V. J. M. J.
Grugliasco, le 15 décembre 1906.
Mes Très Chers Frères,
Je vous écris au moment va expirer bientôt la sixième année de ce siècle. Elle n'a pas été
heureuse pour les causes que nous aimons ; mais ces causes sont immortelles, bien supérieures au choc
des passions humaines et aux intérêts du temps. Bénissons Dieu au milieu de nos épreuves, persuadés
qu'il nous aime et ne veut que notre bien. Qu'un double sentiment nous anime envers sa paternelle
Providence : reconnaissance pour tous les bienfaits que nous en avons reçus pendant l'année qui finit;
confiance pour celle qui va commencer.
Aux claires et souveraines lumières de la foi, considérons et estimons la vie comme le talent que
Dieu donne à chacun de nous pour le faire fructifier, et, avec l'enchaînement ininterrompu de ses années,
de ses jours et de ses heures, comme constituant l'enchaînement également continu de nos devoirs. A
chaque instant de ces années qui se déroulent si rapidement, regardons-nous comme faisant l' œuvre de
Dieu, chacun dans la sphère où la Providence nous a placés, et comme préparant, sous son regard et avec
sa grâce, la grande. moisson de l'éternité.
Telle doit être pour nous la chrétienne donnée de la vie, et, du même coup, sa noblesse et son
inestimable prix. Allons donc à ce labeur quotidien avec le courage résolu et l'allégresse de cœur de
l'ouvrier, mieux que cela, du fils qui fait, l'œuvre d'un Père bien-aimé. De tout, avec tout, par tout, faisons-
nous un trésor d'actes de vaillance et de vertu, nous rappelant que la vie ne nous est donnée que pour
cela. Gardons-nous de l'oisiveté qui la stérilise, de la frivolité qui en gaspille les heures, de la routine qui
nous prive du mérite de nos actions les meilleures, du découragement qui est le pire de tous nos maux.
Si nous voulons que la nouvelle année soit pour nous véritablement bonne, efforçons-nous de
conformer notre vie à cette exhortation que l'apôtre saint Paul adressait aux Colossiens : « Cherchez les
choses d'en haut » ; et à ce précepte de Notre-Seigneur : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait » ; Soyons des saints.
I. CHERCHONS LES CHOSES D'EN HAUT.
Toujours il est bon de rappeler à l'homme ses destinées immortelles, et de réveiller en lui ce « sens
divin » qui fait à la fois son espérance et sa grandeur ; mais jamais il ne fut plus à propos qu'à l'heure
présente de renouveler ce pressant appel, parce que jamais peut-être il ne s'éleva de plus épaisses
ténèbres pour voiler aux âmes les horizons divins; jamais peut-être il ne se fit autant d'efforts pour ramener
vers les pires jouissances sensuelles l'ardeur des passions toujours renaissantes, pour glorifier et assouvir
les bas instincts de l'homme.
Le vieux cri du paganisme corrompu : « Prenons place aujourd'hui au banquet de la vie, car demain
nous mourrons », semble être devenu la devise de ce temps, mais rajeunie avec un art et pratiquée avec
une frénésie que le passé ne connut point.
Qu'est-ce que vivre pour la plupart des hommes de notre temps? C'est vivre, non de cette vie que la
foi éclaire de ses hautes et pures lumières, que la pratique du devoir ennoblit, que le dévouement
transfigure ; mais bien de cette vie repliée tout entière sur elle-même par l'égoïsme, n'ayant pour mobile
inspirateur que l'intérêt, pour but suprême que le plaisir, et amenant vite l'abaissement dans les âmes et la
décadence au sein des peuples. Voilà les hommes et voilà le temps sous les dehors d'une civilisation
brillante, mais ne parvenant plus à dissimuler aux regards de l'observateur ses vices secrets et ses plaies
profondes.
