
En novembre 1983, le FMI a débloqué enfin 11 milliards de dollars, dont l’unique fonction était... de
rembourser la dette.
Les pays d’Amérique latine des années 80 ont joué le rôle de cobayes néo-libéraux du FMI. L’un après
l’autre, chaque pays a dû adopter une politique orientée vers les exportations, basée sur un programme
de privatisation des industries nationales au profit des sociétés multinationales impérialistes et la
destruction pure et simple des aides étatiques destinées aux couches les plus pauvres.
Mais en 1997, l’effondrement des pays du Sud-Est asiatique a montré l’erreur des théories néo-libérales
prônées par le FMI sur le développement capitaliste.
Le FMI chantait les louanges de ces économies. Il les prenait pour modèles afin de montrer comment
des pays du "tiers monde" pouvaient connaître croissance et stabilité et jouir des investissements
étrangers. Entre 1990 et 1996, les banques étrangères se sont ruées vers ces pays, applaudis par le
FMI qui y voyait des modèles à suivre partout dans le monde semi-colonial.
Et puis, l’année dernière, la vérité a éclaté aux yeux de tous : surproduction, effondrement des profits,
mauvaises dettes et fuite des capitaux. L’un après l’autre, l’Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, la Corée
du Sud et les Philippines ont tous sombré. Incapables de défendre leurs devises face à la déferlante
financière, leurs économies se sont effondrées.
Étant donné qu’ils suivaient tous et sans conditions la politique du FMI, ils étaient en droit d’attendre que
celui-ci débloque immédiatement les fonds nécessaires pour les sauver.
Pas du tout. Pour le FMI, la crise devait être payée par les populations. Cela s’est traduit par la réduction
des dépenses d’État, la limitation de la demande intérieure et des salaires et l’augmentation des taux
d’intérêt.
Les "apprentis sorciers" du FMI ont même rajouté une clause visant la dérégulation du mouvement des
capitaux, un des facteurs qui avaient déclenché la crise !
Le but du FMI est simple : se servir de la crise afin d’ouvrir ces pays comme autant d’huîtres, permettant
ainsi aux banques et aux sociétés impérialistes d’en déguster les meilleurs morceaux.
Voilà pourquoi l’accord de décembre 1997 entre le FMI et la Corée du Sud exige une profonde réforme
structurelle, la fermeture des institutions financières, le rachat des banques coréennes par des banques
étrangères et la fin des prêts gouvernementaux. Comme l’a dit un commentateur, l’objectif du FMI est
net :
"Il ne peut y avoir aucun doute, les vrais gagnants sont les sociétés occidentales et nippones. Le
transfert vers des propriétaires étrangers a commencé, marqué par l’euphorie, comme le montre cette
remarque de la part d’un dirigeant d’une banque britannique : 'Si quelque chose qui hier valait 1 milliard
de livres, aujourd’hui ne vaut que cinquante million, c’est assez excitant.' La combinaison des
dévaluations massives avec la libéralisation à tout va et la reprise soutenue par le FMI pourrait même
précipiter le plus grand transfert de richesses des propriétaires nationaux vers l’étranger qu’on ait jamais
vu en temps de paix depuis cinquante ans. Même les transferts vers les USA qu’on a vu en Amérique
latine pendant les années 80 ne seraient rien à côté."
L’avenir du FMI
Le caractère pro-impérialiste des conditions avancées par le FMI n’a jamais été aussi évident malgré ce
qu’en dit Michel Camdessus. Celui-ci déclarait, sans rire, fin octobre, que les programmes du FMI
"cherchent à faire en sorte que la reprise des dynamiques de développements serve le développement
humain, que la dépense publique soit autant que possible destinée à l’éducation, à la santé de base, etc.
C’est le meilleur moyen pour donner leur chance aux plus pauvres."
La seule pointe de critique que Camdessus concède avec cynisme, c’est que "la libéralisation a parfois
été conduite en dépit du bon sens". Et les millions de travailleurs et de jeunes qui ont subi les effets
nocifs des programmes du FMI sur leurs conditions de vie, alors ? Oubliés !