1
LA MEDITERRANEE DE 1797 A 1918.
1797 Fin de la république de Venise prise par les troupes républicaines françaises. Napoléon Bonaparte se pose
en libérateur et en réformateur (fin du
Ghetto
de Venise). Les années suivantes voient la création de
« républiques sœurs » de la République française (romaine, parthénopéenne et toscane). Ces victoires font
d’ailleurs de la France du Directoire
1
, une puissance voisine de l’Empire ottoman.
1798-1801 : expédition d’Egypte. Les troupes françaises débarquent en Egypte
2
, dirigées par le général
Bonaparte. Le but est de perturber le commerce des Britanniques, invincibles sur mer. Les Français ont en effet
réussi à vaincre leurs ennemis continentaux (paix de Campo-Formio en 1797) et les Britanniques, seuls
adversaires subsistants sont aux prises avec la révolte de Tippu Sahib (1750-1799) aux Indes. L’Egypte est une
province du vaste Empire ottoman conquise en 1517 et dirigée par un pacha nommé annuellement par le
sultan. Cette province est en fait affaiblie par les révoltes régulières des mamelouks
3
. Les buts de l’expédition,
préparée en grand secret, sont multiples : géopolitiques, politiques moderniser » l’Egypte en la réformant
conformément aux idéaux républicains, Bonaparte n’hésitant pas à jouer la carte « anticatholique » ce qui est
assez habituel à l’époque) mais aussi scientifiques. De fait l’expédition en plus des difficultés (ravitaillement,
épidémie de peste) doit affronter quatre ennemis : les mamelouks (écrasés à la bataille des Pyramides en juillet
1798), l’hostilité de la population (révolte du Caire en octobre 1798, assassinat en 1800 du général Kléber qui
avait remplacé Bonaparte), les Turcs qui viennent au secours de la province d’Egypte
4
( battus par Bonaparte
en Syrie puis lors de leur tentative de débarquement en Egypte à la seconde bataille d’Aboukir en 1799, puis
par Kléber lors de la bataille d’Héliopolis en mars 1800) et bien sûr les Anglais qui en détruisant la flotte
française en rade d’Aboukir dès le début de la campagne ( août 1798) emprisonnent l’armée française dans sa
conquête et interdisent son ravitaillement ou son évacuation. En fait, Bonaparte préoccupé par la situation en
France parvient à quitter l’Egypte en août 1799 (soit au bout d’un an de campagne) en laissant la situation
dans les mains de son aide de camp Kléber. L’aventure égyptienne de l’armée française dure encore deux
années : le général Kléber parvient à consolider la situation militaire et développe une tentative de colonisation
du pays mais assassiné, il est remplacé par le général Menou qui finit par négocier le départ et l’évacuation de
l’armée française avec les Anglais qui rapatrient vers la France ce qui reste du corps expéditionnaire français.
Parmi les nombreuses conséquences de l’expédition, on peut citer la
Nahda
(Renaissance) vaste mouvement
intellectuel qui parcourt l’ensemble du monde ottoman : elle débute par une prise du conscience du retard
1
Rappel : la période républicaine de la Révolution française débute en septembre 1792 et s’achève en mai 1804 avec la Constitution de
l’an XIII qui crée l’Empire. Cette période républicaine voit se succéder trois régimes très différents : la Convention jusqu’en août 1795, puis
le Directoire renversé par le coup d’Etat de Napoléon Bonaparte, 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). A partir de cette date le
régime du Consulat permet à Napoléon Bonaparte (officiellement Premier Consul) d’exercer un pouvoir personnel.
2
Les Français sont influents commercialement en Méditerranée au XVII-XVIII siècle même si ce commerce a décliné au cours du XVIII
siècle alors que cette mer est plutôt délaissée par les Anglais qui veloppent le commerce atlantique. Ils néficient de capitulations
accordées par l’Empire ottoman : ce sont diverses conventions qui réglementent les échanges et le statut des commerçants étrangers et
spécialement non musulmans dans l’Empire. Les commerçants et étrangers sont placés sous l’autorité d’un consul de leur nation qui les
contrôle étroitement (leur implantation est très réglementée). Ils échappent ainsi à la juridiction de l’Empire ottoman et vivent à l’écart. Les
capitulations datent du XVI siècle (accord entre François Ier et le sultan) et ont ensuite été étendues à d’autres Etats mais la France garde
une préséance du fait de son ancienneté : le sultan considère qu’elle peut faire bénéficier de ses capitulations des étrangers appartenant à
des Etats qui n’ont pas de capitulations. C’est ainsi que les Français se retrouvent protecteurs des catholiques de rites latin (qui dépendent
de Rome). Cette protection est officialisée après la conférence de Berlin en 1878. Le sultan a également renoncé à une partie de sa
souveraineté sur certains ports ou villes (« les Echelles du Levant ») où ils sont implantés : Alexandrie, Constantinople, Smyrne…Les
capitulations sont donc vues par les nationalistes turcs comme un abandon des prérogatives de l’Etat face aux étrangers.
