A la fin du 18 e siècle c’est un tournant, une révolution copernicienne avec J.J.Rousseau qui dans son
ouvrage, l’Emile , bouleverse la conception qu’on avait de l’enfance et la pédagogie.
Désormais l’enfant est bon, il faut lui faire confiance, valoriser sa liberté.
Les termes qu’on associe à l’enfant sont ceux de pureté et d’innocence.
Au 19e siècle, en littérature, les personnages de Cosette chez Victor Hugo ou d’Oliver Twist chez Dickens
vont perpétuer cette idée.
3e période : la révolution freudienne
Avec la psychanalyse c’est encore une nouvelle représentation qui nous est proposée. L’enfant n’est plus
ni pur ni innocent. C’est un « pervers polymorphe ». Le monde de l’enfant est un monde de désirs,
d’angoisses et de pulsions. Son monde est traversé par des préoccupations existentielles profondes.
Dans les années 1970 les émissions à la radio de Françoise Dolto diffusent l’idée que l’enfant est un sujet,
digne de respect. Tandis que Bettelheim dans La Psychanalyse des contes de fées
développe la thèse selon laquelle le conte décrit les conflits intérieurs de l’enfant, ses tensions
(amour/haine par ex.), ou ses pulsions (comme le cannibalisme).
Le conte est donc une sorte de représentation de la vie psychique enfantine.
Puisque l’enfant est un être complexe, il doit pouvoir lire des textes complexes ou qui traitent de
questions complexes. C’est le pari que fait Claude Ponti, un auteur pas toujours compris par les adultes
mais que les enfants adorent.
Prenons l’exemple de l’album L’arbre sans fin.
La jeune Hipollène perd sa grand’mère qu’elle adore et pour l’oublier s’en va dans l’arbre sans fin.
Quand elle revient chez elle, après bien des épreuves, elle retrouve Ortic, le « monstre dévoreur d’enfants
perdus » qui la terrifiait au début de l’histoire. Il bondit sur elle en criant : « Je n’ai pas peur de TOI ».
Mais elle répond : « Moi non plus je n’ai pas peur de MOI »… ce qui fait fuir le monstre !
Car Hipollène a grandi et ne se laisse plus détruire par ses pulsions dévorantes.
Ici Claude Ponti, dit Edwige Chirouter, fait le pari de l’intelligence et de la sensibilité de l’enfant.
C’est une littérature bien loin de la série des Martine ou des Tchoupi !
Panorama de la littérature philosophique pour les enfants
On a d’abord des récits, ce sont surtout des albums contemporains, à forte portée philosophique, qui
abordent de grandes questions.
Citons Jean de la lune de Tomi Ungerer (qui traite des préjugés). Mais n’oublions pas Une histoire à
quatre voix de Anthony Browne ou l’album de Solotareff : Le diable des rochers.
On trouve aussi un genre intermédiaire, mi-récit mi-exposé, avec intention didactique.
Ce sont par exemple les philo fables de Michel Piquemal qui proposent une réflexion à partir de contes,
de mythes, de légendes venues du monde entier, avec, en fin d’ouvrage, un mini dossier (Dans l’atelier de
philo)
Les éditions du Cheval vert eux, donnent une adaptation des mythes platoniciens (La caverne de Platon).
Quant à la maison Les petits Platons elle permet de découvrir à travers un récit la vie et la pensée des
philosophes, comme Moi, Jean-Jacques Rousseau de Edwige Chirouter.
Mais des manuels de philo pour enfants ont fait leur apparition il y a une dizaine d’années avec Les
goûters philo de Brigitte Labbé, chez Milan.
Depuis, d’autres collections ont vu le jour, comme Les p’tits philosophes publiés par Bayard et qui
regroupent des articles parus dans la revue Pomme d’Api sous le titre Le petit philosophe.
La collection Chouette penser, chez Gallimard, s’adresse plutôt aux pré-ados ou aux enseignants.