C ONFERENCE DES FAMILLES DE L’UNAFAM DE CÔTE-D’OR 16 MAI 2009 DIJON Marie-Françoise JAN, Présidente-Déléguée de l’UNAFAM de Côte-d’Or, tient à remercier chaleureusement Madame GERARD, assistante sociale au deuxième secteur de Psychiatrie du Centre Hospitalier La Chartreuse DIJON, d’avoir accepté de présenter aux familles son travail, les problèmes rencontrés, les perspectives. L’UNAFAM de Côte-d’Or connaît bien Madame Gérard qui n’hésite pas à faire profiter la Délégation de toute sa compétence lorsque des familles ont des problèmes dans le domaine social. Qu’elle en soit encore une fois sincèrement remerciée… L E TRAVAIL DE L’ASSISTANTE SOCIALE EN SECTEUR PSYCHIATRIQUE Par Madame Gisèle GERARD Assistante sociale au 2° Secteur CH La Chartreuse DIJON Rappel des missions des assistantes sociales au sein du centre hospitalier L’action sociale repose sur une connaissance globale de la situation de la personne afin de pouvoir engager des actions visant à améliorer ses conditions de vie sur le plan social, sanitaire, familial, économique, professionnel et culturel. Elle tient compte des difficultés mais également des potentialités de la personne et de son environnement (milieu urbain ou rural). Les assistantes sociales de l’établissement entretiennent des relations étroites avec les équipes soignantes afin de pouvoir envisager un projet de sortie cohérent et en adéquation avec les difficultés liées à la pathologie de chaque patient. Dans cet objectif, elles participent généralement aux synthèses hebdomadaires de chaque unité. L’action sociale s’inscrit donc dans un travail d’équipe pluridisciplinaire dans laquelle l’assistante sociale a une place qui varie cependant en fonction des équipes. La spécificité de l’intervention sociale au centre hospitalier se situe principalement dans l’évaluation et l’orientation des patients. En ce qui concerne le suivi des patients en extrahospitalier, l’intervention sociale réside dans le suivi au long cours des patients. Un de ses objectifs est de maintenir le patient dans son milieu de vie en favorisant son autonomie, limitant ainsi l’hospitalisation. L’évaluation de chaque situation permet de mettre en évidence des difficultés diverses. Souvent sollicitée pour une démarche d’apparence simple (renouvellement d’une allocation par exemple), l’assistante sociale découvre, lors de son évaluation, une situation beaucoup plus complexe qui nécessite de multiples interventions et démarches pouvant retarder, voire empêcher, une sortie d’hospitalisation. 4 L’évaluation peut également mettre en évidence une impossibilité de retour à domicile. L’assistante sociale doit donc trou-ver d’autres alternatives pour permettre la sortie du patient dans de bonnes conditions. Certaines situations ne permettent pas toujours de donner une réponse (patients non stabilisés ou ayant épuisé les différentes solutions proposées). Des patients hospitalisés au long cours le sont devenus malgré de multiples tentatives de sortie. Au CH de La Chartreuse, il y a une assistante sociale par secteur géographique et notre activité s’exerce sur l’intrahospitalier (unité ouverte et fermée) ainsi que dans l’extrahospitalier : CMP et Hôpital de Jour. Dans la pratique notre intervention se situe dans l’accompagnement des démarches et, dans certaines situations, dans ‘‘le faire à la place de’’… Le maintien des droits et/ou ouverture des droits : Sécurité sociale : - permettre les soins et la prise en charge du séjour : ●● CMU de base ●● CMU complémentaire en cas d’absence de mutuelle ou aide à la complémentaire si ressources suffisantes ●● réouverture des droits (feuilles de paye, etc.) ●● rattachement en tant qu’ayant droit. ●● solliciter le médecin pour savoir si le patient peut ou non prétendre à un 100 % ●● Prestations supplémentaires pour le forfait journalier. Ressources : - faire valoir les droits aux indemnités journalières - établir le bulletin d’hospitalisation et feuilles de paye, prévenir l’employeur et lui demander de renvoyer l’attestation à la sécurité sociale, aborder la question du maintien