3
Soldats de métiers recrutés originellement parmi des esclaves formant une troupe d’élite comparables aux prétoriens à Rome qui se
révoltait régulièrement et dont le chef qui avait reçu du sultan le titre de Bey était un chef politique puissant avec lequel le pacha devait
compter. Les Français prétendent d’ailleurs « rétablir l’ordre » en Egypte en lien avec le sultan, ce qui est l’un des prétextes de l’expédition.
Certains mamelouks se sont d’ailleurs ralliés aux Français et il y a eu des mamelouks dans l’armée impériale française.
4
En fait les seules victoires militaires des Turcs sont des défenses victorieuses de villes et forteresses (Saint-Jean d’Acre, Damas) qui limitent
d’ailleurs la progression de l’armée française et l’obligent à rester en Egypte.
2
technique des Orientaux, et une découverte (voyages, traductions,) des avancées occidentales. L’instruction
(langues, écoles) et la diffusion des connaissances (l’Egypte a son premier journal en 1828) sont
fondamentales. Cela passe par un retour à l’islam et aux textes qui doivent être réinterprétés à la lumière de la
raison. Le progrès technique est vu comme conforme à la pensée religieuse : il n’y a pas d’antagonisme entre
eux. Parmi les noms célèbres il faut retenir celui de l’Egyptien Rifa’a Al-Tahtawi (1801-1873) qui oeuvra avec
le pouvoir égyptien (fondateur d’une école de langue, directeur de journal, réformateur de l’école militaire),
Sur le plan religieux le théologien le plus important est le persan Jamal Al-Dyin Al-Afghani (1837-1898), qui
circule en Europe, et dans tout l’Empire ottoman. Ce théologien insiste sur la solidarité panislamique face aux
Occidentaux ainsi que sur les idées libérales (nécessité de constitution). Sur le plan politique la Renaissance
critique les régimes autocratiques immobiles causes du retard et un mouvement favorable aux réformes se
développe. Dans l’Empire, trois idées politiques quelquefois contradictoires liées à ce courant se propagent :le
désir d’une alliance islamique qui gommerait les différences entre Turcs et Arabes, la volonté de créer une
alliance arabe allant au-delà des clivages religieux : par exemple l’un des grands penseurs de la Renaissance
est Boutros al-Boustani maronite
5
converti au protestantisme qui développe un nationalisme syrien ( il est
fondateur d’une école nationale en 1863), et enfin une redécouverte d’un nationalisme local qui se structure
politiquement à la faveur de la diffusion de la pensée libérale (droits des peuples…).
1803 : Les Britanniques quittent l’Egypte laissant sur place une situation confuse.
1804-1817 Révoltes des Serbes. Première révolte de la Serbie contre l’Empire ottoman (1804-1813). Les Russes
la soutiennent activement à partir du moment la France se rapproche de la Sublime Porte. Le Sultan ferme
les Détroits aux navires russes ce qui déclenche une guerre russo-turque
6
en 1806. Les Britanniques appuient
les Russes, prennent Alexandrie sans pourtant parvenir à reprendre le contrôle de l’Egypte mais échouent
devant Constantinople. La paix de Tilsit apaise la situation entre Français et Russes en 1807. Pour se libérer de
la guerre contre les Turcs (car elle craint que la France ne rompe la paix) la Russie signe le traité de Bucarest
avec l’Empire ottoman
7
en obtenant la Bessarabie et une autonomie interne pour la Serbie en 1812. En fait les
Serbes déçus poursuivent leur révolte et sont vaincus en 1813. La dureté de la répression entraîne une seconde
révolte (1815-1817) par laquelle les Serbes proclament leur autonomie de fait , qui n’est reconnue par les
Ottomans qu’en 1829 au traité d’Andrinople, voir plus bas.
