La France depuis 1945 : fin de la IVème République, Ve

La France depuis 1945 : fin de la IVème République, Ve République, politique et
société.
Introduction
En 1945, la France sort de la guerre. La démocratie est rapidement rétablie, mais la
IVème République se heurte à de nouvelles difficultés : le régime politique est instable et
doit faire face à la décolonisation. En1958, le général De Gaulle, revenu au pouvoir, fait
adopter la Ve République.
Dans le même temps, la société française connaît une profonde mutation favorisée par
la croissance économique. Depuis 1974, la croissance est ralentie mais l’intégration
dans l’Europe, commencée dans les années 1950, se poursuit.
Quelques petits rappels avant d’aborder la Ve République :
La France des « Trente Glorieuses »
A partir de 1945, alors que la population s’accroît rapidement sous l’effet du baby-boom,
la vie des Français se transforme. La population déserte les campagnes pour la ville ;
une France industrielle et tertiaire, modernisée, prend le pas sur l’ancienne société
rurale ; la consommation de masse se répand. Ces mutations sont le résultat d’une forte
expansion favorisée par l’action de l’Etat et la croissance économique mondiale.
De nouvelles bases pour la France
Après la victoire, il apparaît rapidement qu’il faut transformer la société. En avril 1944,
un décret de l’Assemblée consultative accorde le droit de vote et, donc, l’égalité politique
aux femmes (dans la théorie). Au cours des années suivantes, c’est la mise en place de
l’Etat-Providence ( intervention de l’Etat pour garantir la protection sociale). En octobre
1945, la création de la Sécurité sociale donne aux travailleurs la protection financière.
Les droits du travail progressent avec la mise en place des comités d’entreprise dans les
entreprises de plus de 50 salariés.
Cependant, le rationnement dure jusqu’en 1948. De 1944 à 1948, les nationalisations
concernent les secteurs vitaux de l’économie : l’énergie (Charbonnage de France, EDF,
GDF), les transports (Air France, transports parisiens), les banques, le crédit et les
assurances. En 1947, un plan de modernisation et d’équipement est mis en œuvre pour
encourager la production et les exportations.
Les Français rejettent le rétablissement de la IIIème République. Les partis majoritaires
à l’Assemblée constituante (PCF, SFIO, MRP), rédigent un premier projet de
constitution, mais il est rejeté par le référendum en mai 1946. Le second projet est
adopté en octobre 1946. La Ive République est un régime parlementaire : l’Assemblée
nationale détient le pouvoir législatif et contrôle le gouvernement. En désaccord avec
ces projets, le général De Gaulle démissionne le 20 janvier 1946 et propose en juin
1946 un régime ou le pouvoir exécutif détenu par le président de la République
l’emporte sur le Parlement. Il devient alors un opposant déterminé à la IV République.
La IVe République
1/ L’instabilité politique
En 1946, la IVe République est dominée par le tripartisme, coalition de 3 grands partis
issus de la résistance : le PCF, la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière)
et le MRP ( Mouvement des Républicains Populaires). Mais les communistes, critiques
sur la politique coloniale, la politique sociale et l’alliance avec les Etats-Unis, sont exclus
du gouvernement en mai 1947. Une nouvelle coalition qui va des socialistes à la droite
modérée se constitue : c’est la troisième force. Cette alliance est également attaquée
par le RPF (Rassemblement du Peuple Français, créé par De Gaulle en 1947). Il
s’ensuit une grande instabilité car les gouvernements de coalition sont fragiles. En effet,
le président du conseil pouvait être déchu, ce qui est souvent arrivé car il n’y avait
jamais majorité absolue. Ce régime fut appelé par de Gaulle le « régime néfaste des
partis ». Le scrutin était à la proportionnelle et il y avait ainsi de nombreux petits partis,
occasionnant un émiettement des voix.
2/La modernisation de la France
La double action de l’Etat et du plan Marshall permet une rapide reconstruction. Elle est
suivie d’une période de forte croissance économique et surtout de modernisation des
équipements du pays : électrification des chemins de fer, construction de barrages
hydroélectriques, etc. Le plein emploi, le développement du crédit et la hausse des
salaires stimulent la consommation. Le grand changement vient du rôle moteur joué par
la France dans la construction européenne. En 1951, elle entre dans la Communauté du
Charbon et de l’Acier (CECA). En 1957, elle signe le traité de Rome qui met en place la
Communauté Economique Européenne (CEE). Mais, en 1954, elle fait abandonner la
Communauté Européenne de Défense (CED) intégrant la RFA, à cause de l’opposition
des gaullistes et des communistes.
