Ontogénie des LB C'est le développement des lymphocytes B. Elle a lieu dans la moelle osseuse. Chez le fœtus, elle a lieu dans le foie. Elle a lieu continuellement, tout au long de la vie. Elle a pour but de produire des lymphocytes B qui ont un répertoire très divers grâce à la recombinaison VDJ. Cette ontogénie a la particularité de générer que des lymphocytes B reconnaissant des antigènes étrangers. Si les lymphocytes B reconnaissent des antigènes du Soi, c'est une source de maladies auto-immunes. Le système immunitaire va essayer de sélectionner au mieux les lymphocytes B reconnaissants les antigènes étrangers. I) Ontogénie B A) Principes généraux • Les lymphocytes B se développent à partir de la cellule souche hématopoïétique qui va générer un progéniteur lymphocytaire commun (CLP): peut générer des lymphocytes B, T ou des cellules NK. • L'ontogénie va se dérouler par interaction des lymphocytes en développement avec les cellules stromales de la moelle (cellules spécialisées qui donnent des signaux aux lymphocytes B pour se développer). • L'ontogénie va impliquer le réarrangement de la chaîne lourde du BCR, puis de la chaîne légère, par recombinaison VDJ. Tous les réarrangements produits par la recombinaison VDJ ne sont pas productifs. Certains de ces réarrangements ne sont pas capables de conduire à l'expression d'une chaîne lourde ou d'une chaîne légère. Si ces réarrangements ne sont pas productifs, la cellule peut tenter un autre réarrangement, jusqu'à ce qu'il soit productif. B) Les différents stades Dans la moelle osseuse, une cellule souche (CLP) va se développer sous l'influence de certains signaux, en lymphocyte B. • Le premier stade est le stade pro-B précoce. A ce stade, le réarrangement de la chaîne lourde du BCR se produit (réarrangement D et J qui se produit sur les 2 chromosomes). • Lorsque ce réarrangement est réalisé, la cellule passe au stade suivant qui est le stade pro-B tardif. Le réarrangement de la chaîne lourde continue (réarrangement V avec DJ). A ce stade, le réarrangement de la chaîne lourde est fini. La cellule exécute ce réarrangement sur un des 2 chromosomes et s'il est productif (peut conduire à l'expression d'une protéine normale), elle arrête son réarrangement et elle ne le fait pas sur le deuxième chromosome. S'il n'est pas productif, elle réalise un deuxième réarrangement V avec DJ sur le 2ème chromosome. Si le réarrangement est productif, la cellule passe au stade suivant alors que s'il n'est pas productif, la cellule meurt. • Si la cellule pro-B tardive a réussi son réarrangement, elle passe au stade suivant qui est la grande cellule pré-B. Elle va exprimer la chaîne lourde qui a été précédemment réarrangée. Une partie va rester à l'intérieur de la cellule et l'autre partie va migrer en surface et s'associe à une pseudo-chaîne légère pour former le pré-BCR. La pseudo-chaîne légère est composé de 2 molécules (λ5 et VpréB). Le pré-BCR contient 2 chaînes lourdes. Il est associé à un dimère Igα Igβ. Il faut que ce dimère soit exprimé pour que le pré-BCR soit exprimé (si ce n'est pas le cas, la cellule meurt et l'individu a un déficit immunitaire). Le pré-BCR permet à la grande cellule pré-B de donner un signal de survie: il transmet, dans la cellule, des signaux d'activation qui conduisent la cellule à survivre. • Si elle reçoit un signal de survie, elle passe au stade suivant qui est la petite cellule pré-B. Elle va effectuer le réarrangement de chaîne légère (réarrangement V-J de chaîne légère). Elle commence par un réarrangement de chaîne κ toujours. Elle pourra essayer de le faire sur les 2 chromosomes. Si ces réarrangements ne sont pas productifs, elle réalisera un réarrangement de chaîne λ. • Si elle a réussit un des réarrangements, elle passe au stade suivant qui est la cellule B immature. Elle se caractérise par le fait qu'elle exprime un BCR complet, avec 2 chaînes lourdes et 2 chaînes légères, sous forme IgM uniquement. Elle exprime en surface ce BCR et reçoit un signal de survie qui lui permet de passer au stade suivant. • Cellule B transitionnelle: elle fait la transition entre la moelle et la périphérie. Elle exprime toujours le BCR sous forme d'IgM. • En périphérie, elle va devenir une cellule B mature naïve, qui diffère des cellules précédentes car elle exprime le BCR sous forme d'IgM et IgD, qui reconnaissent le même antigène (même régions variables mais la région constante varie) → épissage alternatif de la région constante. La cellule B mature naïve migre en périphérie, dans les organes lymphoïdes secondaires (ex: rate et ganglions), jusqu'à rencontrer son antigène. Ces réarrangements au cours du développement vont se produire sur 1 seul ou les 2 chromosomes. Lorsqu'un réarrangement est productif, il va se produire une exclusion allélique (les autres réarrangements de la même chaîne sont bloqués). C'est un blocage de la recombinaison VDJ, qui se produit car dans la cellule il y aura une dégradation des enzymes RAG. Certaines molécules comme CD43 ont des fonctions mal connues mais servent comme marqueur de développement. On pourra utiliser la cytométrie de flux afin de déterminer le stade. CD19 sert à transmettre des signaux, ce qui permet de délivrer le signal de survie. D'autres protéines sont nécessaires au contact avec les cellules stromales, comme le récepteur de l'IL-7. Les protéines RAG sont exprimés à chaque fois qu'il y a un réarrangement. Des facteurs de transcription sont nécessaires à l'expression de certains gènes et vont donc réguler l'expression d'autres protéines (ex: Ikaros). C) Facteurs indispensables à la maturation dans la moelle osseuse Ce développement n'est possible que s'il y a un contact étroit entre les