1803-1822 : révolte d’Ali
8
, pacha de Jenine (en Epire). Ce gouverneur de l’Epire se rapproche des Occidentaux
et s’appuie sur les Grecs pour proclamer son indépendance vis-à-vis de Constantinople. Il trahit ensuite
l’alliance grecque pour essayer de se rapprocher du sultan. En vain : il est assiégé et tué par les Ottomans.
1805. hémet-Ali s’empare du pouvoir en Egypte. Cet officier ottoman d’origine albanaise qui a lutté contre
les Français, obtient de la Sublime Porte
9
sa reconnaissance en tant que pacha en s’appuyant sur la population
et les ulémas
10
qui contestent le pouvoir des mameluks. Pour asseoir son autorité, il fait massacrer les
5
Il s’agit d’une des nombreuses Eglises chrétiennes d’Orient indépendantes. Depuis les Croisades, bien qu’étant restés indépendants, les
maronites sont très proches de l’Eglise catholique.
6
La huitième de leur histoire….
7
Rappel : les populations des Balkans (conquis par les Turcs au XVI siècle) sont en grande majorité des chrétiens orthodoxes comme le sont
les Russes qui de fait se considèrent comme leurs protecteurs et y voient un moyen d’étendre leur influence géopolitique notamment
contre l’Empire ottoman (musulman) et l’Empire autrichien voisin (catholique).
8
Ne pas confondre avec Méhémet Ali Pacha !
9
Surnom donné au gouvernement de l’Empire ottoman.
10
Ou «
oulémas
»,théologiens sunnites. Rappel : il y a deux principales branches de croyants en Islam, les « sunnites » très majoritaires
(auxquels appartiennent la majorité des Ottomans et Arabes) et les chiites (que l’on trouve principalement en Perse mais également sous
forme de minorités au Proche-Orient). La différence entre ces deux branches s’est faite au VII siècle entre ceux qui pensaient que le chef
des musulmans (le calife) devait être obligatoirement pris dans la famille du Prophète (les chiites : le mot a pour signification « partisans
d’Ali » qui était le cousin et gendre de Mahomet) et ceux qui pensaient que l’on pouvait faire d’autres choix (les sunnites : qui obéissent à
3
mamelouks (1811) qui se sont révoltés contre lui en 1805. Il repousse l’attaque britannique de 1807 (voir plus
haut). Il se veut un modernisateur du pays (notamment sa flotte et son armée qu’il réorganise avec des
conseillers militaires français
11
). Il étend l’autorité de l’Egypte sur le Soudan voisin (1820-1822).
Fin de la puissance navale française avec la défaite de Trafalgar contre les Anglais. Par contre jusqu’en 1815
forte influence continentale française : les souverains d’Espagne (Joseph frère de Napoléon Ier) et de Naples
(Murat, l’un de ses généraux) ainsi que le gouvernement des provinces illyriennes sont pro français.
1807*Le sultan très affaibli par les révoltes des provinces et qui a mécontenté les janissaires
12
en créant un
nouveau corps de troupes à l’européenne est renver par eux et assassiné l’année suivante. Les janissaires
continuent à menacer le pouvoir du sultan (ils sont à l’origine d’une autre révolte en 1808 qui bloque encore
une réforme militaire) jusqu’à leur massacre en 1826 sur ordre du Mahmoud II qui en trouva le prétexte lors
de l’annonce d’une réforme de l’armée que les janissaires refusaient.
1808 -1814 Guerre d’Espagne. Napoléon Ier multiplie les ingérences en Espagne qu’il entraîne dans la guerre
contre les Britanniques notamment sa tentative de blocus continental, dépose le roi, le jugeant incapable et le
remplace par son propre frère Joseph. Ce pouvoir (qui se veut constitutionnel, l’inquisition a été supprimée) se
heurte à une opposition irréductible de la population qui menée souvent par des religieux oppose à l’occupant
français une guérilla continuelle qui épuise les armées impériales. Le pays est libéré grâce au débarquement de
troupes britanniques au Portugal.
1812-1818 Méhémet-Ali arrive à vaincre, à la demande du sultan (qui promet une partie de la Syrie en
échange), les wahhâbites
13
et à récupérer les Lieux Saints qui sont occupés par les wahhâbites depuis 1801.
