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Étude de la carrière prophétique de Mohamed
par
ALI DASHTI
Adresse du site :
http://webdivers.free.fr/ali-dashti-23-years-francais.php
Copyright © 1985,1994 de F. R. C. Bagley
TABLE DES MATIÈRES
Note sur L'auteur
Note sur la traduction
Chapitre 1 : MOHAMED
SA NAISSANCE
SON ENFANCE
LE PROBLÈME DE LA PROPHÉTIE
SON RENDEZ-VOUS
APRES SON RENDEZ-VOUS
Chapitre 2 : LA RELIGION DE L’ISLAM
Le CADRE
LES MIRACLES
LE MIRACLE DU CORAN
L’HUMANITÉ DE MAHOMED
Chapitre 3 : LES POLITIQUES
L’ÉMIGRATION
LES CHANGEMENTS DANS LA PERSONNALITÉ DE MOHAMED
L’ÉTABLISSEMENT D’UNE ÉCONOMIE SAINE
LA PROGRESSION DU POUVOIR
PROPHÉTIE ET POUVOIR
LES FEMMES DANS L’ISLAM
LES FEMMES ET LE PROPHÈTE
Chapitre 4 : MÉTAPHYSIQUES
DIEU DANS LE CORAN
GÉNIES ET MAGIE
COSMOGONIE ET CHRONOLOGIE
Chapitre 5 : APRÈS MOHAMED
LA SUCCESSION
LA QUÊTE DU BUTIN
Chapitre 6
RESUMÉ
NOTES
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Note sur l'auteur
par F. R. C. Bagley
La religion de l'Islam, fondée par Mohamed durant sa carrière prophétique qui a commencé en 610 et fini
à sa mort dans 632, a aidé à former les cultures et les styles de vie de beaucoup de nations.
Ces 100 dernières années, de nombreux livres savants ont été écrits sur Mohamed, le Coran, et la
théologie islamique, lois, sectes et mouvements mystiques. Les savants étrangers ont accompli les tâches
essentielles de recueillir et d'analyser les données. Les savants indigènes ont pour la plupart écrit des
expositions et des apologies et à quelques exceptions près comme celle de l'égyptien aveugle Tam
Hosayn qui vécut de 1889 à 1973, n'ont pas prêté beaucoup d'attention aux difficultés.
Le livre Bisl O Seh Sal (Vingt Trois Ans) du savant iranien Ali Dashti (1896 1981/2) est précieux parce
qu'il discute des valeurs et des problèmes que l'Islam présente aux musulmans modernes.
Né en 1896 dans un village du Dashtestan, une zone touchant le port de Bushehr sur le golfe Persique, Ali
Dashti était le fils de Shaykh Abd al-Hosayn Dashtestani. Tout jeune, son père l'a emmené à Karbala en
Irak, qui appartenait alors à l'empire Ottoman. Karbala, où le petit-fils du Prophète Mohamed, Hosayn, a
été martyrisé en 680, et Najaf (environ 70 km au sud), où Ali le cousin et gendre du Prophète a été
martyrisé en 661, sont des villes visitées par des pèlerins chiites musulmans, elles possèdent des
universités de théologie (madrasas) où est formé le clergé chiite (Coloma). En dépit des conditions non
réglées dans la première guerre mondiale, Ali Dashti a reçu dans ces madrasas une formation complète et
a acquis une connaissance approfondie de la théologie et histoire islamiques, de la logique, de la
rhétorique, et de la grammaire et de la littérature classique arabes et persanes.
Cependant, à son retour d'Irak en Iran en 1918, il décidait de ne pas poursuivre de carrière cléricale.
Ayant de forts sentiments patriotiques et conscience des développements mondiaux, il a préféré consacrer
sa plume talentueuse au journalisme. Plus tard il a réussi à fonder son propre journal à Téhéran, Shafaq-e
Sorkh (L'aube Rouge), qui a fonctionné du 1er mars 1922 au 18 mars 1935. Il en a été le directeur jusqu'au
1er mars 1931 où Ma'el Tuyserkani lui a succédé. En 1919 Ali Dashti a été emprisonné quelque temps
pour avoir écrit des articles critiquant le traité Anglo-Iranien proposé cette même année (qui plus tard a
été abandonné), et à partir de 1921 il a fait des courts séjours en prison. Il décrivait ses expériences et ses
pensées dans des articles qui ont été rassemblés en un livre, Awam-e Mahbas (Les Jours de Prison). Avec
son ton radical et moderne, ses observations judicieuses, son humeur plaisante et son style élégant, ce
livre a été immédiatement populaire et a été plusieurs fois réimprimés dans les éditions complétées.