3/ Les difficultés de la décolonisation
De 1946 à 1954, la France s’enlise dans un conflit coûteux en Indochine. La défaite
française à Diên Biên Phu, en mai 1954, pousse le président du Conseil, Pierre Mendès-
France, à signer les accords de Genève (21 juillet 1954) qui accordent l’indépendance
du Viêt-nam. Quand, en novembre 1954, éclate l’insurrection algérienne, la France
attachée à cette colonie de peuplement refuse toute négociation et se lance dans une
nouvelle guerre. Impuissant à résoudre la crise, le régime est discrédité quand éclate le
soulèvement d’Alger le 13 mai 1958. Pfimlin était alors le président du conseil, et ce lui-
ci était prêt à ne plus soutenir les militaires en Algérie. C’est pourquoi, les mêmes
personnes qui avaient placé Pfimlin au pouvoir l’en chassèrent 17 jours plus tard pour y
installer de Gaulle. Ancien militaire, il était plus à même de défendre la France coloniale
et ramener l’Algérie vers son Empire.
De Gaulle et la Ve République
1/ De nouvelles institutions
Nommé président du Conseil, de Gaulle obtient les pleins pouvoirs constitutionnels le 1er
juin 1958. Après le référendum du 28 septembre 1958, la Ve République est proclamée
le 4 octobre. La nouvelle constitution renforce le pouvoir du président de la République :
il détient les pouvoirs traditionnels de la fonction (chef de l’Etat, droit de dissolution…) ; il
nomme le Premier ministre, peut consulter le peuple par référendum (ce qui est craint
par les opposants comme Mitterrand car ils gardent de mauvais souvenirs de l’usage
qu’en a fait Napoléon III) et gouverner par ordonnances en cas de situation grave. Le
Parlement voit son pouvoir plus strictement limité à un rôle législatif. Ainsi, l’élection des
députés a changé, elle devient uninomale à 2 tours, dégageant ainsi des majorités. Ce
système favorise alors les grands partis et les majorités absolues.
2/ La personnalisation du pouvoir
En 1962, le général de Gaulle, au sommet de sa popularité après le règlement de la
question algérienne, fait adopter par référendum le projet d’élection du président de la
République au suffrage universel direct. Ainsi, il gagne la légitimité auprès du peuple et
la majorité absolue est souvent de son parti. De Gaulle utilise également tous les
moyens à sa disposition pour rechercher le contact direct avec le peuple : voyages en
provinces, discours et conférences de presse, utilisation de la télévision alors contrôlée
par l’Etat. Les partis politiques de gauche dénoncent ces pratiques, mais ils restent
divisés dans l’opposition.
3/ Une majorité assurée
En 1958 de Gaulle bénéficie d’une majorité parlementaire solide dominée par les
gaullistes. Ceci permet le retour à la stabilité gouvernementale : Georges Pompidou est
Premier ministre de 1962 à 1968. Toutefois, l’usure du pouvoir se fait sentir. En
décembre 1965, de Gaulle est mis en ballottage ( situation électorale dans laquelle
aucun candidat n’obtient la majorité absolue au premier tour d’un scrutin) par François
Mitterrand, candidat de la gauche, lors des premières élections du président au suffrage
universel direct. En mai 1968, un mouvement de protestation étudiante et une crise
sociale généralisée fragilisent le pouvoir. Mal remis de ces évènements, il perd le
référendum sur la régionalisation en avril 1969 et démissionne. Son successeur,
Georges Pompidou, s’appuie sur la même majorité, mais il décède en 1974.
La Ve République entre 1958 et 1974
1/ L’achèvement de la décolonisation
Le général de Gaulle fait du règlement de la guerre d’Algérie une priorité, mais il faudra
pourtant encore 4 ans pour résoudre le conflit. Il mène d’abord une politique
d’intervention militaire, puis il propose, en 1959, le droit à l’autodétermination pour
l’Algérie malgré l’opposition des défenseurs de l’Algérie française. Les négociations
avec le FLN aboutissent au cessez-le-feu par la signature des accords d’Evian le 19
mars 1962 et à l’indépendance de l’Algérie en juillet. Parallèlement, de Gaulle accepte
l’indépendance de l’Afrique noire en 1960. Il entame alors une politique de coopération
entre la métropole et ses anciennes colonies qui préserve une partie des intérêts de la
France en Afrique (toutes les anciennes colonies n’acceptent pas cette politique comme
Madagascar).
2/ La poursuite de l’expansion
A son arrivée au pouvoir, de Gaulle accorde la priorité au rétablissement financier du
pays. Il met en œuvre une politique de rigueur (dévaluation, hausse des impôts) et créé
le nouveau franc en 1959. De grands projets industriels, telle la construction du
Concorde, sont lancés. L’agriculture est dynamisée par la mise en œuvre de la Politique
agricole commune (PAC) en 1962. Mais au plan social, peu de mesures (rappel :
congés payés en 1936) de modernisation sont prises et le mécontentement éclate
comme lors de la grève des mineurs en 1963 et lors des évènements de mai 1968.
