La publicité par son poids économique a son propre impact environnemental. Il suffit
d’observer par exemple la propension à utiliser des panneaux publicitaires défilants et
éclairés. Ces derniers vont se multiplier avec les déploiements des systèmes Vélib comme à
Paris et dans d’autres grandes villes qui lient leur marché de vélos en libre-service à un
marché publicitaire. C’est ce que dénoncent un certain nombre d’associations comme
Paysages de France qui se mobilisent contre la pollution visuelle. A Paris, on assiste à une «
véritable explosion du nombre de publicités (+220%), du fait du recours à des systèmes
défilants ». Ces systèmes défilants ne sont pas seulement « un summum en matière de
dénaturation des paysages et de gêne visuelle pour les habitants ». Ils entrent aussi en
contradiction totale avec la nécessaire maîtrise de l'énergie : « un panneau de ce type
consomme en moyenne plus d'électricité qu'un ménage français pour ses usages
domestiques ».
Ces panneaux, estime Pierre-Jean Delahousse, de l'association Paysages de France
multiplient l'impact des pubs. « Comme ils bougent, ils attirent plus le regard. Et comme ils
sont éclairés la nuit, ils captent 40% d'audience en plus ! C'est le triomphe du système
Decaux basé sur le harcèlement publicitaire". Et de pointer cette contradiction : c'est au
moment où on nous matraque à coups d'alertes citoyennes, d'appels aux économies d'énergie,
de sermons sur le réchauffement climatique, que Paris va multiplier par trois le nombre des
messages publicitaires (1).
Mais la publicité sert aussi à peindre en vert ou en bleu ciel n’importe quel produit ou
activité. Même si on ne peut pas encore conclure à une généralisation, on s’aperçoit aisément
que l’environnement est devenu un réservoir d’arguments publicitaires pas forcément pour
vanter des produits écologiques mais plus généralement pour la communication des grands
groupes. Sur 181 publicités analysées conjointement par le BVP et l’Ademe (2), 11 ont été
classées en « manquement » pour non respect flagrant et sérieux des règles en vigueur et 54
étaient à la limite d’être acceptables : soit un bon tiers en tout, sachant que le BVP qui est une
émanation des publicitaires eux-mêmes et qu’étant juge et partie, elle ne se caractérise pas
spécialement par sa sévérité.
Les principaux manquements repérés par le BVP et l’Ademe concernent des promesses
« écologiques » très générales ou non étayées, l’absence d’informations suffisantes, des
suggestions d’innocuité totale pour l’environnement, excessives par rapport à la réalité des
produits promus, des rapprochements choquants, ambigus et peu explicites entre un produit et
la nature, suggérant une parfaite osmose alors que le premier porte atteinte au second, des
représentations de comportements non écologiques.
Quelques exemples. L’industrie automobile se distingue.Ainsi, la Lexus GS moteur hybride
qui propose : « changez le monde sans changer la planète » alors qu’elle émet 186g/Km de
CO2 alors que la moyenne nationale est de 149 ; Iveco qui invente un nouveau geste pour
l’environnement : rouler en camion ; le 4X4 de Fiat qui « rejette à peine plus de CO2 qu’une
luge »(sic), le 4x4 de Koenig présenté entouré d’ours polaires, la Peugeot 307 HDI qui
détourne le slogan I love Paris en remplaçant le coeur par un poumon alors que même les
véhicules les plus vertueux donnent lieu à des taux d’émission de CO2 élevés.
Les fournisseurs d’énergie ne sont pas en reste. Ils feignent d’ignorer que les questions
d’environnement ne se résument pas aux émissions de dioxyde de carbone. Ainsi Areva qui
promet « un avenir sans CO2 » mais bourré de déchets nucléaires, Edf nous peint le ciel en
bleu et fait la promotion de l’EPR avec les statues de l’Île de Pâques, vestiges d’une
civilisation disparue ; Gaz de France offre « une énergie écologique et économique », une
contrevérité manifeste. Le pompon revient sans doute à Total dont une publicité montre une
libellule et une éolienne avec comme slogan : « le vent une des façon les plus naturelles
d’avancer » alors que Total n’a mis en service en tout et pour tout que 5 éoliennes. Une autre