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V. J. M. J.
Grugliasco, le 15 décembre 1906.
Mes Très Chers Frères,
Je vous écris au moment où va expirer bientôt la sixième année de ce siècle. Elle n'a pas été
heureuse pour les causes que nous aimons ; mais ces causes sont immortelles, bien supérieures au choc
des passions humaines et aux intérêts du temps. Bénissons Dieu au milieu de nos épreuves, persuadés
qu'il nous aime et ne veut que notre bien. Qu'un double sentiment nous anime envers sa paternelle
Providence : reconnaissance pour tous les bienfaits que nous en avons reçus pendant l'année qui finit;
confiance pour celle qui va commencer.
Aux claires et souveraines lumières de la foi, considérons et estimons la vie comme le talent que
Dieu donne à chacun de nous pour le faire fructifier, et, avec l'enchaînement ininterrompu de ses années,
de ses jours et de ses heures, comme constituant l'enchaînement également continu de nos devoirs. A
chaque instant de ces années qui se déroulent si rapidement, regardons-nous comme faisant l' œuvre de
Dieu, chacun dans la sphère où la Providence nous a placés, et comme préparant, sous son regard et avec
sa grâce, la grande. moisson de l'éternité.
Telle doit être pour nous la chrétienne donnée de la vie, et, du même coup, sa noblesse et son
inestimable prix. Allons donc à ce labeur quotidien avec le courage résolu et l'allégresse de cœur de
l'ouvrier, mieux que cela, du fils qui fait, l'œuvre d'un Père bien-aimé. De tout, avec tout, par tout, faisonsnous un trésor d'actes de vaillance et de vertu, nous rappelant que la vie ne nous est donnée que pour
cela. Gardons-nous de l'oisiveté qui la stérilise, de la frivolité qui en gaspille les heures, de la routine qui
nous prive du mérite de nos actions les meilleures, du découragement qui est le pire de tous nos maux.
Si nous voulons que la nouvelle année soit pour nous véritablement bonne, efforçons-nous de
conformer notre vie à cette exhortation que l'apôtre saint Paul adressait aux Colossiens : « Cherchez les
choses d'en haut » ; et à ce précepte de Notre-Seigneur : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait » ; Soyons des saints.
I. CHERCHONS LES CHOSES D'EN HAUT.
Toujours il est bon de rappeler à l'homme ses destinées immortelles, et de réveiller en lui ce « sens
divin » qui fait à la fois son espérance et sa grandeur ; mais jamais il ne fut plus à propos qu'à l'heure
présente de renouveler ce pressant appel, parce que jamais peut-être il ne s'éleva de plus épaisses
ténèbres pour voiler aux âmes les horizons divins; jamais peut-être il ne se fit autant d'efforts pour ramener
vers les pires jouissances sensuelles l'ardeur des passions toujours renaissantes, pour glorifier et assouvir
les bas instincts de l'homme.
Le vieux cri du paganisme corrompu : « Prenons place aujourd'hui au banquet de la vie, car demain
nous mourrons », semble être devenu la devise de ce temps, mais rajeunie avec un art et pratiquée avec
une frénésie que le passé ne connut point.
Qu'est-ce que vivre pour la plupart des hommes de notre temps? C'est vivre, non de cette vie que la
foi éclaire de ses hautes et pures lumières, que la pratique du devoir ennoblit, que le dévouement
transfigure ; mais bien de cette vie repliée tout entière sur elle-même par l'égoïsme, n'ayant pour mobile
inspirateur que l'intérêt, pour but suprême que le plaisir, et amenant vite l'abaissement dans les âmes et la
décadence au sein des peuples. Voilà les hommes et voilà le temps sous les dehors d'une civilisation
brillante, mais ne parvenant plus à dissimuler aux regards de l'observateur ses vices secrets et ses plaies
profondes.
Pour nous, M. T. C. F., que, par notre sainte vocation, Dieu préserve de cette vie déshonorée, tenons
toujours nos cœurs en haut, nous gardant purs à travers ces fanges ; debout, dans la fermeté de notre foi
et dans le détachement des biens de ce monde,, au milieu des nouveaux adorateurs du veau d'or ; pleins
de sérénité et inébranlables dans nos espérances au milieu des doctrinaires du néant. Au-dessus du vice il
y a la médiocrité de la vertu ; pour nous, élevons plus haut nos âmes, car lorsqu'une société menace de
périr par le débordement du vice, ce ne sont pas les vertus médiocres qui peuvent la sauver. Gardons à la
foi chrétienne, à nos règles, à nos vœux, à tous nos devoirs en un mot, ces fidélités viriles qu'aucun
sophisme ne puisse ébranler, qu'aucune capitulation de conscience ne puisse affaiblir. Le cœur en haut,
montons, montons toujours sur l'échelle de la perfection qui va se perdre en Dieu ; en un mot, soyons des
saints.
II. DEVENONS DES SAINTS.
« 0 visages des saints! a écrit quelque part une âme d'élite, heureux qui vous a compris, et qui a reçu
de votre galbe transfiguré des leçons de sagesse et d'immortalité ! »
« Leçons de sagesse » permettant de juger à leur valeur vraie toutes choses d'ici-bas, si séduisantes
qu'elles puissent apparaître à nos pauvres cœurs entraînés ou à nos regards éblouis. « Leçons
d'immortalité », faisant sentir le néant de tout ce qui finit, et rappelant à tous que, quelles qu'elles soient, les
splendeurs de la terre, pour qui regarde au-delà, ne sont que les ornements d'un tombeau.
Ces leçons, il les avait bien comprises, ce mondain célèbre, Armand Le Bouthelier de Rancé, devenu
depuis l'austère réformateur de la Trappe, lorsque sous leur impression, il écrivait le sonnet si souvent
rappelé Je dois vivre en saint.
Un jour, le sonnet tombait sous les yeux d'un chrétien, grand et noble cœur, qui lui aussi a entendu
l'appel de Dieu, le commandant Marceau. Il écrit à son ami le vénéré M. Dupont de Tours: « J'ai trouvé un
sonnet de l'abbé de Rancé qui finit par ce vers :
Vivre sans vivre en saint, c'est vivre en insensé.
« Ce vers me poursuit sans cesse. Ne pas vivre en saint, .ne pas consacrer toutes ses pensées, ses
paroles et ses actions à la gloire de Dieu ; négliger ses devoirs, ne pas apporter à l'accomplissement de
ces devoirs, même les plus petits, tous les soins que réclament la gloire de Dieu et l'édification du prochain,
c'est vivre en insensé. Quelle vie est donc la mienne ! »
Nous aussi, M. T. C. F., pénétrons-nous bien de cette pensée, de cette vérité : « Vivre sans vivre en
saint c'est vivre en insensé ». Faisons-en notre devise et la règle de notre vie.
Le secret de devenir saint est, nous le savons, d'abord de le vouloir. Tous nous le voulons - du moins
je le crois - et nous sommes résolus à en prendre les moyens. Il ne sera donc pas inutile, au
commencement d'une nouvelle année, de nous rappeler quelques principes, quelques règles de vie
spirituelle dont il serait bon de faire l'objet de nos méditations et de nos résolutions.
Ce que Dieu demande de nous d'abord, c'est que nous accomplissions, en cette vie, le rôle que sa
Providence nous a marqué par notre vocation, sans nous plaindre de son obscurité, sans murmurer devant
ses multiples et fatigants labeurs ; ne cherchant de repos dans le cœur de personne, si ce n'est de Dieu
seul.
Rappelons-nous toujours que la vraie piété consiste moins dans l'exaltation et la ferveur sensible,
que dans un mouvement ferme et soutenu de la volonté vers le bien.
Ne faisons pas consister le repentir de nos fautes dans le découragement, qui n'est qu'un orgueil
déguisé, mais dans un désir toujours renouvelé, toujours plus sincère de mieux faire.
Plaçons la paix de l'âme non pas dans la certitude que nous avons bien fait, qui est une satisfaction
que Dieu refuse souvent ; mais dans une filiale confiance en sa bonté, qui est un sentiment qu'il bénit
toujours.
Ayons toujours devant les yeux ces deux objets, Dieu et le devoir : Dieu qui est la fin, le devoir qui est
le moyen d'aller à lui. Par cette double pensée, nous nous fortifions contre les humiliations, les échecs ou
les, injustices des hommes.
Evitons d'apporter dans la vie spirituelle une activité qui se dissipe dans le vide, une agitation qui
n'est que de la faiblesse. Vivons non de la vie d'impressions, mobile et dissipée, sans unité et sans
consistance, mais de la vie de volonté, stable et recueillie, inspirée et dominée en toute occasion par la
pensée du devoir et de Dieu.
En général, donnons peu au sentiment, beaucoup à la volonté, qui est le principe, le vrai ressort de
tout progrès moral, sérieux et durable.
C'est une grande erreur de croire qu'il n'y a de natures fortes que celles qui sont nées telles ; la force
d'âme, de caractère, comme toutes les qualités morales, se complète, s'acquiert même, par la pratique, par
l'habitude de se dominer, de se vaincre.
Aux jouissances trop égoïstes de la dévotion de sentiment, préférons les jouissances plus
désintéressées et plus nobles du sacrifice. C'est ce que Notre-Seigneur apprit un jour à sainte Thérèse par
ces paroles : « Le bonheur de ce monde ne consiste pas à jouir de moi, mais bien à me servir, à travailler
pour ma gloire et à souffrir selon l'exemple que j'en ai donné ».
Nous avons à nous tenir en garde contre un écueil où est venue échouer plus d'une vertu sincère
mais trop ardente : le découragement à cause d'un passé que l'on croit trop coupable, ou la crainte d'un
avenir que l'on croit trop difficile.
Il serait bien insensé celui qui, au pied d'une montagne qu'il doit gravir, n'avancerait pas, irrité ou
découragé parce qu'il ne peut, en quelques bonds, atteindre le sommet... Qu'il se mette courageusement
en marche, qu'il avance pas à pas, sans trouble et sans hâte ; et peu à peu il arrivera au terme, sans chute,
presque sans effort.
De même, dans le chemin de la sainteté, allons à Dieu résolument, mais doucement,
persévéramment, jour par jour, heure par heure, nous proposant un mieux chaque jour.
Evitons d'agir avec Dieu comme avec un étranger ou un maître avec qui l'on n'a que des rapports de
convention ou de contrainte. Aimons à l'associer, à le mêler à tout ce qui nous touche, à nos pensées et à
nos affections, à nos douleurs et à nos joies, à nos espérances et à nos tristesses, à notre vie enfin,
comme un père, comme un ami. Tâchons de nous rendre de plus en plus dignes de cette familiarité
auguste, par un détachement des choses humaines de plus en plus complet, par une constante élévation
d'âme vers sa divine majesté, par une générosité croissante à son service.
N'oublions pas que, si la violence ravit le ciel, les violents dont parle l'Evangile, sont, en même temps,
les doux et humbles de cœur qui entreront dans le royaume des cieux.
La violence sera pour les occasions de résistance et de sacrifice ; l'humilité et la douceur, avec la
paix qu'elles produisent, seront pour l'habitude de la vie. C'est donc dans ce dernier état qu'il faut nous
efforcer de nous établir, tout en nous attachant à bien faire ce que nous faisons, sans trop nous préoccuper
de ce que notre zèle peut produire.
Embrassons et bénissons notre croix de chaque jour mais simplement et sans chercher à nous
rendre intéressants si elle est lourde à porter. Si nous entendons parler de grandes choses héroïques,
louons-les et révérons-les comme il convient ; mais persuadons-nous bien que la vie obscure avec ses
humbles labeurs et ses offrandes quotidiennes nous conviennent beaucoup mieux.
Ne recherchons aucun de ces déguisements mystérieux et subtils que l'amour-propre sait inventer ;
aimons à rester inconnus à tout le monde, indignes à nos propres yeux.
Accommodons-nous à l'humeur des autres, et, dans les choses permises, cédons-leur avec une telle
aisance que personne ne pense qu'il nous en coûte beaucoup.
Enfin, dans les combats à livrer au milieu des épreuves sans gloire dont la vie est semée, s'il en
coûte à notre orgueil, souvenons-nous que la porte du ciel est très basse et qu'il faut se faire petit pour y
entrer.
*
**
Si parfois nous sommes tentés de trouver trop rude le chemin qui mène à la vie éternelle, souvenonsnous que Notre-Seigneur Jésus-Christ l'a suivi le premier, dissipant les obscurités et émoussant les épines
qui nous blesseraient trop ; qu'il est toujours avec nous, qu'il est tout nôtre avec sa grâce pour soutenir
notre courage chancelant ou relever nos forces prêtes à défaillir. Allons à lui, unissons-nous à lui, à son
Sacré Cœur, par l'oraison, par la prière, par les sacrements, par l'Eucharistie : l'Eucharistie ! immense foyer
d'amour, source de toute vertu ! Par l'Eucharistie nous sommes forts contre nos ennemis, nous pouvons
tout : « Quand on a Dieu dans son cœur, disait le pieux et vaillant général de Sonis, on ne capitule jamais
».