Pour nous, M. T. C. F., que, par notre sainte vocation, Dieu préserve de cette vie déshonorée, tenons
toujours nos cœurs en haut, nous gardant purs à travers ces fanges ; debout, dans la fermede notre foi
et dans le détachement des biens de ce monde,, au milieu des nouveaux adorateurs du veau d'or ; pleins
de sérénité et inébranlables dans nos espérances au milieu des doctrinaires du néant. Au-dessus du vice il
y a la médiocrité de la vertu ; pour nous, élevons plus haut nos âmes, car lorsqu'une société menace de
périr par le débordement du vice, ce ne sont pas les vertus médiocres qui peuvent la sauver. Gardons à la
foi chrétienne, à nos règles, à nos vœux, à tous nos devoirs en un mot, ces fidélités viriles qu'aucun
sophisme ne puisse ébranler, qu'aucune capitulation de conscience ne puisse affaiblir. Le cœur en haut,
montons, montons toujours sur l'échelle de la perfection qui va se perdre en Dieu ; en un mot, soyons des
saints.
II. DEVENONS DES SAINTS.
« 0 visages des saints! a écrit quelque part une âme d'élite, heureux qui vous a compris, et qui a reçu
de votre galbe transfiguré des leçons de sagesse et d'immortalité ! »
« Leçons de sagesse » permettant de juger à leur valeur vraie toutes choses d'ici-bas, si séduisantes
qu'elles puissent apparaître à nos pauvres cœurs entraînés ou à nos regards éblouis. « Leçons
d'immortalité », faisant sentir le néant de tout ce qui finit, et rappelant à tous que, quelles qu'elles soient, les
splendeurs de la terre, pour qui regarde au-delà, ne sont que les ornements d'un tombeau.
Ces leçons, il les avait bien comprises, ce mondain célèbre, Armand Le Bouthelier de Rancé, devenu
depuis l'austère réformateur de la Trappe, lorsque sous leur impression, il écrivait le sonnet si souvent
rappelé Je dois vivre en saint.
Un jour, le sonnet tombait sous les yeux d'un chrétien, grand et noble cœur, qui lui aussi a entendu
l'appel de Dieu, le commandant Marceau. Il écrit à son ami le vénéré M. Dupont de Tours: « J'ai trouvé un
sonnet de l'abbé de Rancé qui finit par ce vers :
Vivre sans vivre en saint, c'est vivre en insensé.
« Ce vers me poursuit sans cesse. Ne pas vivre en saint, .ne pas consacrer toutes ses pensées, ses
paroles et ses actions à la gloire de Dieu ; négliger ses devoirs, ne pas apporter à l'accomplissement de
ces devoirs, même les plus petits, tous les soins que réclament la gloire de Dieu et l'édification du prochain,
c'est vivre en insensé. Quelle vie est donc la mienne ! »
Nous aussi, M. T. C. F., pénétrons-nous bien de cette pensée, de cette vérité : « Vivre sans vivre en
saint c'est vivre en insensé ». Faisons-en notre devise et la règle de notre vie.
Le secret de devenir saint est, nous le savons, d'abord de le vouloir. Tous nous le voulons - du moins
je le crois - et nous sommes résolus à en prendre les moyens. Il ne sera donc pas inutile, au
commencement d'une nouvelle année, de nous rappeler quelques principes, quelques règles de vie
spirituelle dont il serait bon de faire l'objet de nos méditations et de nos résolutions.
Ce que Dieu demande de nous d'abord, c'est que nous accomplissions, en cette vie, le rôle que sa
Providence nous a marqué par notre vocation, sans nous plaindre de son obscurité, sans murmurer devant
ses multiples et fatigants labeurs ; ne cherchant de repos dans le cœur de personne, si ce n'est de Dieu
seul. Rappelons-nous toujours que la vraie piété consiste moins dans l'exaltation et la ferveur sensible,
que dans un mouvement ferme et soutenu de la volonté vers le bien.
Ne faisons pas consister le repentir de nos fautes dans le découragement, qui n'est qu'un orgueil
déguisé, mais dans un désir toujours renouvelé, toujours plus sincère de mieux faire.
Plaçons la paix de l'âme non pas dans la certitude que nous avons bien fait, qui est une satisfaction
que Dieu refuse souvent ; mais dans une filiale confiance en sa bonté, qui est un sentiment qu'il bénit
toujours.
Ayons toujours devant les yeux ces deux objets, Dieu et le devoir : Dieu qui est la fin, le devoir qui est
le moyen d'aller à lui. Par cette double pensée, nous nous fortifions contre les humiliations, les échecs ou
les, injustices des hommes.
Evitons d'apporter dans la vie spirituelle une activité qui se dissipe dans le vide, une agitation qui
n'est que de la faiblesse. Vivons non de la vie d'impressions, mobile et dissipée, sans unité et sans
consistance, mais de la vie de volonté, stable et recueillie, inspirée et dominée en toute occasion par la
pensée du devoir et de Dieu.
