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LA
GRENOUILLE
a, côa,a ! C’est le printemps et c’est la grenouille qui fait son apparition
dans nos étangs. En effet, aps quelques mois d’hibernation, elle revient, pleine
de vitalité ! Elle repeuple les marais pour venir se reproduire, tout en coassant
bruyamment : eh oui, le printemps est la meilleure période pour observer ces
petits animaux passionnants qui sont répartis par le monde entier !
En été, nous pourrons voir les «s » grenouilles, déaussi indépendants que
des adultes.
Quel animal passionnant ! Et si nous entrions dans son monde, afin d’en savoir
plus sur cet amphibien !
PETITE HISTOIRE DE
LA GRENOUILLE
La grenouille a une longue histoire. Non content de l’observer, l’home en a fait un animal de laboratoire et l’a transformé en
met raffiné…
BATRACOS
Les grenouilles et les crapauds sont nommés pour la première fois par Aristote, philosophe grec,
qui ne les distinguent pas et les appelle « batracos ».
Les populations l’associent à la fertilité et à la fécondité. Disparaissant au fond des eaux pendant
l’hiver, elle apparaît au printemps, multipliée à l’extrême, adoptant des formées variées, têtard
puis grenouille. Par ce fait, on l’assimile à la multitude et à la résurrection. Elle est insérée dans
les mythes de la création, quelque soit l’endroit sur terre…
DETESTEE PAR L’EGLISE
Hélas, avec l’arrivée de la chrétienté, elle devient l’être maléfique par excellence. Tout d’abord,
c’est le symbole du mal par Dieu, qui multiplia « ces êtres immondes » pour « convaincre » le roi
d’Egypte de laisser partir les hébreux.
Dans l’Apocalypse, selon St Jean, les grenouilles symbolisent les susceptibilités nationales qui
dressent les peuples les uns contre les autres, ainsi que les péchés des fidèles. La grenouille est
également utilisée pour caractériser le péché de la femme et la turpitude sexuelle.
La grenouille est alors transformée en animal diabolique au cœur des pratiques magico-
religieuses, talisman ou maléfice, la grenouille est l’objet de croyances et de superstitions
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populaires. Pour évoquer le diable, dit-on, il faut enfouir une grenouille dans un nid de grosses
fourmis noires. Lorsque la chair du batracien a été dévorée, on retire son squelette, dont on
choisit trois os. Ensuite, il faut prononcer quelques paroles magiques. Une autre légende explique
qu’il faut capturer une grenouille vivante et lui arracher la langue, et puis poser l’organe sur le
corps de sa femme pour que cette dernière dise toute la vérité.
REMEDE A TOUS LES MAUX
La grenouille est utilisée depuis l’Antiquité pour soigner divers maux. Elle est sensée, préparée en
bouillons ou en tisanes, guérir aussi bien la toux, les affections de la gorge que les douleurs
articulaires, la goutte, les maux de dents et la fièvre.
Mais au début du dix-neuvième siècle, Hippolyte Cloquet remet en question la validité de toutes
ces préparations à base de cet amphibien… et bientôt, de nouveaux médicaments, plus fiables,
apparaîtront. Ouf pour les grenouilles !
GASTRONOMIE
Alors que dans l’Occident Médiéval la grenouille est considérée comme impropre à la
consommation, voire toxique ou venimeuse, elle apparaît dans de nouveaux mets
gastronomiques au début du XVIème siècle, elles sont servies sur les meilleures tables de
France, d’Italie et d’Allemagne. Seuls les Anglais refusaient encore d’y goûter.
A la fin du dix-huitième siècle, Simon, un Auvergnat, invente une nouvelle manière de cuisiner les
cuisses de grenouille. Son restaurant est un véritable succès à Paris. Les marchés français,
italiens et allemands sont envahis par ces batraciens et tous les cuisiniers s’essaient à de
nouvelles recettes.
Hélas, pêchée et chassée comme ceci, elle commence à se faire rare, notre petite grenouille…
Aujourd’hui, elle est protégée.
OUVRAGES SCIENTIFIQUES
Après notre petite « Batracos », il faudra attendre le XVIème siècle pour avoir les premières
classifications scientifiques, qui restent cependant imprégnées de superstition et de religion.