Durement réprimé, ce mouvement se retranche vers le cœur de l’Arabie où il parvient à créer autour de la ville
de Riyad un nouvel Etat wahhâbite qui dure jusqu’en 1880, toujours dirigé par la famille des Sa’ud, avant
d’être détruit par une offensive ottomane.
1815 Congrès de Vienne : fin de l’influence française et politique d’équilibre des puissances européennes
(Royaume-Uni, Prusse, Russie, Autriche)
14
y compris en Méditerranée : c’est la Sainte-Alliance ou Quadruple
Alliance
15
. Le congrès de Vienne met fin officiellement à la guerre de course. Celle-ci quoique réduite par des
traités avec les principales puissances était très active en Méditerranée notamment du fait des Tunisiens
16
(sous
le règne d’Hammouda Pacha 1782-1814). En fait dès 1818, la France de la Restauration
17
retrouve une
la tradition : la
sunna
). Chiites et sunnites malgré une foi commune sont différents sur bien des points : il y a chez les chiites un clergé très
structuré (les
ayatollahs)
et tradition mystique plus forte. Ces deux branches sont également très divisées entre elles.
11
Le colonel de Sèves, surnommé Soliman Pacha, notamment.
12
Troupes professionnelles composées de jeunes esclaves d’origine chrétienne que l’on a convertis à l’islam. Ils jouent un rôle comparable
à celui des mamelouks en Egypte.
13
Les wahhâbites : musulmans sunnites défendant l’idée d’un islam recentré sur ses bases originelles et selon eux purifiées. Ce courant
date du XVIII siècle et leur nom vient de leur inspirateur le cheikh Mohammed El-Wahhâb. Ce mouvement de retour vers un islam des
origines vu comme pur est assez fréquent dans l’islam : par exemple le salafisme (de l’arabe «
salaaf
» : « prédécesseur » « ancêtre ») qui
désigne un mouvement (dont les contours ont changé au cours de l’histoire) de retour à la foi de premiers musulmans.
14
Seul le Royaume-Uni est une monarchie parlementaire à l’époque.
15
Qui dure jusqu’à la mort du tsar Alexandre Ier en 1825.
16
La Tunisie est un Etat théoriquement vassal de l’Empire ottoman depuis le XVI siècle, en fait il est semi indépendant et dirigé par un
représentant de l’autorité ottomane le bey..
17
Rappel : après la défaite de Napoléon Ier ce sont les frères de Louis XVI qui règnent sur un royaume de France redevenu une monarchie
constitutionnelle, successivement sous les noms de Louis XVIII (mort en 1824 sans héritier) et Charles X renversé pour avoir voulu rétablir
la monarchie absolue lors des « Trois glorieuses » de juillet 1830. Un de leur cousin, Louis-Philippe d’Orléans (dont le père Philippe
d’Orléans, dit « Philippe-Egali» avait d’ailleurs voté la mort de Louis XVI) est alors porté au pouvoir et règne sous le nom de Louis-
Philippe Ier
4
certaine place parmi les puissances européennes au traité d’Aix-la-Chapelle
18
: un des axes de la diplomatie
britannique est ainsi d’empêcher qu’une des puissances continentales ne devienne trop puissante par rapport
aux autres : il faut donc veiller à ce qu’elles s’équilibrent l’une l’autre. Le retour de la France permet de
rééquilibrer l’ensemble.
1821-1829 Guerre d’indépendance grecque
19
avec engagement progressif des puissances anglaise française et
russe (après la Conférence de Londres en 1827 qui échoue à imposer une solution pacifique) et retrait des
Egyptiens. Les Grecs sont d’abord isolés dans leur révolte même si leur cause reçoit un écho très favorable dans
les opinions européennes
20
: le sultan doit avoir recours à Méhémet-Ali qui envoie des troupes dirigées par
son fils adoptif Ibrahim pacha en Grèce continentale et en Crète
21
(1823-1825). Les Européens (France,
Russie,, Royaume-Uni) qui répugnent à l’intervention armée préfèrent une médiation politique et signent alors
que la guerre d’indépendance fait rage, le Traité de Londres en 1827 qui consacre l’autonomie de la Grèce
(mais pas son indépendance). Une flotte comportant des navires de ces trois nations est envoyée pour garantir
l’exécution du traité et se heurte au refus de l’Empire ottoman. La flotte turco-égyptienne (toujours dirigée par
Ibrahim pacha) est détruite à la bataille de Navarin
22
le 20 octobre 1827 par une flotte franco- russo-
britannique (victoire qui s’explique par la différence de puissance entre les flottes occidentales et orientales).
