
Ces difficultés sont de deux ordres. Certaines sont liées à des facteurs individuels (A),
d’autres à des facteurs institutionnels (B)
A / LES DIFFICULTES LIEES AUX FACTEURS INDIVIDUELS
La connaissance des effets nocifs n’est pas un facteur d’incitation à l’arrêt du tabac. Il
est démontré que ceux qui connaissent en détail les risques encourus fument davantage que
ceux qui les ignorent. Pour preuve le tabagisme des hospitaliers : les professionnels de santé,
pourtant au courant des effets du tabagisme, fument dans les mêmes proportions que la
population en général. Mais des scientifiques ont mis en avant que les risques du tabac sont
encore sous évalués. Par ailleurs, les fumeurs s’adaptent aux augmentations ou aux
réglementations en changeant leurs habitudes : ils fument des cigarettes moins chères,
différentes ou légères.
Confrontés à la baisse de leur chiffre d’affaires, les fabricants pratiquent une politique
de défense de leurs intérêts qui les conduit à s’adapter aux nouvelles mesures, contrecarrant
l’efficacité de ces dernières. Ils endiguent la hausse des prix en réduisant leur marge et se
livrent à une guerre des prix diminuant l’effet dissuasif de l’augmentation. De même, ils
compensent l’obligation d’afficher les teneurs en développant des cigarettes moins toxiques et
ciblent les jeunes pour aggraver les dépendances.
Les facteurs individuels limitent d’autant plus l’évolution qu’ils sont confortés par des
facteurs institutionnels.
B / LES DIFFICULTES LIEES AUX FACTEURS INSTITUTIONNELS
Les pouvoirs institutionnels que sont la justice et l’Etat participent des difficultés
pratiques de mise en œuvre des mesures contre le tabagisme.
Certes, il existe des condamnations mais les salariés hésitent à agir en justice, le ministère
public ne prend pas l’initiative des poursuites et les sanctions, des contraventions, n’ont pas
un effet très dissuasif. De plus, une première décision a refusé de faire droit à la demande
d’une victime du tabagisme passif qui recherchait la responsabilité de son employeur lequel
n’avait pas aménagé les locaux. Des actions sont en cours contre la SEITA émanant de
fumeurs directs mais l’issue est encore inconnue. Par contre, s’agissant des dispositions
relatives à l’interdiction de la publicité, les infractions, si elles existent encore, sont punies
lourdement et ce malgré les enjeux financiers. Il faut cependant noter au niveau européen,
une décision de la Cour de justice européenne qui a annulé l’interdiction de la publicité pour
le tabac posée par une directive considérant que la santé publique relève de la compétence des
Etats et non du législateur européen.
L’Etat est, à la fois, initiateur des politiques de santé et grand bénéficiaire des hausses qui
ont permis un doublement des recettes fiscales. Dans le même temps, alors que le tabagisme
est plus meurtrier que l’alcoolisme, le sida et les drogues illicites, il est le problème de santé
dans lequel il intervient le moins en matière de prévention.
En conclusion, des moyens ont été mis en place pour réduire la consommation de
tabac en France et des résultats sont constatés puisque le nombre de fumeurs baisse
régulièrement. Cependant, pour beaucoup, il faut relancer la lutte. Selon certains, la solution
passe par plus de prévention voire un tabaction.