II. Quelques intentions théologiques

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II.
Quelques intentions théologiques
De ses nombreux écrits, de ses lettres, des quelques sermons qui nous
sont parvenus, il est impossible de tirer en quelques mots la substance de
la théologie de Viret. Ne sont mentionnés ici que quelques aspects
nécessaires à la compréhension du message du culte.
1. Viret et la Bible
Si Luther estimait que la Bible se comprenait d’elle-même « en étant son
propre interprète », Viret était d’avis qu’il ne suffisait pas de donner des
bibles aux nouveaux convertis : il faut l’expliquer, la prêcher. La lecture
personnelle est importante, mais insuffisante. Parole écrite et Parole
prêchée se complètent. Et pour bien prêcher la Bible, il est indispensable
de l’étudier dans ses langues originales, l’hébreu et le grec.
« Le prédicateur doit s’efforcer de rendre au pauvre peuple les Ecritures
plus faciles, de telle façon que la doctrine contenue en elle soit entendue
de tous et que tous puissent en prendre la nourriture nécessaire à leur
âme » disait-il.
2. Viret et l’enseignement
Au moment où la Réforme pénètre dans le canton, l’état moral et religieux
de l’Eglise (catholique) est plutôt désastreux. Aucune école supérieure
n’existant, beaucoup de gens ne savaient ni lire ni écrire, même parmi le
clergé. Pour s’instruire, il fallait aller à l’étranger.
Le premier « enseignement » que Viret a tenu à donner pour évangéliser,
ou fortifier les nouveaux convertis, c’est la prédication. Avant qu’on
l’autorise à prêcher dans l’église St - François, il prêchait dans la rue !
En dehors de la prédication au culte, Viret donnait du catéchisme, autant
aux adultes qu’aux enfants et aux jeunes. Et la méthode pédagogique qu’il
utilisait était l’entretien ou le dialogue. Il avait même créé des
personnages pour rendre ces dialogues vivants : Eusèbe représentait la
tradition, Hilaire les idées nouvelles et Tobbit le paroissien du moment.
Nous avons repris cette méthode mais sans utiliser les noms, un peu
difficiles. Nous leur en avons donné d’autres : « l’ancien » ( pas forcément
l’aîné, mais l’ancien au sens des épîtres, le sage, le responsable, le
conseiller) correspond à Eusèbe et représente la tradition, le JP ou le
catéchumène correspond à Hilaire, défenseur des idées nouvelles, et « le
bon Vaudois » correspond à Tobbit. Ainsi le message du culte
intergénérations est conçu selon la méthode Viret !
3. Viret et la sainte cène
Notre culte intègre une liturgie de cène, qui, elle, ne sera pas vécue « à la
mode Viret » !
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Que ce soit dans son enseignement à l’Académie ou dans sa pratique
pastorale, Viret souhaitait instaurer une certaine rigueur dans la discipline
ecclésiastique. En réaction au laisser-aller de l’Eglise officielle, mais
surtout parce que ses paroissiens sont encore des « mineurs » qu’il faut
éduquer pour les amener à maturité, Viret refuse d’accueillir à la sainte
cène n’importe quels paroissiens « aussi engourdis que des lépreux et ne
sentant rien ». Le jour de Noël 1558 Viret et tous les autres pasteurs de
Lausanne refusent de distribuer la cène et la repoussent au 1 er janvier, se
donnant ainsi une semaine pour mettre en examen la moralité de leurs
paroissiens. C’en est trop pour L.L.E.E. de Berne, qui les condamnent à
l’exil. Les autorités bernoises voulaient édicter elles-mêmes les règles
disciplinaires, ce que les pasteurs ne pouvaient accepter : seul l’Evangile a
autorité pour définir les règles.
4. Viret, homme de paix et « sourire de la Réforme »
Dans une période où les débats, les disputes, voire les guerres sévissaient
entre catholiques et protestants, Viret a toujours défendu la paix
confessionnelle ; il a combattu les excommunications de ses adversaires,
les bûchers, il a plaidé la cause des catholiques acharnés à poursuivre les
huguenots. Est-ce cette ouverture qui lui a valu son surnom ?
Théodore de Bèze, successeur de Calvin à Genève, nous donne
probablement l’explication de cette expression dans ses « Vrais
portraits » : « les gens de France ont admiré Calvin parce que personne
n’enseignait plus doctement. Ils ont admiré Farel parce que personne ne
tonna plus fortement ; mais ils admirent encore Viret répandant son miel,
parce que personne ne parla plus suavement ». A l’époque suave et
mielleux n’avaient pas la connotation péjorative d’aujourd’hui !
La correspondance de Viret avec ses proches et amis (Calvin et Farel par
exemple) révèle un homme plein de sensibilité, d’attention aux autres et
d’égards. Emotions, fatigue, épreuves, mais aussi joies et bénédictions, il
évoque tous ces états d’âme en toute simplicité et compassion envers
ceux qui les traversent. C’est peut-être aussi cela « le sourire de la
Réforme » à une époque où l’on ne se dévoilait pas facilement !
5. Viret et sa devise
La vie de Viret fut mouvementée : il fut exilé, il échappa par miracle à
deux tentatives d’assassinat.
Le premier eut lieu à Payerne, où des prêtres lui assénèrent des coups
d’épée dans le dos lors d’un guet-apens. Le deuxième eut lieu à Genève,
où ses adversaires l’empoisonnèrent avec une soupe (ou un plat
d’épinards ?) assaisonnée … à la mort-aux-rats. Viret en réchappa, mais
en garda des séquelles toute sa vie.
Après cet événement il choisit comme devise « Veritas Vulnere Viret », qui
signifie littéralement « la vérité sous les coups verdit » ou se fortifie. Dans
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un langage plus simple on peut la traduire ainsi : « Plus je reçois de
coups, plus je suis rendu fort par Dieu pour dire la vérité ». Sur son
sceau, elle se présente avec les trois VVV.
Un texte biblique s’imposait dès lors pour les lectures et le message, c’est
Jean 14 v. 6 : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie », disait Jésus, trois
VVV. Ce texte invite les disciples de tous les temps à chercher en Jésus
tout ce dont ils ont besoin pour vivre leur vie de foi :
la Voie = l’orientation, le but, le cheminement que Jésus nous
montre,
la Vérité = la présence vivante de Jésus à nos côtés, qui permet de
rester dans la Voie juste qui donne sens à notre existence,
la Vie = le parcours de chacun, vécu dans une relation pleine avec
Dieu et avec les autres, grâce à la force donnée par Jésus.
6. Quelques questions sur la Réforme
Ce § vous donne toutes informations utiles pour répondre au jeu « vrai ou
faux », proposé dans le culte traditionnel.