3/ « Le grand dessein »
L’objectif majeur du général de Gaulle est de redonner à la France un statut de grande
puissance indépendante. L’alliance avec les Etats-Unis est maintenue, mais la France
sort du commandement militaire de l’OTAN en 1966. Il entreprend une politique
d’ouverture vers les pays communistes (reconnaissance de la Chine communiste, visite
dans les pays de l’Est) et vers le tiers-monde. Pour garantir l’indépendance, de Gaulle
fait également le choix de la stratégie de dissuasion nucléaire. En 1960, la France
dispose de la bombe atomique. De Gaulle se résout à poursuivre la construction
européenne, mais il privilégie les relations d’Etat à Etat (traité franco-allemand signé en
1963) et s’oppose à l’entrée dans la CEE du Royaume-Uni, jugé trop proche des Etats-
Unis. Georges Pompidou l’acceptera finalement en 1973.
Le temps des contestations
Durant les « Trente Glorieuses », la France connaît une réelle prospérité mais les
inégalités restent fortes. Dès le début des années 1960 des grèves éclatent et d’autres
formes de contestation apparaissent. La guerre d’Algérie soulève de vives protestations.
La jeunesse, qui s’ouvre à d’autres cultures, supporte mal une société figée qui ne
semble pas prendre en compte ses aspirations. Les femmes, dont la place économique
s’accroît, revendiquent l’égalité des droits. La rigidité du régime gaulliste et, après 1965,
l’usure du pouvoir font également naître une contestation plus politique. En mai 1968, la
conjonction des mécontentements provoque une crise majeure.
Les Français et Françaises depuis 1974
1/Les droits des personnes et de la famille
De nouvelles lois élargissent les droits des personnes. Après la légalisation de la
contraception en 1967, la loi présentée par Simone Veil légalise l’avortement depuis
1975. L’âge de la majorité est abaissé à 18 ans (1974). Constatant la faible
représentation politique des femmes, la loi de 1999-2000 « favorise l’égal accès des
femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives ». En 1981,
les députés votent l’abolition de la peine de mort à une très large majorité (cf. Robert
Badinter). L’augmentation du nombre des divorces et l’évolution des mentalités font
s’accroître le nombre des couples non mariés, des familles monoparentales ou
recomposées. Instauré en 1999, le PACS témoigne de cette évolution, non sans
choquer les partisans de valeurs plus traditionnelles.
2/ La question du travail
En 1981-1982, une grande réforme sociale est entreprise en faveur des salariés et des
classe moyennes : loi des 39 heures de travail hebdomadaires, cinquième semaine de
congés payés, droits accrus des salariés dans l’entreprise, retraite à 60 ans ( plus
d’actualité). Pour combattre le chômage, le gouvernement Jospin instaure la semaine
des 35 heures en 2000. Les droits de la femme au travail sont mieux garantis. Depuis
1965, elles peuvent exercer un métier ou ouvrir un compte en banque sans l’autorisation
du mari. Le principe du salaire égal pour un travail égal est affirmé en 1972, mais il
continue de s’imposer lentement. En 1983, une loi interdit toute discrimination
professionnelle en raison du sexe. Des mesures ont permis de mieux prendre en charge
les exclus de la croissance, comme la création, en 1988, du Revenu Minimum
d’Insertion (RMI). Depuis 1999, la Couverture maladie universelle (CMU) garantit à tous
l’accès aux soins gratuits.
3/ Une culture élargie
Par les grands médias, radio, télévision, Internet, la culture à tendance à s’uniformiser.
Elle se diversifie aussi en s’adressant à des publics variés, grâce à la libéralisation de la
radio (1982) et la multiplication des chaînes de télévision. Cette évolution vers une
société de loisirs n’exclut pas que l’Etat cherche à permettre l’accès de tous à la culture ;
il finance de grands projets tels la Cité des sciences, le Grand Louvre ou la Bibliothèque
nationale de France.
La Ve République depuis 1974
1/ Les alternances politiques
En 1974, Valérie Giscard d’Estaing est élu président de la République. Depuis 1958,
pour la première fois, ce n’est pas un gaulliste qui dirige la France. En 1981, François
Mitterrand, socialiste, lui succède : c’est la première alternance politique. Réélu en 1988,
François Mitterrand est resté président pendant 14 ans, plus longtemps que le général
de Gaulle. L’élection de Jacques Chirac en 1995 provoque une nouvelle alternance à
droite. Il est réélu en 2002 pour 5 ans, suite à la réforme de la constitution. Il arrive que
le président élu se trouve face à une Assemblée nationale d’opposition. Dans ce cas, il
peut utiliser le droit de dissolution pour provoquer de nouvelles élections législatives.
Cette mesure est prononcée en 1981 et 1988 par Mitterrand.
2/ La cohabitation
A 3 reprises, le président de la République et la majorité parlementaire sont issus de
camps politiques différents. Ce sont les périodes de cohabitation (1986-1988, 1993-
1995, 1997-2002) qui provoquent de brusques revirements politiques. Ainsi, en 1986, le
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