Oui, M. T. C. F., ouvrons notre cœur tout entier à Jésus-Christ, appelons-le sans cesse dans notre
cœur ; qu'il en soit le seul maître, qu'il y règne, qu'il y demeure avec son Evangile et sa Croix ; qu'il y
allume la flamine vive de la charité, foyer de toute grandeur morale ; qu'il donne à notre intelligence une
lumière sûre et claire sur ses devoirs et ses destinées ; à notre volonté un ressort moral d'une puissance
invincible, plaçant à côté des mystères douloureux de la vie la certitude de J'oies immortelles au-delà du
tombeau. En un mot, faisons en sorte que Jésus-Christ soit si bien dans notre esprit, dans notre cœur,
dans nos pensées, nos paroles et nos actes, que nous puissions dire qu'il est véritablement pour nous la
voie, la vérité et la vie.
Souvenons-nous de plus que nous avons au ciel une Mère puissante autant que bonne, don
suprême de Jésus-Christ mourant; une Mère que nous saluons avec bonheur chaque matin : Salve
Regina, Mater miséricordiæ, en lui demandant qu'après l'exil de cette vie, elle nous montre Jésus, le fruit
béni de son sein virginal.
Il y a encore là-haut des Saints, nos aînés dans cette vallée de larmes dont ils ont connu les écueils
et les douleurs; des âmes très chères envolées hier d'auprès de nous : c'est-à-dire une immense et
incomparable légion d'intercesseurs qui nous regardent, nous protègent et nous attendent.
LA SAINTE COMMUNION.
Conformément au désir de la Sainte Eglise, qui est celui de Notre-Seigneur lui-même, nous avons le
bonheur de communier fréquemment, même journellement pour le plus grand nombre d'entre nous. Mais,
M: T. C. F., ce bien infiniment précieux qu'est la sainte communion, nous ne devons pas être seuls à en
jouir. Voués à l'éducation de la jeunesse, faisons ce qui est en notre pouvoir pour porter les enfants de nos
écoles à la communion fréquente, en conformité du décret pontifical qui a été inséré dans la circulaire du
30 mai dernier.
Dans le paragraphe 7 de ce décret, Notre Saint-Père le Pape Pie X, après avoir recommandé la
communion fréquente et quotidienne dans les instituts religieux de tout genre, ajoute qu'on doit s'efforcer
également le plus possible de la promouvoir dans les séminaires, de même dans les autres maisons
d'éducation chrétienne, quelles qu'elles soient. Exhortons donc souvent nos élèves, petits et grands, - à se
nourrir fréquemment du Dieu de l'Eucharistie. « Quelle aberration, dit Mgr de Ségur, d'interdire la
communion aux enfants parce qu'ils sont légers ! Autant vaudrait la leur interdire parce qu'ils sont enfants.
» Soyons persuadés que la ferveur chrétienne de nos écoles croîtra avec la fréquente communion, et
qu'elle atteindra son apogée quand les confesseurs et les directeurs spirituels seront les apôtres de la
communion fréquente et quotidienne.
Ici, M. T. C. F., je crois devoir vous avertir que nous avons à nous tenir en garde contre un abus
auquel nous expose l'inappréciable faveur qui nous est accordée, comme serait d'aller à la Table sainte
pour suivre l'usage ou par des motifs humains, et de faire des communions de routine.
Communions pour nous conformer au bon plaisir de Dieu, pour répondre au désir et à l'amour de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous unir plus étroitement à lui par la charité, nous remplir de son esprit et
régler notre vie sur ses maximes et ses exemples. Efforçons-nous de rendre nos communions ferventes et
fructueuses; rappelons-nous fréquemment dans la journée la communion du matin; pensons à ce que
Notre-Seigneur demande de nous dans l'accomplissement de nos devoirs, et dans les occasions qui se
présenteront de faire tel sacrifice ou tel acte de vertu ; faisons de nos occupations de la journée, de nos
exercices de règle, de nos prières, autant d'actions de grâces pour la communion du matin, ou d'actes de
préparation à la communion future. La veille du jour de communion, formons nos intentions pour le
lendemain ; renouvelons ces intentions dans notre préparation immédiate, à laquelle il faut apporter toute
l'application dont nous sommes capables. N'oublions pas que nos intentions doivent se rapporter à la gloire
de Dieu d'abord, puis à nos besoins personnels, à ceux de la sainte Eglise, de notre Institut, de nos
parents, de nos Supérieurs, de nos bienfaiteurs, à la conversion des pécheurs, au soulagement et à la
délivrance des âmes du purgatoire. Ne nous bornons pas aux intentions recommandées et exprimées dans
notre calendrier religieux : il en est beaucoup d'autres qui méritent notre attention, telles que celles qui ont
pour but de remercier Dieu des grâces, du bonheur et du pouvoir qu'il a accordés à ses saints ou à tel
saint en particulier, ou de lui demander qu'il nous fasse application des grâces et des fruits spécialement
attachés à telle ou telle fête.
Apportons à l'action de grâces toute l'attention, toute la dévotion, toute la ferveur recommandées par
les maîtres de la vie spirituelle. Adorons, louons, remercions Notre-Seigneur Jésus-Christ, son divin Père et
le Saint-Esprit; prions la sainte Vierge de nous prêter son cœur, de nous faire part de son amour, pour
nous acquitter de nos devoirs envers Jésus dans la sainte Eucharistie, et unissons-nous aux adorations,
aux louanges et aux actions de grâces des anges du sanctuaire, des âmes pieu se s qui sont sur la terre et
de toute la cour céleste. Offrons-nous sans réserve à Notre-Seigneur, avec tout ce que nous avons et tout
ce que nous pouvons. Exposons-lui nos besoins avec une simplicité, une confiance, un abandon tout filial.
Demandons-lui tout ce qui peut contribuer à notre avancement spirituel, à notre union de plus en plus
parfaite avec son cœur adorable ; et prenons à cette fin des résolutions pratiques.
Parmi les intentions que nous devons nous proposer, M. T. C. F., non seulement dans la sainte
communion, mais encore à la sainte messe et dans tous nos exercices de piété, je crois devoir insister
spécialement sur les besoins de la sainte Eglise. Prions, prions beaucoup pour notre Saint-Père le Pape
Pie X, le Pontife bien-aimé, si bon, si doux et à la fois si ferme, que Dieu, dans sa miséricorde, a donné à
son Eglise dans les mauvais jours que nous traversons. Prions Dieu de le conserver, de l'éclairer, de le
fortifier, de l'aider à porter sa pesante croix, et de lui accorder la consolation de voir l'Eglise trompher de
ses persécuteurs.
Recommandons de même au bon Dieu et à la très sainte Vierge l'épiscopat, le clergé, les religieux,
les missionnaires, tous ceux qui, à un titre quelconque, défendent la religion, enfin tous les catholiques
fidèles, afin que tous ne faisant qu'un cœur et qu'une âme, tous soumis au Souverain Pontife et animés de
la même foi, unissent leurs prières, leurs sacrifices et leurs efforts pour résister avec courage et fermeté
aux ennemis de Jésus-Christ et de son Eglise.
C'est bien le cas de rappeler ici l'exhortation que l'apôtre saint Paul adressait aux Ephésiens, laquelle
nous convient à tous en tout temps, mais particulièrement en celui où nous vivons.
« Mes frères, leur écrivait-il, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans sa vertu toute puissante.
Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, pour pouvoir résister aux embûches et aux artifices du démon :
car nous avons à combattre non seulement contre des hommes composés de chair et de sang, mais contre
les principautés et les puissances de l'enfer, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits
de malice répandus dans l'air. C'est pourquoi prenez les armes de Dieu, afin de pouvoir résister au jour
mauvais et demeurer parfaits en toutes choses. Soyez donc fermes; que la vérité soit la ceinture de vos
reins, la justice votre cuirasse, et que votre chaussure soit préparée pour aller prêcher l'Evangile de la paix.
Servez-vous du bouclier de la foi, pour pouvoir éteindre tous les traits enflammés de l'esprit malin. Prenez
encore le casque du salut et le glaive spirituel, qui est la parole de Dieu » (Ephés., VI, 10-17).
CAUSE DU VÉNÉRABLE FONDATEUR.
Je recommande instamment aux prières de tous les Frères et à celles des élèves de nos écoles, la
cause de béatification du Vénérable Père Champagnat. J'invite chaque Frère en particulier à invoquer à
cette fin le Sacré Cœur de Jésus, et à réciter fréquemment la consécration du Vénérable Père à NotreDame de Fourvière, pour obtenir, par l'intercession de la sainte Vierge la glorification de son dévot et fidèle
serviteur.
Si des guérisons miraculeuses ou autres faveurs extraordinaires étaient obtenues par l'intercession
de notre Vénérable, le procès de béatification près du Saint-Siège pourrait avoir sous peu l'heureuse issue
que nous désirons tous pour la gloire de Dieu, pour l'honneur qui doit en revenir à notre Père Fondateur, et
pour le bien qui peut en résulter pour nous et pour l'Eglise.
RECRUTEMENT DE VOCATIONS.
Par un effet de la divine miséricorde, il nous a été donné, M. T. C. F., de trouver cette pierre
précieuse dont parle l'Evangile, et, pour l'acquérir, de renoncer à tout ce que nous possédions, jusqu'à
nous-mêmes. Cette pierre d'un si grand, prix, c'est, d'après saint Bernard, « l'état religieux, cette vocation
pure, sainte, immaculée, où l'homme vit plus purement, tombe plus rarement, se relève plus promptement,
marche plus sûrement, reçoit plus de grâces, repose avec une plus grande paix, meurt avec plus de
confiance, passe avec plus de rapidité par le lieu de l'expiation, et est plus richement récompensé dans le
ciel ».
Mais ce trésor, il ne faut pas le laisser enfoui, il faut non seulement le faire valoir pour nous-mêmes,
mais encore faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que d'autres y aient part. Saint André peut nous être
proposé pour modèle : étant celui des apôtres qui, le premier, connut Jésus, il s'empressa de le faire
connaître à son frère Simon (Pierre), et de le mener à Jésus. Saint Augustin nous dit de lui-même : « J'ai
aimé avec ardeur la perfection (des conseils évangéliques)... avec la grâce de Dieu je l'ai embrassée...
J'exhorte de toutes mes forces les autres à en faire autant, et j'ai des compagnons auxquels j'ai réussi à le
persuader ». - Mais quel exemple remarquable que celui de saint Bernard 1 Parvenu à l'âge de 20 ans et
poussé par la grâce à embrasser l'état religieux, il triomphe des oppositions de sa famille et entraîne avec
lui, à Cîteaux, son oncle, ses cinq frères et trente gentilshommes des plus illustres.
Rappelons-nous, M. T. C. F., le zèle du bon et fervent Frère Pascal, Assistant, de sainte et chère
mémoire pour le recrutement des vocations. Dans une lettre du 25 janvier 1860, il en faisait l'objet de la
recommandation la plus pressante au Frère Visiteur de la province du Nord. « Des milliers d'enfants, lui
disait-il, nous appellent par la bouche de leurs pasteurs, et nous restons sourds à leurs voix, faute de
sujets... Allons donc, selon l'invitation du divin Maître, dans les carrefours, dans les places publiques, le
long des haies, et forçons les gens d'entrer, jusqu'à ce que la salle du festin soit pleine, c'est-à-dire que le
nombre des bons Frères soit en rapport avec celui des demandes. Allumons le feu divin, le saint zèle chez
nos Frères, chez tous, mais surtout chez nos bons Directeurs ».
Pour en venir à quelque chose de positif, voici ce que conseillait le zélé Frère Assistant :
« 1° Prier et faire prier beaucoup, car c'est Dieu qui suscite les vocations et qui les fait arriver dans les
communautés qu'il veut bénir.
« 2° Aller à la recherche des vocations, c'est-à-dire étudier, observer, découvrir parmi nos enfants,
parmi ceux qui nous avoisinent et que nous pouvons connaître, tous ceux qui auraient les qualités et
l'attrait voulus. Une fois ces enfants connus, les préparer, cultiver leurs qualités, leur inspirer l'amour de la
religion, la dévotion à la sainte Vierge, tout faire pour les éloigner du mal, les porter aux pratiques de piété,
à la fréquentation des sacrements, les attacher à l'école et entretenir leurs dispositions pour la vie
religieuse.
« 3° S'assurer des vocations, surtout au moment où les enfants cessent de fréquenter l'école ; user
alors de tous les moyens que peut inspirer le zèle et que la prudence permet, pour que l'entrée au noviciat
soit agréée par les parents, et que rien ne l'empêche ni ne la retarde.
« 4° Ne pas oublier le conseil de saint Liguori, qui consiste à tenir secret ce qui concerne les
vocations ; tout préparer sans qu'aucun étranger à. la chose, ou capable de lui nuire, en sache le moindre
mot. M. le Curé ou le confesseur, puis les parents, sont les seuls avec qui nous ayons à traiter cette affaire.
« Vous me faites plus de plaisir, écrivait-il à un Frère Directeur, en m'annonçant un bon postulant que
si vous me promettiez cent mille francs : un bon religieux n'a pas de prix, la terre entière ne le payerait pas.