L’origine du mouvement de la Réforme vient d’un moine allemand
appelé Martin Luther (1483 - 1546) : Vrai ou faux ?
Vrai : Il découvre dans l’épître aux Romains la réponse à son angoisse
vis-à-vis de Dieu : « Dieu est juste, non pas en ce qu’il juge mais en ce
qu’il justifie » Romains 3, 21 ss. Mais Luther ne souhaitait pas la
création d’une nouvelle Eglise. Son but était de retrouver les racines
originelles de la foi.

La
-
Réforme mettra en avant trois affirmations :
La grâce seule !
La foi seule !
La Bible seule !
Vrai : C’est uniquement par la grâce (le don gratuit de Dieu en Jésus
le Christ) auquel le croyant répond par la foi
(mouvement de
confiance et d’abandon de la part de l’être humain sans mérite
quelconque) en Dieu (et en aucun autre pouvoir ou autorité) en
s’inspirant du message de la Bible (et nul autre texte ou tradition
ecclésiale) que le croyant peut être sauvé et vivre de l’amour de Dieu.

L’origine du mot « Protestant » vient de « c’est celui qui proteste
contre quelque chose » : Vrai ou faux ?
Faux : le mot protestant vient du latin pro : devant et testare :
témoigner. Dans la langue du 16e siècle, le protestant est celui qui
témoigne de sa foi.
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
Pour les Réformateurs, chaque fidèle doit pouvoir lire l’Ecriture sainte,
c’est pourquoi Berne installe des écoles dans toutes les paroisses
vaudoises: Vrai ou faux ?
Vrai : Les enfants y apprennent à lire la Bible, à écrire, à compter et à
chanter les psaumes qui seront utilisés au culte le dimanche. L’école
est obligatoire du 11 novembre au dimanche de Pâques. En été les
élèves ne sont pas obligés d’y aller parce qu’ils doivent aider à la
ferme. Les enfants sont tenus de participer au culte dominical où ils
entraînent le chant. Si l’enfant ne sait pas le catéchisme par cœur, il
est recalé en fin d’année. Et cela peut durer longtemps. Toute l’école se
fait oralement, par économie de papier.
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