Français
qui se veulent les protecteurs des chrétiens d’Orient et envoient un corps expéditionnaire pou rétablir l’ordre.
La Sublime Porte accorde alors un statut d’autonomie très large à la province en 1860 puis 1864. Les
puissances européennes protègent cette autonomie.
1863 Fondation de la Banque ottomane
1866 : Assemblée consultative créée en Egypte.
1867 Titre de khédive (vice-roi) accordé au pacha par le Sultan en remerciement de son aide dans la
répression de la révolte crétoise déclenchée l’année précédente. On est passé dans une logique dynastique ou la
nomination du sultan n’a plus d’effet.
1869 Canal de Suez inauguré et exploité par la Compagnie du Canal de Suez (dont les actions sont possédées à
52% par les actionnaires français, à 48% par le khédive).
31
32
L’Autriche et la Suède sont prêtes à profiter de la guerre pour s’emparer de provinces frontalières
On peut lire pour une présentation courte des différentes phases des troubles libanais les premières pages de l’article d’Elias Kattar, « Les
insurrections paysannes au Mont-Liban au XIXème siècle d’après les archives de la congrégation De propaganda fide », Mélanges de
l’Ecole française de Rome, 1997 vol 109 pp 671-688. Consultable sur le net :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1997_num_109_2_4509
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• La Tunisie endettée se voit imposer une Commission Internationale de la Dette. La compétition entre
compagnies européennes qui veulent se voir allouer des concessions de travaux publics est très forte.
1870 : Guerre franco-prussienne : le prétexte de la guerre est lié à l’Espagne. Le trône de ce pays étant vacant
depuis une révolution en 1868, le parlement espagnol offre le trône à un prince allemand prussien mais
catholique : Léopold de Hohenzollern. La France qui craint un encerclement prussien s’y oppose et obtient gain
de cause mais dans des conditions tellement insultantes pour sa représentation diplomatique que l’opinion
publique s’enflamme (ce qui était bien le but des Prussiens).
• La défaite française permet aux Italiens de prendre Rome jusqu’alors protégée par la France et de parachever
l’unité du pays. Le pape, ancien maître de Rome, s’estime alors « prisonnier du Vatican ».
•Le décret Crémieux pris par la nouvelle république française accorde la citoyenneté française à tous les Juifs
d’Algérie : il ne s’agit pas des Français juifs qui sont citoyens français depuis la Révolution française (1791)
mais des Juifs descendants de ceux qui vivaient en Algérie sous l’autorité de la régence d’Alger et qui n’avaient
jamais été citoyen français.
1871. Dernière grande insurrection en Kabylie (Algérie) qui se propage dans le Constantinois et une partie de
l’Oranais, suscitée par la nouvelle de la défaite française et une année de mauvaises récoltes. Une année de
combat est nécessaire aux Français pour reprendre le contrôle de la situation. De très nombreuses terres sont
confisquées à titre de représailles et confiées à des colons réfugiés d’Alsace-Lorraine, désormais allemandes.
1873 : Le sultan accorde à l’Egypte une semi indépendance (autonomie législative, autorité du khédive…).
1875 Le premier ministre britannique Disraeli rachète à l’Egypte, en situation de banqueroute, ses actions de la
compagnie de Suez qui exploite le canal. L’Egypte perd alors le bénéfice de l’exploitation du canal. Les
Britanniques peuvent ainsi prendre pied politiquement et économiquement en Egypte. Banqueroute de l’Etat
ottoman.
1875-1878 Pour soutenir l’insurrection, très durement réprimée33, des provinces d’Herzégovine (1875) et de
Bulgarie34 (1876), la Serbie et le Monténégro déclarent la guerre à l’Empire ottoman pour défendre les
chrétiens. L’Empire Ottoman écrase leurs troupes menées par un général russe en retraite M. Tcherniaïev. Un
armistice est décidé en 1876 : une conférence se tient à Constantinople avec les ambassadeurs austrohongrois35, anglais et russes : Russes et Austro-hongrois demandent l’autonomie des territoires chrétiens de
l’empire, et le premier ministre britannique Gladstone encourage les Turcs à se doter d’une constitution, ce
qu’ils font en réaffirmant l’indivisibilité de l’empire (et donc le maintien des territoires chrétiens sous contrôle
ottoman). Les Russes, déçus, interviennent alors pour les soutenir (après s’être assurés de la neutralité austro
hongroise contre la promesse de récupérer la Bosnie Herzégovine). Au terme d’une offensive laborieuse
appuyée sur les Roumains et les Serbes36 qui espèrent leur indépendance complète, les belligérants signent le
33
Répression largement médiatisée et condamnée en Russie et dans le reste de l’Europe notamment par le Britannique Gladstone et le
Français Victor Hugo ;
34
Les mouvements nationalistes se sont développés en Bulgarie. Le nationalisme bulgare s’appuie sur la foi orthodoxe. Les Bulgares ont
d’ailleurs obtenu de l’Empire ottoman le droit d’avoir leur propre Eglise dirigée par un patriarche indépendant résidant à Constantinople
(l’Exarque) ca qui d’ailleurs les éloigne des autres orthodoxes qui obéissent au patriarche de Constantinople. Les Bulgares y voient un
début de reconnaissance de leur nationalité. Ils sont considérés comme reconnus comme « millet » par les Turcs. Le millet est une
communauté religieuse reconnue et protégée par l’Empire ottoman : ce statut se rapproche de celui des populations non musulmanes
vivant en terre d’Islam : les « dhimmis » (rachetés) qui ont le droit de conserver leur religion mais doivent régler un impôt et n’ont pas
l’égalité juridique avec les musulmans. Le statut du millet est plus favorable : il s’agit d’une communauté qui a un dirigeant reconnu par le
sultan (le patriarche de Constantinople pour les orthodoxes), des tribunaux (dans certains cas) spécifiques, et une série de droit et d’impôt
spécifiques.
35
36
En changeant sa constitution en 1867, l’empire autrichien devient l’empire austro-hongrois en 1867.
Les Grecs, conseillés par les Britanniques ne sont pas rentrés en guerre.