En général, donnons peu au sentiment, beaucoup à la volonté, qui est le principe, le vrai ressort de
tout progrès moral, sérieux et durable.
C'est une grande erreur de croire qu'il n'y a de natures fortes que celles qui sont nées telles ; la force
d'âme, de caractère, comme toutes les qualités morales, se complète, s'acquiert même, par la pratique, par
l'habitude de se dominer, de se vaincre.
Aux jouissances trop égoïstes de la dévotion de sentiment, préférons les jouissances plus
désintéressées et plus nobles du sacrifice. C'est ce que Notre-Seigneur apprit un jour à sainte Thérèse par
ces paroles : « Le bonheur de ce monde ne consiste pas à jouir de moi, mais bien à me servir, à travailler
pour ma gloire et à souffrir selon l'exemple que j'en ai donné ».
Nous avons à nous tenir en garde contre un écueil est venue échouer plus d'une vertu sincère
mais trop ardente : le découragement à cause d'un passé que l'on croit trop coupable, ou la crainte d'un
avenir que l'on croit trop difficile.
Il serait bien insensé celui qui, au pied d'une montagne qu'il doit gravir, n'avancerait pas, irrité ou
découragé parce qu'il ne peut, en quelques bonds, atteindre le sommet... Qu'il se mette courageusement
en marche, qu'il avance pas à pas, sans trouble et sans hâte ; et peu à peu il arrivera au terme, sans chute,
presque sans effort.
De même, dans le chemin de la sainteté, allons à Dieu résolument, mais doucement,
persévéramment, jour par jour, heure par heure, nous proposant un mieux chaque jour.
Evitons d'agir avec Dieu comme avec un étranger ou un maître avec qui l'on n'a que des rapports de
convention ou de contrainte. Aimons à l'associer, à le mêler à tout ce qui nous touche, à nos pensées et à
nos affections, à nos douleurs et à nos joies, à nos espérances et à nos tristesses, à notre vie enfin,
comme un père, comme un ami. Tâchons de nous rendre de plus en plus dignes de cette familiarité
auguste, par un détachement des choses humaines de plus en plus complet, par une constante élévation
d'âme vers sa divine majesté, par une générosité croissante à son service.
N'oublions pas que, si la violence ravit le ciel, les violents dont parle l'Evangile, sont, en même temps,
les doux et humbles de cœur qui entreront dans le royaume des cieux.
La violence sera pour les occasions de résistance et de sacrifice ; l'humilité et la douceur, avec la
paix qu'elles produisent, seront pour l'habitude de la vie. C'est donc dans ce dernier état qu'il faut nous
efforcer de nous établir, tout en nous attachant à bien faire ce que nous faisons, sans trop nous préoccuper
de ce que notre zèle peut produire.
Embrassons et bénissons notre croix de chaque jour mais simplement et sans chercher à nous
rendre intéressants si elle est lourde à porter. Si nous entendons parler de grandes choses héroïques,
louons-les et révérons-les comme il convient ; mais persuadons-nous bien que la vie obscure avec ses
humbles labeurs et ses offrandes quotidiennes nous conviennent beaucoup mieux.
Ne recherchons aucun de ces déguisements mystérieux et subtils que l'amour-propre sait inventer ;
aimons à rester inconnus à tout le monde, indignes à nos propres yeux.
Accommodons-nous à l'humeur des autres, et, dans les choses permises, cédons-leur avec une telle
aisance que personne ne pense qu'il nous en coûte beaucoup.
Enfin, dans les combats à livrer au milieu des épreuves sans gloire dont la vie est semée, s'il en
coûte à notre orgueil, souvenons-nous que la porte du ciel est très basse et qu'il faut se faire petit pour y
entrer.