de salaire - aider à recourir aux aides sociales permettant d’obtenir des ressources (RMI/RSA) ; l’API en cas de séparation ou de divorce - étudier avec le médecin la possibilité d’une AAH, d’une invalidité sécurité sociale. Logement : - accompagner dans la recherche du logement : ● établir les dossiers HLM ● orienter sur des agences immobilières ● travailler en lien avec les équipes des appartements protégés dans la solution d’un logement adapté (appartement-tremplin) ● établir des demandes dans les résidences sociales – maisons relais - travail de partenariat avec les équipes dans les maisons de retraite ● obtenir le soutien de l’association hospitalière (aide financière et proposition d’appartement) ● chercher des financements pour le dépôt de garantie (CILCO – FSL) - procéder autant que faire se peut au maintien dans le logement : ●● permettre de rétablir la situation (FSL) ●● suggérer l’intervention de partenaires dans le logement ●● mettre en place des aides à domicile lors de la sortie du patient ●● solliciter l’intervention de la SDAT pour des nettoyages, remise en état. Travail : - aider au maintien dans un poste de travail (possibilité d’intervention en lien avec les employeurs et avec le médecin du travail) - informer sur les différents dispositifs d’insertion professionnelle (travail en collaboration avec Challenge Emploi) mais également orienter sur des projets de formation - prendre appui si nécessaire avec la MDPH pour demander une orientation en ESAT, en atelier protégé, solliciter une reconnaissance de travailleur handicapé pour viser à un projet d’accompagnement avec Challenge Emploi. - Dans certains cas orienter sur l’AFPA, l’IRFA, organismes de formation professionnelle. Protection Juridique - informer sur les différentes modalités de protection juridique, faire une évaluation sociale suffisante pour conforter le médecin dans sa décision d’interpeller le Procureur ou conseiller à la famille de signaler la situation au Juge des Tutelles. Reconnaissance du handicap psychique établir les dossiers MDPH ● Reconnaissance du statut de Travailleur Handicapé (TH) ● AAH ● Orientation professionnelle ou en institution. Dans la continuité des soins : - établir des dossiers de maison de repos et de convalescence chercher des solutions pour des orientations dans des établissements spécialisés (Foyer d’Accueil Médicalisé), Résidence ICARE, établissements de cure et de postcure, centres de réadaptation et de réinsertion sociale et/ ou professionnelle. Cet accompagnement suppose un important travail de partenariat et nécessite de faire partie intégrante de l’équipe de soins. La rencontre avec la famille permet souvent d’aider à la compréhension de la situation sociale du patient et en permet une évaluation plus précise. C’est également avec la famille, qu’il est autant que faire se peut, intéressant de pouvoir travailler sur un projet de retour dans le logement ou bien d’autres solutions alternatives. C’est aussi grâce à elle, parce que le patient ne sera pas en mesure d’expliquer sa situation ou de fournir des documents, que nous pouvons avancer dans nos démarches sociales. QUESTIONS POSEES PAR LES FAMILLES A MADAME GERARD L’assistante sociale et la famille Faut-il une hospitalisation pour prendre contact avec l’assistante sociale ? Non, on peut s’adresser à l’assistante sociale du secteur dont dépend la personne. L’assistante sociale travaille en intra-hospitalier et en extra-hospitalier avec les CMP. La famille est-elle toujours consultée pour la préparation de la sortie d’un Centre Hospitalier ? Pas nécessairement. Tout dépend de la situation et de la façon dont le médecin voit la prise en charge. On attend que les familles se manifestent mais on ne les sollicite pas car les patients sont majeurs. On ne consulte pas la famille parce que la personne est majeure, mais à la sor-tie, on renvoie la personne malade dans sa famille, en prévenant celle-ci au dernier moment ! Cela dépend des secteurs mais c’est malheureusement le cas certaines fois. Et quand il n’y a pas de famille ? Il