Les limites de la croissance Définie comme l'augmentation des quantités de marchandises (biens ou services) disponibles, la croissance économique est au centre des préoccupations des économistes. Ceux–ci ont créé un agrégat, le PIB (produit intérieur brut) pour la mesurer, cet indicateur est contesté parce qu'il est incomplet mais également parce qu'il ne permet pas de percevoir l'ensemble des conséquences de moyen et long termes d'une augmentation des richesses produites. 1. Il est difficile de mesurer la croissance Le PIB correspond à la somme des valeurs ajoutées brutes des différentes branches de l'économie à laquelle on ajoute la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) et les droits de douanes, le tout pour une année donnée. a. Le PIB est un indicateur incomplet Le PIB ne comptabilise pas la production domestique ni les activités bénévoles, or celles–ci représentent une création de richesse équivalente à 1/4 ou 1/2 du PIB français. Agrégat de la Comptabilité Nationale, le PIB est construit sur la base des données fiscales et ne prend donc pas en compte le secteur informel qui est créateur de richesses importantes (6.5 % du PIB français ; entre 10 et 15 % du PIB dans les PDEM et davantage dans les PED). b. Le PIB est un indicateur contradictoire « Le PIB augmenterait si la cathédrale Notre–Dame devait être détruite et remplacée par un parking » (Bertrand de Jouvenel). Cet exemple démontre les lacunes évidentes de cet agrégat. On a longtemps assimilé la croissance du PIB et le progrès, très souvent, à tort. En effet, les nuisances, les dommages et leur réparation sont comptabilisés, donc plus il y en a, plus le PIB augmente, si un individu achète une voiture, la vente est comptabilisée, imaginons qu'il ait un accident, supposant une hospitalisation, une réparation... tous ces événements vont produire de la richesse et le PIB sera plus élevé que si l'accident n'avait pas eu lieu. 2. Les conséquences de la croissance sont contradictoires a. La croissance économique n'est pas toujours souhaitable Il ne faut surtout pas confondre la croissance économique et développement ; alors que la croissance propose une mesure strictement « arithmétique » de l'activité productive, le développement s'intéresse, lui, aux conséquences de l'activité économique sur la vie des hommes. La croissance ne va pas forcément provoquer une amélioration du bien– être, si l'activité économique repose sur des marchandises qui dégradent la qualité de vie d'une partie de la population. Ainsi, aujourd'hui, si l'on doit se réjouir de l'ampleur de la croissance chinoise, il est difficile de ne pas craindre ses conséquences sociales, humaines et environnementales. b. La prise de conscience des limites de la croissance La croissance, parce qu'elle est génératrice de pollutions, de déchets, parce qu'elle participe à l'épuisement de ressources non–renouvelables (dégradation des sols, épuisement de ressources minérales...), peut appauvrir tout ou partie de l'humanité en même temps qu'elle enrichit certains. Tel a été le constat opéré au début des années 70 par un groupe de chercheurs, d'économistes réunis dans un mouvement baptisé le « club de Rome ». Ils ont alors lancé l'idée d'une croissance zéro, c'est–à–dire d'un niveau d'activités permettant de ne plus accroître les rejets ou les prélèvements de ressources non renouvelables. Aujourd'hui les problématiques ont évolué vers l'idée d'une « soutenabilité » de la croissance, ainsi le thème du développement durable a–t–il occupé le devant de la scène au moment du sommet de Johannesburg (2002). L'essentiel Si les économistes et les décideurs apportent une attention toute particulière aux chiffres de la croissance, il ne faut pas perdre de vue qu'on ne doit pas forcément s'en réjouir. Au–delà du PIB, il est important d'évaluer les conséquences sociales et humaines que peut avoir une augmentation de la production globale.