Ensuite, vers le XVIIème siècle, les naturalistes Conrad von Gesner, Pierre Belon du Mans,
Guillaume Rondelet et Ambroise Paré reprendront les travaux aristotéliciens et proposent cinq
catégories bien distinctes : A, B, C, D et E. Ce sont l’Homme, les Quadrupèdes, vivipares et
ovipares, les Serpents, les Oiseaux, les Aquatilia (poissons et cétacés). Les grenouilles, elles, sont
placées dans les Quadrupèdes ovipares, tout comme les crocodiles, les salamandres, les tortues
et les lézards.
RANA ET BUFFO
Enfin, au VXIIIème siècle, Charles Linné (1717-1798) publie « Systema Naturae » et chaque espèce
a maintenant un nom de genre et un nom d’espèce. La grenouille verte commune, Rana
esculenta, se distingue clairement du crapaud, Bufo bufo. D’autres ouvrages complèteront celui
de Charles Linné par la suite.
IN LABOS
A la même époque, on commence à introduire les grenouilles dans les laboratoires. Commence
alors leur calvaire… Ces animaux choisis parce qu’ils sont faciles à se procurer et parce qu’ils ne
manifestent pas leur douleur par des cris sont soumis à de multiples expériences. Lugis Galvani
et le comte Alessandro Volta réalisèrent leurs expériences sur l’électricité animale en étudiante
l’effet des décharges de condensateurs électriques sur les nerfs de ces batraciens… Je vous
laisse imaginer leurs souffrances.
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LES ESPECES DE
GRENOUILLES
Dans la famille des anoures, dont fait partie la grenouille, on trouve plusieurs milliers d’espèces… Eh oui, comment s’y
retrouver entre les hylidés et les « rana » ?
MADE IN « ANOURES »
La grenouille fait partie de la classe des amphibiens (apparus il y a 400 millions d’années), ou
batraciens, qui comporte trois groupes bien distincts : les urodèles (tritons et salamandres), les
cécilies (animaux dépourvus de pattes, ressemblant à des petits verres de terre), et les anoures,
dont fait parties le crapaud, la rainette, et… la grenouille !!!
Dans les anoures, on compte environ vingt-quatre familles, 320 genres, et plus de 3800
espèces… Chiffre qui va sans doute augmenter puisqu’on découvre de nouvelles espèces chaque
jour. La plus grande est la grenouille goliath qui mesure trente centimètres et peut peser jusqu’à
3,3 kg.
Si on prend la grenouille rousse, on peut ainsi voir qu’elle appartient à la classe des amphibiens,
à l’ordre des anoures, à la famille des ranidés, puisque son nom est le suivant : Rana temporaria.
PARTOUT DANS LE MONDE
On peut trouver des grenouilles un peu partout dans le monde, excepté sur le continent de
l’Antarctique. Cependant, ils sont absents de presque toutes les îles océaniques isolées, ainsi
que du Groenland et des autres îles arctiques.
Certaines grenouilles vivent dans le désert et s’enterrent dans le sable pour se protéger de la
chaleur, d’autres nage dans un lac des hautes Andes, et d’autres encore vivent sur un arbre de la
forêt humide. Mais ce sont les zones intertropicales humides, forestières particulièrement, qui
sont les plus prospères au développement des grenouilles, qui aiment moins les régions polaires,
soumises à des climats extrêmes, à la sécheresse et au froid.
Certaines espèces sont diurnes, d’autres sont nocturnes, tout dépend elles vivent. Ainsi, les
moments de « chasse » et de reproduction ne sont pas les mêmes pour toutes les grenouilles.
Ainsi, en Amérique du Nord, la grenouille des bois sort de son hibernation juste pour se
reproduire et place ses œufs dans l’eau, juste au-dessus du point de congélation. Mais d’autres
Rana, elles, retardent leur moment de reproduction de quelques semaines, parce que leurs œufs
sont bien moins tolérants aux basses températures.
Dans les régions subtropicales et tropicales les périodes de basse température sont basses,
les périodes d’activités des amphibiens dépendent entièrement des changements saisonniers
d’humidité. Surtout pour les espèces dont la nutrition et la reproduction sont déterminés par la
saison des pluies.
PLEIN D’ESPECES
On reconnaît quatre sous-ordres chez les anoures. Certains sont considérés comme « primitifs »
(en termes d’évolution) que d’autres.
Un premier sous-ordre est celui des Archaeobatrachia, qui comprend deux familles, les
Leiopelmatidae et les Discoglossidae. Elles sont considérées comme les plus primitives
actuellement. Les grenouilles appartenant à ces familles possèdent encore des côtes libres, alors
que chez toutes les autres grenouilles, elles ont fusionné avec les vertèbres.