« Instruire les enfants, c'est faire le commerce du ciel en détail ; recruter des vocations, c'est faire ce
commerce en grand ; favoriser une vocation religieuse, c'est d'un seul coup procurer l'instruction chrétienne
à plusieurs centaines d'enfants, les mettre dans le chemin du ciel et leur en ouvrir la porte. »
Ainsi s'exprimait le saint Frère Pascal, inspiré par sa grande foi et son zèle ardent pour la gloire de
Dieu et le salut des âmes. Persuadons-nous que ses pressantes exhortations s'adressent à nous, non
moins qu'aux Frères de son temps ; car autant et plus qu'alors, la moisson est grande, et il y a peu
d'ouvriers.
Mais peut-être dira-t-on que ce n'est guère le moment de multiplier les membres des communautés
alors qu'elles sont frappées et dispersées par la persécution. Notre-Seigneur savait très bien que la
persécution atteindrait et disperserait ses apôtres : cependant il ne laissa pas de leur dire : « Je vous
envoie, allez et enseignez ». Imitons-le ; gardons-nous, par une prudence et des craintes exagérées, de
négliger le recrutement des vocations ; nous n'aurons jamais trop de sujets : on en demande dans toutes
les contrées du monde ; la terre libre de l'Amérique, en particulier, offre un vaste champ à notre zèle, non
seulement à nous, mais à toutes les congrégations religieuses. Ne doutons point de la Providence : elle qui
prend soin des petits oiseaux ne saurait délaisser les âmes religieuses qui sont le troupeau choisi de
Jésus-Christ et la gloire de son Eglise.
Et, pour nous encourager dans cette œuvre d'apostolat qu'est le recrutement des vocations,
écoutons saint Thomas nous disant : « Ceux qui engagent les autres à embrasser l'état religieux, non
seulement ne pèchent pas, mais même méritent une grande récompense » ; et l'apôtre saint Jacques
écrivant : « Celui qui ramènera le pécheur de l'erreur de sa voie, sauvera son âme, et couvrira la multitude
de ses péchés ».
NOCES D'ARGENT DU COLLÈGE SAINT-JOSEPH A
SYDNEY.
Août 1906.
(Extrait du Freeman's Journal de Sydney du 25 août 1906.)
I
Dimanche dernier, 19 août, malgré le mauvais temps, plusieurs centaines d'anciens élèves et d'amis
du Collège se trouvaient réunis à Hunter'g Hill, pour se joindre aux bons Frères Maristes et à leurs élèves
et, avec eux, célébrer dignement les noces d'argent de l'établissement d'éducation bien connu.
A leur arrivée au collège, les visiteurs furent reçus avec la plus grande cordialité par le vénéré
Supérieur et son personnel. L'hospitalité la plus franche est proverbiale à Saint-Joseph.
De tous côtés, drapeaux et oriflammes flottaient au vent. Il va sans dire que le drapeau vert de la
fidèle Irlande avait la place d'honneur.
A onze heures, Sa Grandeur Monseigneur Kelly, Coadjuteur de son Eminence le Cardinal
Archevêque de Sydney, faisait son entrée dans la gracieuse chapelle du collège. La décoration du saint
lieu était digne de la fête. Sa Grandeur célébra la sainte Messe.
Le diacre, le sous-diacre et le maître des cérémonies étaient tous des anciens élèves du collège. Dans le chœur, avaient pris place Nosseigneurs Dwyer et O'Brien, un grand nombre de prêtres distingués
et les représentants des différents Ordres religieux.
Le chant de la Messe pontificale par la chorale du collège a été fort admiré. Plusieurs des visiteurs,
musiciens distingués, ont déclaré n'avoir jamais entendu un chœur de voix d'enfants pouvant se mesurer
avec les choristes de Saint-Joseph. - A la fin de la Messe, un éloquent sermon de circonstance a été
prêché par Monseigneur Dwyer, de Maitland. En voici les pensées saillantes :
Mes Très Chers Frères,
Nous nous sommes assemblés, aujourd'hui, pour nous unir aux Frères Maristes, bénir le bon Dieu et
le remercier des grâces qu'il s'est plu à répandre sur eux et leur beau collège de Saint-Joseph, pendant le
quart de siècle qui vient de s'écouler.
Afin de vous exciter à la reconnaissance, je vais, mes Frères, vous prier de m'accompagner dans un
coup d’œil sur le passé du collège et ses éducateurs d'élite.
Le jour de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, 16 juillet 1881, le premier pensionnat établi par les
Frères Maristes, en Australie, fut transféré de Harrington street, Sydney, où quelques années auparavant
les Frères s'étaient établis, dans la pauvreté et la modestie, à l'endroit même où nous sommes assemblés
aujourd'hui. Les Frères avaient 43 élèves. Un an après, le nombre s'était élevé dans des proportions telles
que l'on dut se décider à bâtir.
Le 3 novembre 1882, la première pierre de l'aile gauche fut posée avec grande cérémonie par sa
Grandeur Monseigneur Vaughan, d'illustre mémoire. Le 9 décembre 1884, trois mois après son arrivée à
Sydney, notre grand et vénéré Cardinal Archevêque bénit cette première partie de l'édifice que nous
admirons. Cinq ans plus tard le centre et l'aile droite furent commencés, et en 1894, le collège était
complet." La dépense était grande. Grande aussi fut la joie des Frères Maristes quand, le 17 mars, son
Eminence le Cardinal bénit les nouvelles constructions, en présence du Très Révérend Frère Supérieur
Général et de l'élite du clergé et de la population catholique de Sydney.
Pendant ces 25 années le collège a fait brillamment son chemin : 2.500 jeunes gens ont emporté de
Saint-Joseph les qualités qui font les bons catholiques et les chrétiens fervents. -620 d'entre eux n'ont dit
adieu à leur « Alma Mater » qu'après avoir subi les divers examens avec grand succès ; c'est ce dont font
foi, 25 médailles universitaires et des bourses dont la valeur atteint 30.125 francs. Le collège a donné 18
prêtres à la Sainte Eglise, 6 membres aux Ordres religieux, et à la société 70 médecins, avocats et
notaires.
Ces chiffres parlent. Ils nous disent ce que les bons Frères ont fait pour nos enfants, et la part qu'ils
ont prise dans la marche progressive de l'éducation catholique dans notre beau pays.
N'ai-je pas raison, mes Frères, de vous inviter à vous unir à moi dans un acte de reconnaissance
envers le bon Dieu pour tant de bienfaits?
Après avoir donné un aperçu de l'histoire de l'Institut des Frères Maristes et de son merveilleux
développement, l'orateur a parlé de la folle persécution dont sont victimes les Congrégations religieuses en
France.
Nous avons de la peine à le croire, dit-il, mais il est cependant vrai, trop vrai, que le pays qui a donné
naissance aux Maristes a rejeté de son sein ses meilleurs enfants. Les Frères ont dû prendre le chemin de
l'exil. Le noble édifice de Saint-Genis-Laval est désert ; là, plus de jeunesse se formant aux vertus
religieuses aussi bien qu'aux sciences divines et profanes. La « Maison-Mère » a dû être transférée à
Grugliasco, en Italie. Les Frères ont été forcés, par la loi de leur pays, d'abandonner leur champ de bataille,
non parce qu'ils n'étaient pas à la hauteur de leur tâche, mais parce que le Gouvernement de la France est
ennemi de leur religion. Ceux qui conduisent les destinées de ce grand pays s'évertuent à crier le mot «
liberté », ils l'écrivent sur leurs monuments et leurs étendards; cependant, cette liberté qu'ils prêchent, ils la
refusent aux bons religieux qui ne demandent qu'à se dévouer et à faire le bien.
Nous avons 229 Frères Maristes en Australie. Le plus grand nombre d'entre eux sont nos
compatriotes, non par adoption mais de naissance. C'est pourquoi ils comprennent si bien nos besoins.
Après avoir vu ce que le collège a accompli en ces 25 années d'existence, et admiré ceux qui
consacrent leur vie à une œuvre si belle, nous pouvons mieux entrer dans l'esprit de reconnaissance
envers le Dieu qui les a guidés en toutes leurs voies. Oui, mes Frères, dans notre amour pour lui et sa
sainte Eglise, remercions-le de nous avoir donné en ces jours d'infidélité et d'indifférence religieuse, une
noble armée de chevaliers luttant contre le courant, combattant avec courage l'ignorance et le vice, non
moins par l'exemple de leur vertueuse -vie que par leur enseignement foncièrement chrétien.
Mais, mes très chers Frères, les Maristes n'ont-ils pas été mis hors la loi par le Gouvernement de l'un
des pays les plus civilisés du monde? Leur enseignement n'a-t-il pas été déclaré dangereux pour le pays et
la société? Les Chambres françaises n'ont-elles pas décidé après mûr examen que l'enseignement donné
par les Religieux est nuisible au progrès du pays tout comme au bonheur du peuple?
Nous savons les motifs qui ont inspiré le Gouvernement français. Les Religieux enseignants ont été
persécutés à cause du grand succès de leur enseignement. Encore une fois ayons recours aux chiffres. De
1876 à 1899, le nombre des inscriptions dans les collèges et lycées de l'Etat, en France, a augmenté de 3
pour cent ; celui des collèges catholiques, de plus de 50 pour cent. Pendant la même période, le nombre
des inscrits dans les écoles primaires catholiques et libres s'est -élevé de 440.000 à 1.245.000. Ces
chiffres prouvent que les écoles religieuses avaient la pleine confiance des parents. Le vrai motif du
Gouvernement français a été de persécuter l'Eglise de Dieu. Les hommes au pouvoir veulent détruire la foi
en France par le moyen de l'école athée obligatoire. Ce but est évident : les sectaires eux-mêmes n'en font
pas un secret.
Ecoutons M. Combes répondant à un adversaire qui, pour sauver les Congrégations, déclarait, à la
Chambre, que les Religieux avaient toujours été à l'avant-garde du progrès en matière de pédagogie : «
Leur progrès n'est qu'un progrès fictif, un progrès de surface. -Leur morale doit rester ce qu'elle a toujours
été. Chez eux, tout est basé sur un dogme qui ne change pas. Malgré leur désir, les Congrégations ne
peuvent pas être progressives. Elles ne peuvent pas être de notre temps, elles ne peuvent pas suivre notre
évolution pédagogique. Elles peuvent s'assimiler nos programmes mais s'assimiler notre esprit, jamais ».
Vous voyez, mes Frères, que le Gouvernement français ne fait la guerre aux instituteurs religieux que
parce qu'il a déclaré la guerre, la guerre à mort à la Religion du Christ. Pour nous qui croyons en Dieu, à la
vérité de notre foi et à la nécessité absolue d'inculquer cette foi et la morale qui en découle, dans le cœur
de nos enfants, pour nous, dis-je, l'éducation chrétienne est sans prix.
Nous voulons garder notre foi, nous voulons conserver l'esprit chrétien dans notre pays ; et pour cela,
nous voulons plus que jamais estimer et garder nos Frères ; notre désir le plus cher est de les voir
prospérer et se multiplier.
Au nom de Son Eminence le Cardinal, du clergé et des fidèles, je félicite les Frères Maristes. Ils
étendent leur influence pour le bien dans tout le monde. Au nom de tous, nous leur offrons nos
condoléances pour les persécutions dont ils sont l'objet en France - et en Chine, devrais-je ajouter -car cinq
membres du cher Institut viennent d'y verser leur sang pour l'amour du Christ et l'extension de son règne.
Mais, mes Frères, les persécutions ont toujours été une source de prospérité. Demandons au bon Dieu de
bénir nos Frères, d'en augmenter le nombre, de les maintenir dans l'esprit de leur état, et avec eux
remercions Dieu qui leur a donné une si noble vocation, et en a fait les amis de son Sacré-Cœur.
Prions aussi pour l'Australie, afin que ses fils, guidés par les sentiments de la foi, sachent toujours
apprécier l'éducation chrétienne ; afin que nous soyons gardés contre l'esprit de faux progrès et de fausse
liberté. La liberté que nous voulons, c'est celle d'être de bons chrétiens, de vertueux catholiques et de faire
le bien. La liberté que nous ne voulons pas, c'est celle qui nous mènerait au paganisme et à toutes ses
abominations. La vraie liberté, c'est la Religion qui l'a donnée au monde, et c'est la Religion seule qui en
est la préservatrice.
Après la Messe, les invités, au nombre de plus de 300, se rendirent dans l'un des grands réfectoires,
décoré pour la circonstance. Son Eminence le Cardinal daigna présider le banquet, et à ses côtés prirent
place Nosseigneurs Kelly, de Sydney; Dwyer, de Maitland; O'Brien et O'Haran ; Messieurs Devlin et
Donovan, membres du parti irlandais à la chambre des Communes d’Angleterre, de nombreux membres du
clergé séculier et régulier, les membres de l'Union des anciens élèves, et des amis du collège.
Au dessert, le cher Frère Clément, directeur du collège, remercia Son Eminence, Nosseigneurs les
Evêques, les membres du Clergé et tous les assistants, d'avoir accepté son invitation et bravé les
intempéries de la saison, pour venir célébrer les noces d'argent de Saint-Joseph.
