BORRELIA
- Connaître les deux principaux syndromes engendrés par les Borrelia
- Connaître les principaux réservoirs de ces germes et les modes de contamination
- Connaître les principaux moyens diagnostiques des maladies humaines.
- Connaître les antibiotiques actifs et les principaux traitements.
1 - Introduction
Les Borrelia sont des bactéries spiralées de la famille des Spirochètes (du radical spire)
comprenant diverses espèces, de l'ordre d'une vingtaine, responsables d'infections
différentes (borrélioses) classées en:
- Maladie de Lyme liée en Europe à trois espèces: B. burgdorferi, B. garinii et B. afzelii
- Fièvres récurrentes dont celle à Borrelia recurrentis
- Maladies animales liées à d'autres espèces
Ces bactéries de culture très difficile sont transmises par des insectes vecteurs
hématophages tels le poux (Pediculus humanus corporis) pour B. recurrentis ou encore
tiques (Ixodes scapularis aux USA et Ixodes ricinus en France) pour B.
burgdorferi...........
2 - Maladie de Lyme
2 - 1 - Historique
La maladie de Lyme a été "redécouverte" (Erythema migrans pour la vieille Europe) en
1975 lors d’une épidémie d’arthrites inflammatoires infantiles à Old Lyme, au Connecticut
(USA).
Cette infection est liée à la présence d’une
bactérie de culture difficile dénommée
Borrelia burgdorferi.
Au début des années 80, un entomologiste,
W. Burgdorfer, cherchant sur la côte nord-
est des États-Unis la présence de rickettsies
dans des tiques, découvrit, en fait, des
spirochètes dans leur tube digestif. Enfin, il
établit en 1982 que ces spirochètes étaient
à l'origine de la maladie observée à Old
Lyme.
2 -2 - Habitat - Epidémiologie
Cette maladie est principalement transmise par les piqûres de tiques contaminées. Ainsi
en Europe, Ixodes ricinus, petit acarien dont la taille varie de la larve à l'adulte femelle
gavée qui pique. Cette borréliose montre une répartition limitée à l'hémisphère nord et à
une altitude inférieure à 1000 m. Des foyers endémiques existent dans plusieurs régions
françaises dont l’Alsace (où l'incidence annuelle, 30-60/100 000 habitants, est 2-4 fois
supérieure à la moyenne française), la Sarthe, ou encore la Bretagne.
Les individus les plus
exposés sont ceux travaillant
à l’extérieur tels jardiniers,
campeurs, marcheurs,
chasseurs. On notera le rôle de
la forêt broussailleuse ou la
présence d’herbes hautes. Les
tiques se positionnent à
l'extrémité des herbes dans
l’attente d’une proie:
mammifères dont les cervidés,
les canidés, voire l’homme, les
rongeurs. Elles peuvent
redescendre au sol pour se
réhydrater.
Les mammifères peuvent ainsi contracter la borréliose de Lyme ou encore être porteurs
de tiques susceptibles de vous piquer.
2 -3 - Pouvoir pathogène
Les symptômes les plus habituels sont ceux évoquant un état grippal s’accompagnant
de frissons, de fièvre, de maux de tête, ou encore d'artharlgies. Le signe le plus
pathognomonique est la présence d’une tâche cutanée ronde, érythémateuse à
l’endroit de la piqûre de tique.
Cette éruption indolore, assez
fréquente, apparaît dans les trois
jours à 4 mois suivant la piqûre
ou morsure, la moyenne étant de
15-21 jours. Leur localisation est
variable: bras, aisselle, cuisse,
aine, ou encore tronc. La tâche
forme un anneau à évolution
centrifuge, dont le centre devient
normal au fur et à mesure que
celle-ci progresse se répand
(érythème chronique migrant).
En l’absence de traitement, la maladie évolue par une arthrite (douleur et
inflammation, souvent au niveau du genou), par des signes neurologiques tels
engourdissement, douleurs insomniantes, paralysie des muscles faciaux ou des
membres. Parmi les autres atteintes, sont rapportées des cas de méningites plus
rarement rythme cardiaque irrégulier ou encore atteintes hépatiques ou oculaires. Cette
maladie est rarement mortelle.
Il existe une spécificité d'impact :
- B. burgdorferi dans les manifestions arthritiques
- B. garinii dans les manifestations neurologiques
- B. afzelii dans les manifestations cutanées tardives (acrodermatite chronique
atrophique).
2 - 4 - Physiopathologie
Après la morsure (indolore) de la tique infectée, le spirochète va diffuser à travers la
peau et quelquefois se retrouve dans le sang et les tissus grâce la salive de la tique et va
entraîner une maladie protéiforme qui doit être rapidement traitée par certains
antibiotiques.
2 - 5 - Diagnostic biologique
Le diagnostic est habituellement évoqué chez un patient piqué par une tique en région
d'endémie s’accompagnant de.......
lésions cutanées
(érythème chronique
migrant) ou
d'acrodermite
atrophiante, mais
aussi lors de signes
neurologiques
(méningite
lymphocytaire,
méningoencéphalite
ou névrite), ou encore
troubles de la
conduction cardiaque.
Le diagnostic direct
est presque
impossible en raison
des difficultés de
culture. même sur
milieu spécifique
(BSKII).