8
traité de San Stefano (du nom d’un quartier de Constantinople où ils se réunissent) : les Russes en sortent
largement vainqueurs : influence sur les Balkans restaurée, territoires perdus lors de la guerre de Crimée
récupérés et même nouveaux gains (Bessarabie). Les Roumains, Serbes et Monténégrins obtiennent une
indépendance complète mais sont déçus (les Roumains ont cédé aux Russes la Bessarabie, les Serbes ont obtenu
trop peu de territoires à leur goût et les Monténégrins n’ont pas d’accès à la mer). Une principauté bulgare (la
« Grande Bulgarie ») autonome est créée. Les Austro-Hongrois contrairement aux engagements russes n’ont
rien obtenu. En fait ce congrès mécontente les puissances européennes notamment le Royaume-Uni : risque de
déséquilibre en Europe balkanique et en Méditerranée au profit des Russes et au détriment des Turcs. Un
nouveau congrès est organisé à Berlin 37 en 1878 pour réviser le précédent, les nouveaux Etats balkaniques n’y
sont pas représentés : c’est encore un congrès de grandes puissances. Globalement les gains territoriaux de la
Russie, Roumanie, Serbie et Monténégro (ainsi que l’indépendance de ces trois derniers Etats) sont confirmés
(ce qui les rapprochent de l’Allemagne38 de Bismarck organisatrice de ce congrès). Les intérêts de l’empire
austro-hongrois (qui occupe39la Bosnie-Herzgovine et une enclave entre la Serbie et le Monténégro : le
Sandjak de Novi-Pazar, les deux territoires restant sous dépendance théorique turque) et du Royaume-Uni (qui
obtient Chypre) sont également pris en compte. Enfin l’Empire ottoman est protégé par l’amoindrissement du
futur Etat bulgare qui fait les frais du nouveau compromis : le territoire initialement prévu est divisé en trois
parties : une partie autonome (capitale Sofia), une partie semi-autonome (la Roumélie orientale) encore sous
une certaine dépendance des Ottomans et une troisième partie qui reste ottomane (la Thrace et la Macédoine).
De plus la frontière russo-ottomane dans le Caucase est rectifiée en faveur de l’empire ottoman qui contrôle
l’Arménie occidentale. Pour la Russie qui comptait sur son influence sur la nouvelle Bulgarie et qui craint
l’influence austro-hongroise dans les Balkans c’est une grosse déception et l’opinion russe s’éloigne alors de
l’idée d’une alliance allemande. 40 Enfin les deux dernières grandes puissances obtiennent des avantages :, la
France le droit d’intervenir en Tunisie et l’Italie celui d’intervenir en Tripolitaine.
1876. Banqueroute égyptienne : création d’une Caisse de la Dette Publique qui contrôle les recettes du pays et
qui est contrôlée par quatre commissaires (France, Royaume-Uni, Autriche-Hongrie et Italie). En fait le pays est
dirigé économiquement par un ministre égyptien, un contrôleur français et un contrôleur britannique.
• Abolition de l’esclavage en Turquie : la traite avait été abolie en 1854 pour les Blancs et peu après, pour les
Noirs.
1876-1909 Règne du sultan Abdul-Hamid II Un règne très long commencé par la déposition de son frère
(Mourad V41) par un grand vizir42 réformateur (qui le jugeait trop faible face aux Russes) et terminé par sa
propre déposition par la révolution des Jeunes Turcs au profit d’un autre de ses frères Mehmed V. Au départ vu
comme un libéral, il exerça au contraire un pouvoir autocratique en suspendant la constitution dès 1878.
1878 la France et le Royaume-Uni imposent au khédive la direction d’experts anglais et français qui prennent
de fait le pouvoir économique.
37
38
Ce qui illustre bien les ambitions diplomatiques de l’Allemagne de Bismarck.
Les Etats allemands qui ont fait une guerre alliés à la Prusse contre la France, proclament leur unité en 1870. Il y a désormais une
Allemagne dirigée par un empereur (ancien roi de Prusse qui est l’Etat le plus puissant parmi les Etats allemands) Guillaume Ier dont le
ministre (le chancelier) est le prussien Bismarck. Cet empire se nomme le II Reich (c’est-à-dire le second empire) le premier étant le Saint
Empire fondé en 962 et disparu en 1806 qui n’était en fait pas un Etat unifié mais une association assez lâche avec un souverain commun.
39
40
Il ya là une matière à contentieux entre la Serbie et l’Autriche Hongrie et les Serbes comme on le voit sont soutenus par les Russes.
Cela fait partie des éléments qui ont rapproché la Russie de la France, très isolée diplomatiquement après la guerre de 1870, Bismarck
ayant souhaité l’isoler pour empêcher une possible revanche.
41
42
Il reste enfermé jusqu’à sa mort qui survient 28 ans tard.
Equivalent du premier ministre. Il s’agit de Midhat Pacha.
9
1879 devant la persistance de difficultés économiques abdication du khédive en faveur de son fils Tewfiq (qui
règne jusqu’en 1892) sur la demande des Britanniques et des Français avec accord du sultan. L’opinion
égyptienne se révolte devant ce qu’elle considère comme une reculade. L’aura des nationalistes se renforce et
notamment celle du colonel Urabi (ou Arabi) (1841-1911). Issu du rang, cet officier égyptien devient le
porte-parole du nationalisme égyptien (il est surnommé Arabi Pacha, est membre d’une société secrète
militaire) et s’appuie sur l’armée et les paysans. Il s’oppose à l’influence européenne dans son pays. Très
populaire, il obtient du khédive un portefeuille de ministre de la guerre. L’Assemblée élue voit la majorité
revenir aux nationalistes et vote le budget sans tenir compte des consignes de la Caisse de la Dette Publique ce
qui menace les intérêts franco-britanniques. Une série d’assassinats d’Européens lors d’émeutes à Alexandrie
en 1882 fournit au Royaume-Uni le prétexte d’une action militaire (les Français divisés restent en retrait). Bien
que largement soutenu, également par les ulémas qui voient en lui en rempart pour défendre l’islam, il est
vaincu par un débarquement des Britanniques qui rétablissent leur influence sur le pays. Même si le pays reste
théoriquement sous autorité ottomane, les Britanniques l’occupent et y établissent un protectorat de fait.
