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GORFOU MACARONI
(sources :
http://za-antarctique.univ-rennes1.fr/grandsud
et Thiebot , 2011, C.A. Bost com.pers.)
photo : couple de Gorfous macaronis en parade (mâle à gauche et femelle à droite)
(photo C.A. Bost)
Le gorfou macaroni est un manchot de taille moyenne, mesurant 70 cm pour une masse de
3.1 à 6.6 kg. Son plumage est blanc sur le ventre et noir sur le dos, avec une touffe de plumes
dorées caractéristiques tombant de chaque côté de la tête (les « aigrettes »), qui sont jointes
sur le front. Les pattes sont roses, et les yeux et le bec sont rouges. Le dessous des ailerons est
blanc, avec une bordure noire d’étendue variable. Les deux sexes se ressemblent, le mâle étant
toutefois un peu plus gros avec un bec plus fort. Les poussins sont uniformément brun-gris sur
le dos, blanc sur le ventre, le bec et les yeux noirs, et les pattes grises. Avant l’émancipation,
les jeunes sont plus petits, avec les aigrettes absentes ou très éparses, le bec moins fort et
moins coloré, et la face plus grise. Comme les autres gorfous, il est très bruyant sur les
colonies, il braie en trompette, en se cambrant, secouant la tête et les ailerons. Le gorfou
macaroni est le manchot encore le plus abondant au monde, avec 11.64 millions de couples
reproducteurs estimés en 1992. Les espèces proches sont le gorfou de Schlegel (Eudyptes
schlegeli), qui ressemble beaucoup au gorfou macaroni, mais avec la face blanche, et le
gorfou sauteur (Eudyptes chrysocome), plus petit, avec les aigrettes jaune vif et non jointives
sur le front.
Distribution
Le gorfou macaroni est une espèce typiquement subantarctique, qui se reproduit
majoritairement sur les îles australes, entre les latitudes 44°S et 65°S. Sur cette carte
apparaissent en rouge les zones où on le trouve en mer, et en vert les zones de nidification,
telles que les îles de Géorgie du Sud dans l’Océan Atlantique Sud, et les îles Crozet et
Kerguelen dans l’Océan Indien Sud, et également la Péninsule Antarctique. Une espèce très
similaire, le gorfou de Schlegel, occupe la même niche écologique dans le Sud du Pacifique.
Le gorfou macaroni niche en colonies denses, parfois extrêmement populeuses, sur les côtes
exposées du littoral, dans des pentes rocheuses parfois enherbées mais souvent raides et
dénudées. Même en dehors de la période de reproduction ce manchot reste principalement
confiné aux eaux subantarctiques.
Dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises, le gorfou macaroni se reproduit sur les
archipels de Crozet et Kerguelen, où ses effectifs ont été estimés respectivement à 3.8 et 1.8
millions de couples.
Biologie (date ponte, longévité, âge première reproduction, alimentation, nombre de
jeunes…)
Le cycle de reproduction du gorfou macaroni commence fin octobre – début novembre, avec
l’arrivée des adultes sur les sites de ponte après un long voyage hivernal de plus de six mois.
Les mâles arrivent généralement une dizaine de jours avant les femelles afin de préparer le
nid, rudimentaire, qui consiste en une petite dépression creusée dans le sol et entourée de
cailloux et de brindilles. Les oiseaux se montrent très synchrones. Deux œufs sont pondus en
novembre. Fait quasi unique chez les oiseaux, le premier œuf est plus petit et va être
rapidement perdu après la ponte, généralement négligé par les couveurs, malgré sa viabilité.