C’est la fin de la puissance navale ottomane. Une expédition française est décidée contre l’avis britannique de
Morée (région de Grèce) en 1828-1830 et précipite le retrait égyptien. Les Russes affrontent les Turcs dans le
Caucase et les Balkans (1828-1829) : les troupes russes menacent le cœur de l’Empire ottoman. Les
belligérants de la guerre russo-turque
23
signent le traité d’Andrinople (1829) qui modifie les frontières au
profit de la Russie : les Russes obtiennent dans le Caucase : une grande partie de l’Arménie, les rives orientales
de la Mer Noire c’est-à-dire la Géorgie et sur les rives occidentales de la Mer noire, un territoire jusqu’au
Danube.). L’Empire ottoman accepte les conditions du trait de Londres de 1827. En fait le protocole de Londres
en 1830 consacre l’indépendance de la Grèce et non son autonomie mais le pays créé sombre dans la guerre
civile. La France, la Russie, le Royaume-Uni et l’Empire ottoman signent le traité de Constantinople en 1832
qui met fin à la guerre en dédommageant l’Empire ottoman pour la perte de territoire et en imposant la
création d’une monarchie offerte à un prince allemand, Léopold de saxe-Cobourg Gotha, qui la refuse étant
donné l’instabilité du pays et lui préfère la Belgique, devenue indépendante en 1830, puis à un autre le jeune
duc de Bavière Othon qui l’accepte. Mais ce prince qui est à la tête d’une monarchie de droit divin est mal
accepté. Une insurrection en 1843 l’oblige à mettre en place une monarchie parlementaire. Il est finalement
renversé à l’instigation des Britanniques en 1862, car trop favorable aux Russes, et remplacé par un prince
d’une famille allemande régnant sur le Danemark, Guillaume qui règne sous le nom de Georges Ier (et dont la
famille reste sur le trône jusqu’en 1973) ;
1822-1832 « Ignominieuse décennie » en Espagne : le roi Ferdinand VII en s’appuyant sur le soutien militaire
de la Sainte-Alliance
24
impose un retour à l’absolutisme dont l’élite politique (qui avait gardé certaines idées de
l’adversaire français notamment l’idée des droits du peuple et le refus d’un monarque absolu) ne voulait plus
18
C’est à cette occasion que les grandes puissances s’entendent sur l’abolition de la traite, suivant l’exemple du Royaume-Uni qui a aboli la
traite en 1807.
19
Les nationalistes grecs défendent « la grande idée » de celle de réunir tous les Grecs, dans un même Etat. Cette grande idée est le thème
de prédilection du nationalisme grec du XIXème siècle et du début du XX.
20
On parle de philhellénisme de l’opinion : les massacres de Chio en 1822, la mort du poète Byron à Missolonghi en 1824 et la prise de
cette même ville en 1826 lors de son quatrième siège choquent les opinions et les auteurs (Victor Hugo, Chateaubriand,…)
21
La Crète reste sous domination égyptienne jusqu’en 1841.
22
Cette bataille navale est liée à une provocation plus qu’à une stratégie délibérée des Européens qui cherchaient à éviter le conflit direct
avec les Ottomans.
23
Les Britanniques ont appuyé cette solution car ils craignaient de voir les Russes prendre Constantinople.