L’antagonisme entre Français et Anglais croît du fait de la mainmise britannique sur ce pays.
1880 Conférence de Madrid qui reconnaît l’octroi de privilèges commerciaux aux puissances étrangères au
Maroc. Il s’agit de rééquilibrer les zones d’influences après les années 1870 où l’Espagne et le Royaume-Uni
profitant du retrait français consécutif à la défaite de 1870, essayaient de contrôler le commerce marocain43 ;
il s’agit également de limiter le pouvoir des consuls de chaque pays qui ont tendance à étendre leur pouvoir
démesurément en appuyant leurs ressortissants. En fait cette conférence contribue à internationaliser la
situation du Maroc sans la régler.
1881. Protectorat français sur la Tunisie. Prétextant des raids de pillards depuis la Tunisie sur l’Algérie, les
Français interviennent militairement et conquièrent tout le pays. La France impose à Sadok Bey un protectorat
réglé par le traité du Bardo (1881) et la convention de la Marsa (1883) : toute la diplomatie et l’administration
sont aux mains de la France et de son « résident général ». La communauté italienne trois fois plus importante
que la communauté française bénéficiait de droits particuliers garanti par un accord depuis 1868 pose
problème dans le protectorat passé sous l’autorité des Français. En 1896, l’accord qui leur garantit le maintien
de leur nationalité à vie, des écoles italiennes et la reconnaissance des diplômes est renouvelé pourtant.
•Le code de l’indigénat44 est promulgué en France et appliqué en 1887 à l’ensemble des colonies : il y a deux
sortes d’individus dans les colonies : les citoyens français (en grande majorité d’origine métropolitaine) et les
sujets français (soumis au code de l’indigénat) qui n’ont pas la totalité des droits politiques et qui conservent
un statut personnel sur le plan civil (droit coutumier).
1884 : une révolte à fondement religieux (le madhisme) agite le Soudan dominé par l’Egypte qui en perd le
contrôle. Le Soudan est reconquis par une expédition anglo-égyptienne dirigée par lord Kitchener mais plus de
dix ans plus tard.
1885 : rupture de l’alliance entre les trois empereurs 45 à cause de l’affaire bulgare. Les Russes considèrent la
récente Bulgarie comme appartenant à leur sphère d’influence. Ils font élire par l’assemblée bulgare comme
souverain un prince allemand russophile (Alexandre de Babenberg). Or ce prince se dégage en fait de
l’influence russe et décide d’annexer la province autonome voisine de Roumélie occidentale créée en 1878,
que les Bulgares revendiquent. Les Bulgares sont aussitôt attaqués par les Serbes qui y voient une menace de
43
Une des explications des convoitises européennes est que le Maroc, très mal connu à l’époque, est soupçonné d’abriter de considérables
ressources naturelles.
44
45
Qui fut abrogé en 1946.
L’entente des trois empereurs (Russie, Allemagne et Autriche-Hongrie) est la clef de voute du système d’alliance bismarckien : l’objectif
est d’unir ces trois monarchies autoritaires contre la république française vaincue en 1871 qu’il faut maintenir isolée.
10
renforcement de la Bulgarie. Les Serbes sont vaincus, mais une intervention austro-hongroise les sauve d’une
débâcle complète, le sultan reconnaît l’annexion. Les Russes essaient de récupérer l’influence perdue sur la
Bulgarie. Sous leur pression, Alexandre abdique mais les Bulgares cette fois choisissent l’alliance austrohongroise en élisant comme souverain un officier de l’armée hongroise, petit fils de Louis-Philippe Ier
Ferdinand de Saxe-Cobourg. L’alliance entre les trois empereurs déjà mise à mal par le congrès de Berlin que
le tsar juge antirusse est bien finie : désormais Bismarck doit choisir entre l’option russe et l’option austrohongroise. En même temps, pour empêcher une alliance franco russe, Bismarck prend des traités secrets de
« contre assurance » assez contradictoires : en cas d’attaque austro-hongroise contre la Russie, l’Allemagne
s’engage à rester neutre, de même que la Russie en cas d’attaque de la France contre l’Allemagne.
1887 accords méditerranéens: Bismarck qui espère profiter de l’hostilité existante entre Britanniques et
Français du fait de l’Egypte propose un accord entre son pays, le Royaume-Uni et l’Italie pour maintenir le
statu quo
en Méditerranée et en Mer noire. L’Autriche-Hongrie et l’Espagne rejoignent cette alliance
clairement antifrançaise. Dans le même temps, Bismarck prolonge la triple alliance ou Triplice (prévue pour 5
ans en 1882). Le but est de maintenir dans le même camp que l’Allemagne l’Autriche Hongrie et l’Italie : les
engagements sont de maintenir le statu quo dans les Balkans. Cependant un changement se fait sentir : au
départ l’alliance est strictement défensive. Un nouvel accord stipule que si la France et l’Italie rentraient en
guerre du fait de l’extension des colonies françaises au Maroc ou en Tripolitaine, l’Allemagne soutiendrait
l’Italie. Sur ce point, la triple alliance devient défensive. En fait le système de Bismarck extraordinairement
complexe s’achève avec la mise à la retraite du chancelier en 1890.
1893 : Flotte russe en visite à Toulon en témoignage du rapprochement franco russe et signature d’une
convention militaire défensive (dirigée contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie)
1894-1896.: série de soulèvements chrétiens des provinces ottomanes qui sont tous très durement réprimés.
• Agitation révolutionnaire arménienne autour du refus de payer l’impôt (1894): très importants massacres46
d’Arméniens en Arménie (notamment du fait de Kurdes islamisés) et à Constantinople même.
• En Macédoine47, des troubles éclatent toujours autour du paiement de l’impôt. L’ordre est rétabli avec une
très grande brutalité par les bachi-bouzouks48
• En Crète la révolte débouche sur l’entrée en guerre de la Grèce en 1897 pour la soutenir. Face à ces
problèmes, les Britanniques (contrairement à leur stratégie habituelle et par sympathie pour les insurgés
chrétiens) avaient proposé aux autres puissances le dépeçage de l’Empire ottoman entre les grandes puissances
(Russie, Italie, Royaume-Uni, Autriche-Hongrie, Allemagne), sans succès.
