Document 3 – Adam Smith, humaniste autant qu’économiste :
Entretien avec Amartya Sen, prix Nobel d’économie en 1998.
« Vous souvenez-vous de votre première lecture des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ? »
« Pendant ma scolarité en Inde, j'avais déjà conscience de l'importance des écrits d'Adam Smith, mais je n'ai
vraiment été en contact avec ses oeuvres originales que lors de ma première année universitaire, au Presidency College de
Calcutta, à la fin de l'été 1951. J'avais alors 17 ans, et je fus enthousiasmé par les innovations pionnières apportées par Smith.
[…] Smith lui-même était extrêmement critique sur les inégalités économiques et sociales, et sur les asymétries de la
structure de classes qui séparait de façon rigide les travailleurs des catégories privilégiées. Quand j'ai commencé à lire La
Richesse des nations, j'ai découvert que Smith était extrêmement préoccupé – et critique – au sujet du sort des pauvres, même
au sein des sociétés prospères. J'ai été particulièrement ému par la puissante analyse de Smith selon laquelle les riches
réussissent mieux non pas parce qu'ils ont, en général, plus de talents que les autres, mais parce qu'ils ont eu la chance de
recevoir une meilleure éducation et parce que leur style de vie leur laisse du temps libre et la possibilité de se cultiver.
« Voici un passage de Smith qui, lorsque je l'ai lu pour la première fois, en 1951, m'a bouleversé : ‘‘Les gens du
peuple […] n'ont guère de temps de reste à mettre à leur éducation. Leurs parents peuvent à peine suffire à leur entretien
pendant l'enfance. Aussitôt qu'ils sont en état de travailler, il faut qu'ils s'adonnent à quelque métier pour gagner leur
subsistance. Ce métier est aussi, en général, si simple et si uniforme, qu'il donne très peu d'exercice à leur intelligence ; tandis
qu'en même temps leur travail est à la fois si dur et si constant, qu'il ne leur laisse guère de loisir, encore moins de
disposition, à s'appliquer, ni même à penser à autre chose’’.
Je vous cite cet extrait – tiré du chapitre 1 du livre V – non seulement parce que je l'ai relu récemment lorsque
j'écrivais la préface de la réédition – à l'occasion du 250ème anniversaire de sa parution, en 1759 – du premier livre de Smith,
La Théorie des sentiments moraux, mais aussi parce qu'il y a quelque chose d'exceptionnel dans la clairvoyance et la
compassion que Smith révèle, et qui me l'avait rendu très proche dans ma jeunesse. J'ai été particulièrement frappé par son
empathie pour les autres, aussi éloignés de lui soient-ils en termes de classe, de milieu ou de style de vie, extrêmement
différents du sien. Tout au long de La Richesse des nations, il déploie un fort sentiment de solidarité avec les exclus de la
société. C'est une caractéristique dont j'ai constaté l'absence dans la façon dont la littérature économique standard analyse les
questions économiques. Amartya Sen, Entretien, Le Monde, 16 octobre 2009
3. L’origine de la division du travail :
Revenons à ces questions de morale qui sont très importantes pour Smith, qui était, ne
l’oublions pas, professeur de philosophie. On pourrait alors se poser une question :
Qu’est-ce qui explique que les hommes cherchent à diviser le travail ?
Documents 4 et 5 page 342, questions 9, 11, 12 et 13 page 345.
Lisons ensemble le document 4, §1 et 2.
Question 9 : L’origine de la division du travail est à chercher dans la « propension des
hommes à échanger ». Prenons un exemple : pour Smith, il y a un trait des hommes qui le
différencie de tous les animaux, c’est le fait d’échanger. Il prend l’exemple du chien : aucun
chien ne va aller voir un autre chien pour lui échanger un os contre une balle en mousse. Ils
vont lutter pour, mais pas échanger. Et si l’un cède, c’est presque par mépris pour l’autre.
Continuons avec le paragraphe 3.
Question 12 : Cette propension à échanger est guidée par l’intérêt et non par
l’altruisme. Comme chacun a besoin des autres, il a besoin de s’adresser à leur égoïsme
pour être sûr d’obtenir d’eux ce qu’il veut.
Quelles sont les différentes phrases du texte qui nous permettent de bien voir cela ?
« Donnez-moi ce dont j’ai besoin et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin
vous-mêmes » ; « nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur
égoïsme » ; « ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c’est toujours
de leur avantage ».
Comment expliquons-nous maintenant le lien entre cette propension et la DTT ?
Question 11 : Par conséquent, pour Smith, il est naturel à l’homme d’échanger et de
chercher à être plus productif pour échanger. L’homme va donc naturellement chercher
un moyen d’être plus productif, et pour cela il va diviser le travail.
Où est-ce qu’on a cet exemple dans le texte ?
Par exemple, c’est le travail du chasseur, différent du travail du berger, différent du
travail du cordonnier, différent du travail du forgeron, etc.