Shafaq-e Sorkh (L'Aube Rouge) est devenu remarquable pour la haute qualité de ses articles sur les sujets
sociaux et littéraires écrits par Ali Dashti et ses jeunes collaborateurs d'alors, parmi eux se trouvaient des
hommes distingués tels que le poète et historien littéraire Rashid Yasemi et les savants Sa'id Nafisi,
Abbas Eqbal, et Mohamed Mohit Tabataba'i.
Durant ces années-, Ali Dashti apprenait seul le français et se consacrait à la lecture de la littérature
française moderne ainsi que la littérature anglaise et russe dans leur traduction française. Il lisait
également en français les actualités, ce qui concernait la musique et la peinture (qui l'intéressaient), ainsi
que les questions islamiques. Il était un des rares iraniens à s'intéresser à la littérature arabe moderne,
particulièrement égyptienne. À une époque où la plupart des auteurs de prose persane étaient encore
inconditionnels des métaphores et des phrases complexes, il développait un style fluide mais élégant qui a
été beaucoup admiré et copié, on peut juste lui reprocher d'avoir employé trop de mots empruntés du
français. Ses écrits originaux n'étaient pas les seuls populaires, ses traductions de A quoi tient La
supériorité des Anglo-Saxons d'Edmond Demolins et une version arabe de Self-Help de Samuel Smiles,
l'étaient tout autant.
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En 1927, Ali Dashti était invité à visiter la Russie à l'occasion du dixième anniversaire de la révolution
bolchevique, il profitait de l'occasion pour prolonger son voyage et visiter la France et d'autres pays
d'Europe occidentale. En 1928 il était élu au Majles (Parlement) comme député de Bushehr, il fut réélu
les deux parlements suivants, tandis qu'il gagnait une réputation de puissant orateur. Cependant, en 1935,
à la fin du Neuvième Majles, il était de nouveau emprisonné pendant 14 mois. En 1939 il était réélu au
Majles comme député de Damavand (près de Téhéran), et après l'occupation anglo-russe de l'Iran il
regagnait ce même siège aux élections de 1941 et de 1943. C'était la figure principale du parti Adalat
(Justice), un groupe favorisant des réformes sociales modérées et réalisables. Comme patriote, il a alerté
des risques pris en 1946 par le premier ministre d'alors, Qavam os-Saltana, qui avait fait entré dans son
cabinet des membres du parti Toudeh soutenu par les soviétiques et de la négociation à la demande des
soviétiques d'une concession de pétrole. Sa franchise le conduisait en prison en avril 1946. Après sa
libération six mois plus tard, il allait en France et y restait jusqu'à fin 1948, où il était nommé
ambassadeur en Egypte et au Liban. Il a été brièvement ministre des affaires étrangères dans le cabinet de
Hosayn Ala, qui est resté en poste deux semaines jusqu'à l'arrivée de Mohammad Mosaddeq au poste de
premier ministre le 2 avril 1951.
En 1954 il a été nommé sénateur (une moitié des membres du sénat étaient élu et l'autre désignée par le
Shah). Il est resté sénateur jusqu'à la révolution islamique de 11 février 1979 et ses contributions aux
débats, qui avaient souvent plus de poids que ceux du Majles lui ont amené encore plus d'estime.
Dans le monde littéraire, Ali Dashti était plus connu dans les premières années d'après-guerre en tant
qu'essayiste et romancier. Dans Saya (1946), un recueil d'articles réimprimés et de sketches, la tonalité
reste modernisante, mais moins radicale que dans ses écrits précédents.
Pendant et après le règne de Rasa Shah, le problème social qui était le plus discuté en Iran, ou du moins
dans des cercles de la bourgeoisie moyenne et supérieure, était le statut des femmes. Les femmes
iraniennes avaient été dévoilées de matière obligatoire le 7 janvier 1936, mais après la guerre les femmes
des classes inférieures avaient remis le voile et les femmes des bourgeoisies moyennes et supérieures
subissaient une forte pression pour faire de même. Ali Dashti soutenait le désir des femmes iraniennes
instruites de liberté d'utiliser leurs cerveaux et d'exprimer leur personnalité; mais il n'en présente pas une
image très favorable dans ses recueils de nouvelles Etna (1943 et 1949), Jeu (1951), et Hemu (1955). Ses
héroïnes s'engagent dans des flirts et les intrigues sans autre motif apparent que le calcul froid.
Néanmoins ces histoires sont agréables à lire, et elles fournissent un témoignage vivant, et sans doute
partiellement exact, de la vie sociale des classes aristocratiques et les problèmes psychologiques des
femmes instruites du Téhéran d'alors. Toutefois la réputation littéraire d'Ali Dashti, repose sur son travail
de savant et de critique des classiques persans. Les iraniens tirent une légitime fierté de leur héritage mais
montraient un manque d'enthousiasme pour discuter des difficultés que présentent leurs classiques à leur
jeune génération, encore moins aux étrangers.