1896. échec de la conquête italienne de l’Ethiopie. L’Italie venue tard aux conquêtes coloniales fait porter son
effort sur les territoires qui échappent à l’influence des autres Etats européen : par exemple en Afrique
orientales. Elle s’est installée par le biais d’une entreprise privée (la compagnie Rubattino) dans cette région dès
les années 1870 mais ne se lance dans une politique plus active qu’après la conquête de la Tunisie par les
Français qui la prive de ses perspectives dans cette colonie et la venue au pouvoir de Crispi, partisan de
l’expansion coloniale. Elle constitue alors deux colonies côtières : l’Erythrée (1890) et la Somalie italienne
(1891). Pour joindre les deux, elle compte imposer un protectorat au pays indépendant qui se trouve entre ces
deux colonies : l’Ethiopie, où règne le négus (c’est-à-dire l’empereur) Ménélik. Celui-ci refuse et l’Italie
46
47
On parle de « massacres hamidiens » du nom du sultan qui est surnommé « le sultan rouge » en Europe.
Une Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne est fondée à Salonique en 1893 et se développe largement les années
suivantes.
48
Soldats de l’armée ottomane d’origine albanaise. Les Albanais sont un des rares peuples d’Europe centrale à s’être massivement converti
à l’islam avec la conquête turque. Les Turcs ne cherchaient pas de conversions forcées la plupart du temps. Ces conversions s’expliquent
souvent, outre d’éventuels choix religieux, par le désir de ne pas voir leurs enfants partir comme janissaires et obtenir un statut plus
avantageux dans l’Empire.
11
déclenche une guerre qui se révèle un véritable désastre : le gouvernement Crispi tombe, les conquêtes
coloniales italiennes sont terminées pour un temps et recentrées sur la Méditerranée et l’Italie reconnaît par le
traité d’Addis-Abéba, l’indépendance totale de l’Ethiopie.
1896-1898: le général britannique Kitchener récupère à la tête de troupes anglo-égyptiennes le Soudan. Le
corps expéditionnaire de Kitchener se heurte aux ambitions coloniales françaises (mission Marchand) à
Fachoda au Soudan en 1898. Les Anglais sont dans une dynamique nord-sud alors que la poussée française
vient de l’ouest. L’échec italien en Ethiopie écarte une menace de l’est. La crise est diplomatique : l’opinion
britannique très nationaliste (« jingoïsme »49est le nom que l’on donne à ce courant nationaliste) fait pression
sur le gouvernement pour maintenir les positions contre les Français. Le ministre des Affaires étrangères
français Delcassé, est convaincu de la nécessité de reculer pour éviter une guerre hasardeuse contre les
Britanniques (les Français craignent un rapprochement germano-britannique), ce qui est perçu comme une
défaite par leur propre opinion. La souveraineté britannique est reconnue sur la région du Haut-Nil:
1897 : guerre entre la Grèce et l’Empire ottoman dite « des Trente jours ». Insurrection crétoise pour demander
le rattachement50 à la Grèce. Offensive grecque en Crète mais les Grecs doivent se replier sous la pression des
grandes puissances (Allemands, Britanniques, Russes, Français, Italiens et Austro-Hongrois) qui envoient des
navires pour garantir la sécurité de l’Empire ottoman.). Les combats se déroulent aussi sur le continent en Epire
et en Thessalie. Finalement les Grecs sont vaincus et le sultan, sous la pression occidentale, propose un
armistice qui se traduit par une rectification des frontières à son profit en Europe balkanique et une très
importante indemnité de guerre versée par la Grèce déjà en faillite. Cette indemnité, réglée grâce aux grandes
puissance,s renforce le contrôle des Européens sur leur territoire. La Crète obtient son autonomie.
1899 -1903. Développement du projet du chemin de fer Bagdad-Berlin51 (le Bagdadbahn) : ce projet doit
permettre aux Ottomans d’échapper à la mainmise française et donner un débouché intéressant à l’industrie
allemande. Il s’agissait de développer le chemin de fer entre les villes de Konya (en Anatolie), déjà reliée à
Istanbul dès 1896, et Bagdad (en Mésopotamie). Le projet allemand (choisi par des projets européens
concurrents) financé entre autres par la Deutschebank est retenu. Les travaux débutent en 1903 et durent
jusqu’en 1940. En fait l’accord total des grandes puissances à la réalisation de ce chemin de fer n’est obtenu
finalement qu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Ce chemin de fer joue un rôle politique (scelle un
rapprochement germano-turc d’autant que la découverte de pétrole en Mésopotamie rend cette région
intéressante) et tactique (circulation des troupes turques facilitées…).
1900 : Mustapha Kamil en Egypte fonde le Parti national assez proche des idées d’Al Urabi : en rejetant
l’influence étrangère sans rejeter la suzeraineté turque. Pour lui, ce qui compte avant, tout c’est la solidarité du
peuple égyptien (et donc cela prend en compte les chrétiens égyptiens, les coptes, qui sont en Egypte depuis
l’époque préislamique). Cette idée de nation égyptienne prévaut d’ailleurs sur l’unité panislamique qu’elle
n’élimine pas : Lufti Al-Saïd, journaliste, et le chef de l’opposition Saad Zahgoul, vice président de l’Assemblée
consultative, insistent sur cette composante nationale52 qui doit unir coptes et musulmans en Egypte.
49
50
D’après les paroles d’une chanson nationaliste anglaise de l’époque.
C’est ce que l’on appelle l’ « irrédentisme » : revendication de nationalistes pour réclamer un territoire appartenant à un autre Etat mais
considéré comme ayant jadis fait partie de leur Etat ou étant peuplé de groupes ethniques ou religieux qu’ils considèrent faisant partie de
leur peuple.
51
Guillaume II « Hadj Guillaume » dit la propagande, se présente comme « l’ami des trois cent millions de musulmans » et insiste sur le fait
que le sultan est calife donc chef des croyants.
