précisément une telle cuisson. A signaler d'ailleurs, dans
la même veine que le braisage, les œufs " hamine " des
communautés juives de Grève et de Turquie, où les œufs
cuisent dans de la cendre tiède, ou bien encore les "
œufs des sources chaudes " (omsen tamago) des
Japonais, etc. Je le répète, la cuisson basse température
n'est pas une invention moderne, mais nous savons
aujourd'hui quelles sont les températures à retenir pour
la faire mieux.
Quel ustensile utiliser pour la pratiquer ? Après la
dernière guerre, la " marmite norvégienne " s'était
répandue, et il est vrai qu'elle donnait d'excellents
résultats : viandes fondantes, juteuses, parfumées…
Mais elle avait des relents de restriction, et elle ne
pouvait notamment pas faire brunir les viandes, afin de
leur donner ce brun externe délicieux. Autrement dit,
elles ne pouvaient chauffer suffisamment. Une casserole
ferait-elle mieux l'affaire ? Oui si le système de
chauffage sur lequel elle repose permet une cuisson
lente et longue. A l'heure où l'on travaille 35 heures, où
les personnels de cuisine (domestique ou de restaurants)
ne peuvent rester longuement à surveiller les fourneaux,
la cuisson lente s'impose (on la lance la veille pour le
lendemain, ou bien le matin pour le soir, et peu importe
une heure de cuisson de plus ou de moins) et on doit
disposer de systèmes capables de maintenir la chaleur
douce sans variations. Le gaz, pourquoi pas, mais à
condition qu'on puisse le laisser allumé en toute sûreté
quand on est absent. L'électricité, de même, mais à
condition qu'un système coupe le courant en cas de
surchauffe détectée. A noter que certaines plaques à
induction sont équipées d'un tel système. Le four, enfin,
surtout s'il est électrique, permet de faire ces braisages
lents s'il est conforme à ce que nous avons décrit plus
haut. De surcroît, s'il dispose d'un gril puissant, il fera le
brun délicieux dont on a besoin, pour la première
opération.
Pas seulement la viande
Notez que la viande, si elle est prise ici comme deuxième
exemple, n'est pas seule concernée par la cuisson basse
température. Les daubes, ragoûts et autres plats en
sauce se font selon le même principe. Les terrines,
également, bénéficient des chauffages réguliers et doux
: au lieu de mettre la terrine au four à 150 °C au bain
marie (lequel limite la température à 100 °C), essayons
donc d'allonger le temps de cuisson, mais de cuire à plus
basse température ; vous m'en direz des nouvelles. Les
poissons, eux, contiennent très peu de collagène, de
sorte que le chauffage à basse température leur convient
bien. Classiquement, on les poche (et le liquide de
pochage ne doit pas bouillir, sous peine de former une
chair cartonneuse) en casserole, mais avez-vous essayé
le poisson au four, à basse température ? Si vous avez
pris soin de caresser la surface avec de l'huile ou du
beurre fondu (clarifié ?), l'eau de la chair ne s'évaporera
que très peu, et la chair ne croûtera pas. Les œufs,
aussi, sont meilleurs à basse température, parce que le
blanc caoutchouteux est alors évité, ainsi que l'odeur de
soufre. Dans un précédent article de cette même revue,
j'évoquais les œufs durs parfaits. J'aurais pu aussi bien
évoquer les royales ou les crèmes prises (crème brûlée,
crème vanille, etc.) qui sont bien plus réussies à basse