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L'irrigation, facteur de durabilité
En France, l’irrigation contribue à garantir la durabilité économique, agronomique et écologique des zones
rurales :
- production alimentaire régulière et de qualité,
- équilibre agronomique des terres: restitution de matière organique, gestion des apports d’engrais
azotés calculée sur la base d’un rendement probable,
- préservation de l’économie rurale : maintien des exploitations et des emplois dans la filière, équilibre
des espaces ruraux et touristiques.
L'irrigation, plus économe en eau grâce aux progrès techniques
Les cessités économiques et les demandes de la société ont conduit, depuis longtemps, les agriculteurs à
optimiser l’utilisation de l’eau. En France, le mode d’irrigation le plus utilisé est l’aspersion (91 %). L’arrosage
aux heures les plus chaudes de la journée est censé être à l’origine de pertes importantes par évaporation.
Cette critique est démentie par les études les plus précises.
Des études récentes (RUELLE, MAIHLO-CEMAGREF-, ITIER-INRA-, 2004) révèlent que les pertes sont
largement inférieures à 10 % aux heures les plus chaudes de la journée. Ces conclusions confirment des
études antérieures (HUBBER, 1991) qui évaluaient ces pertes à environ 5 %. L’irrigation par aspersion est la
plus adaptée aux conditions françaises standards (températures moyennes, vents modérés). L’obligation de
l’arrosage de nuit imposerait de sur-dimensionner les installations et sans garantir l’absence de gaspillage.
Quant au goutte à goutte recommandé par le Conseil d'Etat dans un récent avis, outre son coût exorbitant, il
n’a pas démontré d’efficacité supérieure à celle des techniques d’aspersion en grandes cultures.
Des progrès considérables ont été accomplis sur l’irrigation ces dernières années : réglage du matériel,
qualité de répartition de l’eau et pilotage de l’irrigation en fonction des besoins des cultures. Différents outils et
méthodes ont vu le jour, parmi lesquels les sondes tensiométriques ou, plus récemment, les sondes
capacitives permettant d’apporter la bonne quantité d’eau au bon moment. Des études précises sur les
besoins en eau des plantes, l’apparition de variétés plus robustes ou encore l’encadrement du conseil ont
permis d’améliorer l’utilisation de l’eau. Résultats : ces 30 dernières années, ces techniques ont permis une
économie de 30%. D’autres pistes pour une bonne gestion et utilisation de l’eau sont actuellement travaillées :
le stockage de l’eau, l’amélioration variétale, les biotechnologies.
L'irrigation, levier économique
Des études ont exploré minutieusement les « externalités positives » de l’irrigation. Une étude récente de la
Chambre d’agriculture de la Vienne* reprend, filière par filière, le rôle joué par l’irrigation. Elle montre que le
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chiffre d’affaires généré par l’irrigation dans le département s’élève à 160 millions d’euros, alors qu’elle ne
concerne que 18 % des exploitations et 50 % environ des surfaces irriguées de maïs. L’irrigation concerne
une exploitation laitière sur 3 mais génère 44 % du quota laitier partemental. Certaines filières en
dépendent presque totalement : maïs semences, échalion, tabac, melon, maraîchage et fruits. Au-delà du
chiffre d’affaires de la production livrée, la transformation industrielle de cette production primaire (73 M€) en
aval et les consommations d’approvisionnement en amont (20 M€) contribuent à l’effet de « levier » sur
l’économie du département. La masse salariale générée (25 M€) avec 800 emplois salariés en équivalent
temps plein (2 500 personnes concernées) et 240 exploitants actifs s’y ajoutent. L’extrapolation à la France
entière se chiffre en milliards d’euros. Tous les départements sont concernés par l’irrigation au travers des
cultures céréalières, des fruits et légumes et des productions destinées à l’alimentation animale.
(* « Impact économique de l’irrigation sur les activités de productions des denrées agricoles » - ADIV, février
2010)
Le prix de l’eau
Les agriculteurs payent l’eau par un système de redevance (10 000 euros par an est le coût moyen de
l’irrigation pour un agriculteur). A noter que le prix de l’eau au robinet pour un particulier n’est pas comparable
à celui payé par les irrigants. Le prix de l’eau potable intègre non seulement le coût de l’eau mais aussi celui
de son assainissement, de son acheminement et de l’entretien des réseaux. En revanche, l’agriculteur paie
une eau brute et, parallèlement, a à sa charge le coût du pompage, du transport et de la distribution de l’eau.
Le taux d’équipement en compteurs d’eau est de plus de 98% chez les agriculteurs irrigants. Les irrigants sont
favorables à la priorité donnée à l’alimentation en eau potable dans la gestion partagée de l’eau. Enfin, les
irrigants contribuent à hauteur de 10 millions d’euros par an au budget des agences de l’eau.
L'irrigation, une activité très encadrée.
Pour des raisons d’économie, de meilleure gestion, les irrigants se sont organisés afin de :
o progresser dans les connaissances de la ressource en eau, l’hydrogéologie, le
fonctionnement des nappes, la relation entre les nappes et les rivières,
o parvenir à une gestion concertée de la ressource respectant les spécificités de chaque bassin,
o mettre au point des techniques plus économes avec leurs structures de conseil (chambres
d’agriculture) et de recherche (instituts techniques),
o évaluer et accompagner les besoins de création de stockages d’eau.
