Loin de nous la prétention de régler cette problématique que
l’Histoire sociale et politique peine à résoudre. Notre souci se limite
plutôt à soulever des sous-interrogations afin de formuler quelques
éléments susceptibles d’éclaircir cette problématique centrale :
a- L’Islam serait-il, contrairement à toutes les religions, à la fois Etat
et religion? L’Histoire ne nous montre-t-elle pas que toute entité ayant
associé religion et Etat n’a engendré que le despotisme politique ?
b- Serait-il possible, comme le prétendent les mouvements islamistes,
de traduire les préceptes religieuses en un acte politique, voire même
juridique ?
c- Quels rapports peut-on détecter entre la règle juridique et l’ordre
religieux? Comment se positionner devant cette profusion croissante
des fatwas qui tendent à se substituer aux lois censées régir la vie
sociale et politique.
d- quelle est la place de la religion dans le dispositif des articles de la
nouvelle constitution marocaine ?
e- L’intégration des statuts religieux dans le registre des règles
juridiques (privées ou publiques) ne mène-t-elle pas à l’atteinte aux
libertés et droits de l’homme ? La religion doit-elle freiner le
processus de la législation civile?
f- La question de la religion ne s’inscrit-elle pas profondément dans
une problématique socio-historique dépassant de loin le simple cadre
institutionnel, juridique et politique ?
g- La critique de la pensée religieuse ne serait-elle pas finalement la
condition, sine qua non, de l’institution d’un Etat moderne ?
Nous ne prétendons nullement être en mesure de porter des réponses à
des questions aussi épineuses, mais en revanche, nous proposons de
réfléchir sur quelques interactions inhérentes au rapport religion/droit
qui demeure toujours problématique non seulement au Maroc, mais
partout dans le monde arabe, voire même musulman.