Une difficulté est la langue archaïque des classiques, une autre est leur atmosphère médiévale, et une
autre est leur volume. Sa'eb, le principal poète de la période Safavide, a écrit 300.000 vers, lesquels n'ont
probablement pas été prévus pour être autre chose qu'éphémères. Quoi qu'il en soit, personne ne peut lire
tous les classiques. Les savants iraniens modernes ont généralement considéré la grandeur d'un auteur
classique pour acquise et ont concentrés leur recherche sur des sujets tels que l'effet de la formation et de
la carrière de l'auteur, ses précurseurs et ses mécènes, sur la forme et le contenu de son travail, et de sa
propre influence sur des successeurs. Ali Dashti, tout en ne négligeant pas ces points, a essayé de
sélectionner et expliquer des éléments des œuvres de certains poètes classiques qui avaient encore de la
valeur artistique et morale pour le lecteur moderne. Il faisait des critiques franches, signalant par exemple
que Sa'di donne quelques conseils très immoraux à côté des maximes toujours populaires de bon sens, de
bonnes manières, et de bonne humeur. Bien qu'il y ait nécessairement une part de subjectivité dans les
évaluations d'Ali Dashti, sa nouvelle approche a rencontré un grand besoin et a aidé à rétablir l'intérêt
populaire pour les classiques. Ses livres dans ce domaine, qui ont été plusieurs fois réimprimées, sont les
suivants :
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Naqshi az Hafez (1936), sur le poète Hafez (~1319-1390).
Sayri dar Divan-e Shams, sur les strophes lyriques du poète Mawlavi Jalal od-Din Rumi (1207-1273).
Dar Qalamraw-o Sa'di, sur le poète et écrivain Sa'di (1208?-1292).
Sha'eri dir-ashna (1961), sur Khaqani (1121?-1199), un poète particulièrement difficile mais intéressant.
Dami ba Khayyam (1965), sur l'auteur de quatrains et mathématicien Omar Khayyam (1048?-1131);
traduit par Laurence P.
Elwell Sutton, In Search of Omar Khayyam, London 1971.
Negahi be-Sa'eb (1974), sur le poète Sa'eb (1601-1677).
Kakh-e ebda', andishaha-ye gunagun-e Hafez, sur les diverses idées exprimées par Hafez.
Durant ses dernières années Ali Dashti est revenu à l'étude de l'Islam, pour lequel il était bien qualifié par
sa formation en madrasa et ses importantes lectures des œuvres des modernes égyptiens et européens.
Son approche a été la même que pour ses études littéraires, à savoir souligner les éléments de valeur
durable et discuter franchement des problèmes. Ses écrits dans ce domaine sont les suivants :
Parda-ye pendar (1974, réédité deux fois), sur le soufisme (mysticisme islamique).
Jabr ya ekhtiyar (anonyme et non daté, d'abord publié dans le périodique Vahid en 1971), dialogues avec
un soufi sur la prédestination et le libre arbitre.
Takht-e Pulad (anonyme et non daté, d'abord publié dans le périodique Khaterat en 1971-72), dialogues
dans le cimetière historique de Takht-e Pulad d'Esfahan avec un érudit 'alem qui colle à la lettre du Coran
et du Hadith.
Oqala bar khelaf-e 'aql (1975 et deux fois réédités, versions révisées d'articles publiées dans les
périodiques Yaghma en 1972 et 1973, Vahid en 1973, et Rahnoma-ye Ketab en 1973, avec deux articles
ajoutés), sur les contradictions logiques dans les arguments emplos par des théologiens, en particulier
Mohamed al-Ghazzali (1058-1111).
Dar diyar-e Sufiyan (1975), sur le soufisme, la suite de Parda-ye pendar.
Bist O Seh Sal (anonyme et sans indication du lieu et de la date de la publication, mais manifestement
après 1974 et selon Ali Dashti imprimé à Beyrouth), une étude de la carrière prophétique de Mohammad.
Le gouvernement de Mohamed Reza Shah Pahlavi et son premier ministre de 1965 à 1977, Amir Abbas
Hovayda, a instauré une censure qui a touché beaucoup d'intellectuels iraniens, bien qu'elle semblait aux
étrangers moins oppressante que la censure de la plupart des autres pays du Moyen Orient.