La loi sur l’eau de 1992, avec la création des SAGE (Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux),
renforcée en 2003 par la création de ZRE (zones de répartition des eaux) dans les régions à forte demande
d’irrigation, a obligé les irrigants à multiplier les actions concertées dans les bassins sensibles.
Ainsi la culture du maïs, moteur des réflexions sur l’irrigation, a contribué à construire une organisation des
irrigants français, étendue aujourd’hui au niveau européen. L’évolution des contraintes diverses (climatiques,
économiques, réglementaires, sociétales) a accéléré l’organisation de l’irrigation qui est devenue aujourd’hui
une activité très encadrée, et même très surveillée.
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De l'irrigation à la gestion de l'eau
Une bonne gestion suppose de stocker une eau abondante en hiver pour mieux la répartir en été. Ainsi, un
programme stratégique et volontariste de stockage de la ressource hivernale doit être mis en place dès
aujourd’hui et inscrit dans la durée. Et ce, d’autant plus que les études sur le changement climatique montrent
que les sécheresses estivales seront demain plus fréquentes. Il faut notamment financer des retenues d’eau
et des bassins de stockage de proximité qui pourraient satisfaire plusieurs usages : eau potable, vie de la
rivière, activité économique, industrielle et agricole, pêche, tourisme.
Les enjeux géostratégiques de l'irrigation
Les plus grands progrès en matière agricole ont été obtenus sur des terres irriguées. Au cours du XXe siècle,
les surfaces irriguées sont passées de 55 à 275 millions d’hectares dans le monde. Si les superficies irriguées
ont été multipliées par 5, c’est parce qu’un hectare irrigué donne trois fois plus de rendement qu’un hectare
non irrigué. En milieu tropical, l'irrigation permet d’obtenir 2 à 3 récoltes par an au lieu d’une seule et de
produire des cultures de contre-saison à forte valeur ajoutée.
Sur la majorité de la surface de la terre, c’est l’eau, bien plus que le sol, qui constitue le facteur limitant de la
production agricole : 2,7 millions de km2 sont irrigués sur 16 millions de km2 cultivés. Cela représente
seulement 17 à 18 % de la superficie cultivée mais 40 % de la production mondiale. Les terres irriguées
contribuent donc pour une part essentielle à l’alimentation mondiale, mais les potentialités d’extension sont
limitées car les meilleurs sites sont déjà utilisés.
L’irrigation c’est donc produire plus, sur moins d’espace, mais aussi en employant plus de monde. Les
cultures irriguées emploient deux fois plus de personnes à surface équivalente, les exploitations irriguées
mobilisent deux fois plus d’emplois que les autres (source Cemagref - 1998)
Les défis de l’agriculture sont nombreux : nourrir 3 milliards d’êtres humains supplémentaires d’ici 2050,
nourrir une population majoritairement urbaine et consommatrice de plus de produits d’origine animale, nourrir
des animaux, produire des fibres, de l’énergie, de la chimie verte… Ces défis arrivent dans un contexte où l’on
perd 13 millions d’hectares de terres arables chaque année. Pour faire face à la demande démographique d'ici
2030, on estime (TROY et AL 2008) que les surfaces irriguées devront augmenter de 40 millions d’hectares
dans les pays en développement.
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Le maïs irrigué en France : illustrations
Carte 1 Ecarts de rendements entre maïs grain irrigué et maïs grain sec
Le maïs grain valorise toujours bien l’irrigation. Les écarts de rendement peuvent aller jusqu’à plus de 60 q/ha
de plus qu’en culture pluviale : dans de nombreuses situations la culture ne serait pas possible sans les
apports de l’irrigation.
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Carte 2 Types de contraintes restrictives : de débit, horaires, volumétriques
L’irrigation est une activité très encadrée par la législation. Pour faire face à une insuffisance éventuelle de la
ressource en eau en période d’étiage, les préfets sont amenés à prendre des mesures exceptionnelles de
limitation ou de suspension des usages de l'eau. Ces restrictions reposent sur la surveillance quantitative des
milieux aquatiques (pluies efficaces, débits des cours d’eau, niveau des nappes d’eau souterraine, état de
remplissage des barrages-réservoirs)
Exemple : carte des arrêtés au 27/07/2011
Restrictions par département
Absence de restriction
Vigilance : Information et incitation des
particuliers et des professionnels à faire des
économies d'eau
Modification du régime hydraulique : Mesures
d'interdiction de manœuvre de vanne, d'activité
nautique, ...
Alerte : Réduction des prélèvements inférieurs à
15%, interdiction des prélèvements pour l'irrigation 1
jour par semaine, interdiction à certaines heures
d'arroser les jardins, espaces verts, golfs, de laver sa
voiture, ...
Crise modérée : Réduction des prélèvements
entre 15 à 30%, limitation plus forte des prélèvements
pour l'arrosage des jardins, espaces verts, ...
Crise : Réduction des prélèvements entre 30% et
50%, interdiction des prélèvements pour l'irrigation 2
jours par semaine, limitation encore plus forte des
prélèvements pour l'arrosage des jardins, espaces
verts, ...
Crise renforcée : Réduction des prélèvements supérieurs à 50%, interdiction des prélèvements pour l'irrigation 3,5 jours par semaine,
limitation encore plus forte des prélèvements pour l'arrosage des jardins, espaces verts, ..., jusqu'à leur interdiction
Arrêt des prélèvements non prioritaires : Seuls les prélèvements permettant d'assurer l'exercice des usages prioritaires sont autorisés
(santé, sécurité civile, eau potable)
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