La ponte du second œuf se produit 4 à 5 jours après la première. Il n’y a pas de ponte de
remplacement. L’incubation du second œuf dure 5 semaines, durant laquelle on peut
distinguer trois phases. Durant la première partie, le mâle et la femelle restent au nid et
couvent l’œuf tour à tour 2 jours, durant 8 jours. Durant la seconde partie, seule la femelle
incube l’œuf pendant que le mâle est parti en mer (12 jours). Enfin, le mâle revient incuber
l’œuf à son tour, seul durant 9 jours. La femelle revient alors aux côtés du mâle durant 11
jours, période durant laquelle 85% des éclosions ont lieu. Pendant les 25 jours suivant le
retour de la femelle, celle-ci ira chercher de la nourriture tôt le matin, pour nourrir son poussin
plus tard dans la journée, tandis que le mâle jeûne. Au bout de 25 jours, le plumage du petit
lui permet d’être thermiquement indépendant de ses parents. Dès lors, les deux parents vont
aller chercher de la nourriture en mer. Le petit a besoin d'autant plus de nourriture qu'il a déjà
grandi. Les jeunes gorfous, laissés seuls, sont alors regroupés en « crèches » et augmentent
ainsi leurs chances de survie contre les prédateurs. Le petit mange alors jusqu'à 100 g de
nourriture par jour. A l’âge de 11 semaines, le jeune est prêt à prendre la mer, entre fin Février
et fin Mars. Il ne reviendra que dans 5 ans si c'est une femelle et que dans 6 ans si c'est un
mâle. Dès la fin de l’élevage du poussin, les adultes entament un séjour en mer de 5 semaines
afin de reconstituer leurs réserves avant un séjour à terre de 25 jours pour la mue. Enfin, fin
avril, les colonies sont désertées et le restent durant tout le long voyage hivernal des oiseaux,
avant leur retour fin octobre.
Photo : gorfou mâle couvant son poussin à l’éclosion (photo C.A. Bost)
Ecologie (habitat, colonie…)
Le gorfou macaroni est un oiseau marin : il se nourrit en mer et ne revient sur terre que pour
procréer. Sa nourriture se compose principalement de petits crustacés (krill, amphipodes) et
de petits poissons (myctophidés) qu’il capture en pleine eau, de jour, à des profondeurs de 15
à 70 m, et peut jusqu'à 100 m. La durée d'une plongée excède rarement 2 minutes. Il peut luimême être la proie de certains grands prédateurs supérieurs : otaries, orques et
occasionnellement léopards de mer. Ses œufs sont également consommés par des oiseaux. Au
cours de la saison de reproduction, il est cantonné à un rayon de 400 km autour des colonies
pour rechercher ses proies, tandis qu’au cours de la migration hivernale, il peut s’éloigner à
plus de 3000 km. A terre, ses capacités de jeûne sont étonnantes. Outre la période de mue (25
jours), les mâles subissent deux périodes de jeûne durant la période de reproduction : 36 jours
pour la première (24 jours au moment de l’appariement puis 12 jours en début d’incubation)
et 39 jours pour la deuxième, avant et après l’éclosion. Les femelles, elles, jeûnent une seule
fois avant la mue, durant 41 jours (13 jours au moment de l’appariement puis 27 jours au
début de l’incubation).
Vulnérabilité (réponse aux variations de l'environnement, impact pêche, température…)
Bien que le gorfou macaroni soit l’espèce de manchot aux effectifs les plus élevés, il semble
que ses effectifs soient également ceux qui diminuent le plus vite depuis ces dernières années,
au niveau global, sans que l’on n’en distingue très bien les causes. Les hypothèses avancées
sont une modification du milieu marin liée aux changements globaux récents (climat,
surpêche) et une dégradation de ses sites de reproduction à terre. Ces bouleversements ont
conduit à classer cette espèce au rang d’espèce « vulnérable » au niveau mondial.
Particularité, originalité…
Le nom « macaroni » provient de l’allure conférée à cet oiseau par ses longues plumes
plaquées sur le côté de la tête, qui rappelle celle des immigrants Italiens aux Etats-Unis ,
lesquels portaient le surnom péjoratif de « macaroni ».
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