
liquides. En fait, les cristalloïdes n'ont probablement pas leur place en cas de choc
hypovolémique, le volume de distribution du sérum salé étant tel (volume
extracellulaire) qu'il faudrait perfuser au moins 4 litres pour compenser la perte d'un
litre de sang. Par contre, le sérum salé est le soluté de choix pour maintenir
une hydratation normale du patient (maintien d'une normo-natrémie). Le ringer
lactate n'est pas iso-osmotique (273 mOsm.L-1) et ne devrait pas être administré
mais, à défaut, il convient mieux que le sérum glucosé. En cas d'hypotension, les
colloïdes et les hydroxy-éthyl-amidons sont les solutés à utiliser en première
intention. Ces solutés accentuent l'anémie responsable d'une augmentation parfois
considérable du débit sanguin cérébral (mécanisme compensateur de la baisse du
contenu artériel en O2). Un patient jeune peut supporter un taux d'hèmoglobine égal
à 7 g/dl (hématocrite à 25%). Le remplissage sera guidé par l'interprétation
raisonnée de la pression artérielle, la fréquence cardiaque, le débit urinaire, et
l'estimation des pertes sanguines. La mise en place d'une pression veineuse
centrale est utile, mais jamais indispensable. L'ensemble de ces données doit éviter
toute surcharge volémique fréquente à la phase de récupération d'un état de choc
hémorragique (risques d'aggravation de l'hypertension intracrânienne) . L'utilisation
clinique de solutés salés hypertoniques n'est pas encore validée.
Certains auteurs nient toute indication des agents vasopresseurs dans la phase
initiale de réanimation du polytraumatisé. En fait, l'effet désastreux de l'hypotension
artérielle lors d'un traumatisme cranio-cérébral sévère fait recommander le recours
précoce à des agents vasopresseurs. Les catécholamines (dopamine, adrénaline,
noradrénaline) devraient faire partie de l'arsenal thérapeutique initial pour le maintien
à tout prix de la pression de perfusion cérébrale.
État respiratoire
Tout patient ayant un score de Glasgow inférieur à 8 doit bénéficier d'une intubation
trachéale et d'une ventilation contrôlée compte tenu du retentissement majeur des
variations de pression artérielle en oxygène (PaO2) et surtout de PaCO2 sur le débit
sanguin cérébral. D'autres indications sont résumées dans le tableau n° 4. La
fréquence d'une lésion cervicale associée au traumatisme cranio-cérébral est
estimée entre 1,8 et 10 %. Aussi, toute manoeuvre visant au rétablissement de la
liberté des voies aériennes supérieures doit prendre en considération le risque
potentiel de déplacement secondaire d'une fracture cervicale instable. Différentes
techniques ont été décrites. Les points importants résident dans le maintien de l'axe
tête-tronc et la détection d'une difficulté à l'intubation (corps étranger, traumatisme
facial, fracture mandibulaire). Un exemple de séquence rapide d'intubation trachéale
peut être proposé (tableau n° 5). En l'absence de détresse respiratoire aiguë,
plusieurs techniques sont possibles : intubation nasale à l'aveugle, intubation
rétrograde, fibroscopie bronchique lorsque c'est possible.
Dès que la liberté des voies aériennes supérieures est assurée, la majorité des
patients développe une hyperventilation centrale neurogénique qui peut induire une
hypocapnie parfois importante (risque d'ischémie cérébrale). Ailleurs, une respiration
anarchique peut être observée. Dans ces différents contextes, la ventilation
mécanique aidée d'une sédation permet d'optimiser au mieux la PaCO2 d'autant que
la marge thérapeutique (35 mmHg < PaCO2 < 40 mmHg) est étroite.