Le diagnostic sérologique est
obtenu soit par
immunofluorescence indirecte (IFI)
soit par ELISA . Ces réactions ont
une spécificité médiocre, en
particulier à la phase initiale.
La technique par Western-blot
permet de caractériser une réponse
anticorps à divers antigènes (OspC,
flagelline....) de taille différente: 18
à 93 kDa (igM, IgG). Cette dernière
technique est plus sensible et
spécifique que l'IFI ou l'ELISA,
donc indiquée lors d'un faux-
négatif, ou pour la confirmation
d'un positif.
L'amplification génique (PCR)
suivie ou non d'un séquençage est
possible mais encore peu appliquée
s'appuiera sur des amorces
spécifiques de gènes: ospA (outer
specific protein), ospB, fla
(flagelline), ssr (ribosomes), enfin
rpoB directement dans les
prélèvements cliniques tels biopsie
cutanée (cf photo), LCR, liquide
articulaire, biopsie synoviale.
2 -6 - Sensibilité aux antibiotiques
Le traitement est simple, à base de tétracyclines telle la doxycycline (200 mg/j pendant 2
semaines). Chez l'enfant, une pénicilline sera préférée comme l'amoxicilline (50mg/kg/j
pdt 3 j). Devant une forme sévère, une céphalosporine de troisième génération
(ceftriaxone) à raison de 2g/j durant 3 semaines sera privilégiée. Enfin parmi les
macrolides, l'azithromycine peut être prescrite.
2 -7 - Prophylaxie
- La première prévention est d'éviter les morsures de tiques à partir de l’herbe ou des
broussailles, en particulier dans son jardin lors de débroussaillement estival.
La protection est aisément obtenue
par le port de vétements
protecteurs (manches longues,
pantalons...) ou encore chaussures
montantes........ Ce type de
protection sera similaire pour ceux
allant en forêt, professionnels ou
non, plus particulièrement en
période estivale. Le choix de
vêtements clairs permettront de
visualiser les tiques.
L’usage d’un insectifuge par
vaporisation soit pour la peau, soit
pour les tissus sera utile.
Pour les campeurs ou encore
jardiniers du dimanche,
examiner soigneusement
son corps dès la fin d’une
ballade dans les herbes ou
broussailles. Enlevez la tique
avec une pince en
l’empoignant le plus près
possible de la peau et tirer
lentement avec force sans
l'écraser. Enfin désinfecter
soigneusement
(http://www.lawestvector.org)
Protéger votre animal
familier contre les tiques.
3- Fièvres récurrentes (FR)
- Généralités: Les Fièvres récurrentes (FR) sont des infections bactériennes dues à
plusieurs espèces de spirochétes du genre Borrelia, transmises à l’homme par des
arthropodes vecteurs et caractérisées par des épisodes fébriles récurrents. La FR à poux
est connue depuis l’antiquité, le première FR à tiques a été décrite par Dutton en Afrique
de l’Est en 1905.
- Epidémiologie
FR à poux : maladie cosmopolite due à Borrelia
recurrentis ; le vecteur est Pediculus humanus
ou poux du corps (cf photo). Elle est transmise à
l’homme par l’écrasement du poux. C’est une
maladie des climats froids, liée au manque
d’hygiène, et apparaissant lors de
regroupements de population (camp de
réfugiés). Les foyers endémiques se situent
actuellement en Afrique de l’Est (Ethiopie,
Erythrée, Soudan, Somalie avec plusieurs
milliers de cas/an), et en Chine du Nord.
FR à tiques : maladies
géographiquement limitées aux
biotopes des tiques vectrices. Une
quinzaine de FR à tiques ont été
décrites, dont les plus sévères sont B.
duttonii en Afrique orientale et
centrale, B. caucasica en Asie centrale
et B. venezuelensis en Amérique
centrale. Les tiques du genre
Ornithodorus vivent dans les terriers
des rongeurs, certaines dans les
habitations domestiques (" tiques
domestiques "), comme O. moubata
(cf photo) vecteur de B. duttonii. Les
FR sont transmises à l’homme par la
salive des tiques lors d’un repas
sanguin (cf photo de rostre), et par les
sécrétions coxales.
- Aspects cliniques
Incubation de 7 jours (2 à 18), début brutal par fièvre à 40-41°C, avec frissons, douleurs
diffuses, signes digestifs, obnubilation, photophobie. Raideur méningée et hépato-
splénomégalie sont des signes majeurs.
Après 3 à 5 jours, la fièvre chute brutalement avec sueurs, abattement. La rate diminue
de volume (rate " accordéon ").
Intervalles de 7 à 9 jours, puis accès fébriles de 2 à 3 jours chacun, suivis de phases
d’apyrexie. 1 à 5 récurrences fébriles dans le FR à poux, et de 9 à 13 dans les FR à
tiques.
Formes cliniques: neurologiques (B. duttonii), pulmonaires, hémorragiques.
Avortements.
Mortalité : FR à poux : 10 à 40% sans traitement, 2 à 4% avec traitement.
FR à tiques : 2 à 5%.
Décès par myocardite, hémorragie cérébrale ou collapsus cardio-vasculaire.
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