LA MEDITERRANEE DE 1797 A 1918.
1797 Fin de la république de Venise prise par les troupes républicaines françaises. Napoléon Bonaparte se pose
en libérateur et en réformateur (fin du
Ghetto
de Venise). Les années suivantes voient la création de
« républiques sœurs » de la République française (romaine, parthénopéenne et toscane). Ces victoires font
d’ailleurs de la France du Directoire
, une puissance voisine de l’Empire ottoman.
1798-1801 : expédition d’Egypte. Les troupes françaises débarquent en Egypte
, dirigées par le général
Bonaparte. Le but est de perturber le commerce des Britanniques, invincibles sur mer. Les Français ont en effet
réussi à vaincre leurs ennemis continentaux (paix de Campo-Formio en 1797) et les Britanniques, seuls
adversaires subsistants sont aux prises avec la révolte de Tippu Sahib (1750-1799) aux Indes. L’Egypte est une
province du vaste Empire ottoman conquise en 1517 et dirigée par un pacha nommé annuellement par le
sultan. Cette province est en fait affaiblie par les révoltes régulières des mamelouks
. Les buts de l’expédition,
préparée en grand secret, sont multiples : géopolitiques, politiques (« moderniser » l’Egypte en la réformant
conformément aux idéaux républicains, Bonaparte n’hésitant pas à jouer la carte « anticatholique » ce qui est
assez habituel à l’époque) mais aussi scientifiques. De fait l’expédition en plus des difficultés (ravitaillement,
épidémie de peste) doit affronter quatre ennemis : les mamelouks (écrasés à la bataille des Pyramides en juillet
1798), l’hostilité de la population (révolte du Caire en octobre 1798, assassinat en 1800 du général Kléber qui
avait remplacé Bonaparte), les Turcs qui viennent au secours de la province d’Egypte
( battus par Bonaparte
en Syrie puis lors de leur tentative de débarquement en Egypte à la seconde bataille d’Aboukir en 1799, puis
par Kléber lors de la bataille d’Héliopolis en mars 1800) et bien sûr les Anglais qui en détruisant la flotte
française en rade d’Aboukir dès le début de la campagne ( août 1798) emprisonnent l’armée française dans sa
conquête et interdisent son ravitaillement ou son évacuation. En fait, Bonaparte préoccupé par la situation en
France parvient à quitter l’Egypte en août 1799 (soit au bout d’un an de campagne) en laissant la situation
dans les mains de son aide de camp Kléber. L’aventure égyptienne de l’armée française dure encore deux
années : le général Kléber parvient à consolider la situation militaire et développe une tentative de colonisation
du pays mais assassiné, il est remplacé par le général Menou qui finit par négocier le départ et l’évacuation de
l’armée française avec les Anglais qui rapatrient vers la France ce qui reste du corps expéditionnaire français.
Parmi les nombreuses conséquences de l’expédition, on peut citer la
Nahda
(Renaissance) vaste mouvement
intellectuel qui parcourt l’ensemble du monde ottoman : elle débute par une prise du conscience du retard
Rappel : la période républicaine de la Révolution française débute en septembre 1792 et s’achève en mai 1804 avec la Constitution de
l’an XIII qui crée l’Empire. Cette période républicaine voit se succéder trois régimes très différents : la Convention jusqu’en août 1795, puis
le Directoire renversé par le coup d’Etat de Napoléon Bonaparte, 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). A partir de cette date là le
régime du Consulat permet à Napoléon Bonaparte (officiellement Premier Consul) d’exercer un pouvoir personnel.
Les Français sont influents commercialement en Méditerranée au XVII-XVIII siècle même si ce commerce a décliné au cours du XVIII
siècle alors que cette mer est plutôt délaissée par les Anglais qui développent le commerce atlantique. Ils bénéficient de capitulations
accordées par l’Empire ottoman : ce sont diverses conventions qui réglementent les échanges et le statut des commerçants étrangers et
spécialement non musulmans dans l’Empire. Les commerçants et étrangers sont placés sous l’autorité d’un consul de leur nation qui les
contrôle étroitement (leur implantation est très réglementée). Ils échappent ainsi à la juridiction de l’Empire ottoman et vivent à l’écart. Les
capitulations datent du XVI siècle (accord entre François Ier et le sultan) et ont ensuite été étendues à d’autres Etats mais la France garde
une préséance du fait de son ancienneté : le sultan considère qu’elle peut faire bénéficier de ses capitulations des étrangers appartenant à
des Etats qui n’ont pas de capitulations. C’est ainsi que les Français se retrouvent protecteurs des catholiques de rites latin (qui dépendent
de Rome). Cette protection est officialisée après la conférence de Berlin en 1878. Le sultan a également renoncé à une partie de sa
souveraineté sur certains ports ou villes (« les Echelles du Levant ») où ils sont implantés : Alexandrie, Constantinople, Smyrne…Les
capitulations sont donc vues par les nationalistes turcs comme un abandon des prérogatives de l’Etat face aux étrangers.
Soldats de métiers recrutés originellement parmi des esclaves formant une troupe d’élite comparables aux prétoriens à Rome qui se
révoltait régulièrement et dont le chef qui avait reçu du sultan le titre de Bey était un chef politique puissant avec lequel le pacha devait
compter. Les Français prétendent d’ailleurs « rétablir l’ordre » en Egypte en lien avec le sultan, ce qui est l’un des prétextes de l’expédition.
Certains mamelouks se sont d’ailleurs ralliés aux Français et il y a eu des mamelouks dans l’armée impériale française.
En fait les seules victoires militaires des Turcs sont des défenses victorieuses de villes et forteresses (Saint-Jean d’Acre, Damas) qui limitent
d’ailleurs la progression de l’armée française et l’obligent à rester en Egypte.