Son Eminence avait dû désobéir au docteur pour se trouver au collège, et les délégués irlandais
interrompre leur série de conférences pour arriver le jour voulu ; aussi le cher Frère Directeur et les autres
Frères furent-ils vivement touchés de ces témoignages de sympathie.
Après avoir lu plusieurs télégrammes arrivés le jour même de toutes les provinces du Continent, le
Frère Directeur ajouta : « Celui-ci, je l'ai gardé pour le bouquet : c'est la Bénédiction de Notre Saint-Père le
Pape Pie X, écrite de sa propre main ».
Le Procureur de notre Institut, à Rome, dans une audience privée, avait demandé la Bénédiction
papale pour le Collège, ses maîtres, ses élèves, anciens élèves et leurs familles. Le Saint-Père l'avait
accordée de grand cœur et avait écrit au bas de la supplique
« Deus omnipotens adimpleat omnem benedictionem, suam, in dilectis filiis, quibus tausta quoeque
et salutaria. adprecamur.»
« Que Dieu tout-puissant accorde ses plus grandes bénédictions à nos fils bien-aimés, auxquels
nous souhaitons le salut et toute sorte de bonheur. » Plus P. P. X.
Son Eminence le Cardinal Archevêque se leva alors, au milieu des applaudissements de l'assemblée
: « Je lève mon verre à la prospérité de ce Collège si recommandable. Mon désir est que chaque année
ajoute quelque chose aux lauriers conquis dans le passé. - Les 25 ans qui se sont écoulés depuis sa
fondation ont vu bien des fêtes; les triomphes des élèves ont été dignement célébrés ; mais de toutes vos
fêtes, mes chers Frères, il me semble que celle d'aujourd'hui est la plus belle. - Vous avez présentement,
sous votre toit, les délégués de la verte Irlande, cette île si célèbre dans le passé, cette île des sages et
des saints. Une chose que l'on oublie quelquefois, c'est que dans les temps anciens l'Irlande pouvait aussi,
avec vérité, s'appeler l'écrin de la science, la grande Université de l'Occident. Avec vous tous, je me réjouis
de ce que nous avons ici, au milieu de nous, les deux délégués du vaillant parti irlandais. Avec vous, je me
réjouis de ce qu'ils se sont unis à nous, en ce jour, pour offrir la sympathie la plus sincère de notre cher
pays à cette Institution toute pleine de vigueur qui, en notre nouvelle patrie des Mers du Sud, essaye de
reproduire les gloires littéraires de la vieille Irlande. A ces vaillants représentants de la patrie lointaine, nou
s offrons notre meilleure sympathie et aussi notre reconnaissance.
- En levant mon verre à la prospérité de Saint-Joseph, je sens que vous me demandez un mot sur
son passé et aussi mes souhaits pour l'avenir. Du glorieux passé je remercie Dieu, l'Institution, les
Supérieurs, le personnel et les nombreux élèves.
On dit quelquefois que la reconnaissance est une demande de faveurs nouvelles. Eh bien !
Messieurs, j'attends de nouvelles faveurs et c'est pour ces futures faveurs que, dès maintenant, je vous
offre ma gratitude. J'ai non seulement l'espoir, mais bien la certitude que ce grand collège ajoutera à ses
victoires de nouveaux lauriers, pour l'honneur et le succès de la grande cause de la Religion et de
l'Education.
Il y a vingt-cinq ans, le grain de sénevé fut semé ici, site admirable sur tous les points. Je félicite les
Frères de l'avoir choisi, et d'y avoir élevé le bel édifice qui a remplacer le premier collège construit en bois,
et où étaient réunis une quarantaine d'élèves. Tout ici témoigne qu'ils ont parfaitement compris les besoins
d'une maison d'éducation.
Nous lisons dans l'Ecriture que le grain de sénevé grandit et devint un arbre magnifique sur les
branches duquel les oiseaux du ciel vinrent se reposer. - Eh bien ! les oiseaux du ciel sont venus à SaintJoseph, car 2.500 élèves sont sortis de ses murs en 25 ans, après s'être reposés à l'ombre de ses
branches. Beaucoup ont passé les mers pour venir à Saint-Joseph. Il en est venu de tous les points de
notre continent, de Nouvelle-Zélande, Samoa, Fidji, Nouvelle-Calédonie, Tonga, d'Irlande, d'Angleterre,
des Etats-Unis, de France, voire même du Chili. S'ils sont venus de si loin, c'est pour s'enrichir des dons
précieux que Saint-Joseph répand à profusion.
A mon arrivée ici, j'ai -été frappé par la vue de la statue de Notre-Dame Immaculée qui couronne
l'édifice et j'y ai vu l'emblème et le gage des bénédictions divines sur cette maison, et de la protection toute
puissante de la Vierge qui est appelée le Siège de la Sagesse, la Mère du bon Conseil, le Secours des
chrétiens, la Reine des Victoires. Avec l'aide de cette Conseillère incomparable et de cette céleste Reine,
continuez, mes Frères, à donner à notre jeunesse les leçons de la divine Sagesse, apprenez-lui à
combattre, comme vous, le bon combat ; et, encouragés par les victoires du passé, avancez avec
confiance vers les victoires de l'avenir. Avec votre concours joint. à celui des ministres du Seigneur, Celle
qui a été destinée à écraser la tête du serpent, triomphera de cette bête maudite dans notre chère
Australie.
Quand je songe aux résultats obtenus et au bien opéré en Australie par cette belle Institution, je me
sens plein de reconnaissance envers nos bons Frères. Je n'exagère pas quand je dis que ce sont des
héros de la foi et de la charité, et que leur vie est un acte d'immolation héroïque et continuelle, une vie
pleine de mérites et digne d'une glorieuse récompense.
Le grand Cicéron disait que la République n'avait pas de récompense, pas d'honneurs dignes de
ceux qui élevaient sa jeunesse. Si nous sentons que Cicéron disait vrai, que devons-nous penser de ces
bons Religieux qui se dévouent, qui se sacrifient non dans l'espoir d'améliorer leur condition, ou de se faire
un grand nom, mais seulement pour faire le bien et accomplir la noble mission que la sainte Eglise leur
confie? -Quelle mission sublime, Messieurs, que celle de conduire la jeunesse dans le chemin de la vertu,
et de la préparer, par une vie chrétienne, à une éternité bienheureuse !
Je vous ai cité les paroles de Cicéron ; il y en a d'autres qui me sont plus chères encore : paroles
inspirées ; je les. prends dans nos saints Livres : « Ceux qui instruisent les autres dans la- justice, brilleront
comme des étoiles dans le firmament du ciel ». Voilà la récompense réservée à nos Frères.
*
**
Après avoir parlé du mérite de l'éducateur, je ne puis me taire Fur la responsabilité qu'il assume et
sur l'importance de son œuvre.
On a dit que l'éducation consistait à faire éclore, à développer les facultés innées dans l'âme de
l'enfant. Mais, Messieurs, il me semble que l'éducation chrétienne est quelque chose de plus, quelque
chose de bien plus grand dans son but.
L'éducation chrétienne, non seulement fait éclore les qualités de l'esprit humain, elle les ennoblit et
les perfectionne. Elle imprime sur ses facultés le sceau du christianisme et leur donne une pureté, une
beauté, un parfum que le monde ne peut donner. Les facultés de l'esprit se révèlent par l'éducation. L'élève
qui semble être le moins doué, possède peut-être de riches facultés mais elles sont recouvertes de l'écorce
de l'ignorance, et c'est l'éducation qui doit les cultiver. Qu'elle est donc belle, la vocation' de l'éducateur !....
Saint Jean Chrysostome nous dit que dans les vieilles républiques de la Grèce et de Rome, le sculpteur et
le peintre avaient de droit les places d'honneur dans les assemblées publiques. Quelle place, Messieurs,
est due à ceux qui sculptent, qui moulent les cœurs vivants !
La responsabilité de l'éducateur est grande, grande aussi est sa dignité. Je suis tenté de la croire
plus grande même que la pensée humaine ne le peut concevoir.
L'éducateur chrétien a mission- de dispenser tous les trésors de la sagesse divine et humaine. Il
dirige l'esprit vers la vérité, la volonté vers la vertu; il guide le cœur dans ses affections, il rend possible la
possession du bonheur même ici-bas, car ce qu'il enseigne, c'est le bien, c'Est la piété, c'est tout ce qui
peut rendre l'homme heureux.
Le vieux poète italien, le Dante, nous donne en quelques-unes de ses lignes immortelles ce que son
grand maître, saint Thomas d’Aquin, lui avait appris. Il nous dit que notre âme est faite pour la vérité, notre
esprit pour la vertu, notre cœur pour la piété et toutes les perfections. Où trouverons-nous la vérité
suprême, la piété parfaite, le bien infini sinon en Dieu? L'œuvre de l'éducateur est donc de conduire vers
Dieu les pas de ceux qui commencent la vie, afin qu'ils puissent jouir du bien suprême. Quand je pense à
la mission de l'éducateur, le mot de Socrate me revient. Ses élèves lui demandaient de leur écrire les
leçons de sagesse qu'il leur avait prodiguées. « Ma tâche, répondit-il, est plus grande : je n'écris pas sur un
froid parchemin, mais sur des cœurs vivants. » Quelle tâche, Messieurs 1 Eh bien! cette tâche, les bons
Frères l'accomplissent ici depuis vingt-cinq ans.
*
**
J'ai dit beaucoup, et cependant si je considère l'œuvre qui s'accomplit sous nos yeux, je vois que je
n'ai pas exprimé tout ce que je sens, ce que nous sentons tous.
J'ai parlé de l'éducation de l'esprit, du cœur et de la volonté; mais ce n'est que l'A B C de l'éducation
chrétienne. Il y a quelques jours, le Président de la grande République Américaine déclarait que le meilleur
produit de l'éducation est la force de caractère. Cette force de caractère, les bons Frères ont peiné pour la
donner à leurs élèves. Ici on pétrit, on moule le caractère et la volonté, on sculpte des hommes qui seront
la joie de leurs familles et le soutien du grand pays que nous tous avons le bonheur d'habiter.
Il est à peine nécessaire, Messieurs, de vous développer mon troisième point, dans lequel je me
propose de démontrer que la mission d'éducateur est grande et noble par ses résultats.
Si nous jetons les yeux sur notre pays, nous voyons sans peine que le plus riche héritage d'une
fédération comme la nôtre consiste dans un grand nombre de citoyens éclairés et bons. La mission de ce
collège est d'élever de tels citoyens pour le bien du pays. Dans toutes nos villes aussi bien que dans nos
campagnes, nous trouvons des anciens élèves de Saint-Joseph. Tous se montrent des citoyens éclairés,
suivant droit le chemin marqué par la Providence, répandant autour d'eux toutes les joies et les bienfaits de
la paix et de la charité chrétienne. Nous les trouvons partout, prenant une part glorieuse à la formation
d'une grande Nation à laquelle Dieu semble avoir réservé une belle destinée.
J'ai parlé du passé, j'en ai parlé longtemps ; cependant je ne veux pas terminer sans dire un mot de
l'avenir.
Je voudrais, Messieurs, être sous le dôme de la tour du Collège. En esprit j'y suis, et m'orientant, je
vois des foules d'enfants et de jeunes gens venant à Saint-Joseph pour y recevoir une éducation
chrétienne. Je vois la Religion donnant la main à la Science, et imprégnant de ses maximes toutes les
leçons ; je la vois, cette religion, à la place d'honneur, en tout et partout ; je la vois non seulement dans les
leçons de catéchisme, mais inspirant toutes les actions des habitants de cette Institution. C'est qu'ici on
comprend que la religion doit tout vivifier et trouver sa place dans toutes les branches du programme. Nos
ennemis nous ont dit que l’Eglise enchaînait l'esprit, qu'elle cachait la vérité. Regardant dans l'avenir je vois
la grossière calomnie réfutée non par des paroles et des écrits, mais par les leçons, l'énergie et le
dévouement des maîtres et les succès des élèves.
Je les vois, ces élèves, s'assimilant les vérités de la science. Toute vérité acceptée par la science
sera admise ici, sera la bienvenue à Saint-Joseph ; car toute vérité même sous son écorce humaine, sert à
donner plus d'éclat aux rayons de vérité qui viennent de la source de toute vérité. L'ambition de tous, à
Saint-Joseph, sera toujours d'accueillir avec joie toutes les nouvelles découvertes de l'esprit humain, mais
de les rapporter à la gloire de Dieu.
*
**
Regardant l'avenir du haut du dôme de la Vierge sur votre tour, je découvre un point sombre à
l'horizon, un point qui semble être destiné à ternir l'écusson de notre patrie. Quelques penseurs ont dit que,
pour détruire l'amour effréné du jeu et écarter les périls qui en résultent, il fallait mettre fin aux différentes
formes de sport que les étudiants aiment tant. Ce n'est pas l'avis que je veux vous donner ; ce serait, je
crois, un bien mauvais avis. Continuez à jouer et à bien jouer. Je bénis ces jeux qui vous donnent la santé
et le courage ; mais, mes amis, n'aimez dans le jeu que ce qui est permis, juste et raisonnable. Que votre
intégrité soit au-dessus de tout soupçon. Soyez généreux envers vos adversaires. Respectez l'honneur de
votre « Alma Mater » et votre propre honneur.
