En 1927, Ali Dashti était invité à visiter la Russie à l'occasion du dixième anniversaire de la révolution
bolchevique, il profitait de l'occasion pour prolonger son voyage et visiter la France et d'autres pays
d'Europe occidentale. En 1928 il était élu au Majles (Parlement) comme député de Bushehr, il fut réélu
les deux parlements suivants, tandis qu'il gagnait une réputation de puissant orateur. Cependant, en 1935,
à la fin du Neuvième Majles, il était de nouveau emprisonné pendant 14 mois. En 1939 il était réélu au
Majles comme député de Damavand (près de Téhéran), et après l'occupation anglo-russe de l'Iran il
regagnait ce même siège aux élections de 1941 et de 1943. C'était la figure principale du parti Adalat
(Justice), un groupe favorisant des réformes sociales modérées et réalisables. Comme patriote, il a alerté
des risques pris en 1946 par le premier ministre d'alors, Qavam os-Saltana, qui avait fait entré dans son
cabinet des membres du parti Toudeh soutenu par les soviétiques et de la négociation à la demande des
soviétiques d'une concession de pétrole. Sa franchise le conduisait en prison en avril 1946. Après sa
libération six mois plus tard, il allait en France et y restait jusqu'à fin 1948, où il était nommé
ambassadeur en Egypte et au Liban. Il a été brièvement ministre des affaires étrangères dans le cabinet de
Hosayn Ala, qui est resté en poste deux semaines jusqu'à l'arrivée de Mohammad Mosaddeq au poste de
premier ministre le 2 avril 1951.
En 1954 il a été nommé sénateur (une moitié des membres du sénat étaient élu et l'autre désignée par le
Shah). Il est resté sénateur jusqu'à la révolution islamique de 11 février 1979 et ses contributions aux
débats, qui avaient souvent plus de poids que ceux du Majles lui ont amené encore plus d'estime.
Dans le monde littéraire, Ali Dashti était plus connu dans les premières années d'après-guerre en tant
qu'essayiste et romancier. Dans Saya (1946), un recueil d'articles réimprimés et de sketches, la tonalité
reste modernisante, mais moins radicale que dans ses écrits précédents.
Pendant et après le règne de Rasa Shah, le problème social qui était le plus discuté en Iran, ou du moins
dans des cercles de la bourgeoisie moyenne et supérieure, était le statut des femmes. Les femmes
iraniennes avaient été dévoilées de matière obligatoire le 7 janvier 1936, mais après la guerre les femmes
des classes inférieures avaient remis le voile et les femmes des bourgeoisies moyennes et supérieures
subissaient une forte pression pour faire de même. Ali Dashti soutenait le désir des femmes iraniennes
instruites de liberté d'utiliser leurs cerveaux et d'exprimer leur personnalité; mais il n'en présente pas une
image très favorable dans ses recueils de nouvelles Etna (1943 et 1949), Jeu (1951), et Hemu (1955). Ses
héroïnes s'engagent dans des flirts et les intrigues sans autre motif apparent que le calcul froid.
Néanmoins ces histoires sont agréables à lire, et elles fournissent un témoignage vivant, et sans doute
partiellement exact, de la vie sociale des classes aristocratiques et les problèmes psychologiques des
femmes instruites du Téhéran d'alors. Toutefois la réputation littéraire d'Ali Dashti, repose sur son travail
de savant et de critique des classiques persans. Les iraniens tirent une légitime fierté de leur héritage mais
montraient un manque d'enthousiasme pour discuter des difficultés que présentent leurs classiques à leur
jeune génération, encore moins aux étrangers.
Une difficulté est la langue archaïque des classiques, une autre est leur atmosphère médiévale, et une
autre est leur volume. Sa'eb, le principal poète de la période Safavide, a écrit 300.000 vers, lesquels n'ont
probablement pas été prévus pour être autre chose qu'éphémères. Quoi qu'il en soit, personne ne peut lire
tous les classiques. Les savants iraniens modernes ont généralement considéré la grandeur d'un auteur
classique pour acquise et ont concentrés leur recherche sur des sujets tels que l'effet de la formation et de
la carrière de l'auteur, ses précurseurs et ses mécènes, sur la forme et le contenu de son travail, et de sa
propre influence sur des successeurs. Ali Dashti, tout en ne négligeant pas ces points, a essayé de
sélectionner et expliquer des éléments des œuvres de certains poètes classiques qui avaient encore de la
valeur artistique et morale pour le lecteur moderne. Il faisait des critiques franches, signalant par exemple
que Sa'di donne quelques conseils très immoraux à côté des maximes toujours populaires de bon sens, de
bonnes manières, et de bonne humeur. Bien qu'il y ait nécessairement une part de subjectivité dans les
évaluations d'Ali Dashti, sa nouvelle approche a rencontré un grand besoin et a aidé à rétablir l'intérêt
populaire pour les classiques. Ses livres dans ce domaine, qui ont été plusieurs fois réimprimées, sont les
suivants :