1.3. Les lamas tibétains
Selon Fédéric Lenoir
, après l’exile du Dalaï Lama et d’autres lamas en 1959 en
Inde, deux logiques s’imposent sur le phénomène de la diffusion du Bouddhisme du
courant vajrayāna en Occident. L’invitation des lamas par les occidentaux qui se sont
rendus en Inde, vers la fin des années 60, qui créeront plus tard des centres pour
répondre à la demande des disciples. Pour l’autre mouvement, ce sont des jeunes
lamas tibétains, mandatés par les chefs de lignées pour étudier l’anglais et la culture
occidentale, principalement en Grande Bretagne et aux Etats-Unis. Ils fondront
également les centres, suite à la demande des occidentaux.
Pour la France, la rencontre entre le maître, Kalou Rinpoché de l’école Kagyüpa du
Bouddhisme tibétain
, et ses disciples Anne Berry et Denis Eysseric
en Inde vers
la fin des années 60 est l’origine de la diffusion de l’enseignement du Bouddhisme du
courant tibétain. Grâce à l’invitation d’Anne Berry, en 1971,Kalou Rinpoché se rend à
Paris pendant son premier tournée hors de l’Inde. En 1975, pour répondre à la
demande des disciples qui souhaitent effectuer sous sa direction la grande retraite
de trois ans en Occident, il décide de construire un premier centre de retraite dans le
domaine du château de Plaige, en Bourgogne, offert par Chris Gallo et Didier
Granger de Plaige. Et un an plus tard, des disciples ont commencé la première
« grande retraite » de trois ans, et recevront par Kalou Rinpoché à la sortie le titre de
« lama ». Il est intéressant de noter que ce phénomène intéresse également le
journal télévisé de la chaîne 2 qui sera analysé dans notre corpus plus loin. Kalou
Rinpoché, décédé en 1989, a fondé plusieurs dizaines de grands centres de
médiation en Europe.
Au cours des années 70, la Dordogne, spécialement la côte de Jor, est devenue un
lieu de la concentration de centres du Vajrayâna, grâce au mécénat du Bernard
Benson, riche inventeur franco-américain, qui s’installé avec sa famille dans cette
région. L’origine de sa foie est la rencontre avec Kangyur Rinpoché, grand maître de
l’école Nyingma
du Bouddhisme tibétain, en Inde, grâce à la projection du film
documentaire de son ami, Arnaud Desjardin. Kangyur Rinpoché, qui n’est jamais
quitté l’Inde, a prononcé les prédictions d’expansion du bouddhisme en Occident.
Plusieurs grands lamas viennent visiter la France et la Dordogne, En 1974, grâce à
leur accord, Bernad Benson a fondé des centres dans sa propriété Château Chaban,
nommé Dhagpo Kagyu Ling en 1977. En 1988, l’Etat français attribue un statut légal
à la congrégation monastique Karmé Dharma Chakra dont les lamas enseignent au
Centre. Il s’agit de la première congrégation non catholique ainsi reconnue. Le
bouddhisme de la tradition tibétaine se voit donc désigné officiellement par l’Etat
comme une religion établie et pratiquée en France.
Ce centre et ses environs deviennent aujourd’hui
In, Lenoir F., op.cit., p. 291
Devenu Lamas Denis et directeur de l’Institut Karma Ling. Nous le verrons plus loin dans plusieurs
JT.
Le courant nyingma ou nyingmapa (tib. rNying-ma-pa) est la plus ancienne des traditions du
bouddhisme tibétain, parmi les cinq écoles principales reconnues par le Dalaï Lama. Les moines
nyingmapa sont parfois appelés Bonnets rouges. L'école nyingmapa est la branche la plus orientée
vers le tantrisme avec des pratiques parfois inspirées du chamanisme.