Le deuxième sous-ordre est celui des Pipoidea, qui inclut deux familles : les pipidés et les
rhinophrynidés. Ce sont des espèces d’anoures très curieuses, puisque leur corps sont
complètement aplatis (voir photo ci-dessus). Mais étant donné que ces familles ne regroupent
que des crapauds, nous ne nous y attarderons pas.
Le troisième sous-ordre est celui des Pelobatoidea. A nouveau, cela inclut deux familles : les
pelobatidés et les pelodytidés. On les considère comme plutôt primitifs. Dans la première, on
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trouve plus de nonante espèces, et seulement deux pour la deuxième. Voilà pourquoi, quelques
fois, on les regroupe en une seule espèces.
Mais c’est le quatrième sous-ordre, appelé le sous-ordre des néobatraciens, qui nous intéresse le
plus puisque c’est dans ce sous-ordre qu’on peut trouver le plus d’espèce de grenouille : 3600 en
tout, soit 96% des espèces actuelles d’anoures, répartis en dix-huit familles. Attention, accrochez-
vous !
Les leptodactylidés : 800 espèces regroupées en cinquante-deux genres, habitant l’Amérique
du Sud, les Caraïbes, l’Amérique Centrale et le Mexique.
Les myobatrachidés : environ 100 espèces, en 20 genres. Ils vivent en Australie et en
Nouvelle-Guinée.
Les bufonidés : regroupe uniquement des crapauds qui vivent dans des zones tempérées et
tropicales, les déserts et les forêts pluvieuses, les montagnes et les steppes… Bref, partout
sauf en Australie, à Madagascar et dans les îles océaniques.
Les hylidés : 680 espèces, groupées en 40 genres. La plupart vivent en Amérique dans les
régions tropicales. La plupart sont des espèces arboricoles. On trouve deux rainettes de cet
ordre.
Les centrolenidés : 75 espèces en majorité arboricole, dans les forêts du Mexique,
méridional à la Bolivie, le sud-est du Brésil et le nord-est de l’Argentine.
Les dendrobatidés : cette famille renferme quelques-uns des anoures les plus colorés et les
plus intéressants. Il existe plus de 130 espèces en six genres. Ces grenouillettes qui font,
pour la plupart, de 15 à 60 mm, se colorent essentiellement pour faire croire qu’elles sont
venimeuses : ainsi, les prédateurs les évitent.
Les ranidés : ce sont les grenouilles qui ont la plus grande répartition terrestre : Amérique du
Nord (y compris l’Alaska), Amérique Centrale, Nord de l’Amérique du Sud, Europe, Asie au
sud du cercle polaire (de l’Insulinde à la Nouvelle-Guinée), extrême nord de l’Australie et les
îles Fidji, majorité de l’Afrique et Madagascar. Pas mal, n’est-ce pas ? On trouve dans les
ranidés la grenouille rousse d’Europe et la grenouille goliath. Dans cette famille, on trouve
deux tiers de grenouilles dont Rana est le genre. Ce sont elles, nos grenouilles « classiques »,
à la peau lisse, qui bondissent et qui vivent au dehors de l’eau. On en trouve aussi en Suisse,
évidemment, comme la grenouille rousse (photo ci-dessus et ci-contre).
Les rhacophoridés : 200 espèces, 10 genres. Ils sont apparentés aux ranidés et la plupart
sont des espèces arboricoles. Ils vivent en Afrique, en Asie (dans les zones tropicales et
tempérées), y compris à Madagascar et au Japon.
Les hyperoliidés : 200 espèces, en 16 genres, également apparentés aux ranidés. Ils ne
mesurent pas plus de quatre-vingts millimètres de long et vivent en Afrique.
Les arthroleptidés : c’est une petite famille, avec seulement 70 espèces réparties en huit
genres. Ce sont de petites grenouilles qui vivent sur à l’intérieur de la litière de feuilles, en
forêts.
Les hémiotidés : minuscules familles, dans laquelle on ne trouve que huit espèces, avec un
genre unique. Ces grenouilles habitent l’Afrique, dans le désert du Sahara.
Les microhylidés : on y a trouvé plus de 300 espèces réparties en soixante-cinq genres.
Plusieurs espèces mesurent moins de quinze centimètres de longueur. On les trouve en
Afrique, en Inde et en Amérique, des Etats-Unis à l’Argentine. (voir photo ci-dessous)
Il reste quatre petites familles d’Amérique du Sud, très peu connues. On n’a pas trouvé de
fossiles et elles ont peu été observées à l’état sauvage. Ainsi, on ne connaît pas grand chose sur
leur vie…
A présent que vous connaissez tout sur les espèces de grenouilles, passons à la vie privée de ces
amphibiens.