52
Le mot arabe désignant la patrie est watan
12
•Début du mouvement national tunisien qui agite le protectorat : Les Jeunes Tunisiens, mouvement nationaliste
et laïc53,sont dirigés par des cadres tunisiens ayant suivi des études de haut niveau, en France, par exemple
Abdeljélil Zaouche (1873-1947), issu de la grande bourgeoisie tunisienne, suit des études à l’université de
Paris (en droit) et à l’Institut d’Etudes politiques ; il entame une carrière d’homme d’affaire (minoterie) et
d’homme politique : selon lui l’administration et le secteur économique (donc l’éducation) doivent être
développés à l’image de ce qui se fait en Europe. La presse est utilisée, la demande politique est fondée sur des
revendications libérales et démocratiques : les nationalistes réclament une constitution par exemple. Les
options en matière religieuse sont nettement panislamiques. Le pouvoir français est partagé entre la volonté de
soutenir ces mouvements (ils sont laïcs, ouverts au progrès à l’éducation, ils sont en lien avec la classe politique
française…) ou de les réprimer (ils organisent ou accompagnent les grands mouvements de protestations du
début du siècle). Parmi ces grands mouvements de contestations on peut retenir les grèves de l’université de la
Zitouna en 1909 (les étudiants réclament une modernisation de l’enseignement), les émeutes du Djellaz en
1911 (la municipalité de Tunis a voulu faire enregistrer le terrain d’un cimetière traditionnel auprès de
l’administration pour l’acheter : les habitants ont eu peur que ce cimetière soit détruit ou profané ; les erreurs
de communications de la municipalité entraînent un déchaînement d’émeutes sanglantes durement matées) et
enfin , conséquence indirecte du problème précédent (l’atmosphère de Tunis était très tendue), le boycott par la
population des tramways tunisois (1912) : un enfant est tué par un tram conduit par un Italien : aussitôt une
campagne anti italienne se déchaîne et les nationalistes réclament le recrutement de conducteurs tunisiens. Le
gouvernement, pour faire cesser le boycott, réprime et exile les Jeunes-Tunisiens.
1902 Accord franco italien :l’Italie s’engage à rester neutre en cas d’attaque allemande contre la France et les
deux pays se partage leurs zone d’influence en Afrique du nord : le Maroc fait partie de la zone d’influence
française et la Cyrénaïque et la Tripolitaine de la zone d’influence italienne.
1904 : accord franco-britannique qui liquide les différends coloniaux malgré le contentieux hérité de
Fachoda.54 Le rapprochement franco-britannique reconnaît le Soudan comme relevant de la zone d’influence
britannique et le Maroc de la sphère d’influence française. Désormais les Français ont sur l’Egypte une
« influence » qui emprunte les voies des institutions culturelles, ils cessent de s’opposer aux Anglais localement,
mais restent de gros investisseurs (les premiers en 1914) en Egypte et jouent un rôle culturel de premier plan
notamment dans la formation des élites.
1905 : Depuis le début du siècle la situation du Maroc a changé : la France a préparé son intervention
diplomatiquement (accord avec le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne avec laquelle un accord secret découpe
des zones d’influence). La faiblesse du sultan marocain Moulay Abd El-Aziz (1894-1908) dont le pouvoir est
très contesté, un très gros emprunt contracté auprès de la France et garanti par le produit des douanes
marocaines, le contrôle du Sahara par les Français, reconnu par le Maroc et les tensions frontalières entre la
colonie française d’Algérie et le Maroc sont autant d’éléments facilitant et justifiant une intervention : le Maroc
a déjà été contraint de signer avec la France des accords laissant la gestion de sa frontière aux Français. Les
Allemands voient cela d’un très mauvais œil : l’arrivée de l’empereur Guillaume II à Tanger (au Maroc) où il
fait un discours où il défend la « liberté » et la « souveraineté » du Maroc remet conduit à une crise entre
53
Ils s’inspirent du réformateur Kheireddine Pacha (1822-1890) qui a joué un rôle auprès de Sadok Bey dans le développement de la
Tunisie mais y a rencontré de très grandes difficultés, puis a été appelé par le Sultan comme vizir, preuve de son influence. Ils s’inspirent
aussi et plus directement de Bechir Sfar (1856-1917) qu’ils côtoient. Bechir Sfar est ingénieur formé en France, un réformateur et un
administrateur. Il est également le fondateur de la Khaldounia, première école tournée vers l’enseignement moderne (géographie, hygiène,
mathématiques). Cette école, soutenue par la France, est laïque, publique et gratuite ; elle diffuse une revue.
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L’anglophobie de l’opinion avait été renforcée par la guerre des Anglais contre les colons sud-africains (Guerres des Boers) (1880-1881
et 1899-1902). Cependant la crainte d’une rivalité commerciale et maritime allemande avait conduit les Britanniques à se chercher un
appui auprès des Français. L’hostilité envers les Allemands, le rôle du roi Edward VII reçu en visite en France firent beaucoup de leur côté
pour faire évoluer la position française.
13
France et Allemagne. Guillaume II met en fait à profit l’absence des Russes en Méditerranée : la guerre russojaponaise de 1904-1905 a considérablement affaibli l’empire russe. Le sultan du Maroc, rassuré , réclame une
conférence internationale sur le sort du Maroc ; cet échec diplomatique pour la France entraîne la chute du
ministre Delcassé. La conférence se tient à Algésiras en Espagne et réunit onze pays européens, le Maroc et les
Etats-Unis. En fait c’est une victoire diplomatique pour la France qui voit ses alliances renforcées (grâce à sa
préparation diplomatique) : elle obtient que la police des ports marocains soit confiée aux Français et aux
Espagnols et d’avoir une position privilégiée dans la nouvelle banque d’Etat créée au Maroc. Cependant elle
échoue à établir son protectorat.
1906 le Comité ottoman de la liberté qui regroupe intellectuels progressistes turcs et officiers(les « Jeunes
Turcs ») naît à Salonique. Devenu le Comité Union et Progrès, et étendu à des intellectuels en exil, il réclame le
rétablissement de la constitution de 1876. Le sultan envoie des troupes pour arrêter les chefs principaux mais
c’est un échec : les troupes rallient les rebelles en 1908. Le sultan feint alors de se rendre à leurs idées, il
accepte la constitution, renvoie ses conseillers et appelle au pouvoir les Jeunes-Turcs. L’année suivante (1909),
en s’appuyant sur une contre –révolution à base islamique (les Jeunes-Turcs, qui sont soutenus par un
ensemble de libéraux non musulmans : Juifs, Arméniens, sont accusés de corrompre le pays) le sultan essaie de
récupérer son pouvoir en vain. Les Jeunes-Turcs bien qu’ils aient dans un premier temps perdu Istanbul (la
garnison s’est mutinée contre eux) reprennent le pouvoir appuyés sur l’armée de Macédoine. Ils déposent le
sultan et le remplacent par son frère Mehmed V; avant dernier sultan de l’histoire, qui n’a en fait aucun
pouvoir et règne jusqu’en 1918. L’Empire devient une monarchie constitutionnelle.