24
Le XIX est un siècle marqué par une grande instabilité intérieure : les monarques envisagent un maintien de l’absolutisme et se heurtent
à de multiples reprises à des révolutions libérales ou même républicaines, des coups d’Etat militaires ainsi que des guerres civiles (les
« guerres carlistes » qui ont pour objet de remettre sur le trône un prétendant écarté par l’abrogation de la loi salique Charles V), le pays
5
1830-1857 Conquête de l’Algérie par les Français. Voulue par le pouvoir de Charles X pour détourner
l’attention des Français des problèmes de politique intérieure, pour régler le problème de la piraterie
25
dont
Alger est le refuge et pour régler un très ancien et obscur contentieux financier (les Français avaient été
fournis en blé, jamais payé depuis, lors de la campagne d’Egypte
26
). Le territoire où s’exerce la Régence d’Alger
(c’est son nom officiel) est en fait une province de l’Empire ottoman depuis le XVIème gouvernée par un Dey
(depuis le XVII). Ce pouvoir est d’ailleurs très affaibli par des divisions internes. La conquête militaire se
déroule de 1830 à 1857. Au départ, le pouvoir français s’exerce sur quelques ports dont Alger qui sont
facilement conquis. L’intérieur que les Ottomans n’ont jamais dominé est sous la coupe de deux chefs
différents : le bey Ahmed (Constantinois) et Abd-El-Kader (l’Oranais). Les Français traitent avec Abd-El-kader
et parviennent à conquérir le Constantinois (1837). En fait, Abd-El-Kader relance la guerre (en utilisant la
dimension religieuse et en proclamant le djihad contre les Français)en 1839. La guerre de conquête menée par
le général Bugeaud est très brutale. La
smala
27
d’Abd-El-Kader est prise en 1843. Ce dernier fuit auprès du
sultan du Maroc
28
qu’il entraîne dans la guerre mais qui est rapidement vaincu (1844). Les Britanniques
empêchent d’ailleurs les Français de conquérir son territoire. Une convention en 1845 fixe les frontières entre
Maroc et Algérie mais de façon très vague. Finalement, Abd-El-Kader finit par se rendre en 1847. Il faut
encore dix ans de guerre pour dominer l’Aurès (1849), les oasis du sud (1854) et la Kabylie (1857).
1830-1839 Début des réformes de l’empire ottoman ; se poursuivent entre 1839 et 1876 : période des
Tanzimât
réorganisation ») culminent en 1876 avec une constitution qui limite les pouvoirs autocratiques
du sultan. Le texte fondateur est un texte du sultan Abdülmecit Ier lui-même en 1839 qui est une sorte de
cadre général de réformes : ce texte est resté dans l’histoire sous le nom
de Hatti Cherif de Gulhané
le noble
rescrit de la Maison des Roses »). Un autre texte important est le
Hatti Humayun
le rescrit impérial ») qui
garantit l’égalité des tous les sujets de l’Empire indépendamment de leur religion et leur ouvre les emplois
publics… De nombreux diplomates sont ainsi recrutés parmi Arméniens et Grecs.
1832-1837 : conquête de Méhémet Ali en Syrie et dans le sud de l’Anatolie contre les Turcs.
1835 : première liaison régulière Marseille-Alger et en 1838 Londres-Gibraltar.
1837-1855 règne du souverain tunisien Ahmed Bey, qui utilise l’appui des Français pour moderniser son pays
à l’image de l’Egypte voisine : abolition de l’esclavage, émancipation des Juifs, accueil de missionnaires (écoles,
etc..). Comme les Egyptiens, pour financer ce développement il a recours à l’emprunt auprès des Européens. Ses
deux successeurs Mohamed Bey (1855-1859) et Sadok Bey (1859-1883) poursuivent dans las cette direction
non sans heurt : par exemple, Mohamed Bey débuta par une volonté de rapprochement de la Sublime Porte
faveur de la guerre de Crimée au cours de la quelle le Sultan allié des Français et des Anglais affronte les
Russes), il fut à la suite du traité de Paris et des pressions occidentales obligé d’accepter la liberté du commerce,
l’égalité de tous ses sujets devant l’impôts : ces deux mesures mettent en difficul l’alliance ottomane et la
solidarité panislamique : en effet, la liberdu commerce facilitent la pénétration des Européens en Egypte et
rééquilibrent la situation en faveur des non-musulmans. Lors de son règne un peu inspirés par les réformes se
est également sujet à des révoltes régionales et semble au bord de l’éclatement. .En fait, à part dans la première partie du siècle il n’y a
guère d’interventions étrangères, les grandes puissances se désintéressant de la péninsule ibérique, dont toutes les colonies américaines
acquièrent leur indépendance.
25
Les Britanniques ont ainsi bombardé le port d’Alger en 1816 par représailles contre la piraterie, sans résultats.
26
Les Français entretenaient de bons rapports avec la Régence d’Alger sous la Révolution et l’Empire.
27
C’est-à-dire la famille et les proches et leurs équipages qui constituent le noyau du clan dans une société nomade.
28
Le Maroc est dirigé par un sultan indépendant, appartenant à la dynastie des Alaouites depuis le XVIIème siècle. Ce pays s’est ouvert au
commerce occidental au XVIII siècle et s’est rapproché des Britanniques. L’offensive française en Algérie, l’inquiète d’autant que ce pays a
des vues sur l’ouest algérien.
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