*
* *
Si parfois nous sommes tentés de trouver trop rude le chemin qui mène à la vie éternelle, souvenons-
nous que Notre-Seigneur Jésus-Christ l'a suivi le premier, dissipant les obscurités et émoussant les épines
qui nous blesseraient trop ; qu'il est toujours avec nous, qu'il est tout nôtre avec sa grâce pour soutenir
notre courage chancelant ou relever nos forces prêtes à défaillir. Allons à lui, unissons-nous à lui, à son
Sacré Cœur, par l'oraison, par la prière, par les sacrements, par l'Eucharistie : l'Eucharistie ! immense foyer
d'amour, source de toute vertu ! Par l'Eucharistie nous sommes forts contre nos ennemis, nous pouvons
tout : « Quand on a Dieu dans son cœur, disait le pieux et vaillant général de Sonis, on ne capitule jamais
». Oui, M. T. C. F., ouvrons notre cœur tout entier à Jésus-Christ, appelons-le sans cesse dans notre
cœur ; qu'il en soit le seul maître, qu'il y règne, qu'il y demeure avec son Evangile et sa Croix ; qu'il y
allume la flamine vive de la charité, foyer de toute grandeur morale ; qu'il donne à notre intelligence une
lumière sûre et claire sur ses devoirs et ses destinées ; à notre volonté un ressort moral d'une puissance
invincible, plaçant à côté des mystères douloureux de la vie la certitude de J'oies immortelles au-delà du
tombeau. En un mot, faisons en sorte que Jésus-Christ soit si bien dans notre esprit, dans notre cœur,
dans nos pensées, nos paroles et nos actes, que nous puissions dire qu'il est véritablement pour nous la
voie, la vérité et la vie.
Souvenons-nous de plus que nous avons au ciel une Mère puissante autant que bonne, don
suprême de Jésus-Christ mourant; une Mère que nous saluons avec bonheur chaque matin : Salve
Regina, Mater miséricordiæ, en lui demandant qu'après l'exil de cette vie, elle nous montre Jésus, le fruit
béni de son sein virginal.
Il y a encore là-haut des Saints, nos aînés dans cette vallée de larmes dont ils ont connu les écueils
et les douleurs; des âmes très chères envolées hier d'auprès de nous : c'est-à-dire une immense et
incomparable légion d'intercesseurs qui nous regardent, nous protègent et nous attendent.
LA SAINTE COMMUNION.
Conformément au désir de la Sainte Eglise, qui est celui de Notre-Seigneur lui-même, nous avons le
bonheur de communier fréquemment, même journellement pour le plus grand nombre d'entre nous. Mais,
M: T. C. F., ce bien infiniment précieux qu'est la sainte communion, nous ne devons pas être seuls à en
jouir. Voués à l'éducation de la jeunesse, faisons ce qui est en notre pouvoir pour porter les enfants de nos
écoles à la communion fréquente, en conformité du décret pontifical qui a été inséré dans la circulaire du
30 mai dernier.
Dans le paragraphe 7 de ce décret, Notre Saint-Père le Pape Pie X, après avoir recommandé la
communion fréquente et quotidienne dans les instituts religieux de tout genre, ajoute qu'on doit s'efforcer
également le plus possible de la promouvoir dans les séminaires, de même dans les autres maisons
d'éducation chrétienne, quelles qu'elles soient. Exhortons donc souvent nos élèves, petits et grands, - à se
nourrir fréquemment du Dieu de l'Eucharistie. « Quelle aberration, dit Mgr de Ségur, d'interdire la
communion aux enfants parce qu'ils sont légers ! Autant vaudrait la leur interdire parce qu'ils sont enfants.
» Soyons persuadés que la ferveur chrétienne de nos écoles croîtra avec la fréquente communion, et
qu'elle atteindra son apogée quand les confesseurs et les directeurs spirituels seront les apôtres de la
communion fréquente et quotidienne.
Ici, M. T. C. F., je crois devoir vous avertir que nous avons à nous tenir en garde contre un abus
auquel nous expose l'inappréciable faveur qui nous est accordée, comme serait d'aller à la Table sainte
pour suivre l'usage ou par des motifs humains, et de faire des communions de routine.