•En fait contrairement aux attentes, le gouvernement Jeune-Turc, très apprécié par les minorités au départ et
quoi que soucieux de moderniser technologiquement le pays, subit une série de défaites militaires. Très
germanophile, Enver Pacha, ministre de la guerre est l’homme fort de ce régime entraîne l’Empire dans la
Première Guerre mondiale et durcit le nationalisme devant la situation militaire désastreuse.
1908 : Annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche-Hongrie qui souhaite contrôler plus étroitement
l’agitation politique des Slaves du sud : en effet la Serbie, le Monténégro ne font pas mystère de leur volonté de
s’unir et de rallier autour d’eux les Slaves de la région (y compris ceux qui sont sous administration austrohongroise).
•Proclamation de l’indépendance totale de la Bulgarie. Ces deux évènements qui montrent l’affaiblissement du
pouvoir ottoman et le manque de réaction occidentale décident les Crétois à proclamer l’Enosis.
(« l’unification »)
1911 : La conférence d’Algésiras n’a pas réglé définitivement le problème marocain. L’Allemagne 55 reste
vigilante et la France souhaite y intervenir : le prétexte en est donné par la faiblesse politique du sultan. Un
nouveau sultan supposé plus hostile aux Français Moulay Hafid a pris la place du précédent, déposé. Pourtant
lorsqu’il se heurte à une rébellion de tribus proche de Fès, il appelle au secours les troupes françaises. Les
Allemands réagissent en envoyant un vaisseau de guerre (la canonnière Panther qui revenait de leurs colonies
d’Afrique) dans le port d’Agadir56 (Maroc) dans le but de sauvegarder l’indépendance marocaine contre une
mainmise française. En fait il s’agit surtout pour les Allemands d’obtenir un gage de négociation : de fait la
négociation est très tendue (les Allemands demandent en échange de leur abandon du Maroc le Congo 57). Les
55
Une affaire dite des « déserteurs de la Légion étrangère » avait déjà envenimé les relations franco allemandes au Maroc. Des déserteurs
de la Légion étrangère (dont certains étaient allemands et donc servaient comme volontaire étrangers dans l’armée française) avaient reçu
l’aide du consul allemand de Casablanca au Maroc et s’étaient fait arrêter par l’armée française alors qu’ils étaient sous escorte consulaire.
Cette question avait été résolue par un arbitrage international à la Haye et s’était soldé par des excuses réciproques et la condamnation des
déserteurs.
56
57
L’opération est restée dans l’histoire sous le nom de « coup d’Agadir »
Ne pas confondre le Congo colonie française (aujourd’hui Congo-Brazzaville) et le Congo belge beaucoup plus vaste (aujourd’hui RDC)
14
Britanniques désormais alliés des Français (Entente cordiale) les soutiennent58. La crise est résolue par un
accord : la France garde les mains libres au Maroc en échange de territoires en Afrique subsaharienne laissés à
l’Allemagne : une partie du Congo et un petit territoire au nord du Cameroun (le « bec de canard ») territoires
qui permettent aux Allemands d’étendre leurs colonies en Afrique. En fait l’aventure coloniale allemande
prend fin avec la perte de leurs colonies après la Première Guerre mondiale. La France impose alors en 1912
au Maroc son protectorat à peu près sur les mêmes bases qu’en Tunisie. Le Commissaire résident général dirige
l’administration, tient lieu de ministre des affaires étrangères du sultan et doit confirmer les décisions de ce
dernier. Le premier est Lyautey. La seule limite à l’influence française est le Rif qui est une zone d’influence
espagnole. Néanmoins la pacification est loin d’être terminée : elle ne le fut qu’après la guerre du Rif (19211926)
1911-1912 : conquête de la Tripolitaine par les Italiens sur l’Empire ottoman. Les Italiens qui se sont assurés
d’un réseau d’alliance réclament le droit d’intervenir en Tripolitaine et Cyrénaïque, provinces ottomanes.
Devant le refus de la Sublime Porte, l’Italie déclare la guerre et remporte une facile victoire qui a pour
conséquence de réveiller le nationalisme des Balkans en montrant l’Empire ottoman incapable de se défendre.
Si la côte des provinces africaines est conquise facilement, l’intérieur défendu par Enver Pacha échappe à leurs
troupes. De fait, les Italiens s’étant emparé de Tripoli, attaquent les Ottomans en mer Egée et s’emparent d’îles :
Rhodes, le Dodécanèse. Finalement, l’Empire, pris dans la guerre des Balkans reconnaît sa défaite par le traité
de Lausanne 1912.
1912-1913 : Guerres balkaniques. Dès 1911, les petits Etats chrétiens indépendants (Serbe, Monténégro, Grèce
et Bulgarie) s’entendent par une série d’accords secrets pour attaquer l’Empire. De plus la révolution jeuneturque n’a pas amélioré la situation des chrétiens dans l’Empire. De plus la Russie est à nouveau influente et
espère utiliser ces petits Etats pour rétablir son influence sur les détroits. En 1912, les Etats des Balkans
attaquent l’Empire. Les grandes puissances espèrent contenir la guerre (il ne s’agit pas de détruire l’Empire
ottoman) et parviennent à imposer un armistice qu’accepte l’Empire ottoman en mauvaise posture. Une double
conférence s’organise à Londres pour fixer le statut des Balkans et partager les conquêtes entre vainqueurs. En
fait la guerre reprend rapidement du fait du retour au pouvoir d’Enver Pacha qui refuse la défaite (il est rétabli
par une révolution de palais). Au bout de trois mois en avril 1913, les Ottomans pourtant acceptent leur
défaite, les Austro-Hongrois ayant activement œuvré pour terminer la guerre et craignant, comme les Russes,
un trop fort déséquilibre dans les Balkans même à l’avantage de leur allié Bulgare (voir la crise de 1885).