cellules B en développement et les cellules stromales: - soit le contact est par expression de molécules de surface - soit il dépend de facteurs solubles synthétisés par la cellule stromale, qui se fixe sur un récepteur de la cellule B Au début, il y a interaction du CLP par VLA-4 avec VCAM-1 de la cellule stromale, ce qui permet l'expression en surface des 2 cellules d'un autre couple de protéines: Kit sur la cellule pro-B et SCF (facteur de cellule stromale) sur la cellule stromale. Si cette interaction se produit, la cellule stromale va sécréter de l'IL-7 qui se fixe sur le récepteur de l'IL-7 porté par la cellule pro-B. Quand cette interaction se produit, la cellule continue son développement vers le stade de cellule immature. II) La sélection des LB au cours de l'ontogénie Il existe également des processus de sélection négatif et positif. Une cellule B qui a généré un BCR à sa surface peut reconnaître n'importe quel antigène car la recombinaison a lieu au hasard. L'antigène reconnu est soit un antigène étranger (antigène du non soi), soit un antigène de l'organisme (antigène du soi). Si elle reconnaît un antigène du soi, la cellule B va être appelée cellule B auto-réactive. Cette cellule est dangereuse pour l'individu car elle pourra générer une maladie auto-immune (maladie dans laquelle une réponse immunitaire contre le soi s'est développée). Au cours du développement, elle va réaliser une sélection négative qui va normalement éliminer les cellules B auto-réactives. A l'inverse, il existe une sélection positive qui est très mal connue. Elle permet de sélectionner les cellules B qui reconnaissent un antigène étranger. Ce n'est pas un processus passif (ce qui n'est pas sélectionné négativement n'est pas sélectionné positivement). La tolérance des lymphocytes B se produit dans la moelle au niveau immature. Quand elle exprime un BCR, la cellule B va subir ou non la sélection négative. Elle va pouvoir se fixer aux antigènes qui se trouvent dans la moelle (antigènes du soi = auto-antigène). Si elle fixe un auto-antigène dans la moelle, elle est auto-réactive et il peut se produire différents scénarios suivant l'affinité de la liaison: - affinité très forte: la cellule meurt tout de suite (apoptose = délétion clonale). - affinité un peu moins forte: la cellule peut recommencer une recombinaison VDJ et va tenter de produire un autre BCR qui ne soit plus auto-réactif. On parle de l'édition de récepteur. Elle recommence le processus: soit elle est toujours auto-réactive, soit elle ne l'est plus. - affinité un peu moins forte: la cellule devient une cellule allergique: elle ne pourra plus répondre à l'antigène car l'expression de son BCR en surface diminue (elle internalise une partie des BCR, ce qui fait qu'elle pourra moins répondre à l'antigène). Comme elle ne pourra plus répondre à son antigène, elle finira par mourir car elle ne recevra plus de signaux de survie (→ délétion clonale au bout de quelques jours). - très faible affinité: la cellule est dite ignorante (elle ignore son antigène). Elle est autorisée à devenir cellule mature. Si l'antigène se fixe à son BCR, il y aura une très faible activation, mais elle peut s'activer par toutes les autres voies de signalisation que le BCR. Si on enlève toutes les cellules auto-réactives, on aura un gros gâchis au niveau de la moelle. Ces cellules ont un rôle physiologique mais présentent un risque potentiel. - affinité normale: si elle reconnaît un antigène du non soi, elle pourra passer au stade mature sans problème. III) Le développement des LB en périphérie Il existe 2 stades de cellules transitionnelles: - stade T1 - stade T2 La cellule T2 a 2 possibilités de développement: - soit devenir une cellule B de la zone marginale (zone particulière de la rate): ces cellules reconnaissent 1 type d'antigène particulier (antigènes thymo-indépendants de type II) et constitue une première ligne de défense contre ces antigènes. Remarque: un antigène thymo-dépendant nécessite l'aide des lymphocytes T pour générer une réponse immunitaire. - soit devenir une cellule folliculaire (= cellules matures en périphérie). Elles circulent dans les organes lymphoïdes secondaires à la recherche de leur antigène. Ce sont ces cellules qui vont devenir des lymphocytes B mémoires ou des plasmocytes, quand elles auront rencontré leur antigène. On les appelle aussi les cellules B2. On les oppose par rapport aux cellules B1 qui sont dans le péritoine et dans les cavités pleurales. Ces cellules reconnaissent un type d'antigène (antigène thymo-indépendants de type II) et constituent une première ligne de défense face à des antigènes bactériens, notamment. IV) Structure de membrane des LB • BCR sous forme IgM et IgD, et ses molécules associées (dimère Igα et Igβ, par exemple). • Récepteurs de cytokines. • Récepteurs du complément (CR1 = CD35 et CR2 = 21). • Molécules de classe I et II du CMH: le LB est capable de présenter des antigènes aux LT. • Récepteurs Fc des immunoglobulines: ce sont des récepteurs qui fixent la partie constante des Ig. • Molécules de signalisation impliquées dans l'activation de la cellule. • Molécules d'adhésion (CAM), qui lui permettent de migrer de la moelle vers la périphérie, puis dans les organes lymphoïdes secondaires. • Molécules de contact avec le lymphocyte T, dont B7 et le CD40. V) Conclusion Si elle rencontre son antigène, elle est capable de devenir: - un plasmocyte qui a pour fonction de sécréter des anticorps. - une cellule B mémoire qui répondra plus vite à l'antigène en cas de 2ème rencontre. Les anticorps sécrétés par le plasmocyte ont un certain nombre de fonctions effectrices (ils permettent, entre autre d'éliminer l'agent infectieux).