Communions pour nous conformer au bon plaisir de Dieu, pour répondre au désir et à l'amour de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous unir plus étroitement à lui par la charité, nous remplir de son esprit et
régler notre vie sur ses maximes et ses exemples. Efforçons-nous de rendre nos communions ferventes et
fructueuses; rappelons-nous fréquemment dans la journée la communion du matin; pensons à ce que
Notre-Seigneur demande de nous dans l'accomplissement de nos devoirs, et dans les occasions qui se
présenteront de faire tel sacrifice ou tel acte de vertu ; faisons de nos occupations de la journée, de nos
exercices de règle, de nos prières, autant d'actions de grâces pour la communion du matin, ou d'actes de
préparation à la communion future. La veille du jour de communion, formons nos intentions pour le
lendemain ; renouvelons ces intentions dans notre préparation immédiate, à laquelle il faut apporter toute
l'application dont nous sommes capables. N'oublions pas que nos intentions doivent se rapporter à la gloire
de Dieu d'abord, puis à nos besoins personnels, à ceux de la sainte Eglise, de notre Institut, de nos
parents, de nos Supérieurs, de nos bienfaiteurs, à la conversion des pécheurs, au soulagement et à la
délivrance des âmes du purgatoire. Ne nous bornons pas aux intentions recommandées et exprimées dans
notre calendrier religieux : il en est beaucoup d'autres qui méritent notre attention, telles que celles qui ont
pour but de remercier Dieu des grâces, du bonheur et du pouvoir qu'il a accordés à ses saints ou à tel
saint en particulier, ou de lui demander qu'il nous fasse application des grâces et des fruits spécialement
attachés à telle ou telle fête.
Apportons à l'action de grâces toute l'attention, toute la dévotion, toute la ferveur recommandées par
les maîtres de la vie spirituelle. Adorons, louons, remercions Notre-Seigneur Jésus-Christ, son divin Père et
le Saint-Esprit; prions la sainte Vierge de nous prêter son cœur, de nous faire part de son amour, pour
nous acquitter de nos devoirs envers Jésus dans la sainte Eucharistie, et unissons-nous aux adorations,
aux louanges et aux actions de grâces des anges du sanctuaire, des âmes pieu se s qui sont sur la terre et
de toute la cour céleste. Offrons-nous sans réserve à Notre-Seigneur, avec tout ce que nous avons et tout
ce que nous pouvons. Exposons-lui nos besoins avec une simplicité, une confiance, un abandon tout filial.
Demandons-lui tout ce qui peut contribuer à notre avancement spirituel, à notre union de plus en plus
parfaite avec son cœur adorable ; et prenons à cette fin des résolutions pratiques.
Parmi les intentions que nous devons nous proposer, M. T. C. F., non seulement dans la sainte
communion, mais encore à la sainte messe et dans tous nos exercices de piété, je crois devoir insister
spécialement sur les besoins de la sainte Eglise. Prions, prions beaucoup pour notre Saint-Père le Pape
Pie X, le Pontife bien-aimé, si bon, si doux et à la fois si ferme, que Dieu, dans sa miséricorde, a donné à
son Eglise dans les mauvais jours que nous traversons. Prions Dieu de le conserver, de l'éclairer, de le
fortifier, de l'aider à porter sa pesante croix, et de lui accorder la consolation de voir l'Eglise trompher de
ses persécuteurs.
Recommandons de même au bon Dieu et à la très sainte Vierge l'épiscopat, le clergé, les religieux,
les missionnaires, tous ceux qui, à un titre quelconque, défendent la religion, enfin tous les catholiques
files, afin que tous ne faisant qu'un cœur et qu'une âme, tous soumis au Souverain Pontife et animés de
la même foi, unissent leurs prières, leurs sacrifices et leurs efforts pour résister avec courage et fermeté
aux ennemis de Jésus-Christ et de son Eglise.
C'est bien le cas de rappeler ici l'exhortation que l'apôtre saint Paul adressait aux Ephésiens, laquelle
nous convient à tous en tout temps, mais particulièrement en celui où nous vivons.
« Mes frères, leur écrivait-il, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans sa vertu toute puissante.
Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, pour pouvoir résister aux embûches et aux artifices du démon :
car nous avons à combattre non seulement contre des hommes composés de chair et de sang, mais contre
les principautés et les puissances de l'enfer, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits
de malice répandus dans l'air. C'est pourquoi prenez les armes de Dieu, afin de pouvoir résister au jour
mauvais et demeurer parfaits en toutes choses. Soyez donc fermes; que la vérité soit la ceinture de vos
reins, la justice votre cuirasse, et que votre chaussure soit préparée pour aller prêcher l'Evangile de la paix.
Servez-vous du bouclier de la foi, pour pouvoir éteindre tous les traits enflammés de l'esprit malin. Prenez
encore le casque du salut et le glaive spirituel, qui est la parole de Dieu » (Ephés., VI, 10-17).