• La crise reprend en mai 1913 cette fois entre Etats balkaniques sur la question du partage des territoires : la
Bulgarie qui est l’Etat le plus puissant et le principal vainqueur réclame l’intégralité de la Macédoine. Les
Serbes et Grecs s’entendent alors contre elle. Ils sont appuyés par les Roumains, jusque là restés neutres et
même par les Ottomans, ce qui constitue un renversement d’alliance spectaculaire. La Bulgarie est rapidement
vaincue (début juillet) : l’Autriche-Hongrie ne vient pas à son secours, étant tenue par les pressions de ses alliés
italiens (qui veulent préserver leur influence dans les Balkans) et Allemands (alliés des Ottomans). Le
règlement final (traité de Bucarest en août 1913) fait perdre à la Turquie presque tous ses territoires
européens (sauf la Thrace orientale et Constantinople) : la Serbie et le Monténégro (qui ont désormais une
frontière commune avec l’absorption du Sandjak de Novi-Pazar), la Roumanie, la Bulgarie (qui a pour la
première fois une ouverture sur la mer Egée), la Grèce (qui récupère principalement Salonique) se partagent
les territoires. Une Albanie59* indépendante, sous le protectorat de l’Autriche-Hongrie et de l’Italie, est créée.
1913 congrès arabe qui se tient à Paris à la Société de Géographie et réaffirme l’importance de la langue arabe
come vecteur d’unité (plus que le territoire ou la religion)
58
« La paix à tout prix est une formule inacceptable pour un grand pays » dit Lloyd Georges, chancelier de l’Echiquier (c’est-à-dire
ministre des Finances britanniques)
59
En fait le jeune royaume sans puissance militaire est envahi par les différents belligérants au cours de la guerre.
15
1914 : la cause directe de la Première Guerre mondiale est liée au problème balkanique qui a déterminé la
mise en œuvre des alliances débouchant sur une guerre générale. En fait, si le problème turc est réglé dans les
Balkans, les tensions viennent désormais du dernier empire multi ethnique : l’Autriche Hongrie. Cet empire qui
prétend exercer une influence sur la région (allié bulgare) est une puissance qui sur son territoire possède des
groupes nationaux (Serbes, Roumains, Italiens) qui se revendiquent de pays indépendants (irrédentisme). Le
problème est venu de l’attitude austro-hongroise qui entend régler les problèmes de ses minorités en mettant
au pas les pays voisins qui les revendiquent : en clair un règlement du problème de la minorité serbe de
l’Empire passe par une mise au pas de la Serbie indépendante. Déjà en 1908, l’Autriche –Hongrie avait annexé
la Bosnie-Herzégovine qu’elle occupait. En visite dans cette province à Sarajevo, l’héritier du trône austrohongrois François Ferdinand est assassiné par un étudiant serbe le 28 juin 1914. Les Austro-Hongrois
prétendent alors enquêter directement en Serbie : la Serbie refuse et en appelle à l’aide russe. L’Allemagne
soutient son allié austro hongrois et la France son allié russe. Le Royaume-Uni rentre en guerre un peu plus
tard dans l’année du fait de l’agression allemande sur la Belgique neutre. L’Empire ottoman déclare la guerre
aux Alliés. Les Britanniques estimant l’Egypte menacée déposent le khédive trop anti-anglais, le remplacent par
un sultan (l’idée est de montrer en changeant le nom du régime l’indépendance du pays par rapport à l’Empire
ottoman) Hussein Kamil60, oncle du précédent khédive. Ils imposent un protectorat ainsi que la présence d’un
Haut commissaire.
• Les troupes indigènes composées de non citoyens d’Afrique du Nord ainsi que les citoyens français originaire
de ces territoires (mobilisés dans des troupes « coloniales » à ne pas confondre avec les « troupes indigènes »)
combattent en France mais aussi à partir de 1915 en Orient, voire sur place dans des opérations de maintien
de l’ordre (au Maroc contre les rebellions)
1914-1915 : offensive russe dans l’Empire ottoman (Arménie). Reconquête turque. Génocide arménien en
Anatolie mais aussi envers les élites bien intégrées d’Istanbul. Ce génocide (à relier avec la crainte d’une
offensive russe que les Arméniens sont soupçonnés d’aider) illustre la montée d’un nationalisme turc
spécifique (dimension de « purification ethnique »)
1915 : entrée en guerre de l’Italie aux côtés des Alliés après avoir hésité. Son souhait, d’obtenir, après la
victoire, des gains territoriaux sur l’empire austro-hongrois.
• Bataille des Dardanelles (échec des Alliés) : l’objectif était de forcer les Détroits et de s’emparer de
Constantinople (donnée à la Russie) car les Alliés envisageaient clairement de dépecer l’Empire ottoman. Or la
position ottomane, très bien défendue par le général Mustafa Kemal ne tombe pas. Devant l’échec des •
Dardanelles les Alliés cherchent un point de repli et se tournent vers la Grèce. Celle-ci est partagée entre son
roi Constantin Ier fils du précédent (favorable aux Allemands) et son premier ministre, Venizélos, (favorable
aux Alliés) c’est le « schisme national ». Le Premier ministre accorde aux troupes alliées l’autorisation de
débarquer à Salonique. L’objectif pour les Alliés est alors de traverser le pays, neutre, pour soutenir les Serbes
en guerre contre les Austro-Hongrois. En fait ce débarquement est trop tardif. Les Serbes sont vaincus et même
si la Serbie envahie ne capitule pas, seuls les débris de l’armé serbe parviennent finalement à Salonique dont ne
part pas finalement l’armée alliée. Soutenu par les Alliés, Venizélos crée un Comité de Défense National (une
sorte de gouvernement indépendant en fait) à Salonique en 1916 : la Grèce semble au bord de la guerre civile
car le roi et ses partisans s’opposent à Venizélos (ils refusent de rentrer en guerre aux côté des Alliés).
Finalement le roi abdique en faveur de l’un de ses fils, Alexandre. Les tenants des Alliés ont gagné. Les Grecs
rentrent dans la guerre en juin 1917.