DE L’ŒUF A LA
GRENOUILLE
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Un simple petit œuf, parmi tant d’autres, qui, après être devenu larve, va se transformer en une jolie grenouille… Une
histoire incroyable.
UN SQUELETTE SOUPLE
Tous les amphibiens ont un squelette simple, qui comprend moins de pièces osseuses que les
autres vertébrés actuels, mais bien moins que les poissons.
Dès le début de leur évolution, les grenouilles ont acquis un physique adapté au saut. Les os de
la cheville s’allongent, si bien qu’avec le fémur et le péroné, ils forment un troisième segment qui
fournit aux membres postérieurs un fabuleux avantage pour bondir dans les airs. La colonne
vertébrale est courte (une dizaine de vertèbres) et rigide, et suivie d’une baguette osseuse, le
coccyx.
On peut observer des adaptations particulières chez certaines espèces de grenouilles. Par
exemple, chez les grenouilles arboricoles, les hylidés, on a pu remarquer que le bout des doigts et
des orteils s’élargit pour former un coussinet adhésif (une aide pour grimper voir photo page
suivante) et les yeux sont placés de façon à fournir une vision binoculaire vers l’avant, ainsi qu’un
champ visuel étendu vers le haut et le bas. Certains hylidés s’étant adaptés à la vie semi-aride,
on a pu voir chez eux des yeux placés plus haut sur la tête et d’étroits coussinets sur les doigts,
ainsi qu’un tubercule à chaque pied postérieur pour faciliter le creusement. Quant aux hylidés qui
se sont habitués à la vie des zones marécageuses et des fossés n’ont pas la moindre trace de
coussinet sur les orteils.
Et ceci n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres !!!
Vous pouvez voir le squelette de la grenouille rousse sur la photo en bas de page.
DES YEUX IMPORTANTS
La vue est l’un des sens les plus importants pour les grenouilles. Leurs yeux sont généralement
grands et saillants, fournissant ainsi un large champ visuel qui compense le manque de rotation.
Pour la plupart d’entre elles, elles disposent d’yeux qui peuvent se rétracter dans leurs orbites :
les grenouilles ont ainsi une vision complète de leur bouche, ce qui les aide à déglutir leur repas.
La paupière supérieure est une couverture sans mouvement indépendant. L’inférieure, par
contre, est mobile, surtout sa partie supérieure transparente, appelée la membrane nictitante.
La pupille de la grenouille a une forme ovale horizontale, chez la plupart des espèces, mais on
peut également trouver des ovales verticales, des triangles ou encore des losanges. L’iris prend
la couleur du contour de la tête, participant ainsi aux formes du visage. Certains scientifiques
pensent que cela sert à cacher leurs yeux, d’autres prétendent que ce n’est pas cela, puisque
certaines grenouilles possèdent des yeux brillamment colorés.
On ne sait pas si les grenouilles distinguent ou non les couleurs.
Tous les anoures, y compris les grenouilles, possèdent un organe voméronasal qui fonctionnent
de façon similaire. Tous deux aident au retour sur les lieux de reproduction grâce, sans doute, à
la reconnaissance d’indices chimiques et à l’identification des proies.
A part la vue, l’ouïe fait aussi partie des sens développés de la grenouille. En effet, elle sert à
trouver un partenaire et est utile dans le comportement territorial.
Le principal récepteur est composé d’une membrane (le tympan, qui est beaucoup plus grand
chez les mâles que chez leurs compagnes), qui s’étend au travers d’un anneau cartilagineux, qui
peut être de forme ovale ou ronde, placé derrière l’œil. Une baguette osseuse, la columelle,
transmet les vibrations du tympan à l’oreille interne voilà pourquoi, lorsqu’on regarde une
grenouille, on n’a pas l’impression qu’elle a des oreilles, ces dernières étaient placées à
l’intérieur des cellules sensorielles les détectent et les classent, puis transmettent
l’information au cerveau.
Le système auditif que possèdent ces amphibiens est le plus efficace pour « entendre » les
vibrations de haute fréquence dans l’air.
NEE POUR SAUTER
La grenouille saute, et ça, tout le monde le sait. Ses courtes pattes antérieures, minée chacune
par quatre doigts et ses deux longues pattes postérieures terminées chacune par cinq doigts,
cette fois, ont été faites pour sauter.
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