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qui atteint 23 millions d'euros, est
partagé entre 100 personnes morales
: banques, organismes mutualistes,
caisses de retraite ou entreprises,
détaille Edmond Maire, président de
cet organisme. Lorsqu'ils prennent
des parts dans notre capital, on leur
dit : 'Soyez tranquilles, on vous
promet qu'on ne vous versera pas de
dividende ! " Mais nous nous
engageons à ce que la valeur
nominale de leurs actions ne baisse
pas non plus. » De manière générale,
les institutions solidaires préfèrent
recevoir de l'argent sous forme
d'épargne solidaire plutôt que sous
forme de dons. « C'est un acte plus
engageant, plus réfléchi que le don,
remarque Bernard Usquin,
responsable des ressources
financières à Habitat et Humanisme.
L'épargnant s'engage sur plus long
terme que le donateur, et de façon
plus qualitative. »
Autre manière de souscrire de
l'épargne solidaire : passer par
l'intermédiaire des quelques banques
et sociétés de gestion proposant des
Sicav, des fonds communs de
placements (FCP) ou des livrets
bancaires de type solidaire. Le Crédit
coopératif est un des établissements
bancaires les plus engagés dans cette
démarche, pour des raisons évidentes
: « Nous sommes une banque
coopérative et nous nous définissons
comme la banque de l'économie
sociale et solidaire, explique Hugues
Sibille, directeur délégué au Crédit
coopératif. Soutenir la solidarité est
le coeur de notre métier et
correspond à nos valeurs. » La
banque propose douze produits
solidaires ayant reçu le label Finansol
(7), qui garantit leur caractère
solidaire et transparent. Elle propose
surtout des produits de partage, dont
le FCP Faim et développement par
lequel le souscripteur verse 50 % à
75 % des revenus générés par le
fonds à une organisation non
gouvernementale (ONG) de son
choix. Ce fonds a permis le
versement de 523 000 euros en 2004,
dont 86 % se sont dirigés vers le
Comité français contre la faim et
pour le développement (CCFD) et
vers la Sidi, sa Société
d'investissement et de développement
international (8).
La Macif, autre acteur majeur de
l'économie sociale, a quant à elle
privilégié les produits
d'investissement solidaire. Elle a créé
en 2002 le FCP Macif croissance
durable et solidaire. 5 % à 10 % des
encours de ce fonds sont investis
dans des entreprises solidaires (9). Le
reste est investi sur des critères de
développement durable.
Mais le boom récent des finances
solidaires est surtout lié au
développement de l'épargne salariale.
En 2004, 53 % des épargnants
solidaires avaient souscrit par ce
biais. La loi Fabius de 2001, puis la
loi Fillon de 2003 ont en effet permis
aux salariés qui bénéficient des
mécanismes d'épargne salariale
d'investir dans des Fonds communs
de placement d'entreprise (FCPE)
solidaires. On dénombre aujourd'hui
une trentaine de FCPE solidaires,
dont trois ont reçu le label Finansol.
Et les syndicats s'investissent
beaucoup pour que des FCPE
solidaires soient systématiquement
proposés dans les plans d'épargne
entreprise.
Des placements qui rapportent
autrement
Si l'on compare des placements de
nature équivalente, l'épargne
solidaire rapporte généralement
moins que l'épargne classique, soit
parce que le souscripteur fait don
d'une partie de ses intérêts (produits
de partage), soit parce qu'une partie
de son capital est investie sur des
projets dont la rentabilité
économique est faible (produits
d'investissement solidaire). Mais le
manque à gagner est largement
compensé par la satisfaction d'avoir
contribué à financer des initiatives
solidaires.
S'ajoutent à cela des avantages
fiscaux non négligeables : 25 % de
réduction d'impôts sur le revenu pour
les actions non cotées, 66 % de
réduction d'impôts pour les dons
générés par les produits de partage,
exonération de l'impôt sur le revenu
pour l'épargne salariale solidaire...
Toutefois, ces avantages ne
bénéficient pas aux 50 % de ménages
non imposables.
De manière générale, les produits qui
rapportent le moins sont aussi les
plus solidaires. Garrigue (10) est une
société coopérative de capital-risque
créée en 1985. Elle investit en fonds
propres dans des entreprises à forte
plus-value sociale et
environnementale. Toute personne
physique ou morale peut y prendre
des parts sociales. « Financièrement,
cela ne rapporte pas grand-chose,
reconnaît Dominique Cariiez,
président de Garrigue. Il peut y avoir
des pertes. La distribution de
dividendes n'est pas exclue, mais elle
reste très largement théorique. Mais
100 % des sommes récoltées servent
à investir dans la création ou le
développement d'activités. Ce qui est
loin d'être le cas quand on souscrit
une Sicav ou un FCP solidaire. » De
même, les Clubs d'investisseurs pour
une gestion alternative et locale de
l'épargne solidaire, les Cigales (11)
épargnent des sommes qui sont
ensuite investies dans des entreprises
locales en création ou en
développement. Ces sommes peuvent
être perdues en cas de faillite de
l'entreprise, mais la totalité de
l'épargne aura servi à soutenir un
projet solidaire.
« La diversité des types de
placements solidaires qu'on trouve
en France est une vraie richesse,
note Mathilde Mandonnet, secrétaire
générale de Finansol. Selon le
rendement que l'épargnant souhaite
retirer de son placement,
l'implication personnelle qu'il veut y
mettre et le degré de solidarité qu'il
souhaite favoriser, chacun peut y
trouver son compte. Et dans tous les
cas, une partie de l'argent sert à
financer des initiatives solidaires. » «
En outre, les placements sont
entièrement transparents : on est
capable de dire précisément aux gens
à quoi sert leur-argent » , ajoute
Bernard Usquin.
Les types d'initiatives soutenues sont
en réalité assez variés. La Sifa, par
exemple, finance des entreprises
créant des emplois destinés à des
personnes en situation de précarité
économique et sociale. L'Association
pour le droit à l'initiative
économique, l'Adie (12) octroie des
prêts individuels à des chômeurs de
longue durée ou des bénéficiaires de
minima sociaux, pour qu'ils créent
leur entreprise. La société financière
de la Nef finance notamment des
projets de protection de
l'environnement. Garrigue finance
plutôt des projets innovants tels que
la commercialisation de produits
biologiques ou équitables. Habitat et
Humanisme fournit des logements à
des familles en difficulté dans des
quartiers de centre-ville, afin de