60
Il était le fils d’un précédent khédive Ismaïl Pacha (1863-1869). Lorsqu’il mourut en 1917 ce fut son frère Ahmed Fouad qui le
remplaça.
16
1916 Accord Sykes-Picot : prévoit le partage du Proche_Orient ottoman entre le Royaume-Uni et la France (ce
qui évidemment met un terme à la possibilité d’Etats arabes indépendants).
• Dans le même temps, les Britanniques appuient une révolte arabe contre les Ottomans, dirigée par Fayçal Ibn
Hussein, fils du chérif (c’est-à-dire le gardien des Lieux Saints) de la Mecque, Hussein ben Ali, qui est l’un des
premiers théoriciens du panarabisme. L’un des chefs de cette révolte est un officier anglais : Lawrence
surnommé « Lawrence d’Arabie ». Jaffa et Jérusalem sont prises en 1917 et Damas en 1918. La révolte se veut
alors clairement arabe et unit chrétien et musulmans. Elle est également soutenue des Juifs du Proche-Orient
qui y voient un moyen de se dégager de l’influence ottomane.
•Les Roumains qui sont restés neutres jusqu’alors déclarent la guerre aux Austro-Hongrois (veulent une
rectification de leurs frontières) car ils pensent que l’offensive du général russe Broussilov doit être couronnée
de succès et que le moment est idéal pour entrer en guerre ; mais battus, privé du soutien russe (les Russes se
retirent du conflit après la Révolution d’Octobre 1917 et signent un armistice en mars 1918 ), les Roumains
signent un armistice en décembre 1917 puis le traité de Bucarest (mai 1918) par lequel ils acceptent des pertes
territoriales. En fait le renversement du cours de la guerre permet aux Roumains de reprendre les hostilités en
dénonçant le traité et de bénéficier de la victoire de novembre 1918.
1917 Déclaration Balfour : les Anglais promettent (dans le cadre de leur offensive contre les Ottomans et de
leur stratégie d’appui aux nationalismes locaux contre le sultan) l’installation d’un foyer national juif en
Palestine où les Juifs ont commencé à se réinstaller depuis la fin du XIX siècle (l’Organisation sioniste mondiale
est fondée en 1897), rejoignant d’autres communautés juives qui étaient restées dans la région. Il s’agit aussi
d’un signe fort adressé aux Juifs américains pour les décider à appuyer une entrée en guerre des Etats-Unis.
Cette déclaration est assez contradictoire avec les objectifs de la révolte arabe.
1918 : agitation en Egypte pour réclamer l’indépendance. Répression britannique. L’agitation dure jusqu’à
l’octroi de l’indépendance en 1922 par laquelle l’Egypte devient un royaume indépendant.
L’Empire ottoman reconnaît la perte du Proche-Orient par l’armistice de Moudros mais sauve sa frontière sur
le Caucase
•. L’armée d’Orient bloquée à Salonique depuis 1915 est réduite 61 à des opérations limitées et est épuisée par
les mauvaises conditions d’hygiène (épidémies,…) : l’entrée en guerre des Grecs en juin 1917 n’a pas changé la
donne. L’effondrement roumain et russe, les hésitations italiennes et britanniques empêchent toute offensive
d’envergure. En fait l’objectif de ce front est de fixer le maximum d’unités ennemies pour soulager le secteur
vital de la France. L’aggravation de la situation des troupes turques ou allemandes sur les autres fronts conduit
les états-majors des Empires centraux à dégarnir ce front à l’été 1918. L’armée d’Orient qui n’a plus guère que
des troupes bulgares, face à elle démarre alors une offensive foudroyante en septembre 1918 qui entraîne les
capitulations en chaîne de la Bulgarie (29 septembre) ; de l’Empire ottoman (le 30 octobre), de l’Autriche (le 3
novembre) et de la Hongrie62 le 13. Les Allemands de leur côté vaincus en France capitulent le 11 novembre..
• Une série d’armistices fin 1918, qui terminent la Grande Guerre en Méditerranée.. Les traités63 qui les suivent
remodèlent considérablement la situation stratégique de cette partie du monde et sont bien plus durs que ce à
quoi s’attendaient les Empires centraux qui sont démantelés au nom du droit des peuples à disposer d’euxmêmes (qui sont l’un des « 14 points » défendus par le président américain Wilson pour servir de base aux
traités de l’après-guerre). La carte de l’Europe centrale est profondément modifiée en 1919-1920 : l’Autriche
et la Hongrie sont deux Etats très réduits, les Etats slaves sont regroupés dans un seul Etat supposé faire alliance
de revers avec les Alliés contre Allemands et Autrichiens : la Yougoslavie. Les anciens alliés grecs, roumains
bénéficient d’améliorations territoriales au détriment de la Bulgarie et de l’Autriche-Hongrie. Les Italiens n’ont
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62
63
Clemenceau les surnomme cruellement « les jardiniers de Salonique ».
L’Autriche-Hongrie est en fait l’association de deux royaumes ayant un seul et même souverain, ce qui explique la double capitulation.
C'est-à-dire le traité de St-Germain en Laye et de Trianon (1919) pour l ’Autriche et la Hongrie, de Neuilly pour la Bulgarie. (en 1919
également)
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guère obtenu de gains (ce qui alimente le thème de la « victoire volée ») mais ce redécoupage est source de
frustrations (si les minorités se sont réduites du fait de la recomposition des Etats elles n’ont pas toutes obtenu
gain de cause : les Croates se retrouvent ainsi soumis aux Serbes dans la nouvelle Yougoslavie) et le traité
imposé à l’Empire ottoman (traité de Sèvres 11 août 1920) est plus dur que les conditions d’armistice prévues
notamment pour les territoires orientaux (création d’une grande Arménie et d’un Kurdistan autonome) ce qui
entraîne une révolution dirigée par Mustafa Kemal, qui refuse la défaite, renverse le pouvoir impérial,
proclame la république et mène une guerre contre les Grecs et Russes pour essayer de reconquérir le territoire
perdu.
•La guerre est également un signal d’ébranlement de la force des puissances coloniales et le début des
revendications fondées sur la reconnaissance de la participation des colonies à l’effort de guerre..
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