Il a été dit aussi que le manque de respect pour toute autorité dûment établie était un autre point noir
menaçant le blason de l'Australie. Mon désir est que l'esprit de révérence et de respect soit un des heureux
fruits que -les étudiants emportent de Saint-Joseph. Respect du foyer, respect de la femme, respect de la
jeunesse : triple respect que les ennemis de l'ordre s'efforcent de détruire avec les germes de la foi. La
statue de Celle qui règne ici, vous rappelle la dignité à laquelle la femme a été élevée, et le respect qu'elle
mérite.
Nous ne pouvons fermer les yeux sur un autre point noir qui assombrit notre horizon. Vous savez,
Messieurs, que l'on essaye d'élever un mur de séparation entre les différentes classes de notre société. On
nous dit qu'il y aura toujours un abîme entre le patron et l'ouvrier, qu'il y aura toujours une classe travaillant
sans répit ni soulagement, pour que l'autre classe puisse jouir des douceurs de la vie. Eh bien ! Messieurs,
sachons reconnaître que ceux dont la naissance et le sort imposent la dure nécessité de supporter, les
misères de la vie, ont aussi droit à une part raisonnable de ses joies et de ses douceurs. Ceux qui ne
connaissent que les joies de la vie, comprendraient mieux cette vérité et seraient bien meilleurs s'ils
avaient à subir quelques-unes de ses peines, et à porter quelques-uns de ses pesants fardeaux.
La mission du collège et de ses fils sera de rapprocher les classes, d'établir partout l'union,
l'harmonie et la concorde. Tous nous savons que quelques-uns de nos législateurs ont dessein d'unir
Sydney à la rive nord par un pont immense. La réalisation du grand projet ne me causerait pas beaucoup
de surprise. Cependant, le pont dont la construction m'est le plus à cœur, et que les fils de Saint-Joseph
aideront à édifier, c'est celui qui doit unir les différentes classes de la société, et qui seul mettra fin à la lutte
ruineuse que se livrent le capital et le travail.
Je le sais, quand un élève sort d'ici, il part avec l'amour du pays dans- son cœur. Il s'en va avec la
ferme résolution de tout faire pour unir les classes, pour maintenir ce qui est bon et coopérer à ce qui peut
assurer la prospérité de la patrie. A ce sujet, il me vient une autre pensée. En vous voyant, Messieurs, en
songeant à vos succès dans les différentes professions que vous avez embrassées, je pense à ce que
vous pourrez faire pour l'avenir littéraire et scientifique de notre pays. Bientôt, espérons-le, nous verrons la
fin du monopole pour les Universités qui seules reçoivent l'aide et les faveurs du Gouvernement ; déjà je
vois à l'horizon une grande Université catholique en Australie. Quand le jour de la réalisation de ma vision
arrivera, Saint-Joseph sera au premier rang : le passé du collège m'assure que ses fils feront leur devoir,
qu'ils aideront à assurer à notre pays une Université catholique qui répandra la science chrétienne, non
seulement en Australie, mais dans tous les pays environnants.
Permettez-moi de finir, Messieurs, par un mot d'encouragement à l'Institution Saint-Joseph, à ceux
qui la dirigent, aux anciens élèves et aux élèves actuels. Croissez et multipliez-vous; gardez les glorieuses
traditions du passé ; ajoutez, chaque année, aux lauriers si noblement cueillis de nouveaux lauriers.
Continuez, mes Chers Frères, à répandre sur notre belle jeunesse d'Australie les trésors de la Sagesse ;
éclairez et perfectionnez les intelligences, fortifiez les cœurs et les volontés. C'est la mission que la Sainte
Eglise vous confie. Que Dieu vous guide et vous garde tous, Messieurs. Joignez-vous à moi, et que notre
cri, aujourd'hui, soit le cri joyeux de Esto perpetua.
RETRAITES. -JUBILÉS.
Comme les années précédentes, nos retraites de cette année ont été faites avec beaucoup de bonne volonté
et d'édification. En général les retraitants ont même paru y apporter un redoublement de ferveur, . comprenant
qu'en ces jours malheureux où Satan et ses suppôts conspirent avec une rage toujours croissante pour la perte
des âmes, Dieu veut plus que jamais à son service des cœurs généreux, dévoués, prêts à tous les sacrifices. Il
attend de nous que, par notre ferveur et notre zèle, nous le dédommagions des infidélités, des ingratitudes, des
sacrilèges et des blasphèmes dont se rendent coupables envers sa divine Majesté tant d'hommes qu'il a
comblés de bienfaits. Gardons-nous donc de toute négligence et de toute médiocrité dans la pratique des vertus
et des devoirs de notre état. Que notre idéal soit d'avancer toujours dans la voie de la perfection.
EXCELSIOR ! Plus haut ! Toujours plus haut !
*
**
Ici, M. T. C. F., laissez-moi vous dire quelques mots des beaux exemples de constance et de fidélité qu'il nous
a été donné d'admirer lors de nos dernières retraites.
Ce fut d'abord le 31 juillet, à Amchit, dans la Vice-Province de Syrie. Les Frères réunis pour la retraite, au
nombre de plus de 80, sachant que le cher Frère Amphiloque, le doyen des Maîtres de novices, comptait cinquante ans de vie religieuse - cinquante ans dans l'exercice d'un zèle et d'un dévouement à toute épreuve ! voulurent faire de ce cinquantenaire l'objet d'une sympathique et fraternelle démonstration. Ceux de ces Frères
qui avaient été les disciples du C. F. Amphiloque, eurent particulièrement à cœur de rendre cette fête digne de
leur ancien maître. Ils se mirent à l'œuvre en conséquence; et ils y réussirent si bien, que le C. F. Augustalis,
Assistant, alors présent à Amchit, en revint émerveillé.
Ce fut ensuite à Grugliasco, le 9 septembre, lendemain de la clôture de la retraite. Dix-neuf de nos vénérables
et chers aînés fêtaient, en union avec les nombreux retraitants, l'un le 60e, les 18 autres le 50e anniversaire de
leur entrée en religion.
La maison de Varennes-sur-Allier, à son tour, eut sa fête jubilaire. C'était le 27 septembre, à la clôture de la
retraite. Vingt-cinq autres de nos bons anciens, auxquels était unie une nombreuse communauté, célébraient
également, quatre, leurs noces de diamant, et vingt et un, leurs noces d'or.
Ce fut enfin le tour de la maison de Beaucamps (Nord) à la clôture de la retraite, le 4 octobre. Les retraitants
se firent un bonheur de fêter le jubilé d'or du cher Frère Judde-Marie, qui compte non seulement cinquante ans
de vie religieuse, mais de plus cinquante ans de séjour dans cette même maison, y exerçant l'emploi de tailleur
en chef à la satisfaction de tous. Combien il eût été heureux si, en ce beau jour, il se fût vu entouré, revêtus de
leur soutane, de tous ceux dont il avait pris la mesure ! Mais combien hélas! manquaient à l'appel! Ah ! c'est
qu'en les revêtant de l'habit de Frère, il n'avait pas été en son pouvoir de leur communiquer l'esprit religieux dont
il est lui-même si profondément pénétré.
C'est donc quarante-six de nos Frères anciens dont nous avons célébré le jubilé, quarante-six vétérans qui
ont courageusement combattu pendant cinquante à soixante ans dans la sainte milice de l'Eglise, sous
l'étendard de Jésus-Christ et la bannière de Marie Immaculée. Quel beau spectacle à contempler pour
ceux qui ont pris part à ces fêtes jubilaires ! Cinquante à soixante années de vie religieuse, d'obéissance,
d'abnégation, de sacrifices, de persévérance ! Que de motifs de remercier Dieu et la Sainte Vierge ! Aussi,
nous qui assistions à ces touchantes fêtes de famille, nous semblait-il les entendre, ces heureux jubilaires,
nous' inviter à nous unir à eux pour chanter le cantique d'action de grâces. C'était bien, en effet, le cri de la
reconnaissance qu'il fallait faire monter vers le ciel dans ces circonstances. N'étaient-ce pas aussi les
chants de l'allégresse qui devaient retentir, et faire oublier un moment les tristesses du présent, les
inquiétudes et les menaces de l'avenir? La sainte joie, à qui convenait-elle mieux qu'à tous ces fils et
serviteurs de Marie réunis en famille, et en particulier à ceux qui comptaient cinquante et soixante ans à
son service ? Oui, c'était bien à ceux-ci que pouvaient s'appliquer ces paroles de nos livres saints : Justes,
réjouissez-vous dans le Seigneur et tressaillez d'allégresse. Et vous tous qui avez le cœur droit, réjouissezvous en lui.
A la joie se joignait aussi dans les cœurs la douce espérance, fondée -sur ces promesses contenues
dans l'Evangile : Ceux qui auront persévéré jusqu'à la fin seront sauvés ; et ces autres du livre de la
Sagesse : Ceux qui me font connaître aux autres auront la vie éternelle.
Pour nous tous, M. T. C. F., la leçon à tirer de ces fêtes jubilaires, c'est qu'elles doivent être
rapportées à la gloire de Dieu et à l'honneur de Marie, notre divine Mère ; car à ceux qui en ont été les
héros conviennent parfaitement ces paroles de l'Apôtre : C'est par la grâce de Dieu que nous sommes ce
que nous sommes, et sa grâce n'a pas été stérile en nous. Puissions-nous tous nous rendre ce
témoignage, présentement et A l'heure de notre mort, que la grâce de Dieu n'a pas été stérile en nous !
Souvenons-nous de plus, que pour jouir du centuple promis par Notre-Seigneur, et des consolations
de la vie religieuse, nous devons marcher à sa suite en nous renonçant nous-mêmes et en portant notre
croix.
VÊTURES ET ÉMISSIONS DE VŒUX EN 1906.
Au milieu des sujets de tristesse que nous donnent les temps malheureux que nous traversons, nous
avons à remercier Dieu et Marie, notre bonne Mère et puissante protectrice, des bénédictions répandues
sur notre cher Institut dans le courant de cette année. Entre autres consolations, nous avons eu celle d'y
voir de nouveaux et notables accroissements.
En effet, il nous a été donné de voir
1° - 163 postulants se revêtir de l'habit religieux
2° - 168 jeunes Frères émettre les trois vœux annuels à leur sortie du Noviciat ;
30 - 159 Frères se lier à l'Institut par les vœux perpétuels, sans se préoccuper des difficultés des
temps ;
4° -38 Frères ajouter à leurs trois vœux perpétuels celui de stabilité.
Ainsi la divine Providence poursuit-elle son œuvre de salut, en suscitant de généreux dévouements
malgré les persécutions.
VENTE DE NOS IMMEUBLES EN FRANCE.
De tous nos immeubles situés sur le sol français, il ne reste plus à vendre que la Maison-Mère. Nous
avons l'espoir d'obtenir que nos Frères infirmes et nos vieillard& continuent d'y être hospitalisés. C'est peu,
dira-t-on. Oui, nous le savons; néanmoins, qu'on soit sans inquiétude : nous ne négligerons rien pour
procurer à tous les Frères qui en auront besoin, des abris aussi convenables que possible. Nous espérons
trouver, à ce sujet, de l'aide auprès de quelques-uns des acquéreurs de nos maisons qui se proposent d'y
rétablir des œuvres chrétiennes.
Quant au produit de la vente de nos immeubles, sur lequel un certain nombre d'entre vous basaient
l'espérance d'une pension viagère, je crois malheureusement que, les dettes et les frais payés, le reste, s'il
y en a, se réduira à presque rien. Sans doute l'épreuve est rude ; mais tous nous l'accepterons
chrétiennement, comme venant de la main de Dieu, et toujours pleins de confiance en sa providence, nous
nous efforcerons d'avancer dans la voie du renoncement et dans la pratique des vertus chrétiennes et
religieuses, de manière à voir se réaliser pour nous les promesses faites par Notre-Seigneur Jésus-Christ à
ceux qui auront tout quitté pour le suivre.
FRÈRES ASSISTANTS ET PROVINCIAL DÉLÉGUÉS.
Le 16 octobre 1906, se sont embarqués à Gênes le C. F. Stratonique et le C. F. John, Assistants,
délégués pour aller visiter nos établissements d'Australie, de Nouvelle-Zélande, des Iles Samoa, Fidji,
Nouvelles-Hébrides, Nouvelle-Calédonie ; puis ceux du Canada et des Etats-Unis.
Le C. F. Climaque, Assistant, et le C. F. Constancien, Provincial, se sont embarqués à Marseille, le
30 du même mois, chargés de la même mission : le premier, dans le District méridional du Brésil; le
second, dans la République Argentine.
Accompagnons de nos vœux ces chers envoyés, prions Dieu de les protéger, de les aider à remplir
leur mission pour sa plus grande gloire et pour le plus grand bien des Frères, de les conserver en bonne
santé et de leur accorder un heureux retour.