y a souvent un tuteur. On essaie qu’il y ait un suivi (consultations, CMP, infirmière à domicile). Y a-t-il des textes de loi concernant le travail avec la famille ? Non, il n’y en a aucun. L’assistante sociale voit-elle tous les patients hospitalisés ? Non, elle voit : - ceux qui en font la demande (remarque de Francis Jan : les patients - sont souvent en ‘‘non demande’’, ce qui est une des caractéristiques de leur pathologie. Remarque de Marie Françoise Jan : les familles doivent demander à la voir). ceux pour lesquels le médecin ou l’équipe sollicitent l’assistante sociale. L’accompagnement social hors hôpital Lorsque une personne est dans l’incapacité d’entretenir son logement, peut-elle avoir une aide ménagère ? MF Jan : oui, mais c’est à la charge de la personne si elle a moins de 60 ans. Après 60 ans, la personne a droit à l’APA. Précisions de Michelle Castany : on peut demander une aide ménagère de l’ADMR. Pour les handicapés à 80%, le reste à charge est faible MF Jan : Il n’y a pas de solution permettant d’obliger une personne à entrete-nir son logement. Les SAVS pourraient aider. Mme Gérard : les assistantes sociales de l’hôpital ont fait valoir ce besoin de SAVS quand le directeur a demandé d’arrêter les hospitalisations au long cours. MF Jan : le problème des SAVS est crucial. Le Conseil Général, pour l’instant, n’a pas accepté de créer un SAVS spécifique pour les personnes souffrant de troubles psychiques. Pourtant, un tel SAVS pourrait aider la personne qui a son propre logement comme celle qui vit dans ou près de sa famille. Francis Jan : le nombre de personnes à accompagner est tel qu’il faut une organisation très importante et rien ne vaut 7 les professionnels. Au Conseil Général, les politiques sont très sensibles au handicap psychique, à cause des problèmes de sé-curité, des problèmes d’insalubrité des logements, du tapage nocturne, etc. Annie Virot : A la MDPH, on propose des orientations SAVS même si on sait qu’ac-tuellement les SAVS existants ne peu-vent prendre en charge les malades psy-chiques. Cela permet de montrer le besoin de création d’un SAVS spécifique. L’obligation de soins Va-t-il y avoir une nouvelle loi sur l’obli-gation de soins ? MF Jan : Des travaux sont en cours mais il n’y a rien de précis pour l’instant Francis Jan : A propos de l’obligation de soins, on remarque une augmentation des hospitalisations qui entraîne un manque de places donc une mauvaise prise en charge des patients. Cette recrudescence d’hospitalisations vient de l’absence d’accompagnement et du fait que le contact est perdu avec les patients. C’est tout le problème de la mo-bilité des services de soins. L’accompagnement social permet lui la continuité des soins, surtout si les secteurs sanitaire et social collaborent. Les structures d’hébergement Les hôpitaux ferment. Où vont aller les patients ? MF Jan : Il faut envisager tout un éven-tail de structures d’hébergement. Il y a un chantier énorme dont on prend de plus en plus conscience. Il y a actuellement des places d’héberge-ment pour personnes non autonomes dans l’hôpital. Dans le domaine du social, il y a Icare Il faut créer une structure pour ceux qui sortent d’Icare : Des appartements protégés Des appartements thérapeutiques (qui n’existent pas en Côte d’Or) Une ‘résidence accueil’ pour handicapés psychiques. Nous organisons une confé-rence le 8 octobre prochain avec Marie Noëlle Besançon qui a créé plusieurs lieux de vie à Besançon et qui a une association de parrainage de ce type de structures. Madame Gérard : On parle de plus en plus d’accompagnement à l’hôpital et il y a une prise de conscience de l’isolement du patient dans son appartement d’où l’idée d’étayer les CMP pour un suivi plus rap-proché. F Jan : Ce qui a fait bouger les choses, c’est la loi de 2005 qui a permis la créa-tion des MDPH et des GEM. L’UNAFAM est de plus en plus sollicitée. Il reste un problème de mixité des diffé-rents handicaps dans les établissements, pour laquelle le personnel n’est pas formé. Les autres handicaps acceptent mal le handicap psychique.