Certains jeunes sont des relais de ces connaissances. C’est le cas par exemple de Mustapha, jeune
volontaire communautaire, qui apprend à réparer les réseaux sous-terrains d’eau. Mustapha est l’une
des figures emblématiques de la communauté d’Iguiouaz. Fils de musicien, il est lui-même un passeur
et un créateur. Un passeur, car il est détenteur de l’héritage de son père, des musiques traditionnelles,
mais aussi des contes et légendes du village (il parle longuement du temps des caravanes venant du
Sénégal, qui s’arrêtaient à Iguiouaz pour se reposer et s’alimenter). Il est le jeune à qui les anciens ont
appris à descendre dans les khettaras. Mais il est aussi celui qui compose de nouvelles musiques et de
nouvelles chansons, celui qui organise des activités pour les enfants du village, leur apprend à dessiner,
à chanter, les emmène à la découverte de la nature…
C- Atelier avec les femmes
Réalisé dans les champs oasiens, avec les jeunes et les femmes
Le groupe constitué par des membres de l’association TIFLIT, les jeunes participants et l’équipe technique a
rencontré une quinzaine de femmes (dont plusieurs très âgées) travaillant ensemble dans les champs. L’atelier
« femmes » a été organisé de manière à respecter leur emploi du temps et à les rencontrer dans le cadre de
leurs activités, en l’occurrence l’agriculture. Ce sont en effet elles qui s’occupent des « strates basses » de
l’agriculture oasienne : le maraîchage et les céréales.
Elles nous ont fait visiter plusieurs champs (petites parcelles accolées), et nous ont montré comment elles
travaillaient. A travers de petits entretiens avec les jeunes, elles ont parlé de leur perception du changement
climatique et des difficultés qu’elles rencontrent dans leurs activités quotidiennes. Là encore, elles ont surtout
parlé de la diminution des ressources en eau, liée à
l’augmentation des sécheresses et à la diminution
des pluies.
L’atelier a permis de comprendre les modes de
travail collectif des femmes, et les solutions
d’adaptation qu’elles mettent en place. En effet, les
femmes travaillent principalement en groupe (selon
les règles de la TIWIZI, la pratique de solidarité
locale) : chaque femme bénéficie de l’aide des
autres, à tour de rôle, sur son champ. Elle s’y
rendent toutes ensemble pour cueillir les légumes,
récolter la luzerne et les céréales, ou souvent, pour
sarcler la terre. Les femmes qui ne possèdent pas de
terre (et qui donc ne bénéficient pas de la TIWIZI)
reçoivent en échange de leur travail une partie des
récoltes. Ainsi le système bénéficie à toutes les
familles.
Elles parlent facilement des facteurs qui les rendent plus vulnérables encore que les hommes : le manque
d’éducation, le manque d’opportunité et de solution alternative. En effet, les femmes ne peuvent émigrer pour
gagner leur vie hors de l’oasis, elles sont obligées d’y rester et de se débrouiller ou de dépendre de l’argent
envoyé par leur fils, leur mari ou un autre homme de la famille.
Femmes pratiquant la TIWIZI (solidarité) dans les travaux agricoles
©Baptiste de Ville d’Avray