CAUSE DU VÉNÉRABLE FONDATEUR.
Je recommande instamment aux prières de tous les Frères et à celles des élèves de nos écoles, la
cause de béatification du Vénérable Père Champagnat. J'invite chaque Frère en particulier à invoquer à
cette fin le Sacré Cœur de Jésus, et à réciter fréquemment la consécration du Vénérable Père à Notre-
Dame de Fourvière, pour obtenir, par l'intercession de la sainte Vierge la glorification de son dévot et fidèle
serviteur.
Si des guérisons miraculeuses ou autres faveurs extraordinaires étaient obtenues par l'intercession
de notre Vénérable, le procès de béatification près du Saint-Siège pourrait avoir sous peu l'heureuse issue
que nous sirons tous pour la gloire de Dieu, pour l'honneur qui doit en revenir à notre Père Fondateur, et
pour le bien qui peut en résulter pour nous et pour l'Eglise.
RECRUTEMENT DE VOCATIONS.
Par un effet de la divine miséricorde, il nous a été donné, M. T. C. F., de trouver cette pierre
précieuse dont parle l'Evangile, et, pour l'acquérir, de renoncer à tout ce que nous possédions, jusqu'à
nous-mêmes. Cette pierre d'un si grand, prix, c'est, d'après saint Bernard, « l'état religieux, cette vocation
pure, sainte, immaculée, l'homme vit plus purement, tombe plus rarement, se relève plus promptement,
marche plus sûrement, reçoit plus de grâces, repose avec une plus grande paix, meurt avec plus de
confiance, passe avec plus de rapidité par le lieu de l'expiation, et est plus richement récompensé dans le
ciel ».
Mais ce trésor, il ne faut pas le laisser enfoui, il faut non seulement le faire valoir pour nous-mêmes,
mais encore faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que d'autres y aient part. Saint André peut nous être
proposé pour modèle : étant celui des apôtres qui, le premier, connut Jésus, il s'empressa de le faire
connaître à son frère Simon (Pierre), et de le mener à Jésus. Saint Augustin nous dit de lui-même : « J'ai
aimé avec ardeur la perfection (des conseils évangéliques)... avec la grâce de Dieu je l'ai embrassée...
J'exhorte de toutes mes forces les autres à en faire autant, et j'ai des compagnons auxquels j'ai réussi à le
persuader ». - Mais quel exemple remarquable que celui de saint Bernard 1 Parvenu à l'âge de 20 ans et
poussé par la grâce à embrasser l'état religieux, il triomphe des oppositions de sa famille et entraîne avec
lui, à Cîteaux, son oncle, ses cinq frères et trente gentilshommes des plus illustres.
Rappelons-nous, M. T. C. F., le zèle du bon et fervent Frère Pascal, Assistant, de sainte et chère
mémoire pour le recrutement des vocations. Dans une lettre du 25 janvier 1860, il en faisait l'objet de la
recommandation la plus pressante au Frère Visiteur de la province du Nord. « Des milliers d'enfants, lui
disait-il, nous appellent par la bouche de leurs pasteurs, et nous restons sourds à leurs voix, faute de
sujets... Allons donc, selon l'invitation du divin Maître, dans les carrefours, dans les places publiques, le
long des haies, et forçons les gens d'entrer, jusquce que la salle du festin soit pleine, c'est-à-dire que le
nombre des bons Frères soit en rapport avec celui des demandes. Allumons le feu divin, le saint zèle chez
nos Frères, chez tous, mais surtout chez nos bons Directeurs ».
Pour en venir à quelque chose de positif, voici ce que conseillait le zélé Frère Assistant :
« 1° Prier et faire prier beaucoup, car c'est Dieu qui suscite les vocations et qui les fait arriver dans les
communautés qu'il veut bénir.
« Aller à la recherche des vocations, c'est-à-dire étudier, observer, découvrir parmi nos enfants,
parmi ceux qui nous avoisinent et que nous pouvons connaître, tous ceux qui auraient les qualités et
l'attrait voulus. Une fois ces enfants connus, les préparer, cultiver leurs qualités, leur inspirer l'amour de la
religion, la dévotion à la sainte Vierge, tout faire pour les éloigner du mal, les porter aux pratiques de piété,
à la fquentation des sacrements, les attacher à l'école et entretenir leurs dispositions pour la vie
religieuse.
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