C'est pour moi une joie et une consolation d'ajouter qu'avec le C. F. Climaque se sont embarqués,
pour le District méridional du Brésil, quinze pieux et courageux jeunes Frères de la Province du Nord,
généreusement décidés à aller prêter leur concours aux Frères qui les ont précédés dans cette contrée
lointaine, et qui s'y dévouent avec beaucoup de zèle à des œuvres d'apostolat que Dieu a bénies
libéralement jusqu'à ce jour.
VISITE ÉPISCOPALE.
Le 27 juillet 1906, notre communauté de Grugliasco a été honorée de la visite de Monseigneur José
Marcondes Homem de Mello, Archevêque de Belem de Para (Brésil septentrional), successeur de Mgr Do
Rego Maïa, évêque démissionnaire.
Le vénéré Prélat, qui venait de recevoir à Rome la consécration épiscopale, a bien voulu, avant de
quitter l'Italie, nous donner un témoignage de sa bienveillante sympathie et passer quelques heures au
milieu de nous. Il s'est plu à nous dire et à nous prouver, dans un entretien familier, que les Petits Frères
de Marie n'étaient pas pour lui des inconnus, qu'il les avait vus à l'œuvre et avait pu apprécier leur zèle,
leur dévouement et leurs succès dans la ville et le diocèse de San Paulo, où il avait exercé le saint
ministère et les fonctions de Vicaire général, avant d'être élevé à l'épiscopat. Il a ajouté, qu'il serait heureux
de, trouver dans son diocèse d'aussi pieux et d'aussi dévoués auxiliaires pour l'éducation de la jeunesse.
La visite de Sa Grandeur a donc été pour notre maison de Grugliasco un sujet de joie et de
consolation, comme l'avait été, au mois de mars dernier, celle de Son Eminence le Cardinal Archevêque de
Rio de Janeiro. Il nous est doux, en effet, et c'est pour nous un juste motif de reconnaissance envers Dieu,
de voir Nosseigneurs les Evêques brésiliens témoigner ces sentiments de paternelle bienveillance qui,
avec l'estime et la confiance des populations, sont un si grand encouragement pour ceux de nos Frères
qui, après avoir quitté généreusement la terre natale, sont allés demander à la nation brésilienne d'être leur
seconde patrie.
Nos Frères du Brésil septentrional auront donc en Mgr l'Archevêque de Belem de Para un père et un
protecteur, comme l'a été son vénéré prédécesseur Monseigneur Maïa, qui s'est acquis tant de titres à leur
reconnaissance, par l'accueil si bienveillant qu'il leur a fait à leur arrivée dans son diocèse, et par les
bontés qu'il leur a ensuite témoignées.
Avant de nous quitter, notre éminent visiteur se recommanda aux prières de la communauté et lui
demanda un Ave Maria à ses intentions. Ce n'était pas sans raison, car bientôt allait se produire un
événement où il aurait grand besoin du secours de la sainte Vierge.
Le 2 août était le jour fixé pour son embarquement à Gênes ; le 3, il devait rejoindre à Barcelone Mgr
José da Camargo Barros, évêque de San Paulo, qui revenait aussi de Rome. Les deux prélats partirent
donc ensemble de Barcelone, sur un bateau italien, le Sirio, où se trouvaient environ 800 passagers, dont 5
à 600 émigrants italiens. Le 4 août, dans la soirée, le navire était en vue de Carthagène, près du cap Palos,
lorsque la proue alla heurter contre un rocher; une voie d'eau s'ensuivit qui le fit couler à fond, et 2 à 300
passagers furent noyés. Les deux prélats bénissaient les pauvres naufragés lorsqu'ils furent précipités
dans les flots, d'où Mgr l'Evêque de San Paulo ne reparut plus. Mgr l'Archevêque de Belem, muni d'une
ceinture de sauvetage put, quoique habillé, se tenir à la surface de l'eau pendant quatre heures, au bout
desquelles un pêcheur le recueillit dans sa barque avec d'autres naufragés.
Ce tragique événement a donc été et doit être encore pour nous, à la fois, un sujet de tristesse et de
joie : de tristesse pour la grande perte qu'a faite le diocèse de San Paulo, en la personne de son Evêque,
âgé seulement de 48 ans, distingué par tant de qualités et de vertus éminentes, et si bon pour nos Frères ;
de joie et de reconnaissance envers Dieu, pour la protection spéciale dont a été l'objet le digne et bon
archevêque de Belem de Para.
MGR PIMENTA.
La circulaire du 30 mai 1906 vous a annoncé, comme une grande perte, la mort de Mgr Silverio
Gomez Pimenta, évêque de Marianna (Brésil). Je suis heureux de vous dire aujourd'hui que cette nouvelle
a été démentie d'abord par Mgr l'Archevêque de Belem de Para lors de la visite qu'il nous fit, ensuite par le
journal français qui l'avait donnée après l'avoir prise dans un journal brésilien.
Nous avons donc à rendre grâce à Dieu, non seulement de ce que le vénéré Mgr Pimenta est en vie
et en bonne santé, mais encore de ce que le Souverain Pontife, appréciant hautement ses mérites, vient de
l'élever à la dignité d'archevêque. Faisons de plus monter de nos cœurs, vers le Ciel, des vœux pour la
conservation de ses jours et la prospérité de son épiscopat.
CHINE - NANTCHANG.
Conversions.
Dans la circulaire du 30 mai dernier, nous avons relaté le drame accompli à Nantchang le 25 février
1906 dans lequel cinq de nos Frères ont trouvé la mort, victimes de la fureur d'énergumènes païens.
Le lien où ils ont expiré et consommé leur sacrifice, est un petit lac situé dans la ville et entouré de
maisons habitées par des païens. Or, depuis le tragique événement, on a remarqué parmi les habitants de
ces maisons quelque chose d'extraordinaire. D'après le récit d'une des Sœurs de saint Vincent de Paul de
Nantchang, plus de vingt-cinq familles d'entre eux ont manifesté le désir d'embrasser la religion catholique
et se sont fait inscrire au nombre des catéchumènes. Demandons à Dieu que ce désir ait un heureux
accomplissement, et que par l'intercession de nos chères et glorieuses victimes de Nantchang, se réalise
une fois de plus cette parole tant dé fois vérifiée, que « le sang des martyrs est une semence de chrétiens
».
ETABLISSEMENTS FONDÉS EN 1906.
Belgique. - Le Tuquet, Védrin.
Espagne. -Lucena, Manzanares, Moral, Sitjes, Zalla, Pueblo Nuevo.
République Argentine. -Mar del Plata, San Martin.
Mexique. -Campêche.
Texas. - Brownsville.
Brésil méridional. - Sào Gabriel, Passo Fundo.
Syrie. -Homs.
Chine. - Pékin (Ecole Saint-Michel).
Total : 16.
DÉPARTS DE FRÈRES EN 1906
pour pays hors d'Europe.
Chine. - F. Joseph-Ammien, F. Joseph-Félicité, F. Louis-Claudius, F. Louis-Lambert, F. MarieLéonore, F. Marie-Romain.
Arabie. - F. Pierre-Léon.
Amérique du Nord. -F. Macaire, F. Joseph-Cadroès, F. Joseph-Eudoxe, F. Jean-Priscillien, F. Junien,
F. Marie-Gérard, F. Louis-Fulgence, F. André-Célestin, F. Jean-Philibert, F. Théodose, F. Joseph-Antonin,
F. Romain, F. Tertullien, F. Régis-Arsène, F. CharlesXavier, F. François de Borgia, F. Joseph-Edouard.
République Argentine. - F. Vital, F. Michele, F. Secundo, F. Démès, F. Bergentinus ; -(avec F.
Constancien, Provincial) : F. Vincent-Ferrier, F. Castorien, F. Victorino, F. Valero.
Colombie. - F. Théodore-José, Vice-Provincial, F. Raynal, F. Aggée, F. Bautista, F. Eustoquiano.
Brésil septentrional. -F. Zéphirinus, F. Julien-Remy, F. Marie-Eméric, F. Marie-Emiliani, F. Epiphane,
F. Louis-Maxence, F. Syndine.
Brésil méridional. - F. Agathon-Victor, F. André-Sébastien, F. Cyrille-Edouard, F. Daniel-Victor, F.
Denis-Emile, F. Egidius-Louis, F. Jean-Claude, F. JosephAntonius, F. Jules-Michel, F. Marie-Gondolf, F.
MarieFrédéric, F. Marie-Octavianus, F. Paul-Michel, F. Paul-Simon, F. Stanislas-Joseph.
Syrie. - F. Louis-Béatrix, F. Viator.
Turquie (Europe et Asie). F. Citinus, F. JosephAlfred, F. Joseph-Martial, F. Joseph-Chanel, F.
CharlesAndré, F. Louis-Pothin, F. Paul-François, F. Louis-Gervase, F. Marie-Adon, F. Louis-Clémentin, F.
Lucien-Victor.
Nos ECOLES D'ORIENT.
Au moment où le gouvernement français est résolu à réduire notablement sinon à supprimer
entièrement les subsides accordés jusqu'ici aux Congrégations religieuses pour les écoles d'Orient, vous
vous demandez peut-être, M. T. C. Frères, quel sera désormais le sort de celles des pays orientaux où nos
Frères donnent l'enseignement, tels que la Turquie, la Syrie, etc. Eh bien ! je crois pouvoir vous dire que
nos écoles y seront maintenues quand même; car leur existence ne dépend nullement du gouvernement,
de qui elles ne reçoivent aucune allocation.
Ce doit être pour nous une satisfaction d'avoir l'assurance que les Frères de notre Institut pourront
continuer de donner l'enseignement dans les écoles d'Orient soit comme auxiliaires, soit comme en ayant
la libre et personnelle direction ; car ils y font un bien réel et très apprécié de l'épiscopat et du clergé. Il est
de plus à considérer que le milieu dans lequel ils vivent est très favorable à la conservation des vocations
et de l'esprit religieux.
Aussi le C. F. Augustalis et le C. F. Paulin, Assistants, qui ont fait récemment la visite, l'un, des
établissements de la Vice-Province de Syrie ; l'autre, de la Vice-Province de Constantinople, ont-ils fait
chacun un rapport des plus consolants sur la régularité, la piété, la ferveur, le bon esprit et le contentement
qu'ils ont remarqués parmi les Frères- Ce qui est grandement à désirer, c'est que le personnel ne vienne
pas à manquer, soit Pour satisfaire à de nouvelles demandes de Frères, soit pour remplir les vides qui se
produiront.
VICE-PROVINCE DE CONSTANTINOPLE.
Tableau des Établissements.
ÉTABLISSEMENTS
Année
de la fondation
Constantinople - Saint-Benolt, - Collège des Lazaristes.
Scutari, ................ ...................
Makri-Keui .......... ...................
Samsoun .................................
Bébek. ................ ...................
Constantinople - Sainte Pulchérie Collège des Lazaristes
Mételin.....................................
.
Constantinople - Péra - Saint-Grégoire - Collège
arménien catholique ...............
Constantinople - Saint-Georges - Collège des La zaristes autrichiens .................
Constantinople - Résidence et Procure
Bébek - Maison d'études ........
Roustchouk (Bulgarie). ..........
Monastir . . . ...........................
1892
1894
1895
1995
1896
Personnel
Frères Élève
4
11
9
11
8
135
130
95
1 120
90
1997 6
1901 7
194
80
1903 4
80
1903
1903
1904
1904
1905
300
’’
’’
70
60
5
‘’
‘’
4
5
A dater de l'année 1900, ont de plus fait temporairement partie de la Vice-Province de Constantinople
les établissements suivants :
1° Andrinople (Karagatch) fondé en 1900, fermé en 1902 ;
2° Adana (Collège de Pères Jésuites), passé au District de Syrie ;
3° Pancaldi (Collège des Mékitaristes), fermé en 1906;
4° Andrinople (Collège des Résurrectionistes), incendié en 1905 ;
5° Mersina, passé au District de Syrie
6° Tarsous ou Tarse (Cilicie), passé au District de Syrie et fermé en 1906.
VICE-PROVINCE DE SYRIE ET D'EGYPTE.
Tableau des Etablissements.
ÉTABLISSEMENTS
Année
de la
fondation
Antoura - Collège des Lazaristes
1895
Beyrouth - Syrie - Université des Pères Jésuites.
1896
Le Caire - Egypte - Collège des Pères Jésuites
1898
Jounieh - Liban - Pensionnat et externat
1899
Amchit - Liban .........................
1900
Achkout - Liban .......................
1900
Adana - Cilicie - Collège des Pères Jésuites
1901
Bagdad - Mésopotamie - Collège des Carmes
1902
Baskinta - Liban .......................
1903
Bzommar - Liban - Séminaire arménien
1903
Mersine - Cilicie .......................
1903
Amchit - Noviciat .....................
1903
Saida - Syrie - Collège des Pères Jésuites
1904
Alep - Syrie - Ecole arménienne
1904
Batroun - Liban . ......................
1904
Beyrouth - Procure ..................
