Quelques intentions théologiques 2
Que ce soit dans son enseignement à l’Académie ou dans sa pratique
pastorale, Viret souhaitait instaurer une certaine rigueur dans la discipline
ecclésiastique. En réaction au laisser-aller de l’Eglise officielle, mais
surtout parce que ses paroissiens sont encore des « mineurs » qu’il faut
éduquer pour les amener à maturité, Viret refuse d’accueillir à la sainte
cène n’importe quels paroissiens « aussi engourdis que des lépreux et ne
sentant rien ». Le jour de Noël 1558 Viret et tous les autres pasteurs de
Lausanne refusent de distribuer la cène et la repoussent au 1er janvier, se
donnant ainsi une semaine pour mettre en examen la moralité de leurs
paroissiens. C’en est trop pour L.L.E.E. de Berne, qui les condamnent à
l’exil. Les autorités bernoises voulaient édicter elles-mêmes les règles
disciplinaires, ce que les pasteurs ne pouvaient accepter : seul l’Evangile a
autorité pour définir les règles.
4. Viret, homme de paix et « sourire de la Réforme »
Dans une période où les débats, les disputes, voire les guerres sévissaient
entre catholiques et protestants, Viret a toujours défendu la paix
confessionnelle ; il a combattu les excommunications de ses adversaires,
les bûchers, il a plaidé la cause des catholiques acharnés à poursuivre les
huguenots. Est-ce cette ouverture qui lui a valu son surnom ?
Théodore de Bèze, successeur de Calvin à Genève, nous donne
probablement l’explication de cette expression dans ses « Vrais
portraits » : « les gens de France ont admiré Calvin parce que personne
n’enseignait plus doctement. Ils ont admiré Farel parce que personne ne
tonna plus fortement ; mais ils admirent encore Viret répandant son miel,
parce que personne ne parla plus suavement ». A l’époque suave et
mielleux n’avaient pas la connotation péjorative d’aujourd’hui !
La correspondance de Viret avec ses proches et amis (Calvin et Farel par
exemple) révèle un homme plein de sensibilité, d’attention aux autres et
d’égards. Emotions, fatigue, épreuves, mais aussi joies et bénédictions, il
évoque tous ces états d’âme en toute simplicité et compassion envers
ceux qui les traversent. C’est peut-être aussi cela « le sourire de la
Réforme » à une époque où l’on ne se dévoilait pas facilement !
5. Viret et sa devise
La vie de Viret fut mouvementée : il fut exilé, il échappa par miracle à
deux tentatives d’assassinat.
Le premier eut lieu à Payerne, où des prêtres lui assénèrent des coups
d’épée dans le dos lors d’un guet-apens. Le deuxième eut lieu à Genève,
où ses adversaires l’empoisonnèrent avec une soupe (ou un plat
d’épinards ?) assaisonnée … à la mort-aux-rats. Viret en réchappa, mais
en garda des séquelles toute sa vie.
Après cet événement il choisit comme devise « Veritas Vulnere Viret », qui
signifie littéralement « la vérité sous les coups verdit » ou se fortifie. Dans