crié vers le Seigneur, et lui les a tirés de la détresse, réduisant la
tempête au silence, faisant taire les vagues. » Mais le « Il » du
psaume était précisément Adonaï, le Seigneur. Celui-ci serait-il donc à
ce point du monde du Seigneur ? Il faudra du temps, et surtout
l’expérience de Pâques, et le don de l’Esprit pour que les disciples
saisissent que cette Parole était effectivement non pas comme mais
la Parole créatrice, que cet homme, Jésus, était la Parole elle-même
faite chair. La Parole originaire, venue dans le monde pour une re-
création. Et Paul pourra s’émerveiller : « Si donc quelqu’un est dans le
Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un
monde nouveau est déjà né. » C’est probablement en contemplant
l’œuvre pascale, l’œuvre de re-création opérée par le Christ que,
peut-être nous pouvons entrer dans le mystère de la première
création et pas l’inverse. On va beaucoup parler de création, de
sauvegarde de la création dans les semaines, les mois qui viennent
avec la belle encyclique de François et la Coop 21 qui se profile. La
Bible n’a pas découvert que Dieu était créateur par une réflexion
philosophique, la révélation que Dieu était créateur est comme une
conséquence, tardive mais décisive, de l’expérience fondamentale
d’Israël selon laquelle Dieu était un Dieu libérateur, un Dieu qui ne
demeurait pas insensible à la misère de son peuple. L’expérience de
l’Exode est première « J’ai vu, j’ai entendu la souffrance de mon
peuple » Et ce Dieu qui avait libéré son peuple par la force de son
bras et de sa main puissante, le peuple hébreu a compris peu à peu,
et notamment dans l’épreuve de l’Exil, au contact de ces cultures qui
adoraient de multiples divinités cosmiques, agraires, solaires, que si
Dieu était bien ce Dieu qui avait manifesté sa puissance libératrice en
Egypte, si Dieu est Dieu, alors il ne peut être que le maître des astres,
des eaux et des vents, il ne peut-être que le Créateur. Et le peuple
hébreu, dans un effort magnifique de reprendre les vieux chants
cosmologiques des babyloniens mais en substituant l’Unique,
Yahveh, le Seigneur aux puissances astrale qui sont réduits au simple
rang utilitaires de luminaires accrochés à la voûte céleste pour le bien
des hommes. C’est la conscience, vive, profonde, vitale de la
sollicitude de Dieu pour son peuple qui, très logiquement, a amené