1904
Bichfaya - Liban - Collège des Pères Jésuites
1904
Deir-el-Kamar - Liban ..............
1904
Jérusalem - Palestine - OEuvre des Pères de Sion. 1904
Zahlé - Liban - Collège des Pères Jésuites
1905
Personnel
Frères Elèves
6
8
8
14
5
6
4
2
6
2
3
‘’
2
5
5
‘'
2
8
4
3
15
25
245
130
110
106
200
80
60
25
60
‘’
79
110
138
‘’
100
190
111
120
Homs - Syrie - Collège des Pères Jésuites
1906 2
RESCRIT PONTIFICAL.
Notre cher Frère Procureur général à Rome a demandé au Saint-Siège, pour nos Frères de la
Province d'Espagne, l'autorisation de faire célébrer dans leurs chapelles la messe de minuit et d'y recevoir
la sainte communion, à l'occasion de la fête de la Nativité de Notre-Seigneur. Cette permission leur a été
bénignement accordée, pour une durée de trois ans, par Rescrit en date du 21 novembre 1906.
NÉCROLOGIE
MGR LAMAZE.
En septembre 1906, à Maofaga, île de Tonga (Océanie centrale) est décédé Monseigneur Lamaze,
évêque titulaire d'Olympe, vicaire apostolique de l'Océanie centrale, membre de la Société de Marie. il était
dans la 74e année de son âge, la 44e de sa profession religieuse, la 43e de son départ pour les missions,
et la 28e de sa consécration épiscopale.
Originaire de Saint-Dié et fils spirituel très aimé du Cardinal Caverot, qui l'avait ordonné prêtre à
Saint-Dié, Mgr Lamaze avait reçu des mains de l'éminent pontife l'onction épiscopale dans la Primatiale de
Lyon, en 1879.
Un seul chaînon le séparait des premiers Missionnaires Maristes envoyés de Lyon en Océanie en
1856. Il avait en effet, succédé à Mgr Eloy, qui avait été le coadjuteur de Mgr Bataillon, ce vaillant Lyonnais
parti avec la petite phalange des Missionnaires Maristes parmi lesquels se trouvait le Bienheureux Chanel,
le futur protomartyr de l'Océanie. L'île de Futuna, sanctifiée par son sang, fait partie du Vicariat auquel Mgr
Lamaze consacrait son apostolat ; et il eut la consolation de la conserver comme le plus précieux joyau de
la couronne d'îles confiées à son zèle, lors du démembrement de son Vicariat de l'Océanie centrale.
Ceux de nos Frères qui furent les auxiliaires de Monseigneur Lamaze dans son apostolat, ne
sauraient oublier combien dans ses rapports avec eux, il se montra toujours bon, paternel et bienveillant.
LE R. F. MARIE-ANGEL.
Le 6 septembre dernier, à Izel (Belgique), est décédé dans la 72° année de son âge et après 56 ans
de vie religieuse, le Très Révérend Frère Marie-Angel, Supérieur Général des Frères de la Doctrine
Chrétienne de Nancy.
Au mois d'août précédent, se trouvant chez ses Frères retraités à Izel et apprenant que j'étais à
Arlon, il était venu me faire une Visite, et j'avais eu la consolation de passer avec lui une journée des plus
agréables. J'étais loin de penser alors qu )il fût si proche de sa fin ; mais l'épreuve de la persécution et de
l'exil avait dû être particulièrement pénible pour son cœur si sensible, et achever la ruine de sa faible santé.
Avec le vénéré Frère Marie-Angel a disparu une de ces figures sympathiques que l'on se plaît à se
représenter, et dont on aime à garder le souvenir. Je ne puis en ce qui me concerne, que me féliciter des
rapports si cordiaux et si affectueux que j'ai eus avec lui. Il m'est doux de rappeler ici tout ce qu'il y avait
dans sa personne de dignité, d'urbanité, de sûreté de jugement, de franche bonhomie jointe à une
innocente finesse d'esprit et à d'autres qualités qui le faisaient aimer.
C'est à Izel, dans cet asile que sa prévoyance avait procuré à ses Frères, qu'il s'est endormi du
dernier sommeil et qu'ont eu lieu ses funérailles, auxquelles assistaient sa communauté, plusieurs prêtres
du voisinage et l'élite de la paroisse.
« Après la Messe, qui fut très solennelle, rapporte un journal d'Arlon, M. le curé d'lzel prononça
l'oraison funèbre du défunt. Son langage simple et mesuré, onctueux et fort, éloquent et persuasif, a
profondément remué l'assistance. Il eut la très heureuse idée d'effeuiller en chaire le testament spirituel du
vénéré défunt, page pleine de saintes et touchantes leçons.
« Et après avoir fait remarquer que, par une filiale délicatesse, ses Frères ont voulu que la dépouille
mortelle de leur cher et digne Supérieur repose auprès de ses vénérés prédécesseurs, à Nancy, dans sa
Lorraine bien-aimée, le sympathique orateur a ajouté : « Et maintenant, va, proscrit, sainte victime de la
persécution, va reposer sur la terre qui fut ta patrie. Garde le feu sacré sous la cendre humide: nouveau
Néhémie, un jour ton successeur l'y reprendra. Que ta tombe, à jamais glorieuse et féconde, soit une
source intarissable de vaillance et de foi, de héros et d'apôtres ! »
Pour nous, M. T. C. F., donnons au regretté et vénéré Frère Marie-Angel un souvenir dans, nos pieux
suffrages, et consolons-nous à la pensée qu'admis dans l'heureux séjour d'où est bannie la malice et la
perversité des hommes, il sera pour nous comme pour ses Frères un intercesseur auprès de Dieu.
LE C. F. CHRISTOPHE.
Le Cher Frère Christophe, Visiteur pendant dix ans et Provincial pendant vingt-deux ans, de la
Province de Saint-Paul-Trois-Châteaux, a quitté notre terre d'exil le 8 octobre dernier, pour aller prendre
possession de la récompense promise à la vertu, à la vocation fidèle et persévérante.
Doué d'un caractère franc et loyal, d'une conscience droite et éclairée, on l'a vu, pendant les
cinquante-deux ans de sa vie religieuse, marcher constamment dans la voie de l'obéissance, de la règle,
de la justice, du devoir en un mot, toujours uni à ses supérieurs, dévoué à son Institut, ennemi de toute
dissimulation, ne suivant que la ligne droite, ne voulant et ne cherchant que le bien.
Un journal, La Croix de la Drôme, a consacré à la mémoire de notre cher défunt les lignes que nous
reproduisons ici.
« Mardi, 9 octobre, ont eu lieu les obsèques du R. F. Christophe, ancien Provincial, pieusement
décédé après une longue et douloureuse maladie supportée avec la plus parfaite résignation. C'est une
belle figure qui disparaît et qui mérite le respect et l'admiration de tout esprit distingué et sérieusement
chrétien ; nous disons chrétien, car les ennemis de la religion sont incapables d'apprécier toute une vie
passée à l'instruction et à l'éducation de la jeunesse française. Les entrailles des impies sont cruelles.
« Jean-Pierre Charrier, en religion Frère Christophe, naquit le 8 juillet 1836, à Fontanes (Lozère)
d'une famille foncièrement chrétienne et aisée. Un de ses frères était prêtre, ainsi qu'un de ses oncles. Il
entrait en religion à Saint-Paul-Trois-Châteaux, le 2 octobre 1854. Successivement professeur à Vernoux
et à Montpezat, il devint directeur à Saint-Giniez (Marseille), en 1858 ; à Nyons, 1868; visiteur en 1873;
provincial en 1883. Une belle intelligence, unie à une volonté ferme et douce à la fois, fit de lui un
administrateur habile et plein de sagesse, pour la création de fondations nombreuses.
« La loi barbare sur les associations, qui vint jeter le désordre et l'anarchie dans notre civilisation
française, était de nature à élever à son apogée le zèle et le dévouement du vaillant Provincial. Mais, que
de souffrances elle a causées ! Que de brisements sous lesquels l'enveloppe mortelle cède enfin !
« Il nous a été donné d'assister aux funérailles du regretté religieux, auxquelles avaient pu prendre
part deux neveux du vénéré défunt. La cérémonie s'est faite dans une chapelle provisoire (la magnifique
église du couvent étant sous scellés depuis trois ans). La présence de quarante Frères, presque tous
septuagénaires, quelques-uns octogénaires, nous a vivement impressionné. Le chant du Miserere a rempli
notre âme d'une immense tristesse. Il nous semblait que ces voix tremblantes s'adressaient aux
persécuteurs. Ayez donc pitié de nous! mais la mort sera moins barbare pour les persécutés que nos
législateurs, car elle respectera au moins leurs tombes !
Le 10 novembre prochain, au nom des électeurs blocards vendra qui ont nommé nos représentants,
le liquidateur vendra la maison de Saint-Paul-Trois-Châteaux et chassera de leur cloître ces respectables
vieillards, honneur de la société et de la religion. Mais le corps du vigilant et dévoué provincial restera, lui,
au champ du repos et sera le gardien fidèle d'une maison témoin de toutes les vertus. Son âme veillera sur
la congrégation dispersée. Elle implorera, par ses prières, du haut du ciel, le repentir et le pardon de tous
les persécuteurs modernes. »
Un témoin.
LE C. F. MARIE-ANDRÉ.
Notice extraite de la « Semaine Religieuse » d’Autun
du 6 octobre 1906.
« Le cher Frère Marie-André naquit à Saint-Etienne (Loire), le 21 octobre 1839. Enfant d'une
nombreuse famille, il trouva au foyer paternel tous les exemples de piété et de religion si utiles à l'enfance.
Arrivé à l'âge de vingt ans, à l'époque de son tirage au sort, le futur Frère Marie-André se rendit à Ars.
Grande fut sa surprise, lorsque se confessant à M. l'abbé Vianney, il lui entendit dire sans hésiter : « Mon
enfant, le bon Dieu vous appelle chez les Maristes. » En vain il objecta son service militaire, le manque de
ressources de ses parents1. « Allez, repartit le saint Prêtre, le bon Dieu arrangera tout. »
1
Il avait déjà un Frère étudiant ecclésiastique, qui mourut il y a quelques années, chapelain de Fourvière.
« Ne connaissant jusqu'alors que des Pères Maristes, le jeune homme s'adresse à eux; mais ceux-ci
lui répondent que ce sont plutôt les Frères Maristes qui lui ont été indiqués. Un second voyage fut entrepris
auprès du Curé d'Ars pour s'assurer de la vérité. « Oui, c'est bien chez les Frères Maristes que Dieu vous
appelle », répondit le saint. Heureux de connaître si clairement sa vocation, le futur Frère attendit que le
saint sortît de son confessionnal pour lui témoigner sa reconnaissance; il en reçut comme adieu ces
paroles réconfortantes: « Allez, formez de bons jeunes cœurs d'enfants et je vous donne rendez-vous au
ciel. » Exempté du service militaire, et fidèle à la voix de Dieu qui l'appelait par son ministre, il dit adieu à
ses bien-aimés parents.
« A peine entré à la maison-mère de Saint-Genis-Laval (Rhône), en 1859, le Frère Marie-André
comprit qu'il était où Dieu le voulait et son bonheur fut sans mélange. Il regardait la maison-mère non pas
comme une maison ordinaire, mais comme un temple où Dieu fait constamment sentir sa présence. Il
pratiquait avec amour la sainte obéissance ne connaissant que la volonté de ses supérieurs et le règlement
de la maison, en y trouvant une voie facile et sûre pour aller à Dieu.
Après quarante-deux ans de profession religieuse, il était aussi exact à son lever matinal, à sa
méditation, aux saints exercices de la vie religieuse, qu'au temps de sa première ferveur.
« Le noviciat terminé, le Frère Marie-André, sur l'ordre de ses supérieurs, se rendit au poste qui lui
était assigné, à Saint-Geoire (Isère), où il demeura pendant deux ans; %puis il fut envoyé à Neuville-surSaône (Rhône) pendant trois ans, d'où on le rappela à Saint-Genis-Laval pour être professeur au
pensionnat pendant trois ans. Partout on se rappelle encore son souvenir, on loue sa piété, son
abnégation, les soins empressés qu'il prodiguait à ses petits enfants.
« En 1868, il fut nommé dans la vaste paroisse d'Issy-l'Evêque (Saône-et-Loire), afin de prendre,
deux ou trois ans après son arrivée, la direction de l'école libre, due à la générosité de la digne et pieuse
famille Blanchon, sous le vénéré M. Méreau, de sainte mémoire, alors curé archiprêtre de cette paroisse.
L'entente fut parfaite entre M. le Curé et le directeur de l'école.
« Maître vigilant, peu soucieux des succès humains, il donnait les mêmes soins aux enfants des
pauvres et aux enfants des riches, il était aussi dévoué aux natures ingrates qu'aux intelligences d'élite.