La censure iranienne s'est durcie après les attaques terroristes de 1971 et dirigée principalement contre
des écritures révolutionnaires marxistes et islamiques; mais elle a été également utilisée pour empêcher
toute publication pouvant causer potentiellement un quelconque problème. On a interdit la publication de
toute critique de la religion orthodoxe ou populaire en Iran entre 1971 et 1977. Ali Dashti a donc é
obligé de faire imprimer Bist O Seh Sal (Twenty Three Years), son principal travail en ce domaine, à
l'étranger (à Beyrouth) et de le publier anonymement.
Nous ne disposons que de maigres informations orales sur ce qu'a vécu Ali Dashti après la révolution
islamique. Il a été arrêté, et pendant un interrogatoire il a reçu des coups, est tombé et s'est cassé la cuisse.
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Nous ne savons pas dans quelle mesure il s'était remis. A sa libération, on ne lui a pas permis de
retourner à sa maison, une petite maison plaisante avec jardin à Zargandeh, la banlieue nord de Téhéran.
Il est peu probable qu'il ait revu ses livres et ses papiers. Un avis dans le périodique iranien Ayanda a
annoncé sa mort au mois de Dey de l'année iranienne 1360, c.-à-d. entre le 22 décembre 1981 et le 20
janvier 1982.
Note sur la traduction
de F. R. C. Bagley
Un ami mutuel m'a présenté à Ali Dashti alors que j'étais à Téhéran au printemps 1975. Je me rappelle
bien son port droit et son physique fin à un âge mûr et la perspicacité et l'esprit de sa conversation. Il
semblait avoir devant lui plusieurs d'années de vie vigoureuse et utile.
Il m'a présenté un exemplaire de Bist O Seh Sal (Twenty Three Years) et m'a invité à le traduire mais à ne
pas en parler et à ne pas publier la traduction avant sa mort. Il a réitéré ces demandes lorsque je l'ai à
nouveau rencontré à Téhéran en septembre 1977, et lorsque il m'a téléphoné et m'a écrit de Londres
pendant un court voyage à Paris et Londres qu'il a fait en juin 1978. J'ai perdu contact avec lui après la
révolution, mais je suis resté lié par mes promesses.
J'ai essayé de faire une traduction lisible tout en restant fidèle au texte d'Ali Dashti. En certains endroits
j'ai légèrement abrégé ou inséré des explications. Au chapitre VI, j'ai changé la position de paragraphes
manifestement pas imprimés dans le bon ordre dans l'original persan. J'ai trouvé quelques dates et noms
mal imprimés ou incorrects, et les ai vérifiés et corrigés. J'ai incorporé au texte quelques notes d'Ali
Dashti et ajouté quelques notes supplémentaires pour donner identifications et explications pouvant être
utiles aux lecteurs non spécialistes.
Ali Dashti cite les passages du Coran en arabe d'origine, qui est compris par beaucoup de ses lecteurs, et
donne les traductions en persan qui sont plus souvent des paraphrases explicatives que des traductions
littérales. J'ai traduit les passages coraniques aussi littéralement que possible en anglais moderne en
prenant en considération les interprétations d'Ali Dashti ainsi que les versions anglaises, françaises, et
allemandes. J'ai préféré ne pas citer des versions anglaises très répandues de Arthur J. Arberry et
Marmaduke Pickthall car leur littéralisme strict et leur anglais archaïque rendent souvent la
compréhension difficile. La numérotation des versets coraniques diffère, et je n'ai pas suivi Ali Dashti sur
ce point, j'ai utilisé le système de Gustav Flügel.
Bien que ce soit une traduction d'un livre persan, les thèmes exigent un système de transcription
reproduisant la prononciation arabe plutôt que persane des noms et des mots. Le système choisi se passe
des points diacritiques, nécessaire à l'identification des consonnes arabes, mais distingue entre voyelles
longues et courtes comme suit : a long (comme dans father), a court (comme la voyelle de cut plutôt que
cat), u long (comme peruse), o court (comme la voyelle de put plutôt que pot), i long (comme dans
prestige), e court (comme la voyelle de sit plutôt que set). Les diphtongues sont écrites ay et aw (quoique
parfois le premier se prononce comme dans my plutôt que may et le dernier comme dans now ou know
plutôt que gnaw).
Le guttural est transcrit par ' et l'arrêt de la glotte par '; l'élision est indiqué par '. Sauf si séparé par un trait
d'union (par exemple s-h dans Es-haq), th représente la consonne initiale de thing, kh la consonne finale
de loch, dh la consonne initiale de this, sh la consonne de shoe, et gh une consonne semblable au r
français. Dans les constructions avec l'article arabe, la forme nominative arabe est utilisée (par exemple
Abdollah pas Abdallah). L'article lorsqu'il précéde les dites "lettres du soleil" est retranscrit comme il se
prononce (par exemple Abd or-Rahman, pas Abd oJ-Rahman comme il est orthographié).
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