Rien ne pouvait lasser sa patience ; il voulait que tous les élèves sortis de ses mains fussent capables de
faire face aux difficultés de la vie. Il travaillait pour Dieu ; et, tout en développant l'esprit des enfants,
s'appliquait aussi à former leur cœur. Le cœur n'est bon qu'autant qu'il est tourné vers Dieu, source de
toute bonté. Aussi, avec quel bonheur il parlait de Dieu à ses chers enfants, avec quels soins il leur
enseignait les prières et les premiers éléments de la religion 1 Ce n'est pas t out. Il ne se croyait pas quitte
envers ses chers enfants lorsqu'ils avaient quitté l'école; il les suivait jusque dans les années périlleuses de
la jeunesse. Comment expliquer ce qu'il souffrait, lorsqu'il voyait quelques-uns d'entre eux abandonner
leurs habitudes vertueuses ou devenir malheureux?
« Les rares instants libres, il les consacrait à visiter les malades. Il priait et faisait prier ses élèves
pour les malades. Aucun de ceux qu'il a assistés n'a paru devant Dieu sans avoir reçu les sacrements dans
les meilleures dispositions.
« Les lois dirigées contre les congrégations assombrirent les dernières années du cher Frère MarieAndré. En 1903, une notification lui fut adressée, ordonnant la fermeture de l'école libre d'Issy-l'Evêque
pour le 31 juillet prochain. Peu avant l'expiration du délai accordé, il quitta sans résistance son cher
établissement, après avoir reçu les adieux d'un grand nombre de familles de la paroisse. Quelle désolation,
quel amer chagrin pour son cœur si aimant !
« Il se rendit à Bergesserin, petit bourg des environs de Cluny, où il aimait à revenir passer quelques
jours chaque année, auprès de son ami, l'auteur de cette notice. Après un séjour de quelques semaines, la
divine Providence lui ouvrit un autre horizon, où il était heureux de pouvoir continuer à servir le bon Dieu
sans être persécuté ni inquiété.
« Mais l'heure approche où Dieu va récompenser son serviteur dévoué. Après avoir passé huit jours
à Bergesserin pour la dernière fête de l'Assomption, le cher Frère Marie-André, toujours gai et toujours
plein de vie, partit pour Saint-Jodard et Saint-Etienne visiter sa famille. De là il se dirigea sur Lyon afin de
rendre à ses chers défunts, ses devoirs de piété filiale et de reconnaissance. C'est dans cette ville qu'il fut
frappé d'une insolation, dont il ne devait pas se relever. Sur son désir, il fut conduit à Varennes-sur-Allier.
Après quelques alternatives d'espérance, le 11 septembre 1906, malgré les prières, les soins, les
dévouements, la maladie s'aggravait ; le 13, après avoir été administré, il s'éteignait doucement à l'âge de
soixante-huit ans, après quarante-sept ans de vie religieuse.
« Ses funérailles, simples et touchantes comme l'avait été sa vie, eurent lieu le 15 septembre, et il fut
inhumé dans le cimetière de Varennes-sur-Allier.
« L'abbé J. Lacote, curé de Bergesserin. »
AVIS
LIBRAIRIE
LIVRES ASCÉTIQUES DE L'INSTITUT.
Méditations tirées du livre « Marie enseignée à la jeunesse ».
La dévotion à la Sainte Vierge est un précieux héritage que nous avons reçu de notre Vénérable
Fondateur, et que nous devons faire valoir pour nous-mêmes et pour les enfants dont l'éducation nous est
confiée. C'est à cette fin qu'a été composé le livre « Marie enseignée à la jeunesse » qui se trouve dans
toutes les maisons de l'Institut.
Sur notre demande, un docte et pieux religieux, le R. P. Petit, a composé, d'après ce livre, des
méditations qui, au nombre de plus de cent, sont présentement imprimées et forment un volume qui se
recommande à la piété des Frères.
Dans toutes nos maisons on se fera un devoir de se procurer ce livre le plus tôt possible, par
l'intermédiaire des Frères Economes Provinciaux. Ceux-ci pourront le demander, aussitôt après réception
de la présente circulaire, à la librairie Vitte, place Bellecour, 3, à Lyon.
Je vous recommande, M. T. C. F., au nom de la Très Sainte Vierge que vous aimez, et que vous
avez à cœur d'honorer et de faire honorer, de tirer tout le profit possible des Méditations dont il s'agit,
spécialement dans l'oraison de tous les samedis de l'année et des fêtes en l'honneur de Marie.
Puisse ce livre, en vous parlant de notre, bonne Mère du ciel, vous être cher à tous, accroître votre
dévotion envers elle, et vous porter de plus en plus à l'imitation de ses vertus !
Je crois devoir rappeler qu'il y a, à notre maison de Grugliasco, un dépôt de tous les livres ascétiques
qui sont la propriété de l'Institut. La liste, avec indication des prix, en a été donnée dans la circulaire du 18
mars 1905. Les Frères Directeurs des maisons qui ne sont pas pourvues de ces ouvrages, sont fortement
engagés à se les procurer le plus tôt possible. C'est là pour nous un bien de famille qu'il importe de faire
valoir.
II. - LIVRES DE PRIX.
Il se trouve également, à notre maison de Pommerœul un dépôt assez considérable de livres de prix,
que l'on pourra céder à des conditions très avantageuses. Les chers Frères Directeurs de nos maisons de
Belgique sont tout spécialement invités à s'entendre, à ce sujet, avec le C. F. Econome Provincial à
Pommerœul .
III. - LIVRES CLASSIQUES.
Les livres classiques adoptés dans l'Institut se trouvent chez M. Vitte, libraire, Place Bellecour, 3, à
Lyon. Il les cède, comme on sait, à nos Procures et aux Frères, à des conditions spéciales et
avantageuses. - Tenons beaucoup à l'uniformité dans l'emploi des livres classiques dans nos écoles : c'est
une condition de bonne direction, de progrès et de succès dans notre enseignement.
OBSERVATIONS ET RECOMMANDATIONS SUR LA TENUE
DES COMPTES.
1° Etre exact à envoyer à temps les arrêtés de comptes deux fois l'an (Const., art. 168).
Ils doivent être adressés en double: un exemplaire est adressé au R. F. Supérieur Général, l'autre au
C. F. Provincial. - L'arrêté de comptes de fin d'année (époque des Retraites) doit comprendre la
comptabilité de toute l'année.
2° Se faire un devoir de mettre tout le soin possible à l'ordre, à l'écriture, à l'exactitude et à tout ce qui
a rapport à la bonne tenue de la comptabilité.
3° Se servir des imprimés qui mentionnent en tête des recettes : « Espèces en caisse au... 19.... » et
ne pas manquer d'indiquer cette encaisse en la distrayant de l'article Divers, dans lequel elle est contenue
au Grand Livre.
4° Conformément aux Observations (au bas de la feuille des arrêtés de comptes), détailler
sommairement les Divers et Arrérages et indiquer le nombre der, présences dans les maisons provinciales
et de formation, ou le nombre d'élèves dans les pensionnats et autres écoles. - Faire attention au Nota,
concernant les sommes reçues ou payées pour le compte de la Caisse commune. Les sommes reçues de
celle-ci comme secours doivent être inscrites à Allocations.
5° Eviter d'inscrire en bloc à l'article Pensionnaires (ou à tout autre), tout ce que l'on reçoit des
élèves, mais distraire et inscrire séparément ce qui se rapporte aux articles Pensions, Rétributions (pour
les externes), Classiques, Arrérages, etc. Voir à ce sujet les instructions du Grand Livre (1ière page).
6° Se rappeler qu'il faut porter à Arrérages (recettes ou dépenses) toutes les dettes actives (ce qui
est dû à la maison), et les dettes passives (ce qui est dû par la maison), qui sont mentionnées dans
l'inventaire dressé à la fin de l'année précédente.
7° Chaque arrêté de comptes doit être signé par le Frère Directeur et les membres de son Conseil,
s'il y en a un. En tout cas, il doit porter la signature du Frère Sous-Directeur.
8° Les cahiers bleus, qui doivent comprendre la comptabilité de l'année entière, continueront à être
envoyés à la Maison-Mère, par le F. Provincial, à la suite des retraites annuelles.
Les arrêtés de comptes des maisons étant signés comme il est dit ci-dessus, il ne sera pas
nécessaire de faire signer les cahiers bleus par les Frères Directeurs.
9° Pour les économies des différentes administrations on se conformera à J'article 169 des
Constitutions.
Nos DÉFUNTS.
F. BONIUS, Profès, décédé à Bahia (Brésil), le 24 mai 1906.
F. VINCENT DE PAUL, Stable, décédé à Paris, le 12 juin 1906.
F. ABROSIME, Profès, décédé dans la Province de l'Hermitage, le 13 juin 1906.
F. PÉLAGE, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 14 juin 1906.
F. EUTROPE, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 23 juin 1906.
F. BONAVENTURE, Stable, décédé dans la Province de l'Hermitage, le 23 juin 1906.
F. ILDEFONSO-JOSÉ, Vœux temp., décédé à Valdepenas, le 29 juin 1906.
F. PARMENIUS, Stable, décédé à Arlon (Belgique), le 21 juillet 1906.
F. ALAIN, Profès, décédé à Mérida (Mexique), le 26 juillet 1906.
F. AMMIEN, Profès, décédé à, Saint-Genis-Laval (Rhône), le 2 août 1906.
F. VICTORIC, Profès, décédé à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), le 7 août 1906.
F. ALPHIUS, Profès, décédé à Beaucamps (Nord), le 7 août 1906.
F. GEMELLIEN, Vœux temp., décédé à Beaucamps (Nord), le 11 août 1906.
F. LOUIS DE GONZAGUE, Stable, décédé à Saint-Hyacinthe (Canada), le 19 août 1906.
F. ILDEFONSE, Stable, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 28 août 1906.
F. MARIE-ARSACE, Stable, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 10 septembre 1906.
F. MARIE-ANDRÉ, Profès, décédé à Varennes-sur- Allier (Allier), le 13 septembre 1906.
F. LOUIS-NARCISSE, Vœux temp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 21 septembre 1906.
F. JOSEPH-AMMIEN, Profès, décédé à Hong-Kong (Chine), le 30 septembre 1906.
F. PAMPHILE, Profès, de la Province de Varennes, décédé le 5 octobre 1906,
F. CHRISTOPIIE, Stable, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 8 octobre 1906.
F. MARIE-THADDÉE, Vœux temp., décédé à Iberville (Canada), le 16 octobre 1906.
F. GÉRARD, Profès, décédé à Arlon (Belgique), le 24 octobre 1906.
F. BOURGIN, Profès, décédé à Aubenas (Ardèche), le 31 octobre 1906.
F. FAUSTINO, Vœux temp., décédé à Saint-Jean-de-Belleville (Savoie), le 31 octobre 1906.
F. BALDOMERO, Vœux temp., décédé à San Andrès de Palomar (Espagne), le 2 novembre 1906.
F. ANESIUS, Vœux temp., décédé à Uitenhage (Afrique du Sud), le 6 novembre 1906.
F. ABROSIMA, Profès, décédé à Beaucamps (Nord), le 12 novembre 1906.
F. CASIMIRO, Novice, décédé à Montesquieu (Pyrénées-Orientales), le 14 novembre 1906.
F. XENOPHON, Stable, décédé à San Stefano (Italie), le 28 novembre 1906.
En ajoutant à la liste mortuaire ci-dessus celle du 30 mai dernier, nous trouvons un total de 67 décès
enregistrés dans l'Institut depuis un an. Mais sont-ils réellement morts ceux dont les noms figurent dans
ces deux listes, depuis le juvéniste adolescent jusqu'au Frère octogénaire? Ne sont-ils pas plutôt entrés
dans la véritable vie? Nous pouvons l'espérer, tout en priant pour le repos de leurs âmes, car l'heure
suprême les a trouvés dans la voie où Dieu lés avait appelés, dans la voie du salut. Si nous avons des
morts à pleurer, ce sont plutôt ceux qui, infidèles à Dieu et à leurs engagements, sont allés se joindre à
ceux que Notre-Seigneur mettait au rang des morts, lorsqu'il disait : « Laissez les morts enterrer leurs
morts ».
Il me reste maintenant, M. T. C. F., à vous exprimer les vœux d'heureuse et sainte année que je
forme pour vous. Ce que je demande principalement au bon Dieu, c'est qu'en vous donnant sa grâce et la
santé, il vous aide à perfectionner l’œuvre de votre persévérance, qu'il affermisse votre foi, qu'il remplisse
votre esprit de sa lumière et votre cœur de sa charité, afin que vous sachiez discerner ce qui est le
meilleur, que vous soyez purs et sans tâche et que vous portiez en abondance des fruits de justice par
Jésus-Christ Notre-Seigneur, à la louange et à la gloire de Dieu.
Souvenons-nous que nous n'emporterons de ce monde que la perfection que nous aurons donnée à
notre âme, et que nous n'y laisserons que le bien que nous y aurons fait.
La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle. Dans lei;
maisons de noviciat et dans celles qui ont un personnel nombreux, cette lecture se fera d'abord au
réfectoire, puis à l'heure de la lecture spirituelle.
Recevez l'assurance du religieux attachement avec lequel je suis,
Mes Très Chers Frères, en Jésus, Marie, Joseph,
Votre tout dévoué Frère et serviteur,
F. Théophane.
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